Et si l'eau chaude rendait amoureux?[pv Florent]

« Vendu pour un repas en tout simplicité, alors. » répondit-il avec un sourire charmeur. « La simplicité et l’humilité sont deux qualités qui permettent de se défaire de tous les artifices des nobles. Et même si ce n’est qu’une façon de me consoler, car nous n’avons pas les moyens, cela me convient tout à fait, comme façon de penser. »

En train de sécher, Florent prit le temps d’observer la couturière qui sortait de l’eau. Son corps était nu, contrairement à tout à l’heure. La maigreur était à la fois désirable et accablante. Comment pouvait-on laisser une si jolie jeune femme ne pas manger à sa faim ? La vie à Marbrume était bien dure. Pour raviver la conversation, le blessé rebondit sur ce qu’Adélaide avait dit quelques instants plus tôt.

« Chacun sa relation avec la pudeur. Je suppose que les habitués des Thermes ne trempent pas leurs vêtements, à la longue. » fit-il en riant.

Le rire lui arracha un petit accès de douleur qu’il tenta vainement de dissimuler en serrant les dents.

« Note à moi-même. Ne pas rire sans bandage. »

La jeune femme lui proposa qu’ils se rendent à leur atelier aujourd’hui. Comment expliquer qu’il faisait ça dans les alcôves du bordel ou dans sa mansarde à l’étage ? Il décida de lui dévoiler une partie de la vérité.

« Eh bien. Ce n’est pas que je serai contre passer une partie de la journée avec vous encore. Mais, je dois retourner chez une amie qui m’héberge, pas loin d’ici, afin de ne pas l’inquiéter, et il faut refaire le bandage. »

Il fit une pause avant de reprendre, non sans une pointe de déception dans la voix :

« Et, je n’ai pas d’atelier, à proprement parler. Ce n’est qu’une passion, et non pas mon métier, alors, je peins çà et là, quand l’occasion se présente, que ce soit à La Muse Nocturne ou dans ma chambre à l’étage de l’établissement. »

Là encore, il avait la crainte d’éveiller des doutes chez la couturière. Qui donc pouvait bien habiter sur son lieu de travail ? Il était vrai, qu’aucune des filles de la maison n’habitait au bordel, et qu’il avait trouvé un bon compromis avec son patron pour pouvoir prendre la place de la ménagère qui était décédée un hiver. Ainsi, il avait récupéré des tâches de ménage du matin, en plus de son travail de nuit. Heureusement qu’il n’avait pas besoin de trop de sommeil pour tenir debout.

« Aussi, je me permets de te demander un peu de patience, le temps que je guérisse, pour que l’on puisse passer un meilleur moment quand nous nous reverrons. Je ne peux rien faire là, à part être un poids pour tous ceux qui m’entourent, il vaut mieux attendre quelques jours, le temps que cela aille mieux. »

Quand Florent eut fini de sécher, il rassembla ses forces pour se lever, et se rhabilla, sans le bandage cette fois-ci. Il allait devoir faire très attention jusqu’à qu’il soit arrivé à destination, histoire de ne pas se faire mal, et pour ne pas entacher le travail de chef que le guérisseur avait fait.

« Je te dis donc à une prochaine fois, ma chère Adélaide. Porte-toi bien d’ici là. »

Il mit fin à la discussion avec un clin d’œil sorti de nulle part. Cette jeune fille avait vraiment piqué sa curiosité.