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 Le grand chelem du chevalier [terminé]

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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyJeu 21 Mar 2019 - 16:58
Mercredi 27 Mars 1166


Pénétrer dans l'enceinte du manoir Rougelac avait été pour Bérard semblable à franchir la ligne d'arrivée d'une course de chevaux. Cette course n'avait nul autre nom que le marathon des maisons nobles de Marbrume, chez qui il s'était rendu régulièrement ces dernières semaines. Ce n'était d'ailleurs pas un hasard qu'il termine là sa tournée, dès lors que le bâtard d'Ergueil s'était révélé au grand public ici-même, lorsqu'il y a près d'un mois il avait concouru pour le bon plaisir du comte de Rougelac. Depuis, le grand blond avait bourlingué de manoir en manoir, d'hôtel particulier en hôtel particulier, faisant les allers-retours à mesure qu'on demandait ses services.

Le tournoi privé n'avait laissé guère de trace dans la cour du manoir. De l'estrade montée ici pour accueillir le public, on ne voyait plus de trace ; quand aux marques de pas dans la terre battue du parvis, elles avaient été à leur tour battues et rebattues, piétinées par cent autres depuis. Là où s'était dressée la grande tente qui avait accueillit les combattants et où Bérard s'était préparé, seul un grand vide béait.

C'était quelque part plus agréable aux yeux du bâtard d'Ergueil, à qui son échec lors dudit tournoi ne fut ainsi guère trop rappelé. Ce douloureux souvenir n'avait manqué de lui arracher quelque grimace, tandis qu'il y repensait, lui qui, à son goût, s'y était montré un fameux escrimeur, mais à qui des règles idiotes de bienséances avaient volé la victoire. Peu avare de mauvaise foi, le grand blond ne s'était guère remis en question ; ou s'il l'avait fait, cela ne fut que pour mieux anticiper la revanche à venir, qu'il espérait elle se produire lors d'un véritable combat et non un numéro d'opérette.

Du reste, malgré sa déconvenue ce jour là, Bérard semblait s'y être distingué, puisque c'était pour sa brette qu'on le rappelait céans. Il ignorait beaucoup du maître des lieux, sinon qu'il était riche à en crever, mais à défaut d'or, requérait du fer. C'est du moins ce qu'en avait déduit le chevalier à l'écoute de l'enseigne qu'on avait dépêché auprès de lui pour le quérir. Son excellentissime comte Victor recherchait donc le concours d'une lame preste qui accepterait de mettre sa science du combat à son service, ou quelque chose du genre. Ignorant bien s'il s'agirait de risquer sa peau brette au poing, ou bien d'autre obscure mission, Bérard s'était rendu sur place armé de pied en cap. La fortune de son hôte suffisait à attirer son attention, aussi avait-il voulu parer à toute éventualité - que lui vaudrait un coquet salaire s'il se faisait trouer la bedaine dans quelque coupe-gorge ?

Voila en quelque sorte ce à quoi songeait ce spadassin de Bérard tandis qu'il progressait à travers la grande cour du manoir Rougelac, au milieu des laquais et des portefaix. Assurément, payer un homme en plus ne devrait être une gageure pour ce puissant seigneur, se figura le bâtard d'Ergueil en avisant l'agitation qui régnait là. Alpaguant un des nombreux domestiques s'affairant là, le grand blond envoya ainsi celui-ci le faire annoncer à son maître.


Dernière édition par Bérard d'Ergueil le Jeu 18 Juil 2019 - 23:55, édité 1 fois (Raison : RP terminé)
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 22 Mar 2019 - 6:56
Peut être le bâtard d'Ergueil possédait certes orgueil et fierté, mais aux yeux du Comte de Rougelac, sa prestation au tournoi donné dans la cours de son Manoir il y a de cela quatre semaines, avait retenue toute son attention. Ce blond jouteur avait assurément donné bien du fils à retordre au Sergent de la Milice, c'était un fait et peut de gens pouvait se targuer d'avoir plier le genou au prix d'une lutte presque interminable. D'Algrange était certes une femme mais faisait-elle parti du fleuron des lames de Marbrume. Si Bérard avait perdu ce duel nul doute qu'il en était ressorti avec les honneurs.

Se faisant, Rougelac avait garder à l'esprit cet homme d'arme tout du long d'un mois de Mars aussi mouvement voir plus encore mouvementé que celui de février. Mais entre toutes ses intrigues, il lui fallait le revoir, lui accorder une "place" dans son échiquier. C'est pourquoi il fut invité à quatre jours de son mariage avec la demoiselle de Rougesoleil, à se présenter à demeure, Victor comme à son habitude, s'étant montré bien plus qu'évasif quand au motif de sa sollicitation. Mais, il savait qu'il piquerait de curiosité ce chevalier sans titre et c'était tout ce qui lui importait.

Dans son office, le Comte s'attelait de sa plume sur quelques écrits, plans, carte et recueils de compte lorsque l'un de ses domestiques vint l'avertir de la présence du bretteur. Sans décoller son attention de ses travaux, l'homme qui arborait une soignée tunique en velours, donna alors consigne à son employé.

- Faite le monter ici et préparez quelques rafraîchissements.

Le domestique s'inclina puis disparut, s'en retournant jusqu'au perron de la demeure. D'un geste du bras, il invita alors Bérard à le suivre dans les couloir du Manoir, empruntant un escalier richement décoré, comme d'ailleurs l'etait le hall d'entré. Finalement il lui indiqua un porte puis baissa la tête, lui indiquant qu'il pouvait entrer, le domestique refermant ensuite soignement celle ci après son passage. Finissant alors de griffonner quelque détails sur un registre, Rougelac posa sa plume dans l'encrier avant de relever le menton pour détaillé de haut en bas son invité, appréciant sa livrée de chevalier qu'il arborait.

- Sieur d'Ergueil vous voilà enfin. Enfin si je ne m'abuse, vous ne portez aucun titre ? Sauf peut être celui de chevalier bâtard ?

Loin de lui tout désir de le provoquer. Non, Rougelac souhaitait mesuré quelques détails psychologique chez son interlocuteur, ayant déjà fait son avis sur ses talents à l'épée. En tout cas son entrée en scène pouvait s'en trouver déconcertante pour beaucoup, seulement ceux qui connaissait Victor ne s'en montrerait nullement surpris, assurément. Comment allait donc se comporter le blond devant ce Comte arrogant ? Là serait l'enjeu pour la suite des événements.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 22 Mar 2019 - 13:30
Le comte reçut son invité dans un petit cabinet de travail, où Bérard s'était rendu en suivant diligemment le domestique de son hôte à travers les couloirs du manoir. C'était une pièce menue mais lumineuse, dont le fond tout entier s'ouvrait sur l'Esplanade. Ça et là s'entassaient de nombreux volumes, mais étalements des papelards qui n'avaient encore été, ou ne seraient jamais reliés. Quelques bouliers et des tablettes de cire se trouvaient également présentes ; c'était visiblement là l'endroit où le comte s'adonnait à la besogne.

C'est en plein milieu de celle-ci que le grand blond surprit son hôte - à moins que ce dernier n'ait sciemment continué ses tâches jusqu'à la dernière seconde, suspendant son écriture tandis que Bérard pénétrait dans la pièce. La porte se ferma derrière le chevalier, qui se retrouva dès lors seul à seul avec le maître des lieux. Le contraste entre les deux hommes était saisissant : d'un côté, le comte, arborant un pourpoint de velours richement brodé, jouissait d'un appui confortable, profondément engoncé dans son fauteuil, et semblait entièrement dans son élément. En face de lui, Bérard donnait plutôt l'impression d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, sa plate bosselée tintant à chacun de ses mouvements.

Il n'en fallait pas moins pour mettre mal à l'aise le chevalier, à qui les années passées à guerroyer avaient progressivement fait oublier les usages de la cour et l'étiquette, mais pas suffisamment pour lui faire négliger celle-ci. Il en résultait que l'homme demeurait conscient de marcher sur des œufs, mais sans trop savoir comment s'y prendre. Or voila que pour ajouter un peu de piment, l'hôte de ces bois, prenant la parole, lui mettait sans attendre le nez droit dans l'indignité qu'était sa bâtardise.

Un autre homme s'en serait offusqué, mais Bérard avait depuis longtemps appris à vivre avec sa naissance avilissante. « C'est bien la première fois que l'on fait de mon illégitimité quelque lettre de noblesse, répondit le grand blond. Mais il est vrai, c'est là ce que je suis ; on vous a bien renseigné, seigneur. » Il s'inclina sommairement, un bras plié sous son buste, l'autre en arrière, occasionnant par là-même un concert de grincements.

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 22 Mar 2019 - 14:04
Le Comte de Rougelac laissait donc son invité en armure réagir à ses paroles et ses manières. Seulement, ne resta-t-il inactif et alors que Bérard prenait la parole, Victor plia un document avant de faire chauffer un bâton de cire. Acquiesçant a ses dires, le sang-bleu reportait son attention sur le bol métallique qui se remplissait d'une cire aux couleurs rouge tirant légèrement sur le marron. Loin de lui le désir de manquer de respect à son interlocuteur, seulement, il devait sceller cette lettre qu'il devait envoyer par pigeon ou corbeau à l'un de ses plus précieux partenaire d'affaire. Le chevalier pouvait d'ailleurs remarqué que le Comte portait deux chevalières sceaux, l'un au majeur et l'autre à l'annulaire. Un silence s'installa alors lorsque le mondain attrapa le bol de sa main gauche pour ensuite déverser plusieurs gouttes de l'épais liquide. Il laissa quelques secondes se passer avant d'y apposer ensuite le sceau qu'il portait à l'annulaire, cachetant ainsi proprement le pli avant de reposer enfin son attention sur l'homme d'arme.

- Il n'y a point de petite noblesse à mon sens. Du sang bleu coule dans vos veines et cela me suffit à vous porter l'intérêt qui vous ait dû. En ce monde, il faut s'attacher à quelques valeurs. Et les valeurs, crois-je bien en avoir eut quelques bribes durant le tournoi que j'ai organisé. Approchez chevalier d'Ergueil.

Conscient que l'homme aurait bien du mal à s'asseoir, il lui laissa la latitude à prendre son aise, debout ou assit, qu'importe. Se faisait, il poussa la lettre en bout de bureau pour que le clinquant blond en armure puisse reconnaître le Sceau du domaine de Sombrebois.

- Voyez-vous mon cher. Ceci est le sceau de la baronnie de Sombrebois. Trouverez-vous sans doute étonnant que je puis porter cela à mon doigt. cela me fait une main bien chargé de sceau et je vous l'accorde, je n'en suis pas encore totalement rassasié. Si mes doigts pouvaient tous êtres cerné d'un sceau et... d'une alliance, j'en serais alors pleinement satisfait.

Il prit une courte pose tandis que le domestique revenait avec une carafe de vin ainsi qu'un pichet d'eau fraîche. Servant son maître puis Bérard, celons ses désirs. Se faisant, il se racla la gorge avant de reprendre.

- Vous n'avez pas seulement un Comte exilé et fortuné devant vous, mais un Gouverneur, le Gouverneur du Bourg de Sombrebois. Un titre, une fonction bien avantageuse je vous l'accorde. Mais... à tout prestige son lot de conséquences, bonnes et mauvaises... Ainsi, je ne m'en cache point, ce qui me fait défaut, c'est bien l'art de la guerre ou plutôt du maniement de l'arme.

Il porta alors son gobelet serti de rubis aux lèvres, gardant en bouche le précieux nectar carmin en bouche avant de déglutir et reprendre.

- Ma nouvelle position, mon influence grandissante fait évidement nourrir la jalousie de mes semblables. Et si je suis maître en l'art de l'intrigue de cours, je dois pouvoir étayer mes armes. Contre cette réputé sergente, vous avez joué de malchance. Un duel épique qui a prouver vos talents et votre bravoure. Oui, vous m'avez plus dans bien des détails et je suis convaincu que le jour où vous croiserez à nouveau le fer avec d'Algrange, vous en sortirez cette fois-ci, victorieux.

Laissant mûrir quelques réflexions dans l'esprit du mondain, il prenait son temps pour lui adresser ses souhaits. Une méthode qu'affectionnait Rougelac, donner des éléments afin d'éveiller les pensées, les réflexions, les déductions. Et puis, il souhaitait également recevoir les impressions du jouteur et savoir comment il prenait cette défaite qui n'avait rien d'un échec en soit, bien au contraire d'ailleurs.
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Bérard d'ErgueilChevalier
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 22 Mar 2019 - 14:51
Bien malin eût été celui à pouvoir dire quel emploi le comte de Rougelac entendait réserver à la lame du grand blond. Car si une chose était sûre, c'était bien celle là : on l'avait fait venir pour ses talents de bretteur, une fois de plus. Or si ce qu'on attendait de lui demeurait assez clair, où l’emploierait-on, voila qui prêtait au mystère. À l'évidence, puisqu'il ne manqua pas d'étaler ses nombreuses prérogatives, le comte était un homme aux multiples prérogatives ; or de là à comprendre que celles-ci lui attiraient tout autant d'ennemis, le pas était rapidement fait. Peut-être était-ce d'ailleurs dans ce but que l'homme avait organisé son tournoi : pour trouver des porte-glaives dont il soit certain de la valeur. En effet, de son propre aveu, Victor de Rougelanc, tout riche qu'il semblait et pourvu de bien, péchait par le manque de lames. Or, par une époque si troublée, seul un sot se serait remis entièrement à la puissance de l'argent et négligerait celle de l'acier.

C'était, du reste, une aubaine pour le chevalier, qui à l'inverse de son hôte avait du fer à revendre mais pas un sou en poche. Quoique ses dernières semaines eussent été productives, l'homme ne pouvait se targuer d'avoir de la noblesse un panorama exhaustif. Néanmoins, point n'était besoin d'être grand clerc pour savoir que sur l'Esplanade, la richesse du comte l'emportait sur bien des autres. Fatalement, cela donnait un poids considérable à la proposition de Rougelac, qui pourrait mieux que quiconque dédommager le chevalier. Or c'était là le soucis premier de Bérard, lui qui louait sa brette au plus offrant.

Restait cependant à voir si cette embauche ne porterait pas le bâtard d'Ergueil trop tôt à la tombe, tant il est vrai qu'avec les responsabilités et les ennemis, le risque de se retrouver poinçonné augmentait significativement. Or voila que Rougelac lui-même fit allusion au combat qu'avait mené le grand blond quelques semaines auparavant, laissant à penser qu'une revanche était de rigueur. « Cette furie s'est habilement joué de vos règles pour me battre, s'entendit répondre Bérard, mais elle n'a trompé personne ; dans un vrai combat, chacun sait que je l'aurais occise. Est-ce pour cela que vous m'avez fait mander ? Pour vous débarrasser d'une milicienne un peu trop encombrante ? »

Lui-même avait d'ors et déjà eu maille à partir avec le zèle inquisiteur de ces grognards du Guet ; pas étonnant dès lors qu'un comte se trouve en proie aux même bisbilles ; c'était même tout naturel que seul le rang des protagonistes varie. Du reste, Bérard ne savait trop quoi penser d'un pareil affrontement ; le comte n'était visiblement pas un homme de peu, mais le Guet, à sa propre manière, savait fort bien peser dans le rapport de force.
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 22 Mar 2019 - 15:45
A la réplique du chevalier, nul doute que Victor y voyait là l'âme d'un champion qui malgré la défaite avait la rancune tenace. Oui biensûre, en un sens Bérard avait raison, les règles des joutes n'avaient nullement joué en sa faveur c'était un fait. En combat singulier, sans code, sans règlement, aurait-il sans doute eut le loisir d'occire la demoiselle d'Algrange. Mais le bretteur se trompait sur un fait, même si, en effet, Sydonnie était loin d'être porté dans le cœur du Comte de Rougelac. Désirer sa mort ? Non, cela lui aurait causer de graves conséquences. Victor écoutait donc religieusement l'homme d'arme avant de le tempérer d'un geste de la main couplé à un regard équivoque. Roulant ensuite des yeux, le noble mondain prit une grande bouffée d'oxygène avant de ce décider à clarifier la situation.

- Votre tempérament vous honore et si je dois vous accorder que mes relations avec la Sergente sont quelque peu compliqués, mais tendent à s'apaiser, il n'est nullement question de vengeance aujourd'hui. D'Algrange est redoutable et j'en suis le premier à pouvoir vous le confirmer, même si je tairais, vous en conviendrais, les affaires qui me lient à elle.

Il joignit ensuite consciencieusement ses paumes l'une contre l'autre pour prendre un porte plus altier, moins mystérieux. Il semblait évident qu'il désirait passer aux choses plus concrète de cette entrevue qu'il avait soigneusement préparé.

- Oubliez d'Algrange pour l'heure. Je vous ai fait quérir ici pour vous demander de devenir mon maître d'arme personnel et de fait m'enseigner l'art de l'escrime. Vous serez dignement rétribué en sonnantes et trébuchantes. Apprenez moi a tenir une lame, à me défendre c'est pour cela et cela seulement que je vous ai fait venir aujourd'hui. Je ne nie pas être également intéressé par vous offrir quelques contrats si nécessaire, mais cela ne sera être à l'ordre du jour. Je n'irais point par quatre chemin. Si vous êtes disponible, patient et bon précepteur en cet art, vous êtes mon homme. Il faudra évidemment trouver l'arme qui me sierra. Voyez par vous même...


Il se releva de son siège, écartant les bras pour offrir la vue d'un corps finement musclé, loin des stéréotype de guerrier maître dans l'art de la guerre.

- Il me faudra quelque chose de léger, assurément. J'ai conscience de devoir, à mon âge avancé, sueur pour obtenir quelques résultat en la matière, mais je saurais dans mon emploi du temps des plus chargé, vous offrir quotidiennement un créneau pour m'apprendre les bases. Je vous laisserais d'ailleurs toute la latitude de sollicité le meilleur forgeron à cet effet et en guise de remerciement je vous octroierais une solde supplémentaire pour vous offrir la lame de votre choix dans la limite du raisonnable.

La proposition était donc actée. Ne manquait plus qu'à dresser le pourtour de cette éventuel accord. Victor laisserait Bérard agir à sa guise, comme il le faisait avec Roland de Rivefière dans l'apprentissage de l'équitation.
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyLun 15 Avr 2019 - 23:29
« Oh. » Comme s'il avait dédaigné cette possibilité, que époque pareille eût jugé trop facile ou confortable, Bérard fut pris au dépourvu par la proposition du comte. Il s'était figuré des besognes sordides, auprès de cet homme à qui sa réputation sulfureuse devait couter nombre de porte-glaives. Ces dernières années avaient réduit le bâtard d'Ergueil à l'état d'un véritable chien de guerre, un reître mal abouché faisant besogne de sa lardoire à des fins les moins recommandables, aussi, lorsqu’on lui annonça vouloir faire usage de sa brette à ses fins éducatives, que dis-je! pé-da-go-giques! l'homme en était déboussolé.

Il n'aurait, du reste, pas dû l'être, et à mesure que la proposition du comte faisait un bout de chemin dans la caboche du spadassin, ce dernier se remémora les mots, ô combien emprunt de sagesse, que lui avait seriné il y a ce qui semblait désormais une éternité par l'ineffable Merrick Lorren, à qui le bâtard d'Ergueil avait juré amitié éternelle avant de l'oublier complètement. Lorren lui avait recommandé ceci, en substance : se trouver un foyer en mal de bras pour y instruire quelque jouvenceau guère doué de sa lame, tout en picorant dans le garde manger et si possible cocufier le seigneur des lieux. Bon, d'accord, peut-être la recommandation du milicien n'avait pas été si exhaustive ; tout du moins demeurait-elle sincère, et sensée. Se caler les miches au chaud chez un puissant assurerait assurément à notre grand blond une confortable situation - chose sur laquelle il ne pouvait guère cracher. Quant à la besogne, elle lui assurait une rente sans l'assigner à ce fardeau de l'hommage - une aubaine pour notre étourneau fait porte-épée!

Cependant que le bâtard d'Ergueil tournait et retournait la proposition dans sa tête, voila que son hôte avait continué sa causerie jusque dans les détails, avançant d'ors et déjà que l'on forgerait de nouvelles lames pour lui et pour son précepteur, si tant est que ce dernier accepte la besogne. Qu'y avait-il à attendre d'un pareil seigneur, sinon qu'il jugeât l'affaire d'ors et déjà conclue et mît la charrue avant les bœufs ? Bérard ne pouvait guère l'en blâmer, d'autant plus que pareille proposition ne se dédaignait point.

« Là, ouais, tempéra le grand blond. L'épée, c'est bienvenu. Pis la paye, je dis pas, hein. On peut ergoter, certes, mais je dirais que vous avez votre homme, seigneur. Et tranquillisiez vous, rapport à votre âge ou vos bras. » Il se souvint brièvement d'un spadassin suderon, aussi large qu'une anguille mais plus vif que l'éclair. « On apprend pas plus que lorsqu'on débute, après tout, reprit Bérard en haussant des épaules. Quand commencerait-on ? »
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyMer 17 Avr 2019 - 9:45
La proposition du Comte semblait surprendre voir décontenancer le mercenaire à la blonde crinière. L'homme d'arme avait sans doute penser à juste titre que ses talents auraient été utilisé par le mondain au travers d'un tout autre contexte et si cela pouvait être fortement envisagé pour le futur, Victor avait bel et bien l'intention de l'employer à des fins plus personnelles. Évidemment on appatait point une mouche avec du vinaigre et ainsi pour forcer la main du bretteur, Rougelac le gratifia d'une offre alléchante que peu de badauds pouvaient refusé.

Silencieux, il continuait à le toiser tout du long de la réflexion que pouvait prendre Bérard pour se positionner face à ce service que lui réclamait le riche sang bleu en quête d'améliorer l'un de ses point faible et finalement un sourire à la commissure de ses lèvres naquit lorsque le mercenaire daigna enfin accepter de prêter sa lame dans le cadre d'un apprentissage de l'art du maniement de l'épée. Évidemment s'acoquiner avec un personnage à la verbe minimaliste n'était coutumier du mondain mais quelques fois, il fallait apprendre à mettre certains précepte de côté pour accéder à ses besoins. Repoussant alors son siège, Victor se redressa avant de tendre une main dans la direction du blondinet.

- L'affaire est entendue Sieur d'Ergueil.


Sieur ? Évidemment cela n'avait pour objectif que de flatter l'individu sans titre qui apes cette poignée de main allait devenir pour quelques temps le maître d'arme du Comte de Rougelac. Contournant son bureau, il invita alors d'un geste du bras son acolyte à le suivre hors de son office. Tous deux empruntèrent un couloir avant de s'engager dans l'escalier qui menait au rez-de-chaussée. Là, l'intendant du Manoir se posta devant la porte d'entrée, un paquetage ainsi que deux lames émoussées occupants de ses mains. S'inclinant devant son Seigneur, il tendit les effets et Victor reporta son attention sur Bérard, l'invitant à récupérer les affaires.

- Nous commençons séance tenante si vous n'y voyez aucun inconvénient. Nous remonteront l'Esplanade chez un ami à moi possédant une salle d'entraînement. A moins que vous ayez vos habitudes ailleurs, auquel cas je me plierais à votre lieu de villégiature.

Le terme était certes ironique mais avait étrangement du sens dans l'esprit du mondain. S'offrir les services d'un maître d'arme imposait des contreparties et si Rougelac se plaisait à rester dans sa zone de confort, il était pourtant enclin à bousculer ses habitudes afin que son précepteur se sente à son aise, sans quoi sa formation manquerait d'une qualité certaine.

Quoi qu'en décide le mercenaire, Victor lui glissa une petite bourse, une forme d'avance avant quoi lorsqu'ils quittèrent demeure, l'intriguant de Cours, ne reprenne la parole.

- Il sera bon de planifier chaque séance, j'imagine plusieurs fois par semaines. Toutefois je serais amené à me rendre régulièrement sur le domaine de Sombrebois. Je n'y resterais que quelques jours. Si votre temps le permet, je vous demanderais de l'y accompagner, le Baron Hector de Sombrebois me laissera assurément profiter de sa salle d'arme.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyDim 21 Avr 2019 - 0:23
C'est avec une hésitation relative que Bérard avait empoigné la main de celui qui venait dès lors de devenir son employeur. Ce dernier n'avait même pas éludé la question du chevalier ; il l'avait tout bonnement ignoré, et voila que désormais Victor invitait son nouveau maître d'armes à le suivre en dehors des bâtiments. Que pouvait bien faire Bérard sinon lui emboiter le pas ? Il suivit donc le maître des lieux à mesure que ce dernier gagnait la cour de son propre manoir, où les attendaient là deux épées émoussées. S'agissait-il là de la marque de fabrique du comte ? Rarement habitué à ce qu'on lui refuse quoique ce soit, Victor de Rougelac ne semblait s'être embarrassé de supposition et, à l'évidence, n'avait pas considéré un éventuel refus de son invité. Peut-être Bérard aurait-il du négocier un peu plus âprement - c'est du moins ce qu'il pensa alors.

Mais qu'importe. Il n'appartenait pas au bâtard d'Ergueil de chicaner son patron quant à la solde, qui serait à coup sûr dans la mesure des moyens - proverbiaux - de ce dernier. Victor, du reste, semblait fort désireux de se mettre au plus vite à l'ouvrage ; voila que l'homme annonçait vouloir gagner un autre endroit pour combattre, lui qui avait accueilli céans un mois plus tôt un tournoi entier. La chose fut accueillie par un haussement d'épaules de la part du porte-glaive, pour qui cet endroit en valait bien un autre. Du reste, Bérard se trouvait plus intéressé par les deux lames qu'on lui avait remis, dont il observa le fil et tâta l'équilibre.

L'inspection fut cependant à son tour bien vite interrompue, quand d'une aumônière le comte sut cette fois-ci capter toute l'attention de son commensal. Voila une musique qui sonnait douce aux oreilles du spadassin! Mais assurément, la chose avait été menée de façon à lui faire avaler une pilule moins digeste, puisque Victor lui annonçait céans s'apprêter à quitter les murs de la cité. « Pas que je doute de votre ardeur, seigneur, hésita le grand blond tandis que les deux hommes se rendaient vers la demeure voisine, mais de grâce, ne sortez pas brette au vent devant les Fangeux après quelques leçons. Question d’honnêteté, comprenez : je voudrais pas vous bercer d'illusions. Et puis ça me ferait mauvaise presse, arharh. »
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyMar 23 Avr 2019 - 13:35
Si l'affaire était entendue sans que le Comte n'ait prit la peine d'éludé la question toujours sensible de la solde que percevrait son maître d'arme, c'était pour une raison simple que le mercenaire comprendrait bien vite. Rougelac n'était pas homme à chercher le moindre profit lorsqu'il s'agissait de rémunérer des services qui lui portait à cœur et évidemment, Bérard serait plus que gracieusement récompenser pour son oeuvre auprès du mondain en quête de réajuster certaines faiblesses qui pouvait le rendre vulnérable. Apprendre à manier l'épée lui donnerait ce crédit qu'il n'avait jamais pu obtenir auprès de ses semblable et c'est aussi pour cette raison qu'il n'avait point souhaiter remettre à demande ce qu'il pouvait faire le jour même. Et durant les mètres qui séparaient les deux demeures, Victor profitait également de l'occasion pour inviter son nouveau partenaire à l'accompagner dans de routiniers périples hors du mur.

De bon conseils, le bretteur mit toutefois en garde son tout prochain apprenti qui ne put aux répliques du blondinet que lui offre un sourire entendu. Après tout Rougelac était certes un novice mais la force de l'âge lui avait inculquer la prudence qu'un jeune coq plein de fougue et de spontanéité n'aurait sans doute pas eut et bon nombre d'entre eux en avait sans doute fait l'amer expérience.

- Soyez sans crainte. Je ne tirerais ma lame de mon fourreau, hors exercice, que lorsque vous m'en jurerais capable. Entendons-nous bien, je parle du fer.

Fini-t-il sur une pointe plus amusée. Après tout, détendre l'atmosphère semblait plus qu'indispensable dans la naissance d'une complicité que le Comte de Rougelac espérait durable. Le duo se présenta alors devant une bâtisse des plus singulière et lorsque la porte lui fut ouverte par l'intendant, ce dernier ne semblait guère surprit de voir le quadragénaire s'afficher devant ses yeux. L'homme s'inclinant avant de laisser entrer les deux individus.

- Comme convenu messire, la salle d'arme a été préparé celons vos souhaits. Mon Seigneur vous transmets ses salutations par la même occasion, mais hélas il ne pourra vous voir à l'oeuvre, quelques affaires le retiennent. Si ces messieurs veulent bien me suivre.


Se faisant, on conduisit le duo jusque devant une vaste pièce qui faisait effectivement office de salle d'entrainement à en voir les quelques meubles qui la composait ainsi que les armures et armes d'apparats qui la distinguaient avec goût. Victor s'employa alors à se préparer dans un coin de la salle non sans rajouter à l'attention de son acolyte alors qu'il finissait d'apprêter sa tenue d'entrainement en chaussant ses bottes.

- Vous vous ai senti légèrement hésitant et emprunt tout à l'heure. Permettez moi de m'excusez, j'imagine que cela vient de mon empressement sans vous avoir fait par de la rémunération qui sera la votre. J'imagine que neuf cents sous serait une solde des plus honnêtes par séance ?

Cela équivalait à une rémunération journalière d'un petit noble, ce qui n'était effectivement pas négligeable. Se faisant, il se redressa du banc qu'il avait occupé avant de fixer son maître d'arme, bras légèrement relevés.

- Prenez le temps de la réflexion quand à ma seconde proposition. Je suis à présent sous votre entière responsabilité monsieur d'Ergueil. Ferais-je celons votre bon vouloir.

Par où commencerait son précepteur ? Victor se doutait qu'il ne serrerait pas immédiatement le pommeau de la lame d'entrainement, sans doute s'attendait-il à une séance s'échauffement afin d’habituer ses muscles à l'efforts physique autre que celui de trousser la gueuse dans quelconque plumard. Il était temps pour Bérard de montrer ses aptitudes à incarner un Maître d'Armes au service d'un noble mondain qui n'était coutumier de cet univers.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 26 Avr 2019 - 16:23
On gagna finalement la salle d'armes, où comme l'avait annoncé tantôt le comte, tout avait été préparé en vue de leur venue. C'était là le genre de chose capable de vous faire mieux saisir quel type d'homme était Victor de Rougelac, ou du moins quelle influence l'homme possédait sur ses pairs. Pour s'inviter ainsi chez son voisin, qui, à l'Esplanade, n'était naturellement pas Jo le clodo, il y avait fort à parier que l'intéressé eût quelque créance auprès du comte, dont Bérard ne vit ainsi qu'un avant-goût de la puissance.

Cette dernière s'exposa à lui dans toute son ampleur quand, après qu'il eût annoncé déceler la gêne du chevalier, Victor formula à celui-ci une offre chiffrée. Neuf cent sous pour chacune des séances! Par le con denté de Rikini, c'était là bien plus que Bérard n'en avait seulement espéré dans ses rêves les plus fous. Voila qui, non content de le remettre à flot, lui assurerait un véritable trésor de guerre. Et dire que près de deux mois plus tôt, le bâtard d'Ergueil s'était presque mis à faire la manche pour trente misérables deniers.

Une offre pareille ne se refusait évidemment pas - elle instilla même au cœur de Bérard une certaine appréhension. Pour un tel salaire, le comte aurait naturellement des attentes proportionnelles ; autant dire qu'elles ne seraient pas minces. Le chevalier s'estimait fort adroit de sa brette, mais saurait-il transmettre cela sans heurt ? C'est qu'après s'être fait mettre un si gros biscuit sous le nez, le grand blond craignit qu'il ne le lui retire ; ou que par caprice, son employeur ne revienne sur sa parole et ne rogne sa paie, dès lors qu'il serait en sueur et éreinté par l'exercice. D'aucuns désiraient être fameux bretteurs, mais tous n'étaient prêts à mettre le travail nécessaire pour cela.

Bérard ignorait du reste à quel genre de combattant il avait affaire. Si à l'évidence, le comte avait troqué l'épée contre la robe depuis fort longtemps, il n'en restait pas moins de haute noblesse. Qu'un seigneur de ce nom ait rogné sur la besogne guerrière n'était pas si surprenant, après tout il avait des hommes liges, semblables à Bérard, pour cela ; néanmoins avant d'être lui-même le maître en sa demeure, Victor de Rougelac avait certes eût un paternel. Or quel comte eût désiré que son fils entrât dans le monde, impropre au combat et à tout tumulte ? Probablement son nouvel élève avait-il profité de quelques leçons dans sa jeunesse - le tout était de savoir si leur souvenir demeurait profondément enfouis, ou complètement disparu.

« Merci services vous sont acquis, seigneur, répondit Bérard en s'inclinant. Seul un fol les dédaignerait et j'en serais moi-même bien un pour tergiverser plus longtemps. » Il lui tendit une des deux épées d'entrainement en la tenant par la lame émoussée. « Faites donc quelques moulinets, que j'observe votre posture. Je gage que la pratique, fût-elle ancienne, ne peut vous être complètement inconnue. »
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptySam 27 Avr 2019 - 7:57
La question pécuniaire venait donc d'être éludée et le Comte avait conscience qu'un mercenaire ou quelque chevalier qu'il soit avait besoin d'assurance en ce domaine car après tout, même si la Fange remettait certaines valeur en cause, l'argent restait encore le nerf de la guerre à qui voulait s'offrir un quotidien respectable. Évidemment, nul besoin pour Victor de faire comprendre par la verbe son influence dans la Bonne Société et s'il gardait sous silence le motif de son passe droit en ces murs, le blondinet pouvait laisser libre cours à son imagination. L'esprit du bretteur avait vu juste, là où Rougelac contractait créance tout ou presque lui était acquis et si on ne lui déroula pas le tapis rouge, à la façon dont il fut accueilli, cela semblait tout comme.

Il était à présent temps de concrétiser ce projet, bien trop longtemps refoulé dans son esprit. Ser d'Ergueil plus que satisfait, renouvela alors ses voeux de servitude et face à la générosité de son élève, il signifia de vive voix accepter les termes du contrat qui lui assurait donc pour chaque séance une belle bourse le mettant à l'abris du besoin pour quelques temps si la collaboration perdurait à moyen terme. Rougelac, en tenue d'entraînement, récupéra le pommeau de l'épée émoussée que lui tendis son maître d'arme, lui proposant alors de s'exercer par quelques moulinets, gageant qu'il retrouverait quelques sensations dans cet art que le Comte n'avait pu exercé depuis l'adolescence.

La mine concentrée, Rougelac sous-pesa la lame avant de la tenir fermement dans sa main droite. Il s'employa alors à suivre les premières directivé de son homme lige de circonstance. Cherchant alors à tenir ses appuis en sollicitant ses adducteurs, il traca alors dans l'air quelques ouvement de la pointe puis du plat de son épée, en la maniant en rond autour de lui avec tant de vitesse, qu’on puisse parer les coups qui seraient portés en même temps par plusieurs. Mais de la théorie, la pratique restait belle et bien à affiner évidemment. Bérard pouvait toutefois se rassurer, son élève possédait quelques restent qu'il saurait sans doute réveiller à mesure des exercices et des séances.

- Voyez, elle ne m'est point inconnue, seulement... dois-je vous l'avouer... je n'ai plus exercé depuis plus de vingt ans.

Fronçant les sourcils devant le regard observateur de l'homme d'arme, Victor chercha alors à trouver ses marques, alternant certaines positions et les souvenirs de quelques gardes qui lui restait à l'esprit, même si ses enchaînements paraissaient d'évidence peu sûre et maladroits par moment.

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Moulinet descendant, moulinet remontant, Victor retrouvait quelques sensations qui pourrait sans doute servir de base à son entraîneur. Il y avait certes un manque criant de coordination, mais le mondain faisait preuve de bonne volonté, espérant toutefois que le jugement de son maitre d'arme ne soit pas trop sévère.

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Il allait très certainement falloir au blondinet à affiner les gestes et la posture de son élève et Victor se prêterait volontiers à l'exercice, conscient également que toute remarque de la part du chevalier qui avait brillamment participer à son tournoi, même si sa sortie avait laissé à désirer, serait bonne à prendre, loin de prendre ombrage des éventuelles critiques qui seraient là constructives, assurément.
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Bérard d'ErgueilChevalier
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyMer 1 Mai 2019 - 12:24
Comme il l'avait supposé, Bérard put constater que son élève n'était pas totalement néophyte : il demeurait simplement terriblement mauvais. Ou du moins, si l'homme se souvenait de ce qu'il devait faire, son corps, lui, l'avait oublié. C'était naturel et prévisible, tant il est vrai qu'un talent, pour se conserve et s'accroitre, doit s'entretenir. Enfant, Bérard lui-même ne s'était-il pas piqué de gribouiller à tout va ? On lui avait même accordé quelque once de capacité, alors. Aujourd'hui, vingt ans après avoir cessé tout véritable travail sur son art, l'homme constatait amèrement qu'il ne dessinait pas mieux qu'un bambin. Il en était de même avec Victor : si tant est qu'on lui eût enseigné l'escrime, le comte se battait céans comme si c'était agi d'un enfant auquel on avait remis un bâton.

« Veillez à frapper du tranchant de la lame, commenta le chevalier à l'adresse de son pupille, trop souvent le relâchement vous la fait mener biaise, ou du plat. » Il tournait autour de Victor, guignant les appuis de celui-ci tandis que le comte fouettait l'air de sa brette. Au moins Rougelac ne rechignait-il pas à la tâche. C'était du reste le début de l'entrainement ; bientôt, ses bras se raidiraient et ses mains, trop longtemps habituées au vélin, se couvriraient de cloques. Le bâtard d'Ergueil n'avait évidemment pas mentionné la chose, préférant que son élève la découvre de lui même - elle était après tout prévisible, mais surtout inévitable.

« Bien, reprit-il en se plaçant face au comte, cessez donc et observez moi. » Tandis qu'il se mettait en garde, Bérard se tourna successivement, de manière à se présenter de profil et de face son élève. Sa jambe droite en avant, pointant devant lui, tandis que sa jambe gauche demeurait en arrière, perpendiculaire, il joua de son poids, allant d'un appui à l'autre. « Ne soyez point trop en avant ou en arrière, quant à votre main, dit-il en ramenant la sienne près de sa poitrine, gardez là ici, ou bien à la hanche. Je gage que vous n'emporterez votre écu à la cour. » La vision lui effleura fugacement l'esprit, arrachant un rictus au grand blond. « Maintenant, reprit-il, les coups de taille. » Tour à tour, Bérard frappa le vide devant lui comme si sa brette eût été l'ombre sur un cadran solaire. « Allez-y. »

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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptyVen 3 Mai 2019 - 8:02
Sous l'attentive observation de l'expérimenté bretteur, le Comte de Rougelac était certes bien loin démontrer quelques probants talents mais il semblait pourtant déterminé à apprendre. Tel un néophyte, Victor jouait de maladresse dans ses déplacements, ses postures et bien évidement l'utilisation de sa lame. Mais pouvait-on l'en blâmer ? Toujours est-il que Bérard se défendait d'émettre quelques moqueries, préférant aller de quelques judicieux commentaires à l'endroit de son pupille. A mesure que ce premier cours prenait forme, le Comte semblait se rassurer par son choix devant les qualités d'instructeur dont faisait montrer le blondinet.

Silencieux non sans continuer inlassablement à fendre l'air de sa lame, il ajustait son corps comme le lui indiquait son maître d'arme et Rougelac ne pensait réellement pas que l'exercice s'en trouve aussi éprouvant. Il était bien vrai qu'a de nombreuses reprises, sa gestuelle manquait de précision, la lame qui devait frapper pour blesser un quelconque ennemi ne lui aurait même pas fait la moindre égratignure. Tout semblait être à la fois une question d'équilibre, de précision et peut-être et surtout une façon que son corps ne fasse qu'un avec son arme. C'est alors qu'il ressentait quelques picotement dans ses bras que le bretteur lui demanda de cesser l'exercice pour l'observer à l'oeuvre.

Muet, le regard river sur le chevalier errant, le noble mondain scruta alors son instructeur de la tête au pied, suivant chacun de ses mouvements, la position de son buste, son jeu de jambes. A mesure que l'homme d'arme exprimait tout son art devant son élève plus que jamais attentif, Victor trouvait alors quelques similitudes avec une toute autre aptitude que l'on exerçait dans les cercles de la Haute. Il semblait être très important de garder un équilibre et un port d'arme en totale osmose, l'un allant point sans l'autre. Acquiesçant par intermittence, Victor semblait comprendre certains rouages, et sûrement certaines règles de bases qu'il avait dû apprendre dans sa jeunesse mais que le temps avait fait disparaître de son esprit. Un sourire, il osa alors une remarque devant la prestation de son maître bretteur.

- J'oserais dire qu'il y a quelques points communs entre la brette et la danse de salon.

Loin de vouloir perturber son enseignant, il reprit de son sérieux, fronçant les sourcils lorsque le chevalier passait à un exercice plus complexe, les coups de taille. Victor cherchait à enregistrer dans son cerveau tout ce que son regard azur contemplait. Cherchant à retenir les précieux conseils de son maître lige de circonstance, le mondain fut alors mit à contribution. La taille semblait donc l'art de porter un coup par le tranchant de la lame et Victor se concentra avant de se lancer dans l'exercice, sa main peut être un peu trop fermement serrée autour du pommeau de son épée d'entraînement. Légèrement crispé, il cherchait coûte que coûte à faire bonne figure, mais force est de constater qu'il restait encore un peu trop raide. Pourtant il frappa du mieux qu'il pouvait le vide devant lui non sans s'efforcer de garder le tranchant pour ne pas mener biaise ou du plat comme l'avait fait remarqué plus tôt Ser d'Ergueil. Mais cela avait un coût, celui d’effectivement puiser dans quelques forces, peut être inutilement mais il fallait bien donner de sa personne pour arriver à un soupçon de résultat, même si la route serait encore longue avant qu'il ne sache manier correctement une épée. Pas de doute, au lendemain, ses mains jusques là préservées des affres de travaux manuels, seraient méconnaissables, peut être même difformes seulement c’était là le prix à payer pour savoir un jour se défendre et ne plus être le sujet de moquerie de ses semblables.

Quelques gouttes de sueurs commençaient à perler sur le front du mondain qui s'efforçait de faire bonne figure et d'apprendre la rigueur qu'imposait cet art. Il n'était plus de première jeunesse, cela allait s'en dire et même si son corps était resté svelte, il n'avait plus la condition physique de ses vingts ans. Légèrement essoufflé, il s’interrompit finalement pour se ré-oxygéner avant que la séance ne reprenne non sans prendre quelques instants pour se réhydrater au détour d'une cruche que la domesticité avait soigneusement laissé à disposition dans un coin de la salle d'entrainement.
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MessageSujet: Re: Le grand chelem du chevalier [terminé]   Le grand chelem du chevalier [terminé] EmptySam 4 Mai 2019 - 12:45
Le comte, quoiqu'encore roidi par la nouveauté, s'escrimait tant bien que mal face aux exercices que lui soumettait Bérard. Ce dernier, à la remarque de son élève, demeura interdit un instant, tâchant de se souvenir quel autre homme lui avait tenu des propos similaires. Mettant le doigt dessus, entreprit de deviser, tandis que Victor lui continuait ses moulinets.

« J'ai connu un spadassin, entama-donc le grand blond, lors de la campagne d'Estrerie ; il pensait à peu près la même chose que vous. » Autant dire que Bérard, lui, ne partageait pas cet avis. « Ha, ces suderons! Le ladre était fameux brette en main, ça pas de doutes : leste un agile, une vraie vipère. Il s'était fait un nom, je crois, après avoir remporté plusieurs duels dans quelque cour méridionale, suite à quoi, comptant un peu trop de rivaux et de jaloux, l'homme avait rejoint l'ost royal où je servais aussi. » L'arrivée de ce gaillard ne s'était d'ailleurs pas faite sans heurts, se souvint le bâtard d'Ergueil. Le spadassin était de leur côté, pourtant après deux nuits, il avait d'ors et déjà cumulé deux duels - un peu trop chatouilleux et un peu trop provocateur, le suderon! « Je crois cependant que tout ça lui avait monté un peu à la tête, reprit Bérard. Une semaine plus tard, l'homme trépassait tandis que nous montions à l'assaut d'un petit fortin. Il n'avait rien d'autre sur lui qu'un petit pourpoint et s'imaginait sûrement qu'il ferraillerait aussi bien sur une courtine que dans les jardins de ses premiers patrons. La belle danse qu'il fit, quand de dos un des autres lui fracassa le crâne à coup de masse d'armes, arharh. »

Un instant ailleurs, le chevalier se rendit compte qu'il s'était détourné de son élève, lequel buvait désormais une lampée de flotte, visiblement échaudé. « Mais je m'égare, seigneur! lança Bérard en se secouant. Et que je sache, vous ne vous destinez ni aux sièges ni aux batailles rangées ; tâchons de faire de vous un bretteur élégant, adonc! Ce n'est guère ma manière de ferrailler, mais hé, j'apprendrais aussi un peu. » Qui sait ? Peut-être deviendrait-il également une danseuse, pensa-t-il, sourire canaille aux lèvres, avant de se remettre en garde. À nouveau, décomposant le geste sous tous les angles, le chevalier se fendit et frappa de la pointe de son arme. « Un prompt estoc s'il en est! Que votre coup coïncide avec la fente, expliqua-t-il en faisant à nouveau le geste, au ralenti, et revenez en garde encore plus vite que vous n'avez frappé, car vous êtes ouvert à la contre-attaque ainsi ouvert. »
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