Erwan en tête, brandissant la bannière de son frère aîné, les hommes du seigneur Sombrechêne partirent sans se retourner. La peur se lisait dans la plupart des regards. Ils allaient secourir un seigneur qu'ils n'avaient jamais vu et affronter un ennemi inconnu qui ravageait tout. La troupe marcha toute une journée, ne s’arrêtant que brièvement pour manger et boire. C'est alors qu'ils arrivèrent devant un village. Un village en proie au flamme et à la désolation. Des cris de terreurs fusaient de partout. Dans la pleine des cadavres déchiquetés tachant de rouge le sol enneigé. Quelle était cette cruauté? C'était sans doute une bande de pillards qui avait profité de la tombée du jour pour lancer l'attaque. Galad ordonna le rassemblement. Le cor de guerre sonna. Les hommes s'armèrent. La troupe se positionna en ordre de bataille et marcha au pas de charge. Dans le village, il n'y avait plus de bruit. L'ennemi savait qu'ils étaient là. Ils étaient à présent à quelques mètres du village. On pouvait distinguer les villageois qui avaient été littéralement trucidés. Mais il n'y avait aucunes traces des agresseurs. La troupe entreprit alors de chercher des survivants. C'est là qu'ils la virent. Cette chose ressemblant à une femme à s'y méprendre. Mais, son regard était carnassier, du sang coulait de partout de sa bouche, ses doigts, ou plutôt ses griffes étaient ensanglantées, des lambeaux de chairs pendaient. C'était une vision d'horreur. La créature fonça vers la troupe réduisant la distance qui les séparait. L'un des soldats s'avança vers elle, brandissant vers elle une lourde lance. Elle semblait sur le point d'être transpercée mais avec une agilité surprenante s'extirpa et se retrouva derrière le soldat. C'était surnaturel. Elle s'attaqua alors à l'homme le plus proche d'elle et le tua sans même lui laisser une chance de se défendre. Un chevalier abattit alors sa lourde épée sur la créature qui esquiva le coup sans le moindre effort avant d'écharper l'homme. Le massacre commença. Les monstres jaillirent de partout, massacrant les hommes. Les fils Sombrechêne organisèrent alors la défense. Erwan se tenait prêt de son frère aîné, son autre frère, Yvan, se battait contre une créature un peu plus loin. Il réussi à la tuer grâce à l'effort combiné de dix hommes, redonnant ainsi du courage aux hommes autour de lui pour finalement s'écrouler au sol, sa tête roulant un peu plus loin. Erwan regarda Galad avec horreur qui redoubla d'hardeur au combat. Galad était une force de la nature. Il se battait avec un marteau de guerre faisant la taille d'un homme. Rien que son apparence inspirait la terreur à ses adversaires, mais ce jour-là c'était insignifiant. La mort était devant eux. Les hommes tentaient de fuir mais étaient bien vite rattrapés et tués. C'était un véritable massacre. La retraite fût alors sonnée. Erwan tua un des monstres plus par chance qu'autre chose mais fût alors percuté de plein fouet par un autre voulant lui arraché le bras. Le jeune Sombrechaine était coincé sous le bête qui elle même était coincé par une lanière de l'armure. Son frère se précipita à son secours et parvint à le dégager en assénant un coup si puissant sur la tête de la créature qu'elle éclata. Il fût transpercer au flanc par une main hérisser de griffes. Le jeune Sombrechêne hurla et coupa le bras de la créature qui tomba au sol poussant un cri bestiale. Il saisit son frère et le tira à l'écart.

"Je suis désolé mon frère, j'ai échoué."

Il ne pût que regarder son frère une dernière fois agonisant avant d'être tiré par les derniers hommes encore debout. C'était le chaos autour d'eux. Les soldats comprirent bien vite qu'ils ne pourraient pas s'échapper. Ils se battirent avec la fougue du désespoir. Mourant sans avoir réussi à toucher leur adversaire ou en les blessant à peine. Ils étaient beaucoup trop agiles. Erwan avait abandonner les corps de ses frères. Il se battait avec fureur. La pleine était rouge de sang, de membres, de corps. La mort empestait de partout. Ils n'étaient plus qu'une poignée. Un des derniers chevaliers des Sombrechêne arriva alors vers le jeune Erwan. Son visage était déterminé. Il savait qu'il allait mourir.

"Partez. Partez prévenir votre père. Il faut les sauver avant qu'il ne soit trop tard. Partez."


Le jeune homme obéit à ce chevalier et grimpa sur un cheval. Il n'y avait plus de place pour des hauts faits d'armes, de la bravoure ou autre chose. Il fallait prévenir tout le monde de ce qui arrivait. Protégé par ses derniers compagnons qui formèrent un rempart, il parti au galop en direction de Sombrechêne. Il arriva rapidement en haut de la pleine et s’arrêta pour regarder ce paysage de mort. Il ne pût s’empêcher de pleurer avant de repartir. Il avait vu ses derniers hommes se faire submerger.

"Adieu mes amis."

Il arriva au domaine épuisé, ensanglanté, délirant, seul. Il fût accueilli avec tristesse et douleurs. Les femmes et les enfants pleuraient le père, le mari, le fils mort au combat. La panique prenait tout le monde que s'était-il passé pour que seul un seul des fils de la famille Sombrechêne revienne vivant, au bord de la folie et de la mort. Une semaine passa. Erwan était toujours alité ne pouvant répondre aux innombrables questions en suspens. Il fallu attendre une semaine de plus pour avoir des réponses. Depuis cet incident, les défenses du domaines étaient renforcées, tous les hommes restant patrouillaient sans relâche dans la crainte d'une attaque de cette force mystérieuse qui avait décimé l'intégralité de la troupe.

Wodkah - The Last Butterfly

Le soir venu, le jeune homme raconta son histoire devant une assemblée nombreuse. Tout le monde voulait savoir. Tout le monde avait peur de savoir. Tout le monde était en deuil. L'hiver était là et le froid se faisait ressentir.

"Nous sommes arrivés un soir devant un village. Il était attaqué par je ne sais quoi. Galad a alors ordonné de marché dans sa direction. On voulait sauver les pauvres gens. J'entend les hurlements de terreur. Plus on avançait, plus on voyait des cadavres démembrés, déchiquetés et même mangés ! Je n'avais jamais vu un truc pareil ! Quand on est arrivé dans la village, il y avait un silence de mort. Il n'y avait pas une mouche qui voulait sans déconner ! Sa puait la chair et le sang, mais sa puait surtout la mort. Je me souviens avoir dégainer mon épée immédiatement, je me sentais en danger. Et là on a vu cette chose. Je peux vous jurer qu'au début j'ai cru voir une femme ! Mais quand j'ai regardé avec plus d'attention j'ai vu une bête qui s'est jeter sur nous. Puis le chaos, je n'arrive même pas à vous le décri..."

Un hurlement perça la nuit, puis un bruit bestial. On entendit un homme hurler aux armes avant de mourir un peu plus loin.

"Ils sont là ! Il faut que l'on se barricade!"

Le père ordonna de cacher les femmes et les enfants dans les caves. Ils allèrent s'armer. Il fallait tenir. Dehors, la bataille faisait rage. On entendait des hommes, des femmes et même des enfants hurler de terreur avant de se faire tuer. Un nouveau carnage avait lieu et ils étaient impuissants. C'est alors qu'ils surgirent de partout. Le combat commença. Le jeune Sombrechêne en abattit un rapidement. La pièce étant plus étroite que dans le village, il était avantagé. Tout autour de lui, l'horreur était présente. Que se soit bêtes ou hommes, il y avait des corps qui tombaient de partout. Le sol était glissant à cause de la sueur et du sang. On trébuchait sur les morceaux. Malheureusement, ils furent très vites submergés. Le chef de la famille Sombrechêne mourut l'épée à la main emportant son meurtrier dans la mort avec lui. Le maître d'arme qui avait formé Erwan fût démembré, les compagnons de sa jeunesse tombait les uns après les autres. On entendit les femmes et les enfants qui étaient dans les caves hurler. Les monstres les avaient trouvé et les tuaient. Sa mère devait être à présent morte. Tout était perdu. La maison Sombrechaîne était tombé. Le dernier membre de la maison rassembla ses derniers hommes et tenta une percée pour s'enfuir laissant tout derrière lui. Cela lui coûta un nombre considérable de compagnons. Il ne sait pas trop comment il arriva à échapper à ses monstres. Durant des semaines ils marchèrent vers l'Est entendant toujours plus de rumeurs sur ces créatures qu'on appelait désormais les fangeux. Ils avaient aussi appris que les morts garnissaient leurs rangs. Il était donc possible que son père, sa mère ou ses frères soient désormais des monstres. Ils avaient entendu parler d'un bastion qui résistait et se résolurent à y aller. Sur le chemin, ils tombèrent dans une embuscade tendu par un groupe de pillard qui eux aussi cherchaient sans doute à survivre. Le jeune Sombrechêne perdit encore de nombreux compagnons et fût blessé au visage. Le voyage fût rude et long. De nombreuses familles nobles ou pas nobles avaient fuit laissant tout derrière eux pour partir vers cette fameuse cité. Lorsqu'ils y arrivèrent, ils s'aperçurent rapidement que la vie allait être difficile. Les réfugiés s’entassaient de partout, les maladies fleurissaient, ils manquaient de nourritures. Le jeune Sombrechêne voulut dans un premier temps se mettre au service d'un noble en tant que chevalier. Il s'aperçut très vite qu'étant issu d'une famille assez méconnue il n'avait pas grande chance. Il travailla durant un mois complet dans un établissement sale et puant ruminant sur le fait qu'il était tout de même un noble. Puis vint le jour où il fallut se battre de nouveau. Au début du mois de Février, un appel fût lancer. Sans aucune hésitation, le jeune homme s'engagea dans la milice et participa à la reprise de Labret. Il ne distingua pas particulièrement mais fût apprécier pour son courage et son sang froid. Il resta ensuite dans la milice où il s’acquitta de toutes les taches qui lui était confié. Cantonné dans un premier temps à Labret, il participa à sa défense aux cotés d'autres miliciens qui se firent des noms. L’élément le plus marquant fût l'attaque du Duc par des miliciens dissidents et des bannis. Il revint un peu plus tard à la cité et fût affecté à d'autres tâches. Le jeune homme fût assez perturbé par les décisions prises comme la mise à mort systématique des condamnés ou encore les couvres feux. Mais il était surtout très perturbés par le fait d'être en permanence épié pour les fautes commises par d'autre. Depuis lors, Erwan Sombrechêne ne cesse d'effectué des missions d'escortes et de protection à l’extérieur des remparts craignant les attaques des fangeux.