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 [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]

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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptySam 8 Juin 2019 - 17:23
- Janvier 1166 –
" Le chasseur rencontre le gibier là où ils n'ont pas pris rendez-vous. "

Assise sur une chaise, face à ma fenêtre, j’attends. J’attends que le temps s’écoule, j’attends qu’ils arrivent pour les prendre sur le fait. Ordure, petite ordure qui s’amuse à venir saccager mes terres, ma ferme, mes bêtes. Était-ce si amusant d’ouvrir les barrières, est-ce si amusant de recouvrir ma porte de trace de sang ? Non pas que cela me déplaise, je trouve cette couleur agréable à l’œil, mais les autres, les autres ont peur, les autres murmurent et je sais mieux que quiconque que les chuchotements sont dangereux. Serus, Serus, mon brave cerf, ma brave bête à poil, n’aurais pas tu oublié de doter tes enfants d’une quelconque intelligence, s’attaquer à un monstre sans savoir à quel point il le sous-estime, n’est-ce pas un peu naïve. Rikni, belle Rikni, sauvage Rikni, n’aurais pas tu oublié d’apprendre la peur à tes créations, Etiol me teste, je sais que je ne peux pas céder, ils ne viendront pas combler le vide de ma véritable cave, tristesse. Ne suis-je qu’Amélise, petite femme dépassée par les saccages, ignorés par la milice qui a tellement d’autres choses à faire. Tristesse.

Il me donne faim pourtant, j’aurais apprécié voir la peur dans le regard de ses affames idiots, j’aurais apprécié oui, sincèrement découvrir la peur, sentir l’urine dégouliner de leur pantalon. Mais non, interdit, je ne dois pas céder à la quelconque pulsion ? Que faire, que faire alors ? Eh bien, j’ai fait ce que jamais je n’aurais cru faire, j’ai fait jouer mes petits oiseaux pour trouver un mercenaire adapté à mes besoins. C’est son nom à elle qui est sortie et j’ai envoyé une petite main l’embaucher et lui expliquer les faits : un groupe de bandit terrorisé une pauvre petite éleveuse à Salers, son prix sera celui de l’éleveuse. Comment refuser ? Alors j’attends, je l’attends cette femme d’armes, voir comment elle va se débrouiller avec les petits garnements. D’ailleurs, la pierre qui vient de traverser ma fenêtre me tire de mes pensées et lorsque je me redresse pour me précipiter à l’extérieur c’est le silence qui vient m’accueillir et le bruit de mes bêtes qui s’énervent, qui s’agacent.

- « BOUGRE DE CORNIAUX » que je hurle en levant en poing vers ceux qui viennent de prendre la fuite

Ah, les naïfs, ils pensent que je ne sais pas qui ils sont, mais quand on s’attaque à un monstre, ne faut-il pas parfaitement se renseigner sur ledit monstre ? Je ne dirais rien, je vais la laisser faire son affaire, son enquête, résoudre le problème à sa façon et qui sait, peut-être qu’un accident pourra arriver ? Peut-être qu’il y aura un mort ou plusieurs, peut-être que le corbeau que je suis pourra discrètement récupérer l’ensemble et alors là, là j’offrirais l’ensemble en repas à famille faisant son deuil. Je déglutis, observe le sang qui s’écoule sur ma porte, quel gâchis, drôle de gâchis, foutu gâchis. J’avise mes bêtes qui s’agitent un peu, rien de grave fort heureusement ils vont parvenir à retrouver un calme certain sans moi. Enflure. Je sens mes mains tremblent légèrement, si seulement je pouvais m’en occuper moi-même, si seulement. Mais la cérémonie des marais est un peu trop loin, auraient-ils fait une très belle offrande pour Etiol. Oh, Etiol, viens-moi en aide, donne-moi la force ou l’inspiration de trouver comment me débarrasser de ces nuisibles.

- « Si je vous attrape, bande de rats… Mieux vaut pour vous que ce soit elle que moi » grommelais-je dans un murmure étouffé par mes lèvres pincées.

Attrapant un seau je me dirige vers le puit, puisse l’ensemble pour venir faire chauffer un peu d’eau, à froid cela fonctionne moins bien. Inutile de jeter l’ensemble directement sur la porte, je sais par avance qu’il va falloir frotter. Chanceuse, je ne suis pas entièrement nue, j’ai osé mettre un tissu fin transparent, j’ai toujours eu chaud, mais là lorsque le vent se lève je sens ma peau frissonner entièrement. Peut-être ai-je sous-estimé ce mois de janvier ? Rentrant dans la bâtisse, je renverse l’eau contenant quelque signe de givre dans la marmite, la laisse chauffer avant de monter à l’étage, laissant la porte grande ouverte. J’enfile un haut un plus épais, un pull que j’ai tricoté de mes petites mains en regardant une vieille femme se vider lentement de son sang. Le passant, laissant néanmoins un tissu fin couvrir mes jambes jusqu’à mes genoux, je laisse un soupir fuir mes lèvres. Redescends enfilant des bottes rembourrées par de la laine, transvasant l’eau chaude dans mon sceau, y jetant un morceau de tissu à l’intérieur. Qu’est-ce que je peux détester faire ça. Laissant un nuage de fumée s’échapper de mes lèvres sans aucun doute à cause de la différence de température extérieure intérieure, je débite mon office, me penchant pour tremper le tissu dans l’eau pour venir frotter ma porte. Ça fait travailler les bras, ce n’est pas une si mauvaise chose, bien que je préférerais occuper mes mains autrement. Peut-être était agréable cette femme qui doit arriver ? Mariée, ooooh si elle pouvait être mariée cela n’en serait qu’un plus. Aurais-je dû rajouter ce critère à mes recherches, tant pis. Terminant de nettoyer la partie supérieure de la porte, je ne peux que déplorer seulement maintenant cette tête de mort dessiner avec le même liquide sur la façade principale de ma bâtisse. Auraient-ils pu au moins faire un effort dans la réalisation. J’ai encore du travail. Plongeant une nouvelle fois l’ensemble dans le récipient, je respire, j’inspire, j’expire.

- « Fais chier » grommelais-je avant de me faire surprendre par l’arrivée d’une petite troupe pivotant, frottant mes avant-bras recouverts de cette laine –sans pour autant frotter mes jambes dévoilées- je fais mine d’avoir un peu froid « Regardez qui voilà, ne serait-ce pas mes sauveurs ? Bien le bonjour » fis-je tout sourire « Je n’avais pas compris que vous seriez quatre, n’est-ce que beaucoup plus rassurant » concluais-je me voulant sincère ou tout du moins honnête.

Je ne l’étais pas moins du monde, j’avais cru naïvement qu’elle viendrait seule, malgré l’insistance de mes petits oiseaux sur la proximité de la fratrie. Croquer deux oiseaux de la même famille, ça avait le don de me plaire. Étirant mes lèvres dans un fin sourire, je faisais un petit signe de la main pour les inviter à approcher, passant une main ensanglantée sur mon front, laissant une trace volontaire, qui devait paraître involontaire.

- « Vous tombez bien » souffla-t-elle « Ils viennent de revenir, je n’ai pas réussi à les poursuivre, regardez-moi ce massacre, ma porte, ma façade… Je n’en peux plus… Enfin, ne vais-je pas paraître désagréable tout de suite, allez-y entrer, il fait froid en plus, j’ai préparé du ragoût avec des gros morceaux de viande, j’ai une très bonne bouteille, les chambres sont prêtes, au cas où, comme j’ignorais le temps que vous alliez mettre pour résoudre mon problème… Ne puis-je qu’être particulièrement reconnaissante, vraiment… » je fis une pause détaillant les quatre, m’attardant quelque peu sur cette femme qui me semblait un brin particulière.

Relâchant le tissu dans le seau, j’avais fini par l’abandonner pour entrer la première, refermant la porte en bois par la suite pour venir plonger mes mains dans un bac d’eau non loin du feu. Retirer les quelques traces de sang, je venais récupérer plusieurs récipients pour déposer l’ensemble sur la table.

- « Alcool, pas d’alcool ? » questionnais-je « Navrée, j’en oublie mes bonnes manières, je suis Amélise de Lamer, gérante de cette ferme et de son élevage, c’est moi qui vous ai fait venir ici, mais vous devez le savoir. Installez-vous je vous en prie »

Sortant une bouteille de vin, ainsi qu’un récipient d’eau chaude pour toute éventuelle infusion, j’affichais un très large sourire. Je devais passer pour une femme normale, ce n’était jamais évident, mais dans l’ensemble je crois que je m’en sortais bien, très bien. Laissant le groupe prendre place, je ne pouvais que tirer une chaise pour m’installer, débouchant la bouteille de vin pour m’en servir un verre que je ne pouvais que porter immédiatement à mes lèvres.

- « Qu’est-ce que je vous offre alors ? Vous avez fait bon voyage par durant ce froid ? Aucune mauvaise rencontre, j’espère ? » Pour le reste, c’était à eux de poser les questions et comme pauvre petite femme vivant seule, je laissais pleinement la main à ce petit groupe.

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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyDim 9 Juin 2019 - 18:04



Pour beaucoup, notamment pour l'un de ses frères, Aeryn se montrait beaucoup trop méfiante. Elle n'acceptait jamais rien facilement, préférant prendre le temps de réfléchir posément afin de s'assurer de rester en vie un peu plus longtemps. Aussi, lorsqu'on lui parla de ce contrat, son premier réflexe fut de dire Non. Ce fut donc un refus catégorique, mais certainement pas irréfléchi. L'homme énonçant la nature du contrat était venu la chercher elle, directement, chose qui n'arrivait pour ainsi dire jamais et qui ne fit qu'éveiller sa méfiance particulièrement tenace.

-La veuve Lamer paie bien pour vous débarrasser de ces voyous. Ce ne doit pas être bien compliqué pour des gens comme vous, non ?

Ça ne l'était évidemment pas, néanmoins elle ne comprenait pas pourquoi cette inconnue avait demandé après elle. Les personnes la connaissant sous cette identité, la vraie, se comptaient probablement sur les doigts d'une seule main et quatre d'entres elles se trouvaient justement dans cette pièce.

-Loghart a très bien pu passer par chez elle et lui donner ton nom. Cela ne m'étonnerait pas de lui, déclara l'archer tout en terminant sa bière.
-J'en sais trop rien, il sait que nous sommes en vie nous aussi. Pourquoi ne pas simplement donner notre nom de famille. C'est encore ce qu'il y a de plus simple.
- Sauf s'il connaît nos intentions concernant la compagnie des lames. Il peut très bien imaginer que nous l'ayons déjà intégré. Après tout, ce n'est qu'une formalité pour nous. T'en pense quoi toi, Kaël ? T'es bien silencieux.

Calme, comme toujours, l'aîné des survivants Monclar se contentait jusque-là d'écouter la conversation tout en réfléchissant de son côté. Lui aussi songeait à ce petit frère ayant préféré la milice de l'extérieur à la famille plus particulièrement pour une raison qui lui parut des plus évidentes.

- La compagnie Monclar était connue, certes, mais je pense qu'en donnant le nom de Ryn, c'est comme s'il nous faisait passer un message.
-Ah oui ? Et lequel ?
- Qu'il est encore en vie, tout simplement.
- Ah ! Pas bête. Maintenant que tu le dis, ça lui ressemble plutôt bien…

Occupée à essuyer coupes et chopes, Aeryn semblait bien ailleurs. Pourtant, malgré son apparente distance et son habituel silence, la mercenaire, n'avait rien manqué de la conversation de ses aînés. De part leur faible différence d'âge, Loghart était probablement le frère dont elle se sentait le plus proche. Du moins, ce fut le cas jadis avant qu'il ne décide de les abandonner… De l'abandonner elle… Choix que la rouquine peinait encore à accepter et surtout à digérer… Un Monclar devenu milichien, quelle honte pour celle qui pensait ne jamais le revoir ou seulement de vouloir le revoir… Et pourtant… Le savoir encore en vie, après tous ces mois sans nouvelles, l'apaisa bien plus qu'elle ne voudrait l'avouer… C'est probablement l'espoir de pouvoir enfin recroiser sa route qui lui fit changer d'avis malgré les multiples dangers existants à l'extérieur de la cité et dont elle ne se préoccupait aucunement. Elle n'était pas folle, la rouquine, la fange ne trouverait jamais de prédateur à sa hauteur, alors autant éviter de s'approcher de ses représentants à moins que l'on soit totalement stupide ou simplement suicidaire.

-D'accord, lança-t-elle avant d'abandonner le comptoir et ses frères s'y trouvant accoudés, comme chaque soir.


*****


Quelques jours plus tard, la fratrie arriva sur les lieux du rendez-vous. En apparence, il s'agissait d'une ferme des plus banale, habitée par une femme seule, qui n'avait aucune raison crédible aux yeux des mercenaires d'attirer la malveillance des habitants du coin. Ce détail-là, Aeryn l'inscrit directement dans un recoin de son esprit, car pour elle, il était évident que personne ne pouvait être innocent, pas même la victime dans l'histoire. Que visaient les vandales au juste, la ferme ou bien sa propriétaire visiblement occupée à nettoyer du sang sur sa porte…

Autre détail à relever : la nature même du vandalisme… pourquoi du sang ?

-Oui, bonjour madame. Nous sommes effectivement quatre. Après tout, il n'est pas temps à se promener seul dehors.
-C'est que ça grouille de bestioles nauséabondes dans le coin...
-Et par chance, le coups la rouquine déjà exaspérée par tant de bavardages inutiles, nous n'en avons croisé aucune, jusqu'ici.
-Les Trois veillent sur nous, il faut croire.

Aeryn ne pouvait être d'accord avec l'affirmation pleine de nonchalance de son archer de frère. Si les Trois jouaient leurs rôles à la perfection, pour la seule femme du groupe, ce n'était certainement pas celui de protecteurs, au contraire. Pour elle, les dieux de la trinité ne pouvaient être que malfaisants sans quoi jamais les morts ne pourraient se relever, ils auraient empêché cette horreur, s'ils l'avaient voulu. Voilà pourquoi elle accueillit la remarque en levant les yeux vers le ciel en signe de désaccord avant de se concentrer sur ce que la "victime" expliquait. Apparemment, ils venaient juste de manquer les vandales qui s'étaient acharnés sur la porte et la façade de la mesure… Dommage, l'affaire aurait très bien pu se régler rapidement, au lieu de quoi, les voilà contraint de loger chez l'habitante… Ce sang, que signifiait-il ? Était-elle considérée comme une sorcière ? Son instinct comme sa curiosité la poussait à se demander s'il ne serait pas plus judicieux d'interroger les habitants du coin.

-Du ragoût, en voilà une proposition alléchante, madame, s'empressa de relever le géant tout en lançant un regard plus séducteur qu'affamé à leur hôtesse avant de la précéder à l'intérieur.
-Ventre sur pattes, grogna la rouquine lorsqu'elle passa devant lui en entrant à son tour.

L'intérieur de la bâtisse n'en disait pas plus que l'extérieur. La veuve semblait aimable, peut-être même trop pour être parfaitement sincère. Après tout, en ces temps sombres, mieux valait se méfier de tout le monde, plus particulièrement une femme seule face à quatre inconnus qu'elle n'attendait visiblement pas… Étrange…

Les hommes s'installèrent à table sans se faire prier tandis que la jolie blonde leur proposait quelques rafraîchissements.

-Pas d'alcool, nous sommes là pour travailler, pas pour nous divertir.

Sa réponse fut prononcée froidement, mais bien qu'elle répondait à l'interrogation directe de leur employeur du jour, celle-ci ne lui fut nullement adressée. Si Kaël préservait sa distance tout à fait professionnelle, ce n'était pas le cas des deux autres… Un constat désolant qui avait le don d'agacer la rouquine.

-Dites-nous plutôt pour quelle raison ces gens s'en prennent à vous. D'expérience, je sais qu'il en existe toujours une, qu'elle soit justifiée ou non.

Hors de question pour elle de perdre inutilement du temps en bavardages stériles. Parler de la pluie et du beau temps, très peu pour Aeryn Monclar. Les mots ne devaient être prononcés sans raison valable et tourner autour du pot ne leur servirait à rien. Chacun d'eux se devaient de se rappeler la nature de leur présence à cet endroit, auprès de cette femme que la mercenaire peinait à cerner.

-Depuis combien de temps cela dure ?
- Personnellement, je serai curieux de savoir pourquoi vous avez cherché à contacter ma sœur… Et surtout, comment vous avez appris son existence.

Curieuse d'entendre les réponses que leur employeur avait à leur fournir, Aeryn s'installa à distance. Les bras croisés, le dos appuyé contre un mur, le visage impossible, la mercenaire ne quittait pas l'éleveuse des yeux.
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Amélise LamerÉleveuse
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyLun 10 Juin 2019 - 18:28
- « Vous avez bien raison » fis-je simplement « Depuis l’apparition des monstres, bien trop de sang c’est écoulé inutilement »

Converser, parler, blablabla ça avait toujours eu le don de m’ennuyer profondément, cependant, il fallait bien sauver les apparences, passer pour une veuve seule, terriblement seule. Ouin, ouin. Prenant une légère inspiration, j’avais fini par détailler l’ensemble de cette petite tribu, avec les ressemblances, il était fort simple de supposer qu’il s’agissait d’une fratrie. D’ailleurs, il me semble avoir eu écho de cet état de fait lors de mes recherches, la prochaine fois, je tâcherais d’être un peu plus attention à mes magnifiques petits oiseaux et à leurs informations. Enfin, après de brèves salutations, j’exposais les événements récents et cette horrible agression sur ma porte et la façade de ma demeure, un petit regard implorant, une mine triste et hop j’avais réussi la première étape. Mes deux prunelles avaient dû s’attarder sur le plus grand de l’ensemble, un homme dont les doigts étaient dénués d’alliance, ou de ruban autour du poignet, quel dommage, je n’aurais aucune refusée un petit jeu d’adulte… Les deux autres ne semblent pas engagés non plus, à moins que ce ne soit purement volontaire de ne pas donner d’indice sur une appartenance quelconque à une femme… La rouquine d’ailleurs, ne semble pas faire exception, libre comme l’air, elle me donne davantage fin avec cette mine plus de réflexion. Oh, ma jolie, toi-même célibataire, tu me donnes très envie de jouer.

- « Qu’elle nous protège en effet, lui suis-je redevable de vous avoir laissé venir jusqu’à moi en vie »

Cette phrase elle me donne la nausée, la Trinité, ça n’a jamais été mon fort à moi. Qu’Etiol me pardonne, les apparences c’est bien trop important, il le sait. Il faut jouer la corde de la manipulation, de la sensibilité et de tout le reste. Affichant un sourire à celui qui semblait enchanter par mon ragoût, je ne pus qu’inviter l’ensemble de cette charmante famille entrer. Sortant de quoi servir un bon repas chaud, aux saveurs alléchantes, je ne peux pas m’empêcher de lancer un ou plusieurs regards en direction de mes invités. Ils sont tous les quatre forts charmants, un peu trop. Remplissant l’ensemble dans une quantité plus que raisonnable, je viens déposer l’ensemble sur la table poussant du bout des doigts les repas, en conservant une pour moi évidemment.

- « Je suis ravie de voir que nous avons des gourmands, je le suis moi-même beaucoup trop dans bon nombre de domaines » une invitation à peine dissimulée, même si mon regard c’est déposé sur la merveilleuse rousse qui semble bougonner « Très bien pour l’alcool madame, je comprends parfaitement, il serait fort dommage de ne pas enquêter convenablement, je ne supporte plus les désagréments réguliers mis en place par cette petite troupe de ‘corniauds’ » un demi sourire « Pardonnez mon langage, mais m’occuper déjà seule de la ferme et l’élevage c’est déjà complexe, croyez-moi, je n’ai pas besoin de ce genre de complications »

Récupérant des grosses cuillères pour l’ensemble, j’avais fini par servir que de l’eau chaude, une manière de montrer que je respectais l’ordre de la jeune femme, mais aussi sa qualité de mercenaire. Déposant la boîte à plante sur la table, afin que chacun puisse choisir l’infusion qui lui correspond, moi j’avais porté à mes lèvres le verre de vin, avalant une gorgée qui avait le don de me rassurer. M’installant sur une chaise, croisant les jambes d’une manière large et lente pour offrir une demi-vue attirante, je conservais un large sourire, détaillant tour à tour mes interlocuteurs. Pourquoi, pourquoi, pourquoi, faut-il toujours une raison pour persécuter les autres ? Moi, personnellement je n’en ai pas toujours, hormis le besoin de m’amuser un peu. La distraction il n’y que ça qui importe dans une vie, surtout de nos jours. Installée plus ou moins confortable, le dos bien contre la chaise j’avisais celle qui venait de prendre la parole, m’interrogeant donc sur le pourquoi, puis combien de temps, avant de finalement se faire interrompre par le « pourquoi elle » de son frère.

- « Parce que c’est une femme » répondis-je simplement dans un premier temps « C’était un critère important à mes yeux, et j’ai tendance à encourager celle qui ont décidé de prendre les armes. J’avais entendu son nom ou son prénom au travers d’une discussion entre miliciens, alors j’ai envoyé quelques connaissances se renseigner sur la survie de cette fameuse mercenaire. De là, ils ont pris contact avec vous afin que vous puissiez venir me sauver de cette atroce histoire. »

Comment, pourquoi, pourquoi et encore pourquoi ? Je me laisse légèrement tomber le long de ma chaise, écarte un peu les jambes que je viens de décroiser avant de m’autoriser une cuillère de mon ragoût, je mâche bruyamment en réfléchissant. Dans le fond, je ne sais pas trop ce qui amuse tellement ce petit groupe.

- « Je ne sais pas trop » fis-je lentement « Je crois que tout part à cause de l’affaire avec mes parents » je prends une mine déconfite, perturbée, j’arrive même à faire monter les larmes au niveau de mes yeux « C’était des..Monstres, des monstres… » avouais-je en détournant les yeux « Ils avaient des corps humains dans la maison, ils faisaient des tortures, ils tuaient pour le plaisir…. » soufflais-je les mains tremblantes « Je crois que ça part de là, ils ont été condamnés et décapités… » je laisse une longue hésitation alors je bois une nouvelle gorgée de mon verre « Les Salersien se sont sentis salis tout comme pour par les actes de mes parents, la réputation a diminué, des personnes venaient juste pour la voir ‘la ferme de l’horreur’, pour certain jeune c’est une force de courage de venir ici… Alors qu’il n’y a plus rien et que j’essaie juste de reconstruire…. Je voudrais simplement pouvoir avancer… »

Je laisse un soupir s’échapper de mes lèvres alors que je me relève hésitante, comme perturbée, j’embarque mon verre, avale une longue gorgée avant de détailler.

- « Quand pouvez-vous commencer à enquêter ? Cela dure depuis bientôt un mois… Ils font peur à mes bêtes, en volant régulièrement, je retrouve des bêtes mortes, d’autres sont perdus dans les marais… Mes bâtiments sont souvent dégradés, il y a peu un homme est parvenu à s’introduire dans ma maison… Quand je me suis réveillé, il était devant mon lit et a pris la fuite… Cela ne peut plus durer..»

Je termine mon verre, regardant mon ragoût qui m’attend avec une mine de non-appétit. Je passe une main dans ma chevelure, avant d’aviser l’ensemble.

- « Vous pensez que vous allez pouvoir m’aider ? Comment pouvez-vous procéder, je ne veux pas de victimes ou le moins possible, je ne suis pas mes parents » soufflais-je pour offrir une finalité pleine de culpabilité à l’ensemble
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyJeu 13 Juin 2019 - 10:22
Ne dit-on pas que "la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre" ? Cette expression aux allures d'affirmation irréfutable, Aeryn Monclar y croyait dur comme fer, à quelques nuances près. Évidemment, les enfants ne sont pas leurs parents, même s'ils leur ressemblent bien souvent. Néanmoins, sans être leur reflet exact et parfait - et la mercenaire en était la preuve vivante - on ne pouvait pour autant nier le fait que les géniteurs veillent généralement à façonner leur progéniture à leur image. Il suffisait d'observer la fratrie Monclar pour retrouver quelques touches de leur père dans chacun de leur caractère. Chacun d'eux avait été marqué par l'éducation souvent trop brutale du géant solitaire. Certains plus que d'autres, évidemment. Kaël avait son flegme, Ivaad sa brutalité, Elwin son raisonnement. Aeryn, quant à elle, avait hérité de sa méfiance, celle qui la poussait à dévisager la jolie blonde tout en se demandant de quelle partie de ces monstres, la veuve avait hérité.

Si ses aînés, à une exception près, semblaient s'émouvoir du récit chargé de larmes, que leur servait Amélise, ce n'était nullement le cas de la mercenaire. Comment pouvait-elle qualifier ses parents de monstres aussi facilement ? Ils l'étaient, certes, mais un enfant est bien souvent incapable de voir ses géniteurs de cette manière quand bien même leur conscience se manifeste. Aeryn savait pertinemment que son propre père était un homme injuste et dangereux, néanmoins, il restait son père. Ce lien-là, rien ni personne ne la pousserait à le renier comme cette femme semblait le faire avec les personnes qui l'ont élevé. Impossible pour elle de ne pas avoir assisté d'une manière ou d'une autre aux atrocités commises par ses parents. Elle devait forcément être au courant à l'époque, même de manière inconsciente… Alors, restait donc à savoir à quel point ces choses-là avaient marqué la jolie blonde.

On dit aussi, que les gens ne sont que rarement ce qu'ils semblent être. Qu'ils mentent aveuglément ou se contentent d'omettre quelques détails, souvent les plus importants d'ailleurs. Si Aeryn tenait à rester à l'écart, c'était avant tout pour s'offrir la possibilité d'observer son hôtesse larmoyante dans son intégralité. Ainsi, elle pouvait aisément jauger ses regards et le langage, plus silencieux, de son corps, tout comme l'effet que celui-ci faisait à l'un de ses frères. Tout, absolument tout chez cette femme lui parut alors faux, calculé, pour réussir à se mettre l'assistance dans la poche… En revanche, ce qui échappait totalement à la mercenaire était encore et toujours la raison de ce petit manège. Elle mit d'abord cela sur le compte de la solitude. Après tout, il s'agissait d'une jeune femme, veuve de surcroît. Alors, peut-être essayait-elle de s'attirer quelques compagnies, qu'elle pourrait visiblement trouver chez Ivaad qui ne cessait de la dévisager avec gourmandise.

Mais pour Aeryn, point de doute, il y avait bien quelque chose de dérangeant chez cette femme, bien qu'elle fut totalement incapable de savoir quoi. Elle bougonnait, la rouquine, frustrée de ne pas réussir à mettre le doigt sur l'origine de l'aspect malaisant de son hôtesse. Cela venait-il de son regard, presque éteint ? De cette pâleur étrange que l'on retrouve également dans ses yeux lui donnant l'air d'un cadavre exsangue ? Après tout, son instinct de préservation pouvait tout aussi bien lui faire défaut. Cela arrivait, parfois. À force de se méfier de tout et de tout le monde, n'importe qui pouvait devenir paranoïaque.

Elle faisait pourtant tout pour paraître aimable, la jolie veuve… Oui, voilà ce qui la dérangeait le plus , cette bien trop grande gentillesse qui semblait fort peu naturelle passant de "l'être" au "paraître" dans l'esprit de la rouquine qui se contentait d'écouter en silence.

Les réponses de leur employeur, si elles ne lui apportaient aucune réelle satisfaction, lui permit tout de même de songer à quelques pistes. Elle ne notait aucune agression physique directe. Les détracteurs se contentant de s'attaquer à la bâtisse ou aux bêtes, même si visiblement un homme était entré chez elle, sans pour autant la toucher. Il s'agissait d'une femme seule, vivant dans une ferme isolée. S'ils voulaient réellement la blesser, personne ne les arrêterait et certainement pas ces bons à rien de miliciens. Elle ne le savait pas, la blondinette, mais l'enquête avait débuté au moment des salutations d'usage. Voir l'endroit, la victime, écouter ses dires, tout cela faisait évidemment parti de leur investigation.

-À première vue, cela ressemble surtout à de l'intimidation. Vous vivez seule dans un coin plutôt isolé, rien ne serait plus simple que de vous tuer avant de jeter vos restes aux cochons. Ils veulent vous effrayer, vous agacer… Probablement pour vous pousser à partir…
-Cela ne doit pas être bien difficile de mettre la main sur cette bande de pleutres. Est-ce que vous les avez vu ?
-S'ils sont du coin, vous devriez les connaître.
-Comme le dit ma sœur, même en prenant en compte l'histoire de vos parents, j'ai l'impression qu'ils cherchent à vous effrayer voir à vous exaspérer afin de vous faire quitter les lieux.

Oui, mais pourquoi vouloir effrayer cette pauvre femme ? Évidemment, il pourrait tout aussi bien s'agir de petits malins trouvant le moyen de s'ennuyer. La persécution restait une occupation plutôt courante et les imbéciles trouvaient toujours une raison à cela. Une trop grande connaissance des plantes et des potions appelaient à la sorcellerie, de même que des cheveux roux. Il restait donc tout de même probable que les gens du coin se méfient de cette fille de monstres, imaginant qu'elle aussi, pratique les mêmes atrocités que ses parents. Néanmoins, mieux valait ne pas porter de conclusions trop hâtive et veiller à explorer toutes les pistes possibles et imaginables.



-Si nous sommes là, madame, c'est justement pour vous aider. Nous agirons en fonction de la menace, mais n'ayez crainte, nous ne sommes pas des assassins.

Ils ne l'étaient pas, c'est vrai. Si la plupart des gens pensent que les mercenaires n'ont point d'honneur, la fratrie Monclar avait de quoi les convaincre du contraire. Ils ne tuaient que si des vies étaient menacées, et jamais de gaieté de cœur, même si deux d'entre eux avaient une légère tendance à se laisser emporter.

Lasse de voir cette conversation traîner inutilement en longueur sans obtenir de réponses exploitables, la rouquine décida d'intervenir en reprenant l'interrogatoire.

-Auriez-vous refusé une offre d'achat dernièrement ?

Et s'ils cherchaient à acquérir la ferme ? Après tout, en période de famine, l'élevage de bête et la vente de viande pouvaient rapporter gros tout en préservant les propriétaires de la faim. Il suffisait d'observer la dame pour constater que celle-ci se portait bien mieux que la grande majorité des gens agglutinés dans la ville. Eux crevaient la faim, pas elle. Ses formes généreuses étaient autant de témoins que le nombre de morceaux de viande baignant dans les écuelles. La "faim" justifie les moyens…

Mais dans ce cas, pourquoi ne pas simplement voler les bêtes ? Ce serait pourtant facile… Non pas pour les tuer avant de les abandonner ou s'amuser à les perdre dans le lieu le plus dangereux du duché… Cela aussi, lui parut bien étrange…

-Avez-vous retrouvé tous les animaux volés ? Personne n'a jamais essayé de vous perdre vous, dans les marais ?

C'était peut-être justement ce qu'ils cherchaient à faire en y abandonnant les bestioles. Laisser la fange se charger du problème restait le meilleur moyen de se débarrasser d'une personne gênante sans être inquiété par la milice… En supposant qu'ils décident de s'en mêler.

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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyJeu 13 Juin 2019 - 15:21
Il y a toujours un fort et un faible dans une fratrie, je n’ai pas eu la chance d’avoir un frère ou une sœur, avec le recul c’est plutôt une bonne chose. Quoique en y réfléchissant un peu, j’aurais adoré partager le moment ou mes parents ont compris que l’élève avait dépassé le maître, partager l’instant où juste là, devant la potence il essayait de m’accabler, de prouver ma complicité alors que l’ensemble du village jetez de la boue, de la merde sur ses gens qui en plus d’avoir traumatisé leur fille unique, tentait de l’emporter avec eux dans l’éternelle errance des âmes. Je me revois encore, les larmes aux yeux, suppliants, me cachant les mirettes pour mimer un état de choc qui ne m’effleurait même pas l’esprit. Pauvre enfant, pauvre enfant… Tu parles, je n’attendais qu’une chose voir les deux rouler à mes pieds. À force de vouloir me transformer en monstre avait-il fini par provoquer la fureur de leur très chère création, triste n’est-ce pas ?

Enfin, peu importe, je porte mon verre à mes lèvres, avale le liquide qui vient teinter ma bouche, mes dents, ma langue de cette agréable couleur rouge. Ce que je sais en tant que chasseuse, c’est reconnaître une autre chasseuse et cette rouquine qui reste à l’écart, qui observe, qui ne sourit pas et ne semble pas forcément ravi de ma présence ou des regards de ses frères à mon égard. Je lui offre un nouveau sourire, ça a le don de me plaire, de m’attirer, le goût du risque. Faire céder ce qui n’est pas atteignable est un jeu terriblement enivrant, plaisant, succulent. Elle me donne encore plus envie de m’approcher, de la tester, mais c’est un simple sourire, un simple regard plus appuyé qui s’échappe de ma maîtrise. Par Etiol, pourquoi n’es-tu pas venue seule, jolie crinière, je t’aurais fait découvrir bien des plaisirs dont tu ignores même l’existence…

- « Je pense que ce sont les fils de la famille Dublé » fis-je en opinant et replongeant mon attention sur l’ensemble des personnes présentes « Ils font de l’élevage aussi, mais leurs bêtes ne sont pas en très bon état, ils ont reçu moins d’aide que moi… Une rivalité stupide, de nos jours nous n’avons pas suffisamment d’éleveurs pour venir gêner les autres »

J’avais fait un bref geste de la main en me laissant retomber le long de ma chaise, étirant mes jambes, j’étais venue effleurer volontaire le pied de celui qui semblait être le moins indifférent à mes chambres, si je ne peux pas avoir la sœur, peut-être pourrais-je au moins me consoler avec un frère, peut-être même les trois, ou deux ? L’idée me fait sourire, un peu trop, si bien pour canaliser cette émotion de plaisir nouvelle, je finis par venir reprendre une gorgée, une longue gorgée. Je laisse mon visage faire un bref mouvement de haut en bas pour acquiescer, alors que mes doigts viennent tirer doucement le tissu, faire semblant d’être gênée par cette peau qui se dévoile, alors qu’il n’en est absolument rien. Déposant de nouveau mon verre en me penchant légèrement en avant, je finis par hausser doucement les épaules, perplexes.

- « Je dois avoir une très mauvaise image des mercenaires, vous m’excusez, j’ai toujours tendance à voir des individus sans lois qui font et prenne ce que bons leurs semblent. » je m’autorise un roulement des yeux pour appuyer la stupidité de ma pensée « C’est qu’il y a peu au niveau de Genevrey, on raconte qu’une troupe de mercenaires ont abusé d’une mère et sa fille, c’est aussi pour ça que je voulais une femme… » un demi-silence, une déglutition et puis je me redresse pour marcher un peu « Sans offense évidemment »

Dommage, des mercenaires assassins, cela n’aurait pu qu’être un atout dans ma manche que je n’ai pas, j’aurais pu amener la conversation vers Etiol, vers les corps à faire disparaître. Au moins, je n’aurais pas eu la nécessité de trop camoufler mes pensées. Là ça en devient presque ennuyant d’être aussi agréable et charmante. J’en regrette presque de ne pas m’être occupée moi-même de cette affreuse histoire, j’aurais pu épicer davantage mon ragoût et rajouter un peu de viande jeune. Nourrir la veuve et l’orphelin et le cul du prêtre qui va bien, tout le monde aurait été absolument ravi, mais non, non, il faut que je préfère toujours jouer la sécurité, la voix de la raison. Que je suis ennuyante. Je fronce les sourcils, pivote légèrement vers aux alors qu’il me parle de vente, de refus, un bref geste de la main. Je m’appuie sur un meuble non loin de la cheminée qui crépite encore et continue de lécher goulûment la marmite :

- « Aucune non, qui voudrait de cette vieille bâtisse, j’ai encore beaucoup à faire pour la rendre agréable et confortable » soufflais-je « Et puis tout le monde sait parfaitement ici que je ne vendrais jamais, je suis née dans cette maison, je tirerais mon dernier souffle ici au milieu de mes bêtes. »

Cela devait être la phrase la plus sincère que j’avais formulée depuis le début de notre échange, un nouveau mouvement de main comme pour balayer l’air environnant et j’avais lâché un soupir, alors que les questions se poursuivaient se mélangeant s’intéressant davantage à mes animaux.

- « Hélas non » maugréais-je « Il faudrait être suicidaire pour s’enfoncer autant dans les marais, je n’ai remis la main que sur la moitié des bêtes disparues, si les poules et lapins ce n’est pas dramatique, pour mes vaches, mes ânes et les cochons, ça devient beaucoup plus dérangeant » complétais-je « J’ai prévu de payer des chasseurs pour essayer de faire une expédition, mais je doute que beaucoup prennent encore le risque d’accepter»

Faisant quelque pas pour venir refermer la porte qu’un courant d’air froid était venu pousser, j’avais finir par me pincer les lèvres, sans trop savoir quoi rajouter, je crois qu’on avait fait le tour. D’un geste de la main, j’indique un petit couloir, je m’attendais à une personne, ils allaient devoir partager les couches de la chambre. Je n’avais aucun doute sur le fait que le charmant groupe devait avoir l’habitude.

- « Bien, vous pouvez me suivre, je vais vous montrer votre repaire, évidemment si vous préférez vous installer à l’auberge de Salers, je n’en offusquerais pas… Vous me pardonnerez, mais comme je m’attendais à une personne, je n’ai pas préparé d’autres chambres, devrais-je le faire où partager ne vous gêne pas ? »

Je laisse l’ensemble se lever, afin de m’engager dans le petit couloir et de pousser la première porte sur ma droite. Ça ouvre sur une grande pièce avec trois paillasses et un autre petit coin pouvant servir de couchette à condition de n’avoir aucune aspiration pour un quelconque confort. Il n’y a qu’une fenêtre que je viens ouvrir pour pousser les volets afin de laisser la lumière rentrer un peu, deux chaises, un bureau et une lourde armoire en bois, un tapis et des supports pour les bougies, rien de particulier.

- « Je vous laisse vous installer, je vous attends au niveau de la cheminée… Je ne sais pas comment vous voulez procéder… Ou si vous avez d’autres questions ? »
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyLun 17 Juin 2019 - 10:44
Dans son infinie sagesse, somme toute discutable, lorsqu’on apprenait réellement à le connaître, Rodrick Monclar avait coutume d’affirmer que tout individu foulant le sol de cette terre portait un masque. Sa fille unique serait bien incapable de dire d’où il tenait pareil point de vue, néanmoins l’éducation du géant était si dure et violente que chacune de ses leçons ne pouvaient être qu’apprise sans engendrer d’interrogation derrière. Aussi, lors de ses longues périodes d’observation silencieuses, la rouquine se demandait toujours quel genre de masque portait la personne face à elle, et autant dire que cette fois-là, ne faisait certainement pas exception. Pourquoi cette femme semblait-elle lui porter autant d’attention ? Que signifiaient réellement ses sourires alors que rien dans son discours ne lui donnait de raison d’offrir autant de rictus si énigmatiques qu’ils en devint rapidement dérangeant. Pour la mercenaire, les sourires de politesses n’existaient pas. Elle ne trouvait aucune logique dans ce genre de convenances inutiles. Pour elle, un rictus, quelle que soit sa forme, ne pouvait être lié qu’à l’amusement et rien d’autre. Tout le reste lui était totalement inconnu. La mercenaire ne pouvait donc qu’y voir une autre bonne raison de se méfier de leur hôtesse, tout en continuant de l’écouter, bien évidemment.

La veuve évoquait alors une famille rivale, des éleveurs donc, qui s’en sortaient visiblement moins bien qu’elle. D’ailleurs, comment réussissait-elle pour achever tant de tâches seule ? Autant de bêtes, apparemment en bonne santé, exigent énormément de travail, de temps et de nourriture… D’argent donc. Proportionnellement parlant, la belle devait avoir beaucoup de soucis pour rentrer dans ses frais… Néanmoins, celle-ci évoquait une aide visiblement supérieure à celle de ses voisins et rivaux. Une information qui sembla résonner dans l’esprit de tous les Monclar présents dans cette pièce. Après un bref échange de regards interrogateurs, c’est l’aîné qui décida de prendre la parole.

- Cette aide dont vous parliez, qu’en est donc sa nature ?
S'agissait-il d’un appui financier ? De services rendus par des voisins en échange de volailles ou d’œufs, cela se faisait beaucoup dans le temps, avant que la fange ne rende les gens égoïstes. Dans tous les cas, il y avait forcément une raison à cet acharnement, encore fallait-il la trouver. La blonde leur offrait tout de même un début de piste, un patronyme qui ne devrait pas être inconnu dans ce coin-là.

- Cette rivalité, est-elle récente ou existait-elle du temps de vos parents ?

Si la grande majorité des mercenaires rassemblés veillaient à réfléchir avec le plus grand des sérieux, Aeryn constata que ce n’était nullement de cas d’Ivaad. La raison de son inattention n’échappa nullement à l’œil aiguisé de sa jeune sœur qui n’hésita pas à le lui signaler d’un raclement de gorge parfaitement audible avant de lancer un regard noir à la blonde bien trop séductrice et désinvolte à son goût.

La conversation dévia légèrement, venant justement appuyer sur les valeurs générales des mercenaires de la région… Comme des autres d'ailleurs, de ce qu'il en restait, du moins. Les rumeurs les concernant allaient bon train, de quoi ternir une réputation autrefois tout à fait honorable.

-Nous vous en faites pas, madame, nous comprenons parfaitement votre réticence et ce point de vue qui est finalement plutôt commun. Nous sommes en réalité de simples soldats privés, nous l'avons toujours été et nous n'avons absolument rien en commun avec les routiers sans honneur ni raison que vous venez de mentionner.
-Avant la fange, nous servions le roi… Jusqu'à ce qu'il décide de se lancer dans une bataille impossible à gagner, tout en oubliant de convier les compagnies du royaume… Tant mieux, nous sommes en vie grâce à cela, d'autres n'ont pas eut cette chance...

"Le roi n'était qu'un idiot," songea la rousse qui était restée silencieuse jusqu'à présent pour mieux écouter cet échange… Jusqu'à ce que…

-Si cela peut vous rassurer, renchérit Ivaad qui ne tenait que difficilement en place.Aucun de nous n'a jamais eu besoin d'abuser de qui que ce soit.
-Te l'entendre dire ne peut être que rassurant, en effet, rétorqua la rouquine tout en roulant des yeux, lasse de supporter les sottises de son frère. Pardonnez-lui sa trop brutale franchise, mon frère parle plus vite qu'il ne réfléchit.
-La ferme, Ryn, j'ai bien le droit de rassurer cette pauvre femme, non ? grogna-t-il, non pas sans avoir tapé du poing sur la table pour signaler son mécontentement.
-Ça suffit vous deux. Ce n'est certainement pas le moment de vous disputer.

Les suppositions d’Aeryn, concernant une éventuelle proposition d’achat de la ferme s’avérèrent visiblement improbables, même si pour elle, l’état comme l’histoire de la bâtisse ne constituaient aucunement un paramètre rebutant. Tout ce que la mercenaire voyait, c'était de la viande et des revenus garantis. Un luxe en pareille époque, en particulier lorsque l'on connaît le prix des bêtes et de leur alimentation. En revanche, ce qui l'étonna plus encore tenait de l'attachement de la veuve pour cette bâtisse malgré les sombres souvenirs y étant lié. Si la femme avait évoqué le côté sécurisant du point de vue économique, la rouquine l'aurait parfaitement compris… Mais l'attachement sentimental, en revanche, la perturbait quelque peu.

Cette maison isolée où son père l'avait abandonné durant des années pour mieux la cacher… Jamais Aeryn ne voudrait y remettre les pieds, jamais. Les lieux devaient encore être imprégnés de ses ressentiments liés à l'abandon, à la honte d'être née fille et d'avoir eu l'affront de tuer la femme que son père aimait plus que tout. Rodrick n'en a jamais rien dit à personne, mais pourtant, il avait bel et bien songé à réellement abandonner cet enfant si ignoble… La laisser au temple ou à n'importe quel infertile de la région simplement pour ne plus avoir à la supporter. S'il n'en n'avait rien fait, c'est parce qu'il savait qu'Arianne rêvait de mettre enfin au monde une petite fille après ses six garçons. Et la ressemblance d'Aeryn avec sa mère était si frappante, que la tuer reviendrait à ôter, de nouveau, la vie de sa tendre épouse. Cela ne l'avait pas pour autant empêcher de la battre plus que ses frères, de la pousser à bout, de la priver de sa féminité, de son humanité pour en faire une arme sans âme tout cela dans le but de la garder en vie. Non, jamais la rouquine ne retournerait dans cette maison et encore moins dans celle qui l'avait vu naître, même si elle n'en gardait aucun souvenir. Alors comment cette femme pouvait déclarer vouloir finir ses jours dans cette maison de l'horreur ?

-Il faudrait être totalement fou pour risquer sa vie pour sauver celle de quelques bestioles.
-Ou de ne plus rien avoir à perdre. Le prix d'une vie est différent pour tout individu. Avez-vous songé aux bannis ? Ils doivent être nombreux à traîner dans le coin, non ?

Un sourire amusé étira les lèvres du jeune archer. Aucun d'eux n'avait de réels aprioris sur les rebuts de la cité dont beaucoup étaient innocents. La justice s'asseyait sur la justesse, punissant sans distinction aucune meurtrier ou simple voleur affamé… Quoiqu'elle savait pourtant se montrer plus clémente avec les assassins, s'appuyant sur l'honneur ou les accidents de la vie quotidienne. Aussi n'accordaient-ils aucun crédit à cette justice humaine bien trop souvent injuste. Mais qu'en pensait leur hôtesse, elle-même fille de monstrueux assassins ? Aeryn, comme ses frères, semblaient s'en intéresser.

Puis la dame décida qu'il était temps de laisser cette conversation, pourtant intéressante, de côté. D'un geste, elle invita la fratrie à la suivre jusqu'à une petite chambre. Celle-ci sembla s'inquiéter du confort de la pièce ou du manque de couchage, ce qui parut grandement amuser les mercenaires présents.

-N'en faites rien, nous sommes habitués à dormir absolument partout. Avant la fange, il était même plutôt commun de dormir à la belle étoile. L'époque actuelle nous prive évidemment de cette possibilité, mais croyez bien que vous nous offrez déjà bien assez de confort.
-Exactement, renchérit le benjamin tout en lui offrant un clin d'oeil entendu.

Évidemment, il n'en fallait guère plus pour offrir une ouverture à ce cher Ivaad qui ne voyait là qu'une bien royale opportunité de partager la couche de la jolie veuve. Aussi, ne peut-il nullement la peine de poser son sac dans la chambre, se contentant de suivre leur employeur non pas sans lui murmurer à l'oreille quelques paroles enjôleuses qu'aucun de ses frères et sœur ne purent entendre… Même si la nature leur parut des plus évidentes.

-Il n'en perd pas une… Et toi, Kaël, tu laisses faire... grogna la rouquine tout en balançant sa besace sur la paillasse qu'elle venait de s'attribuer.
-Et que voudrais-tu que je dise ? C'est un jeune homme en bonne santé face à une veuve qui s'avère loin d'être déplaisante. Laisse-le vivre un peu.
-Il y a bien des plaisirs en ce monde que tu ignores, petite soeur...
-Et que j'aimerai te voir ignorer encore longtemps.
-Roooh, arrête de te comporter en papa poule, Kaël, Ryn est une grande fille maintenant. Elle a bien le droit de s'amuser un peu. Tu la vois se marier un jour toi ? renchérit-il avant d'éclater de rire devant l'absurdité de ses paroles.
-Laissez donc cela à celles que ça intéressent, ce n'est pas mon cas. Je dis seulement que nous sommes dores et déjà en mission, par conséquent, je trouve son attitude déplacée et irresponsable. Rodrick n'aurait jamais toléré cela.
-Rodrick n'est plus et je n'ai nullement l'intention de le remplacer. Tant que la dame est consentante et qu'Ivaad fait correctement son travail, je n'ai rien à dire. Détends-toi un peu et tâche de te montrer plus tolérante envers lui. Les temps sont durs, pour tout le monde, Ryn.
-Bon, on y va ? Elle nous attend… Et comme Ivaad n'est pas là, inutile d'essayer de nous mettre d'accord sur un plan tout de suite.
-Exact...
-Tu penses encore qu'il fait correctement son travail, toi ?grommela la rouquine en quittant précipitamment la chambre pour rejoindre la pièce principale.

Là, près de la cheminée, la mercenaire retrouva son frère et leur employeur semblant discuter plus ou moins normalement. Néanmoins, la rouquine nota une proximité plutôt limitée, ainsi qu'un sourire trop enjoué sur le visage de son frère. À nouveau, elle se racla bruyamment la gorge pour signaler sa présence, ce qui ne sembla pas déranger Ivaad qui continuait de lancer quelques œillades entendues à la jolie blonde.

-Pourrait-on, éventuellement, se mettre au travail sans abuser de la généreuse hospitalité de madame ? cracha-t-elle tout en jetant un regard noir à son aîné.
-Et par quoi suggères-tu de commencer ?
- J'aimerai pouvoir situer convenablement la ferme de cette famille Dublé, sur une carte, par exemple. Savoir où nous pourrions trouver les fils. Visiter la ferme pour voir où se trouve les failles et savoir si nous pourrions faire en sorte de les amoindrir. Et peut-être que le nom d'autres suspect éventuel vous sont venus à l'esprit ? Sinon nous pouvons tout aussi bien mener notre enquête directement au village et voir ce qu'il s'y dit.
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyDim 23 Juin 2019 - 20:28
Fascinant, ils étaient fascinants. Des regards compréhensifs, un besoin de s’exprimer sans même se parler, le lien du sang, de la famille avaient toujours le don de m’hypnotiser, de m’intriguer. Je ne pouvais m’empêcher de me questionner sur la réaction en cas de difficultés. Comment réagirait-il en devant choisir pour la survie d’un membre de la fratrie…. J’avais déjà l’eau à la bouche, l’excitation prenante, le cœur qui bat si fort. Le jeu était déjà parfaitement installé dans mon esprit, eux attachés là, à devoir choisir qui allait être blessé en premier, ou pire, là juste là, avec un blessé prêt à se transformer. Mon regard avait dû s’illuminer de cette étincelle de plaisir, de ce besoin presque incontrôlable de mettre en place le tout. Puis ce fut le vent de la déception, le murmure qui vient rappeler qu’ils sont là pour résoudre une problématique simplement, non, ils ne font pas parti d’une de mes nouvelles occupations, d’un nouveau jeu. Terrible tristesse. Ce ne fut qu’après quelques longs instants que j’avais fini par réaliser qu’une question avait été formulée en ma direction. M’armant d’un large sourire, je reprenais mon verre pour le porter à mes lèvres, buvant une gorgée avant de me reconcentrer. Nature, nature, que puis-je dire. N’étais-je pas suffisamment naturelle et intéressante pour justifier un peu t’aides ? C’était presque vexant.

- « Eh bien, dois-je être parfaitement transparente avec vous je suppose…. » débutais-je en détournant les yeux « Ne suis-je pas une fidèle parfaite des Trois, je dois bien l’admettre, ou l’avouer, ne le répétez pas à un membre du clergé, je risquerai d’outrer nos représentants de la Trinité » murmurais-je lentement « J’aime m’amuser, j’aime me réchauffer durant les nuits d’hiver et il est fort possible que j’ai cumulé quelques généreux amants bien placés… J’ai donc reçu une aide financière, mais aussi physique pour retrouver mes bêtes ou remonter rapidement mon élevage, m’offrir une bonne base de départ. »

Je fais une pause, le temps de laisser mon regard vagabonder sur l’ensemble de mes interlocuteurs et interlocutrice. Qu’on ne me fasse pas croire que cette justification ne fonctionne pas, il suffit de me jeter un coup d’œil pour bien comprendre que je suis une femme ouverte au réchauffement durant les dures nuits d’hiver. Si ce n’est pas particulièrement approuvé par le clergé, on ne risque cependant pas de me faire pendre pour ça. Un peu de discrétion et hop, je préfère largement appuyer cet aspect, c’est plus simple que de raconter que je cache des corps dans ma véritable cave que je m’en alimente et que je participe activement à la secte des marais et des sans visages. Un nouveau sourire, un regard qui se perd au milieu du bois de ma table et me voila avec cette mine un peu confuse.

- « Je suis discrète cependant, mais je suppose qu’il est important pour votre enquête de le savoir. » une nouvelle gorgée « Enfin, il y a l’aide et l’entraide des habitants aussi, ici, on échange, on troque, on se donne mutuellement ce que l’ont peu. C’est primordial pour survivre et sécuriser notre vie ici. » j’avais haussé une épaule, une seulement « Et puis, je reste la jeune fille du village, après la mort de mes parents, beaucoup sont venus me soutenir, sans eux, je ne serais certainement pas celle que je suis aujourd’hui. Seuls les trois savent ce que j’aurais pu devenir sans le soutien de tous ses gens. »

Un peu de nostalgie, de sensibilité, d’émotion… Je savais que j’aurais dû faire ménestrel, compteuse des champs, entourés d’enfants, de petites jambes dodues et… Non, non pas les enfants. Un sourire de nouveau, que je veux plein de tristesse et de nostalgie, j’ose même avoir cette mine un peu perdue, dubitative. Rien n’est trop beau pour mes observateurs, absolument rien. Enfin, bon, c’est que j’ai du travail quand même, à moins qu’ils penchent soudainement pour une petite aventure physique à plusieurs, l’ennui risque rapidement d’être présent. Bon, bon, bon, donc quoi ? Mh ? La rivalité du temps de mes parents ? Mhhh, je laisse une main passer dans ma chevelure, glisser derrière ma nuque pour que mes doigts effleurent doucement l’ensemble. Peut-être, oui.

- « Je dois dire que mes souvenirs sont relativement flous sur le sujet » avouais-je « Il me semble oui, cela c’est néanmoins accentué avec l’apparition de la fange… La vie est difficile pour tout le monde, les attaques sont régulières, les pertes aussi… Les esprits s’échauffent un peu plus facilement aussi sans doute…»

Peut-être oui, cette supposition me glisser moi-même dans un ennui presque mortel. Laissant rouler le bout de mes doigts le long de la table, je ne pouvais que me questionner sur la raison de cet interrogatoire. N’étais-je pas la pauvre et faible petite victime de cette histoire ? Un bref regard vers la rouquine, un nouveau sourire et je sentais déjà mon cœur s’intensifier dans ma poitrine. Pourrais-je nourrir l’espoir de voir mes doigts parcourir cette peau pâle… Oh si seulement… Enfin ce fut la conversation sur les mercenaires qui avait fini par me sortir de mes délicieuses pensées, bien que j’aurais préféré y rester, largement. Mais il faut savoir se tenir, paraît-il, un peu trop même. Allons, allons, je m’égare encore. Absence de sourire, regard un peu plus appuyé sur chacune des prises de paroles, je préfère opiner gravement à l’ensemble de la conversation. Ajouter un soupçon d’inquiétude à la recette, évoquer une crainte de la mort, d’un abus et la réussite ne pourra qu’être approuvée.

- « J’espère que vous n’avez pas raison sur toute la ligne… Il faut espérer pouvoir continuer à gagner, aussi infime soit la bataille. La reprise du Labret n’a été que bénéfique, mais c’est ensemble je suppose que nous parviendrons à faire quelque chose… Malheureusement, j’ignore si ce mot à encore une signification de nos jours… Enfin, laissons là les mauvaises pensées, n’êtes-vous pas là pour me sauver de cette affreuse affaire après tout. »

La conversation fut dynamisée par une dispute entre frère et sœur, particulièrement agréable à regarder, amusante même. Je m’étais obligée à ne pas repartir dans mes idées de dérives, me forcer oui, observant la scène puis cette remise en ordre par visiblement le plus influent du groupe. Mh, peut-être que je me suis trompée de cible finalement, peut-être oui. Il est sans aucun doute encore possible de réajuster, à réfléchir. Me relevant doucement, j’avais fini par me stopper dans mes mouvements en pivotant vers celui qui venait de prétendre que sauver une bête était du suicide. Je comprends mieux cette absence de faculté à me résister, n’était-il pas doté d’une bougie à l’intérieur de son esprit.

- « Sans bête, pas d’élevage, sans élevage pas de viande, pas de viande pas de nourriture, de lait, d’œuf, ou que sais-je… Cela réduit considérablement l’alimentation à offrir. Ce n’est pas réellement être suicidaire que de vouloir aider le plus grand nombre »

Pour sans aucun doute la première fois de la conversation, j’avais appuyé sur mes mots avec plus de fermeté, d’autorité même. Mes bêtes, j’y tenais, tout comme ma propriété, aussi stupide que cela puisse paraître. J’opinais simplement en direction de la sœur, qui semblait peut-être un peu plus futé, quoiqu’un peu plus dangereuse, pour autant cette attirance restait particulièrement frappante.

- « Je l’ignore pour être honnête, je ne vérifie pas les bras des personnes venant m’aider, cela change souvent… Beaucoup cherche de quoi se nourrir, il n’est pas rare que je loge de parfaits inconnus dans ma bâtisse contre un petit coup de main, seule c’est compliqué de tout faire. Le Labret reste une zone dangereuse et peu décide réellement de s’installer, hormis les vieilles familles comme la mienne, on s’accroche à un souvenir perdu qu’on ne retrouvera sans doute pas. M’enfin, c’est nos terres après tout, notre héritage… Je pense qu’on ne serait pas en mesure de faire grand-chose d’autre que ça… » adressant un geste de la main elle invita l’ensemble à la suivre « Je vous accompagne à votre lieu de vie pour le temps de votre passage ici »

La visite fut rapide et efficace, la pièce était agréable, même si dépourvu de suffisamment de couchettes pour l’ensemble. Je ne fus guère surprise de voir celui qui avait répondu sans la moindre des hésitations à mon approche venir s’essayer à un tout autre jeu. Offrant un sourire, riant naturellement à des paroles douces et sans détour, je ne pouvais m’empêcher de regretter la proximité de cette crinière flamboyante que beaucoup accuserait de sorcellerie.

- « Pour être honnête » murmurais-je « Je pensais proposer à votre sœur ma compagnie, pour ne pas l’obliger à supporter ses frères…. Mais votre proposition me semble fort… alléchante. Si elle refuse, je vous promets d’honorer bien vos promesses. » reportant son attention sur la flamboyante jeune femme, plus fortement « Si vous le souhaitez, ma couche est suffisamment grande pour être partagée, ce n’est qu’une proposition, vous êtes libres de refuser »

Un petit regard amusé vers le frère qui prenait le risque de se voir voler la place par sa sœur et j’étais presque certaine qu’elle serait capable d’accepter juste pour l’embêter. Un sourire en moins, je laissais néanmoins le frère monter déposer ses affaires dans mes appartements, puis redescendre pour me rejoindre le premier. Conversation pour conversation, je jouais volontiers le jeu de la pseudo séduction, allant jusqu’à m’amuser à sentir sa crispation lorsqu’une de mes mains s’était retrouvée malencontreusement dans un faux mouvement sur l’une de ses cuisses. Pourquoi fallait-il attendre ce soir après tout ? Ce fut le reste de la petite famille qui avait fini par briser notre début d’occupation.

- « Allons, personne n’abuse de mon hospitalité, mais ma chambre reste entièrement à votre connaissance, mademoiselle » fis-je un brin malicieuse, avant de paraître plus hésitante « Je peux vous faire visiter l’extérieur, il reste encore énormément de travaux à faire… » j’hausse une épaule « J’ai le bâtiment principal, la demeure, le corps de la ferme, une grande un peu plus loin, plus du tout en état. Une écurie réparée à la moitié, quatre poulaillers, un bâtiment avec plusieurs clapiers, pas complètement en état, et un dernier bâtiment pour abriter les animaux en cas de forte pluie, je l’utilise, mais il reste très dangereux en état. Tout le terrain de la presque sortie du village jusqu’à l’orée de la forêt et du marais m’appartient. Vous pouvez faire le tour si vous le souhaitez, vous n’avez plus besoin de moi, je suppose… Et j’ai un peu de travail. »

Un bref regard, un sourire, c’était tout, je ne pouvais qu’offrir la possibilité au groupe de faire son travail. Dans cette affaire –et peut-être bien la seule-, je n’avais rien à me reprocher et si la tentation de m’en charger personnellement restait présente, je ne pouvais céder à cette affreuse possibilité.

- « Oh, peut-être que l’un ou l’une d’entre vous pourrez rester m’aider ? Je veux dire, vous n’êtes pas obligé de rester ensemble, si ? Celle m’assistant pourrait faire le tour de l’établissement et définir les manques, mais il y en a pas mal autant être honnête, j’ai encore beaucoup de réparation à faire. » elle lui offrit un nouveau sourire avant de l’inviter d’un geste de la main à sortir « Allons-y donc »

La sortie ce fit en groupe, c’est à ce moment que la fratrie se sépara, ou se divisa, peu importe. Je n’avais pas réellement fait attention, je n’avais même pas attendu, préférant aller directement vers la partie poulailler, il était plus que l’heure d’ouvrir à l’ensemble des mes volailles et notamment à bidule qui commençait déjà à faire entendre son agaçant chant.

- « Les poulaillers donc, pas mal de poules et deux coqs, dont un particulièrement agaçant. Comme vous pouvez le voir, l’ensemble du terrain n’est pas complètement fermé. Les barrières sont souvent abîmées ou détruites, que ce soit par la fange, ou simplement par ceux qui s’amusent dernièrement à dégrader mon bâtiment… »

Je laissais volontiers la jeune femme observer, tout du moins évoluer dans la zone, offrant un sourire à celui qui l’avait finalement accompagné.

- « Cela ne doit pas être simple » fis-je soudainement plus naturelle, du moins autant que ma capacité d’actrice me le permet « d’être entourée d’homme… Avec la fange j’ai l’impression que trop de choses ont changée… Vous n’avez jamais pensé à vous rattacher à plus que la compagnie ?»
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyVen 28 Juin 2019 - 15:17
Son professionnalisme poussait la mercenaire à garder constamment ses distances. On pouvait très bien la juger totalement fermée, hermétique à tout ce qui se rapportait aux relations sociales et humaines, pour elle, il ne s'agissait que de prudence. Se mettre en retrait tout en restant volontairement silencieuse, lui permettait surtout de rester attentive à tout ce qui se déroulait autour d'elle. Ainsi, Aeryn analysait chaque mot prononcé, le ton employé, les expressions affichées pour parfaire son jugement qui se voudrait objectif avant tout. Ce comportement, quelque peu déroutant pour certains, avait le grand avantage de pouvoir tirer d'une simple conversation, bien plus d'informations que tous les interrogatoires du monde. Cette tactique, la rouquine la tenait du plus discret de ses frères, Kaël. Lui aussi avait su rester discret, bien que plus présent que sa jeune sœur qui avait encore beaucoup à apprendre sur les nuances de la manœuvre. Parce qu'elle prenait le terme "distance" au pied de la lettre, Aeryn perdait énormément en discrétion. Il suffisait de compter le nombre de regards que la veuve lui eut adressé en l'espace de quelques minutes contrairement à ceux dirigés vers l'aîné pourtant bien plus impliqué, en apparence. Entre la couleur singulière de sa chevelure, sa tenue masculine, son métier, la rouquine de la famille attirait bien trop l'attention, … Si l'on devait ajouter à cela son tempérament et son attitude générale, il y avait largement de quoi soulever quelques interrogations à son égard, détail important que Kaël aimerait travailler avec sa sœur…

Malgré toutes ces failles évidentes, Aeryn n'en restait pas moins efficace dans sa tâche. Son sens de l'observation ne lui faisait que rarement défaut, et lorsque cela était tout de même le cas, la mercenaire savait tirer des leçons de chacune de ses erreurs. Aussi, elle émettait bien plus de réserves, cherchant toujours à mettre le doigt sur le détails dérangeant présent dans chaque personnalité avant d'en chercher l'origine.

Ainsi, Aeryn n'avait pu que noter le côté "ouvert" de la veuve, et ce, bien avant que celle-ci n'en fasse mention en évoquant ses moyens d'obtenir de l'aide extérieure. Elle l'avait avoué elle-même, cette propension à jouir "des plaisirs de la vie" comme Elwin aimait les nommer. De quoi garantir l'intérêt des gens de passage, évidemment, assez du moins pour leur donner envie de prêter main forte ou charitable afin d'assurer une pérennité à l'exploitation. L'on disait qu'il s'agissait là du "pouvoir des femmes" après tout. Et privée de la protection, somme toute relative, apportée par la présence d'un époux, la veuve devait bien trouver un moyen de garantir sa survie.

Néanmoins, sans même avoir l'idée de porter un jugement plutôt clérical, ce petit détail dans la personnalité de son hôtesse lui enseigna qu'Amélise ne devait guère avoir de limites en ce domaine particulier et pouvait donc aisément se permettre quelques manipulations afin d'obtenir ce qu'elle voulait des âmes faibles et avides d'attentions féminine… De quoi donc éveiller d'autant plus ses doutes et sa défiance quant à un quelconque rapprochement entre l'un de ses frères et cette femme.

Le second détail, et non des moindre, tenait du caractère de la demoiselle… Pour survivre seule dans un monde aussi dangereux , il ne pouvait être aussi doux et faiblard que ce qu'elle tentait de montrer. Aeryn s'en était rendue compte au moment où Amélise avait sévèrement repris les propos d'Ivaad quant à l'aspect suicidaire de s'enfoncer dans les marais seulement pour récupérer une bestiole.

"Que caches-tu, ma jolie", songea la mercenaire en observant la veuve lorsque celle-ci l'invita à partager sa chambre alors qu'Ivaad lui lançait quelques regards appuyés, l'exhortant silencieusement de refuser. Pensait-il réellement que sa sœur accepterait de partager une couche avec l'inconnue ? Ne la connaissait-il donc pas assez pour se préserver de ces muettes supplices ? Ne savait-il pas que le sommeil de la mercenaire n'était peuplé que de cauchemars et d'agitation plus ou moins violentes qui la poussaient généralement à s'isoler des autres ?

"Quel crétin…"

-J'apprécie votre proposition, madame, mais il y a bien assez de place pour quatre dans la chambre que vous nous offrez. Je suis habituée à partager celle de mes frères et cela m'ennuierai de vous priver de votre confort personnel, répondit-elle poliment tout en veillant à manifester sa désapprobation à son frère qu'elle jugeait aussi déplacé qu'irresponsable.

Pour la mercenaire, toujours professionnelle, il n'était certainement pas temps de conter fleurette à une demoiselle aussi jolie soit-elle. Si Ivaad, semblait avoir oublié la raison de leur présence ici, ce n'était visiblement pas le cas de sa sœur qui comptait bien le lui rappeler.

Aussi, lorsque la veuve invita Aeryn à l'assister d'une quelconque manière, la jeune rousse lança aussitôt un regard à son aîné qui prit rapidement les devant.

Trés bien, séparons-nous, nous inspecterons les terres avant de nous rendre jusqu'au village pour notre part, ne nous attendez pas, lança-t-il lorsque les femmes, firent mine de quitter la pièce. Un autre regard de la mercenaire à Kaël suffit à lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas rester seule avec cette femme, ainsi, afin de contrer les ardeurs du cadet, c'est Elwin qui les suivit en prenant la montagne de cours.

La fratrie se retrouva ainsi séparée, chose qu'Aeryn n'appréciait guère en temps normal, même si cette fois, le contexte l'exigeait. Privée de ses repères habituels, la mercenaire s'efforça de rester sur le qui-vive. Ainsi, son attention se porta d'abord et toujours sur leur hôtesse, au dos qu'elle ne cessait de regarder tout en marchant. Elle observait ainsi la démarche de la veuve, confiante et assurée… Peut-être même un peu trop à son goût puisque deux inconnus armés se trouvaient tout de même derrière elle…

-Je me demande ce que cette femme à bien pu faire pour attirer pareils regards, petite sœur, murmura l'archer en veillant à ne pas être entendu de leur hôtesse.

-Rien pour le moment, mais il y a quelque chose dans ses yeux qui me dérange...tout comme dans sa manière de parler, de se tenir, de se montrer si confiante, si ouverte…
-Tu te focalises beaucoup trop sur les détails...
-Et toi, pas assez...lui retorqua-t-elle en lui offrant un sourire provocant. Les nuances se trouvent dans les détails justement… Tu parles, mais tu ne regardes pas... Pas correctement du moins.

Son père lui disait souvent que lors d'une conversation, les gens se contentaient généralement d'écouter d'une oreille distraite en attendant leur tour de paroles. Pendant que l'un parle, l'autre, souvent trop nombriliste, préfère réfléchir à sa propre réponse… Personne n'écoute, personne n'observe… Voilà donc une sacrée bonne raison de se taire pour notre mercenaire…. Voilà pourquoi Aeryn cessa brusquement de parler pour mieux se concentrer sur les explications de la veuve tout en avisant l'état du fameux poulailler. Pour cela, elle ne se priva pas d'avancer pour constater de la fragilité des barrières, maintes fois redressées, maintes fois retombées. Il y avait des traces de pas dans la boue, certaines attestaient d'un pas lent et quelque peu traînant, d'autres bien plus profondes comme si quelqu'un s'était attardé à un endroit en particulier… Il pourrait très bien s'agir de l'une des nombreuses créatures peuplant la région depuis plusieurs mois… Mais Aeryn en doutait fortement, la faute à une petite empreinte supplémentaire montrant que l'auteur s'était agenouillé à cet endroit… Un comportement qui lui sembla tout à fait humain…

Mais pourquoi ? Se plaçant à l'endroit même des empreintes, la mercenaire s'aperçut que la vue donnait sur le bâtiment d'habitation… Pile sur l'une des fenêtres donnant sur la pièce principale tout en laissant voir l'entrée de l'exploitation.

Elle allait d'ailleurs vérifier la présence d'empreinte autour du poulailler, lorsque son attention fut happée par l'étonnante question de la veuve. Question qui se voulait probablement chargée de sous-entendus, mais ceux-ci échappant généralement à la mercenaire parfois bien trop naïve, celle-ci passa totalement à côté.

- Et à quoi devrais-je me raccrocher au juste ? l'interrogea-t-elle en affichant une mine plus que perplexe qui eut le mérite d'arracher un fou rire à son frère.
- Ne perdez pas votre temps en subtilité avec ma sœur, madame. On l'a élevé comme un homme… Puis comme une arme... lança-t-il avant de chuchoter à l'oreille de la veuve. Il n'y a que le travail qui compte pour elle. Navré.

Il pouvait bien parler tout bas, Aeryn avait bien entendu suffisamment de bribes de paroles pour comprendre ce que son frère venait de dire… De quoi l'agacer, forcément, puisqu'il parlait d'elle en faisant fi de sa présence… Néanmoins, le sens même de son affirmation passa, quant à lui, totalement inaperçu.

- Cesse donc de jacasser, nous sommes là pour travailler, le sermonna sa mercenaire de soeur avant de désigner les empreintes découvertes. Tu ne remarques rien d'anormal ici ?

L'archer s'avança, observant à son tour les quelques traces dans la boue encore humide.

-Trop grandes pour une femme, trop profondes aussi… Un homme se serait attardé ici?
- C'est ce que je crois, et puis regarde… D'ici, on voit très bien dans la maison, assez pour s'assurer de la présence de la propriétaire… Un guet, probablement… On voit aussi très bien l'entrée de la ferme...
-Tu ne crois pas qu'il pourrait s'agir d'un simple voyeur ?
- Sacrément téméraire dans ce cas, pour bien voir dans la maison à cette distance, il faudrait que la lumière à l'intérieur soit supérieure à celle présente à l'extérieur… Donc la nuit… Et s'aventurer la nuit dans ce coin…
-Oui d'accord… Tu as probablement raison… Mais ça ne nous apprend rien de plus.
- En l'état, peut-être pas… Mais… Quand se produisent généralement les dégradations ? Êtes-vous présente ou bien absente ?
-Qu'est-ce que ces questions, Ryn ?
- C'est simple, s'ils opèrent durant son absence, ils peuvent se permettre de s'attarder sur les lieux, ce qui expliquerait la profondeur étonnante des empreintes… Mais si, au contraire, cela se passe alors que madame se trouve chez elle… Cela ne peut attester que de la carrure imposante de cet homme-là… Et autant dire que les gros lards ne doivent pas courir la campagne actuellement...
-Pas bête… Ça permettrait au moins d'identifier l'un d'eux… Ou du moins, d'ouvrir une piste… Mais ça peut être aussi simplement un grand costaud comme Ivaad.
- J'en doute… Regarde… Un homme de grande carrure aurait eut de meilleurs appuis, celui-ci fatiguait, il bougeait beaucoup, comme si ses membres peinaient à soutenir son poids… Personnellement, cela m'évoque bien plus de graisse que de muscles… À moins qu'il ne se soit attardé ici, d'où ma question.

Son attention se porta ensuite sur le reste de leur environnement, elle avisa le chemin bordant les bois… L'autre, celui par lequel ils étaient arrivés, menait entre autres au village, elle le savait… Mais pour l'autre :

- Ce sentier, demanda-t-elle le désignant du doigt, Où mène-t-il ?
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyVen 28 Juin 2019 - 20:07
- « Je comprends, c’est très professionnel, enfin, si vous changez d’avis il ne faut pas hésiter »

Je lui offre un sourire rassurant, ma déception n’est pas si importante, j’aime le non, la simplicité a tendance à m’ennuyer un peu trop rapidement, alors. Roulant des épaules, je finis par proposer par moi-même la marche à suivre, ou tout du moins, le sens de la visite. J’ai toujours eu un certain besoin de maîtrise, même dans la non-maîtrise. Ils étaient là pour moi, uniquement sur la demande et il serait tout aussi simple de renvoyer le petit groupe de là où il vient en prétextant avoir trouvé une solution. La séparation de la fratrie me convient, c’était sans aucun doute un de mes objectifs. Trop ensemble, ça fait trop de personne à contenter et même pour moi, cela devient complexe. J’offre un sourire à celui qui vient de gagner une place dans ma couche, avec un peu de chance il voudra jouer avec la nourriture et avec quelque mélange il passera la nuit à vomir. Sauf s’il regagne soudainement de l’intérêt, mais pour l’instant, il est trop banal dans sa stratégie.

- « À plus tard » soufflais-je en effectuant un bref signe de la main « C’est par là pour nous » complétais-je

Contrairement à ce que j’avais bien passé, c’était peut-être la rouquine qui dirigeait cet étrange petit groupe et non l’aîné. Me pinçant les lèvres, je passais devant, passant la porte, je tournais sur la droite, laissant le frère et la sœur échanger quelques mots, sans me préoccuper davantage du sujet de conversation. Une inspiration plus loin, je me retrouvais devant le poulailler, les poulaillers, l’ensemble des volailles parcourraient le terrain, surveillé par les deux coqs se pavanant fièrement. Mon regard n’était pas attendri par la manœuvre des deux mâles, même déjà agacés par celui qui se préparait déjà à reprendre son chant. Par Etiol, un coq ne devrait-il pas chanter à des heures précises et non un peu n’importe comment ? C’est ce moment, celui ou je m’étais autorisée un rapprochement plutôt sincère avec celle qui représentait l’unique femme de son groupe, avant de me mettre à rire devant la réaction à la fois de la sœur et du frère. Comme c’est toujours, innocente en plus, n’en devenait-elle que plus intéressante, plus goûteuse.

- « J’ignorais que les hommes et les armes n’étaient pas en mesure de comprendre une invitation » fis-je en roulant une épaule « Si des leçons de détente vous intéresse, demoiselle, je serais ravie de vous dévoiler quelques astuces » un sourire sincère, une invitation au jeu qui serait sans aucun doute refusé de la plus moins habile des manières.

Mon regard avait fini par s’arrêter sur celle qui s’appliquait à détailler à la clôturer, à l’abattre, la démonter, puis la repositionner convenablement avant de se retrouver sur le sol, avisant la terre, l’humidité. Penchant la tête sur le côté, je ne pouvais que l’observer un sourire au coin des lèvres. Douée en plus, par Etiol fallait-il réellement qu’elle apprenne à se détendre, à s’amuser un peu. À trop être tendu allait-elle finir par passer à côté d’une bonne partie de la vie, la véritable vie. En retrait, je la laisser faire ses mises au point avec son frère, suivant la conversation sans réellement m’y intéresser, je savais parfaitement qui était responsable, mes petits oiseaux ne me mentent jamais, jamais. Une nouvelle fois, la jeune femme menait l’échange, complètement.

M’appuyant contre une ouverture du poulailler, je ne pouvais pas m’empêcher de jeter un œil à la recherche des œufs, un peu détachés, je ne voyais pas réellement l’intérêt de savoir de quelle manière un homme s’agenouiller sur le sol pour pouvoir m’observer nue dans ma demeure, ou simplement pour surveiller la zone. Tout ça c’était à cause d’une idiote, celle qui n’avait pas réussi à être discrète dans ses croyances alternatives, la chasse aux sorcières avait commencés et évidemment avec la réputation de mes parents, les plus idiots du village n’était pas fichue de comprendre que je n’en étais pas une.

- « Nous sommes donc que le voyeur est gros et grand, exactement comme le fils de la famille dont je vous ai parlé. Coïncidence, je ne crois pas » soufflais-je passable agacée et surtout ennuyé par cette stagnation de la situation. « Le sentier mène au marais, nous avions un bout de terrain-là, mais depuis la fange, je n’y mets plus les pieds, c’est trop dangereux. On a une extension, le bâtiment tombe en ruine, il est souvent visité je crois, par la fange ou les bannis, ou autre j’en sais trop rien » je n’ai pu que rouler une épaule simplement « Si vous souhaitez y aller, ça sera sans moi, je ne suis pas encore suicidaire et j’ai encore une multitude de choses à faire ».

Récupérant un panier, je ne pouvais que récupérer les œufs et déposer l’ensemble dans le contenant. En réalité, ce sentier, je l’empruntais toujours régulièrement, même si je ne le suivais rapidement plus, il me permettait de m’orienter et de m’aiguiller vis-à-vis des sectaires d’Etiol, pour nos réunions, nos sacrifices et les discussions souvent ennuyants de tous ceux qui ne parviennent pas encore à se satisfaire d’être en vie. D’un mouvement de tête j’indiquais que j’allais reprendre la marche, de toute façon, l’objectif était de visiter. Rester sur place me donnait la sensation de m’enraciner, j’avais toujours besoin de bouger, de plaisanter, de vivre pleinement et non d’être un pantin à l’esprit focalisé sur une seule tâche. Elle me donnait faim en plus, les bêtes caractérielles ont toujours un peu plus de saveur, peut-être que c’était la même chose chez les humains ?

- « De l’habitation, en fonction de ma position je suis en mesure de voir l’ensemble de mes bâtiments. Évidemment, la nuit je ne vois pas grand-chose et je ne laisse rien de lumineux en extérieur pour ne pas attirer les créatures. » fis-je en longeant le petit chemin de pierre « Là vous avez les clapiers, je dois en réparer une bonne partie et si vous continuez un peu plus loin, c’est l’écurie, qui mériterait aussi pas mal de réparation, mais le temps me manque et les gens qualifiés aussi. »

Ce fut un premier silence, alors je sous pesais l’ensemble des lapins, pour vérifier si la période d’abatage approchait. D’autres attendaient des petits, ce qui me laissait croire que tout allait bien se passer, néanmoins mon regard s’arrêta très rapidement sur quelque chose qui me dérangeait, quelque chose qui n’avait pas sa place là. M’agenouillant, je récupérais ce qui me semblait ressembler à un doigt. Me redressant, jouant doucement de l’élément entre mes doigts, je ne pouvais que froncer les sourcils, je n’étais pas à ce point stupide pour gâcher l’alimentation. Puis ce fut ce silence, toujours trop pesant, trop important, même les animaux semblaient rentrer, fuir l’extérieur et c’est là, seulement là que je saisissais ce qui était en train de se jouer. Faisant le tour du clapier, une traînée de sang impressionnante était visible sur une longue distance. D’un geste de la main, j’indiquais à l’ensemble de la fratrie présente de ne pas bouger, surtout de ne pas bouger. Pivotant légèrement sur le côté, progressant de quelques pas, je plissais les yeux pour observer, avant de percevoir les gémissements plaintifs, puis l’odeur macabre et trop présente des marais. Une fangeuse. Une jeune fangeuse. Reculant sagement d’un pas, j’avais senti mon cœur battre soudainement plus fort, il fallait faire tinter la cloche, c’était une attaque.

- « Courrez » soufflais-je « A l’intérieur, vite, je dois sonner l’alerte ! ALLLEZ ALLEZ » fis-je en balançant mes mains pour imiter du vent « Je vais activer la cloche derrière la maison, elle est plus loin, vous vous rentrez, ok ? Ne tentez rien, la fange n’est jamais seule »

Un geste brusque, un grognement et nous étions repéré, je devais rejoindre l’arrière de la bâtisse pour sonner la cloche. Le problème, c’est qu’un fangeux seul, cela n’existe pas et que j’ignore ou sont les autres. Si il y avait deux choses importantes pour moi, c’était de conserver les apparences, si la ville tombait, alors tout mon réseau aussi. Je m’étais donc précipitée rapidement, derrière le clapier pour tourner à droite et essayer d’atteindre la cloche, j’espérais que les deux autres ne tenteraient rien d’inconscient. Ce fut très rapide, j’avais senti la griffe lacérer mon dos, j’avais grogné si fortement que le bruit de la cloche raisonnant m’avait semblé soudainement bien plus faible que la douleur se rependant dans l’ensemble de mon corps. Une énième cicatrice. En haut de ma tour, elle ne pouvait pas m’atteindre, pas me toucher, l’échelle était remontée. Elle avait attendu un temps, avant de foncer droit vers un homme remontant le chemin qui tentait de fuir en hurlant, attirant inévitablement son attention. Descendant, je m’étais précipitée à l’intérieur de la bâtisse, refermant la petite porte à l’opposé de la porte d’entrée, au niveau des escaliers montant à l’étage. Essoufflée, je sentais le sang s’écouler doucement le long de mon dos alors que ma cloche continuait de résonner tant je l’avais lancé fort. Cette fois-ci, ils n’allaient pas être là pour rien, parce qu’il était hors de questions de laisser une créature ici, qu’Etiol me mette à l’épreuve comme ça, je le comprenais et je n’allais certainement pas le décevoir.

- « Vous allez bien ?» grognais-je en laissant mes doigts essayer d’analyser les dégâts « On va devoir le faire fuir… Attrapez une bouteille d’alcool sous le meuble, à votre droite » fis-je « Il faut rincer mon dos, je n’ai pas d’eau salée, mais si vous voulez cautériser vite, le sang va faire glisser l’objet… »

Je ne suis pas pudique, je retire mon haut, dévoilant ma petite poitrine sans aucune gêne, avant de me tourner pour dévoiler la griffure lacérant entièrement mon dos. L’ensemble était accompagné des anciens sévices de mes parents, petite et grande marque dont j’ignorais même la forme.

- « Déversez l’ensemble sur le dos, chauffez une lame et appliquez. »

Autour de nous l’ensemble des cloches s’étaient mises à se faire entendre, l’alerte avait été entendue et comprise, mais les différents hurlements indiquaient qu’elle avait sans doute été trop tardive.

- « Il faut l’abattre, les fangeux sont toujours en groupe, elle va en attirer d’autres. Vous savez tirer à l’arc ? Si c’est le cas, ça serait plus simple pour tout le monde, sinon, il va faire falloir réaliser un plan. »
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyLun 1 Juil 2019 - 13:12
Pourquoi fallait-il que tous se montrent aussi dissipés ? N'étaient-ils donc pas pressés d'en terminer au plus vite avec ce contrat facile afin de repartir en ville ? Aeryn perdait patience, pour elle, la situation n'avait rien de bien complexe, il suffisait de rapidement trouver les coupables de ces intimidations incessantes avant de leur flanquer une bonne frousse pour les dissuader de recommencer… Rien de plus, rien de moins. Il s'agissait donc de simplement se concentrer afin de se montrer efficace, de se focaliser sur l'essentiel avant d'intervenir… Mais non… Tous trouvaient décidément plus intéressant de perdre leur temps, pourtant précieux, en blabla inutiles et déplacés qui n'avaient strictement rien à faire au milieu d'une enquête, aussi aisée fusse-t-elle.

"Vous comprendrez bien vite, madame, que toute notion de plaisir ou de détente n'est pas une chose que ma sœur peut comprendre, je le crains."
"Elwin", gronda la rouquine qui se tenait à présent droite comme un i les poings sur les hanches et qui ne se gênait nullement de lui lancer un regard des plus noir, "Cesse donc de jacasser. Nous avons à faire…"

Oh que si, elle comprenait, seulement, cela ne l'intéressait aucunement. Elle se fichait bien de toutes ces relations humaines aussi inutiles que stériles préférant simplement les laisser aux autres. Ici, ce n'était pas tant le sujet de la conversation qui la contrariait, pour beaucoup, c’était même devenu un sujet de plaisanterie, mais l’important pour la mercenaire au visage fermé, était de constater cette habitude étrange qu'avaient pris ses frères de parler d'elle en la considérant comme une quantité négligeable. Au lieu de quoi, Aeryn préféra rediriger la conversation vers un sujet des plus important avant d'interroger une nouvelle fois la veuve qui lui parut alors fort peu intéressée par tout ceci. La blonde lui répondit toutefois, sans même afficher une once de surprise comme si elle n'éprouvait pas le moindre doute quant à l'identité de ses agresseurs…

" Et bien… si c'est si simple autant nous rendre directement chez ces gens afin de régler cela au plus vite," lança-t-elle sans prendre la peine de dissimuler son agacement.
"Calme-toi, petite sœur", lui murmura-t-il à l'oreille avant de venir lui ébouriffer les cheveux."Tu sais que ce n'est pas notre façon de procéder."
" Je ne le sais que trop bien, figure-toi… Mais tu dois aussi savoir que j'ai horreur de perdre mon temps..." grogna la mercenaire tout en repoussant brusquement la main de son frère toujours perdue dans sa tignasse rousse.

Aucun des frères Monclar ne s’offusquait des réactions souvent trop brusque de leur jeune sœur. Ils la connaissaient et savaient pertinemment qu’elle agissait avant tout par instinct, son caractère servant surtout de façade aussi dure que froide que la glace. Elle ne pouvait se permettre d’agir autrement, pas en étant une femme. Mais si eux le savaient, ils comprenaient aussi que le tempérament de leur sœur paraisse offensant aux yeux des inconnus. Voilà pourquoi, lorsqu’ils la voyaient se renfrogner ainsi, tous cherchaient à contrer une éventuelle colère en jouant d’humour… Ou de violence, quand Ivaad décidait de s’en mêler ce qu’il ne faisait que lorsque la rouquine menaçait de céder à cette pression trop longtemps accumulée. Un mal nécessaire donc, même si peu se voyaient aptes à les comprendre. Néanmoins, Aeryn avait beau pester intérieurement, le repousser avec fermeté, la manœuvre de son frère fonctionna à merveille si bien que la mercenaire regagna aussitôt un semblant de calme. Assez du moins pour se remettre au travail et écouter les explications de la veuve tout en continuant de la suivre jusqu’aux clapiers.

Il serait pourtant faux d’affirmer que le sentiment de perdre ici son temps avait tout à fait déserté l’esprit de la mercenaire, au contraire. Le discours de l’éleveuse ressemblait bien plus à une description des tâches attendues par des ouvriers agricoles, rien à voir donc avec ce qu’ils étaient venus faire jusqu’ici… Alors, qu’attendait réellement cette femme de la petite troupe de mercenaires ? Elle savait visiblement avec certitude que le vandalisme, dont elle était victime, venait de ses voisins éleveurs. Il lui aurait suffi d’engager n’importe quel gros bras sans cervelle pour pallier au problème… Pourquoi eux ? Non… Pourquoi elle, puisque la veuve ne s’attendait apparemment pas à voir ses frères, selon son propre aveu. Décidément, quelque chose ne lui plaisait pas dans cette histoire et ne pas réussir à mettre le doigt sur l’origine de la raison la frustrait de plus en plus…

En parlant de doigt, en était-ce bien un dans les mains étrangement calme de l’éleveuse ? Sa réaction ne semblait-elle pas anormale, même pour une femme habituée à l’abatage ? Le frère et la sœur échangèrent alors un regard des plus étonné autant chargé d’interrogation chez l’un comme chez l’autre : Que venait faire cette chose dans un clapier ? L’évident n’apparaît malheureusement jamais en premier. L’instinct de préservation signale le côté “anormal” de la chose, mais il ne vous livrera pas plus d’information. Les chasseurs, les traceurs, savent user de cet instinct si particulier, il est aisé pour eux de faire un lien immédiat, un rapport évident de cause à effet. Mais ce n’est pas le cas pour eux, visiblement. Le doigt ne suffisait pas, il aura fallu découvrir une traînée écarlate pour éveiller leur instinct de survie…S’ils la suivaient des yeux tout en observant les alentours, ni Elwin, ni Aeryn ne purent voir la créature de là où ils se trouvaient. Lorsqu’il vit Amélise faire des grands gestes pour leur ordonner de fuir, le premier réflexe d'Elwin fut de faire un pas en avant… Réflexe purement stupide vu les circonstances, puisqu'aucun d'eux n'était armé en conséquence. Ne devant que se contenter d'une enquête sous fond de visite routinière, ils avaient commis l'erreur grotesque de laisser leurs armes principales dans la chambre. Ils avaient bien emporté leurs dagues, songeant par instinct aux humains… Oubliant maladroitement les représentants de la fange qu'ils n'étaient pas habitués à croiser. Aeryn le retient de justesse, avant que son pied n'écrase une brindille sèche, ce qui n'aurait eut comme effet que d'alerter la foule vorace pour l'instant trop occupée pour faire réellement attention à eux. S'ils devaient combattre, ils devraient forcément s'équiper… Voilà pourquoi ils obéirent à l'éleveuse, même si ce fut à contre-coeur. Lentement, discrètement, ils regagnèrent le bâtiment principal pour se diriger rapidement vers la chambre et leurs armes.
De la fange, ils ne savaient pas encore grand-chose si ce ne sont les rumeurs circulant en ville sur cette force incroyable, cette rapidité nettement supérieure à celle d'un humain entraîné. Sans aucune stratégie, ils ne pourraient ressortir vainceur contre cette créature… Et la veuve ne venait-elle pas de leur dire que la fange ne se présentait jamais seule ? Mais si jusque-là, la chance leur avait souri au point de les préserver de toutes mauvaise rencontre, elle les avaient également privé de connaissances indispensables les plaçant ainsi devant une faille évidente.

"Fait chier," gronda la mercenaire qui ressemblait de plus en plus à un animal sauvage emprisonné dans une cage trop étriquée… Un animal qui tenait fermement son épée en main tout en faisant les cent pas, se demandant comment intervenir efficacement sans risquer la vie de son frère ou de son employeur…

La sienne ? Aeryn ne s'en préoccupait qu'à sa manière. Pour elle, on ne l'avait élevée que dans le but de se battre et de mourir. Point d'étape glorieuse ou joyeuse entre les deux. Mais même en sachant cela, en ayant l'intime conviction que son existence en son entier ne se résumait qu'à cela, la jeune femme ne comptait nullement livrer aussi bêtement sa propre vie. Réfléchir avant d'agir, toujours. Bien observer, peser le pour et le contre, mesurer les risques, tous les risques...

"Arrête Ryn… Nous ne pouvons rien faire d'autre qu'attendre les renforts…"

Les renforts… S'il n'y avait que cela qui la perturbait… Ses frères se trouvaient là, dehors sans qu'elle ne sache où exactement. Qu'Amélise meurt serait regrettable, certes, mais la mort de ses aînés représenterait une perte autrement plus importante. Ils ne lui restaient qu'eux… La fange l'avait privé de tous ses repères, de tout ce qui jusque-là constituait son existence aussi insignifiante, soit-elle… Elle ne pouvait donc se permettre de voir sa famille encore une fois amputée.

"Ne penses-tu donc pas à tes frères ?"
"Bien sûr que si ! Ne sois pas stupide. Mais je leur fait confiance pour se mettre à l'abri et attendre le bon moment, tout comme nous."
" Et s'ils ne le font pas ?"
"Ils le feront !" rétorqua-t-il sur un ton qui fermait la porte à toute nouvelle interrogation empreinte de doutes.

Le son de la cloche annonçant l'attaque résonnait à travers la campagne… Cela signifiait-il qu'Amélise était encore en vie ? Non… Seule son apparition pourrait en attester réellement ce qui n'arriva qu'au bout d'un temps qui leur parut incroyablement long. La blonde apparut brusquement. L'air agité et le teint plus pâle encore qu'à son habitude, la belle marmona quelques mots, leur demandant d'abord s'ils allaient bien avant de formuler quelques ordres. Les deux mercenaires ne tardèrent pas à réagir, Elwin désignant son arc et son carquois plein de flèches qui n'attendaient que d'être décochées décochées.

"Je m'occupe d'elle… essaie de voir si tu peux l'atteindre depuis l'étage…"
"Bien!" lança-t-il avant de disparaître dans les escaliers tandis que la veuve retirait le haut de sa robe laissant alors apparaître une plaie de taille importante dans son dos.

Inutile d'expliquer à Aeryn comment réagir face à une blessure. Forte de son expérience auprès de sa famille de mercenaires, ce n'était certainement pas la première blessure devant laquelle elle devrait faire face… Même si d'ordinaire, il s'agissait de plaies bien plus propres puisqu'étant causées par des lames aiguisées et non par des griffes… La rouquine s'empara tout d'abord de l'une de ses dagues qu'elle plaça sur les flammes de la cheminée avant de récupérer la bouteille ainsi qu'un torchon reposant sur l'un des dossiers de chaise.

"Avant de laver le sang, il faut ralentir l'écoulement. Allongez-vous sur le sol, ce sera plus simple pour moi," lui demanda la rouquine tout en désignant les objets qu'elle tenait en main.

Elle la laissa s'installer à sa guise avant de porter son attention sur son dos si semblable au sien. Aeryn n'eut aucune difficulté à reconnaître les marques de sévices puisqu'elle arborait les mêmes. Malgré tout, la mercenaire ne s'en ému en aucune façon, elle savait ce monde injuste et bien trop souvent cruel, même avec les âmes innocentes. Aucune d'elles n'en était la première victime et encore moins la dernière… Aussi, se concentra-t-elle sur une entaille bien plus récente et préoccupante que toutes celles étant depuis bien plus longtemps refermées. Avec le torchon, elle appuya fortement sur la plaie pour freiner la course du nectar de vie, une fois satisfaite, elle laissa couler le contenu de la bouteille sur les chairs à vif. Là, avisant la veuve, la mercenaire décida de retirer son plastron de cuir avant de le lui tendre...

"Mordez ceci… Hurler est plus efficace, mais je doute que vous puissiez vous le permettre pour le moment. Vous êtes prête ?"

Une fois qu'Amélise lui fit signe, Aeryn récupéra la lame incandescente dans l'âtre avant de l'appliquer sur la plaie. Elle détestait cette odeur de chair brûlée, le crépitement de la peau qui se consumait sous le feu de la lame… Cette pratique, même si justifiée dans ce cas, la répugnait de bien des manières. Elle la jugeait barbare et fort peu fiable quant à sa guérison. Néanmoins, la mercenaire décida de laisser tout cela de côté puisque le but était ici de pallier au plus urgent… Ainsi, elle veilla à ne retirer sa lame qu'une fois les chairs soigneusement cautérisées.

"Il faudra y appliquer des cataplasmes…Pensez à voir prêtre ou guérisseur. Je n'ai pas vraiment confiance en ce procédé, j'ai souvent l'impression que la fièvre s'installe plus facilement sous le feu que sous l'aiguille… Mais ce n'est que mon avis."

C'est avec grand fracas que la porte d’entrée s’ouvrit, poussant ainsi la mercenaire à se saisir de son arme pour répondre en cas d’attaque éventuelle. Attaque qui ne vint aucunement, puisque devant elle se tenait les deux Monclar manquant. Aeryn en fut grandement soulagée, même si son expression, toujours aussi glaciale, ne laissait rien paraître de ses émotions.

"Comment cela se passe-t-il dehors? "s’enquit-elle en rangeant son épée.
"Je n’en sais rien, nous avons entendu la cloche au loin, et lorsque nous avons compris que le son venait d’ici, nous nous sommes dépêchés de vous rejoindre. Où est Elwin ?"
"Je suis là… Je l'ai eue… Je crois. Cette saloperie ne bouge plus en tout cas." répondit le benjamin depuis le palier avant de descendre les rejoindre. "Mais elle a eut le temps de tuer deux personnes, au moins…"
"Il n'y en avait qu'un seul ?" demanda l'aîné tout en observant la blessée. "Comment vous sentez-vous, madame ?"
"Comment ça se passe ici ? On doit les brûler nous-mêmes ou la milice tient à s'en charger ?"
"Il est possible que d'autres créatures arrivent. Ne serait-il pas plus prudent de se réfugier à l'étage ?"
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyDim 21 Juil 2019 - 16:03
- « Pour tirer, il faut plusieurs flèches pour en abattre un » fis-je « même la tête ne suffit pas toujours, à l’étage, la fenêtre de ma chambre est dégagée »

Je suis immobile, juste là au milieu de la place, le liquide carmin coule lentement dans mon dos, picotant sagement sur son passage, écarquillant lentement les chairs meurtries. Etiol a décidé de me tester et je suis sortie victorieuse de cette première épreuve, reste la suivante. Celle que l’odeur du sang, le goût du sang s’imprégnant de ma bouche entraîne. Cette pulsion silencieuse a toujours été présente chez moi, mais elle est plus que présente depuis que j’ai accepté de vouer ma vie à Etiol, à la guilde, l’ordre et la secte des marais. Silencieuse, la douleur n’en reste pas moins invisible, je retiens à peine une grimace, l’habitude ne la rend pas inexistante. Mon regard scrute celle qui semble bien vouloir prendre les choses en main, avec cette conscience qu’elle doit avoir l’habitude. Aeryn n’est pas femme désagréable, ni à l’œil, ni au toucher, ni dans sa façon d’agir, j’ai toujours eu une préférence pour les femmes à caractère, ou les hommes d’ailleurs. Rapidement, je me retrouve nue, du moins le haut, ma poitrine inexistante n’a jamais été une source de gêne, la nudité non plus finalement. Je la laisse faire, j’opine quand elle me dit de m’allonger sur le sol et j’applique la consigne sans sourcils. Le contact du sol froid sur mes seins, mon ventre m’offre un moment de répit, d’apaisement furtif, mais le picotement s’intensifiant dans mon dos ne peut guère laisser de place au doute, la blessure est profonde.

- « Il faut juste refermer, pour l’instant c’est le plus important » soufflais-je consciente de cet état de fait.

Sur l’instant, je ne peux que me dire que pour la première fois de la journée, la rousse me donne la sensation de savoir ce qu’elle fait. La couleur de ses cheveux me rappelle Etiol et un instant, j’ai le doux espoir que si je l’ai choisi elle, ce n’est certainement pas par hasard. Je laisse sagement mes doigts s’enrouler sur le tissu recouvrant une partie de mes jambes, hésitante, alors qu’elle débute son œuvre, que le bruit du plancher sous le poids de son frère n’a de cesse de grincer. Je n’ai jamais été une adepte de la douleur, j’ai appris à m’habituer, à l’apprécier, mais le mal reste le mal et lorsqu’elle appuie fortement, je ne peux que retenir un ‘mh’ complexe, étouffé, avalé. Ma mâchoire se crispe, mon visage blanchit et si je sens parfaitement cette vague de frisson agréable, ce petit je ne sais quoi qui en demande encore, mon dos, mes muscles et mon esprit eux sont parfaitement en désaccord avec cet état de fait. Davantage même lorsque l’alcool se déverse sur la plaie, que je sens l’ensemble ruisseler le long de mon dos, l’odeur me titiller les narines. Sa voix me ramène lentement à la réalité, sans que je ne sache réellement ou je me trouvais peu de temps avant, ma tête est contre le sol, un avant bas juste en dessous pour la surélever. Je ne sais pas si je veux que cela s’arrête ou si je veux la sentir encore si proche de moi, ses doigts s’attelant sur mon corps nu. Elle me laisse une partie d’elle, oh, moi je ne crois pas –ou je ne veux pas croire- que c’est une coïncidence, elle cède à mes charmes. Récupérant le plastron en cuir, je ne peux que mordre dedans en m’appliquant à m’ordre aussi fort que possible, oh non, pas uniquement que pour la douleur, mais surtout pour lui laisser une trace, un souvenir, comme un murmure, un appel au retour, à venir juste là, oui, venir me retrouver…. Oooooh Aeryn me ferais-tu perdre la tête ? Qu’Etiol me garde loin de ta chevelure rousse.

Puis vint le moment fatigue, celui de cette odeur si douce, si délicate, si affamant, celle qui fait hurler le ventre de famine, de besoin, d’envie, de désir. Mhh, bordel qu’est-ce que je peux avoir faim, je me croquerais bien. Il ne faut pas croire que la douleur ne m’a pas fait me crisper, non bien au contraire, mais je prends ça pour un sacrifice pour mon dieu, mon unique et véritable dieu, j’entends déjà les murmures des sectaires, mes sœurs et mes frères devant cette nouvelle marque lorsque je me dénuderais pour notre cérémonie rituelle, lorsque le sang viendra recouvrir ma peau laiteuse. Oui, moi, Amélise Lamer, j’aurais honoré davantage ETIOL. Peut-être m’acceptera-t-il, viendra-t-il un jour en ma rencontre et… Sa voix, cette rousse, l’odeur de ma chair brulée, la douleur qui se reprend comme de multitudes caresses sadiques, par mon dieu, mon unique, ne vais-je pas résister. Je me retourne lentement avise ses lèves, ses lèves qui sont un véritable appel à la tentation, ne devrais-je y céder.

- « Un cataplasme oui, je devrais trouver le temps pour ça, pour le reste oui, un prêtre devrait parvenir à venir jusqu’ici merci »

Merci, c’est tout alors que tous mes sens sont en alertes jusqu’à la pointe de mes seins. Qu’elle parte cette femme, cette tentatrice, celle qui ne s’intéresse à rien d’autre que sa traîtrise envers Etiol, ce besoin de comprendre, de faire, oust, oust ou viens me rejoindre oui… Une quinte de toux, un raclement de gorge et je me relève difficilement, m’éloigne de celle qui provoque bien des troubles. Je lui tends ce qui lui appartient, ou le dépose sur le bord de la table, juste là. Je n’ai pas le temps de poursuivre ma démarche, mon explication, à peine le temps de repasser mon tissu imbibé du liquide pourpre que la porte s’ouvre dans un très grand fracas. Ma porte… L’ensemble de la petite famille était de nouveau devant moi, là, ignare de la fange, ignare de la situation à se poser une multitude de questions. Par Etiol, que faut-il faire pour apprendre à ses garnements ?

- « Doucement, doucement… Déjà si ma porte à survécu à votre entrée, il faut la refermer et/ou la réparer » fis-je avant de détailler celui qui prétendait avoir abattu le fangeux « Bien, bien c’est une bonne chose, il va falloir le brûler, chacun est responsable de ses cadavres ici. La milice a déjà beaucoup à faire »

Je passe une main dans ma chevelure, laissant une trace rougeâtre, alors que mon pouce vient rencontrer mes lèvres pour se faire nettoyer de sa couleur pourpre. Comment je me sens, comment je me sens, presque dans un état de cérémonie, cela m’inspirait presque, presque, presque, presque oui. Je prends une inspiration, écoute les différentes révélations, étrange un fangeux, une attaque juste ici. Je roule une épaule, retiens une grimace, sens mon visage pâlir un peu plus, sans que je ne comprenne comment c’était possible.

- « L’attaque va arriver alors, cela devait être un fangeux éclaireur, ils agissent un peu comme une meute » tentais-je, une supposition purement personnelle « un va tester, les autres attendent le bon moment… L’ensemble du village va se barricader. »

Je m’appuie sur le bord de la table, un peu, juste un peu, je mangerais bien, mais je ne suis pas certaine que ça reste dans le bas de mon ventre.

- « Écoutez, je ne vais pas vous retenir ici plus longtemps, la rouquine à raison depuis le départ, cette affaire est ridicule, si vous n’êtes pas habitué à la fange, je ne vais pas vous obliger à rester et risquer vos jolis minois. La famille que je soupçonne habite un peu plus loin, vous n’avez qu’à l’intimider un peu et rentrer à partir de demain matin, un convoi devrait partir pour Marbrume. » je prends une inspiration, longue, encore « Quant à notre ami qui d’après votre frère est mort sur mes terres, il suffit de déplacer le corps et le brûler… Mais si l’attaque ne perdure pas et qu’il y a bien qu’un fangeux, je dois avouer que cela reste particulièrement étrange…»

Dans le fond que pouvais-je faire de plus hormis laisser un choix, une idée, une supposition. Et puis, finalement ce qui devait arriver arriva et les nombreuses cloches du village commençaient déjà à retentir, signe qu’une attaque importante de la fange était bel et bien arrivée…. Maintenant il fallait choisir, se cloîtrer et attendre que ça passe, prendre les armes, sauver les innocents ou regarder l’ensemble agoniser, aucun doute que la milice finirait par parvenir à repousser l’ensemble, mais sans aide, cela pouvait perdurer un peu et maintenant ?
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyMer 31 Juil 2019 - 18:04
"La fange ne vient jamais seule," avait-elle dit lorsque la créature isolée avait fait son apparition dans la cours. Apparemment, la jolie fermière ne s'était pas trompée, le son des cloches, annonciatrices de l'attaque, ne tardèrent pas à résonner çà et là.

- Il semblerait que votre affaire va devoir attendre… On fait quoi, Kaël, on sort ? Un peu d'action ne peut pas nous faire de mal.
- Ce ne sont pas de vulgaires bandits, Ivaad, nous ne pouvons sortir ainsi à l'aveuglette, sans savoir combien d'adversaire se trouvent à l'extérieur.
- Oui, mais à moins que les cloches ne donnent cette information, nous n'en saurons pas plus d'ici.
- Aucune importance, lança froidement la rouquine occupée à débarrasser ses mains du sang de leur employeur. Barricadons-nous ici, nous ne sommes pas équipés pour combattre ces saloperies.

Le fond de sa réflexion pouvait paraître étrange, voir égoïste, c'était probablement le cas. Aeryn refusait tout bonnement de perdre encore ne serait-ce qu'un membre de sa famille de manière aussi stupide. S'il s'agissait d'humain, la jeune femme aurait été la première à attaquer, or, ici, ils devraient faire face à des monstres capables de décimer toute une armée… Toute une espèce. Et à l'évidence, les mercenaires n'étaient évidemment pas de taille.


- Et tous ces gens dehors, tu y penses ?
- L'alerte a été donnée, la plupart ont dû se mettre à l'abri. Ce ne sont pas des citadins décérébrés, Elwin. Ils connaissent la fange et ont apprit à vivre avec, ce qui n'est pas notre cas… Leur destin comme le nôtre se trouvent entre les mains des Trois. Tâchons d'agir sur ce qui se trouve à notre portée.

Les frères se regardèrent un instant en silence, s'interrogeant silencieusement sur la marche à suivre avant de s'agiter brusquement. Chacun s'affaira à renforcer les ouvertures afin de protéger la maison et tous ses occupants. Ceci fait, les deux hommes équipés d'arcs et de flèches allèrent se poster aux fenêtres de l'étage, prêt à tirer sur la moindre créature faisant mine d'approcher de la bâtisse. Aeryn, quant à elle, se saisit de la main de la veuve pour la pousser à rejoindre sa chambre avant de s'installer à son côté.

- Comment vous sentez-vous ? lui demanda-t-elle sans que ses traits ou son regard ne manifestent de réelle inquiétude. Je suppose que si les goules ne trouvent rien de probant à se mettre sous la dent, celles-ci ne s'attarderont pas, n'est-ce pas ?


Plus qu'une supposition hasardeuse, la question appelait réellement une réponse constructive. Ne sachant rien de probant sur la fange et ses représentants, Aeryn prenait grand soin de se renseigner comme elle le pouvait.

- Comment gérez-vous ces attaques en vivant seule ? Cette blessure serait-elle la première que ces créatures ont causé ?

Là encore, il s'agissait de faire le plein d'informations afin d'en apprendre toujours plus sur les moyens de résister à cette invasion… Mais aussi pour savoir si, comme certains semblaient l'affirmer, les créatures étaient venimeuses. Que leurs blessures changeaient les Hommes en créatures morbides… Aeryn ne croyait pas en l'existence de la magie, des enchantements et autres sorcières. Pour elle, le monde et ses croyances n'étaient façonnées que par des légendes plus ou moins proches de la réalité dont le registre ne cessait de s'enrichir au fils des événements et des récits qui s'en suivaient.

Ainsi, la mercenaire veillait à rester méfiante vis-à-vis de la jeune femme, guettant tout signe de transformation qui la conduirait à l'achever sur-le-champ. C'est donc avec instance que la rouquine observait la veuve, surveillant la dilatation de ses pupilles, au mouvement de ses lèvres, à l'aspect de sa peau cherchant à savoir si celle-ci changerait d'aspect ou non.

- Là, Kaël, déclara l'archer en désignant sans bruit une créature dépourvue de jambe qui rampait misérablement sur le sentier longeant la maison. Les deux hommes ne se privèrent donc pas de décocher nombre de flèches avant que la créature ne s'écroule définitivement.
Bordel, c'est qu'ils sont tenaces, ces enfoirés. Il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps, sinon nous ne tarderons pas à manquer de munitions.
- Apprends surtout à mieux viser, railla le géant qui semblait trouver le temps long.
- Ferme-là, Ivaad. J'ai eu celui-ci à la tête, dans le dos et dans la gorge. Aucun humain ne se serait relevé avec des touches pareilles.
- Montre, ordonna le coq avant de pousser son frère pour prendre sa place à la fenêtre. Bordel… Mais comment on tue ces trucs en corps-à-corps ?
- Certainement en usant de sacrifice… Je doute qu'à nous quatre, nous aurions été de taille...
- Fait chier...
- Qu'imaginiez-vous ? Que nous aurions réussi là où l'armée a échoué ? Ne soyez pas aussi prétentieux que Rodrick...
- En voyant cela, vous pensez que Log' est encore en vie, vous ?
- J'ose espérer que oui... murmura l'aîné sans quitter l'extérieur du regard pour autant.
- Dites, madame Lamer, vous aviez dit avoir entendu des miliciens parler de notre sœur. Vous n'auriez pas vu, par hasard, un homme aussi grand qu'Ivaad, bien que plus fin. Les cheveux noirs et les yeux de la même couleur que ceux de ma soeur… Il n'est pas très causant non plus… mais il est malin.

Contrairement à ce qu'elle aimerait laisser croire, Aeryn était évidemment toute aussi inquiète pour son frère que pouvaient l'être les Trois autre. Néanmoins, celle-ci était bien trop fière pour l'avouer… Et bien trop soucieuse pour entendre qu'il n'avait pas été aperçu depuis longtemps, que ce n'était pas de lui que la veuve avait entendu le nom de la mercenaire… Loghart ne pouvait qu'être mort à présent, la mercenaire n'imaginait aucune autre issue pour son milicien de frère...

- N'avez-vous rien de mieux à faire ? grogna-t-elle entre ses dents tout en leur tournant le dos. Il est inutile de parler des absents...
- Mais… Ryn, ne veux-tu pas savoir s'il est encore en vie ?
- Non !
- Mais…
- Mais quand vas-tu la fermer, Elwin ? Contente toi de tirer sur ces foutus cadavres ambulants !

Cette fois, la mercenaire se retourna vers son frère le dardant d'un regard furieux qui n'appelait aucune réponse. Un silence pesant ne tarda pas à s'abattre dans la pièce, même Ivaad n'osait plus intervenir ne serait-ce que pour provoquer sa sœur qui ne demandait qu'à exploser de colère… Au lieu de quoi, il se plaça dans l'angle de la pièce tout en observant la jolie blonde tandis qu'Aeryn se renfermait de nouveau sur elle-même.

- Ne faites pas trop attention à elle, Ryn grogne plus qu'elle ne mord. Avec elle, il y a des sujets qu'il vaut mieux éviter… La famille en est un…
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Amélise LamerÉleveuse
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyDim 4 Aoû 2019 - 18:15
Mon affaire allait devoir attendre. Mon visage avait dû se durcir un instant, je n’étais absolument pas en accord avec cette affirmation. MON affaire n’allait très certainement pas passer en second plan, parce qu’Etiol avait décidé de me mettre à l’épreuve en m’envoyant sur mon domaine quelconque créature vengeresse. Le silence restait intact, mes lèvres immobiles alors que mon regard vagabondait de silhouette en silhouette en fonction des prises de paroles. La famille me donnait la migraine, à moins que ce ne soit le lancement de la blessure qui était responsable de l’ensemble. Passant une main dans ma chevelure de blé, je ne peux que retenir une crispation de mâchoire devant le débat qui me semble presque irréaliste. Un léger rire nerveux ne peut s’empêcher de fuir mes lèvres, alors que l’ignorance pitoyable du groupe me laisse un arrière-goût amer. Ça veut mettre de côté mon affaire, pour aller se faire tuer à quelques pas de chez moi par des fangeux ? La merveilleuse idée que voilà. J’en arrive même à hésiter de pousser dans cette direction l’ensemble, petit sacrifice pour Etiol, que le sang coule, coule, coule encore et encore. Oh, oui ne serait-ce pas agréable, si agréable, la mélodie des cris, des gémissements des supplications, puis l’odeur de la mort, douce mort, merveilleuse mort.

- « Elle a raison ne soyez pas idiot » oh… pourquoi Amélise, pourquoi conserver les apparences… Céder à la tentation ne peut parfois qu’être un soulagement « Nous vivons ici depuis la fange, c’est une habitude pour nous, les morts, les pertes, les attaques et la reconstruction. Chacun doit être à l’abri déjà. »

Ce fut un léger silence, un moment d’hésitation, alors que déjà, je m’imaginais pousser tout ce beau monde dehors, riant aux éclats, hurlant pour attirer les monstres puis savourer le bruit de la chair qui se fait déchiqueter, dévorer, anéantir. Cela me donnerait presque faim, presque, parce que la douleur me donne la nausée, parce que ce jacassement perpétuel la migraine. Par Etiol, je déteste les familles, les piaillements, les discussions éternelles, pourquoi ai-je eu cette idée de faire venir une mercenaire plutôt que de m’occuper de toute cette désagréable histoire seule ? Cela m’apprendra, oui, on ne m’y prendra plus. C’est une main qui se glisse dans la mienne qui me tire vers le silence, vers autre chose alors que je constate déjà qu’il ne s’agit que d’elle, cette rousse, cette envoûteuse, cette sorcière trop prude pour céder à une tentation qu’elle ne perçoit même pas. Jouerait-elle aussi, aurait-elle apprécié cette proximité, aurait-elle envie de plus, de pire, de doux et moins doux à la fois ? Je me retrouve à gravir les marches, puis à m’installer sur ma couche ou elle ne tarde pas à me rejoindre, comme une invitation silencieuse, comme un besoin de réconfort inconscient. Jouer c’est mal petite, je ne suis pas très bonne perdante, en as-tu seulement conscience ?

- « Seriez-vous naïve derrière votre caractère de cochons ? » questionnais-je un sourire en coin « La fange ne part jamais sans être sortie victorieuse au moins un peu, elle va roder jusqu’à parvenir à s’immiscer dans un recoin et pouvoir s’alimenter, elle va attendre, patiente, jusqu’à ce qu’on pense être en sécurité, jusqu’à ce que les proies que nous sommes ne diminuent leur vigilance et là, là elle viendra terminer ce qu’elle a commencé.»

Prétendu mercenaire hein ? Foutu mercenaire ignare, je ne suis pas censée enseigner, je suis censée profiter de la qualification d’un groupe que je vais payer en viande ou en argent ou en que sais-je d’autre et je me retrouve à materner une femme qui ne s’abandonnera même pas entre mes draps et à lui expliquer en quoi la fange est monstrueuse et dangereuse ? Réellement ? La douleur d’un mouvement me tira une énième grimace, alors que je sentais cette ombre de violence s’animer en moi, alors que je la détaillais cette femme qui se pensait invisible, intouchable ou qui se mentait à elle-même suffisamment fort pour conserver ce masque et cette protection invisible, mais pas insurmontable.

- « Veux-tu bien aller directement à ta source d’inquiétude ou ta véritable question ? La conversation n’est jamais mon point fort, ne faut-il pas oublier que comme tu viens justement de le souligner, je suis seule la plupart du temps »

Je me redresse lentement, me dirige vers une fenêtre, jetant un bref coup d’œil à ce cadavre redevenu mort. Pour un temps ou définitivement ? Je l’ignore, même si cela fait partie de mon quotidien, les certitudes sont toujours complexes à obtenir. Croisant les bras sous ma poitrine, laissant la pulpe de l’extrémité tapotant le morceau de tissu couvrant le haut de mes bras, je ne peux m’empêcher de me questionner, combien de temps encore, combien de temps à estimer avoir besoin des énergumènes incapables de comprendre le danger des créatures ?

- « Je vais bien, la blessure finira par cicatriser comme les autres, la fange n’épargne personne et peu de survivants de la ville peuvent se vanter de ne jamais avoir été blessés. De quoi as-tu donc peur ? Si la blessure suffisait à transformer immédiatement un homme, crois-moi, l’humanité serait morte depuis bien plus longtemps déjà.» j’avais fini par pivoter vers elle « Tu sais, on ne peut pas toujours tout contrôler et avoir le pouvoir de tout maîtriser, la plus grande des forces à toujours une grande faiblesse. Que vous m’appréciiez ou non, vous allez devoir rester un peu ici et au cas où vous l’auriez oublié votre priorité réside dans la résolution de mon problème qui commence à s’éterniser désagréablement. »

Comme une mise en garde, comme un rappel sur la raison de la présence, sur le pourquoi du comment, sur le besoin. L’ennui avait fini par venir imprégner mon esprit, cet ennui désagréable, immoral, traître, elle ne m’amusait plus. J’en avais même envie de m’occuper différent, de la faire chanter non plus par plaisir, mais par souffrance. L’échange des frères entre eux avait fini par avoir raison de moi et j’ignore si c’est elle ou moi la première, mais nous avions fini par nous déplacer afin de retrouver le restant du petit groupe, qui avait semble-t-il réussi le miracle d’abattre et d’anéantir une autre créature. Les cloches avaient fini par faire silence, les hurlements aussi, il ne restait que ce silence extérieur, cet accompagnateur de mort. Cette amie si fidèle, trop fidèle, trop attirante.

- « C’est possible » soufflais-je en guise de réponse « Parce que vous n’êtes pas au complet là ? » par Etiol comment était-il humaine possible de pondre autant de progénitures sans perdre la vie, par le dieu tout puissant, puissent-il ne pas tous avoir la même mère sans quoi, je ne peux que soutenir mentalement son âme errante de la folie et de la souffrance qui a dû lui traverser le corps à mainte reprise « En tout cas il ressemble à votre… »

Ce fut une énième dispute, un énième désaccord comme si l’ensemble n’était pas en mesure de s’accorder. Je m’étais appuyée contre un meuble, laissant un long soupir s’échapper de mes lèvres. L’ennui, toujours ce même ennemi, ce même complice de cruauté, ce même coupable, je ne peux que détailler celui qui vient m’expliquer, qui vient me parler, essayer encore, toujours.

- « Évitons ce sujet, même si votre sœur est magnifique en colère, la beauté est une chose qui s’apprécie à petite dose. » fis-je ironiquement « Bien, parlons peu, mais intelligemment messieurs et mademoiselle. Je crois que vous avez des choses à apprendre… La fange ce n’est pas un bandit de bas chemin que l’on peut attaquer et tuer, cela demande une organisation, un piège et une non-peur de mourir. Face à la fange, un humain seul n’a aucune chance, il faut bien une dizaine d’hommes au corps à corps pour espérer en venir à bout. Les hauteurs sont les uniques véritables refuges, mais si il y a de quoi grimper, tout comme nous, ils sont en mesure de le faire. La distance reste l’option la plus fiable, mais un fangeux reste rarement là à se laisser blesser, il va préfère attendre sagement dans un coin pour mieux luter. Pouvez-vous maintenant m’expliquer comment vous êtes parvenus jusqu’ici sans même vous être un peu informer ?!»

Une main qui glisse sur mes hanches soulève involontairement le tissu de mon bas, un regard qui vagabonde sur les silhouettes, véritable interrogation dans le regard, incompréhension, besoin, nécessité de comprendre.

- « Enfin, bon peu importe et pour mon affaire ? Je vous concède que ce n’est plus l’urgence, mais c’est pour cela que vous êtes là » tentais-je « Il faut absolument brûler les corps des monstres de même que les humains ayant succombé à la fange, croyez-moi, vous ne voulez pas voir ce qui se passera si on ne touche pas à nos morts. » je bouge un peu les épaules, frisonne désagréablement « Bien, un volontaire peut-être ou une ? À moins que vous préfériez discuter d’une strat-»

Ce fut un nouveau hurlement non loin, un jeune homme fourche en main… Un jeune… Tiens, mais à bien y regarder n’était-ce pas le responsable de tout ceci, oh tiens, tiens d’ailleurs ne tiendrait-il pas en être ses mains un récipient rempli de sang… Piéger celui qui pensait nuire, Etiol ne me punissait peut-être finalement pas, me venait-il en aide à sa façon. Mon visage avise les quelques inconnus présents, certains qu’ils vont vouloir sauver les héros et je ne peux m’empêcher de formuler à voix haute :

- « C’est le fils de la fameuse famille… Il ne devait pas être dans le village et penser pouvoir venir encore s’acharner sur ma bâtisse avant de rentrer chez lui… »

Sauf que la fange allait le cueillir, surtout au rythme où il hurlait et venait tambouriner à la porte pour supplier qu’on lui ouvre. Entendez-vous cette douce mélodie : pitié ; pitié, pitié, ouvrez-moi… Pauvre petit lapin.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptySam 14 Sep 2019 - 23:02
Pourquoi fallait-il toujours que les choses se compliquent au pire moment possible ? Malgré son calme apparent, Aeryn ne cessait de se demander qui, parmi les Trois, s'amusait à les torturer de la sorte ? La réponse la plus simple serait qu'il s'agissait des trois déités en intégralité. Ils devaient s'ennuyer à force de les voir intervenir sur des contrats aussi simples qu'ennuyeux, mieux valait donc relever un peu le niveau en les plaçant dans quelques situations délicates. Cette mission était si facile que même un enfant aurait pus la régler pour peu qu'il sache user des mots ou bien de la dague. La belle, elle-même pouvait très bien se charger de cette affaire en jouant de ses "relations de voisinage" à supposer qu'elle soit appréciée des villageois, ce dont la fratrie Monclar doutait de plus en plus.

Cette femme-là avait beau être belle, elle n'en restait pas moins étrange. L'on pourrait mettre cela sur le compte du contexte ou bien de l'isolement que celui-ci avait dû provoquer… La vie continuait, certes, mais celle-ci n'avait plus rien à voir avec celle que les habitants du royaume était habitué à vivre. Encore fallait-il y reconnaître une chance, puisqu'eux-mêmes étaient encore en vie, ce qui n'était probablement pas le cas des habitants des royaumes voisins. Chanceux… Voilà un point de vue des plus enthousiastes dont Aeryn et ses frères étaient fort dépourvus. Détrompez-vous, contrairement à bon nombre de fidèles, ils n'y voyaient pas non plus une malédiction, seulement une bien regrettable fatalité avec laquelle il fallait apprendre à vivre, ou plutôt à "survivre". Ils agissaient donc généralement en fonction des événements. Puisque le chemin qu'ils avaient prévu d'emprunter à l'origine est pavé d'embûches autant prendre des chemins de traverse. Un petit détour qui prendra certes plus de temps, mais qui les conduira tout de même vers leur objectif primaire. La fange représentait une embûche des plus conséquente, mieux valait donc se charger d'y survivre avant d'envisager de reprendre leur mission là où ils l'avaient laissé. Question de prudence qui ne semblait pas convenir à la jolie veuve aux cheveux d'or. Une teinte de contrariété assombrit ses traits, juste un bref instant, qui même succinct resta suffisamment perceptible pour venir piquer la méfiance, déjà exacerbée, de la mercenaire. Celle-ci, veilla néanmoins à n'en rien laisser paraître se contentant de formuler quelques questions autant pour s'assurer de l'état de son employeur que pour parfaire ses biens maigres connaissances en la matière. La fange… Ils n'en savaient pas grand-choses. À peine quelques brides de descriptions venant d'ignares ne l'ayant jamais ne serait-ce que frôlé, ou bien de survivant aux souvenirs imbibés d'alcool. Les miliciens en parlaient parfois, mais les mercenaires prenaient toujours leurs propos avec méfiance, car la plupart ne cherchaient visiblement qu'à gonfler leur égo en exagérant volontairement leur récit.

La belle, de part sa position comme de son mode de vie avait donc beaucoup à leur apprendre. Celle-ci n'avait aucun intérêt à jouer avec les mots, elle n'avait strictement rien à gagner dans ces déformations volontaires, bien au contraire. Néanmoins, celle-ci semblait bien irritée après avoir entendu les suppositions de la rouquine qui n'appréciait pas particulièrement que l'on souligne autant son caractère que son ignorance.

-Vous me semblez intelligente, madame, je doute fort que vous n'ayez point saisi le sens de ma question, répondit la mercenaire tout en lui lançant un regard en coin. Je pose des questions, j'attends des réponses, simplement dans le but d'apprendre.

En apprendre toujours plus sur la menace extérieure tout comme celle, bien plus proche, qui paraissait perdre un peu plus de son calme au fur et à mesure que le temps et la conversation avançaient. Ses mots le pouvaient… La veuve n'avait pas pu les choisir au hasard. Elle pouvait bien essayer de préserver les apparences, quelque chose titillait sa patience de manière de plus en plus perceptible. La rouquine la suivit des yeux tandis qu'elle se redressait pour aller se poster devant l'une des fenêtres. Elle observa chacun de ses gestes, notant soigneusement que malgré l'habitude, la belle restait nerveuse face à la fange. Pour preuve, elle croisait les bras adoptant ainsi une posture plus fermée, contenue alors que ses doigts, aussi longs que fins, vinrent tapoter le tissu de sa robe. Était-ce réellement la fange qui la rendait aussi nerveuse ou cette agitation de plus en plus évidente tirait plutôt son origine des questions posées ? Difficile pour Aeryn de le savoir avec certitude… Et malgré sa propre agitation venant de son inquiétude quant à une éventuelle transformation de la fermière, la rouquine veillait à rester concentrée sur tout ce qu'il se passait autour d'elle.

Elle l'avait ainsi écouté lorsque celle-ci évoqua sa blessure, comme les précédentes. Aeryn compris, qu'une fois encore, les racontars au sujet de la transformation de l'humain en fangeux était un tant soit peu exagérée. Une blessure ne suffisait pas, griffure, morsure… Fallait-il mourir pour cela ? Possible… L'on disait bien que les morts se relevaient après tout. Aussi, il fallait donc supposer que tant que la blonde restait en vie, celle-ci préserverait sa nature humaine, du moins, à supposer qu'une simple griffure ait le même effet qu'une morsure… Ils en savaient encore bien trop peu pour en être parfaitement certains, mais cela ferait l'affaire pour l'heure. La mercenaire pouvait donc se focaliser sur l'attitude de leur employeur qui lui paraissait de plus en plus menaçante…

Pourquoi parlait-elle ainsi de contrôle, de force devenant faiblesse ? Son affirmation ne semblait pas uniquement adressée à la mercenaire qui ne cessait de se répéter : "N'est-ce pas?". Si la rouquine contrôlait ses gestes, ses expressions et ses paroles, elle en était certaine : elle n'était pas la seule.

-N'ayez crainte, nous connaissons précisément la raison de notre présence ici, madame, déclara la rouquine en lui adressant un sourire feint. Néanmoins, il existe parfois des "petits" contretemps qui nous oblige à vous détourner, brièvement, de notre objectif.

Comme pour répondre à cette menace déguisée, la femme d'arme se saisit de sa lame dont le métal soigneusement aiguisé sembla capturer un rayon de soleil, bien trop timide jusque-là, pour venir l'embrasser la faisant ainsi briller légèrement. Le reflet ainsi provoqué vint animer l'azur du regard de la mercenaire tout en appuyant sur son teint blafard ce qui lui donnait ainsi un air des plus macabre.

S'il existait bien un sentiment qui animait la mercenaire, il ne pouvait s'agir que de la colère. Celle-ci la portait depuis sa "tendre" enfance au point de faire d'elle une simple lame assassine. Il ne fallait donc pas que la jolie veuve se méprenne sur la personnalité de l'unique femme de la fratrie… Sa colère, bien que maîtrisée pouvait aisément s'éveiller a tous moment lui faisant ainsi perdre tout contrôle. On l'avait façonné ainsi, après tout… Née pour tuer, rien de plus.

Elle la laissa ainsi s'exprimer, brièvement, le temps de clore le sujet se portant sur leur traître de frère. Il pouvait bien être mort, cela ne les concernait en rien. S'il avait voulu prendre contact avec eux, il l'aurait fait depuis bien longtemps. Mieux valait donc laisser ce sujet-là de côté et tous semblaient l'avoir compris. La dispute fut ainsi évitée par les paroles, chargées d'une ironie déplacée, de leur employeur qui leur fournit quelques explications supplémentaires concernant la fange et ses habitudes. Informations des plus utiles qu'aucun d'eux n'oublierait par la suite.

-Ne vous méprenez pas, madame, répondit l’aîné en prenant une mine bien plus sévère qu’à l’accoutumé. Nous ne nous sommes certainement pas déplacés jusqu’ici sans prendre un maximum de renseignement. Seulement, la fange étant ce qu’elle est, il est possible que les informations qui nous été fournis soient fausses ou simplement erronée par la crainte ou par l’aspect fantasmagorique que celle-ci peut provoquer chez les survivants.

- Certaines personnes ont l’étrange habitude d’enjoliver leur histoire pour donner une teinte d'héroïsme ou de miracle divin à leur survie, renchérit la rousse piquée par la remarque de la fermière sans que son visage fermé n’exprime son mécontentement. Nous avons donc pris l’habitude de ne pas prendre toute histoire narrée, souvent par des ivrognes ou des illuminés d’ailleurs, pour argent comptant et préférons amasser un maximum d’informations allant dans le même sens que les autres pour enfin tomber sur quelque chose sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Appelez cela “prudence exacerbée” ou “ réel professionnalisme”, mais n’y voyez aucune négligence de notre part. Nous tenons juste à être parfaitement renseignés… Juste histoire de rester en vie, voyez-vous.

Cette fois, Aeryn ne parvint pas à garder son masque impassible bien en place. Sa contrariété perçait celui-ci pour devenir bien visible. Elle laissa la lame toujours dans sa main glisser habilement entre ses doigts avant de la faire tournoyer avec dextérité. Tout comme ses frères, la mercenaire n'appréciait guère que l’on juge ainsi sa manière de travailler, une seule remarque sur ce sujet avait le don d’éveiller la tempête intérieure qui devenait bien difficile à maîtriser. Avisant la veuve de son regard glacial, la rouquine se releva pour se placer, à son tour, devant la fenêtre. Comme il lui tardait de boucler cette affaire ridicule pour retourner à Marbrume où ils avaient tous bien mieux à faire. La fange leur avait retiré leur statut glorieux de soldats libres pour les placer à l’état de vulgaires chiens de garde. Où se trouvait l’honneur tant recherché par leur père là-dedans ? Nulle Part, elle en était certaine et ce constat ne fit que l’agacer d’avantage. Il lui fallait de l’action, une occupation, n’importe laquelle pourvu qu’elle n’ait pas à mourir sous les crocs et les griffes de ces sales bestioles sévissant à l’extérieur.

La blonde revint prestement sur son affaire, celle qui semblait bien risible en cet instant de chaos. Ne voyait-elle donc pas l’urgence de la situation ?La blonde revint prestement sur son affaire, celle qui semblait bien risible en cet instant de chaos. Aeryn en serra les dents, évitant soigneusement de regarder la femme pour ne pas lui lancer un regard des plus haineux. Mais heureusement, la belle revint sur une affaire bien plus urgente : les morts. Il fallait les brûler, ça, tous les Monclar le savaient pertinemment. Aucun d’eux ne tenait à voir les cadavres s’animer pour venir les torturer par la suite. Ils le feront, à coup sûr, mais impossible de savoir quand.


La stratégie qui leur apparut à tous semblait des plus simples. Il suffisait de rester autant que possible dans l’alignement des fenêtres où se tiendraient les deux archers chargés de couvrir leurs arrières tandis que les deux autres se chargeront des corps… Deux, cela leur parut bien peu. Ivaad, avec sa carrure gigantesque pourrait aisément transporter les corps après les avoir décapité, inutile de prendre le risque de voir l’un des cadavre s’animer durant le transport. Seulement, il faudrait tout de même deux personnes pour ériger un bûcher, même de fortune… La veuve devrait donc se mouiller dans l’histoire, et pas qu’un peu.

Seulement, toutes réflexions ou discussions furent brutalement stoppées par un hurlement. Celui-ci semblait proche, très proche si bien que l'origine fut rapidement déterminée. Il s'agissait d'un jeune homme vêtu de vêtements usés jusqu'à la trame, si souillé qu'il était impossible de déterminer la couleur d'origine du tissu… Ce dernier se trouvait dans une position des plus inconfortable, il n'y avait certes plus aucun fangeux de visible aux alentours, mais ceux-ci ne tarderaient pas à être attirés par ses cris presque hystériques. L'inconnu au visage aussi sale que ses frusques, tenait une fourche rouillée dans une main et un récipient contenant un liquide écarlate dans l'autre… Serait-ce lui, le responsable de leur présence ici ? Le voilà dans de beaux draps, et pourtant aucun des mercenaires présent ne sembla vouloir lever le petit doigt pour l'aider.

-Serait-ce le responsable de tous vos tourments, madame ? interrogea le cadet sans que sa question n'appelle réellement une réponse.

Ils le savaient, tous. Le sang dans sa main faisait office de preuve accablante. Restait donc à savoir s'il fallait agir ou non. Aeryn réfléchissait silencieusement, de même que son aîné qui avisait la scène avec un air des plus détaché avant de se tourner vers sa sœur tandis que leur employeur confirmait leurs suppositions.

-Qu'en penses-tu ?

La rouquine se tenait bien droite face à la fenêtre observant la parodie de massacre qui ne tarderait pas à se dérouler en contrebas. Elle pouffa brièvement avant qu'un sourire des plus inquiétant n'étire ses lèvres pleines.

- Tu l'as entendu comme moi, déclara-t-elle froidement tout en indiquant la veuve d'un bref mouvement de tête. C'est lui qui la harcèle depuis tout ce temps, et puis, elle a bien dit qu'il fallait dix hommes pour vaincre l'un de ces trucs. Nous ne sommes que quatre… C'est lui ou nous… Alors, tâchons de voir ici le moyen de faire une pierre, deux coups...


Le jeune homme courut alors jusqu'à la porte pour venir tambouriner de toutes ses forces en suppliant la propriétaire de la lui ouvrir. Le regard de la mercenaire se posa alors sur la principale concernée.

- Sauf si vous préférez faire preuve de miséricorde. C'est à vous de voir, madame, tant que vous nous payez nous sommes sous vos ordres.

Non, Aeryn n'avait certainement pas perdu de son humanité, au contraire. La jeune femme cherchait surtout à savoir à qui ils avaient réellement à faire. Amélise l'intriguait de bien des manières. Fille de meurtriers, elle s'occupait seule de sa ferme, du moins, tant qu'elle ne bénéficiait pas de l'aide de gens de passage qu'il fallait bien récompenser d'une manière ou d'une autre… Une jolie femme, seule et pleine de charmes était victime de harcèlement douteux et pourtant, pour régler cette affaire, elle avait dû faire appel à des mercenaires… Plus particulièrement à une femme… Pourquoi donc ? Elle avait certes répondu à cette question un peu plus tôt, mais la réponse fournie ne satisfaisait pas la curiosité de la mercenaire. Quelque chose dans son comportement gênait la jeune femme au regard de glace, la belle semblait fausse si bien qu'elle lui rappelait l'image de ces poupées au visage figé, sculpté dans la cité ou dans la porcelaine fine. Elle ne l'aimait pas et s'en méfiait comme la peste. La rouquine attendait donc sa réponse tout en observant ses gestes, les mouvements de son visage, les lueurs brillantes dans ses yeux clairs.

- Alors madame, quel sera donc votre sentence ? La vie, ou bien la mort ? Le temps presse...

Elwin se plaça de manière à pouvoir achever le malheureux si jamais leur employeur décidait de laisser périr le jeune homme. Il n'était point nécessaire de le laisser souffrir et agoniser sous les crocs des créatures qu'il n'allait pas tarder à alerter. Il fallait néanmoins espérer qu'aucune d'elle ne soit assez réfléchie pour venir se saisir du buffet bien vivant, dressé à l'étage de la bâtisse. Il s'agissait-là d'un risque non-négligeable… La veuve, était-elle prête à le prendre simplement par esprit de vengeance ? Vengeance bien sournoise lorsque-l'on observe réellement la portée des dommages provoqués par le jeune homme grassouillet suppliant pour sa survie.

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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn]   [Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] EmptyJeu 3 Oct 2019 - 20:45
[Terminé] Le jeu du chat et de la souris [Aeryn] D4mcokp-b7d00899-cd7f-4070-ac1f-abd2c585a092.gif?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7InBhdGgiOiJcL2ZcLzk0Zjk3NDI5LTFhOWItNDVjMS04Njk2LWQ2MDQ2YzIwNzg2OVwvZDRtY29rcC1iN2QwMDg5OS1jZDdmLTQwNzAtYWMxZi1hYmQyYzU4NWEwOTIuZ2lmIn1dXSwiYXVkIjpbInVybjpzZXJ2aWNlOmZpbGUuZG93bmxvYWQiXX0

Aucun regret ne venait teinter mon esprit, malgré la présence des mercenaires qui se faisaient de plus en plus désagréables et de la plus ennuyante. L’agitation extérieure suffisait à calmer mes sautes d’humeur, mes besoins de violence. Mes doigts venaient tapoter sagement mes avant-bras toujours croisés non loin de mon inexistante poitrine. Je restais néanmoins particulièrement dubitative vis-à-vis de leur ignorance, n’y avait-il pas que des soûlards pour parler de la fange, désormais l’humanité elle-même était une source de témoignages. Déglutissant, j’écoutais l’aîné visiblement piqué par mes reproches à peine sous-entendus se justifier, je le détaillais de cette sévérité partagée, cette froideur nouvelle et ce besoin d’air, d’isolement plus pressant que jamais. Ne pouvais-je néanmoins que constater l’ouverture que la petite famille venait de m’offrir : le besoin d’avoir des sources fiables, des informations avérées. N'était-ce finalement pas la plus belle des propositions inconscientes ?

Elle, la rousse, celle qui me rappelait bien des personnes, dont une, en particulier, qui avait fait un très bon plat pour une cérémonie d’ailleurs venait de reprendre la parole, le masque avait fini par tomber, le sien, pas le mien, pas encore. Elle m’amusait de nouveau, avec sa manière de faire, son agressivité, ce besoin d’être là de se faire plus grosse qu’elle ne l’était. J’avais penché la tête légèrement sur le côté, affichant ce sourire énigmatique, m’ouvrait-elle ce que je voulais voir, ce que je voulais obtenir. Étirant toujours mes lèvres, dans cet étrange sourire, mi-inquiétant, mi-rassurant, mi-incertain, je détaillais avec une certaine méfiance l’ensemble de la troupe, appuyant davantage mon inspection sur cette flamboyante jeune femme.

- « Faut-il toujours avoir de bonne source, c’est juste » fis-je un brin plus malicieuse « Il y a un ordre ancien » soufflais-je pour laisser ce suspens que peu de personnes apprécient réellement « Qui dit-on il me semble, recherche à remonter la pente, peut-être devriez-vous vous renseigner en ce sens ? Un ordre a toujours besoin de mercenaire, des mercenaires d’informations et chose plutôt pertinentes c’est exactement ce dont le vieil ordre traite… »

Jugeant qu’il est bon d’utiliser le silence dans ce genre de conversation, je le laisse s’insérer sans l’ombre d’une hésitation. Mon masque bancal jusque-là finit par se réinstaller alors que j’avise désormais silencieusement celle qui s’amuse avec son jouet digne d’un cadeau, peut-être d’un héritage. Devais-je être impressionnée ? Ou faire semblant de l’être ? J’avais dû cligner un long moment des cils avant de réaliser l’étrangeté de la situation et de cesser, prenant une mine à la fois plus sérieuse et plus méfiante. N’était-ce finalement pas ça la réaction attendue ? Sans quitter des yeux le mouvement de la lame, parfois illuminée par un rayon de soleil trop absent à mon goût, je n’avais pu que soupirer sans trop en comprendre la raison, la source. L’impatience ? Sans doute. L’histoire commençait à s’éterniser désagréablement, moi qui espérait voir l’ensemble débarquer, régler le problème et disparaître, aurais-je sans aucun doute eu plus de facilité à m’en charger moi-même, aurais-je même gagné un repos, une offrande pour Etiol, ainsi que pour ma charmante réputation de donatrice. La réflexion faisait fumer les esprits embrouillés par la présence de la fange, le mien c’était plus silencieux alors que mes lèvres s’écarter pour revenir sur cette fameuse amorce de proposition, avant de me faire interrompre par un hurlement.

Instinctivement, mes deux prunelles s’étaient fixées sur la source de cette nouvelle animation, détaillant sans horreur ni regret la présence du coupable, terrorisé par la mort à venir. Que le destin est amusant parfois, ou qu’Etiol est généreux avec moi… La deuxième supposition était largement plus agréable, plus réconfortante, finalement mon problème allait pouvoir se régler rapidement, joie. Un nouveau sourire avait fini par se former sur mes lèvres, sourire de satisfaction de plaisir, accompagné par cette étrange étincelle au fond des yeux.

La question fut posée, alors que l’ensemble contemplait le délicieux spectacle qui se jouait à l’extérieur. Mes paupières se fermaient lentement, simplement pour savourer la présence de la peur, la crainte de la mort, les gémissements plaintifs et les poings qui s’abattent avec la force du désespoir sur ma porte. Un frisson agréable cette fois, presque d’excitation finit par traverser l’ensemble de mon être, mhhh pourrais-je presque rester là, m’installer contre la porte, savourer la fin, la mort. Je ne suis pas seule malheureusement et quand la voix de ma comparse féminine finit par briser mon plaisir, je ne peux que rouvrir les yeux, la détaillant avec cette semi-intensité que je tente de contenir. Choisir, toujours choisir, c’est presque naturellement que j’eus envie de le laisser le hasard réponde à la question. Impossible cependant de paraître sans cœur, impossible oui, mais terriblement tentant.

- « L’argent n’est pas toujours la meilleure chose à suivre» soufflais-je lentement « Si j’ouvre, nous sommes tous en danger, faut-il aller vite, si on le laisse derrière la porte, il y a des chances que la créature s’intéresse à la bâtisse… le choix est difficile »

Pas du tout, il fallait bien l’avouer, plus je prenais le temps d’hésiter, plus j’avais une chance d’entendre les gémissements définitifs de l’homme dont je voulais absolument me débarrasser. Malheureusement pour moi, la fange semblait avoir déjà suffisamment mangé et si les couinements éloignés et étranges s’approchaient signe que le dessert finirait par être consommé, cela mettrait sans aucun doute trop de temps pour me soulager de ma terrible épine du pied. La mercenaire n’avait pas pu s’empêcher de paraître insistante, provoquant un nouvel élan d’agacement difficilement camouflable, c’est donc à contrecœur que je prenais –ce qui me semblait être la mauvaise- une décision.

- « Faites le rentrer… Je ne suis pas un monstre » soufflais-je peu convaincu moi-même « Faites vites cependant et si une créature est trop proche, qu’il reste dehors, nous n’allons pas nous sacrifier pour ce type de personne.»

Ainsi je laissais l’horrible action se réaliser par des mains qui ne m’appartenaient pas. De mon côté, j’avais déjà retrouvé le réconfort d’un verre d’alcool fort, verre qui devait être resté là depuis la veille au soir, fallait-il désormais descendre les marches pour observer le sauvetage définitivement indésirable. L’homme s’écroula sur le sol, gémissement, pleurant autant qu’il le pouvait, susurrant des remerciements –qu’il ne pensait sans doute pas réellement-, immobile, je restais droite, laissant le liquide tournoyer dans le récipient. Cela ne m’amusait plus.

- « Il n’est pas libre ici » rétorquais-je à l’intention des mercenaires « Après tout, je ne suis pas un monstre, mais je ne supporterai pas de voir celui qui m’insupporte et qui abîme le peu que je possède fanfaronner juste par sa présence » j’étais amère, pleine de déception de ne pas avoir pu contempler sa dépouille se faire dépiauter par les créatures « Faites en ce que vous voulez, mais je veux avoir la certitude qu’il ne recommencera plus aucun méfait… Qu’est-ce que vous feriez vous à ma place ? » grognais-je presque, en détaillant chaque membre du groupe.

Lui ? Il suppliait sur le sol, comme un mendiant qu’il était loin d’être, espérait ne pas retourner dehors, s’excusait et promettait déjà mille et une chose dont la simple phrase que cela ne se reproduirait plus. La peur faisait dire bien des idioties, j’étais certaine qu’à peine aurait-il oublié cette affaire que les dégradations reprendraient… Si seulement avait-il pu se faire bouffer.

- « Bien, suis-je curieuse, jouons à un jeu. Si je gagne, vous devrez réaliser ce pour quoi je vous ai fait venir : trouver et faire passer l’envie au responsable des dégradations de recommencer par tous les moyens possibles… Si je perds, j’accepte les excuses et je vais faire semblant de les croire, le contrat prendra fin, vous serez bien évidemment rémunéré quand même. »

Mes lèvres s’étirèrent en un fin sourire, le jeu s’était mon domaine théoriquement, il fallait constituer une équipe, théoriquement oui, ceux pour la défense du noble emmerdeur qui aurait dû crever en couinant comme un lapin et l’autre pour la condamnation, mon côté somme tout compréhensible logique et raisonnable.

- « Je vous laisse choisir votre groupe, les règles du jeu sont simples deux épreuves imposées par les adversaires. En cas d’égalité, une troisième épreuve identique plus complexe sera à réaliser, simple non ? »
- « Elle est folle… »

Un murmure simplement, camouflé dans une quinte de toux que tous savaient fausse. Les genoux tremblants, venait-il de se redresser en sursautant alors que les ongles tranchants venaient jouer avec la pierre de la bâtisse. L’idée était plutôt simple, restait encore à savoir si l’ensemble se prêterait au jeu ou si une autre solution serait mise en avant.
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