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 Quelques pirouettes au vent mauvais

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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyMer 24 Juil 2019 - 16:02
Quelques pirouettes au vent mauvais B1358713

Deuxième semaine de février 1166 au Goulot - C’était vraiment une sale journée. Une de ces journées qui débutent dans le froid, réveillée par son estomac tordu par la faim, sous une aube grise et humide, sans lumière, et qui se poursuivent dans une succession d’échecs, comme des dominos dressés les uns contre les autres entraînés dans une chute inexorable. Alaïs avait d’abord été dérangée par une bagarre d’ivrognes, qui l’avait tirée de son refuge derrière une taverne miteuse entre deux piles d’ordures moisies, pour découvrir que le maigre quignon de pain sec qu’elle avait économisé de la veille avait été dévoré par un rat plus gros qu’elle. Maussade, rongée de fatigue et de faim, elle s’était trainée en direction d’une petite place où se tenaient quelques étals trop miteux pour appeler ça un marché. Rassemblement hétéroclites de crève-la-faim tentant de troquer leur peu de trésors glanés ça et là, comme elle, de rapines, d’aubaines tombées d’un chariot ou de plus sombres trafics dont personne ne voulait entendre parler.

De son côté, elle n’avait rien à échanger si ce n’était son maigre paletot de cuir élimé qui ne suffisait même pas à arrêter la bise glacée qui s’infiltrait par tous les interstices possibles de son vêtement. Alaïs circulait entre les étals en serrant ses bras contre elle, pour faire rempart au froid et se mit en quête de quelque activité qui comblerait le gouffre infâme et torturé de son abdomen creusé. Elle ne pouvait penser qu’à ça. La faim occupait toutes ses pensées, plus encore que le froid qui engourdissait ses pieds et ses mains, et lui craquelait les lèvres. Il fallait qu’elle mange. Elle ne se souvenait plus de son dernier repas, et elle se surprenait à dormir partout, à toute heure de la journée, durant de plus en plus longs moments. Cela ne voulait dire qu’une seule chose : elle s’épuisait, et bientôt le froid l’emporterait sans qu’elle s’en aperçoive.

Elle se souvenait de cette gamine qu’elle avait rencontrée, peu après le départ de son père pour le Labret. Elles s’étaient serrées l’une contre l’autre, une nuit, sans même se connaître ni échanger un mot, juste pour se tenir chaud. Au lendemain, quand elle s’était réveillée, Alaïs avait trouvé la petite accrochée à elle, ses doigts durcis agrippés à sa taille, rigide comme une statue de glace, à jamais endormie, un léger sourire aux lèvres. Elle avait l’air si paisible alors, cette mioche dont elle ne connaissait même pas le nom. Il n’y avait eu ni célébration ni enterrement pour cette petite, à peine Alaïs avait-elle eu le temps de déposer un baiser sur son front que deux types affublés d’une charrette macabre étaient passés pour la ramasser et la brûler sur la grand place, là bas où le feu ne tarissait jamais, nourri des chairs des habitants de Marbrume. Alaïs l’avait regardée partir, cette odieuse charrette, sans piper mot, privée depuis longtemps de ses larmes. Son coeur devenait froid, lui aussi.

Alors, elle se forçait à bouger, à ne pas s'asseoir pour mendier dans la boue, elle qui autrefois n’était jamais capable de rester plus de cinq minutes le cul assis sur une chaise. Les étals étaient désespérément vides ce jour là, et elle ne s’était pas réveillée assez tôt pour glaner les premières marchandises. La taverne où elle passait quelques fois était fermée. Il y avait eu un mort là bas, semblait-il. Elle fut soudain projetée de côté par un milicien qui passait en patrouille et qu’elle n’avait pas entendu dans son dos. Elle roula contre un mur, au milieu des déchets, le souffle coupé par le choc. Elle se releva laborieusement, en grognant de douleur pour ses côtes déjà malmenées par la faim. Elle fut tentée d’invectiver le malotru, mais de toute façon, il avait déjà filé, et c’était là encore un moyen de s’attirer des ennuis dont elle n’avait pas besoin.

Elle se résolut alors à remonter un peu les rues, vers le Nord, bien qu’elle s’abstienne expressément d’approcher de la Hanse, depuis que les horreurs de Fangeux s’étaient infiltrées là bas. Rien que d’y penser, ses tripes se serraient de terreur. Elle savait ce qui lui restait à faire et sa bonne conscience de paysanne bien élevée lui vrilla un instant les idées. Elle l’oublia bien vite, sa conscience, cependant, rattrapée par l’impérieuse famine de son ventre. Elle se glissa dans quelque passage, puis déboucha sur une autre place, plus grande que la première et bien plus fréquentée. Là se mêlait tout un peuple plus bigarré que les Bas-Fonds. On y trouvait des gens un peu moins infortunés, bien que pauvres et mal lotis. Alaïs se mit en chasse, la tête basse, sa mince silhouette peu remarquable dans la foule. Elle repéra une sacoche en bandoulière légèrement entrouverte par la bousculade et saisit sa chance. Elle s’approcha assez pour se couler contre sa victime, et glissa ses doigts fins et agiles dans l’escarcelle. Quelle ne fut pas sa déception de n’y trouver que quelques papiers roulés. Probablement un bureaucrate des beaux quartiers. Et pas même une piécette ou une bourse qu’il devait garder bien ailleurs.

Aussitôt, elle fut ravalée par la foule des badauds et sa proie disparut au loin. Découragée, elle alla s’asseoir un instant près d’une petite fontaine et avala quelques gorgées d’eau glacée pour calmer quelques crampes d’estomac. Elle dut y demeurer plus longtemps qu’elle ne le pensait car soudain la masse de la populace lui sembla se faire moins compacte. Le jour descendait vite à cette période de l’année et ce jour sans soleil allait bientôt s’éteindre. Elle fixait les étoiles, Alaïs, se demandant si le destin allait finalement se décider à lui sourire, et elle soupira longuement, coudes sur les genoux. La journée ne pouvait pas se finir ainsi, c’était trop triste et trop lugubre. Et ça ne résolvait pas son lancinant problème. Alors qu’elle massait sa poitrine douloureuse, elle toucha du bout des doigts son trésor caché, celui qui lui redonnait toujours du courage et du baume à ses rêves brisés. C’était une belle étoffe d’un bleu profond brodé d’étoiles dorées, le genre d’étoffe qu’une paysanne comme elle aurait mis une année au moins à payer. Le seul et unique héritage que lui avait légué sa mère, bien involontairement, avant de s’enfuir de la maison familiale.

Et Alaïs retrouva un semblant de sourire. Il lui restait encore un peu d’énergie, et quelques idées pour retourner le sort à son avantage. Elle se dirigea naturellement vers le centre de la place désormais libéré et échauffa quelques peu ses muscles engourdis. Elle n’aimait pas habituellement se produire dehors. Déjà parce qu’on s’y écorchait facilement les mains et les pieds sur toute sorte d’objets pointus et qu’on glissait rapidement sur un papier gras ou une flaque de verglas. Et puis, ce n’était jamais très sûr, on était jamais à l’abri d’une mauvaise rencontre, et attirer l’attention sur soi faisait de vous une cible facile. Mais elle avait désespérément besoin de manger, et l’opportunité était trop belle. Quelque badaud lui lâcherait peut être un quignon de pain rassis ou un reste de bouillon dans une écuelle. Elle se plaça sous un endroit un peu éclairé et commença ses cabrioles, interpellant les gamins qui passaient par là, agitant la longue étoffe de son foulard au rythme de ses bras.

Comme une nuée de papillons attirés par le feu, des gamins commencèrent à s’approcher et à se rassembler autour d’elle, tandis qu’elle effectuait quelques saltos habiles, atterrissant dans une flaque pour les faire rire. Elle bondissait comme un chat, marchait sur les mains en effectuant quelques mimiques comiques, et les gamins se mirent à frapper de leurs menottes pour l’accompagner. Le souffle court, Alaïs ne sentait plus le froid ni la faim. Elle souriait à tous, et haranguait les passants, d’une petite apostrophe insolente ou d’un sourire taquin, virevoltant de ci de là, bondissant sur un étal effondré, faisant mine de tomber pour revenir rouler vers les mioches enthousiastes. Quelques passants plus âgés s’attroupèrent à leur tour pour mieux la voir faire ses pitreries, et Alaïs sentit que sa chance allait peut être lui sourire. Alors elle fit ondoyer son foulard sous le nez de ses spectateurs d’un instant, tâchant de les retenir, espérant qu’ils daigneraient lui rendre un peu de ses efforts sous la forme d’une offrande, mangeable de préférence.

Elle fut tirée brutalement de ses espoirs par une soudaine traction en arrière, sentant une résistance mal venue sur le foulard qu’elle tenait à bout de bras. Un type malodorant, exhalant une vinasse de piètre qualité s’en était emparé, visiblement charmé par le mouvement de l’étoffe au point d’y succomber et elle l’apostropha vertement pour s’en libérer.

“Eh c’est à moi ! On regarde mais on ne touche pas ! Bas les pattes malotru !”

Mais l’homme, loin de vouloir y renoncer, tira de plus belle de son côté, puis non content de raffermir son emprise sur la fine étoffe de tissu, agrippa à son tour le bras fin de sa propriétaire, tandis que la foule se dispersait déjà, bien peu disposée à intervenir dans un sens ou dans un autre. La brute était plus forte qu’elle ne l’avait escompté, d’une force décuplée par l’ivresse et souffla au visage d’Alaïs, qui se débattait désormais comme un chaton furieux pour recouvrer sa liberté.

“D’où c’est t’y qu’tu viens ma jolie ? Tu voudrais pas danser juste pour moi, hein ? Attends, c’est moi qui va t’faire danser, tu vas voir…”

Mais au lieu de lui répondre, la petite blonde rejeta la tête en arrière en beuglant à plein poumon, dans l’espoir que quelqu’un, n’importe qui, vienne interrompre l’altercation, empêche l’homme de la peloter, alors qu’elle sentait déjà ses mains se promener là où elles n’avaient rien à y faire. Dans un mirage inespéré, elle aperçut justement l’éclat d’une chevelure blonde non loin de là, comme une silhouette de femme avec un panier au bras. Elle n’en cria que plus fort, alors que l’homme menaçait de la cogner pour la faire taire.

“Eh à l’aide, à moi ! Au secours !”

Il n’y avait pas à dire, c’était vraiment une sale journée.


Dernière édition par Alaïs Marlot le Mar 27 Aoû 2019 - 18:46, édité 2 fois
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 22:36




Alaïs M, Karl S & Ambre R

16 Février 1166

C’était un jour gris et froid. Un jour qui ne donnait envie de rien faire à part se prélasser dans son lit. Enfin, si l’on oubliait la faim qui vous tiraillait votre estomac et votre lit aussi confortable qu’une planche de bois à même le sol. Ambre s’était donc, comme à son habitude, levé aux aurores ce matin-là. C’était devenue impossible pour elle de se lever tard depuis la naissance de Norbert. Une habitude qui avait persisté malgré sa disparition, remplacé par les maux de ventre lié à la famine et au silence vide de sa maison remplissant tout son être avec une lourdeur oppressante. C’était donc devenue une routine pour elle de se lever aux premières lueurs du jours, se traînant sans détermination jusqu’à son plan de travail pour tisser, encore et encore, dans l’espoir d’oublier ce vide dans son cœur que ses enfants avaient laissés.
Et pourtant, aujourd’hui, il faisait tellement gris que la lumière arrivait à peine à percer dans les vitres de sa bâtisse. Cela ne l’avait bien évidemment pas empêché de se pauser lourdement devant son métier à tisser comme tous les matins. Sans y penser, ses doigts fins commencèrent à filer la laine dans un geste rapide et habile. Depuis des mois, elle ne réfléchissait même plus à ce quelle faisait. Il s’agissait d’un travail de quantité plutôt que de qualité. Les gens ne s’intéressaient pas d’avoir une jolie tapisserie ou de jolis vêtements. Oh non, maintenant il fallait des tissus épais pour se couvrir du froid, des vêtements pratiques et durables. C’étaient donc un travail sur la longueur qu’effectuaient Ambre tous les matins, ouvrant sa boutique l’après-midi. Il n’y avait malheureusement souvent personne depuis la Fange, et l’échoppe était de plus en plus souvent fermés pendant des journées complètes, n’ayant rien à vendre. Il était dur pour la jeune femme de gérer une affaire comme celle-ci, seule. En plus de cela, sa bonté naturelle l’amenait forcement à utiliser ses précieuses ressources obtenues dans l’aide aux malheureux du goulot. Souvent, elle utilisait son surplus de tissus pour faire des morceaux des couvertures pour survivre dans la rue, et s’affamait même quelques fois pour fournir le pain aux nécessiteux plutôt que de se nourrir elle-même. Ce n’était pas des choix qu’elle regrettait, bien que la vie fût difficile, elle voulait aider au maximum.
Hélas, la période était encore plus compliquée que d’habitude, et la tisserande n’avait plus beaucoup d’argent pour subsister. Ses visites aux goulots c’étaient donc faites rares voire inexistantes ces derniers temps, passant ses journées à tisser, encore et encore. Ainsi, ses stocks se remplissaient petit à petit et les acheteurs venait un peu plus régulièrement. C’était un travail harassant, laissant ses doigts abimés et ses yeux cernés. La course à la vie était devenue quelque chose d’extrêmement pénible. Un bâillement instoppable lui prit, la sortant de son labeur. Ambre se tourna vers les fenêtres. Il faisait toujours aussi sombre, mais la vie c’étaient mise en marche et les rues étaient emplies de roturier essayant de gagner durement leurs pains. Ambre soupira. Il était l’heure d’aller voir Karl.


Depuis la Fange, la jeune femme s’efforçait de rendre visite une fois par mois à l’homme. Ils n’étaient pas pourtant amis, mais un lien complexe c’était créée entre eux. Ami d’enfance de son mari Arsène, elle avait rencontré très tôt Karl et sa compagne après son mariage. Elle n’avait jamais vraiment parlé à cet homme à cette époque, laissant les hommes dans leurs affaires d’hommes, riant fort et buvant jusqu’à plus soif. C’était donc tout naturellement qu’elle c’était rapproché de sa femme, Léti. C’était une femme formidable, joyeuse, extravertie. Tout l’inverse d’Ambre. Elles étaient très vite devenues très proches, se racontant tout. Léti était très amoureuse de son mari, au contraire du couple de notre héroïne. Alors quand la jeune femme tomba enceinte du petit Norbert, alors que les deux entichés essayaient de concevoir depuis des années, la douleur fut grande pour eux deux. La femme de Karl devint très fusionnelle avec Ambre et son bébé l’année qui suivi. Surement est-ce l’élément déclencheur qui la fit aller acheter un sombre remède contre l’infertilité au goulot. La petite blonde était bien évidemment au courant, et bien qu’elle l’ait mis en garde sur ce genre de potion miracle, elle ne l’empêcha de rien. A son grand désespoir, Léti s’éteignit quelques semaines plus tard. La demoiselle qu’elle était porta sur ses épaules la culpabilité pendant des mois, des années. De son point de vue, il était clair que tout était sa faute, de sa grossesse à son inaction quant aux actes clairement risqués de son amie. Elle en avait parlé à son mari, Arsène. Mais celui-ci fut très peu compréhensif. Surement lié au fait qu’ils n’avaient jamais eu de sentiments dans leur couple et ne comprenant pas la douleur qu’avait pu vivre Karl et Léti. Il interdit donc à sa femme d’en parler à son ami, l’accusant d’exagérer sur la situation, comme toutes les bonnes femmes. Les années passèrent donc doucement. Ambre croisa Karl de nombreuses fois, et la souffrance dans ses yeux bleus la rendaient un peu plus mal à chaque fois. Elle voyait le regard de l’homme s’assombrir à mesure que Norbert grandissait et s’épanouissait. Elle ne disait rien.
Puis la Fange arriva. Norbert et Arsène disparurent, laissant un vide dans son cœur de maman. Son cœur de femme, lui, ne ressentit qu’un léger pincement. Elisabeth était encore bien présente, et elle sacrifierait tout ce qu’elle avait pour son bonheur. C’est quelques semaines après le début du fléau qu’elle croisa le vendeur de grain. Il semblait au plus mal. Elle l’invita dans sa boutique, désormais vide. Ils n’avaient pas grand-chose à se dire, mais au cours de la conversation, la blonde ne put s’empêcher de lui dire ce qu’elle savait sur la mort de sa femme, se libérant d’un poids immense. Alors qu’elle pensait s’attirer la haine du brun, il lui en fut reconnaissant et même redevable, car les mois qui suivirent il fut très présent dans la vie d’Ambre. Il fut présent quand Elisabeth décida de partir rejoindre son frère et son père. Depuis, il se voyait une fois par mois, peut-être moins parfois, partageant un repas. Malgré ça, ils ne se parlaient que très peu et restaient très distants. Ambre n’avait jamais été à l’aise avec les hommes, et Karl n’était pas le modèle le plus abordable. Leurs rencontres mensuelles se résumaient donc souvent à quelques phrases échangés autours d’un repas de plus en plus restreint. Mais cela suffisait à la jeune femme, lui permettant de se remémorer de doux souvenirs d’une époque maintenant lointaine.

La jeune femme se prépara donc à rejoindre Karl chez lui. Elle attrapa du pain pour le repas, priant que l’homme ai quelque chose de comestible, s’attacha les cheveux promptement et parti à la hâte. Ambre n’aimait pas aller au port. L’odeur qui y régnait ainsi que l’ambiance moite et les rires gras des pêcheurs l’irritait au plus haut point. Elle traça donc sa route rapidement, le nez sur le sol pavé et arriva dans la petite boutique de grain de l’homme. Elle était minuscule et faisait peine à voir. Au final, son ami avait suivi quasiment le même parcours qu’Arsène avec quelques années d’écart. Obligé de revendre sa faste et luxuriante boutique pour un petit bouiboui à peine convenable. C’était une vie moyenne, mais qui des deux iraient se plaindre, quand on voyait la misère à chaque coin de rue ? Avoir un toit était déjà une chance incroyable à Marbrume. La blonde toqua. L’homme au regard azur lui ouvrit avec un grognement. Elle ne savait jamais si cela lui faisait plaisir de la voir, ou s’il faisait simplement par devoir envers Léti. Mal à l’aise comme à son habitude, Ambre entra avec quelques mots sans originalité. La boutique de grain de l’homme, bien que petite, était très bien rangé. Rentrant chez lui par l’arrière-boutique, la jeune femme remarqua que ses appartements étaient totalement impersonnels et plat. Surement n’avait il pas grand goût à se sentir chez lui, seul. Au final, sa maison ressemblait à la sienne par de nombreux points, si l’ont omettait les tissus et la laine présentes en grand bazar chez elle.
La barraque sentait le poisson, et elle trouva sans grande surprise du poisson frais que l’homme avait acheté. Bien qu’il ne le montrait pas, il était gentil et avait quelques attention, de temps en temps. Sans un mot, elle rempli son rôle de femme et fit à manger dans un silence ténu. Chacun savait le rôle à tenir et s’y tenait sagement. Le repas se passa doucement, les langues se déliant quelques fois pour quelques conversations sans intérêts. A la fin de celui-ci, la jeune femme demanda d’une petite voix



▬ "Karl ? Cela vous dirait de faire une petite balade dehors ? Je n’aime pas cela d’habitude, mais ce temps gris me mine le moral. En plus de cela j’ai passé ces derniers jours à tisser et je ne serais pas contre un peu d’air frais. Qu’en pensez-vous ? "».

Les joues de la jeune femme avaient rougi. Il s’agissait pourtant d’une proposition en tout bien tout honneur, mais la timidité de la tisserande rendait toute proposition difficile pour elle. Mais elle avait vraiment besoin de sortir. Depuis la prise d’otage et son agression, elle n’était pas beaucoup sortie et ce temps maussade n’aidait en rien. Alors marcher tous les deux, même silencieusement lui ferait du bien. Le regard inquisiteur de l’homme la fit frissonner. Il avait un regard tellement froid, elle s’attendait à tout moment à se faire envoyer valser à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Pourtant, l’homme accepta, non sans ronchonner dans sa barbe.
Il faisait froid. Pourtant, ils marchèrent longtemps, côte à côte, sans un bruit. Ambre profitait de l’air frais, sachant qu’elle ne risquait pas grand-chose à côté d’un homme. Personne ne viendrait lui chercher des ennuis. Avaient-ils marché si longtemps ? Le repas avait-il duré plus longtemps qu’elle ne le pensait ? Elle n’en savait rien, mais le jour commençait déjà à décliner et elle n’avait aucune idée du lieu où l’ils étaient. Comme pour accentuer cette petite pointe d’anxiété qui venait de s’installer dans son ventre, la jeune femme entendit un cri. Un cri de femme. La tisserande attrapa le bras de Karl et lui lança un regard rempli d’inquiétude.



▬ " Vous avez entendu ? Il faut y aller tout de suite ! "».

Il faut croire que ses dernières mésaventures ne lui avait pas servit de leçon. Sans réfléchir, elle se dirigea vers le cri qu’elle venait d’entendre. Elle avait clairement perçu le cri d’une femme. La peur au ventre, elle arriva vers une petite place vide. A l’autre bout de celle-ci, elle vit un homme en train de tenir violement une jeune femme à la chevelure de feu. L’estomac d’Ambre se retourna, se rappelant sa propre expérience avec Mederick. Il était hors de question qu’une personne vive la même expérience qu’elle. Sans même regarder si Karl la suivait, elle se dirigea en quelques enjambés vers l’homme. Celui-ci parut décontenancé qu’une petite bonne femme riquiqui ose s’approcher d’une scène d’agression comme celle-ci. Cependant, Ambre n’avait pas froid aux yeux et elle n’hésita pas à apostropher l’inconnu.



▬ "Qui êtes-vous ? Qu’est ce que vous faites bon ? Vous connaissez cette petite ? Vu ou vos mains sont placés je doute que vous lui vouliez du bien ! "».

Lancer de dès a écrit:
Lancé de dès 20; Résultat 19. "Ressert sa prise sur Alaïs et gifle violemment Ambre"

L’homme la regarda avec des yeux ronds. Savant mélange de surprise et d’énervement. A sa grande surprise, l’inconnu serra avec hargne la petite rousse qu’il détenait déjà de sa main droite.



" Zetes qui vous ? Pour qui v’vous prenez ? Elle est à moi si j’veux ! Zetes pas mal aussi en soi, j’suis sur j’peux faire quequ’chose de toi aussi, viens la p’tite blonde "».

D’un sourire malsain, il attrapa Ambre par le col de sa robe. Surprise, la petite blonde poussa un cri de surprise et le repoussa violemment. Le malotru lâcha sa prise et grogna. Elle commençait à lui courir sur le haricot cette petite chose blonde. Pour la calmer, il lui retourna une gifle magistrale du plat de sa main libre. Le choc fit tomber la jeune femme en arrière et elle tomba sur les fesses avec surprise. Elle se tint la joue qui commençait déjà à la bruler tout en le regardant avec de grands yeux. Sans la moindre attention, il attrapa la blonde, cette fois ci beaucoup plus docile et regarda successivement ses deux prises avec un regard fiévreux.



"Une blonde et une rousse. Me v’la comblé pour c’soir tiens. "».

Ambre, encore plus pâle qu’a l’accoutumé, cria à son tour.


▬ "Iiiiiih, Kaaaaaarl ! "».
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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyDim 18 Aoû 2019 - 14:26
C'était la journée d'Ambre.
Il avait troqué du poisson contre quelques poignées de grains avec un pêcheur du coin pour recevoir convenablement la tisserande. Il savait qu'elle ne mangeait pas à sa faim et qu'elle partageait ses maigres ressources avec les miséreux qui se présentaient à elle.
C'était son principal défaut, elle était trop gentille, tellement qu'elle continuait de rendre visite à l'homme qu'il était devenu, sans doute par respect pour Léti.

Karl s'installa sur une chaise, il n'était pas l'homme le plus joyeux et penser à sa femme ne l'arrangeait pas. Elle lui manquait autant qu'il lui en voulait d'avoir choisi le secret à la confiance, il était convaincu qu'il aurait pu la sauver.
C'était pour cette raison qu'Ambre restait l'une des rares personnes à avoir sa confiance inconditionnelle, par respect pour ses aveux, une dette qu'il estimait ne pas avoir remboursée. Elle avait eu le courage de révéler ce lourd secret au détriment de la mémoire de son amie pour sauver Karl qui continuait de s'enfoncer dans sa morosité.

Depuis, il faisait en sorte de lui offrir au moins un repas décent dans le mois et ne rechignait pas à lui offrir son aide quand elle en avait besoin, même si son caractère et son travail ne faisaient pas de lui une personne disponible.
Elle avait un passe droit et c'est pour cette raison qu'il lui avait gardé sa journée, ses affaires pouvaient attendre la fin de leur rencontre mensuelle.
Il pensait encore avoir le temps de refaire ses comptes quand on toqua à sa porte, dérangé dans ses calculs il se dirigea vers la porte dans un soupir, la jeune femme blonde se tenait dans l'encadrement et il se décala pour la laisser entrer.

Ils ne parlaient que très peu et après quelques banalités, elle s'était déjà mise au travail pour préparer le repas, sans doute le seul un peu sophistiqué depuis la dernière fois, il se contentait d'un repas frugal habituellement.
Il retourna sur sa chaise après avoir déposé un pichet d'eau sur la table et observa la veuve d'Arsène. Elle était son lien avec un passé plus clément et moins compliqué, un passé qu'il regrettait comme beaucoup à Marbrume.
Ambre devait le regretter aussi, non pas pour son mari mais pour ses enfants même s'il n'avait pas eu la chance d'être béni par Serus, il ne doutait pas de la douleur qui habitait la jeune femme de vivre un jour de plus sans sa progéniture.

Après un repas plutôt silencieux entrecoupé de quelques mots, Ambre osa changer leur routine en proposant de sortir pour marcher dans la rue.
Elle devait juste avoir besoin de prendre l'air sans se faire siffler par des hommes peu scrupuleux et qui ne voyait en elle qu'une petite chose fragile. Il poussa un grognement avant de hocher la tête, cela lui ferait du bien aussi.

« Je prend mon manteau. »

Ce n'était pas désagréable de marcher dans les rues sans réel but, juste de passer du temps aux cotés de quelqu'un que vous appréciez sans forcément avoir besoin lui de parler, cela convenait à son caractère taciturne.
Mais rien n’était jamais calme bien longtemps dans le Goulot, un cri de femme et Ambre qui s'accrocha à son bras l'ont sorti de sa rêvasserie.
Elle n'attendit pas qu'il réagisse et se précipitait déjà sur la scène. Trop gentille, maugréa le contrebandier.

Une banalité dans les Bas Quartier, un homme alcoolisé s'en prenait à une jeune fille trop faible pour lui résister. Personne ne viendra l'aider car chacun cherchait à survivre et la première règle c'était de s'occuper de ses affaires.
Sauf qu'un bout de femme blond en avais décidé autrement, elle agrippait la main du poivrot pour le faire lâcher sa proie. La dure réalité s'appliqua à Ambre et d'un revers de la main, il l'envoya à terre avant de s'emparer d'elle dans un rire gras, une dans chaque main.
La blonde chercha Karl du regard en criant son nom.

Karl avançait déjà à grands pas vers l'individu, sans être un héros il était redevable à Ambre et avait l'avantage car l'homme était trop occupé à savourer sa domination.
Arrivé face à l'homme, ce dernier lui retourna un regard circonspect alors que la lame d'un surin tenu par la main intacte du contrebandier embrassait sa gorge sans pour autant lui délivrer son baiser fatal.

« Tu as eu assez de sensations pour t'occuper cette nuit. On en reste là. »

Karl garda son calme endurci par ses descentes régulières dans le Goulot depuis plus d'une année, il suffit souvent d'un d'un air déterminé et de laisser une ouverture où tout le monde s'en sort en vie pour désamorcer ce genre de petits conflits.


Rand:

Malheureusement pour le contrebandier, souvent ne veut pas dire toujours. L'agresseur relâcha ses deux proies mais profita que Karl relâchait la pression sur sa gorge pour écarter la main armée d'un geste vif et de lui envoyer son poing libre dans le visage.
Le contrebandier encaissa cette droit d'ivrogne dans un grondement et recula de plusieurs pas, un goût métallique dans la bouche. Il secoua la tête, légèrement sonné tout en essayant de reprendre ses esprits.
Ce fut au tour de son adversaire de faire des erreurs, la première fut qu'il prit le temps de le narguer et la deuxième c'était d'oublier les deux femmes, dont une rouquine revancharde.

« T'es pas bien large pour te permet' ce genre de truc, mon gars ! Je vais t'apprendre l'respect et après j'vais bien m'amuser de tes deux cop... »


Un pied percuta son entrejambe et lui coupa le sifflet, l'alcool de n'aidant pas il tomba à genoux dans un souffle rauque une main sur son aine douloureuse et l'autre ouverte sur le sol pour maintenir son équilibre.
Un sourire étira la bouche de Karl alors que la rousse cracha sur l'homme en souffrance, il surprit même la tisserande un sourire aux lèvres malgré son air effaré.
Il ne laissa aucune chance au poivrot et profita de son impuissance pour lui écraser la main d'un coup de talon en cuir. Le bruit que fait la pogne de laissait aucun doute sur la fracture, ni le hurlement qui s'en suivit.

« On rentre. »

Il attrapa la main d'Ambre et l’entraîna avec lui, pour revenir sur leurs pas en direction du Port. Il eut un regard pour la jeune fille qui ne payait pas de mine, débrayée aux yeux brillants.
Il se persuada que c'était par simple intérêt qu'il indiqua à l'acrobate de le suivre avant de se diriger vers sa petite boutique, en sécurité.
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyDim 18 Aoû 2019 - 21:02
Quelqu’un était venu. Le secours avait pris la forme d’une petite blonde à peine plus haute qu’elle, et qui avait tenté vaillamment de faire face à l’ivrogne à la force décuplée par l’alcool et un désir pernicieux. Mais la pauvrette avait volé aussi vite que son courage l’avait portée là et c’est un homme qui avait débarqué ensuite, relâchant Alaïs de sa poigne de fer. A peine le temps de se masser les poignets que son nouveau sauveur se faisait à son tour injustement repousser alors qu’il tâchait de négocier la reddition de l’ivrogne avec l’éclat de son poignard. Alaïs fut même étonnée qu’il n’en fasse pas usage tout de suite. Dans le Goulot, les avertissements étaient un luxe que peu pouvait s’offrir. Peut être était ce un genre de gentilhomme ? Toujours était-il qu’il venait de payer chèrement sa politesse.

Alaïs, elle, n’en eut aucune. Juste le temps de se reprendre, de masser ses poignets endoloris, et elle jeta sa jambe en avant, visant les points les plus faibles et les plus tendres de son agresseur qui lui tournait désormais le dos. Elle y mit toute sa hargne pour faire bonne mesure, se réjouissant du cri peu viril que l’individu poussa avant de s’écrouler sur les genoux. Le gentilhomme, lui, avait pris une expression furieuse, la mâchoire endolorie, et chargea de nouveau l’ivrogne pour lui écraser les phalanges, qui craquèrent dans un bruit sinistre, entraînant une nouvelle volée d’injures et de cris de souffrance. La petite blonde quant à elle, semblait un peu hébétée, et vu le coup qu’elle avait reçu en plein visage, Alaïs se sentit prise d’un élan de compassion.

Mais il ne fallait pas trainer. Qui sait si l’ivrogne ne cachait pas encore un tour dans sa manche ou si des amis à lui n’allaient pas sortir d’une taverne pour le venger. Alaïs ramassa son foulard, contourna le mécréant avec prudence, non sans lui lancer un crachat d’adieu bien senti au passage. L’homme vêtu de cuir attrapa la femme qui semblait être sa bonne amie ou une connaissance, lâchant un “On rentre” qui ne souffrait aucune discussion. Il semblait avoir eu la même idée qu’elle, sauf qu’Alaïs n’avait pas de chez elle où rentrer. Aussi, elle ne se fit pas prier quand elle le vit faire un signe dans sa direction, comme pris d’un vague remord ou d’un élan de générosité. S’il s’était trouvé seul, peut être y aurait elle réfléchi à deux fois avant de le suivre, mais la petite blonde qui l’accompagnait avait l’air si aimable et si gentille qu’elle se dit qu’elle n’avait rien à perdre à accepter l’invitation.

Du reste, elle n’eut pas le loisir de discuter plus avant que l’homme s’éloignait déjà à grands pas, pressé de quitter les lieux qui de toute façon n’avaient rien de plaisant pour une balade nocturne. Alaïs accéléra la cadence pour ne pas se faire distancer, grelottant sous son paletot trop mince qu’elle serrait contre elle, et se fendit d’un sourire une fois revenue à la portée de ses deux bienfaiteurs.

“Eh merci… J’ai bien cru que je n’allais pas réussir à m’en défaire… Moi c’est Alaïs, d’ailleurs, mais mes amis m’appellent Al’...” Elle tentait de jauger de ses deux nouveaux compagnons en tâchant de leur exprimer sa reconnaissance, tout en restant quelque peu sur ses gardes, méfiance oblige.

“Ce malappris vous a bien amochés tous les deux, c’est vraiment pitié qu’on ne puisse plus être tranquille nulle part… Si je peux faire quelque chose… Je vous en dois une !”

Et déjà ils s’enfonçaient vers les rues du port, qui dégageaient une forte odeur de marée et de vase, dans le froid de l’hiver, avant que de s’engouffrer dans une boutique étroite et sombre qui semblait constituer l’antre de leur compagnon masculin. Il ouvrit la porte d’autorité, après un rapide coup de clé et les invita à y entrer sans formalités inutiles. Alaïs observa l’intérieur sobre et presque dénudé comme s’il s’agissait là d’un véritable palace. Ici on ne sentait plus la bise glacée de l’extérieur et il régnait une tiédeur chiche qui lui évoquait des brasiers de fête lors des cérémonies dédiées aux Trois. Elle fut prise d’un grand frisson de tout le corps, comme si la vie dans ses veines reprenait substance et chaleur. Elle guida néanmoins la jeune femme blonde vers la première chaise qu’elle put distinguer, consciente que celle-ci devait se sentir encore secouée de la torgnole qu’elle avait reçue. Pour sa part, elle commençait à avoir l’habitude.

Elle se sentait maintenant un peu honteuse dans cet intérieur étranger, hors de tout danger mais entourée de deux inconnus qui vivaient là bien mieux qu’elle, d’une condition supérieure bien que précaire. Elle espérait secrètement n’avoir jamais détroussé l’un des deux lors d’une de ses journées de chasse, ironie du sort qui aurait été loin de la faire sourire. Aussi pour chasser la gêne qui s’installait au milieu de cette petite boutique de grains - semblait-il - elle attrapa un chiffon encore un peu humide sur le bord d’un petit évier de pierre, et le trempa dans un seau qui contenait un peu d’eau propre au premier regard. Elle approcha de l’homme dont la lèvre inférieure saignait abondamment et éleva son chiffon trempé comme on agite un drapeau blanc.

“Tu permets ? Il ne t’a pas raté on dirait…” Elle tamponna doucement la lèvre inférieure du bonhomme qui la dévisageait et en essuya le sang qui s’écoulait sur son pardessus avec toute la délicatesse dont elle était capable. Alaïs lui abandonna ensuite le torchon imbibé d’eau, faisant un pas en arrière pour lui rendre son périmètre de sécurité. “Il vaut mieux garder un peu de froid sur la lèvre, pour éviter que ça enfle…” Elle ne pouvait rien faire pour la joue cuisante de la jeune femme, pour ça il lui faudrait peut être un cataplasme de plantes, ce qu’elle ne pouvait pas se targuer de posséder. Elle continuait de se tenir debout, pas loin de la porte, comme un animal qui s’apprête à fuir à la moindre alerte. Les deux s’étaient montrés assez gentils pour l’éloigner du danger, il était peut être temps de retrouver l’extérieur et la nuit à laquelle elle appartenait.

“Enfin, voilà, je veux pas vous déranger… Merci encore.”
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyMer 21 Aoû 2019 - 0:48





Karl, Alaïs & Ambre

La prison solide qu'avait fait le malotru de ses mains sur Ambre n'avait duré que quelques secondes, heureusement pour elle qui avait commencé à suffoquer sous la prise. Malheureusement, à peine eu t'elle le temps de reprendre son souffle que son ami Karl se prit un coup de poings dans la face. La jeune femme laissa échapper un petit cri de surprise. Pauvre Karl. Elle s'en voulait à elle-même. Sa gentillesse avait causé du tort à quelqu'un qu'elle estimait, et c'était complétement sa faute si celui-ci venait de se faire blesser au visage. Elle se sentait si faible, si inutile. Un sentiment qui lui serrait le ventre au point d'en avoir mal. Elle se détestait, et ce genre de situation dans lequel elle avait le don de se fourrer n'aidait en rien.

Son esprit revint à la situation. Tétanisé par la peur, et peut être suite au choc plus violent que prévu qu'elle avait reçu et qui lui brulait encore la joue, une question urgente se posait. Que faire ? Elle ne se sentait pas en état de recevoir une deuxième gifle, mais elle voulait aider l'homme qui n'avait pas hésité à la suivre dans cette aventure. Avant même qu'une idée potable ne lui vienne à l'esprit, elle vit le pied de la petite rousse voler vers les bourses si fragiles de l'agresseur. Un cri digne d'une jeune femme en fleur surprise avec son amant sorti de sa bouche déformé par la douleur. Un cri qui fit sourire Ambre malgré elle, bien qu'un sentiment mitigé de surprise s'y mêlait. Cette gamine n'avait peur de rien et avait beaucoup de courage ! Une fois de plus, elle se sentait bien inutile. Son ventre se serra un peu plus.

Alors que la jeunette cracha sans vergogne sur le malfrat (Et c'était tout à fait mérité), Ambre se rapprocha à la hâte de Karl. Inquiète, elle passa sa main avec délicatesse prêt de sa lèvre légèrement éclaté après le coup qu'il avait subi. Il ne réagit pas particulièrement, mais la tisserande remarqua tout de suite son regard froid encore empli d'une certaine haine que l'adrénaline avait dû faire monter. Elle aurait voulu s'excuser, le remercier, mais le voir ainsi blessé par sa faute avec ce regard lui donna un frisson. Il faisait peur.
Elle voulu ouvrir la bouche pour baragouiner des excuses, quelque chose, mais son acolyte lui attrapa la main pour la trainer jusqu’au port. La violence avec laquelle il l’emmena failli la faire tomber, mais elle réussit à suivre son rythme en trottinant, sa main dans celle de son ami. Elle remarqua que le vendeur de grain avait fait la proposition à la jeune inconnue de les suivre. Tant mieux, car celle-ci l’intriguait vraiment et elle ne semblait pas savoir où aller. Bien qu’elle semblât assez débrouillarde, elle ne voulait pas laisser une jeune fille comme elle dans la rue. Celle-ci commença à se diriger vers eux. La tisserande rougit, réalisant que Karl ne semblait pas la lâcher. Le contact physique avec un homme n’était pas dans ses mœurs, et la jolie rousse pourrait se faire des idées sur leur relation, ce qu’elle ne voulait pas ! Elle appela Karl d’une petite voix.


▬ "Karl ! Ralenti s’il te plait, tu me fais mal… ! "».

Lui en voulait-il ? Elle n'en savait rien, mais le fait qu'il la tirait sans douceur en serrant avec force sa main, l’écrasant presque tout en l'ignorant ne présageait rien de bon. En plus de cela, l'homme n'avait absolument pas ralenti et n'avait encore moins lâché sa prise sur Ambre. De toute sa petite taille, elle se stoppa net. Elle était tellement légère qu'elle dû le refaire plusieurs fois avant de réussir.


▬ ""Karl ! Tu me fais mal je te dis !" "».


Il s'arrêta. Pas un mot ne sorti. Mais son regard d'un bleu glacial lui donna un frisson. Il faisait un peu peur. Il ne dit rien, mais sans lâcher Ambre, il desserra sa poigne et recommença à marcher plus lentement. Tout en ayant un pas pressé, la tisserande n'avait plus à trottiner derrière lui comme un animal de compagnie. C'est à ce moment que la jeune rousse arriva à leur hauteur, marchant elle aussi d'un pas rapide. La blonde en profita pour regarder avec un peu plus d'attention la personne qu'ils avaient sauvée, les événements précédents n'ayant pas vraiment permis de faire ce type d'activité. Une chevelure de feu. Elle était très jolie. Elle semblait jeune cette petite.

Était-elle très jeune ou ne faisait-elle pas son âge ? Si tel est le cas, elle avait dans un certain sens de la chance. La plupart des femmes de Marbrume était à l'heure actuelle très marquée par l'horreur et la difficulté de la vie, paraissant plus âgées, plus fatiguées. Elle ne dérogeait cependant pas à une règle ; Elle était mince, maigre même. Comme la majorité des habitants de cette ville, la famine se voyait sur les corps et les visages. Et bien que les pommettes hautes de la petite de lui donnait pas un air trop émacié, on voyait bien qu'elle flottait dans des vêtements déjà si petits. Une boule au ventre apparu de nouveau dans le ventre d'Ambre. Pauvre petite. Elle n'aimait pas voir des personnes si jeunes dans cet état. Elle s'imaginait toujours voir sa fille dans cette situation des années plus tard, si elle avait survécu. Et elle aurait détesté ça. Un instinct maternel surement. Ses yeux glissèrent sur ses vêtements. Pouvaient-ils encore porter ce nom ? Il s'agissait plutôt d'oripeau, donnant un ensemble hétéroclite et surement très insuffisant par ce tempq. Notre héroïne songea que l'inconnue devait avoir bien froid de cette saison, si peu habillé. Elle qui travaillait dans le tissu avait la chance d'avoir toujours des vêtements confortable et chaud. Peut-être pas les plus beaux, mais qui irait regarder l’esthétique d'une toilette de nos jours ? Seule la praticité était de mise. L'idée de fournir des vêtements à cette pauvre petiote lui effleurèrent l'esprit, mais à vrai dire elle ne se connaissait pas assez pour se permettre d'être aussi généreuse. Elle verrait comment évoluerait cette soirée.

Alaïs se présenta enfin. Un joli nom. Aucune information de plus. Elle était prudente, elle avait raison. Surement les avait-elle suivis car Ambre n'était pas le genre de femme à faire peur et qu'on pouvait suivre sans risquer un grand danger. Contrairement à Karl, qui se tenait d'ailleurs très silencieux depuis cette droite dans la figure. Pour mettre en confiance l'inconnue, la blonde lui fit un grand sourire réconfortant. Après tout, ils ne mordaient pas, contrairement aux fangeux.


▬ "Je m'appelle Ambre. Le gronchon ici présent se nomme Karl. Comment te sens tu ? Cet homme n’a pas eu le temps de te faire du mal j’espère ? C'est normal de t'aider. Tu ne me devras rien, je n'ai pas servi à grand-chose à vrai dire, tu devras voir ça avec sa seigneurie quand nous seront arrivé chez lui. Mais n'accepte pas tout ce qu'il te dit, il peut être rude "».

Elle lui fit un petit clin d'œil discret. Ce n'était pas méchant envers son ami, mais celui-ci pouvait avoir des fois tendances à oublier que les gens étaient humains, et qu'ils avaient des faiblesses. Contrairement à lui, qui avait laissés son cœur et ses sentiments de côté depuis bien longtemps. Elle se méfiait donc de ce que l'homme pourrait proposer, bien que cela ne serait pas méchant, cela pouvait être dangereux. Le reste du chemin se passa dans le silence, les trois acolytes marchants rapidement dans les rues qui sombraient petit à petit dans la noirceur de la nuit.


Ils arrivèrent dans un silence lourd à l’intérieur de la maisonnée. Il faisait sombre. Par automatisme, elle se permit d’allumer les bougies sans un bruit, connaissant leurs emplacements par cœur. Quand elle se tourna vers l’entrée, la jeune fille à la chevelure de feu lui attrapa avec douceur les bras et plaça Ambre sur un siège. Surement avait elle l’air plus choquée qu’elle ne le pensait. Surement l’était-elle vraiment. Elle se rendit compte qu’elle tremblait légèrement. Le brun lui aurait-il tenu la main pendant tout le trajet car il c’était rendu compte de son état ? Elle n’en saurait jamais rien. Elle vit la prénommée Alaïs nettoyer la plaie de Karl. Elle avait vraiment l’air gentille, cette fille. N’hésitant pas à prendre soin de deux inconnus, dans un endroit qu’elle ne connaissait pas.

Cependant, Ambre remarqua quelques choses. Elle n’était pas à l’aise. Ne se sentait pas chez elle. Elle voyait la Marbrumienne se diriger discrètement vers la porte. La tisserande attrapa à son tour les mains de la rousse, avec une grande douceur. Une douceur qui ne laissait cependant pas la place à une fuite. Une douceur ferme. La petite blonde connaissait très bien ce que ressentait l’apprentie voleuse. C’était une réaction qu’elle avait vue régulièrement quand elle proposait de l’aide aux démunies du goulot. Ces personnes ne se sentaient pas à l’aise, se sentaient de trop dans des lieux qui n’étaient pas les leurs. La plupart essayaient de fuir, incapable de rester dans un endroit qu’il ne connaissait pas, aussi bienveillant soit-il. Préférant vivre dans la misère, refusant toute aides. S’enfermant dans la détresse.

Mais la marchande ne voulait pas laisser filer cette petite. Elle ne semblait clairement pas mal attentionnée, loin de là et Ambre voulait voir si cette personne pouvait être de confiance. Si c’était le cas, elle n’hésiterait pas à lui proposer le gîte. Après tout, sa maison était actuellement vide, et le silence dans sa bâtisse lui paraissait des fois bien long. Un peu de joie lui ferait du bien. Les rire de Norbert lui manquait souvent.
Tenant toujours les mains d’Alaïs, Ambre se leva d’un coup et fit pivoter la demoiselle, la forçant à s’asseoir sur la chaise dans laquelle elle était quelques secondes plus tôt, inversant les positions. La tisserande était maintenant devant la porte, empêchant l’autre de sortir. Déterminé à en découvrir plus sur la demoiselle, la petite bonne femme enleva son chaud et lourd châle noir pour s’avancer devant l’inconnue et l’enrouler dedans, l’emprisonnant presque malgré elle dans un tissu duveteux.


▬ "Tu vies au goulot ? Toute seule ? C’est dangereux pour une jeune femme comme toi d’être là-bas, on sait bien que les temps sont dangereux. As-tu des gens sur qui compter ? Tu ne sembles pas une mauvaise fille… "».


C’était beaucoup de question, peut-être personnel mais nécessaire. Qui sait ce qu’elle vivait seule, dans la rue. Ambre lança un regard de détresse à Karl, ne sachant quoi faire de plus.

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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyJeu 22 Aoû 2019 - 18:43
Karl connaissait bien le regard de biche que lui offrait la tisserande, elle lui demandait de faire un geste pour la petite chose en guenilles sur sa chaise. Ambre savait pourtant bien que le contrebandier n'était pas habité de la même générosité qui caractérisait la jeune femme or si l'homme ne réclamait rien à la blonde, la rousse commençait à avoir quelques lignes sur son ardoise.
Il avait tout de même encaissé le poing d'un ivrogne pour les beaux yeux de ces dames, une qui ne pouvait pas se défendre seule et l'autre qui réfléchissait avec son cœur plutôt qu'avec sa tête. Ce n'était pas comme ça qu'on survivait, surtout pas dans les Bas Quartiers.

Néanmoins, Karl se doutait que s'il refusait son toit à l'acrobate il le refusait aussi à son amie, cette dernière ne laissera pas la petite seule dehors malgré la nuit.
Il pesta contre l'instinct maternel avant de se lever de sa chaise, il fouilla un moment dans un placard pour en sortir le reste du pain que sa cuisinière du jour avait amené avec elle.

« Elle peut rester cette nuit. Je vais lui mettre une paillasse dans la boutique. »

En vérité, ce n'était pas la première fois que le contrebandier laissait une ou plusieurs personnes dormir dans son taudis, c'était un service qui lui assurait de la reconnaissance surtout en hiver et qui ne lui coûtait pas grand chose.
Il déposa la précieuse denrée dans les mains d'Alais, l'invitant à partager avec l'autre femme. Karl pris le temps d'observer son hôte, la famine avait fait ses dégâts mais il distinguait la musculature fine sous les lambeaux de tissus qu'elle appelait vêtements, nul doute qu'Ambre arrangerait cela.
Il détacha son regard pour le déposer sur la tisserande, ce petit bout de femme qui avait risqué sa vie pour une inconnue.
Dans un sens il l'admirait, elle n'avait pas hésité une seconde alors que Karl aurait passé son chemin sans même se retourner mais d'un autre côté, s'il n'avait pas été là, elle passerait une tout autre soirée.
Il laissa échapper un léger soupir, il faut dire qu'elle était jolie du moins il trouvait que ses yeux verts se mariaient parfaitement avec sa chevelure blonde.
Il croisa son regard et retourna sur sa chaise.

« Je te laisse mon lit, Ambre. Je vais veiller ce soir, j’ai du travail. Si notre hôte à froid, elle n’a qu’à dormir avec toi. Tu connais la maison, fait comme chez toi.»

Karl n'avait pas tant de travail mais il ne préférait pas dormir d'un sommeil profond quand un inconnu dormait chez lui. Il ne sous-estimait pas la capacité d'une personne a égorger son prochain pour mille et une raison, encore moins quand il s'agissait d'une petite fille à l'apparence inoffensive .
Il reporta ses yeux bleus sur cette dernière.

« Alaïs, c’est ça ? Tu vas devoir apprendre à éviter certains endroits et à surveiller tes arrières si tu veux survivre dans le Goulot. Tu as eu de la chance de tomber sur quelqu’un qui ne s’occupe pas que de sa personne. »

Il désigna Ambre du menton, la dernière phrase sonnait comme un compliment malgré lui.

« Ce n’est pas mon cas.
Je te fais une faveur pour lui faire plaisir mais il ne fait pas bon d’être redevable. Je te donnerais une occasion de me rendre la pareille. Si tu es correct, ça ne sera peut pas le seule fois qu’on se rendra service mutuellement. »


Il avait parlé comme s'il exposait une évidence et il pris soin d'observer la réaction de la jeune fille en particulier. La blonde devait avoir l'habitude de son manège depuis le temps.
Satisfait de sa prestation, il retira ses bottes puis ses gants, dévoilant sa blessure à la main droite sans aucune gêne.

« Il se fait tard. »

Une remarque qui sonnait comme un ordre.
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyJeu 22 Aoû 2019 - 21:08
Le duo formait un contraste saisissant, entre la bienveillance chaleureuse d’Ambre et la froideur glaciale qui ne cédait rien de Karl. Alaïs jaugeait les deux, tâchant de lire sur leurs visages ce que leur voix n’exprimait pas. La jolie dame ne voulait pas la voir filer et l’avait installée derechef sur la chaise où elle l’avait guidée elle-même, et elle se répandait en attentions avec une prévenance toute maternelle, ce à quoi la saltimbanque avait bien du mal à réagir. Enveloppée dans cette étoffe trop riche et presque étouffante, elle se força néanmoins à contenter sa curiosité. C’était la moindre des choses.

“Je vis seule depuis que mon père est reparti pour le Labret, il y a un an. C’est de là bas que je viens, mais avec les Fangeux, on a dû fuir vers la grande ville. Alors, j’essaie de gagner ma croûte comme je peux.”

Alaïs haussa une épaule presque penaude, un peu enivrée par la chaleur qui s’infiltrait sous ses hardes. Vivre relevait du défi ces temps-ci, et danger ou pas, elle n’avait pas vraiment d’autre choix de faire ce qu’elle pouvait pour s’en sortir. Elle évitait de préciser comment, mais elle se doutait que l’homme au regard froid en avait une petite idée. Tandis qu’il se détournait des deux femmes, il ramena une miche de pain et lui plaça entre les mains tout en lui promettant le gîte pour la nuit, sans lui laisser le temps de protester ou donner son avis. Elle devait être tombée bien bas pour que sa situation ne réclame pas son mot à dire.

Mais ses pensées furent rapidement interrompues dans leur course. L’odeur du pain la fit presque défaillir et elle dût se faire violence pour ne pas se jeter dessus comme un rat affamé. Au lieu de quoi elle s’en servit une petite portion et tendit le reste poliment à la tisserande. Un reste de fierté qu’elle s’autorisait en ce lieu, entre ces deux bienfaiteurs si bigarrés. Mais comme son hôte se montrait généreux, il se prit à la sermonner un peu rudement sur la manière de survivre dans le Goulot et elle pinça les lèvres pour ne pas lui répondre avec une pointe d’acidité. Que pouvait-il en savoir lui qui avait un toit sur la tête et de quoi faire du feu dans son poêle ? Déjà il intimait à toute la maisonnée de fermer le ban, avec des allures de chef de famille qui ne lui plaisaient guère. Elle comprit cependant quand il dévoila ses mains dont il manquait des parties à la main droite.

“Qu’est ce qui est arrivé à tes doigts ?”

Elle détournait un peu l’attention de ce ton légèrement autoritaire qu'il venait d'employer avec elle. Comme si elle allait travailler pour lui, ou lui rendre des services… Il fallait déjà qu’elle y réfléchisse. Elle était loin d’accorder sa confiance aussi facilement, et elle avait été trop souvent échaudée ces derniers temps pour se laisser ainsi embarquer dans on ne savait quelle tractation. Elle sentait l’homme la vriller du regard, comme pour l’évaluer et elle sentit ressurgir un antique élan de détermination du fond de son ventre qui commençait à s’apaiser au fur et à mesure qu’elle engouffrait des morceaux de pain.

Après cet échange muet où aucun des deux ne semblait vouloir céder à l’autre, elle finit par ajouter :

“Dans le Goulot c’est donnant donnant. Et je ne suis pas une garce. Je sais ce que je dois et à qui.”

Peut être y mettait-elle un peu trop d’aplomb, maigrelette et échevelée qu’elle était. Mais elle se devait de faire de son mieux pour reprendre un peu le dessus. Sa fierté et son code de crapule étaient les seules choses qu’il lui restait. Elle ne savait exactement ce qu’il attendait d’elle, également, et cela ne l’aidait pas à lui accorder sa confiance.

“Je peux faire un tas de chose, à condition de savoir dans quoi je m’engage.”

Elle sourit néanmoins à Ambre pour détendre l’atmosphère et se défit du châle qu’elle avait posé sur ses épaules menues pour lui tendre avec reconnaissance.

“C’est gentil mais tu en auras besoin avant la fin de la nuit, ça se rafraîchit drôlement vite en ce moment.”

Et elle conclut vers Karl :

“J’aurais disparu avant l’aube, ne t’en fais pas.”
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyLun 26 Aoû 2019 - 3:01





Karl, Alaïs & Ambre

Asa grande surprise, Karl accepta d'héberger les deux femmes pour la nuit, accompagné d'un lourd soupire rempli d'exaspération. Elle n'en espérait pas tant ! Malheureusement, elle connaissait très bien comment était son ami, et elle savait très bien que ce n'était jamais gratuit. Du moins pour les autres. Ambre avait la chance d'avoir l'immunité quant à cette règle. En abusait-elle ? Peut-être, elle-même ne s'en rendait pas vraiment compte. Sa gentillesse accrue les avait mis dans une situation plus que critique, et l'homme ne lui en avait aucunement voulu, ne lui faisant même pas porter la faute de sa blessure au visage. En plus de cela, il acceptait d'offrir le gite à une parfaite inconnue, en plus d'elle. La blonde avait croisé son regard quelques secondes avant qu'il ne se détourne. Ce regard perçant, elle n'arrivait pas vraiment à le comprendre et pourtant, il avait le don de la troubler. Elle ne répondit pas, acceptant de fait par son silence.

L'idée de dormir ailleurs que chez elle, qui plus est dans le lit de quelqu'un, de Karl, la mettait mal à l'aise. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas décliner sa proposition ; le brun refuserait catégoriquement de la laisser rentrer chez elle à cette heure-ci, et il serait de toute manière suicidaire de le faire. Il refuserait avec tout autant de véhémence que ce soit elle qui dorme sur une paillasse. Elle se doutait que la petite rousse refuserait de dormir avec elle cette nuit, la fierté semblant guider ses pas.

Ce n’est pas le discours moralisateur de son ami qui allait aider l’inconnue à se sentir un tant soit peu à l’aise avec eux. Surement cela ne partait il pas d’un mauvais fond, tirant même un compliment non dissimulé envers Ambre, mais le trait était direct. Froid. Le brun faisait clairement comprendre qu’il n’était pas amical, et que cette situation n’avait rien de sympathique pour lui. C’est sans surprise qu’il ressortit cette même rengaine de dette et de services C’était un trait de caractère du vendeur de grain qu’elle n’arriverait surement jamais à comprendre. Pourquoi donc devoir tout rapporter à un jeu de force ? Pourquoi ne pas aider, ne pas donner par pure bonté ? Dans un monde déjà si brut, pourquoi donc être si dur… Ambre n’hésita pas à désapprouver le discours de Karl en secouant la tête ouvertement. De toute manière, Karl leurs tournait ostensiblement le dos, comme pour se protéger face à ces deux demoiselles. Se protéger de quoi ? De sentiments simple et inoffensif qui pourrait l’atteindre ? Qui sait. Depuis la mort de Léti, l’homme déjà peu expressif c’était enfermé dans une solide carapace qui le rendait difficile d’approche. Ambre était surement une des seules personnes qui pouvait le côtoyer aussi librement. Et même pour elle, il était parfois difficile de le suivre.

La vue de la main charcutée de Karl lui donna un frisson qui l’a parcouru tout le long du dos. Elle ne lui avait jamais demandé ce qu’il c’était passé, et elle aurait très bien vécue sans connaitre la sombre histoire qui en était la cause. Elle préféra d’ailleurs se détourner de cette conversation pour regarder le petit morceau de pain qu’Alaïs venait de lui donner avec douceur. Il était clair qu’elle crevait de faim, cette fille, mais malgré ça, elle lui tendait gentiment ce quignon à peine croqué. C’était une bonne personne, clairement.

Hélas, la petite rousse sembla rentrer dans le jeu du marchand au grand déplaisir d’Ambre. La tisserande n’avait aucune idée de ce que pouvait demander en dédommagement le brun, mais elle n’avait aucune envie qu’une jeune femme se mette dans de sombres histoires, qu’importe la raison. Il allait cependant être compliqué de faire en sorte qu’elle ne l’écoute pas. Que pouvait-elle faire pour détourner Alaïs de cette noirceur dans laquelle son ami pouvait l’emmener avec tant de facilité ? Elle n’en savait rien, mais il est clair qu’elle ferait tout en son pouvoir pour ne pas laisser cette grande enfant faire n’importe quoi, quitte à se mettre Karl à dos.

Perdue dans ses pensées, elle ne fit pas attention et se retrouva avec son châle dans les bras en plus du bout de pain, avec Alaïs tourné vers elle accompagnée d’un grand et doux sourire. Au moment ou elle allait lui répondre, un mot bref de Karl lui coupa l’herbe sous le pied. Un ordre. Un silence pesant s’installa dans la bâtisse. Ambre ne savait quoi dire. Elle avait peur de se faire gronder par Karl si elle le contredisait. Elle n’en fit donc rien. D’un simple sourire tendre et affectueux, elle mit dans les bras de la rousse son chandail et le reste de nourriture qu’elle lui avait donné quelques minutes plus tôt.



▬ "Gardez ça pour vous. Je n’ai pas faim, nous avons mangé plus tôt dans la journée, contrairement à vous. Pour le vêtement, gardez-le au moins pour cette nuit, il fera froid. Restez jusqu’à demain matin aussi. Je ferais un repas pour tout le monde. Si vous acceptez d’être redevable envers Karl pour cette nuit, soyez le avec moi en acceptant d’être encore avec nous demain matin. S’il vous plait. "».

Ambre n’était pas bête. Elle savait qu’elle touchait la corde sensible de la demoiselle. Elle laissa donc la jeune femme prendre sa décision et alla vers Karl à l’allure encore plus sombre que d’habitude. Elle lui parla à voix basse, afin d’éviter que l’inconnue ne les entendent.


▬ "Tu es sûr de toi ? Je peux dormir sur une paillasse moi aussi… J’abuse de ta gentillesse et je ne veux pas te déranger. Je vois que tu es contrarié… "».

Le regard glaçant de Karl se posa sur elle. Elle vit tout de suite à sa réaction qu’il était impossible de marchander avec lui. Ambre baissa les yeux, gênée par ce regard d’un bleu limpide et ce silence pesant qui c’était installé presque immédiatement. L’homme n’avait pas besoin de parler pour faire se faire comprendre. La petite blonde recula silencieusement, honteuse. Elle réussit à sortir d’une petite voix.

▬ "Je vais me coucher alors. Merci Karl. "».

Silencieusement, elle s’approcha à nouveau d’Alais et lui ébouriffa les cheveux avec tendresse.

▬ "Je vais dans le lit. Si tu as froid dans la nuit, n’hésite pas à venir dans la chambre. Ça ne me dérange pas, ne t’en fait pas. Dans tous les cas, on se retrouve ici demain matin."».

Elle fit un petit clin d’œil à la jeune femme avant de partir dans la pièce adjacente au petit salon, laissant les deux individus se parler à loisir. Elle ferma la mince porte en bois derrière elle et soupira. Cette journée avait été bien complexe et éprouvante. Elle allait dormir comme un bébé. Un peu timide dans cette pièce qu’elle ne connaissait pas, elle retira sa robe, lui laissant une longue robe fine de lin tombant jusqu’au cheville qui lui servirait pour la nuit. La tête lourde, elle se laissa tomber dans le lit et s’endormit en quelques secondes, avec juste comme dernière pensée que les draps sentaient la même odeur que son ami.

___________

Ambre se réveilla un sursaut. Perdue, elle regarda autours d'elle. Ce n'était pas sa chambre. Pourtant, elle était persuadée d'avoir entendu Norbert pleurer dans la sienne, quelques secondes plus tôt. C'était ce cri qui l'avait réveillé. Immobile dans le lit, son esprit reprit peu à peu conscience de ce qui l'entourait, de ce qu'il c'était passé ces dernières années. Norbert n'était plus. Un cauchemar l'avait laissé tout simplement la, trempé dans la sueur et l'angoisse. Des bribes de ce qu'elle venait de vivre à l’intérieur de son crâne lui revenait ; Un savant mélange de torture et de douceur. Des images de ses enfants. Des images de cette prise d’otage si récente. De Mederick, qui voulait la violer. De sang. De Fange.

Ambre était frigorifié. Dans le salon de la petite bâtisse, pas un bruit. Rien. La nuit devait être bien avancé et tout le monde dormait. Tout le monde ? Karl n’était pas censé dormir. Mais qu’importe. Ambre se tourna dans le lit glacé. Ses yeux se fermèrent. Des images affreuses se déroulèrent derrière ses paupières en un instant. Elle les rouvrit tout de suite. Fixant la noirceur de la nuit, les yeux grands ouvert. Ne distinguant rien. Elle avait peur. Elle se remit sur le dos. Sa robe humide dans son dos se colla à nouveau sur sa peau. Sensation désagréable. Un sentiment oppressant prenait tout son être. Cette odeur qui n’était pas celle de chez elle la rendait anxieuse. Elle n’avait jamais dormi en dehors de chez elle, et avec les récents évènements, son esprit en était particulièrement troublé.

La tisserande se releva sur son séant brusquement. L’oreille tendu, elle essaya d’entendre le moindre bruit. Rien. Pas un. Son mal-être s’intensifia. Rien d’anormal pourtant, mais à cet instant, se sentir seule lui faisait excessivement peur. Sans un bruit, elle posa ses pieds sur le sol. Il était glacé. Ambre songea tout de suite à Alaïs. La pauvre, elle devait avoir tellement froid ! Sans vraiment réfléchir, la petite blonde attrapa la couette la plus épaisse présente sur le lit. Difficilement, car l’engin était plutôt encombrant, elle réussi à sortir de la pièce sans trop de bouquant. Quelques bougies encore allumées, elle vit la rouquinette à même le sol, proche de l’entrée au niveau de la cuisine. Elle semblait dormir profondément, mais son corps tremblait à cause du froid présent. Le plus délicatement possible, Ambre borda donc l’apprenti voleuse dans l’épaisse couette. Ses tremblements se calmèrent.

Notre héroïne se dirigea vers le salon. Ses pieds nus sur le sol ne diffusaient qu’un léger son sur le bois. Elle s’approcha de Karl. A la faible lueur des flammes, elle pouvait voir le visage de l’homme qui semblait profondément endormi dans son fauteuil. Pour quelqu’un qui devait rester éveillé toute la nuit, c’était raté. Pour une fois, à sa grande surprise, Ambre pouvait voir un visage presque détendu. Son cœur se serra. L’idée de le réveiller ne l’enchantait guère, mais tout son être tremblait encore à la simple idée de retourner dans le noir. De repenser à cet affreux cauchemar. Un cauchemar qui se rapprochait malheureusement énormément de sa vie. Un cauchemar qui n’était qu’un condensé de sa vie, après tout. Cette idée serra un peu plus le cœur de la blonde. Celle-ci approcha sa main du bras du marchand de grain pour le réveiller doucement. Que voulait-elle ? Elle ne savait pas. Parler ? Avoir tout simplement une présence connue prêt d’elle ? Un sentiment de faiblesse s’empara d’elle. Qu’elle honte de réveiller son ami pour une cause aussi égoïste. Qui sait, peut-être faisait il un rêve agréable aux côtés de Léti ? En plus de ça, sa tenue n’était pas du tout appropriée pour une veuve face à un homme. Sa robe de lin cachait bien évidemment son corps, mais la finesse du tissu et ses chevilles à nue pouvaient paraitre totalement inconvenants. Tout comme ses longs cheveux blonds détachés qui tombaient en cascade jusqu’au milieu du dos, signe de petite vertu chez les femmes de l’époque. Elle allait se raviser, retourner dans cette sombre chambre et tenter tant bien que mal de dormir, laissant cette plâtré de démon derrière elle.

Mais au moment de retirer sa main, Karl attrapa avec fermeté le petit poignet d’Ambre qui étouffa un cri de surprise. L’homme avait dû ressentir une présence près de lui et c’était un réflexe très impressionnant qui lui avait permit d’agripper Ambre. Ou bien était-il à demi éveillé depuis le début et attendait le moment opportun pour agir ? Dans tous les cas, le cœur d’Ambre battait la chamade et ses émotions prirent le dessus. Son corps se remit à trembler malgré elle et c’est d’une voix tremblante qu’elle réussit à peine à articuler.



▬ "Ce n’est que moi… Je n’arrive pas à dormir Karl. Beaucoup de chose me hantent et j’ai peur, seule. Est-ce que vous pourriez…me tenir compagnie un petit peu ? En tout bien tout honneur évidemment… J’ai juste peur. J’ai entendu Norbert pleurer. Et Mederick qui voulait me violer… Je… Désolée… "».

Ce flot ininterrompu avait du paraitre bien flou pour son ami face à elle. Mais la jeune femme était chamboulée et n’arrivait plus vraiment à être logique dans ses propres. Une larme coula le long de sa joue sans même qu’elle s’en aperçoive.


___________

Ambre ouvrit soudainement les yeux. La lumière du jour lui éclata littéralement les yeux. Elle referma les yeux. Cette lumière crue était signe d’une heure bien matinale. L’aube venait à peine de se lever. Elle tâtonna dans le lit pour attraper un drap fin qui avait glissé au bout du lit pour s’y envelopper. S’enroulant dedans, elle entrouvrit à peine les yeux et sortie de la pièce sans un bruit, ne voulant pas réveiller la personne à ses côtés.
La nuit avait été courte, mais il était hors de question qu’elle se laisse aller à une grasse matinée. Ses pieds l’amenèrent dans la cuisine ou elle s’évertua à préparer un petit déjeuner pour ses deux compagnons. Il fallait avouer que Karl n’avait pas grand-chose, mais elle réussi à trouver de quoi faire quelque chose de tout à fait acceptable aux vues de la famine. Fière d’elle, elle se prépara à réveiller les deux marmottes.





Pouet:
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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyJeu 29 Aoû 2019 - 3:33
Le contrebandier avait cédé au sommeil malgré la menace que représentait l’inconnue qui dormait sur une paillasse à quelques pas. Il se dira plus tard que si son sixième sens l’avait laissé éteindre sa prudence c’est que la rousse n’était pas un danger dans l’immédiat.
Non la surprise vint d’une autre femme cette nuit la.
Endormi dans un sommeil léger, la caresse de d’une main aussi douce soit elle avait suffit à le sortir de sa nuit sans rêve. Avec un geste brusque, qui tenait plus du réflexe primaire que de l’agilité, il avait attrapé la pauvre chose responsable.
Il ouvrit les yeux sur une Ambre terrifiée qui ne perdit pas une seconde pour se confondre en excuses : La peur du noir, des pleurs d’enfants, un viol…
Karl avait connu des réveils un peu moins brutaux, il secoua la tête dans un grognement et chercha à calmer la veuve aux yeux brillants la pénombre.
En commençant par desserrer la main autour de son poignet sans pour autant la lâcher et glissa ses doigts entre les siens, le geste était malhabile et trahissait la confusion du contrebandier.
Elle se réfugia au creux de son épaule et il ne fit rien pour l’en empêcher, son bras libre se déposa autour de ce petit bout de femme triste, un geste qu’il n’avait pas oublié malgré les années.

«Doucement. Tu as besoin de te reposer, Ambre.»

Il n’avait pas eu de femme dans les bras depuis son épouse, du moins sans le vouloir. La tisserande avait besoin de réconfort, sans doute un cauchemar de trop. La jeune dame se donnait beaucoup de mal pour rester la gentille et généreuse Ambre.
Cette nuit, le masque était tombé pour libérer des angoisses trop longtemps enfouies et Karl allait partager son fardeau pour un soir, par respect pour leur amitié et pour l’affection qu’il lui portait.
Il ne voulait pas la brusquer, aussi ils restèrent un moment sans bouger dans le silence, parfois brisé par un reniflement de la malheureuse, puis pas après pas exécutant une drôle de danse silencieuse il la ramena au lit qu’il lui avait volontiers laissé.
Elle se laissa glisser dans la couche sans pour autant lâcher la main du contrebandier qui se retrouvait dans une situation compliquée. Elle ne voulait pas qu'il parte.
Attendait- elle quelque chose de lui ? Elle était venue le trouver dans une tenue légère au milieu de la nuit pour lui demander de dormir avec elle.
Il ne pouvait nier les sentiments qui lui avaient traversés l’esprit quand il avait gardé ce corps contre le sien. De l'autre côté, une femme ne venait pas pleurer dans vos bras en évoquant un enfant disparu et son agression sexuelle dans l’espoir de vous attirer dans sa couche.

Karl n’avait jamais cherché à voir Ambre comme autre chose que la veuve de son ami qui continuait de lui rendre visite par pur gentillesse et envers qu’il était redevable. Un jour, peut-être, il la regarderait d’une autre manière, ce soir elle avait juste besoin de la présence d’un être sur qui elle pouvait compter dans un moment de faiblesse.
Il s’allongea à son tour dans les draps et tira la couverture pour recouvrir l’étrange couple qu’il formait.
Il ne portait qu’une chemise et un pantalon de toile, et elle n'avait qu'une robe bien trop fine pour se protéger contre le froid néanmoins la chaleur des deux corps réchauffa le lit.
Encore une drôle de sensation de partager son lit avec quelqu’un, toute cette histoire le rapportait à Léti. Les dieux cherchaient à le mettre à l’épreuve encore une fois ? Ou était-ce simplement la peur de changer ses habitudes qui pour l’instant l’avaient gardé en vie et saint d’esprit ?
A force de se poser des questions, il ne s’était pas rendu compte que la blonde avait migré vers lui pour venir se caler contre son torse. Dans sa torpeur elle avait sans doute cherché la chaleur, le contrebandier laissa échapper un bref soupir avant de lui aussi se laisser emporter par un sommeil retrouvé.

La tisserande avait déjà quitté la couche quand il se réveilla, emportant la moitié des draps avec elle, rien d'étonnant que le froid l'ai réveillé.
Karl s’étira de tout son long avant de rejoindre la cuisine pour y trouver les deux femmes, l’une assisse sur la table et l’autre occupé à préparer ce qui ressemblait à du porridge bon marché. Il croisa le regard de la voleuse, cette dernière cherchait à savoir quelque chose sans doute se posait-elle la question de la relation entre l'homme et la tisserande.
Il en profita pour regarder la cuisinière occupée à ses fourneaux, tout en se déplaçant vers la table pour venir y occuper l’une des chaises. Elle mettait du cœur à l’ouvrage comme toujours mais peut-être avait elle aussi envie de le remercier de ne pas l’avoir laissé seule.
Le repas était frugal, juste de quoi tenir une bonne partie de la journée. Il allait raccompagner Ambre chez elle, il aborderait sans doute sa crise de cette nuit la femme pouvait avoir besoin de s’exprimer ou de se confier.
Il porta son regard sur la voleuse alors que cette dernière finissait de manger.
Il caressa les moignons des deux doigts qu’il lui manquait, un réflexe quand il réfléchissait. La voleuse lui avait demandé la raison de ce manque. Personne était venu le sauver lui. Rikni lui avait demandé un tribu, une offrande par l’intermédiaire de deux roublards aux surins aiguisés.
La rousse l’avait regardé d’un nouveau regard avant de continuer et de lui sous entendre qu’elle lui payerait sa dette bien assez tôt.
Elle n’avait pas essayé de s’enfuir en emportant la moitié des biens de la maison, l'acrobate marquait quelques points.
Qu’importe, la petite aux guenilles ne l’avait pas lâché des yeux, elle voulait lui parler.


Dernière édition par Karl Stanner le Jeu 29 Aoû 2019 - 21:20, édité 1 fois
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptyJeu 29 Aoû 2019 - 16:08
Alaïs alternait entre chaud et froid dans cette drôle de boutique. D’un côté, il y avait la générosité sans limite de cette femme qui la connaissait à peine mais qui lui cédait son pain et ses vêtements chauds et de l’autre, il y avait le regard froid et incisif de Karl qui ne cessait de lui rappeler ce qu’elle leur devait à tous les deux, sans parler de cette méfiance naturelle qu’elle sentait chez lui. Néanmoins, il était difficile de résister à l’attrait de la nourriture après en avoir tant manqué, et encore plus éprouvant de se résoudre au froid de l’hiver alors qu’une couche de laine l’enveloppait si chaudement. Aussi ne résista-t-elle pas davantage à l’invitation pressante d’Ambre et céda-t-elle à l’idée de passer une nuit au chaud et en sécurité. Juste une nuit, un nouveau repas, et elle repartirait dans le Goulot où était sa place. Essayait-elle de s’en convaincre ? Elle ne chercha pas la réponse plus avant et pressa doucement la main d’Ambre alors que celle-ci s’apprêtait à se coucher.

“Merci encore, Ambre, et bonne nuit. Je serai très bien ici, près du feu. A demain.”

Que dire de plus ? Il lui était difficile d’exprimer autrement sa gratitude, de cette dette qui allait s’agrandissant. Et par ses salutations, elle lui signifiait qu’elle se plierait à sa demande et qu’elle serait là à son réveil. La jeune femme en parut satisfaite et la fatigue la gagnant peu à peu, elle s’éclipsa vers la chambre attenante, la laissant seule avec le bloc de glace qui continuait de la fixer sans qu’elle sache trop pourquoi. Un épais silence s’installa entre eux deux que même le feu un peu chiche dans son dos ne parvenait pas vraiment à réchauffer. C’était agaçant tout de même, l’énergie qu’il mettait à lui montrer cette hostilité latente. Elle fronça les sourcils, et se résolut finalement au calme. Après tout, il était l’hôte de ces lieux, et s’il décidait de la flanquer à la porte maintenant, c’était son droit le plus strict, et elle n’aurait alors que la nuit et un peu de pain dans le ventre pour affronter les dangers qui se terraient au dehors. Elle opta pour une approche un brin plus subtile, puisqu’il n’avait pas l’air de se résoudre à dormir tout de suite.

“Ambre est vraiment gentille. Longtemps que je n’avais pas croisé quelqu’un d’aussi généreux.”

Comptait-elle user de l’amitié du contrebandier pour la tisserande afin de le rendre un peu moins farouche ? Il ne desserra les lèvres que pour répondre un peu sèchement :

“Trop même.”

C’était mal parti. Et malgré sa résolution de rester calme, sa nature impétueuse reprit le dessus en un rien de temps, aussi vive que la flamme qui courait sur le charbon de bois.

“Ecoute, tu n’as pas besoin de me regarder comme ça. Je ne vais ni te voler, ni t’assassiner pendant la nuit. Et avec quoi du reste, hein ? Tu crois que ça m’amuse de profiter de la charité des gens ? Que j’ai choisi d’être là, de vivre dans le Goulot ? J’avais des rêves autrement plus ambitieux, avant la Fange. Est-ce que je te juge moi, sur la manière dont tu survis ?”

Car elle avait peu de doutes sur la manière dont il avait perdu ses doigts dans le Goulot. Il avait énervé les mauvaises personnes au mauvais moment, ou misé un peu trop sur le destin pour son propre bien. Karl fronça les sourcils sans cesser de la fixer et prit son temps avant de répondre d’un ton calme, qui semblait sa marque de fabrique.

“On a rien sans rien, Alaïs. Si tu ne te bats pas pour gagner ta croûte, quelqu’un s’en chargera à ta place.”

Il se pencha en avant, coudes sur la table, avant de poursuivre. Pour une fois, il ne semblait pas avare de mots.

“Tout est une question de choix, dans la vie. Arrête de te lamenter. Tu crois que c’est facile pour qui que ce soit ici ? Ambre arrive à peine à manger tous les jours. Ca ne l’empêche pas de donner ce qu’elle a aux pauvres. Qu’est ce que tu préfères ? Mendier dans ses jupes ou mériter ton pain ?”

Alaïs se renfrogna sous la violence du coup qu’il lui portait. Et par là même, il ravivait une rage d’une brutalité inouïe dans son ventre.

“Qu’est ce que tu crois que je fais tous les jours dans la rue ? Je me bats pour survivre ! Et je n’ai pas un toit au dessus de la tête et quatre murs pour me protéger la nuit.”

La répartie était vive, acide, et lui laissait un arrière goût dans la bouche qu’elle n’appréciait guère. Karl étira un sourire qui n’avait rien de joyeux, avant de rétorquer :

“Alors, il est peut être temps de changer de méthode. Ca n’a pas eu l’air de te réussir beaucoup, jusque là. Tu devrais y réfléchir.”

Et sur ces bonnes paroles, il la planta là, tout simplement, avant de rejoindre un fauteuil un peu branlant dans lequel il s’installa avec toutes les apparences de vouloir y dormir. Alaïs fulminait encore et fut très tentée de riposter, de l’obliger à poursuivre leur dispute. De quel droit se permettait-il de la remettre ainsi à sa place ? Elle trouvait toutes les raisons du monde à justifier sa situation : l’exil du Labret, la famine dans le Goulot, l’attaque des Fangeux, le manque d’emploi qui vous faisait errer pendant des jours avant de trouver quelque chose à se mettre sous la dent, et être une femme seule et aussi jeune n’arrangeait rien. Savait-il à quel point elle avait lutté ne serait-ce que pour ne pas finir dans un bordel à vendre son cul ? Non ça bien sûr, ça n’avait pas dû lui traverser l’esprit. Mais quelque part, la colère lui faisait du bien.

Voilà bien des semaines qu’elle ne ressentait plus rien, et chaque jour, elle avait le sentiment de s’enfoncer un peu plus dans cette apathie sans but ni fin. Elle se prit à savourer l’amertume qu’elle ressentait à l’égard du contrebandier comme on goûte d’un alcool trop fort, qui vous glissait dans le sang comme un brasier ardent. Elle le laissa donc à son fauteuil, et rumina dans son coin, enveloppée dans son châle d’emprunt, les yeux perdus dans les flammes. Il avait raison sur un point au moins : elle devait réfléchir à un meilleur moyen de survivre dans cette ambiance de fin du monde. Il avait mis le doigt sur une plaie à vif, un point sensible au plus haut point, qu’elle ne pouvait ignorer, même avec toute la mauvaise foi dont elle était capable. Elle n’aurait probablement pas passé la nuit si Ambre et lui n’étaient pas venus lui prêter secours, ce qui mettait en péril toutes ses convictions concernant sa faculté à survivre seule dehors. Elle était frêle, sans expérience, et incapable de se défendre par ses propres moyens. Chose à laquelle elle promit de remédier avant de se laisser happer par une indolence de plus en plus irrésistible qui lui fit fermer les yeux, avant qu’elle ne sombre dans le sommeil, sans avoir la force de se traîner plus loin.

***

Quelque chose chatouilla ses narines au petit matin. Une odeur de lait chaud et de céréales mêlés, et une fragrance vaguement sucrée qui réveilla aussitôt un appétit féroce en elle. Comme une guêpe attirée par l’odeur du miel, elle ouvrit les yeux et se redressa laborieusement. Le plancher avait gravé son empreinte dans ses muscles et ses articulations, lui tirant une grimace d’inconfort avant qu’elle ne s’étire en frottant ses yeux. Ambre oeuvrait déjà devant les fourneaux, la mine fraîche et reposée, un léger sourire aux lèvres. Nul doute que la jeune femme appréciait de s’occuper d’un foyer, et de prendre soin des autres. Tout ce qu’Alaïs ne serait jamais, et cette réalité la frappa plus sûrement que toutes les vérités qu’avait pu lui asséner Karl pendant la nuit. Elle avait beau creuser, elle n’avait pas ça en elle. Déjà, la chaleur du foyer et ces quatre murs autour d’elle l’étouffaient comme une prison trop étroite, et la lumière du matin au dehors l’appelait comme la mer appelle les marins hors de leurs foyers.

Néanmoins, elle ne rechigna pas à s’approcher de la table, son estomac grondant dominant sans conteste ses désirs de liberté. S’installant devant une assiette de gruau fumant, elle sourit à Ambre avant de réaliser qu’il manquait quelque chose. Le contrebandier n’était plus dans son fauteuil. Et il finit par réapparaître depuis la chambre qu’Ambre avait occupée la même nuit. Son regard fit malgré elle un aller-retour entre le contrebandier et la tisserande. Sûr qu’elle avait loupé un épisode entre le moment où elle avait fermé les yeux et le moment où elle les avait rouverts. Mais qu’importe, il y avait bien longtemps qu’elle ne se posait plus vraiment de questions sur les moeurs des gens de Marbrume. Elle même avait renoncé à se marier un jour et à devenir quelqu’un de respectable. Quand on était pauvre et sans abri, on n’avait pas vraiment le luxe de la vertu ou le sens du péché. Et cette excuse lui convenait. Au moins était-elle libre de faire ce que bon lui semblait. Aussi se garda-t-elle bien de poser la moindre question et apprécia le contenu de son assiette, entièrement concentrée sur son estomac.

Il serait bientôt temps de se séparer, et autant profiter de ces quelques minutes de répit avant de retrouver le monde extérieur. Karl évoqua l’idée de raccompagner Ambre chez elle entre deux cuillères de gruau, et Alaïs reconnut le signal du départ. Il lui jeta un regard interrogateur et elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas lâché des yeux depuis qu’il était entré dans la pièce pour s’attabler avec elles. Être ainsi découverte à son propre insu la gêna sans trop savoir pourquoi, et elle se râcla la gorge tout en essuyant un reste de gruau de ses lèvres d’un revers de main.

“Ambre, c’est le meilleur petit déjeuner que j’aie goûté depuis des lustres ! Je ne me rappelle même plus quand c’était, c’est dire !”

Elle offrit à la tisserande un sourire étincelant. Et elle n’exagérait même pas, la nourriture et le repos de la nuit l’avait littéralement revigorée au point où l’avenir semblait se dégager devant ses yeux comme une vague étendue lumineuse, un optimisme contagieux qui balayait les doutes et redonnait du courage à l’acrobate pour affronter les épreuves du quotidien. Il y aurait sans aucun doute d’autres jours sans pain, d’autres coups durs à surmonter. D’autres moments de famine où son ventre se tordrait tellement qu’elle verrait des étoiles danser devant ses yeux. Mais si elle était capable de survivre aujourd’hui, elle pourrait survivre demain. Question qui la ramena à Karl, qui semblait attendre quelque chose, les yeux toujours posés sur elle à cet instant. Une réponse peut être ? Elle hocha lentement dans sa direction, comme s’il était capable de voir par là une forme d’acceptation tacite, une transaction muette qui s’opérait entre deux esprits qui pouvaient se comprendre, d’une certaine manière.

Ce fut l’heure des adieux, et Alaïs promit à la tisserande de passer à sa boutique dès que l’occasion s’en présenterait. Karl lui donnerait l’adresse et elle ne manquerait pas de donner des nouvelles. Elle se permit de la serrer brièvement dans ses bras, ajoutant un énième remerciement à leurs échanges. Elle n’en aurait probablement jamais assez pour l’aide providentielle qu’elle lui avait fournie, avec Karl. Les deux s’éloignèrent sur le port retentissant de quelques cris de mouette et Alaïs contempla l’horizon et cette mer grise qui s’étendait à l’infini devant elle. Lorsque le contrebandier revint à pied, il ne parut pas surpris de la trouver là, les jambes ballant dans le vide, assise sur un ponton de bois derrière la boutique. Il esquissa même un vague sourire tandis que ses yeux semblaient l’aviser d’un air un peu moins glacial que la veille, comme si le soleil était parvenu à instiller un peu de chaleur dans cette âme taciturne.

“Je vois que tu as pris le temps de réfléchir. Viens, je vais te montrer ce que j’attends de toi.”

Se redressant d’un bond sur ses pieds, l’acrobate suivit le contrebandier, sans un regard en arrière.
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Quelques pirouettes au vent mauvais   Quelques pirouettes au vent mauvais EmptySam 5 Oct 2019 - 5:14





Alaïs, Karl & Ambre

La petite tisserande s’affairait sur la préparation du petit déjeuner. Non pas que cette activité la passionnait, mais elle lui permettait de remettre ses idées en place l’air de rien. Son cerveau se réveillait doucement, et les souvenirs de la nuit qui venait de dérouler lui revenaient petit à petit. L’emplissant d’une honte sans nom. Une honte qui lui prenait tout le corps, au point de la rendre quelques peu tremblotante dans ses mouvements. Ambre n’avait absolument aucunes idées de comment appréhender cette situation. Elle n’avait jamais dérapé de la sorte. Elle, une femme si rangée, si calme et réservée, si prude. Elle, si peu farouche, c’était présenté en robe légère au milieu de la nuit auprès de son ami de longue date. Un ami qu’elle a connu marier ! La blonde rougit malgré elle devant la poêle chaude qu’elle remuait frénétiquement. Comment avait-elle osé faire ça ? Après la honte, c’était la contrariété face à ses actions. La jeune femme avait montré sa fragilité, malgré cette carapace douce qu’elle s’efforçait de garder jour après jour. Ambre ne souhaitait pas qu’on voit sa noirceur, c’était son petit truc à elle, qui la rassurait. Et quoi ? Elle était aller pleurnicher dans les bras d’un homme ! Les bras de Karl !

Les souvenirs de l’homme si compréhensif il y a de ça quelques heures, si proche au point de lui tenir la main, la tenir dans ses bras, sans sourciller l’a firent frissonner. Un frisson de malaise. La tisserande n’avait pas été touché par une personne de cette façon depuis des années. Et de toute manière, elle ne le souhaitait pas. Une fois de plus, la jeune femme en était reconnaissante à Karl de n’avoir rien tenté et d’être resté d’une douceur infinie face à son mal-être si soudain. Elle l’avait réveillé au milieu de la nuit, avait déversé son chagrin en pleine figure sans même se soucier du sien et avait quémandé sa présence dans le lit alors que leur relation ne lui en donnait pas le droit. Et le vendeur de grain avait tout accepté, sans broncher. Un homme d’honneur, un homme de soutient. Un ami.

Perdue dans ses pensées noires, elle fit un bond en entendant quelqu’un s’installer à table derrière elle. Elle se tourna, le cœur battant et vit la petite tête rousse, le visage farineux mais tout sourire devant elle. Ambre le lui rendit avec douceur. Cette fille lui plaisait. Sans un mot, elle lui tendit un bol encore fumant de la potée qu’elle venait de concocter et s’installa à côté d’elle. La licière n’avait pas faim, mais elle prenait plaisir à regarder l’inconnue manger avec tant de vigueur et de bonne volonté. La blonde la fixe pendant qu’elle mangeait. Il y avait quelque chose chez cette jeune femme qui lui faisait du bien. Cette énergie si propre, presque enfantine. Cette petite chose qui arrivait à faire oublier pour quelques instant le monde horrible dans lequel ils étaient coincé. Bien que leurs âges étaient proches, notre héroïne voyait en la rousse une grande enfant, et elle avait envie de prendre soin d’elle. D’un geste tendre, elle passa sa main dans les cheveux court de sa voisine et les ébouriffa en rigolant. Dans un flash, la petite marchande se dit qu’elle ressemblait beaucoup à Léti, moralement.

Karl s’installa à table, face à Ambre, maussade comme toujours. La tisserande sursauta et le regarda avec deux grands yeux ronds. Elle ne l’avait absolument pas entendu sortir de la chambre et arriver vers elles. La surprise fit place à la honte en repensant à la nuit passé et son regard se détourna instantanément de leur hôte. Elle vit donc le regard intrigué d’Alaïs passer au duo improbable, ne faisant qu’accentuer sa gêne. Elle ne voulait rien dire, risquant d’aggraver le malaise en cherchant à se justifier en panique. Non, elle ferait juste comme si de rien ne c’était passé. Et elle ne regarderait surement plus jamais Karl dans les yeux.

Celui-ci, bien que la blonde ne le regardait pas, semblait comme à son habitude aussi grognon et refrogné que d’habitude. Alors que la friponne mangeait encore, il proposa de ramener à sa boutique la fluette Ambre. Si tôt ? Elle fut prise au dépourvue. Elle aurait préféré rentrer seule, mais elle se voyait mal envoyer paitre son ami sans raison, alors qu’il lui avait offert le gîte. Alaïs toujours aussi joyeuse, exprima sa joie face à ce maigre repas qu’elle venait de concocter. Ambre ria franchement. Comment cette fille arrivait elle à dégager autant de bonne humeur et de lumière sur des choses aussi simple ?


▬ "Merci Alaïs mais ce n’est vraiment pas grand-chose ! Je fais des meilleurs petits-déjeuners à la maison, sans vexer Karl "».

Sans oser le regarder dans les yeux, elle se leva et s’éclipsa silencieusement dans la chambre pour remettre sa robe et son corset. A son retour dans la pièce principale, les deux Marbrumiens étaient frais et décidés à partir. Ambre bailla. Elle n’avait décidément pas assez dormi. Une fois dehors, l’air frais à l’odeur de poisson mélangé à l’iode la prirent à l’estomac. Pour rien au monde elle ne vivrait au port se dit-elle. Alaïs l’a pris alors dans ses bras, sonnant l’heure du départ. La blonde menue était déçue. Elle pensait que la rouquine les accompagnerait jusqu’à chez elle. L’idée de se retrouver en tête à tête avec son ami ne la réjouissait pas beaucoup, et elle aurait aimé connaitre un peu plus la jeune fille qu’elle venait à peine de rencontrer. Une envie irrépressible de prendre soin d’elle comme de sa propre fille la prenait aux tripes, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être la tisserande sentait qu’il s’agissait d’une fille bien, remplie de bonne volonté et sans mauvaise arrières pensées. Chose rare à cette période-là. Son cœur se serra. Elle l’étreignit avec force et la regarda dans les yeux.


▬ "Tu feras bien plus que venir me rendre visite. Tu seras chez moi comme chez toi. N’hésite pas à venir dès que tu en a le besoin. Ma maison est grande et vide, un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. Ne dors plus jamais à la belle étoile, d’accord ? "».

Ce n’était pas formulé comme une promesse, mais la sincérité qui se dégageait de cette proposition valait bien plus que ça. Elle partit ensuite silencieusement avec son ami.

Sur le trajet du retour, pas un mot n’arriva à sortir de la bouche de la demoiselle. Ses yeux fixaient les pavés et son pas se faisait plus rapide qu’à l’accoutumé. Qu’est ce qu’elle aurait bien pu dire ? S’excuser l’aurait mis dans l’embarras, le remercier ? Encore pire. Ses mots et ses phrases se mélangeaient dans son crâne dans un méli-mélo assourdissant. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’en voulait absolument pas à l’homme à côté d’elle. Elle s’en voulait à elle-même de s’être montré si faible. Montrer une once de fragilité. Avoir montré sa féminité aussi. Quelle gourdasse elle faisait. En plus de ça, la blonde n’arrivait pas du tout à voir si Karl était silencieux comme à son habitude ou si lui aussi était gêné de part la situation. Et ne pas savoir l’énervait aussi. Ils arrivèrent devant chez elle. Prenant son courage à deux mains, elle se planta devant l’homme et serra les poings. Petit fétu de paille qu’elle était, elle paraissait ridicule la, devant lui, les sourcils froncés et ses petits bras tendu pour montrer sa détermination.


▬ "Karl, écoute ! Je ne veux pas revenir sur ce qui s’est passé cette nuit. Jamais. Par contre j’ai vu vos regards avec Alaïs. Je ne suis pas folle tu sais, je sais bien que tu ne vends pas que du grain. Je ne veux pas savoir ce que tu fais vraiment, je ne veux jamais être impliqué dans tes histoires. Jamais. Je te demanderais seulement une chose, par amitié. Ne met jamais cette gamine en danger. S’il te plait. Je sais que son énergie va te plaire, te rappeler Léti, mais tu n’as pas le droit de l’emmener dans tes tourments. Laisse-la venir chez moi et avoir une vie normale. Elle est jeune et malléable !"».


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