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 [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)

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LéthargieMaître du jeu
Léthargie



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MessageSujet: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyDim 4 Aoû 2019 - 17:00
Août 1166


Raphaël Ombraltar & Alaïs Marlot & Waran Tongrave & Maralina de Bransat & Karl Stanner & Élisabeth Blanchevigne

Il était tard. Le soleil s'était caché depuis déjà bien longtemps, laissant l'obscurité assoupir Marbrume.
La rue obscure voyait quelque passant progresser entre les ombres sinueuses des rues de la Hanse.
Julia se tenait là, dos au mur d'une bâtisse. L'entraineuse d'homme, bras croisés sous sa poitrine généreusement mise en avant venait de quitter d'autres collègues afin d'aller alpaguer le mâle en rut.

Elle faisait ça depuis moins d'une saison, mais cela avait été suffisant pour saisir les clés essentiels de la pratique. Son réseau lui assurait une protection toute relative, un toit, et le couvert.
Et elle avait découvert avec une grande surprise que ce n'était pas que les hommes les plus laids qui avaient recours aux filles comme elle.
Et ce soir, justement, Julia était sortie confiante. Son client lui durerait la nuit, et le salaire serait conséquent. Avec ce qu'elle allait toucher, elle pourrait offrir de la viande à Carl et Justine demain.
Elle voyait d'ici leur mine réjouit devant une assiette de légumes composée autour d'une belle pièce de bœuf.

Cela lui donnait de l'ardeur ! Soupirant dans la nuit, elle vit une forme qui se découpait dans l'ombre, tournée vers elle. Une petite personne emmitouflée d'une cape pourpre à velours, au capuchon relevé, rendant mystérieuse l'identité de son porteur.
Méfiante, Julia pencha la tête de côté, avisant d'autres passants du regard. Elle n'était pas seule, il ne lui arriverait rien.

L'individu encapuchonné s'approcha, une main gantée sortie, portant une bourse de cuir rebondie.

-"Bonsoir Mademoiselle. J'ai désiré quémander votre service pour mon loisir personnel. Je vous constate parée d'une robe blanche, comme je l'avais demandé. C'est parfait. Puis-je vous inviter à me suivre, afin que nous passions la nuit agréablement?"

Julia fut très surprise par la voix de la personne qui lui parla. Alors ça, elle n'aurait jamais compté là-dessus! Elle dissimula son trouble en s'avançant d'une démarche féline, rassurée, quelque part, d'avoir affaire à une personne civilisée, manifestement doté de vocabulaire et de manières.

Elle suivit dans les ombres la forme encapuchonnée prête à passer une nuit qui rapporterait gros.

_______________________________________________

Le Goulot
09h03


-"Voilà c'que ça rapporte que d'suivre les gens comme ça, sans méfiance...Et à la nuit tombée ! Un coup d'une secte, peut-être ?"

Cracha le Sergent Grégor Douglas, la mine sombre.

-"Roooooh allez, n'dites pas ça chef, sans nana comme elle, ma vie s'rait triste comme une pierre ! Mh... Excellent ce bœuf séché..."

Les deux miliciens se tenaient debout face au corps sans vie de Julia. Elle reposait, pâle et immobile à jamais sur le pavé. Le sang répandu séchait autour d'elle, prenant une forme curieuse, imbibant les pierres, et s'étendant comme un arbre, alors que le liquide vital avait suivit le chemin des sillons pour former de multiples branches.

Elle était aussi pâle que sa robe et seul le trou rouge dans son abdomen jurait avec le ton d'albâtre du tableau. La blessure s'étirait depuis le sternum jusqu'au bas du nombril, et la peau, ainsi que la robe avaient été retenus sur les côtés, au sol, par des clous afin que reste ouverte la plaie horrifique.
Car par l'ouverture pratiquée dans le ventre, on pouvait voir l'intérieur du corps, étrangement peu fourni, et très propre. Reposait dans le ventre, éclairé par le soleil du matin quelques organes, séchés au sel, et lavés du sang qui les maculait.
Les mains jointes sur la poitrine du cadavre serraient une corne de vache, et, en évidence sur les organes de la victime, une grappe de raison trônait.

Le Sergent Grégor Douglas était partagé entre le scepticisme et l'incrédulité. Les prêtres prenaient comme outrage au corps de l'ouvrir, comme de manipuler ce qui se trouvait dedans ! Il s'agissait d'un grand blasphème ! Cela dénotait d'une moralité particulièrement abjecte !
Mais toute sa colère était comme sourde. Elle était bridée par le fait qu'il avait déjà vu cela il y a neuf jours.
Un autre cadavre paré de blanc au ventre ouvert avait été porté à sa connaissance. Il s'agissait aussi d'une jeune fille, issue de la Balsamine cette fois.
Une fois, on pouvait croire à un acte isolé d'un fou. Une seconde fois, avec une scène identique, le doute n'était plus permis. Quelqu'un tuait, voulait que l'on voit son œuvre, et entendait poursuivre ses actes ignobles.

Quelqu'un dans la ville prenait en horreur les filles de joie et semblait vouloir le faire subir mille tourments en conséquence. Comme si la ville avait besoin de cela en ce moment...
La parution des fangeux non loin de la caserne avait rendu tout le monde fou...

Fermant les poings avec rage, il se tourna vers son second.

-"Qu'on détache un groupe de miliciens. Je veux cinq hommes sur cette affaire, et je les veux à pieds d’œuvre dès aujourd'hui ! Un type s'amuse à trucider une femme tous les neufs jours. Il leur ouvre le bide pour je ne sais qu'elle raison farfelue mais à chaque fois, ce qu'on voit de l'intérieur change... Et ce connard laisse en plus une grappe de raisin ! Je veux voir cet enfoiré subir un châtiment exemplaire, et je veux le voir avant de voir sa prochaine victime ! Ils ont 8 jours !!"

Charles Laquais, demanda avec une inspiration subite qui ne lui ressemblait pas.

-"Il faudra plus que des miliciens m'sieur. Des guérisseurs ou des botanistes auront peut-être des choses intéressantes à dire devant ce travail. Je vais voir ce que je peux trouver."

Son supérieur fit volte face, et s'assura que cette partie de la rue était barrée. Avant de partir, il lâcha d'un ton plein de rage.

-"Je me fou de savoir qui tu colles sur ce cas, tant qu'ils font le travail ! Promet leur de l'or, une reconnaissance de la milice. Mais qu'ils trouvent le coupable. Et me le rapporte vivant..."

Léthargie a écrit:
Remarques :

Bonjour, bonsoir mesdames et messieurs ! Bienvenu dans ce défi de classe ! Et bonne chance à vous bien sûr ! Puisse Rikni vous guider.

Maralina de Bransat & Élisabeth Blanchevigne vous avez été nommé par votre hiérarchie pour participer à cette enquête, c'est donc une mission officielle.

Raphaël Ombraltar & Waran Tongrave, le Temple vous a chargé de prêter main forte à la Milice. Ce sont leurs supérieurs qui ont demandé au Temple un appuie dans cette affaire. Surtout pour percer les mystères entourant la barbarie du ventre ouvert.

Alaïs Marlot, en tant que membre du peuple ayant été aperçu dans les environs, tu es là en tant que spécialiste du quartier. Tu vis dans le coin, donc c'est logique que l'on fasse appelle à tes services.

Vous pouvez poster dans l'ordre qui vous convient, et cet ordre ne sera pas maintenu semaine après semaine. Essayez simplement de respecter vos compagnons de RP et de ne pas répondre alors que certain n'ont pas encore écrit leur intervention.
Je vous demande d'essayer de poster avant le dimanche 11 Août à 23h59, histoire de garantir rythme et régularité.

Bien sûr, je serais toujours là pour relancer, apporter des précisions, ou tout simplement obtenir des réponses via des PNJs.
Un défi attend d'être relevé ! A vos claviers, j'ai hâte de vous lire !

Le mystère du tueur aux raisins



Dernière édition par Léthargie le Lun 2 Sep 2019 - 14:24, édité 11 fois
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyLun 5 Aoû 2019 - 0:17
Il était encore tôt dans la journée quand, à l'entrée de la rue barrée, se présenta un homme, marchant d'un pas rapide mais droit et régulier, une lanterne pendant au bras gauche, un bois de torche à la ceinture. Il retira son masque de cuir de la main droite et, dans le même geste, fit glisser son capuchon.

"Je suis Waran Tongrave, envoyé du Temple et d'Anür - parmi les Trois l'Illustre. On m'a parlé d'une affaire urgente. Ne tardons pas, je vous prie."

A peine l'autorisation donnée d'entrer sur les lieux, il fit un signe de la tête pour tout remerciement, esquissant un vague sourire, puis remit masque et capuchon d'un mouvement fluide avant de s'engouffrer dans la ruelle.

Waran était plus sérieux et froid qu'à l'ordinaire. Tout empestait la mort, depuis qu'on l'avait appelé le matin-même pour assister la milice sur une "sale histoire" des plus urgentes. Ce n'était pas l'odeur d'une belle Mort, ça non. C'était l'odeur pestilentielle de la colère d'Anür. Et il allait être servi, bien que son nez ne vrillait étonamment pas du même dégoût que son esprit et sa vue à l'approche du cadavre.

Ne se préoccupant de personne, faisant signe de la main qu'il n'était pas disposé à écouter quiconque, il avança en direction du cadavre. Les vivants avaient bien le temps d'attendre. La victime aussi, en un sens. Mais les Divins Esprits, voila qui ne saurait patienter, parmi tous. Il s'immobilisa alors devant la scène, visiblement choqué.

"Par Anür..."

Waran chercha du regard un milicien quelconque et il l'interpella :

"Vous! Ou quiconque! Faites trouver un tissu quelconque. Qu'on couvre son corps, trop longtemps grand ouvert aux regards maladroits et à la colère d'Anür, tout droit venue des cieux! Chaque minute de plus est une minute de trop!"

Waran se laissa glisser à genoux, indifférent au sang étalé sous lui. Il fixait le visage définitivement figé - masque éternel de Mort - de la victime, tremblant de colère et de dégout. A cet instant, il n'était que rage et fureur, directement insufflés par Anür. On avait volé la dignité et la pudeur de son corps, gisant tel un tombeau ouvert. La scène était atroce, loin au delà de l'insoutenable.

On avait joué avec l'oeuvre du divin, manipulant la mécanique sacrée du corps, se permettant même d'ajouter, à minima, du raisin. Un simple fruit, posé là comme si un corps pouvait être un simple coffre, un contenant! Pourquoi ne pas y mettre un peu de linge aussi, ou de la vaisselle? Quel blasphème que cette scène dans son ensemble.

Le prêtre ne manipula pas le corps, ni n'alla mettre la main où nul n'aurait jamais du la mettre. Il se demanda tout juste à quoi elle avait pu succomber, faisant une inspection mineure du corps. Un tel ouvrage pouvait-il seulement être commencé avant une mort certaine? Et son âme s'était-elle vraiment échappée par les prémices de ce trou béant en elle? Quelqu'un voulant trahir la Trinité avec une telle minutie prendrait difficilement le risque de l'imprévu, pensa-t-il.

Le prêtre posa alors la main sur la joue de la défunte avec tendresse, passant le pouce sur ses paupières pour assurer que ses yeux sont fermés. Il cherchait à retrouver un peu de contenance et sa consistance. Il baissa la tête et se mit à murmurer ses prières.

"Anür - Ô Toi qui règne sur la Vie et la Mort - puisses-tu accorder le gîte éternel à cette âme volée. Qu'importe ses pêchés et sa vie, c'est à Toi, non à une lame profane, que reviendra toujours l'ultime Jugement. Laisse moi alors la guider à Toi - Ô divin Phare - que son âme se libère de ce corps massacré par un ennemi de la Foi. Que sa peine d'une mort si honteuse s'apaise comme Ton ire brulante et sacrée grandit. Et que Ton Jugement, que Ton Infinie Miséricorde, s'abatte sur la main souillée qui a profané aujourd'hui. Nous épancherons Ta soif de Justice, Ô ma Sainte. Son âme et son sang en paiement de son pêché.

Qu'à la fin, tout ne soit plus qu'harmonie. Je prie, ô demoiselle, que ton âme trouve la paix que ton corps n'aura que dans les flammes."


Waran releva la tête, élevant la voix pour s'adresser aux gens présents.

"Mon nom est Waran Tongrave. On m'a fait mander pour avoir l'appui d'Anür, puisse ma main se faire Sienne. Soyez sur de mon plein soutien."

Le prêtre resta un instant pensif avant de poursuivre:

"En retour, ce corps est désormais sous ma pleine responsabilité et, par moi, celle du Temple, au nom des Trois - loués soient-ils. Nul ne doit plus l'approcher ni l'examiner sans mon accord, s'il n'est pas prêtre. Aucun autre passe droit, ni badaud, ni roi. Garantissez moi également que nul ne m'empêchera de brûler son corps une fois son examen pleinement accompli par qui de talent et de droit."

C'est à ce prix qu'Anür nous épargnera peut-être les abimes. Ce drame est un outrage à son nom."


Waran laissa échapper un soupir puis murmura d'un air soudain moins froid:

"Sait-on seulement qui elle est...? Cette femme...?"

Waran jeta un regard vers le milicien visiblement en charge, écouta l'éventuelle réponse avant de se replonger dans ses mantras.
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyLun 5 Aoû 2019 - 11:00
"Eh toi là-bas ! Viens par ici !"

La voix forte du milicien lui avait crispé les épaules aussi sûrement qu’un coup de matraque entre les homoplates. Alaïs fit mine d’être un peu dure de la feuille et se tortilla de plus belle dans la foule bigarrée des badauds qui s’entassaient comme une nuée de mouches curieuses autour d’un bon festin à venir. “Pardon, pardon, excusez-moi, laissez moi passer...” murmurait-elle à voix basse pour se frayer un passage en jouant des coudes. Mais la foule pour une fois ne lui viendrait pas en aide, trop fascinée par le spectacle morbide qui se déroulait plus loin, et on lui adressa même quelques regards mauvais quand elle écrasa certains pieds qui se trouvaient sur sa route. Elle sentit soudain une brèche se former dans son dos, et tourna à demi la tête pour s’apercevoir qu’un solide gaillard en uniforme de la milice la rattrapait déjà, avant de coller sa lourde paluche sur son épaule. Trop tard. Elle esquissa un sourire craintif, comme pour s’excuser à l’avance et au regard peu amène de son vis à vis, devina qu’il n’était pas dupe. Elle était cuite.

"J’ai rien fait, m’sieur, je le jure !"

S’il mettait la main sur son sac, elle en serait quitte pour la geôle et un quart d’heure plus que déplaisant. Elle riva ses yeux à ceux du milicien dans l’espoir d’y trouver une réponse sur son degré de crédulité et devina sans peine qu’il n’était pas du genre à se laisser embobiner, loin de là. Elle s’essaya néanmoins à prendre un air dégagé et laissa glisser son sac par terre, l’air de rien, entre les jambes de quelque gredin qui se trouvait là, donnant une légère poussée du pied pour éloigner l’objet du délit. Le jeune milicien fronça les sourcils, refermant un peu plus étroitement ses doigts gantés sur son épaule frêle, ce qui lui tira une grimace de souffrance, et elle se prépara au pire.

"Ouais ben c’est ce qu’on verra ! En attendant, j’aime pas qu’on me fasse courir pour rien. Quand la milice te dit de t’arrêter, tu t’arrêtes, compris ?"

Alaïs eut un moment de flottement, elle s’était attendue à une réponse plus véhémente. Etrangement, son vis à vis ne semblait pas vouloir se précipiter pour la fouiller, ni l’embarquer, et il ne jeta même pas un regard soupçonneux autour d’elle, ce qui lui donna un vague espoir. Elle hocha promptement la tête, feintant la parfaite docilité et esquissa même un air contrit de circonstance.

"C’est que les gens de la milice me font drôlement peur, m’sieur.
- M’est avis que la milice est pas la chose que t’aies le plus à craindre, présentement. Viens avec moi, j’ai à te causer."

Cette fois, elle était carrément intriguée, et quelque part, ses tripes lui criaient que ce qui l’attendait était bien plus terrible qu’une petite histoire de rapine dans les Bas Fonds. Déjà la foule se dispersait peu à peu, repoussée par un cordon de miliciens à l’air peu engageant, et elle se sentait tout à coup très seule. Elle jeta un regard par dessus son épaule et poussa un soupir de soulagement, bien que fugace. Son sac, lui, avait déjà disparu. Le Goulot restait fidèle à lui-même. Ce qui trainait par terre finissait immanquablement par disparaître. Une chose de moins à se soucier. Mais déjà le gaillard l’avait entraînée à l’écart, exactement vers le centre de l’attention de la foule quelques minutes plus tôt, et la poussa au devant de lui d’une secousse. Elle perçut une forme blanche entourée de rouge, une auréole de cheveux épars tranchant sur la terre battue du Goulot. Oh, bon sang. Elle voulut s’extraire de la poigne du milicien, soudainement, comme un animal de bât se refuse à l’évidence alors que le couteau se rapproche.

"Tiens toi tranquille, crénom de dieu ! Tu la connais ?"

Mais Alaïs fermait les yeux et secouait déjà frénétiquement la tête, refusant catégoriquement de se confronter à cette vision de cauchemar. Elle en avait déjà suffisamment pour ne pas y ajouter la monstruosité des hommes.

"Non, non, je la connais pas, laisse-moi partir maintenant !
- Regarde mieux que ça ! Et t’avise pas de mentir !"

Alaïs poussa un gémissement de dépit. Elle n’avait rien demandé, n’avait rien à faire dans cette affaire. Pourquoi avait-il fallu qu’elle passe par là à ce moment précis ? Pourquoi l’avait-il repérée, elle, au milieu de toute cette foule qui aurait bien donné une pièce pour se gargariser sur le cadavre une minute de plus ? Elle ouvrit les yeux sous la bourrade du milicien et l’image de cette femme lui sauta au visage plus sûrement qu’un Fangeux sur un bout de viande humaine. Alaïs se sentit frémir sous la poigne du milicien qui ne relâchait pas la pression sur son épaule et laissa échapper malgré elle ce souffle fatal, qui scellerait son destin.

"C’est… C’est Julia… Pauvre Julia… Elle tapine… Enfin elle tapinait pas loin."

Elle ne la connaissait pas davantage, se souvenait seulement de la voir traîner là le soir, et de la saluer d’un hochement de tête, ou d’une petite remarque cordiale, comme entre voisines de quartier. Et Alaïs se tourna brutalement vers le milicien, enfouissant brièvement son minois dans la cuirasse du bonhomme pour échapper à la vue atroce de ce corps profané, de cette horrible mise en scène. Et l’homme sembla pris d’un élan de pitié, un peu gêné, penaud, comme s’il regrettait de l’avoir brutalisée sans motif, si ce n’est la volonté farouche de résoudre cette affaire au plus vite et de satisfaire les désirs de son supérieur. Il se racla la gorge et repoussa la jeune fille avec un peu plus de délicatesse que de coutume et l’observa attentivement.

"Je suis le second Charles Laquais. Comment tu t’appelles, petite ?
- Alaïs Marlot, m’sieur."

Elle ne cherchait plus à faire la maline, tête basse, elle priait seulement de tout son coeur pour qu’il la relâche et la laisse aller, dans l’espoir d’oublier ce qu’elle venait de voir. Le milicien lui retourna un regard presque doux, et poursuivit d’une voix apaisée.

"Et tu vis dans le coin pas vrai ?"

Elle se contenta de hocher la tête, presque piteusement. Le milicien inspira longuement.

"Ecoute, Alaïs, je vais pas te mentir. J’ai besoin d’un coup de main. Y’a un fou furieux qui tue des femmes comme Julia, dans les Bas Fonds, et il recommencera, si on le chope pas. On est pas trop en odeur de sainteté ici, je le sais bien. Alors…"

Il l’observa attentivement, regrettant presque ce qu’il allait dire ensuite. Alaïs le perçut et commença d’emblée à secouer la tête négativement. Oh que non, pas question.

"Alors j’ai b’soin de quelqu’un comme toi, tu vois, qui sache à qui parler, où laisser traîner ses oreilles, qui puisse m’indiquer les bons endroits, qui interroger, qui me rapporte ce qui se passe…"

Alaïs fronça les sourcils, redressant le menton, soudainement prise d’un élan de colère dont elle ne percevait pas exactement l’origine.

"J’suis pas une moucharde !"

Le milicien se raidit, partagé entre la culpabilité d’utiliser une fille si jeune et le besoin urgent qu’il avait de trouver une équipe digne de ce nom à mettre sur cette affaire tordue, qui le dépassait et de loin. La méfiance de la gamine le révoltait un peu, aussi, il essayait de faire son boulot correctement après tout. Mais il prit sur lui et continua sur sa lancée, mettant sa fierté d’agent de la Couronne en sourdine.

"Bien sûr, j’te demande pas de le faire pour rien. J’peux négocier quelques pièces auprès de mon chef, et puis… la milice t’en devra une. Surtout si on le chope avant qu’il recommence.

Alaïs serra les lèvres, le visage dur. Elle fixa le milicien, et soudain elle perçut ce moment de flottement dans son regard. Il n’avait pas la moindre idée de comment il allait bien pouvoir se dépatouiller de cette histoire. Et il s’en remettait à des filles comme elle, des raclures de Bas Fonds, pour l’aider dans son boulot. C’était le monde à l’envers. Et c’était franchement effrayant, aussi. Si la milice ne pouvait rien contre ce monstre, qu’adviendrait-il des gens du Goulot ? De filles comme elle, aussi fines que des brindilles ? Le monde devenait de plus en plus dingue, et Alaïs savait une chose : on ne survivait pas seul. Alors, elle capitula.

"C’est d’accord... mais juste pour cette fois ! Je vais parler à quelques personnes. Mais viens pas m’alpaguer comme ça en plein milieu de la rue, j’ai pas envie de passer pour ce que je suis pas. Puis c’est pas prudent non plus. Quand j’aurais trouvé quelque chose, c’est moi qui te trouverai."

Le milicien semblait sur le point d’ajouter quelque chose, mais cette fois, elle fut plus rapide et s’extraya souplement de sa prise, s’éloignant déjà dans les ruelles nauséabondes, qu’elle commençait à connaître comme les lignes de sa main.

"Et y’a plutôt intérêt à ce que la paye soit bonne !"

Et elle se dirigea en direction de la maison d’Euriya, la patronne de la maison close dénommée l’Ecumeuse, et qui connaissait tout le monde ou presque dans le quartier. C’était un peu comme une seconde mère et du reste, elle avait élevé Kryss, le chef des Macchabées, le plus proche ami que possédait Alaïs. Les trois avaient partagé l’horreur et la folie de cette nuit tragique où les Fangeux avaient attaqué le quartier et la brave catin commençait tout juste à remettre la bâtisse en état. Elle en saurait peut être un peu plus sur Julia, ses habitudes, ou les clients qu’elle fréquentait.
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyLun 5 Aoû 2019 - 13:34
Il y avait quelque chose de mauvais qui flottait dans Marbrume depuis l’invasion. Une morosité pensante, des regards noirs, des doutes et surtout des fous. Il fallait croire que la présence de la fange dans le chaudron avait ramené tout le monde à la réalité. Là où certains pensaient certainement la ville inattaquable et imprenable s’étaient réveillés un beau matin avec la preuve qu’ils avaient tords. La preuve qu’il avaient tord et une paranoïa en cadeau bonus.

Elisabeth était globalement assignée à l’intérieur depuis qu’elle était à nouveau capable de tirer à l’arc. Une blessure qui avait laissé de multiples cicatrices et une légère gêne qui s’estompait petit à petit alors que son corps meurtri avait récupéré de sa morsure. Néanmoins son statut de mordue qu’elle cachait bien tant qu’elle le pouvait pesait toujours sur son esprit, comme une épée de Damoclès. Heureusement, depuis qu’elle pouvait reprendre ses missions de milicienne, cela lui donnait l’occasion de penser à autre chose, et d’arrêter de déprimer. Ce qui était étrange vu qu’il s’agissait assez rarement d’affectations joyeuses...

La milicienne était d’ailleurs en marche en direction du lieu du crime le matin. Accompagnée d’autres miliciens, elle approcha donc de la scène du crime, tout ça pour entendre une voix connue psalmodier. Roulant des yeux et approchant de l’officier en charge, elle alla se présenter. « Elisabeth Blanchevigne. J’ai été envoyée en renfort. » déclara-t-elle alors. Elle était dans sa tenue habituelle de milicienne, arc et carquois dans le dos, épée courte à la ceinture, cheveux attachés en une natte dans son dos.

Ce faisant, elle se dirigea vers le lieu du crime tout en remarquant du coin de l’oeil un autre milicien en train d’interroger une passante. Elle n’y prêta pas trop attention, se dirigeant plutôt vers le corps dans un premier temps. La scène était macabre et le Père Tongrave était déjà sur les lieux du crime, alors qu’un milicien était apparemment parti chercher de quoi couvrir le corps. La jeune femme frémit en observant le corps encore découvert. La mise en scène était soignée, et c’était répugnant. Quel genre de fou pouvait faire une chose pareille?

La milicienne était néanmoins assez loin, puisque le prêtre qu’elle connaissait voulait en faire son affaire. Et fanatique comme il pouvait être, mieux valait ne pas marcher sur ses plates bandes. « Père Tongrave, bonjour. Je vois que vous n'avez pas le temps de vous reposer, le devoir vous appelle vous aussi. » s’adressa-t-elle alors à lui. La jeune femme passait effectivement souvent au Temple pour son suivi de morsure - même si la plaie était maintenant cicatrisée.

« Savez-vous quelle est la symbolique derrière ... ça? Je suppose que le raison et la corne de vache ne sont pas anodins. Le tueur semble avoir voulu laisser un message. Peut-être qu’il y a un peu plus qu’un simple dégénéré. Peut-être quelque chose de païen? » demanda-t-elle alors au prêtre à voix haute ainsi qu’à quiconque d’un minimum lettré qui voudrait bien l’entendre. Elle-même fouillait dans sa mémoire, mais rien ne venait vraiment. Cela n’avait jamais été son fort mais peut-être qu’un prêtre plus versé dans les écrits sacrés saurait faire la part des choses.

Observant toujours d’assez loin, elle réfléchi un instant. De ce qu’elle voyait le travail n’avait pas été bâclé et toute la mise en scène avait été bien trop soignée pour être faite en pleine nuit et en pleine rue. Les patrouilles de la milice n’auraient pas hésité à tirer à vue en voyant cela. « Père Tongrave, puis-je approcher? Le tueur a sûrement préparé la plupart de ce morbide spectacle ailleurs qu’à même le pavé. Des voisins l’auront peut-être aperçu tout de même mais il ne s’est pas embêté à réaliser tout cela sur place. Avec les sang et les pavés sales du Goulot, je pourrais peut-être remonter la piste jusqu’au lieu du crime. » demanda alors la milicienne, assez professionnelle.

Après tout, si meurtre il y avait eu, cela devrait laisser des traces. La scène, bien que macabre, était bien trop propre pour être l’endroit où tout s’est déroulé. Après, restait à savoir où cette brave Julia emmenait-elle ses clients. Peut-être avait-il tout réalisé là bas. Mais cela faisait un autre endroit, avec peut-être d’autres témoins. Avait-elle crié? Vu la blessure, c’était possible. Et puis, Elisabeth en profiterait pour regarder si la pauvre avait été étranglée au niveau de la gorge ou non. « A voir aussi si elle a des marques au niveau de sa gorge. Si elle a été plantée comme cela elle aurait peut-être crié, à moins que le meurtrier n’ait fait en sorte qu’elle ne fasse plus de bruit. » ajouta-t-elle ensuite.

C’est avec un sentiment de malaise certain qu’elle se mit au travail. A l’extérieur, il y avait aussi des choses sales, des morts, du sang. Mais là c’était différent, ce n’était pas la Fange. C’était un humain. Un fou. Un hérétique. Sa place était sur le bucher. La jeune femme se sentait mal, mais elle devait faire ce pour quoi elle avait été appelée : mettre cette affaire au clair.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyVen 9 Aoû 2019 - 5:59
Il était toujours compliqué pour moi de trouver du temps pour un peu de recueillement. Lorsque je souhaitais faire mes prières, il me fallait toujours me lever tôt car on trouvait toujours un malheureux à recoudre avant que je n'ai eu le temps d'invoquer le nom des Trois.

Mes yeux fixaient la faible lueur d'une chandelle en fin de vie. Elle vacillait, cherchant autant de l'air, de la cire que de la corde. Mes pensées elles aussi vacillaient d'un sujet à l'autre. J'étais préoccupé par nombres de sujets et comme tout un chacun, la chute du Chaudron occupait une grande part de mes pensées.

De temps à autre, je priais indifféremment pour les Trois Dieux, leur demandant de nous aider à sauver les pauvres âmes qui constituaient les haillons du tissu de l'Humanité. J'observais la bougie et acceptait parfois ses mouvements comme des réponses aux questions que je lui posais.

Mais quelques faibles coups à la porte du sanctuaire me sortirent de ma léthargique transe. Un frère vint me chercher et m'informa que les responsables m'avaient désignés pour aller aider la Milice sur une affaire qui était au delà de leur domaine de compétence. Il me confia tout ce dont il avait connaissance, la mort d'une femme et le fait que son corps avait été profané.
Je poussais alors sur mes jambes pour me relever et jetais un dernier coup d’œil à la bougie: Elle était éteinte.


J'avais traversé la ville aussi vite que possible mais mes affaires me ralentissaient sensiblement. Si corps à examiner il y avait, je devais avoir été désigné pour ça, aussi j'avais pris tout le nécessaire pour m'en occuper dignement. Du fil et des aiguilles pour le recoudre, toutes sortes d'ustensiles pour manipuler et quelques linges pour m'essuyer les mains, le tout dans ma lourde besace de cuir.

Je n'eu même pas besoin de me présenter aux miliciens que ces derniers m'indiquaient une direction en me disant: "Votre acolyte se trouve déjà là bas".
Mon acolyte?

Si la question se posa quelques secondes dans mon esprit, j'eu bien vite la réponse en entendant les diatribes enflammées qui caractérisaient si bien Waran.
Me dirigeant vers la source de ces véhémentes promesses, j'eu la surprise d'y croiser aussi la jeune milicienne dont nous avions eu à nous occuper. Le monde était décidément bien petit.

-Élisabeth, c'est un plaisir que de vous voir en service, lui dis-je avec un sourire qui ne paraîtrait pas déplacé pour l'occasion. Puis avec un léger ricanement, je disais à l'autre intéressé: Et toi Waran, je ne pensais pas que tu me suivrais jusqu'ici. Si tu le permet bien, je voudrais m'occuper du corps avant qu'il puisse être détérioré par une autre intervention extérieure.

Oh, lui et moi savions que je ne disais ça que par stricte politesse. Nous n'avions l'un et l'autre aucun pouvoir de décision sur l'autre et c'était pour quoi je n'attendais pas son aval pour me rapprocher plus avant de la morbide découverte.
La robe de lin grise que je portais se teinta bien vite de carmin alors que je m'approchais à pas mesurés, prenant bien garde à ne rien risquer de changer et surtout, me faisant une image mentale du tableau global.

-À première vue, sans encore être entré dans les détails, je prétendrais que la jeune femme devrais avoir été tué et ouverte ici. Le sang qui macule le sol me laisse à penser qu'elle était toujours en vie tandis que le tueur outrageait son corps. Autrement, si elle avait été morte, le sang n'aurait pas bougé et n'aurait coulé qu'en petite quantité. Mais c'est bien sûr en supposant que la personne qui ai fait ça ne soit pas encore plus folle que je ne le pense déjà. Si elle avait récupéré son sang comme on le ferait de celui d'un porc pour faire du boudin, alors sa mort pourrait remonter à bien plus longtemps. Mais je dois l'examiner avant de pouvoir en dire plus.

Une fois à genoux à côté d'elle, je regardais de plus près l'orifice qui occupait désormais l'emplacement de son bas-ventre. J'y inspectais les chairs, cherchant à voir sur la peau avait été ouverte avant ou après la mort. J'observais les tissus des organes restant, voyant ceux qui avaient été retirés de ceux qui y étaient toujours. La couleur de ces derniers pourraient aussi m'indiquer si ils avaient été manipulés tandis que la victime vivait toujours ou non.

J'entendais la question de la jeune milicienne, et observais aussi cette corne que ses mains graciles enserraient sur sa poitrine. Le raisin sur ses organes restant restaient bien étrange lui aussi. Était-ce une signature ou bien avait-ce une signification dans son ensemble.

-La corne et le raisin pourrait être une forme de matérialisation de la corne d'abondance...bien que cela soit étrange. Le ventre de la femme serait donc dans la tête de ce pervers une matrice propre à donner des choses dont on a besoin pour vivre? Je persiflais pour moi-même: C'est vraiment tordu...

Tordu, mais je devais l'être aussi un peu, car cet étrange cas m'intéressait déjà au plus haut point. Une énigme comme je n'en avais encore jamais connu. C'était excitant et morbide à la fois, bref, tout ce que j'aimais.

Je retirais la corne des mains de la jeune femme et l'inspectait. Peut-être contenait-elle un message?

Raphaël a écrit:
Raphaël inspecte le corps pour tenter d'y déceler des indices sur l'heure et le lieu de la mort, ainsi que la manière dont elle est morte
Il tente de se souvenir dans ses connaissances des cultes et de la religion si ça peut être lié à une pratique quelconque
Il enlève la corne des mains du cadavre et voit si elle contient quelque chose
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LéthargieMaître du jeu
Léthargie



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyDim 11 Aoû 2019 - 23:26
Août 1166


Charles Laquais observait d'un œil peu enthousiaste toute l'agitation qu'avait provoqué le cadavre. Les femmes et hommes qu'il avait demandé étaient là à présent, et à pieds d’œuvre. Les bras croisés, adossé au mur d'une cour fermée, il mâchonnait un concombre pensivement.

Pauvre femme...

Comme si la nourriture manquante, les fangeux, les maladies n'étaient pas assez de fléaux, il fallut encore qu'un fou hostile au culte du Temple vienne s'ajouter à la liste des emmerdes du quotidien.

Le milicien blasé en avait vu des cas, des profils, des mobiles pour agir. Mais ni ces corps de femmes, ni l'étrange beauté du tableau laissé au vu et au su de tous, ni les raisons de pareil spectacle n'avaient son pareil dans son expérience personnelle !

Charles croqua encore dans son concombre écoutant les différentes remarques, et questions du petit groupe. Il ferma les yeux et secoua la tête tristement lorsqu'un homme s'en vint avec un drap masquer le corps sans vie de Julia.

-"Oui-da, Vous pourrez brûler son corps. Et l'autre aussi. Cette demoiselle n'est pas la première, malheureusement."

Répondit-il machinalement.

A première vue, en tout cas, l'homme de foi masqué ne releva aucun indice dans le tableau laissé par le tueur fou. Son esprit était trop révolté par l'injure faite à cette femme, et quelque part aussi... au Temple.

Waran Tongrave
Tentative de discerner un indice sur le corps.
Pour réussir il faut faire 15 ou moins.
Résultat : 18 Echec

Alaïs elle, partit vite en quête d'informations chez les vivants, le reste du groupe restant auprès de la morte. Elle parvint sans encombres à l'Ecumeuse où, sembla-t-il régnait un joyeux bordel. Un petit attroupement de fleurs de trottoirs et de mauvaises gens se querellaient. Des cris, des jurons volaient en tout sens. Au vu de la couleur des visages et de la qualité des insultes, on ne tarderait pas à en venir aux mains. Par-dessus toutes les voix, la patronne rugissait bien plus encore!

Olivia, une ami de Julia se tenait à distance respectueuse du grabuge qui ne manquerait pas de s'abattre. La jeune femme aux yeux gris fit un salut enthousiaste de la main à la jeune fille.

-"Hep ! Par ici ! Mama Euriya a des problèmes. Une historie de vol... J'suis pas au courant. Salut ma pt'ite caille ! Comment ça va, depuis l'temps qu'on s'est pas vu? Dis voir, tu ne saurais pas où fouine Julia? Elle ne ferait pas la fête sans moi, des fois? Après son gros client d'hier? Enfin... par gros, je parle de l'argent, hein? Tu aurais vu la taille de la bourse... ! "

Alaïs Marlot
Tentative d'obtenir des indices auprès de connaissances de Julia.
Pour réussir il faut faire 19 ou moins.
Résultat : 2 Réussite

Olivia semblait avoir pas mal d'informations à disposition... Par contre, lui annoncer la fin de sa meilleure amie ne serait pas une partie de plaisir...

De retour dans la sombre ruelle, côtoyant la mort, Élisabeth Blanchevigne observait de ses bons yeux de chasseresse le cou de la jeune femme. Meurtre dans la rue? Au vu et au su de tout le monde? Ou dans un coin à part? Avait-on intimé la victime au silence par la force? Assurément cette information pourrait faire avancer l'enquête.

Et la jeune milicienne ne s'y trompa pas. Même maquillées par de la poudre pâle, des traces de doigts étaient décelables.

Élisabeth Blanchevigne
Tentative de discerner un indice sur le corps.
Pour réussir il faut faire 15 ou moins.
Résultat : 3 Réussite

D'infimes traces de doigts enserrant le délicat cou de Julia étaient visibles. Mais ce qui étonnait la milicienne, c'était leur taille. Le type qui avait fait ça ne devait pas être une armoire à glace ! Loin de là ! Du reste, trouver dans Marbrume une personne fine risquait de devenir complexe. Il n'y avait presque que ça, tant le manque de nourriture menaçait les résidents de la ville.

Raphaël Ombraltar quand à lui s'intéressait à d'autres points. Connaisseur, il cherchait avec les yeux dans le corps de la jeune femme des informations complémentaire. Sa fébrile excitation ne manqua pas d'être remarqué par Charles Laquais qui n'en comprenait pas l'origine. Il croqua encore un morceau de son concombre, attendant patiemment le bilan.

Et le prêtre curieux en avait un ! Il manquait quelque chose là-dedans. Il n'arrivait pas à déterminer quoi, et cela le frustrait au plus haut point ! Il avait beau réfléchir, lui qui se rappelait à peu près de tout ce qu'on pouvait trouver dans un abdomen, là il ne savait pas ce qu'il manquait. Cependant, il avait compté et encore compté pour vérifier : Il manquait deux éléments.

Raphaël Ombraltar
Tentative de discerner un indice dans le corps.
Pour réussir il faut faire 15 ou moins.
Résultat : 20 Echec

Rageant. Peut-être que le cadre dissipait sa concentration ? Ou alors la consternation et l’excitation de trouver un semblable qui aimait jouer avec les entrailles?
Les pensées du jeune prêtre aux méthodes peu orthodoxes furent à peine troublées lorsque Charles Laquais soupira, puis approcha du groupe. Il fourra son reste de concombre dans une sacoche utilitaire en cuir retenue à ceinture.

-"Au fait, mesdames messieurs, j'omettais d'ajouter un peu de piment à votre enquête. Il vous reste huit jours pour trouver le coupable. Le gars qui fait ça semble tenir le rythme d'une victime tous les neuf jours. Et on ne veut pas d'une autre Julia, n'est-ce pas? Alors? Qu'avons nous là? Avez vous des éléments intéressants à consigner? J'ai fais venir ici le petit Cédric. Il sait lire et écrire et il va prendre note de vos remarques. Pour les registres."

Cédric tout jeune milicien d'à peine dix-huit ans avait un visage rond et des cheveux blonds dont la couleur se confondait avec les reflets d'or de la lumière du soleil sur les champs de blé.
Il venait tout juste d'arriver, ployant sous le poids d'une table de bois qu'il avait posé dans la rue fermée. Il revint encore avec une chaise, un encrier, une plume. Maintenant à l'écoute des enquêteurs, il se tenait prêt à rédiger ce qu'il entendrait.

Léthargie a écrit:
Remarques :

Bonjour, bonsoir mesdames et messieurs !
Voici que s'achève ce premier tour. Qui me parait déjà assez prometteur ! Des indices ont déjà été trouvés, mais ça n'est pas encore suffisant pour pouvoir se prononcer. Ce défi va être palpitant ce me semble !

Maralina de Bransat n'a pas répondu pour ce tour. Encore une absence et elle devra malheureusement quitter le groupe.

Je précise ici que c'est un Défi de Classe, et non une Quête, ainsi, vous pouvez tout à fait décider de prendre le contrôle de PNJs, de faire intervenir des éléments extérieurs à votre convenance, à l'instar d'Alaïs Marlot. Vous êtes (presque) maitres de votre aventure. Et mon rôle est surtout de relancer, ou fournir certaines informations que vous ne pouvez pas avoir.

Dépendamment de votre second tour, je répondrais donc, ou non dimanche prochain. Mais je vous lis avec grand plaisir et attend de voir la suite de cette sombre enquête qui se profile.

Je vous demande d'essayer de poster avant le dimanche 18 Août à 23h59, histoire de garantir rythme et régularité.

Passez une bonne semaine ! Et bons RPs !

Le mystère du tueur aux raisins



Dernière édition par Léthargie le Lun 19 Aoû 2019 - 5:32, édité 3 fois
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyMar 13 Aoû 2019 - 12:09
Ca n’allait pas être facile. Alaïs voyait cette lueur joyeuse et insouciante dans le regard d’Olivia, et elle regrettait presque d’avoir eu cette idée. Elle pourrait encore renoncer, se faire oublier et laisser le milicien à ses affaires. Mais après tout, Olivia pourrait bien être la suivante, et elle avait pris la résolution de se montrer courageuse. Elle avait trop fait preuve d’égoïsme par le passé, et le prix à payer était toujours plus lourd que sa propre survie ou son propre confort. Alors elle posa sa main sur l’épaule d’Olivia et lui adressa un sourire qui s’excusait d’avance de ce qu’elle allait lui infliger.

“Eh salut Olivia… Écoute, il faut que je te dise un truc, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer…” Alaïs se frottait la nuque d’embarras voyant le regard de la jeune femme s’agrandir. Elle aussi avait connu assez de tragédies pour savoir quand l’orage s’apprêtait à frapper. Alaïs l'entraîna un peu plus loin, pour la faire s’assoir sur une caisse. Maintenant le plus dur était à venir et Alaïs décida de ne pas passer par quatre chemins.

“Julia est morte, Olivia. Un malade l’a tuée et on a retrouvé son corps il y a quelques heures.” Elle se mordit la lèvre en repensant à la scène qu’elle avait vue de trop près.

“C’était affreux, Liv’, je suis vraiment désolée… Je sais que c’était ton amie, elle n’a pas mérité ça…” Et elle serra la jeune femme dans ses bras, dans un geste de réconfort universel alors qu’elle voyait déjà ses yeux s’emplir de larmes. Elle leur laissa quelques secondes de répit, serrées dans les bras l’une de l’autre, puis elle s’écarta doucement tout en maintenant ses mains sur les épaules de la jeune prostituée, plongeant son regard dans le sien.

“Julia n’est pas la seule, Liv’... Apparemment ce type a fait d’autres victimes, d’autres filles… Il risque de recommencer, on doit se protéger, tu comprends ? Et pour ça, faut qu’on le chope et qu’on lui fasse payer ce qu’il a fait à Julia et aux autres…” Elle comptait s’appuyer sur la colère de la jeune femme pour obtenir toutes les informations qu’elle pourrait avoir.

“Ce gros bonnet dont tu parlais, tu en sais plus sur lui ? Est-ce que Julia t’a dit à quoi il ressemblait, ou d’où il semblait venir ? N’importe quel détail, Liv’... Son apparence, sa voix, son âge, un vêtement, une demande particulière, tout ce qui pourrait servir à le reconnaître. C’est notre meilleure piste, et le tueur se fait peut être passer pour un client ! Il faut que les filles fassent gaffe maintenant, Julia, fais passer le mot… Si elles tombent sur un client qui propose beaucoup plus que d’habitude, trop pour le quartier, qu’elles fassent mine d’accepter et surtout, qu’elles restent chez elles le moment venu, qu’elles me préviennent par Euriya… Je connais quelqu’un qui pourra choper cette ordure, Liv’, qui peut s’en occuper…” Elle évitait de mentionner la milice, pour le moment. Elle usait de toute la détermination de son regard et de sa voix pour convaincre la jeune prostituée. Tout ce qu’elle pourrait lui dire, toute l’aide qu’elle pourrait lui apporter pourrait peut être suffire à coincer ce salopard.

Tout criminel commet des erreurs, cela Alaïs le savait. Il aimait la mise en scène, et il tenait à le faire savoir, ce qui le rendait plus remarquable qu’un simple truand des Bas Fonds, qui jouait du couteau au hasard. Après avoir fait de son mieux pour obtenir des informations de la part de Julia, elle l’assura encore de son aide et de son soutien, et se dirigea vers Euriya qui semblait en pleine échauffourée. Alaïs se faufila dans sa direction, sourcils froncés, commençant à s’intéresser à l’histoire et se tourna vers la petite mère des prostituées.

“Dis donc Euriya c’est quoi tout ce raffut ? On t’a volé un truc ? Rien de grave au moins ?
Faut qu’on discute… C’est du sérieux, Euriya.”

La matronne s’assombrit à son tour et avec l’aide des filles elle dispersa les belligérants, avant de ramener toute sa volière à l’intérieur de l’Ecumeuse. Alaïs ressentit une montée d’angoisse en redécouvrant les lieux de cette nuit d’horreur pendant l’invasion de la Fange. La porte enfoncée à coups de hache… Les hurlements des enfants. Elle s’efforça de respirer calmement. Elle avait un travail à faire, une mission même. Elle tenait peut être là une occasion… De se faire pardonner ? De se racheter ? C’était totalement illusoire mais cette pensée lui donna un peu de courage pour continuer. Elle raconta à Euriya ce qui était arrivé à Julia et probablement à d’autres filles, ne lui cachant rien de l’horreur de la scène qu’elle avait vue. La robe blanche, le ventre ouvert… Tout cela Euriya pouvait l’entendre, mais ça n’empêchait pas la matronne de plaquer une main horrifiée sur sa bouche en écoutant le récit macabre d’Alaïs.

“Il faut qu’on protège les filles, Euriya. Ce malade va recommencer… D’ici très peu de temps. On a huit jours pour le choper, tu comprends ? On ne peut pas le laisser faire… Est ce que tu sais si d’autres filles ont disparu ? A quoi elles ressemblaient ? Est ce qu’elles avaient des points communs avec Julia, l’âge, la couleur de cheveux, n’importe quoi ? Des signes distinctifs ? Si on sait ce qui l’intéresse, on pourra plus facilement le suivre et le retrouver… Et là, Euriya, je te promets qu’il va payer !
- Mais toi, qui va te protéger mon chaton ?
- Personne m’attrape, Euriya… Puis je ressemble pas vraiment à une fille, pas vrai ?”

Elle essayait de plaisanter mais n’en menait pas large… Elle devait se montrer discrète, très discrète. Si le tueur la soupçonnait de lui tourner autour, il essayerait de se débarrasser d’elle et Alaïs n’avait aucune illusion sur la protection qu’offrirait la milice. En attendant, elle avait encore tout un tas de choses à faire. Des recoupements à opérer, des personnes à prévenir… Elle fit promettre à Euriya de l'informer aussitôt si un gros client se montrait de nouveau avec des demandes particulières et remonta les rues pour faire partager au milicien les informations qu’elle avait obtenues auprès des filles.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyMer 14 Aoû 2019 - 2:25
« Père Tongrave, bonjour. Je vois que vous n'avez pas le temps de vous reposer, le devoir vous appelle vous aussi. »

La voix lui semblait connue. Le « Père Tongrave » tourna la tête, sortant ainsi de sa bulle. Ses traits s’adoucirent légèrement et un air surpris apparut sur son visage.

« Elisabeth ! Il faudra bien que vous cessiez de m’appeler Père, gardez cela pour des confrères plus… »

Waran jeta un coup d’œil rapide autour d’eux puis prit un air caricaturalement strict et droit, agitant le doigt d’un air faussement réprobateur avant de relâcher ses épaules. Il restait malgré tout tendu, de manière visible, devant l’horreur de la scène, davantage d’un point de vue symbolique que visuel. Mais il n’était pas mécontent de trouver un visage connu dans cette enquête. Le tout n’en était pas moins sordide mais ils seraient plusieurs pour affronter la situation. Il lâcha un léger sourire.

« Ravi de vous voir en service. »

Waran reporta son attention sur la scène jusqu'à ce qu'une autre voix se fasse entendre. Encore une fois connue. Etonnante coïncidence que celle-ci. Le frère Raphaël serait ainsi lui aussi de la partie, pour ainsi dire. Waran s’en réjouissait. Encore une fois, plus d’esprits ils seraient et plus ils avaient de chance de progresser rapidement. Le fait de s’entre-connaître ne rendrait les choses que plus simples et « agréables », pour peu que la situation puisse l’être d'une quelconque manière.

A l’annonce de son nom, le prêtre leva la tête.

Et toi Waran, je ne pensais pas que tu me suivrais jusqu'ici. Si tu le permets bien, je voudrais m'occuper du corps avant qu'il puisse être détérioré par une autre intervention extérieure.

Evidemment, il n’avait rien à redire à cela et ne le fit d'ailleurs pas. Waran se contenta de bondir sur ses pieds et de faire place à Elisabeth ainsi qu'à son confrère. Il lui rendit un sourire provocateur :

« Nous suivons parfois la même route mais, visiblement, je marche plus vite ! »

Le prêtre n'en dit pas davantage par la suite, serrant simplement les poings. Il peinait à se concentrer depuis son arrivée, obnubilé par le fait qu’un être sordide avait à ce point renié les Trois pour embrasser le chaos. Cela pouvait être des symboles tout ce qu’il y avait de plus trinitaires. Une corne de vache et une grappe de raisin en offrande à Serus? Possible. Cela en ferait-il un acte croyant ? Non, par les mille écailles d’Anür, évidemment que non. Cela en ferait au mieux un acte fanatique complètement absurde. L’œuvre d’un sectaire ou d’un dévot totalement déboussolé, une âme errant dans l’obscurité. Ou alors, la provocation d’un misérable païen quelconque bien trop méticuleux pour être sauvé d’une fin funeste, douloureuse mais purificatrice.

La conclusion était là : il n’avait rien. Il n’y avait rien d’anodin mais le sens du message lui échappait complètement. Les minutes passaient et il ne brisa, lui, pas le silence dans lequel il s'était finalement muré.

Trouveraient-ils, eux, quelque chose que lui n’avait pas vu ? Qui sait... Il l'espérait, en tout cas. La bénédiction d’Anür ne faisait pas tout et les Trois récompensaient parfois les esprits vifs plus que les âmes pieuses, dans les épreuves du quotidien. Ainsi allait la Grâce des Tout Puissants, pour rappeler à Leurs Elus qu’ils n’étaient pas Tout en étant juste Leurs. Waran n’avait pas de problème à rester humble sur la question.

Waran s’éloigna un peu, prenant une longue inspiration. Il avait besoin de remettre de l’ordre dans ses idées avant de poursuivre. Il comptait sur son confrère et sur la milicienne pour avoir une approche plus efficace que la sienne. Il devait se reprendre et ainsi, contribuer davantage à cette enquête. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser ainsi aller.

Quelle piste pourrait-il bien explorer ? N’avait-il qu’à retourner auprès du corps et faire mieux, si aucun des deux compères n’obtenait meilleur résultat que lui ? Cela semblait bien vain et désespéré. Heureusement, Anür – bénie soit-Elle – ne tarda pas à lui faire signe par la voix du milicien en charge.

-"Au fait, mesdames messieurs, j'omettais d'ajouter un peu de piment à votre enquête. Il vous reste huit jours pour trouver le coupable. Le gars qui fait ça semble tenir le rythme d'une victime tous les neuf jours. Et on ne veut pas d'une autre Julia, n'est-ce pas? Alors? Qu'avons nous là? Avez vous des éléments intéressants à consigner? J'ai fais venir ici le petit Cédric. Il sait lire et écrire et il va prendre note de vos remarques. Pour les registres."

Waran se tourna en direction du milicien. Il l’avait déjà informé plus tôt qu’il y avait eu un premier cadavre. Cette fois il avait fini d’étudier la scène, même en vain. Il s’approcha donc de l’homme et posa sa main sur son épaule, d’un air désolé.

« Milicien, si le tableau macabre fut semblable à celui-ci, je prie pour les chargés de l’enquête que quelqu’un du Temple ait été appelé dès le premier cadavre! Sinon je crains que même leurs ancêtres sentiront passer la soufflante d’Anür. Qui du Temple est venu pour le premier cadavre profané ? »

Waran manqua de soupirer. Il posait la question mais il apparaissait fort probable selon lui que personne du Temple n’avait été dépêché sur la première affaire. Ce ne serait vraisemblablement pas eux qui auraient été envoyés sinon. Sans compter que le corps profané trainait quelque part, 9 jours après la mort. Une situation à peine pensable.

Il écouta néanmoins la réponse, se frottant le menton d’un air pensif. Voyant le jeune scribe s’affairer avec son matériel, son visage s'éclaira :

« Un peu de lecture, voilà ce qui manque à ce début de journée! Trouvez donc quelqu’un pour me faire apporter le registre concernant la première damnée, je vous prie.»

Le milicien donna l’ordre qu’on aille chercher le fameux compte-rendu - pour peu qu'il existe bien - et un garde s’empressa d’aller le chercher à la caserne pour le lui ramener.

Il ne se lancerait bien sûr pas en frondeur contre la Milice. Tout le monde voulait bien faire sans doute mais, de toutes évidences, certains le voulaient davantage que d’autres. Car si nul ne souhaitait probablement la colère d’Anür, certains inconscients finiraient bien par la trouver, à trop manquer de considération pour la Sainte Trinité dans des évènements aussi troubles symboliquement parlant.

Waran scruta le regard de son interlocuteur avant de finalement relâcher son épaule.

« Bon. Vous avez dit que je pouvais bruler le deuxième cadavre. C’est donc qu’il est encore en votre possession. Où se trouve-t-il ? »

Waran s’interrompit le temps d’obtenir la réponse. Il s’écarta avant de reprendre, d’un air songeur :

« Si vous voulez que les choses soient résolues en huit jours, il va falloir que nous en fassions tous davantage. Ne m’obligez pas à revendiquer la charge des opérations ici au nom du Temple et de sa Suprême Patronne. »

Neuf jours. Waran n'était pas si sûr de l'annonce franche du milicien. Ce serait peut être un décompte macabre qui réduirait de victime en victime. Ou le temps qu'il avait fallu pour trouver sa nouvelle cible et mettre en place son plan. Ou méticuleusement rien. A ce stade, ce délai ne signifiait rien d'avéré. Mais, faute de mieux, c'était déjà un objectif raisonnable.

Se détournant en direction du jeune scribe, Waran se mit à lui exposer sa vision des évènements et du contexte en attendant que le compte rendu ne lui soit remis.

Citation :
Waran a demandé :

-le nom d'éventuels prêtres convoqués pour l'examen de la première scène.

-à obtenir le compte-rendu de la première mort destiné aux registres de la milice (lieu, victime, tableau global, retour d'éventuels témoins entendus...?)

-la localisation actuelle du premier corps
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyMer 14 Aoû 2019 - 13:14
Au fur et à mesure que les renforts arrivaient, ils s’activaient à différentes tâches. Warran commença à protester à son appelation de Père avant de finalement baisser les bras devant le sourire narquois de la milicienne. Elle l’avait un peu faite exprès à vrai dire, et le voir protester ainsi ne lui donnait que plus envie de recommencer. Son agacement ne semblait pas non plus atteindre des sommets, alors elle pouvait bien se permettre ce genre de politesses un peu exagérées, cela restait bon enfant.

Il fut rapidement suivi de Raphaël, également prêtre de son état et guérisseur qui s’était occupé d’elle avant. Il semblait que le destin avait à nouveau décidé de les rassembler. « C’est en bonne partie grâce à vous si je peux faire mon travail, aussi. » répondit-elle alors aux deux membres du clergé avant de se mettre en travail. « Il faut croire que le temple aime bien vous mettre tous les deux sur les cas difficiles. » fit-elle alors remarquer en roulant des yeux. Etait-elle vraiment un cas si difficile que ça? Elle n’en savait trop rien et même si ses blessures étaient graves, il y avait eu pire à soigner.

Se mettant au travail, elle découvrit assez rapidement un premier indice. Camouflé sous de la poudre claire, restait des marques caractéristiques. En enlevant un peu à l’aide de ses doigts, elle révéla ainsi des marques de strangulation. Par des doigts fins. « Par ici, la victime aurait été étranglée, peut-être bien morte ainsi avant d’être découpée... Le tueur avait des doigts assez fins, et a maquillé la chose pour ne pas que l’on puisse le remarquer. » déclara-t-elle alors tant en direction des prêtres que du scribe.

« A priori s’il se baladait avec ça, c’est ou bien qu’il l’a volé à la victime, ou bien qu’il était venu équipé avec une sacré dose de matériel, tant pour la découper que pour camoufler son forfait. Je pense tout de même que ce genre de boucherie prendrait beaucoup trop de temps pour être faite au milieu de la rue, ça ressemble à juste une mise en scène... En plus pour transporter la corne et le raisin, il devait avoir un sacré paquet d'affaires... Enfin je suppose, rien de certain. Vous pouvez estimer l’heure de décès vous pensez, messieurs? » ajouta-t-elle alors, essayant de trouver une certaine logique derrière cette scène qui n’en avait aucune. Mais si ses doigts n’étaient pas bien gros, il n’était à priori pas bien musclé, et aurait du avoir un peu de mal à déplacer le corps. Avec le couvre-feu et les patrouilles, pouvait-il réellement risquer de se retrouver ainsi en pleine rue?

« Quoi qu’il en soit s’il a fait son office ici, je me demande comment tout ça aurait pu être aussi propre. Pas d’éclaboussure de sang autour? Juste un sillon de sang... S’il avait nettoyé les pavés, on s’en serait rendu compte mais ils sont aussi crasseux que d’habitude. Ou bien il a vraiment son travail proprement, pour peu qu’on puisse parler de propreté... » ajouta-t-elle alors ensuite à voix haute. Elle réfléchissait à voix haute plus qu’autre chose pour partager ses pistes et idées. Mais elle était sûrement tout autant perdue que les autres.

Elle se dirigea ensuite vers le coutiller en charge de l’enquête, n’étant pas plus formée que cela à l’étude d’un cadavre. « Le corps a été trouvé au petit matin, c’est bien cela? Savez-vous si des patrouilles de la milice sont passées dans les environs plus tôt? Il faudrait voir avec les coutilleries qui étaient de patrouille cette nuit de quand datait le dernier passage avant que le corps ne soit trouvé. » demanda alors Elisabeth. Il fallait juste retrouver les patrouilles certainement en train de dormir après leur nuit et de les interroger sur leur dernier passage dans cette rue...

« C’bien ça. Au petit matin. Par contre pour les patrouilles je sais pas, faut voir. » répondit-il alors basiquement, avant d’envoyer quelqu’un vers la caserne allait vérifier ce genre de choses. Au moins cela leur donnera une fourchette pour quand le corps aura été déposé ici.

Elisabeth se devait tout de même de vérifier quelque chose, et se rapprocha alors du bordel tout proche dans lequel la petite Alais était déjà en train de poser quelques questions. A voir les mines horrifiées qui lui faisait face, elle avait déjà annoncé le pire. L’habit d’une milicienne se présentant alors ne laissait pas trop de doutes sur son objectif. D’un petit mouvement de tête, elle les salua toutes d’un air assez grave. Alais aussi était tout le temps fourrée dans les mauvais coups...

« Vous savez pourquoi je suis venue... Cette horreur ne doit pas se reproduire, alors soyez sûres qu’on va le choper, ce fumier. Mais pour cela on va tous avoir besoin de votre aide, pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé. » déclara-t-elle alors dans un premier temps. Elle avait également un tas de questions à leur poser, mais ne voulait pas trop les brusquer non plus. Elle n’avait pas non plus eu toutes les bribes de discussions échangées avec Alais jusqu’ici, alors elle espérait juste ne pas faire de doublons.

« Savez-vous quand est-ce-que Julia a reçu son client? Et où? Je suppose qu’elle a une chambre dans l’établissement pour ses affaires. Pouvez-vous m’y emmener? Ou bien a-t-elle une autre chambre à l’extérieur pour certains clients ? » demanda alors la milicienne dans un premier temps. A priori, il n’était jamais rentré avec elle dans l’établissement, sinon l’en faire sortir aurait été bien plus compliqué. Elle devait tout de même en avoir le coeur net. Avec un peu de chance, le raison et la corne de vache venait de la décoration préparée dans la chambre, ce qui signerait peut-être le passage du tueur par ici.

« Si vous avez quelqu’un en quasi-permanence à l’accueil, vous avez peut-être vus Julia pendant la nuit? » continua-t-elle ensuite à demander. Tant de zones d’ombre subsistaient encore. « Et si elle a reçu un client, vous notez vos transactions pour que la maison en garde une part pour son fonctionnement? A quand remonte la dernière transaction de Julia? » ajouta-t-elle alors. Beaucoup de questions une fois encore, elle pourrait passer un sacré temps avec ces potentiels témoins. Surtout si quelqu’un restait éveillé à l’entrée de la maison, peut-être avait-elle entendu des bruits ou autres choses suspectes pendant la nuit.

La milicienne suspectait que le tueur n’était pas passé dans la maison, mais elle ne pouvait pas en être sûre. Et si ce monstre n’avait pas fait ça au milieu de la rue ni dans une chambre proche, il restait peut-être la solution des petites ruelles adjacentes. Elle irait jeter un oeil si sa première piste ne la menait à rien.

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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyDim 18 Aoû 2019 - 16:44
Hum, rien de rien. Trop de bruit, trop de passants, trop de chieurs quoi. J'aurais aimé leur hurler de dégager, ou les prendre tous un par un, les tirants par les cheveux pour leur faire observer cette pauvre fille.
"Alors gobe mouche, ça te convient?! T'es assez près?!". Et je jubilerais devant le regard implorant de la personne, ses tentatives pathétiques de se justifier, ses appels à l'aide pour ne pas être là. Mais non, je l'obligerais à rester, comme un condamné qui sert d'exemple à la foule. Et cette foule se disperserait.

Mais je secouais lentement la tête et cessais de penser à cette façon de me défouler. Les rassemblements de personnes étaient toujours trop curieux pour leur propre bien, de ces curiosités morbides qui désacralisaient les pires situations. Je soupirais et me reculais, je ne pourrais de toute façon rien faire dans ces conditions. Il aurait fallu me vider la rue mais c'était impossible vu le nombre de personnes présentes.

Je regardais la corne entre mes mains. Elle était des plus banales, une corne prise à un animal, pas même évidée. Une corne. J'avais beau la tourner dans tout les sens, je ne voyais qu'une stupide corne et ne comprenais pas le sens que pouvais avoir cette chose dans cette circonstance précise...

J'écoutais la milicienne à l’œil averti qui elle avait remarqué les marques de strangulations sur le cou de la victime. J'avais vraiment été aveugle pour ne pas les voir. Elles étaient certes maquillées, mais mon erreur était inexcusable.

-Donc pour résumer, nous avons un tueur qui étrangle ses victimes puis les éviscères et les dispose en pleine rue avec une mise en scène d'un goût discutable...

Je reculais un peu et demandais au sergent:

-Vous nous dites que vous avez déjà vu ça? Est-ce que quelqu'un a prit soin de mettre sur papier la pose de la victime, ses vêtements, ce qui l'entourait et le lieu où ça s'est passé? Je pense qu'aucun de ces éléments n'est du au hasard. D'ailleurs, demandez à l'un de vos hommes de monter à l'étage d'une bâtisse et de me dessiner ce que forme le sang sur le sol.

Je me retournais pour observer la foule qui s'amassait toujours pour avoir sa dose de sang quotidienne et son histoire à raconter. Rien ne me permettait de l'affirmer, mais j'avais la sensation que la personne responsable de ces crimes ne devait pas être loin. Il y avait plus ici qu'un simple meurtre, ce devait être un tableau que je ne pouvais déchiffrer pour le moment. Et tout artiste se devait d'être présent lorsque son oeuvre était dévoilée au public.

Ma corne à la main, j'essayais de déterminer si l'un de ces simples humains allait avoir un mouvement particulier, une réaction imperceptible pour qui ne la chercherait pas. Ceux qui étaient étranger à cette scène verraient juste un curaillon avec une corne à la main, le macabre artiste verrait une partie de sa fresque défigurée.
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyLun 19 Aoû 2019 - 5:42
Août 1166


Charles Laquais, passablement curieux de l'avancée des opérations écoutait d'une oreille distraite, levant parfois la tête et regardant les nuages. Adossé à un mur, bras croisés et une botte appuyée contre la chaume, il attendait que les indices et conclusions tombent.

La gamine avait filée comme le vent dans la ruelle et en un battement de cœur, elle avait disparu. Il eu l'espace d'un instant un remord. Celui de la trainer dans toute cette histoire malgré son jeune âge. Celui de la laisser filer Rikni sait où, avec un meurtrier psychopathe sans doute aux aboies.

Mais il chassa ses doutes. C'était un sacrifice acceptable pour préserver le calme dans la ville...

Et le calme, ça n'était pas Olivia qui l'avait. Elle était abasourdit, comme assommée par les mots d'Alaïs Marlot. Julia ? Morte? C'était impossible... Beaucoup d'autres, oui. La mort faisait partie du quotidien ici ! Les fangeux, les maladies, les gens qui se faisaient agresser de par les rues pour de l'argent... Les blessés et les morts, elle en avait vu récemment !

Mais Julia? La jeune femme se remémora lorsqu'elles avaient joints leurs mains, en se promettant de survivre à tout ça ! D'avoir leur propre maison. D'avoir un homme qui subviendrait à leurs besoins.
Elle entendait encore la voix de son amie rire, et lui parler de ses projets pour sa famille.

En non, maintenant, un grand vide happait tout. Julia se sentis trembler, ses jambes voulurent se dérober. Mais elle tint bon car Alaïs se pressa contre elle pour la serrer dans ses bras. La jeune fleur des rues aurait voulu pleurer, mais elle n'y arrivait pas, sans savoir pourquoi. Peut-être que la souffrance qui lui déchirait la poitrine s’apaiserait plus vite comme cela. Mais elle n'y arrivait pas.

Julia n’est pas la seule, Liv’... Apparemment ce type a fait d’autres victimes, d’autres filles… Il risque de recommencer, on doit se protéger, tu comprends ? Et pour ça, faut qu’on le chope et qu’on lui fasse payer ce qu’il a fait à Julia et aux autres…Ce gros bonnet dont tu parlais, tu en sais plus sur lui ? Est-ce que Julia t’a dit à quoi il ressemblait, ou d’où il semblait venir ? N’importe quel détail, Liv’... Son apparence, sa voix, son âge, un vêtement, une demande particulière, tout ce qui pourrait servir à le reconnaître. C’est notre meilleure piste, et le tueur se fait peut être passer pour un client ! Il faut que les filles fassent gaffe maintenant, Julia, fais passer le mot… Si elles tombent sur un client qui propose beaucoup plus que d’habitude, trop pour le quartier, qu’elles fassent mine d’accepter et surtout, qu’elles restent chez elles le moment venu, qu’elles me préviennent par Euriya… Je connais quelqu’un qui pourra choper cette ordure, Liv’, qui peut s’en occuper…
Olivia fit fonctionner ses méninges. Elle voulait le voir crier et demander grâce alors qu'il serait livré au bourreau en place public. La fange serait une expiation trop bonne pour ce genre de type ! Elle porta une main devant sa bouche, fermant les yeux pour ramener les dernières images qu'elle avait de sa meilleure amie.

-"J'étais avec Julia hier, avant qu'elle ne suive le mystérieux client. Le point de rendez-vous était à Bourg-Levant, entre la boutique fermée de l'épicier, et la boucherie de Mr Justin. On papotait un peu quoi ! Elle m'avait dit qu'une femme s'était présentée à elle la veille encore. Elle venait de la part d'un client trop timide pour venir de lui-même, soit disant. C'était comme ça qu'elle avait eu ce travail. Rien n'est passé par Eurynia. Elle est pô au courant. Bref, le client à du arriver au bout d'une douzaine de minutes, je dirais, à vu de nez. C'était pas une très grande personne. Sous une cape couleur émeraude, avec un capuchon, je n'ai pas vu sa figure. Plutôt bien habillé par contre. Avec une grosse bourse d'argent ! C'était une voix de femme qui nous a salué. Poliment d'ailleurs. Je pense nana d'la haute, avec des manières quoi. J'suis désolée, j'ne sais rien d'plus..."

La vue de'Olivia se brouilla. Alors que le monde se voile à son regard les souvenir, les images reviennent elles avec force. Et elle pleure. Enfin...



De retour sur le théâtre des opérations, le groupe des enquêteurs poursuivait les investigations à la recherche d'indices supplémentaires. C'était comme suivre un petit sentier de montagne par une nuit profonde et gagnée par le brouillard. Chaque pas en avant faisait avancer le périple. Mais pour encore combien de temps? Pour aller où? Était-ce même encore le chemin?
Compliqué de discerner avec précision le vrai du faux.

Waran Tongrave, lui avait salué tout son monde, avant de se reporter sur le cas de Julia. Et il avait besoin de traces factuelles de l'autre crime. Peut-être y aurait il d'autres éléments sur le corps d'une autre jeune fille?

« (...) Qui du Temple est venu pour le premier cadavre profané ? Un peu de lecture, voilà ce qui manque à ce début de journée! Trouvez donc quelqu’un pour me faire apporter le registre concernant la première damnée, je vous prie.»

A l'écoute de la demande, Cédric sursauta presque de sa chaise, sortant d'un sac de cuir un imposant volume à la couverture de cuir sombre émeraude, scellé de fer. Il ouvrit la sécurité avec un outil, comme un clé, en sa possession, et ouvrit l'ouvrage, cherchant avec soin la page voulue. Il parcourait les lignes rapidement, et tournait les pages avec attention. Puis il arriva au milieu de l'imposant livre et retint un glapissement de satisfaction en trouvant ce qu'il cherchait.

Ayant trouvé ce qu'il voulait il s'en alla trottiner aux côtés du prêtre, montrant le passage, et inspectant son visage avec méfiance. La barrière que l'on réserve aux gens à l'apparence différente négativement différente se lisait dans ses yeux.

-"J'ai trouvé ce que vous vouliez, votre éminence. Ici."

La page complète était couverte d'une gravure à l'encre. On y voyait une jeune femme, allongée sur le dos, les mais, paumes vers le haut légèrement espacés du corps. Elle aussi avait le ventre ouvert, une robe blanche maculée de sang. Il y en avait bien plus ce soir là sur le cadavre, et autour. Se trouvait aussi une corne de vache ainsi que du raisin, directement posée dans le ventre ouvert. La corne était d'ailleurs terriblement proche de celle actuelle.
La légende, sur l'autre page indiquait que le corps avait été retrouvé à Bourg-Levant, tôt matin. On avait entendu les bruits feutrés d'une bagarre dans la nuit, mais lorsqu'un détachement de milicien était arrivé, il n'avait rien trouvé sinon du sang s'écoulant par une grille donnant sur les égouts.
Elle était identifiée comme 'Justine, fille de la Balsamine. Sans proches parents.'

Quant à Charles, il regardait ses ongles.

-"Oui... Oui, m'sieur. Vous l'aurez votre dépouille à cramer. Mais on voudrait surtout ne pas en avoir d'autres à incénérer quoi. Sauf vot' respect. Par contre, en réfléchissant à tout ça... J'me disais... Pourquoi une corne? C'est pas facile à trouver un corne ! On n'trouve pas ça sous l'cul d'un âne quoi ! C'est qui se type pour avoir ça en neuf jours? V's avez une idée? "

Alors qu'il finissait ses questionnement philosophiques, un garde vint lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Il acquiesça et se tourna vers Élisabeth Blanchevigne un petit sourire qui se voulait charmeur, en coin.

-"J'ai ta réponse ma belle. Dis voir, ça ne te dirait pas d'aller en discuter autour d'une bonne mousse? Hé hé, c'est qu't'es pas mal jolie pour une femme d'arme ! Allez quoi? Non? T'veux pas? Tu sais pas c'que tu rates... Ben il y a eu un battement de quatre heures trente environs entre les deux derniers passages de gars à nous. Le type qui a fait ça devait avoir noté le temps entre les groupes en amont. C'est trop précis pour que ça soit du hasard."

A peine la fin de la phrase obtenue, la jeune milicienne intrépide alla se porter en avant de potentiels témoins. Sur les pas de la jeune Alaïs, elle rejoignit à son tour l'Ecumeuse, en quête d'informations.
Les paroles venimeuse de l'archère, ou peut-être sa nature de femme dû mettre en confiance les demoiselles d'ici, car elles furent enclines à coopérer, ce qui arrivait en temps normal assez peu, vu le métier d'Élisabeth.
Elle put glaner de ci, de là des réponses évasives, qui nécessitait un temps de traitement. Ici et là, on répondait à la volée, selon ce que l'on savait, avait vu, ou ce que l'on croyait savoir.

-"(Savez-vous quand est-ce-que Julia a reçu son client?) Hier soir. Plutôt tard, pas vrai Clémentine? ( Je suppose qu’elle a une chambre dans l’établissement pour ses affaires. Pouvez-vous m’y emmener? Ou bien a-t-elle une autre chambre à l’extérieur pour certains clients ?) Elle a une chambre, oui... Mais juste avec ses effets personnels et produits de beauté de la maison... Rien pour l'enquête là-dedans, pour sûr m'zelle ! (Si vous avez quelqu’un en quasi-permanence à l’accueil, vous avez peut-être vus Julia pendant la nuit?) Oui, je l'ai laissé sortir pour aller coucher ses lardons, et vérifier s'ils avaient de quoi manger. Par les Cornes de Serus ! Je l'ai tué, ça veut dire? (Et si elle a reçu un client, vous notez vos transactions pour que la maison en garde une part pour son fonctionnement? A quand remonte la dernière transaction de Julia?) Oui on note tout ici. Julia avait bossé hier comme d'habitude, j'ai donc enregistré sa paie. Mais il n'y avait vraiment rien d’inhabituel ! Ensuite elle a voulu sortir... 'Fin si ! Il y avait un truc... Elle voulait expressément sortir avec une pièce de notre garde robe. Une robe blanche. J'ai dit oui, elle bosse bien, elle est pas chiante... Elle l'aurait ramené juste après !"

Loin de là, c'était Raphaël, plein de ressentiment qui observait la foule. On s'accumulait, aux barrières pour tenter de voir ce qu'il se passait. La peur d'un fangeux hors du Chaudron était présente dans tous les yeux. Qui était la victime, était la question sur toutes les lèvres. On se dressais sur la pointe des pieds, on voulait voir. Se rassurer aussi... Peut-être... En observant le travail des autorités, comme pour vérifier de leur capacité à protéger, défendre, et dans ce cas présent, rendre la justice.

Le prêtre au regard dur sondait la foule, cherchant une incohérence dans la multitude des visages curieux. Toutes ces faces scrutaient, fouinaient. On se poussait, on hélait à forte voix. La curiosité morbide était vraiment un trait... spécial du genre humain.

Et lui aussi était spécial... Mais pour d'autres raisons.
Il ne trouva cependant pas ce qu'il cherchait. Tout différend des autres, qu'il fut. Aucune ombre ne jurait chez les spectateurs. Tous étaient des curieux. Malhabiles sans doute, indignes peut-être, mais pas criminels.

Un milicien revint bientôt des fenêtres du bâtiment voisin. Il était bourru, lourdaud, le visage comme sculpté au burin. Il adressa ses constatations d'une voix peu éclairée par l'intelligence.

-" Comme qui dirait que ça fait comme un arbre... . La femme est au milieu, y'a des genres de racines qui descendent de ses pieds, en sang, et ensuite ça part vers le haut comme du feuillage, téh. Moi j'dis qu'ça fait arbre... . "

Léthargie a écrit:
Remarques :

Bonjour, bonsoir mesdames et messieurs !
Voici que s'achève ce second tour.

Maralina de Bransat n'a toujours pas répondu pour ce tour. Elle est donc retirée du Défi.

Alaïs Marlot, Eurynia n'a pas d'autres filles disparues. Elle ne sait pas ce qu'il en est des autres maisons de passe de la ville. Cependant elle te dit qui aller voir et où pour obtenir ces réponses.
Du reste, la colère d'avoir perdue une travailleuse, et sa prise de bec actuelle l'empêchent d'agir sereinement, et de façon productive pour ce tour.

Je vous lis toujours avec grand plaisir et attend de voir la suite de cette sombre enquête qui se profile.

Je vous demande d'essayer de poster avant le dimanche 26 Août à 23h59, histoire de garantir rythme et régularité.
Si vous avez des questions, je suis évidemment disponible par MP.

Passez une bonne semaine ! Et bons RPs !

Le mystère du tueur aux raisins



Dernière édition par Léthargie le Lun 26 Aoû 2019 - 1:42, édité 2 fois
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyMar 20 Aoû 2019 - 19:15
Alaïs était dotée d’un esprit pragmatique. Elle cogitait après avoir pris connaissance des dernières avancées de l’enquête auprès de Charles Laquais. Déjà, elle n’avait pas été la seule à être recrutée pour cette affaire. Elle avait même croisé Elisabeth. Mais elle n’avait pas osé l’aborder, pas dans le bordel d’Euriya. C’était une chose de s’associer en dehors des murs de Marbrume et une autre de s’afficher avec la milice dans le Goulot. Une fois dehors, elle rattrapa néanmoins la jeune femme pour lui glisser un mot.

“On sera plus efficaces si on se sépare, je vais continuer de chercher du côté du quartier commerçant. Je connais quelqu’un qui pourra nous aider, mais il faut que j’y aille seule.”

Elle n’attendit pas que la milicienne lui réponde, s’éloignant déjà, la tête rentrée dans les épaules. Elle avait du vague à l’âme, une lourdeur sur la poitrine et les épaules qui l’empêchait de rechercher la compagnie de la jeune femme qui en savait trop sur elle, à sa manière. Elle ne pouvait lui livrer le fond de ses pensées, et elle préférait l’éviter pour l’instant. De toute façon, Elisabeth devait déjà avoir son idée sur la chose, elle était bien assez maline pour se débrouiller et suivre ses propres pistes.

Alaïs marchait dans les rues, sans s’arrêter, plongée dans ses réflexions partagées entre morosité et frustration de sentir quelque chose entre ses doigts sans pouvoir le définir. Cette histoire d’arbre ne lui évoquait rien, si ce n’est la confirmation qu’un esprit malade dans Marbrume s’exerçait sur des filles sans défense. Elle n’y connaissait pas grand chose en matière de rites et laissait cette partie là aux prêtres. Elle se raccrochait aux indices tangibles, aux propos d'Olivia, et à ce qu’elle la petite fouineuse pouvait découvrir de son nez affuté.

Soudain, son esprit s’éclaira et un bout de sa conversation avec Olivia lui sauta au visage. Elle venait de faire le rapprochement entre la corne de vache, et la boucherie de Mr Justin, qu’elle ne connaissait pas d’ailleurs. Bourg Levant n’était pas son domaine mais peu importait. Evidemment, c’était trop facile. Le boucher n’était probablement pas le fournisseur de cornes du meurtrier, mais il y en avait bien un qui avait dû pouvoir lui en procurer. Elle ne voyait qu’un boucher pour se faire, à moins d’oser sortir de Marbrume, ce qui représentait une entreprise risquée. Elle cherchait donc un fournisseur situé en ville.

Et qui mieux que Karl Stanner pour éclairer sa lanterne, voire l’accompagner dans sa recherche ? C’était là aussi une entreprise hasardeuse. Karl ne prendrait pas de risques pour le plaisir de ses beaux yeux. Mais le contrebandier s’y connaissait en matière de commerce, de négociations, il avait du réseau, avait connu les échoppes florissantes du port et de Bourg Levant avant de passer à la contrebande, et il pourrait peut être faire parler les gens du quartier avec son tact habituel, un aplomb qui la dépassait elle et sa mine gouailleuse de crapule des bas quartiers. A moins que la présence du contrebandier n’éveille en elle une vague idée de réconfort. Elle préféra ne pas s’attarder sur cette pensée. Du réconfort. Une chose qu’elle ne connaissait plus depuis l’épisode du Labret.

Ses jambes avaient pris la décision avant que sa tête ne soit parvenue à cette conclusion, et elle se retrouva en un rien de temps face à la porte de la petite boutique du port du contrebandier. Sans réfléchir davantage, elle frappa quelques coups et entra sans attendre la réponse. Elle trouva Karl plongé dans ses comptes comme d’habitude. Rien n’avait changé dans la boutique depuis qu’elle avait quitté Marbrume, et le voir attablé là avec sa bougie chiche, dans cette odeur douceâtre de grains et de poussière qui emplissait l’atmosphère lui tira une vague émotion qu’elle ne parvenait pas à définir. Elle se racla la gorge, alors qu’il relevait les yeux avec une certaine méfiance avant de s’adoucir.

“Salut Karl.”

L’homme l’avisa en plissant les yeux.
“Tiens. Tu viens chercher du travail ?
- Non, c’est moi qui t’en offre, pour une fois.
- C’est moi qui donne le boulot, ici, je te signale.”

Allait-il vraiment lui taper le système avec des histoires d’ego et de virilité mal placée ? Elle fronça les sourcils en balayant l’air de sa main d’un geste agacé, peu coutumier de sa personne, le vrillant d’un regard aussi tranchant qu’acéré. Pas le meilleur moyen de bien le disposer à son égard, mais trop tard pour revenir en arrière.

“On s’en fout non ? Et puis, j’ai besoin de toi, Karl.”

Quelque chose changea dans la mise du contrebandier. Il la regardait étrangement, avec attention peut être ? Elle s’engouffra dans la faille, profitant de son silence pour embrayer. Elle lui détailla alors la raison de sa venue. Les meurtres des filles dans le Goulot, dont une fille du bordel d’Euriya, qui était comme une mère pour elle. Elle sentait bien que le contrebandier serait assez peu sensible à ce genre d’argument, mais s’il ne l’aidait pas pour une bande de catins, peut être l’aiderait-il pour elle, un membre de son équipe. Elle enchaîna ensuite sur les gains de la milice, qu’elle promettait assez conséquents en s’avançant un brin, et de quelques faveurs de la garde du Roi, ce qui n’était pas à négliger. Elle tenait ça de la bouche du second Charles Laquais, et elle comptait bien lui faire tenir sa promesse. Comme il ne l’interrompait pas, elle poursuivit sur la mise en scène des plus macabres, le délai de neuf jours entre chaque meurtre, et l’histoire de corne de vache, qu’il plaçait chaque fois entre les mains des victimes.

“Olivia, la pute avec qui j’ai parlé, m’a dit que la négociation avec Julia avait eu lieu dans le quartier de Bourg Levant. C’est pas mon territoire, mais il y a un boucher là bas, un certain Mr Justin, tu le connais ? Il a peut être vendu des cornes de vache à quelqu’un, et si ce n’est pas lui un autre boucher a dû le faire. J’aurais besoin… Que tu fasses fonctionner ton réseau. Et puis, je compte aller lui toucher deux mots à ce Mr Justin, et j’ai besoin d’aide sur ce coup là, quelqu’un qui puisse négocier avec ce type.”

Le regard qu’elle lui lança ne laissait aucun doute sur le “quelqu’un” en question. Elle soupira finalement, le visage las, et la bouche pâteuse d’avoir trop parlé.

“Je ne connais que toi qui puisses m’aider pour ça, Karl. Et très franchement, j’ai pas vraiment envie de me lancer aux trousses de ce malade toute seule.”

Elle se laissa tomber sur une chaise en face du contrebandier.

“La nuit va tomber, je peux rester ici pour cette nuit ? Je ferai à manger.”

Avec Karl rien n’était gratuit, elle le savait. Mais quoi qu’il lui demande en retour, elle lui donnerait de bon gré.
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyVen 23 Aoû 2019 - 13:41
Elisabeth roula des yeux aux paroles de son supérieur en charge de l’enquête. Clairement, n’y avait-il pas mieux de meilleurs moments pour ce genre d’avances? Il semblait prendre la situation avec un flegme impressionnant, sûrement rodé par des années de meurtres et d’enquêtes qu’il devait peut-être déjà effectuer avant son entrée dans la milice. Les miliciens internes n’avaient clairement pas la même vie que les externes. C’était certain.

« Merci pour l’information, non-merci pour l’invitation, beaucoup de travail, comme vous pourrez vous en douter. Mais petit conseil pour la prochaine dame, évitez de lui proposer de parler d’une femme éventrée autour d’un verre. C’est pas vraiment un sujet de conversation très... adapté. » répondit-elle alors avant de se diriger à l’intérieur pour y poser ses questions.

Les réponses, elle en obtint, plus qu’elle ne pouvait l’espérer, même si aucune de ses pistes ne semblait aboutir. La seule information vraiment viable était qu’elle avait expressément demandé une robe blanche pour sortir voir son client. Une robe blanche, comme celle qu’avait la victime précédente. Croisée aux informations qu’Alais avait pu récupérer, un petit tableau commençait à prendre forme et même s’il manquait des pièces, c’était déjà un peu moins obscur. « Ne vous inquiétez pas, vous n’y êtes pour rien. C’est un fou qui l’a attirée dans un piège. Vous n’auriez rien pu faire... Ne vous en voulez pas. Merci de votre aide, je vais tout faire pour choper le salaud qui a fait ça. » ajouta-t-elle d’une voix déterminée, avant de continuer, d’un ton plus solennel. « Ainsi, Julia pourra trouver le repos qu'elle mérite auprès des Trois... »

La petite était certainement leur meilleure chance d’obtenir des informations que les gens ne communiqueraient pas à des miliciens. Mais la voir s’investir ainsi était un peu inquiétant. A l’extérieur, elle lui disait vouloir y aller seule. Récupérer un ami à elle pour l’aider. La milicienne soupira. « Sois prudente, on a à faire à un tueur ou une tueuse, évites de te retrouver en tant que sa cible. La femme étant venue à la place du potentiel client est ou bien une complice parfaitement au courant puisqu’elle est venue encapuchonnée, ou bien la coupable. Vu que la victime a été strangulée par quelqu’un avec des mains assez fines, c’est peut-être elle qui est derrière tout ça du début à la fin. Et la boutique fermée de l’épicier à côté de la boucherie peut faire une bonne planque, aussi. » expliqua-t-elle rapidement. La petite Alais qui n’était même pas tant plus jeune qu’elle que ça savait se débrouiller après tout.

« Rapporte juste bien tout ce que tu vois et entends à la milice, on a besoin de tous les éléments possibles pour coincer le responsable. Sois prudente. Sinon Landric me le pardonnera pas. » conseilla-t-elle alors. Elle pouvait l’accompagner, mais même en civile, elle ne pourrait pas se retrouver armée, et ne pourrait donc pas la défendre. Et en milicienne, peut-être que des bouches allaient alors se fermer, tandis que face à une petite fille de la rue, ils allaient lui donner plus d’informations. En espérant que cette chipie ne garde rien pour elle.

Elisabeth se redirigea alors vers le cadavre et le petit groupe d’enquête, juste à temps pour entendre plus tard le responsable de l’enquête dire que les traînées de sang ressemblaient à un arbre. Ce qui était parfaitement vrai. La jeune femme soupira légèrement, peut-être que...? Mais pourquoi donc? « C’est peut-être une provocation faite à Serus? Un affront fait à ce dieu particulier? L’arbre, la corne de vache, le raisin? Trouver une corne de cerf est quasiment impossible, donc elle aurait été remplacée par une corne de vache? » fit alors remarquer la milicienne. Elle vénérait Serus en particulier, en tant qu’ancienne chasseuse et fille de paysan, c’était tout à fait logique, et étrangement ce genre de symbolique pouvait lui rappelait un peu les offrandes qu’ils pouvaient faire devant l’autel du dieu. Si on oubliait le corps éventré, qui n’était pas vraiment une offrande recevable, même tout le contraire.

« C’est comme si le tueur avait vraiment une dent contre Serus, surtout si la précédente victime avait des attributs similaire près de son corps. Problème de récoltes? Ou bien infertilité? Des soucis personnels qui, ne se résolvant pas, auraient poussé cette personne à se venger contre un Dieu ? Peut-être l’infertilité, vu que c’est le ventre qui a été ouvert, et qu’il s’agit d’une fille de joie? » proposa-t-elle alors. Une hypothèse un peu folle, sans fondement, les prêtres seraient peut-être plus à même de comprendre la symbolique derrière tout ça. Mais il semblait vraiment avoir un caractère religieux derrière les sinistres tableaux représentés par ces meurtres horribles.

Quoi qu’il en était, la milicienne n’hésita pas à confier au scribe tous les indices qu’elle avait pu avoir, les indices concrets. Ses suppositions, elle les avait présenté à tous, mais elles n’étaient pas assez certaines pour justifier d’être écrites. Ou bien peut-être que si? Qu’en pensaient les prêtres? Si la meurtrière était une femme assez riche, bourgeoise, ne pas pouvoir engendrer d’héritier était une pression sociale bien assez forte pour la conduire vers une certaine folie, non? Surtout que Julia avait des enfants, apparemment. « La précédente victime avait-elle des enfants? Fille de joie également... Et puis, pourquoi forcément le tueur a exigé qu'elle soit vêtue d'une robe blanche? » demanda-t-elle ensuite. Si le tueur semblait si axé sur la symbolique, chaque point commun entre cette victime et la précédente pouvait avoir un sens. A eux de les trouver, puis de profiter de la nuit pour y réfléchir avant de poursuivre l'enquête.

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Karl StannerContrebandier
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptySam 24 Aoû 2019 - 22:57
La nuit était bien avancée pourtant Karl ne dormait pas encore allongé sur son lit, il regardait le plafond.
Elle était rentré dans sa boutique après une absence prolongée, une histoire de père et de Labret.
Alaïs avait grandit depuis la première fois qu’ils s’étaient croisés dans le Goulot, finit la petite fille aux allures revêches et mal assurées, là voilà qui débarque chez lui pour lui fournir un travail.

Il souriait, cela l’avait tellement surpris qu’il avait balbutié une phrase sur le caractère de leur relation habituellement : il fournissait le travail et elle s'exécutait.
Elle ne s’était pas démontée pour autant et lui avait retourné une réplique cinglante qui, il devait bien l’admettre, avait touché son ego. Il avait apprécié ce ton, la voleuse prenait de l’assurance face à lui, comme un marchand qui commence à bien connaître son client.
Tellement, qu’elle avait bien ciblé ses arguments : une paye et un petit mot glissé auprès de la Milice pour sa participation. Le deuxième argument lui parlait plus que l’autre, dans son travail il fallait mieux bien se faire voir par les gardiens de Marbrume pour éviter les soupçons.

Il avait validé son argumentaire par un silence et elle avait continué, une sale histoire de putes et de meurtrier. Pas bien original, sauf dans la mise en scène, un fêlé de plus qui prenait ses aises dans cette ambiance d’apocalypse.
Il avait du temps à consacrer à cette histoire, sa prochaine contrebande était dans une semaine et on lui demandait pas grand chose pour le moment.
La jeune femme avait tenté de toucher sa fibre sentimentale pour finir de le convaincre cherchant l’appui d’une personne qu’elle connaissait bien pour l’aider face à un potentiel danger de mort.
Dans un sens il avait apprécié, ne serait-ce que la confiance qu’elle semblait lui offrir et qui était, en vérité, réciproque. Mais négociant dans l’âme, il lui avait tout même demandé une participation à un certain nombre de ses prochaines descentes dans les Égouts.

Il entendait sa respiration lente dans la boutique, elle avait proposé de faire à manger mais il lui restait du pain pas trop dur et une terrine de lapin qu’ils avaient partagé tout en continuant de discuter de la sordide histoire.
Elle avait juré de lui offrir un repas une autre fois, maligne la rouquine, l'acrobate savait que le contrebandier avait une tendance à compter la moindre dette.
Une situation qu’il encourageait, ça évitait que n’importe qui ne lui demande n’importe quoi.
Il finit par s’endormir dans son flot de pensée.

Tôt dans la matinée, les deux compères étaient allés voir Gaspard Durangier un ancien négociant en viande avec qui Karl avait commercé avant la Fange.
En se rappelant le bon vieux temps, Karl glissait subtilement une ou deux allusions sur Monsieur Justin, le boucher.
Karl avait ensuite conduit la voleuse au travers du Goulot, discutant avec mendiants, pute et autres manants pendant le reste de la matinée.
Toujours la même rengaine, Karl se rappelait au bon souvenir de son contact par l’intermédiaire d’un service rendu ou d’une promesse et demandait en retour des informations.
Selon son interlocuteur, le contrebandier ne demandait pas la même chose.
Aux filles de joies, il demandait des rumeurs sur des demandes de clients étranges ou d’amies qui auraient disparu dans Marbrume alors qu’aux mendiants il réclamait un bruit de rue sur un personnage louche.
Le plus dur était de faire le tri dans toutes ses informations pour trouver l’élément qu’ils cherchaient.

En début d’après-midi, ils étaient remontés vers Bourg-Levant, c’était son quartier de prédilection quand son commerce de grains fonctionnait bien. Il avait gardé quelques contacts, ces derniers le dirigèrent vers le vendeur de viande qu’il cherchait.
Enfin, le clou de leur journée : La boucherie de monsieur Justin.
Karl entra dans la boutique avec sa compagne d’enquête, comme on pouvait s’y attendre l’odeur de viande était extrêmement présente et agressait l’odorat.
Monsieur Justin était un homme un peu enrobé, une caractéristique assez rare en ville pour le noter. Une moustache fournit et une tignasse bien coiffée complétez le tableau.

"Bonjour. Je vais vous prendre cette belle pièce de viande. Oui celle là, merci."

Première règle de la négoce, mettre dans de bonnes dispositions son interlocuteur et de toute façon qui rentre dans une boucherie sans acheter de viande. Au moins, il savait ce qu'il allait manger ce soir.

« Dites moi l’ami, ils vous arrivent de vendre des cornes de moutons ou de vaches ? Je cherche une décorative un peu spécial pour un ami, si vous me faites un bon prix je pourrais même vous en prendre deux. Sinon vous seriez aimable de m'indiquer quelqu'un s'il vous plait. »

Le contrebandier était affable, il avait changé son attitude pour ne pas brusquer le marchand de viande et continua sur un ton calme, faussement enjoué.

« Les affaires ont l’air de marcher. La viande vient du Labret ? En tout cas ces pièces sont magnifiques, vous devez avoir une belle clientèle. Peut-être même de la noblesse ou des gens de passage, pas vrai ? »

Il voulait juste quelques informations, un petit indice et dans le meilleur des cas l'amener à parler d'une rencontre en glissant les bons mots à son oreille sans passer pour un adjoint de la Milice en quête d'informations sur un meurtre.

Pour le MJ:
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MessageSujet: Re: [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé)   [Défi de Classe d'Août] Lame de Lune (Terminé) EmptyDim 25 Aoû 2019 - 13:26
Le reste de la journée passa sans que je puisse réellement me rendre plus utile. Un jour de moins pour la prochaine victime.
Je m'exaspérais à ne pouvoir trouver mieux à faire que de cogiter dans le vide, ruminant sur cette satanée foule que j'aurais aimé pouvoir disperser avec une milice du Temple. Mais voilà, il me fallait prendre mon mal en patience.

Je récoltais au fur et à mesure de la journée les différents indices. D'abord, ce fut le simplet qui me rapport la forme d'arbre que traçait le sang au sol.
Il était évident que ça avait été fait intentionnellement. Puis la jeune milicienne rapporta le nom de l'autre victime: Juliette.
J'adressais une rapide prière pour cette victime là aussi puis me concentrais à nouveau sur le crime.

Il était vrai que la symbolique semblait tourner autours de Sérus et de la fertilité. Je soupirais en pensant aux deux enfants qui ne reverraient jamais leur mère et allais dire à un milicien de se débrouiller pour les retrouver et les ramener au Temple. Il était hors de question qu'ils soient livrés à eux-mêmes.

Tout en écoutant les paroles avisées du sergent, je décidais finalement de rentrer au Temple car la nuit commençait à se faire noire. Je me restaurais, faisais mes ablutions puis allais prier un peu avant de m'endormir sans que ça ne soit réparateur, tentant de penser au quartier et ses points d'intérêts sans que ça ne m'éclaire plus.

Et soudainement, alors que l'aube pointait à peine, je me réveillais en sursaut, les pièces du puzzle assemblées dans mon esprit comme par enchantement.
Je descendais en trombes au poste de la Milice du Second Laquais et visiblement, le sortais de son lit.

-Préparez vous ! On va enquêter ! Et j'ai besoin d'une coutellerie immédiatement. Comme l'homme ne semblait pas bien réceptif (sûrement à cause du réveil aussi brusque qu'inopiné, je répliquais. Et quand je dis immédiatement, je veux dire tout de suite, on sonne la garde, les clairons ou quoi que vous souhaitiez, je vous explique sur la route. Alors réveillez vos gars!

Voilà, nous étions tous sur la route, moi frais et prêt à en découdre, mes compagnons de voyage un peu moins. J'expliquais alors au chef de la troupe mes constatations.
Les victimes avaient un lieu autre que leur profession. Julia, Justine. Le tueur faisait un fixette sur les prénoms en Ju. Partant de là, il était évident que ça devait représenter quelque chose pour lui.
Une autre chose qui m'avait étonné était la précision des ablations pratiquées sur la pauvre femme. Ce n'était pas un vulgaire crétin avec un couteau qui aurait fouillé et arraché tout au hasard. C'était propre et précis. Et il n'y avait pas beaucoup de professions qui permettaient de se former à cet art.

Aussi j'élaborais ma théorie au gradé: Le tueur a un nom qui commence comme celui de ses victimes, il devait tenter d'avoir un enfant avec son épouse et ils l'ont perdu, ou n'y arrivent simplement pas. Ça a du provoquer un traumatisme dans le couple voire même une haine farouche de ceux pouvant enfanter. Alors ils se mettent en chasse de prostituées pour se venger et leur retire symboliquement leur capacité à enfanter. Peut-être que c'est un genre d'offrande à Sérus pour tenter de lui rendre sa fertilité.

Je rajoutais le fait qu'une corne n'était pas si facile à trouver et que seules deux professions y avaient accès facilement, vacher ou...
Nous nous arrêtions devant la boucherie d'un certain Justin. Je la connaissais de nom à force d'être passé devant tandis que j'allais à la rencontre des démunis des bas-quartiers.

Je laissais entendre au chef d'encercler le bâtiment pour couper toute possibilité de fuite puis entrais avec lui et cinq autres.

Il n'y avait que le boucher et un client.

J'indiquais l'arrière boutique aux miliciens.

-Je pense que vous pouvez commencer à aller regarder si il a des cornes dans son arrière boutique. Saisissez vous de cet homme!

Aussitôt, deux des miliciens se jetèrent sur lui en bousculant le client au passageet le firent s'asseoir sur une chaise, le menaçant de leur arme.

-Alors je ne vais pas y aller par quatre chemin. Je vous soupçonne d'être impliqué dans le meurtre de deux femmes. Vous êtes accusés d'avoir mutilé leur corps d'une façon si ignoble que même les Trois ne sauraient vous pardonner. Mais si vous avouez, peut-être que leur bonté saurait apparaître pour votre âme. Alors répondez à mes questions: Où est votre femme? Pourquoi vous en prendre à ces femmes? Où avez vous mit ce qu'il y avait à l'intérieur de ces pauvres femmes? Où les avez vous tuées?

J'hésitais pendant un instant à intimer l'ordre aux miliciens de le frapper pour le faire parler plus vite puis me ravisais. Je contournais l'étal du boucher et me saisissais d'un de ses outils de travail. Parfaitement aiguisé, il rentrerait sans peine dans n'importe quelle carcasse. Puis je pensais un instant à les utiliser sur lui. Je repassais devant lui, le couteau toujours en main, le plantais sur le comptoir. Nous allions vite voir si il allait être nécessaire d'en arriver là ou non...
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