Marbrume


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  [Quête] Passage au Chaudron :

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HypothermieMaître du jeu
Hypothermie



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MessageSujet: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 15 Sep 2019 - 18:05
◈ Passage au Chaudron◈
Karl Stanner, Alaïs Marlot, Élisabeth Blanchevigne et Alexandre de Terresang



«Parfois, les mauvaises idées sont les seuls que nous ayons. »





Sans l'ombre d'un doute, cette expédition n'était pas un mauvais choix. C'était tout simplement le pire.

Or, tout un chacun était en quête de réponse vis-à-vis de l'offensive de la fange sur le Goulot. Bien qu'il soit maintenant su que les coupables n'étaient autres que les déviants au culte de la Trinité, la question de savoir comment tout cela était arrivé restait sans réponse. Y avait-il une faille de sécurité si grande à l'intérieur du dernier bastion humain pour que Marbrume soit à même de renouer avec ces heures sombres et macabres, si des sectaires audacieux désiraient fomenter de nouveau ce genre d'attaque ? Pour le savoir, il fallait mettre la main sur des membres de ces cultes de l'ombre. Dès lors, lorsqu'à l'intérieur du Chaudron apparut de la fumée, une trace de vie humaine, il fallut prendre le risque de s'y aventurer pour mettre la main sur ces possibles déviants. Si au final ceux-ci n'étaient qu'une masse de badauds retranchés, il faudrait les secourir et les ramener du bon côté de la palissade. Mais en aucun cas il ne fallait se tromper sur leur compte; la sécurité de l'ensemble de la population en dépendait.

Appuyé sur les créneaux de la nouvelle muraille qui séparait la vie de la mort, le Chaudron du restant de Marbrume, un vieux sergent à la moustache tombante rongeait nerveusement sa lèvre inférieure. La fumée blanche qui s'échappait de l'ancienne auberge aux six roses, jadis repère de mutin reconnu et connu de tous, semblait le narguer. Au milieu de la fange, quelque chose semblait se tramer. Sectaire en attente ou populace à secourir ? Impossible à savoir s'en s'y rendre. Mais qui voudrait bien s'y risquer ? Coupant le flot de ses pensées, le coutilier Edgard prit la parole de sa voix nasillarde.

-” Sergent. Avec cette foutue fange en présence, avec cette foutue mort nous guettant au tournant, avec ces foutus sectaires, ces foutus monstres et ces foutus rescapés à sauver, que des fous iraient se rendre dans ce foutu Chaudron !”

Regardant son comparse d'un regard torve, gardant le silence durant quelques infimes instants avant que le gradé finisse par hocher la tête en poussant un soupir las. Renouant le contact visuel avec le bouge qui avait servi un alcool aussi fétide que sa réputation: ”Tu as raison.”

-"...Que faisons-nous alors ?”
-” Nous trouvons des fous pour t'accompagner.”

L'ordre venait de tomber. Ouvrant et refermant la bouche, jugeant et sachant inutile toutes velléités de refus de la mission, Edgar rentra la tête dans les épaules et glissa ses mains dans ses poches pour se protéger de la pluie fine qui tambourinait sur son uniforme. Décidément, la suite s'annonçait hautement affreuse et mortelle pour sa personne et pour les idiots qui l'accompagneraient...

◈ ◈ ◈

Faisant les cent pas devant l'ouverture qui leur permettrait de se faufiler à l'intérieur du Chaudron, le coutilier vérifia à nouveau l'ensemble de son équipement pour s'assurer que rien n'y manquait. Frappé du sentiment qu'il oubliait quelque chose, probablement une parcelle d'intelligence pour ne pas avoir tenté de ne pas être le milicien responsable de l'expédition, Edgar poussa un nouveau soupir las en serrant et desserrant ses mains. Il était trop tard pour reculer. Et puis, il n'aurait jamais eu gain de cause. Arrêtant enfin sa démarche qui ne le menait nulle part, il leva la tête vers la voûte céleste. Par chance, il faisait un temps radieux en ce début de journée.

N'ayant pas eu la chance de participer au recrutement de son groupuscule de suicidaire, Edgard avait tout de même entendu que du bon de cette troupe prête à prendre le risque de leur vie. Pour plusieurs raisons, la mission n'était pas une charge uniquement réservée à la milice. Oui, son sergent lui avait promis le renfort d'un ou deux hommes d'armes pour assurer ses arrières. Mais pour le reste, il fallait un petit contingent aux talents multiples pour se faufiler et arriver jusqu'à l'ancien débit de boisson où se réfugiaient les coupables ou les victimes. Car une chose était certaine; l'expédition n'irait pas se jeter dans le Chaudron tambour battant. L'objectif était d'y rentrer et d'en ressortir sans croiser un seul prédateur de l'humanité. Mission impossible ? Peut-être. Mais Edgard voulait y croire. Ardemment, d'ailleurs.

C'est sur ces entrefaites qu'il vit arriver la première personne qui serait sous ses ordres. Déposant ses mains sur ses hanches, redressant la tête et affichant une confiance qu'il n'avait aucunement, Edgard attendit que l'être en question ait fini de traverser la place des chevaliers pour le rejoindre. Ne lâchant pas son approche de son regard brun bien quelconque, dressant un sourire qui se voulait rassurant, mais qui manquait un peu de splendeur avec les quelques chicots lui manquant, le coutilier patienta jusqu'à l'arrivée du premier membre de la troupe. D'ailleurs, il en irait ainsi jusqu'au dernier, jusqu'à ce que les membres de l'expédition soient tous présents.

mj a écrit:
Bonjour à tous. Tout d'abord, bienvenue dans cette quête ! ( Coucou )

Comme vous l'aurez compris, vous venez d'entrer dans une mission suicide pour aller investiguer sur la trace de vie humaine dans le Chaudron. Membre des sectes profanes, ou réfugiés à sauver ? Ce sera à vous de le découvrir et de faire le bon choix !

J’aimerais que pour ce premier tour d’ouverture, vous contextualisiez votre présence dans cette mission, ainsi que vos effets personnels;

Comment avez-vous été recruté. Étiez-vous volontaire, ou bien était-ce un ordre de votre hiérarchie ? Qu'apportez-vous avec vous ? Comment votre personnage présage cette petite "promenade" dans le Chaudron ?

Bref, n’hésitez pas à développer et étayer votre écrit ! Plus il a de choses, plus que j’ai de la matière pour vous torturer pour vous donner du jeu !

Aucun ordre de passage n'est à respecter !

Mon prochain passage se fera au plus tard le dimanche 22 septembre. D'ici là, bon début de quête !
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyMar 17 Sep 2019 - 13:04
Le Chaudron, zone morte d’une ville pourtant réputé imprenable, signe que même derrière les murailles personne n’était à l’abri de la fange. Pourtant la vie s’était réorganisée autour de cette nouvelle zone morte au sein même de la ville, et la zone avait été abandonnée, restant uniquement un repaire de la fange, et de bannis continuant peut-être de comploter contre la ville au sein même de ses murailles. Et pourtant, la trace d’un feu s’était faite voir dans l’enclos du chaudron. Et elle faisait partie de l’équipe suicidaire envoyée pour enquêter dessus.

Peut-être que quelqu’un en avait marre d’elle dans sa hiérarchie pour l’envoyer à un tel endroit. Ou bien les gens commençaient à avoir confiance en ses capacités à survivre là où d’autres seraient déjà morts à sa place? Ses rencontres avec la fange finissaient rarement bien, pourtant elle était encore là pour en parler, et elle bénissait les Trois pour cela. Est-ce-que les dieux la protégeaient, ou bien la maudissaient-ils en lui infligeant blessure sur blessure? Quoi qu’il en soit, le moment était venu pour les Trois de la mettre à nouveau à l’épreuve, dans un environnement qu’elle n’appréciait pas.

Les rues tortueuses du Chaudron donnaient encore moins de visibilité que l’on avait dans les marais. La fange ou des bannis pouvaient se cacher partout, à chaque coin de rue, ou à couvert de fenêtres dans des positions bien trop avantageuses pour qu’ils ne puissent ne serait-ce que riposter face à une telle attaque. Rien que sa pathétique armure en cuir ne saurait arrêter. Mais elle restait tout de même une protection bienvenue qui pouvait faire la différence entre la vie et la mort.

La milicienne fut la première à arriver sur les lieux, sans vraiment savoir quelle composition son équipe allait-elle bien pouvoir prendre. Enfin, si l’on ne comptait pas le coutiller déjà présent en attendant son équipe de suicidaires ou de pauvres miliciens forcés de s’y rendre. La brune marchait d’un pas rapide, assez déterminée, bien qu’avec une boule au ventre. Elle savait très bien qu’elle se dirigeait droit vers une nouvelle valse avec la Mort, une danse qu’elle n’avait que déjà bien trop pratiqué, des pas qu’elle ne pouvait vraiment maîtriser. Et pourtant, elle avait une drôle de relation avec la faucheuse. C’était presque comme un jeu, où ils tournoyaient tous deux ensemble avant de s’éloigner ensuite, et de recommencer. Qui allait dominer la danse cette fois-ci? Allait-elle finir par se faire ravir par ce sinistre cavalier?

C’est avec des pensées bien sombres qu’elle arriva à la place des chevaliers qu’elle traversa tranquillement, jetant un petit coup d’oeil à cette statue qui trônait ici en mémoire de l’invasion. Un événement dont elle préférait ne pas se souvenir. Des pensées bien sombres, à peine éclaircies par l’éventualité où la milicienne pourrait peut-être bien briller. Se faire remarquer en bien comme cela lui arrivait parfois. Même si elle ne cherchait pas forcément la gloire, la jeune femme avait bien besoin de reconnaissance...

La milicienne arriva alors au niveau du coutiller, dans la tenue de la milice. Son arc dans le dos avec un carquois contenant une vingtaine de flèches, son épée courte dans son fourreau, à sa ceinture. Sur son dos, dans une besace, se trouvait également une corde tressée en chanvre de 15 mètres de long, un objet toujours utile, ainsi que deux torches prêtes à l’emploi, ainsi qu’une pierre à feu afin de faire office de briquet. Elle n’aura qu’à la frotter avec sa lame pour produire des étincelles capables d’allumer les torches, ou un feu de camp. Des objets qui en extérieur n’avaient pas forcément beaucoup d’intérêt, mais, qui, dans un cadre urbain, pouvaient être bien utile s’ils devaient s’engager dans des bâtiments, ou effectuer un peu d’escalade. Et la milicienne comptait bien en faire, de l’escalade. Les toits étaient bien plus séduisants que les rues crasseuses et pleins de guet-apends.

« Elisabeth Blanchevigne, au rapport. » déclara-t-elle d’une voix assez neutre. Le coutiller semblait calme, assuré, souriant. Il était ou bien complètement fou, ou bien il cachait bien son jeu. Elisabeth commençait à osciller entre les deux qu’à son propre état. Peur, elle avait, mais d’un côté, les missions désespérées, ça commençait à la connaître aussi... Réajustant son carquois et sa besace de matériel, elle était prête à aller mener son enquête dans une des zones les plus dangereuses du duché. Elle n’était pas trop chargée, même si la corde pesait un petit peu.

« Je pense que pour se déplacer dans le Chaudron, le mieux sera encore de passer par les toits, vu le danger des rues. La personne la plus légère ira en éclaireur pour vérifier que le chemin est bien praticable et les autres suivront. Qu’en pensez-vous? » proposa-t-elle alors ensuite. Elle avait un peu de matériel pour cela, et, à vrai dire, pensait aussi qu’elle sera celle en pointe de cortège, vu son poids plume par rapport au milicien moyen. Normalement, la densité des habitations dans cette partie de la ville devrait leur permettre de poser très peu souvent le pied à terre. Le risque de chute était bien présent, donc il allait falloir être prudents... Mais ils pouvaient toujours s’encorder l’un à l’autre pour éviter ce genre de scénarios.

Spoiler:
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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 22 Sep 2019 - 13:57
Dans son arrière boutique, le marchand de grain était penché au-dessus d’un livre de compte et d’un carnet s’éclairant à la lueur d’une bougie. D’un geste devenu routinier, il modifia les chiffres d’une ligne pour fausser ses bénéfices sans pour autant rendre le bilan incohérent.
Il vérifia une nouvelle fois son précieux carnet et chercha l’erreur dans ses calculs pendant quelques instants mais il n’en trouva aucune. Karl hocha la tête pour lui même avant de se lever en s’étirant de tout son long pour ensuite refermer ses deux ouvrages et les remettre à leur place respective.
Le marchand prit un moment pour observer son échoppe, il avait entièrement rangé cette dernière si bien qu’on pouvait se demander si quelqu’un avait vécu ici ces derniers jours.
Il était temps pour Karl de changer d’habits au sens littéral tout comme au sens symbolique, il abandonnait son attitude de marchand pour devenir le contrebandier car là où il s’était fait recruter ses compétences de négociations ne le sauveraient pas.

La bougie en main, il se déplaça rapidement au comptoir qui exposait son équipement sans oublier de prendre un petit sac que quelqu’un avait abandonné là. De son habituel professionnalisme, il repassa l’ensemble du matériel en vue d’un œil critique, il ne voulait aucune mauvaise surprise dans le Chaudron car le quartier maudit en avait déjà bien assez en réserve.
Une armure de cuir complète attendait d’être enfilée, Karl avait fait renforcer de cuir clouté les coudes et les genoux après plusieurs passages dans les Égouts, le nouvel ajout pour cette sortie dangereuse était un gorgerin qu’il avait échangé dans le Goulot contre une partie de sa marchandise de contrebande. Il déposa la bougie pour enfiler la précieuse tenue, bien qu’elle semblait dérisoire s’il devait croiser un Fangeux. Alors qu’il s’occupait des attaches, son regard se porta sur son arme.
Karl n’était pas un soldat et son infirmité n’aidait en rien à changer cela, il ne sortait que rarement sa dague même dans le Goulot préférant la diplomatie à la violence. Encore une fois, là où il se rendait, il n’aurait pas chance d’utiliser sa maîtrise des mots. La dague, une main gauche, était de bonne facture et ferait son office s'il venait à devoir s’en servir.
Le contrebandier passa le surin à sa ceinture après avoir terminé d’enfiler sa seconde peau, ensuite il attrapa ses bottes. C’était des pièces du même cuirs que son armure, la seule différence c’est qu’elle était recouverte de divers pics éparses sur la tige, cette dernière s’arrêtant au mollet. Des chaussures transformées pour les Égouts pour empêcher la vermine de grimper et de mordre les arpenteurs du sous-terrain. Pas sûr que ça lui soit très utiles dans le Chaudron mais qu’importe il n’en avait pas d’autres.
Enfin un sac de toile qu’il porterait en bandoulière, il en vérifia le contenu : Une torche accompagné d’un silex, deux rouleaux de tissus de lin pour ses bandages même si Karl n’avait que peu de connaissance en médecine pas besoin d’être toubib pour faire un pansement. Enfin un pochon de cuir contenant du pain pain et une gourde venait compléter le chargement.
Le contrebandier y rajouta la petite besace qu’il avait ramené avant de passer son barda sur son épaule, il se dirigea ensuite vers la porte de sa boutique et sorti dans les rues du Ports, non sans un regard en arrière.

Cheminant au travers des rues en direction de la place des chevaliers, Karl avait tout son temps pour ruminer sur les événements qui l’avaient conduit à se porter volontaire pour une mission suicidaire. C’était par une de ses connaissances miliciennes que l’information lui était parvenue aux oreilles, quelqu’un ou quelque chose avait allumé un feu dans le Chaudron et cela irritait les gardiens de Marbrume. Ils montaient une équipe chargée de comprendre ce qu’il se passait là bas et qu’un guide ne serait pas de refus, un homme qui connaissait l’endroit avant qu’on ne le renomme, avant l’invasion de la Fange.
Karl avait travaillé dans le sud du Goulot comme coursier pendant la famine, commençant en bas de l’échelle pour nourrir sa famille, le contrebandier avait bonne mémoire et se souvenait encore de la plupart des rues et échoppes.
Il faisait un bon candidat, de plus le contrebandier rêvait d’un chemin de contrebande passant par le Chaudron tout comme on pouvait espérer récupérer des richesses abandonnées. La tâche se relevait ardue, il n’avait ni les moyens ni les hommes pour explorer le quartier maudit.
La Milice lui offrait une chance, d’explorer un peu la zone morte et tout cela en respectant la loi, l’opportunisme de Karl n’avait pas laissé passer l’occasion. De toute façon avec les miliciens ou une bande du Goulot, se rendre dans le Chaudron restait toujours suicidaire. C’est ce que lui avait fait clairement comprendre une rouquine remontée.

Alaïs n’avait pas apprécié qu’il se porte volontaire et encore moins qu’il ne lui ne parle pas. Elle avait débarqué quelques heures avant et l’avait surpris en pleins préparatifs. Elle lui avait posé la question sur un moqueur.

« Tu déménages ? »

« J'ai un travail. »

Elle observa le matériel qu'elle finit par reconnaître puis afficha un air plus sérieux, délaissant son sac dans un coin.

« Une virée dans les égouts ? »

« Je ne sais pas encore, peut-être. C'est la Milice qui cherche des volontaires.» 

« La Milice ? »

Elle paraissait interloquée ou franchement perplexe

"Si je suis un bon citoyen, on ne s'intéresse pas à moi et la destination m'intéresse."

Elle croisa les bras tout en scrutant son visage à la recherche de réponses.

« Où ? »

Karl lui retourna son habituel visage calme, pourtant un bref soupir s’échappa. Il savait ce qu'il allait déclencher.

"Le Chaudron."

Le visage de la voleuse se ferma aussitôt, comme une porte qui claque sous le coup d'une violente bourrasque de vent.

« Non. »

Il déposa une dague à côté de ses bottes avant de prendre le temps d'observer la voleuse qui ne souriait plus.

"Le Chaudron, c'est une porte d'entrée et de sortie. Inutilisée. Sans parler de ce qu'on pourrait trouver là- bas. Le danger est présent. Je le sais mais je ne laisserais pas passer une opportunité comme celle- là."

Alaïs secouait désormais la tête comme pour l'interrompre, le visage traversé par une foule d'émotions mais où le désarroi semblait surnageait principalement, le contrebandier avait du mal à le savoir.
Elle avait continué à vouloir le convaincre de renoncer toujours plus véhémente alors que lui essayait de la calmer, arguant qu’il n’était qu’un guide et que de toute façon sa décision était prise.
La voleuse avait fermé les yeux un instant avant de lui poser une colle.

« Karl, si c'était moi. Tu me laisserais partir ? »

Elle l’avait eu par surprise, il n’avait pensé qu’à lui dans cette histoire.
S’il devait mourir c’était son problème et pas celui des autres, or l’acrobate lui retournait un visage de tristesse mêlée de colère, elle n’était pas une affaire de plus qu’il pouvait classer dans ses comptes et elle entendait bien lui faire comprendre.
Il lui retourna des mots plus froids qu’il ne l’aurait réellement voulu.

« J'essayerais de te retenir, c'est pour ça que je n'essaye pas de discuter avec toi, Alaïs. Tu ne me laisserais pas partir alors que j'ai déjà accepté. Je suis désolé. »

« Si c'était vrai, tu m'en aurais parlé avant. La vérité, c'est que tu es toujours seul, Karl. »

Elle l’avait planté là sans un mot de plus et il était resté con, comme toujours sa voleuse parlait bien, lui rappelant que tout le monde n’attendait pas une simple négociation avec lui.


Karl poussa un grognement avant de reprendre son visage impassible en arrivant à destination, il aperçût le coutiller et une femme à ses côtés, d’un pas assuré il se dirigea vers eux pour se présenter.
Leur chef de groupe avait l'air confiant, du moins il en donnait l'air mais Karl se doutait bien qu'il aurait préféré restait bien loin du Chaudron.

« Karl Stanner, je suis votre guide pour cette sortie. »

Il salua aussi la milicienne d’un bref signe de tête, il se souvenait de cette femme pendant l’enquête avec Alaïs, à croire que tout voulait lui faire penser à elle.

Monsieur le MJ:
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 22 Sep 2019 - 14:07




Passage à Chaudron
Premiers jours d’août 1166


La voleuse avait fermé la porte derrière elle, sans bruit ni éclat de voix pour une fois. Elle avait pris le coup de trop et ses forces l’avait désertée. Était-elle seulement en colère ? Non, il lui semblait que c’était autre chose. Une douleur dans la poitrine et dans les tripes qui la faisait chanceler un peu d’un pas mal assuré le long du port, comme une ivrogne privée de son poison préféré. Elle aurait dû s’en douter, seulement elle ne pensait pas que le coup arriverait si vite et si violemment. Non, vraiment pas si vite. Elle ne s’était même pas battue, elle avait pris le coup en plein ventre, et elle avait écarquillé les yeux bêtement, le souffle coupé. Touchée, coulée. Allait-elle partir à la dérive ? Il avait pris sa décision, il lui semblait que c’était à elle de prendre la sienne. Elle pouvait s’échouer dans un coin et pleurer sur son sort. C’était fort tentant.

Au lieu de ça, elle laissait défiler les rues, se dirigeant instinctivement vers le Goulot, ce gouffre infâme qui était devenu son foyer. Ca avait semblé si facile pour lui. Ca ne servait à rien de discuter, avait-il dit. Comment pouvait-on se tromper à ce point sur quelqu’un ? Elle avait cru percevoir quelque chose sous la glace, et elle avait plongé sans hésitation, bravant le froid et l’obscurité pour approcher ce qui se terrait là. Grave désillusion. A plonger dans l’eau en plein hiver, on ne chopait que des engelures ou une grave maladie des poumons. Elle voulut le maudire, lui souhaiter la pire des morts, puisque son appétit comptait plus que tout le reste. Plus qu’elle. Elle se demandait même s’il avait eu conscience de ce qu’il laissait derrière lui, et pour quoi ? Un chemin de contrebande de plus ? La mort assurée. Il ne l’aurait pas volée, ça oui. Ah la colère ressurgissait, finalement.

Qu’est ce qui l’empêchait de faire demi-tour et de lui balancer quelques vérités tranchantes à la figure ? Elle hésita un instant, sourcils froncés, les poings crispés, puis s’échoua finalement contre un porche et se prit à sangloter. C’était stupide, puéril et elle était bien partie pour continuer quand on la bouscula d’un coup de pied dans les côtes. Dégage de là, vermine. Elle couina à peine et s’éloigna, les genoux tremblants. C’était ainsi dans le Goulot. Si on montrait sa faiblesse, on se faisait piétiner. Elle pensait avoir grandi. Mais elle était toujours cette gamine qui avait peur du noir. Elle se laissa quelques moments à se lamenter sur son sort, sur la vie assez cruelle pour tout lui offrir et lui retirer aussitôt. Puis, le calme se fit de nouveau.

Ca ne servait à rien. Elle s’était promis de ne plus jamais subir, de ne plus jamais être cette brindille malmenée par les caprices du vent. Envers et contre tout, et même contre lui. Son visage se ferma, elle passa un revers de manche sur son visage. Vipère elle était, et il était hors de question qu’elle abandonne si facilement. Elle se devait d’être meilleure que ça. Pas pour lui, mais pour elle-même. Elle s’était crue lâche et sans défense si longtemps. Mais elle avait survécu à maintes épreuves, et la chance n’y était pour rien. Ses pas s’étaient assurés, elle avait appris. Elle arriva au Dépotoir. La mine fermée, elle traversa la petite cour toujours aussi crade et humide et remonta un petit escalier vers l’endroit où elle avait l’habitude de crécher. Voilà des jours, presque des semaines qu’elle n’avait pas dormi là. A part quelques passages furtifs, les si nombreux événements des derniers temps l’avaient menée de droite et de gauche, pour le meilleur comme pour le pire. Elle fouillait dans ses maigres effets. Que cherchait-elle ?

Elle tomba sur la douceur soyeuse d’un foulard qu’elle avait abandonné depuis un moment. Le foulard de sa mère. Comme un bout de nuit étoilée, un morceau d’infini. Elle sourit et prit un temps pour s’imprégner du tissu soyeux qu’elle avait si souvent fait onduler pour attirer l’oeil du passant. La dernière fois qu’elle l’avait utilisé, elle l’avait noué autour de son visage pour se fondre dans les égouts avec lui. C’était un peu de liberté qu’elle emportait avec elle, un peu de chance pour affronter le danger. Elle inspira profondément. Elle se défit de ses vêtements de ville, sa tenue de lin usée par le temps, son gilet rapiécé jamais fermé qui lui donnait un air de racaille mais qu’elle affectionnait quand même. Elle dénicha le pantalon de lin épais et renforcé aux genoux, les bottes solides et montantes, fourra sa chemise un peu trop grande sous la ceinture, ajouta un autre gilet de cuir, plus épais, ajusté à la taille pour ne pas s’accrocher dans quelques aspérités. Elle s’arrêta pour observer ce qui restait. Le manteau sombre à capuche, les gants et l’éclat brillant de cette dague trop chère pour elle.

Il était trop tôt pour partir encore. Elle avait quelques personnes à voir. Si ça devait être le dernier voyage, il était hors de question de se séparer sans un mot. Elle se devait d’être meilleure que lui, en définitive. Allait-il seulement lui dire ? Si elle était revenue avec une heure de retard… Non. Peu importait. Il n’avait pas voulu lui laisser le choix, elle le prendrait quand même. Elle n’avait pas besoin de son autorisation. Elle passa quelque temps avec Kryss qu’elle dénicha dans un coin avec sa marotte de mère. Il faudrait qu’il comprenne lui aussi. Il restait le plus intelligent qu’elle connaissait, bien sûr qu’il comprendrait. Il avait déjà failli perdre Cérène, il devait savoir. Quand elle se sépara de son saltimbanque, elle embrassa chacun de ses monstres qu’elle avait appris à aimer si chèrement. Sa famille. Ca ne serait pas la dernière fois voulait lui souffler son audace. Le plus dur restait à faire cependant.

Elle récupéra ses affaires et monta vers le quartier de la milice. Elle trouva Landric dans les écuries, comme à son habitude à cette heure. Elle prit un moment pour l’observer à la faveur d’un recoin obscur, s’accrochant au reflet argenté de ses cheveux. Autant Karl était la glace, autant Landric était la douceur de la neige, un petit matin triste. Elle allait le faire sursauter à coup sûr, aussi elle se permit un raclement de gorge, sortant de sa réserve. En la voyant attifée de la sorte, il fronça les sourcils. Il n’avait pas besoin de tout savoir, seulement qu’elle l’avait aimé, aimé comme un frère avait-elle compris, finalement. Elle savait qu’il la comprenait, lui aussi. C’était la seule chose qui importait vraiment à cette heure. Elle évoqua un voyage rapide, ils se reverraient à son retour. Et ils trouveraient son père. Elle se mordit les lèvres. Elle savait cette quête vaine elle aussi. Mais s’il fallait parfois quelques paroles pour conjurer le sort, pourquoi s’en priver ? Elle préféra ne rien promettre, cependant, ça aurait été trop cruel de lui mentir maintenant.

Tout était dit, tout était prêt. Le jour descendait déjà, elle devait se hâter. Elle passa au bureau de la caserne qu’elle connaissait d’un peu trop près. Amusant de s’engager du côté de la milice et non du côté des criminels. Elle ne put s’empêcher un clin d’oeil facétieux en direction du recruteur, puis fila avant qu’il ne soit pris de regret et ne la jette au trou. C’était étrange de se balader dans les rues en plein jour dans cette tenue. Comme si elle révélait son autre visage au monde. Lequel était le bon ? Vipère ou Al’, la petite saltimbanque du Goulot ? Le ciel en jugerait. Elle arrivait. Enfilant son manteau, elle garda sa capuche abaissée, et rajusta son sac en bandoulière, vérifia le fourreau de sa dague à sa ceinture, d’un poids rassurant contre sa jambe.

Elle ne tremblait quasiment pas, quand elle aperçut le coutilier, appuyé contre l’imposante et sinistre muraille du Chaudron. Les murs voilaient presque l’éclat du jour, comme une promesse funeste. Il était déjà là bien sûr, l’avait repérée avant même qu’elle ne salue le coutilier. Elle savoura l’air de parfaite incrédulité qu’il affichait bien malgré lui et le froncement de sourcils annonciateur de l’orage qui s’ensuivit. Il était furieux pour finir mais ne décrocherait pas un mot devant la milice, piégé par ses propres règles. Rien que pour ça, ça valait le coup. Elle le laisserait mariner avec ses principes de comptable. Ah tiens, salut, Karl.

Elle accrocha son éternel sourire à ses lèvres, et s’avança d’un pas assuré, le papier d’engagement qu’elle ne savait pas lire à la main. Elle ne fut même pas surprise de retrouver Elisabeth à cet endroit. Après tout c’était mortellement dangereux, fou même, comment pouvait-elle se trouver ailleurs ? Elle la salua avec chaleur, serrant brièvement son bras. Toujours au beau milieu de l’enfer, pas vrai ? La présence de la milicienne la rassurait quelque peu dans le fond. Sa force de caractère et son bras ne lui avaient jamais fait défaut. Il manquait plus que moi pour te porter chance, Eli !

Elle ignorait royalement le contrebandier désormais tout en sachant exactement la tête qu’il était en train de faire. Il ne s’en remettait pas. Elle aurait presque pu en rire, mais elle préférait savourer encore un peu sa vengeance. Pour sûr, elle allait faire un malheur. Restait à savoir pour qui.

Pour le mj:

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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 22 Sep 2019 - 20:50

On cherchait des volontaires, et pour tout dire, pas grand monde n’avait été emballé à l’idée de mourir dévoré vivant dans le cloaque de la ville qu’était le Chaudron. Ils avaient survécu à l’invasion du couronnement, parfois de justesse, beaucoup y avait perdu des êtres chères ou en avait gardé des cicatrices indélébiles, qu’elles soient mentales ou physiques.

Qu’avait-elle perdu elle, Eurybia Pyrit ?

Pas son mari, elle n’en avait toujours pas. Pas sa raison, elle l’avait perdu quelques mois auparavant entre quelques kidnappings et quelques morts ressuscités. Tout ce qu’elle avait jamais eu c’était ce qu’elle avait abandonné des années auparavant, dans un caprice égocentrique. S’être cachée pendant deux ans et s’en prendre une bonne dans la gueule quand la réalité vous tombait sur le coin du nez. Ca faisait drôle, hein. Les fantômes qui ressurgissent au détour d’une attaque aussi, ça faisait drôle. Ca, et la brèche qui s’était ouverte pendant les joutes royales, déversant la pire des pourritures dans les artères de la ville fortifiée : la Fange. Depuis, le sommeil se faisait languir, elle attendait, oreille tendue, les yeux grands ouverts, aux aguets. D’où venait ce bruit ? Avait-elle verrouillé la porte ? Est-ce que les braises du haut-fourneau étaient éteintes ? Est-ce qu’on l’observait ? Se pouvait-il qu’une autre brèche se soit ouverte ? Le couvre-feu l’avait confinée loin de ses habitudes sociales toutes incarnées en l’Albatros. Boire, voir du monde, occuper son esprit, intoxiquer son âme. Tout ce qui aurait pu alléger son quotidien et alourdir son sommeil étaient hors de portée. Elle avait réussi à se traîner hors de son atelier lorsqu’elle avait entendu l’appel aux volontaires pour la reconstruction d’une partie du Goulot. Le chantier était une bonne distraction et avait rempli toutes ses matinées jusqu’au levé du couvre-feu, puis jusqu’à la mi-juillet. Lorsque les travaux se terminèrent enfin, elle reprit un rythme plus tranquille à la forge, égayant de nouveaux ses soirées dans la taverne de la grande rue des Hytres avec un tout nouveau loisir qui ne lui porterait pas bonheur très longtemps.

On tend l’oreille. Tiens, c’était une bonne soirée aux rires qu’on entendait, l’heure n’était pas encore à la querelle. C’était peut-être bien son jour de chance. Le milicien entra et commanda sa bière avant de s’asseoir dans un angle à l’écart, une place de choix pour observer la clientèle. D’habitude il se serait joint à eux pour partager leur bonne humeur mais ce soir, il avait un autre problème en tête. L’expédition qu’on organisait dans le Chaudron était prévue pour bientôt et il n’avait même pas réussi à recruté une poignée de fous. En comptant Edgar, ils étaient trois tout au plus. Seulement, s’il ne trouvait pas un idiot bête supplémentaire, c’est lui qui devrait s’y coller. Et il n’avait franchement pas envie d’aller crever avec des amateurs dans ce trou à rats. C’est donc en dernier recourt qu’il écumait les tavernes cherchant un profil physique assez solide doté d’un esprit pas trop vif mais bien imprégné par un désir de gloire.

« Roger, remets-nous ça ! » D’un signe de tête, le tavernier acquiesça l’oeil méfiant mais le sourire chaleureux. Il n’avait jamais vu la forgeronne jouer, et voilà plusieurs jours qu’elle s’entraînait contre des habitués à un jeu de dés et se faisait payer des verres. Les activités commerciales de l’illettrée avaient développé chez elle une bonne mémoire notamment pour se souvenir des commandes qu’elle ne pouvait pas écrire autrement qu’en griffonnant des symboles compréhensibles seulement par elle-même. Elle trouvait très facile de mémoriser les combinaisons des dés et leurs valeurs. D’autant plus facile qu’elle commençait à jouer contre des adversaires déjà bien imbibés. La plus part des participants jouaient leur tournée, il n’y avait donc qu’à patienter avant de choisir l’heureux élu. Elle était pourtant loin de se douter que ce soir, c’était elle qui serait le dindon de la farce et l’heureuse élue de quelqu’un d’autre.

Il n’en croyait pas ses yeux, oui, avec cette carrure et cette assurance bourrine, il s’agissait bien d’une femme. Au bout de quelques heures d’observation, la tatouée était mûre pour la cueillette. Quand le ton était monté entre la forgeronne et deux autres gars, il ne sut pas dire si elle leur avait déjà collé des tartes auparavant ou si c’était sa carrure imposante qui les avait calmé, mais ses menaces grondantes firent leur petit effet. Un bon profil, ouais. Pas du sexe qu’on aurait voulu, m’enfin, ça ferait bien l’affaire. Le milicien s’avança vers Eurybia tout sourire.

« J’ai rarement vu une femme si bonne aux jeux d’argent. Mais je suis certain de pouvoir vous battre. » Puis, voyant l’étonnement hostile de la femme, il rajouta : « De vous battre aux jeux, évidemment. A moins que vous ne pensiez pas être de taille... » Son sourire avait un éclat de provocation. Il manquait pas de toupet lui, elle le dominait de presque dix centimètres et il lui parlait de taille ? Hors de question de refuser.

« N’attrapez pas d’torticolis m’brave, ‘sseyons-nous, z’aurez l’illusion qu’on fait la même taille ! » le nargua-t-elle en reprenant place à la table de jeu.

Comme il est facile de l’imaginer, la chance tourne bien vite quand on est la victime de ses propres stratégies. Persuadée que ce n’était qu’un coup du sort, les parties s’enchaînaient et la commerçante s’endettait. Alors quand il lui proposa d’effacer sa dette en gagnant la dernière partie, l’offre était bien trop tentante pour refuser ! Et si elle perdait, elle devrait accompagner un groupe au Goulot. Elle ne perdait pas vraiment, elle reviendrait en héro. Une bonne publicité pour une forgeronne, sa survie attesterait de la qualité de son équipement, assurément.
Il n’en fallut pas plus pour qu’elle accepte. Et qu’elle perde. Et voilà. C’est comme ça qu’elle s’était retrouvée mêlée à cette histoire, stupidement, un truc d’égo. Encore et toujours.

Elle essaya de faire quelques gestes pour tester sa liberté de mouvement. Pas trop mal. Rares étaient les fois où elle avait revêtu une armure, et jamais elle n’en avait porté dans l’enceinte de la ville. Serait-elle un jour suffisamment talentueuse pour créer une armure contre la Fange ? Existait-il une armure assez légère et assez solide pour leur survivre ? Probablement pas. Les fangeux, sortis de nulle part, leur attaque sauvage, leurs griffes et leurs dents qui ciblent la jugulaire, la déchiquettent.

Sa main se posa sur son cou exposé. Le mieux aurait été un collier de mailles qui avait l’avantage d’empêcher la prise. Mais la maille ne céderait pas et si les créatures s’y agrippaient, elles auraient vite fait de briser la nuque de leur victime. Quelque chose qui puisse s’arracher si nécessaire peut-être. Elle regarda le tour de cou en cuir qui trônait sur sa commode. Elle l’accrocha autour de sa nuque. C’était ridicule, mais au moins ça lui donnait l’illusion, qu’elle ne mourrait peut-être pas cette fois. L’image que lui renvoya son reflet la fit soupirer. Elle avait une drôle de dégaine avec ce pantalon en lin dont la jambe droite été rehaussée de plusieurs attaches en cuir, improvisant des poches qui lui épargneraient un sac. Elle n’aurait pas su dire si c’était ça, son marteau de guerre harnaché dans son dos ou sa veste de cuir qui la rendait plus barbare que d’habitude. Elle ne parvenait pas à se séparer de son marteau de forgeron, il l’accompagnait dans tous ses déplacements et son nom funeste « Destin » l’incitait à le fixer à sa hanche quoi qu’il arrive.

Cette année avait été de loin la plus dure de toutes, et elle n’était même pas encore finie. La forgeronne refusait d’avoir survécu à l’extérieur, aux bandits, aux bannis, aux psychopathes les plus déments et aux morts, tout ça pour rendre l’âme entre les murs de Marbrume et au milieu de la vermine. Si elle avait bien appris quelque chose au fil de ses péripéties, c’est qu’on croit toujours avoir vécu le pire, et on finit par se rendre compte à quel point on avait tort là-dessus. Elle s’empara des bandages qu’elle emmenait habituellement pendant ses convois et en glissa quelques uns dans une poche de sa cuisse. Dernier tour de vérification, ses pas s’arrêtèrent devant l’endroit où elle avait cousu quelques pièces de cuir le matin-même. Sait-on jamais, des aiguilles et un fil solide ne seraient pas de trop. Et quoi ? Une outre d’eau, un quignon. Etait-il nécessaire de prendre plus ? Si elle restait coincée là-bas plus d’une journée, la mort était sans doute inévitable. D’un revers, elle balaya cette possibilité. Elle avait de grandes choses à faire, et mourir n’en faisait pas parti.

C’était une belle journée, et pourtant, même le soleil n’arrivait pas à réchauffer son humeur froide. Les rues grouillaient, le beau temps incitaient les habitants des faubourgs à rejoindre la ville sans trop s’inquiéter, les marchands profitaient de la météo pour leur départ vers Conques. Elle se demandait combien de personnes l’accompagnaient, si elles étaient toutes aussi incompétente qu’elle-même. Puis, traversant la place son regard chercha une escouade de la milice. Rien. S’était-elle trompée dans les dates ? Un attroupement de quatre badauds l’attira, elle allait leur demander s’ils avaient entendu parler d’une expédition pour le chaudron puis elle se raidit soudain. Aucun d’entre eux ne semblait là par hasard, ils avaient l’air plus ou moins équipés et leurs regards étaient tous fixés sur un milicien. C’était ça, son groupe d’intervention ? Deux miliciens, une rousse et un type louche ? Elle serra les dents contrariée. Elle s’était bien fait entubé, et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.

« Eurybia Pyrit, Forgeronne des Hytres. » soupira-t-elle. « Honnêtement, j’sais pas c’que j’fous là, j’ai l’impression de m’être fait roulée sur un pari perdu d’avance. Mais même comme ça, j’ai l’impression que les chances de survie de votre groupe viennent d’augmenter subitement avec ma venue. » lâcha-t-elle avec un sourire. Fallait espérer que ses nouveaux camarades apprécient son sarcasme arrogant, car elle en avait plein les poches et n’hésiterait pas à en abuser. Une femme charmante. Et délicate. Et douce. Assurément.

La joueuse a écrit:
Equipement d'Eurybia :
- gants de cuir
- veste de cuir
- collier de cuir
- tenue de lin
- marteau de guerre
- marteau de forgeron
- kit soin (bandages, aiguilles)
- provisions pour la journée (une outre et du pain)
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HypothermieMaître du jeu
Hypothermie



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyLun 23 Sep 2019 - 2:56
◈ Passage à Chaudron◈
Karl Stanner, Alaïs Marlot, Élisabeth Blanchevigne et Eurybia Pyrit.



«C'était un voyage vers la mort. Mais était-il possible d'espérer un sursis ? »



Ça avait été de pire en pire.

Dès le départ, le coutilier Edgard avait pensé avoir touché le fond. Après tout, le premier membre de son escouade n'était guère impressionnant. Certes, ladite personne avait fait des armes sa profession. Pour autant, Élisabeth Blanchevigne était une milicienne et non pas un milicien. Une femme qui maniait l'arc, mais qui ne tiendrait aucunement les prédateurs de l'humanité à distance de par sa carrure physique. Foutue hiérarchie qui lui envoyait une incapable pour couvrir ses arrières ! "Enchanté, Blanchevigne." Proféra le supérieur d'un bref hochement de tête plus que circonspect, sans pour autant se présenter lui-même. Cela viendrait en temps et en heure, une fois que tout le monde serait présent. Toujours est-il que le gradé eut l'obligeance de garder l'ensemble de ses doutes pour lui, bien que son faciès révélait l'appréhension qui l'habitait de se risquer dans le Chaudron avec une milicienne et non un homme d'armes.

Au moins, ça ne pouvait être pire pour les suivants, pensa-t-il. À tort, bien évidemment.

Le second briscard à rejoindre son unité affichait une mine patibulaire et un air pendard. À dire vrai, le lascar en question semblait tout droit sorti des égouts ou bien des geôles de la milice que d'une quelconque carrière militaire. Bon sang, un autre quidam qui ne servirait à rien lors des risques découlant de la rixe ? Qu'avaient fichu les recruteurs, par la Trinité ?! Soupirant, n'arrivant plus à contenir son désarroi devant son effectif qui se formait -par malheur- peu à peu devant ses yeux, Edgard salua Karl Stanner d'un bref grognement. Borborygme qui oscillait entre le gémissement et le ronchonnement.

Avant qu'il n'ait pu reprendre ses esprits, tandis que son subconscient était battu en brèche devant l'allure plus qu'hétéroclite des deux premiers membres de son escouade, le troisième individu arriva, suffoquant tout espoir d'amélioration de l'escouade. Son allant en subit un coup exemplaire, alors que son maintien droit et fier se fit plus voûté et que sa bouche s'ouvrait sous la stupeur et la stupéfaction. Une enfant. On venait de lui envoyer une enfant ! Fermant les yeux durant un instant, se pinçant l'arrête du nez Edgard poussa un profond soupir. Rien ne servait de décrire l'allure et l'équipement d'Alaïs Marlot. Le regard du milicien ne dépassait pas la jeunesse caractéristique des traits de la jeune voleuse.

-"C'est une blague, pas vrai ? Une gami...!" Avant qu'il n'ait eu la chance de terminer sa prise de parole qui s'annonçait plus qu'acerbe, Edgard fut coupé par l'apparition et les dires de la forgeronne qui se joignait à l'escouade. Recrutés sur le tas à cause de son ivrognerie. Une foutue forgeronne harnachée comme un homme de guerre et qui déambulait avec un marteau. Eurybia Pyrit venait parfaitement compléter le tableau de ce groupuscule de bras cassés. S'en était aussi triste que drôle.

Muet de stupeur devant les membres de son escouade au complet, le gradé finit par mettre fin au silence de lui-même. Tout d'abord un léger tremblement d'épaule, l'amusement hystérique laissa la place à un puissant rire qui lui fit monter les larmes aux yeux. "On m'avait promis des fous et des idiots. Par la Trinité, ça n'avait pas été un mensonge !" À dire vrai, s'était bien la première fois que sa hiérarchie était aussi honnête. Retrouvant son calme, essuyant une larme qui perlait à la limite de ses yeux, Edgard reprit contenance et afficha un sourire plus honnête et franc à l'ensemble de ses troupes. Il était trop tard pour reculer ou pour juger négativement les trois quidams qui risqueraient leur vie avec lui. C'était eux ou rien. Autant les avoirs dans ce cas !

-"Je me nomme Edgard. Comme vous le savez, nous nous rendons dans le Chaudron pour définir qui se trouve dans l'ancienne auberge des Six Roses." Se grattant la tempe il poursuivit. " Je vais être très clair, bien que je pense que vous le saviez tous; ce ne sera pas une partie de plaisir. Si vous voulez reculer, c'est maintenant." Mieux valait le dire deux fois plutôt qu'une. "De plus, je m'attends à ce que vous suiviez l'ensemble de mes ordres, compris ? Je n'embarque personne par plaisir, et nous n'aurons pas de temps à perdre en tergiversions, est-ce clair ?" Dit-il en ponctuant ses dires en laissant couler son regard sur l'ensemble de ses "soldats". "Par contre, je ne suis pas un tyran et vos avis comptent pour moi..." Termina-t-il en rivant son attention sur le visage d'Élisabeth. Après tout, il n'avait pas oublié sa proposition...

Élisabeth Blanchevigne a écrit:
Jet de CHAR d'Élisabeth Blanchevigne pour convaincre Edgar de passer par les toits.

12 et - = réussite.
13 et + = échec.
résultat : 20 échec critique.

-"Êtes-vous stupide ? Il est d'une imbécillité crasse, et il est hors de question, que nous passions par les toits. Les bâtiments ont été plus qu'endommagés suite à l'invasion. En outre, les demeures furent toujours vacillantes et précaires dans cette zone du Chaudron. Une chute risquerait de nous tuer, aussi bien qu'un bruit malvenu qui attirerait la fange. Nous passerons par le sol et par le chemin le plus rapide. Pour ça, je vous laisse me le montrer, guide." Termina-t-il en regardant Karl Stanner.

Il n'était plus l'heure de tergiverser. Il était venu le temps de se plonger à l'intérieur du Chaudron.

◈ ◈ ◈

Presque rien n’avait changé alors que le Goulot était resté tel quel, une véritable crypte mortuaire à ciel ouvert. Encore présent, les cadavres en décomposition, qui laissé en pâture, avaient engraissé leurs “collègues” aux dents et aux griffes acérées. D’ailleurs, de cesdits “collègues”, nul signe, alors que les prédateurs de l’humanité étaient invisibles. Les marques de sang et restant de leur sordide banquet tapissaient l’ensemble des ruelles et des venelles du quartier, ne faisant aucun doute quant à leur présence en ces lieux de mort et de silence. Pour autant, impossible de les voir. Absence signifiant un sauf-conduit jusqu’à l’ancienne auberge en toute sécurité, ou bien une embuscade mortelle ?

À choisir, tous voudraient la première solution. À y penser, chacun se préparait à la seconde…et mieux valait ainsi.

Le groupe avançait en silence, scrutant à droite et à gauche, en quête d'un signe révélateur de la présence des monstres. Le non-bruit ambiant faisait froid dans le dos, alors que le son de leur cheminement semblait décuplé dans cette zone de mort et de silence. Pour des gens comme Edgard, peu habitué à la quiétude des lieux sans présence humaine, lui qui restait cloîtré dans Marbrume depuis le début de son existence, le trouble n'en était que deux fois plus grand. L'odeur était immonde en ce charnier à ciel ouvert. À fleur de peau, voyant dans toutes les ombres la présence d'un monstre, Edgard était couvert de sueur froide, mais avançait vaillamment.

Comment savoir depuis combien de temps ils avaient mit les pieds en enfer ? Le soleil semblait encore être à son point le plus haut dans le ciel et pourtant, un froid glacial étreignait le coutilier. Était-ce un pressentiment de ce qui allait fatalement et lugubrement arriver, ou bien simplement la frayeur de l'inconnu, la crainte du pire ? Dur à dire, difficile à savoir. Alors qu'un filet de sueur coula le long de sa tempe, venant glisser jusqu'à la naissance de son menton, Edgar l'essuya d'un geste rapide, continuant à faire voltiger son regard en tout sens pour tenter de capter le moindre mouvement. Rien. Il ne voyait rien.

...Rien. Il n'avait rien vu...

Fracassant une fenêtre sur sa gauche, un fangeux traversa la vitre d'une devanture d'une simple bicoque d'un saut puissant et sauvage. Se retournant sous le bruit, ouvrant la bouche sous la stupeur, le coutilier n'y put rien. Les griffes de la bête se refermèrent sur son mollet, le faisant chuter et rejoindre le sol sur le dos. "Bordel !" Eut-il le temps d'éructer dressant vainement sa lame pour retarder l'inéluctable. Déjà ?! Comment était-ce possible ?! Il s'était préparé à mourir, mais pas ainsi, pas aussi vite... par pitié, quelqu'un ! Ne pouvait-il que se répéter inlassablement dans son esprit. "Pitié !"

La lutte du coutilier semblait bien futile et vaine sans un secours rapide. Pour autant, les bruits de lutte allaient plus que probablement attirer d'autres fangeux. Dès lors, que faire ? La troupe avait-elle réellement le temps de le secourir ? Allait-il déjà devoir laisser tomber le chef de leur troupe ? La mission prévalait sur tout le reste. Aucune individualité ne supplanterait l'obtention d'information...mais, qu'allaient-ils donc faire ?

mj a écrit:
Bonjour à tous,

Voici la deuxième étape de votre périple en "enfer". Déjà, les choses sérieuses commencent ! Libre à vous de prendre la décision que vous jugez la plus juste.

Prochain passage mj : 29 septembre.

D'ici là, bonne rédaction et bon cheminement dans le Chaudron !
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyLun 23 Sep 2019 - 22:09
Petit à petit, le groupe s'assemblait et la milicienne devait avouer qu'elle comprenait un petit peu leur coutiller en voyant tout ce petit groupe se constituer. Du moins elle comprenait qu'il réagisse ainsi sans vraiment connaître plus que cela les gens en face de lui. La petite Alais, toujours dans les mauvais coups, mais plutôt agile. Plus légère que la milicienne aussi, elle serait parfaite en éclaireuse sur les toits suivie par la milicienne. Elle connaissait assez mal ce Karl néanmoins, mais elle savait qu'il connaissait Alais, et inversement, et il avait pris le rôle de guide pour cette petite sortie suicide. Soit... Élisabeth elle-même connaissait un tout petit peu les environs, le taudis dans lequel sa famille s'était installé après l'arrivée de la fange était désormais dans le Chaudron. Elle ne pouvait néanmoins clairement pas se proclamer guide elle-même.

Et enfin, dernière arrivée, une forgeronne, sûre d'elle, peut-être un peu trop sûre d'elle même. Elle avait tout de même l'air de ne pas être la plus faible des femmes, et, en mêlée, elle avait de quoi être sûrement redoutable. Enfin, la milicienne se serait attendue à un groupe un peu plus... militarisé. Alais ne se battait pas, ce Karl ne semblait pas vraiment armé... Et il n'y avait que la lame de leur chef et le marteau de la forgeronne pour faire barrage si besoin. Autant dire qu'un seul fangeux allait ne faire qu'une seule bouchée de leur groupe... Surtout s'ils évoluaient au sol.

Ironique pour quelqu'un disant prendre en compte leur avis de dire l'instant d'après qu'elle était stupide de proposer une chose pareille. Certes les habitations du Chaudron étaient rudimentaires mais de vrais bâtiments en pierre ou encore assez solides en bois subsistaient. Assez pour passer un minimum de temps au sol, et, encordés, de permettre d'éviter toute chute mortelle. Mais non, l'expédition se passera à pied. Élisabeth resta de marbre en apparence, mais, intérieurement, elle maudissait ce crétin qui les dirigeait. Après tout, au sol, ils pouvaient tout aussi bien faire du bruit. Et de plus, les possibilités d'embuscades étaient bien plus grandes sur le plancher des vaches. Et les fangeux adoraient ça. On sentait que leur chef était un petit précieux qui n'avait jamais quitté les murs de la cité et n'avait jamais eu la moindre expérience avec la fange. Et Élisabeth sentait que quelqu'un allait le payer...

Néanmoins, elle ne pouvait pas contester les ordres non plus et faire comme bon lui plaisait. Alors l'expédition suicide serait encore plus suicidaire que prévu, et la jeune femme regrettait un peu de s'être faite embarquer là dedans. En tout cas pour un groupe de fous et d'idiots, la place du chef était incontestable. Leur mission pouvait débuter.

Le Chaudron était un endroit qui lui rappelait l'extérieur de l'enceinte par son silence. Un lieu hostile où à tout moment une bête pourrait les surprendre et les dévorer tous autant qu'ils étaient. Un seul fangeux, pas plus, et leur expédition avait de grandes chances d'être condamnée. Néanmoins, comme tout le monde, Élisabeth était prête à réagir et à défendre fièrement sa peau... Ou peut-être pas. Mais alors qu'ils progressaient, Élisabeth ne vérifiait pas tant que cela les coins. Les autres de la troupe le feraient déjà assez sérieusement. Non, la milicienne observait autre chose : Les bâtiments. Elle réfléchissait à chaque bâtiment. Pouvait-il abriter une embuscade de bannis? Étaient-ils attendus et tout cela n'était-il qu'un piège?

En cela, prendre le chemin le plus court était stupide, et était l'assurance d'avoir déjà alerté les habitants du Chaudron s'ils les attendaient. Néanmoins la milicienne n'avait observé aucun signal, aucune lueur derrière une fenêtre poussiéreuse, aucun mouvement. La zone semblait morte. Complètement morte.

Observer les bâtiments lui laissait un autre avantage : Celui de pouvoir éventuellement trouver un endroit où se réfugier, ou bien encore trouver une construction assez solide et facile à escalader. Cela faisait beaucoup de paramètres, mais quand le pire arriverait, elle serait prête à effectuer un repli rapide si la situation dégénérait.

La milicienne était néanmoins prête. Une flèche encochée à la corde de son arc, deux doigts sur la corde prêts à la tendre au moindre bruit ou mouvement suspect. La milicienne avançait au milieu de la troupe. Le danger pouvait venir de n'importe quelle direction, et à vrai avait même des chances de surgir sur les personnes s'y attendant le moins, l'arrière garde. Voire elle. Avec sa chance et son habitude d'attirer les créatures vers elle, elle se doutait que cela n'allait en rien l'arranger quand ces saloperies décideront de leur sauter dessus.

La milicienne était tendue, comme tout le monde, son cœur battait la chamade, le stress était intense et, à vrai dire malgré toutes ses rencontres, toutes ses missions et toutes les fois où elle avait failli échapper à la mort, elle ne s'était pas encore complètement habituée à cela, mais pouvait se vanter d'avoir peut-être gagnée quelques réflexes. Pourtant, elle n'en eut pas vraiment alors qu'un fangeux bondit depuis un bâtiment droit sur le coutiller. Heureusement ce n'était pas sur elle!

La milicienne banda néanmoins immédiatement son arc, alors que la forgeronne s'élançait droit dans l'action. Une folle, comme elle l'avait pensé, à tenter d'immobiliser le fangeux avec sa jambe. Elle ne lui facilitait pas le travail! Elisabeth grinça des dents, elle était proche : Assez pour ne pas se louper complètement malgré le chaos... Espérait-elle. La milicienne tenta donc de décocher deux flèches en rapide succession, puisque la première était déjà prête à tirer, la suivante arriverait rapidement à sa suite si elle était assez dextre pour cela. Un trait, le premier, le plus précis, en visant la tête, le second se voulait plus sûr, et visait directement une jambe du fangeux. Une zone non mortelle peut-être, mais qui avait tout son intérêt pour la suite de ses actions.

Aussi rapidement que ses flèches avaient été tirées, peut-être absolument n'importe où ou bien maladroitement tombées au sol si cela se trouvait, la milicienne tourna les talons, et s'élança droit vers le bâtiment le plus adapté à une escalade rapide et assez haut pour éviter à un fangeux d'y monter d'un bond. Dans sa course, elle replaça son arc sur son épaule pour libérer ses mains. Son but ? Rejoindre le toit du bâtiment, afin d'obtenir un poste de tir de meilleure qualité, une vision sur les ruelles adjacentes alors que le combat allait sûrement attirer d'autres fangeux... Bref, une position défensive, une vraie position d'archère et pas une position de gigot prêt à être servi au prochain fangeux venu! Voir à celui là encore actuellement présent...

Une fois en haut, la milicienne pourra alors aviser : Faire pleuvoir l'enfer sur le fangeux qui les assaillait, ou bien viser les jambes de fangeux arrivant au loin afin de les retarder le plus possible et les empêcher de venir atteindre son perchoir... Si elle arrivait à y grimper.

Résumé :
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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyLun 23 Sep 2019 - 22:14

Après de brèves présentation, il semblait clair que leur coutillier était au bord de la démence, d’ailleurs c’était probablement pour ça qu’on l’avait chargé de mener le groupe de suicidaires. Ils s’engouffrèrent dans la brèche hautement surveillée qui menait vers le Chaudron. Ils évoluaient dans un décor issu de vos pires cauchemars où le silence est le hurlement sournois de la mort imminente. La courbure du temps s’étirait, s’allongeait, jouaient avec eux, puisque simple fait de savoir que « ça » arrivait sans que rien ne se passe faisait monter une angoisse pesante. Les ruelles abandonnées étaient déserte, la fange était survenue de nulle part, surprenant tout un chacun dans son quotidien. Les portes et les volets pendaient entrouverts sur leurs gonds. Des rongeurs opportunistes grignotaient tout ce qu’ils trouvaient qu’il s’agisse de nourriture laissée là ou de restes de corps humains. Des traces de sang séché leur rappelaient constamment les horreurs qu’ils avaient vécu lors de l’Invasion du Couronnement. Chacun pouvait revoir dans sa tête la foule se bousculer, piétiner les gens tomber, les victimes agonisantes se débattant vainement la gorge ouverte ou tripes en vue. Les traînées de sang racontaient tout cela à nouveau, il n’était pas difficile d’imaginer la violence des coups, le désespoir de ceux qui cherchaient à se réfugier dans les bâtisses subitement verrouillées. On pouvait voir les stigmates de leurs doigts et de leurs ongles qui avaient labouré le bois ou les murs s’y blessant plus qu’autre chose. Les mourants s’étaient sans doute hissés sur leurs avants-bras dans une ultime tentative d’échapper au massacre, et dans leur sillage ils avaient teinté les pavés d’écarlate. Etait-ce là un avertissement de ce qui les attendait ?

Eurybia était en tête de cortège, marteau de forgeron au poing. L’outil était bien moins lourd que la masse de fer qui trônait dans son dos, et beaucoup plus facile d’accès. S’ils venaient à être surpris, elle serait déjà armée. Si rien ne se passait, elle ne se fatiguerait pas les bras à trimballer les kilos de l’arme imposante. La tension était palpable et chaque muscle de la forgeronne était prêt à riposter à tout moment. Enfin tout moment… Après plusieurs heures, son marteau pendant mollement au bout de son bras. Le soleil s’abattait durement sur eux, aussi haut qu’il était il devait bien être midi. Certains souffraient peut-être de l’angle des rayons, pour la najacienne, ce n’était qu’une douce caresse à côté du brasier infernal de ses haut-fourneaux. A l’oreille comme à l’oeil, rien n’aurait pu indiquer ce qui allait se passer juste à cet instant.

Quelque chose se jeta sur eux sans crier gare, et par chance, c’est Edgar juste devant elle qui l’avait pris de plein fouet. Lui non plus ne s’y était pas attendu. Dans la violence de l’attaque, il avait été projeté au sol et la créature s’était accrochée à son mollet. L’action très rapide se déroula aux pieds d’Eurybia qui abbattit son marteau aussitôt. C’était comme battre un métal mou, se dit-elle. Alors le Destin s’abattit vers le crâne du fangeux de la même manière qu’il s’abattait sur les plaques de fer, avec assurance.

Réalisait-elle seulement que la créature juste à ses pieds était en mesure de l'atteindre elle aussi ? Avait-elle vraiment réfléchi aux conséquences de ses actes ? Pour Eurybia Pyrit, il y avait un temps pour toute chose, et en l’occurrence peser le pour et le contre de ses actions n'a jamais été sa personnalité impulsive surtout pas dans des moments d'urgence aussi extrême. Avait-elle pesé le pour et le contre quand elle avait changé de vie, terrorisée à l'idée de devenir une épouse ? Absolument pas. Avait-elle évalué ses chances de survie, ligotée à une contre quatre dans une grange avec un banni quand elle avait chargé ? Assurément, elle s'était servie de sa tête mais au sens littéral. Sa vie n'était au final qu'une série de choix chaotiques fait par une personnalité imbue d'elle-même. Peut-être que cette réaction n'était au final que la réaction de trop qui scellait la fin. Puissent les bras des Trois l'emmené vers la clairière dans une étreinte rapide.

La joueuse a écrit:
Equipement d'Eurybia :
- gants de cuir
- veste de cuir
- collier de cuir
- tenue de lin
- marteau de guerre
- marteau de forgeron
- kit soin (bandages, aiguilles)
- provisions pour la journée (une outre et du pain)

La joueuse a écrit:
Actions d'Eurybia :
- Tente d'exploser le crane de fangeux à coup de marteau de forge ( loul )
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyMer 25 Sep 2019 - 16:24






Passage à Chaudron
Premiers jours d’août 1166


Ils traversaient un décor d’horreur qui dépassait l’imagination. L’odeur du charnier n’en était que plus forte dans le silence des rues désertes. Alaïs dut réprimer un long frisson. Ils n’auraient jamais dû rentrer là dedans. C’était un lieu maudit, un lieu où les vivants n’avaient pas leur place. Comment Karl avait-il pu croire qu’il pourrait se balader ici et en ressortir indemne ? C’était de la folie pure, c’était dénier l’évidence, comme celle qu’on a besoin d’air pour respirer. C’était tout juste si on reconnaissait le chemin des rues autrefois remplies par la plus grande misère. C’était au delà de l’entendement, le territoire de la Fange, de la désolation à l’état pur. Et ils suivaient le milicien qui se croyait malin d’avancer à découvert, alors qu’Al aurait bien préféré arpenter les toits comme l’avait suggéré Elisabeth.

Elle avançait tout de même. Elle s’était maudite elle-même en liant son destin à celui de Karl, autant aller de l’avant. Cette pensée lui tira un drôle de sourire. Rira bien qui rira le dernier. Alors qu’ils progressaient silencieusement, à l’affût, le contrebandier la saisit par le coude et lui décocha un regard où perçait encore la colère de la voir ici.

— Tu vois, c’est exactement pour ça que je ne voulais pas t’en parler. Maintenant, s’il t’arrive quelque chose, je ne pourrais pas me le pardonner.

Elle fronça les sourcils, elle était à deux doigts de lui en coller une. Il l’aurait méritée. Mais au lieu de céder au fourmillement de ses poings, elle étira un sourire plein de hargne.

— Tant mieux. Maintenant, tu sais ce que ça fait d’avoir quelque chose à perdre.

Elle dégagea son bras avec un regard de défi et reprit sa marche. Elle n’eut pas le temps de ruminer davantage que l’enfer surgit par une fenêtre sur leur gauche, et sauta sur le milicien à la tête de l’expédition. Le sang d’Alaïs se glaça, et soudain elle réalisa qu’elle avait sa dague en main, et qu’elle avait poussé Karl en arrière, se plaçant devant. Elle vit la forgeronne à la carrure impressionnante déployer son marteau, Elisabeth charger ses flèches, et toutes les fibres de ses muscles se mirent en action dans le même temps. Ils étaient une meute prête à tout pour survivre désormais. Entre les jurons du milicien, la débacle s’annonçait sanglante et Al’ se glissa de côté, puis fonça en direction du dos de la créature.

Elle avait décidé de ne pas courir face au danger. Elle devait devenir le danger, si elle voulait survivre dans ce monde. Elle abattit sa lame à l’arrière du crâne de la créature affamée, de toute ses forces, ajoutant son grain de sel à la boucherie qui se déroulait là. Puis, elle bondit lestement en arrière. Il n’y aurait pas de seconde chance. S’ils ne parvenaient pas à abattre le monstre maintenant, il se retournerait contre eux, et il n’y aurait rien à faire, rien à sauver. Aussi, il n’y avait qu’à espérer que son coup ait porté juste et fort, car elle avait déjà pris de la distance, attrapant Karl au passage pour suivre Elisabeth sur les toits, usant de son grappin. Et elle grimperait plus vite que ses bras ne l’avaient jamais portée.

Pour le MJ:


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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptySam 28 Sep 2019 - 12:27
Sinistre. C’était le mot. Le contrebandier guidait l’expédition suicidaire dans un endroit sinistre, comment qualifier autrement ce morceau de quartier qui appartenait autrefois au Goulot ?
Entre les gerbes de sang séchés sur le pavé comme sur les murs, l’odeur nauséabonde du charnier latent et le silence de mort qui régnait dans ce bout de ville autrefois animé, difficile de qualifier autrement le Chaudron.
Karl reconnaissait l’endroit, chaque rue et chaque échoppe mais il ne se sentait pourtant pas en territoire connu, plutôt comme un pèlerin qui revient d’un long voyage pour découvrir que tout à changé et pas en bien, c’était le cas de le dire.
Il marchait derrière la forgeronne lui indiquant d’un geste de la main la direction à suivre quand le groupe se trouvait face à une intersection. Il ne s’autorisait pas à parler ni à émettre plus de bruits que de nécessaire, sauf au début de leur périple pour dire deux mots à sa voleuse téméraire.

Elle ne s’était pas démontée, lui retournant une phrase de son cru avant de se dégager avec une hargne digne des nouvelles femmes de Marbrume.
Pour preuve, sur leur groupe de cinq, elles étaient majoritaires et il ne pouvait que constater que ces dernières semblaient avoir plus de courage que les miliciens qui avaient évité la mission ou avaient elles quelque chose à prouver ? Qu’elles avaient gagné leur place à l’égal des hommes après la Fange ?
Lui n’était là que pour explorer l’endroit à la recherche d’informations et de richesses pour ses affaires douteuses, il avait entraîné sans le vouloir la rouquine là dedans et son cœur se serrait à l’idée de l’avoir peut-être conduit à sa perte.

Alors qu’il était occupé à essayer de comprendre le mystère féminin et ses aboutissants, le groupe s’engagea dans une nouvelle rue sans savoir le guet-apens dans lequel ils se jetaient.
Edgard venait de faire la rencontre que tout le monde redoutait, une créature humanoïde venait de lui sauter dessus en surgissant de l’ouverture d’un taudis et s’occupait déjà de mâchouiller sa jambe.
Personne n’était fautif, l’attaque était aussi imprévisible que certaine, la Milice n’avait pas verrouillé le Chaudron pour rien. Si on devait réellement chercher un coupable, le sergent ne pouvait s’en prendre qu’à lui même car l’autre milicienne lui avait proposé de passer par les hauteurs et le guide avait trouvé l’idée particulièrement bonne.
La hauteur leur donnait l’avantage pour voir venir de loin l’ennemi, encore plus avec un archer expérimenté, mais surtout cela évitait de traverser les rues où chaque maison était possiblement le repaire d’un monstre. Qu'importe, la situation avait évolué et plus de temps pour les regrets.

Karl n’avait pas réagi aussi vite que les autres, il avait d’abord reculé d’un pas par pur réflexe avant de rester tétanisé pendant de précieuses secondes alors que justement comme pour confirmer son propos précédent, les femmes prenaient les choses en mains.
Il regarda incrédule la puissante Eurybia abattre son marteau en direction du crâne de l’abomination sans se soucier de sa sécurité tout comme Elisabeth qui en quelques instants avait déjà décoché deux flèches sur la bête.
Même Alaïs avait bougé avant lui, le poussant d’une main autoritaire tout en faisant rempart de son corps face à la menace, pire elle se jeta sur la bête pour lui asséner un coup de dague qui semblait bien dérisoire face aux puissantes attaques de ses consœurs. Il voulu la retenir à son tour mais elle avait agit avec l'agilité qu'il lui connaissait, alors il se décidé lui aussi à se mettre au travail. Foutu pour foutu.

L’honnête marchand décrocha enfin sa dague de son ceinturon d’une main qu’il aurait voulue plus ferme avant de se préparer à tenter l’impossible à son tour mais la raison le rattrapa juste à temps.
Ce n’était pas son rôle, il était le guide de son groupe pas son défenseur, le bruit et le sang allaient rameuter d’autres bêtes ou une quelconque menace tout aussi dangereuse. Alors, il rangea sa petite lame aussi vite qu’elle était apparue avant de suivre l’archère dans les hauteurs autant pour se mettre dans une certaine sûreté que pour se repérer plus facilement.
Utilisant ses connaissances de l’endroit et de ce qu’il pouvait apercevoir de son nouveau point de vue, il chercha un endroit où un itinéraire qui pourrait permettre au groupe de se mettre en sécurité. Enfin,tout est relatif dans le Chaudron.



Pour le MJ:

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HypothermieMaître du jeu
Hypothermie



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyLun 30 Sep 2019 - 22:23
◈ Passage à Chaudron◈
Karl Stanner, Alaïs Marlot, Élisabeth Blanchevigne et Eurybia Pyrit.



« Une suite d'erreurs ne peut guère mener à autre chose qu'à une défaite et puis la mort. »

C'était d'une hérésie aussi fantasque que saugrenue. Mais à tout le moins, ce n'était pas Edgard qui allait s'en plaindre. De fait, son groupe décidait de tenter de le libérer des griffes de la mort en jouant les gros bras et en faisant pleuvoir l'acier sur le corps du macchabée devenu fangeux. Bien qu'héroïque en soi, cette action lui semblait stupide en tout point, alors que les cris et le bruit de l'altercation risquaient de rameuter pléthore de ses mortels congénères. Mais s'en plaindrait-il réellement ? Pas le moins du monde, par les trois ! D'ailleurs, le pouvait-il réellement...?

Edgard & le fangeux:

Loin s'en fallait. C'est plutôt un cri de douleur qu'il proféra, alors que ses maux pleinement audibles se répercutaient dans l'ensemble du Chaudron. Bientôt, l'endroit croulerait sous la présence des prédateurs de l'humanité. Mais comment rester coi alors que les griffes du monstre déchiraient la chair de son bras d'arme aucunement protégé par une quelconque armure ? Edgard n'avait même pas dégainé sa lame et il ne le pourrait probablement plus durant plusieurs jours. Du moins, s'il survivrait jusque là.

Devant les maux de son supérieur hiérarchique, ce fut la milicienne Blanchevigne qui fut la plus prompte à réagir. Son inspection des ruines et bâtiments peuplant la zone avait été vaine. Jusqu'à l'apparition de la mort elle-même, rien n'avait le mérite d'attirer son regard ou de susciter son intérêt. Si ce n'est les traces de la défaite humaine qui remontait à l'invasion dudit lieu. Toujours est-il qu'usant de sa maîtrise à l'arc, Élisabeth tira un trait -salvateur, espérons-le- en direction de la créature qui martyrisait l'insipide et stupide coutilier. Sans regarder la direction prise par le premier, l'archère essaya d'en envoyer un second. Avait-elle l'habileté nécessaire pour ce genre de haut fait ?

Élisabeth:

Son deuxième trait ne fut pas long à rejoindre le premier. Toutefois, est-ce que l'un ou l'autre réussirait à atteindre leur cible ?


Élisabeth:

Le premier trait ripa le bras blessé d'Edgard au lieu de la tête de son adversaire. Ce nouvel éclat de douleur lui tira un grognement muet, alors que ses maigres forces d'humains tentaient de repousser la mort. Ses yeux s'imbibaient de larme fataliste, tandis que son esprit n'avait pas eu conscience qu'il avait failli être embroché par un tir ami. Toutefois, la seconde flèche allégea durant un infime instant le fardeau qui tentait de lui déchirer encoure plus le bras, tandis qu'il sentit l'un des traits de l'archère frapper la jambe de son bourreau. Bien bref sursis pour celui qui n'était pas encore sorti du tracas... la créature feula, mais resta concentrée à sa tâche toute morbide et macabre.

La forgeronne ne resta point de marbre devant la mort imminente de celui qui l'avait peut-être plus que mal jugée. Loin de s'appesantir en réflexion ou ne serais-ce que de tergiverser un tant soit peu, celle qui ne maniait point les armes, préférant plutôt les créer, se rua à l'attaque du crane de l'infamie qui était leurs ennemis. Avait son manque d'entraînement à la pratique martiale, peut-être que la volonté de viser la tête du fangeux était trop risquée pour la forgeronne. Après tout, il y avait plus de chance qu'elle rate que son attaque porte... mais peut-être que les Trois seraient avec elle, saluant le cran dont elle faisait preuve ? Il fallait l'espérer...

Eury:

Quelle chance frisant l'insolence ! Son attaque porta, et meurtrit la trogne de la créature qui chancela sous le coup porté. Edgard réussit à retrouver son souffle, continuant la lutte pour sa survie. Voyait-il réellement une chance de survie se profiler à l'horizon ?!

Se fut au tour d'Alaïs Marlot de venir à la rescousse de l'escouade et plus principalement de son chef en se fendant à son tour d'une attaque à destination du visage déjà malmené du fangeux. Elle non plus, peu habituée à manier les armes, n'avait guère de chance de voir son attaque porter. Toutefois, si Eurybia avait réussit, pourquoi pas elle ? Il n'en restait pas moins étonnant de voir une simple voleuse faire preuve d'autant de sang froid pour attaquer le monstre le plus inquiétant n'ayant jamais foulé le duché de Morguestanc...

Marlot:

Le coup ne fut pas loin de réussir. Cependant, le fangeux qui commençait à prêter de plus en plus d'attention à ses moucherons qui le séparait de la chaire du presque condamnés qui gisait sur le dos, se pencha à la dernière seconde pour éviter l'arme de mordre et de le meurtrir.
Au final, la créature était affaiblie, meurtrie, mais pas encore vaincue. Edgard tenta de changer la donne, s'emparant de sa dague de sa mauvaise main pour perforer le corps du fangeux au niveau de son bras, notamment pour se libérer de celui-ci.

Edgard:

Mais comment réussir à porter une attaque de sa main guère habituée à lutter et combattre, alors qu'en plus il souffrait le martyre ? Impossible, impensable. Son attaque rata et frappa le vide. "Merde, merde et merde !" Ne put-il que sangloter les dents serrées, réalisant qu'il venait peut-être de laisser passer sa chance de s'en tirer. Le combat était sur le point de péricliter en faveur du monstre et non de l'humain. Triste finalité s'il en est. Déjà, les combattants se repliaient sur les toits après leurs agissements. Quoi de plus normal, alors qu'ils avaient tenté d'aider Edgard en vain ?

Escalade:

Le hasard fait malencontreusement les choses. L'archère réussit à prendre pied sur les toits sans trop de mal. Le contrebandier, bien que guère habile, eut lui aussi la capacité de monter en l'air et de se soustraire au sol où les renforts ennemis pouvaient apparaître d'une seconde à l'autre. Quant à elle, la voleuse, habitué à ce genre de voltige et équipée d'un grappin...échoua. Grimpant plus vite que ses bras ne l'avaient jamais porté, la Marlot glissa et lâcha la corde qui lui permettait de gravir sans trop de difficulté la façade du bâtiment qui leur servirait de couverture une fois à son sommet. Chutant de la moitié de la hauteur de l'édifice, Alaïs se tordit la cheville en chutant au sol. Cette vilaine blessure, guère mortelle, mais hautement pénalisante, la ralentirait dans tout effort nécessitant habileté ou endurance.
Quant à lui, Edgard dont le bras n'était plus que lambeaux de chair sanguinolente et pendante perdit la lutte physique contre le mortel assaillant. Ses forces l'abandonnaient et ses bras n'étaient plus assez fort pour tenter de repousser un tant soit peu le fangeux qui en voulait à sa vie. Regardant la forgeronne, unique personne encore assez proche de lui, il proféra ses dernières paroles

-"fuyez, c'est inutile." Ils avaient tenté et échoués. D'ailleurs, cette volonté de l'aider risquait de les condamner en cette heure..." Allez à l'auberge et découvrez qui y réside. C'est...c'est un ordre." Poussa-t-il finalement d'une voix étranglée, scellant son sort en poussant l'escouade à continuer sans lui.

Fangeux:

Comme pour faire échos à ses paroles, deux fangeux apparurent au tournant de la rue. Aussi meurtriers que leur camarade, ceux-ci s'élancèrent en direction des deux dernières victimes encore accessibles. En l'occurrence, la forgeronne et la voleuse. Toutes deux avaient encore une chance de se réfugier en hauteur. Pour autant, il ne faudrait pas échouer, car si tel était le cas, elles étaient condamnées. Alaïs Marlot n'en menait pas large avec sa cheville meurtrie, impactant sans l'ombre d'un doute toute velléité de fuite ou de grimpe. Pour autant, avait-elle un autre choix pour s'en tirer ? Dur à dire...

-"Fuyez !"

Le groupe avait décidé de rester et de tenter de libérer Edgard de l'étreinte du fangeux. De précieuses secondes ayant permis à d'autres prédateurs de l'humanité d'apparaître. Élisabeth tenta de ralentir le fangeux le plus proche, mais ce fut un échec.

Élisabeth:
Il était dorénavant l'heure d'espérer que leur bonté d'âme ne leur coûterait pas la vie...

mj a écrit:
Bonjour à tous ( Coucou ),

Premièrement, navré du temps de réponse. Nous garderons dorénavant le lundi comme passage mj. Dès lors, prochain passage : le lundi sept octobre.

Sur ce tour, il y a eu masse de choses à mjiter. À vous désormais de prendre les bonnes décisions pour la suite !

Bon courage, vous risquez d'en avoir besoin...
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyMar 1 Oct 2019 - 13:20
Dans la précipitation, sa première flèche manqua la tête du fangeux et écorcha le bras du coutiller. Une blessure superficielle qui fit tout de même grincer des dents la milicienne, certains étaient assez rancuniers... Pour peu qu'il survivait car blessé ainsi dans le chaudron en gueulant, la milicienne ne donnait pas cher de sa peau. Mais elle pouvait dire qu'elle avait au moins essayé. Son second tir toucha la créature en plein dans la jambe comme prévu : Au moins un qui aurait un peu plus de difficultés à leur sauter dessus.

Malgré leur inexpérience au combat, le groupe tenta de venir au secours de leur chef. Un marteau qui trouva sa cible, une dague qui manqua, des espoirs de le sauver qu'au final, Elisabeth ne voulait pas prendre en se mettant en danger plus que cela. La milicienne arriva à grimper jusqu'au sommet du bâtiment le plus proche, suivie de près par Karl et d'Alais... Mais la dernière chuta à mi-parcours. Aux yeux d'Elisabeth, la petite arriva à se rattraper. Pas trop mal espérait-elle. « Al! Ça va? Rien de cassé? Tu peux remonter? » demanda-t-elle inquiète à mi-voix assez forte pour être entendue mais sans trop l'élever non plus. Ils avaient déjà fait bien assez de bruits.

Elle observa également les environs, à la recherche des créatures qui devaient d'ores et déjà accourir. Et effectivement, deux fangeux approchaient. La milicienne arma son tir, avant de décocher une flèche qui ne trouva que les pavés. Laissant échapper un petit bruit de frustration, elle déposa sa besace à côté d'elle. Elle tirait mal, aujourd'hui. Elle avait peut-être vu un peu trop de fangeux, de trop près... Mais la milicienne ne devait pas perdre ses moyens, pas maintenant alors qu'Al se trouvait en bas à la merci de ces monstres.

Pendant ce temps, leur chef leur disait de fuir, et de mener la mission à bien. Il semblait avoir abandonné, luttant vainement contre une créature bien plus forte que lui. Mais au moins, il restait digne dans la mort. De quoi un peu remonter l'estime de la milicienne à son égard. Sa décision de rester sur le plancher des vaches n'avait pas été la bonne, et la brune espérait qu'il soit la seule personne qui serait emportée dans la mort par cette décision. S'ils s'en tiraient, elle pourrait peut-être tester le voyage par les toits en limitant les fois où ils seront au sol au maximum possible. Mais ils n'en étaient pas là.

La milicienne se retourna brièvement vers Karl. « Aides-les à monter si tu peux, il y a une corde dans mon sac aussi. » expliqua-t-elle brièvement à la personne à ses côtés, avant de prendre une petite inspiration. Deux fangeux leur courait droit dessus et un troisième était en train de se repaître de leur coutiller. Essayer de les distancer au sol était futile. Ils n'avaient pas assez de temps pour se barricader. Seule la hauteur pouvait encore les sauver. Peut-être. « Trainez pas en bas, y en a d'autres qui arrivent ! » ordonna la milicienne à la forgeronne et la voleuse. Sauver le coutiller était futile, même s'ils le débarrassaient du fangeux sur lui, les deux autres viendraient finir le travail.

Tout en disant cela, elle banda son arc, visant les deux créatures continuant d'arriver droit vers eux. Tuer les deux était impossible pour elle à distance. Là encore, le mieux à faire restait d'essayer de les ralentir un maximum. Elle espérait juste que les deux femmes seraient capables de monter. Si elle arrivait à empêcher les créatures de faire de grands bonds en leur blessant les jambes cela rendrait leur perchoir plus sûr tout en donnant plus de temps aux autres encore en bas.

« Rikni, guide mon bras, que ces engeances souffrent sous mes traits... » murmura-t-elle dans une petite prière à peine audible par Karl à côté d'elle. Une petite prière censée lui redonner espoir en ses capacités. La déesse saurait-elle répondre à son appel dans cette situation? Saurait-elle l'aider à protéger ses compagnons et elle-même? La milicienne visa, avant d'écarter ses doigts pour laisser partir un premier trait sur le fangeux le plus proche...

... Suivi d'un second, sur le deuxième fangeux, visant à chaque fois leurs jambes, toujours. Concentrée, elle avait aussi peut-être la vie de ses compagnons en jeu au bout de ses traits, serait-elle bénie par Rikni? La fange sera-t-elle châtiée cette fois-ci ou seul le désespoir allait répondre à ses supplications? Même sans la bénédiction de la déesse, Elisabeth continuerait à faire de son mieux. Les deux premières flèches partirent donc fendre l'air avec détermination, la milicienne ayant un peu plus pris le temps de viser les premières. Les suivantes se devaient d'être tirées plus rapidement...

Réutilisant la même technique que précédemment, Elisabeth essaya alors de redécocher deux flèches en rapide succession, avec toujours comme priorité de blesser les monstres aux jambes. Si elle les sentait gênés par leur blessure, elle viserait plutôt la tête... Pas le temps de penser à autre chose qu'à faire toucher ses flèches là où elles devaient.

Résumé MJ:
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Karl StannerContrebandier
Karl Stanner



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 6 Oct 2019 - 17:57
Le contrebandier avait trouvé dans la peur et l’adrénaline les réflexes nécessaires pour grimper malgré son handicap, se retrouvant dans une sécurité précaire aux côtés de l’archère du groupe. Il ne se retourna que pour voir la voleuse chuter, une douce ironie pour les deux compères : C’était elle qui escaladait les parois avec agilité et lui qui devait fournir un effort ne serait ce que pour se hisser sur une hauteur.
Rikni avait mis à l’épreuve Alaïs et elle avait échouée, il croisa son regard alors qu’elle tombait et il ne pût retenir une grimace à la réception de l’acrobate, cette dernière venait de se tordre la cheville.
Le contrebandier resta complètement muet face à cette injustice avant de se retourner, l'esprit bouillonnant d'un besoin de solution car une chose était sûr : Il ne l'abandonnerait pas là.
C’était sa faute si la rousse l’avait suivi dans le Chaudron, il avait oublié que sa vie pouvait intéresser quelqu’un d’autres que lui et maintenant les Trois lui faisaient payer son égoïsme.
C’est Elizabeth qui trouva la réponse à ses attentes en lui proposant de prendre la corde dans son sac. Karl remarqua le visage tout aussi soucieux de sa compagne des toits, le sort de la voleuse semblait lui tenir à cœur où alors c'était simplement l'ensemble qui lui tirait ce masque. Sans doute les deux, qu'importe c'était une alliée de choix.

D’un signe de tête, le contrebandier lui fit comprendre qu’il s’occupait du chemin pour ceux encore en bas et l’archère se positionna vivement en commençant à couvrir la retraite de ses compagnons d’infortunes par ses redoutables traits.
Retrouvant un semblant de professionnalisme malgré la situation qui empirait à chaque seconde qui défilait, il trouva rapidement le précieux cordage dans le sac de la brave milicienne. Après avoir trouvé de quoi fournir un point d’accroche pour assurer la corde, il s’occupa de faire un nœud solide autour de ce même point.
Ainsi sécurisé, l'honnête marchand retourna rapidement au bord des toits pour aviser la scène et contempler pendant quelques instants le chef de leur groupe s'abandonner aux monstres pour tenter de sauver le reste de ses sœurs d'armes éphémères. Un acte de courage que Karl espérait bien utiliser pour sortir l'acrobate de là mais aussi la téméraire forgeronne.

« Alaïs ! Eurybia ! La corde ! »

Le contrebandier ne prenait même pas la peine d’être discret, déjà deux nouveaux Fangeux se rajoutaient à cette sauterie aux allures de carnage, le temps n’était plus un allié et Karl pria la déesse serpent de soutenir son bras et d’accorder aux deux femmes la force de les rejoindre.
Il laissa filer la corde en contrebas, après s’être assuré qu’elle était bien accrochée puis il enroula son bras droit autour et sa main gauche se positionna en avant sur le lien, prêt à soutenir ses compagnons, en tracter un s'il fallait.
le contrebandier jeta un autre regard à sa Grimpeuse avant de se mettre en place, cherchant des appuis.

« Rikni...Ne me l’enlève pas. », murmura Karl dans un souffle.


Monsieur le MJ:


Dernière édition par Karl Stanner le Dim 6 Oct 2019 - 18:25, édité 1 fois
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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 6 Oct 2019 - 18:05


C'était arrivé si vite, si bêtement. Ils avaient attendu, prêts à en découdre avec les fangeux toute la matinée, et bien sûr le temps avait joué contre eux. D'abord le beau temps qui les avait fatigué, et le temps qui passait lentement avait lassé leur attention. Ils n'étaient pas formés pour cela, et l'évidence les frappait tous désormais : on les avait en voyer au devant en éclaireur, jetés en pâture, il ne resterait rien d'eux.

Au delà de ce constat fataliste, il n'y avait plus rien de possible, il n'y avait plus de projets auquel se raccrocher, plus de remparts pour les protéger. Rien ne servait de réfléchir, l'instinct reprenait le dessus, ils redevenaient des animaux. Alors qu'elle avait réussi à toucher le fangeux, ses compagnons en profitèrent pour déguerpir. Il y a des moments où il vaut mieux être lâche que mort. Aussi, cette évidence s’appliquait parfaitement à leur situation présente. Karl et Elisabeth avaient escaladé sans encombres. Alaïs quant à elle n'avait pas réussi à les suivre et elle était mal retombée sur sa cheville. La forgeronne prit les devants et se saisit en premier de la corde lancée par Karl. Il n'y avait plus à réfléchir, il fallait survivre. Elle n'avait pas la souplesse d'une acrobate, mais ses doigts étaient habiles et ses bras étaient suffisamment forts pour la hisser aisément jusqu'au perchoir où l'attendaient les autres. Une fois en haut, elle n'aurait pas de mal à soulever la jeune femme qui devait faire dans les cinquante kilos toute mouillée. Le poids de son tonneau de terre, en somme.

La joueuse a écrit:
Actions d'Eurybia :
- Grimpe à la corde lancée par Karl
- Hisse Alaïs jusqu'en haut


Dernière édition par Eurybia Pyrit le Dim 6 Oct 2019 - 18:54, édité 1 fois
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Alaïs MarlotVoleuse
Alaïs Marlot



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MessageSujet: Re: [Quête] Passage au Chaudron :     [Quête] Passage au Chaudron : EmptyDim 6 Oct 2019 - 18:14




Passage à Chaudron
Premiers jours d’août 1166



Ses pires cauchemars prenaient forme à nouveau devant ses yeux. Tout ce qu’ils avaient entrepris avait été vain, totalement inutile, ravageant la moindre parcelle de bonté et de solidarité en ce monde. Le milicien allait se faire dévorer, mourrait seul au milieu de la boue et de cette rue ravagée, sous leurs yeux impuissants. Il avait renoncé, comme ils avaient renoncé eux aussi. On pouvait toujours tenter de faire le bien, mais la Fange aurait toujours raison de l’humanité. Leur fin était certaine, l’exécution de la sentence, une question de temps. Et le temps, ils n’en avaient plus beaucoup, désormais. A peine avaient-ils posé le pied dans ce quartier maudit, à peine se trouvaient-ils sous les crocs avides des morts. Entre les cris inarticulés du milicien qui se répercutaient dangereusement dans les rues comme autant d’échos funestes, un appel sinistre à l’insatiable faim des monstres. Elle avait reculé, la panique chevillée au corps. Elle avait compris, trop tard. Elle n’était rien et ne pouvait rien. Quelle folie l’avait prise pour croire le contraire l’espace d’un bref instant ? Et c’était animée par la même panique folle, celle d’être dévorée à son tour, qu’elle avait saisi la corde, les yeux voilés par cet instinct entièrement primitif, dirigé vers la survie.

Sauf que la volonté de survivre était une chose pernicieuse. Elle avait perdu le contrôle un instant, elle s’était précipitée en avant et là où les autres avaient réussi, elle qui excellait dans l’art de grimper et de cabrioler, elle avait échoué. Si tu tombes c’est la chute, si tu chutes c'est la tombe. Ca n’avait jamais été aussi vrai. Elle qui défiait la gravité depuis toujours, voilà que la gravité lui faisait mordre la poussière. Tragiquement ironique ou juste retour des choses ? L’étonnement et la violence du choc lui firent écarquiller les yeux, auxquels se succéda la douleur dans sa cheville. La corde lui avait à peine brûlé les paumes, protégée qu’elle était par ses gants, une chance. Désormais, elle était seule avec la forgeronne, et elle n’osait plus tourner les yeux vers le milicien qui agonisait sous les coups de la bête, bien que ses oreilles enregistrent malgré elle chaque cri, chacun de ces horribles bruits de déchirures et de gargouillis que faisaient la peau et les viscères en s’ouvrant sous les griffes et les crocs impitoyables, chacun des feulements atroces du Fangeux qui se repaissait sans une once de pitié. En se détournant, elle aussi perdait une part de son humanité, laissée avec Edgard, le milicien. Car Alaïs n’avait nullement l’intention d’attendre sagement la mort, ni de se sacrifier pour une cause perdue.

Elle se redressa sur ses pieds, à peine une seconde après avoir chuté. Si tu tombes, c’est la chute, si tu chutes… Non. Qu’est ce que c’étaient que ces conneries, d’abord ? Elle avait chuté mille fois, s’était brisé le poignet, tordu les genoux, les chevilles, avait pris des coups dans le dos et l’arrière du crâne qui lui avaient fait entrapercevoir les étoiles même sans la faveur de la nuit. Elle avait encaissé mille douleurs pour être l’acrobate intrépide qu’elle était aujourd’hui. Elle se rappelait chaque bêtise qu’elle avait commise, chaque stupide erreur qui l’avait envoyée au sol, chaque déchirement de muscle, ou souffrance de tendon après ses contorsions. Elle donnait l’illusion que c’était facile, son sourire était là pour ça. Mais elle avait le même corps, les mêmes muscles, et les mêmes tendons que n’importe quel être humain. Elle était de la même argile, souffrait comme n’importe qui et ses dons ne lui avaient été octroyés par personne d’autre qu’elle-même. Dans le Goulot, elle avait encaissé les coups de poing et de pied, la faim, le froid de l’hiver, la solitude et toutes les mauvaises rencontres qu’on pouvait faire quand on devait se défendre seule. Avait-elle renoncé ? Non. Elle avait vacillé contre le vent, s’était armé de ce sourire qui était sa marque de fabrique et elle avait montré les dents au destin, pour saisir sa chance, gagner sa place.

Elle se rappela tout cela dans un éclair fugace de volonté, une décharge d’adrénaline dans les veines alors que deux Fangeux faisaient leur apparition non loin. S’il fallait choisir entre la Fange et la douleur de sa cheville, le choix était limpide. Elle se précipita de nouveau vers la corde et releva le nez vers le sommet qui l’attendait. Vers les yeux de glace qui l’attendaient. La forgeronne n’avait pas attendu non plus, et avait pris les devants pour grimper. Elle entendit la voix d’Elisabeth mais ne lui répondit que par la lueur déterminée de son regard et un hochement de tête, trop concentrée sur cet effort déterminant, malgré ses mains tremblantes qui voulaient la contredire. Alors qu’elle retentait l’ascension, enroulée dans la corde, elle se remémora les mots terribles qu’elle avait prononcés en dernier à son contrebandier : “Maintenant, tu sais ce que ça fait d’avoir quelque chose à perdre.” Ca ne pouvait pas être la dernière chose qu’elle lui laisserait sur cette terre. Elle aurait voulu revenir en arrière, effacer cet instant, la dureté de son regard. Elle ne s’était pas damnée en venant ici avec lui. Elle y était allée pour lui, parce que c’était d’une évidence absurde, parce qu’elle était ainsi, qu’elle aimait ainsi, toute entière, dans le meilleur comme dans le pire. Et qu’il ne pouvait aller là où elle-même ne pouvait le suivre.

Ce n’était plus l’heure de la fierté ou de la bravoure, c’était l’heure fatidique où réussir voulait dire survivre, rejoindre la sécurité du toit. Avoir encore une chance de lui dire. Saisir les mains qui pourraient se tendre vers elle, s’appuyer sur une épaule amie, ôter la corde, déguerpir, et vivre un jour de plus au milieu de l’enfer.



Pour le MJ:
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