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 Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn

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Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



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MessageSujet: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 20 Jan 2020 - 15:44


Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn Uc3UBVY

15 Mai 1166

Assis sur un tonneau de bois, le goupil attendait patiemment l’arrivée de sa sentence. Les négociations n’avaient pas été en sa faveur, au contraire. À croire que le destin était désormais contre lui. La chance, l’avait-il abandonné ? Non. Il refusait de le croire. Si aujourd’hui était un mauvais jour, il était convaincu de pouvoir revenir en un temps meilleur pour tous, ou presque tous. En réalité et très ironiquement, son avenir n’était pratiquement aux mains de la veuve fermière qui n’en savait encore que trop rien.

Était-elle terrifiée à l’idée de le rencontrer à nouveau ? Ou serait-ce la vengeance qui guiderait ses pas ? Même le fier et malin renard qu’il était ne savait en quoi s’attendre. Quel genre de femme franchirait les portes immenses de cette grange abandonnée et à peine recluse du bourg de Monpazier. Un enfant, un orphelin dont il était étrangement familier attendait l’arrivée de son invité pour mieux la guider jusqu’à lui, jusqu’à eux.

Car oui, il n’était pas seul. Comme convenu, comme promis, Jocelyn avait fait le voyage avec lui. Il avait espéré que sa présence soit salvatrice afin de conclure le marché convenu, mais il en était rien. Un chien de garde, un bourreau et une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, voilà tout ce qu’il était pour l’heure devenu. Ridicule, fulminait encore intérieurement le rouquin qui ne comprenait pas les idées du fauconnier. Comment pouvait-il exclure aussi drastiquement un commerce aussi alléchant. Oh, oui, il avait bien compris qu’il ne voulait simplement guère la partager, mais là encore, comment et pourquoi…

Ses yeux se perdirent brièvement sur la silhouette sombre de ce dernier. Aucune réelle confiance n’avait encore pu être établie entre eux et malgré l’honnêteté du goupil qui naturellement venait à regretter cette faveur accordée. D’ailleurs à cause de lui, son objectif principal n’était plus de conclure un arrangement quelconque, mais bel et bien de survivre à cette rencontre. Impossible de prédire les réactions de ce dernier lorsqu’il apprenait quel genre de traitements avait reçus sa protégée. Et s’il était resté naturellement vague sur ses derniers, il doutait que la fermière ne fasse autant.

Un soupir lui échappa alors qu’il passa nerveusement une main sur son visage. S’excuser n’était pas le problème. Mais comment pouvait-il seulement être pardonné ? Il avait une conscience, assez fonctionnelle du moins pour comprendre qu’il n’avait clairement pas fait bonne impression. Les doutes étaient donc nombreux et l’attente une torture interminable, jusqu’à ce qu’il aperçoive une silhouette familière se dessiner à l’entrée.

« Hey…. Ça faisait longtemps. »

Sourire charmeur aux lèvres, il n’avait pas pris la peine de couvrir son visage. Inutile après tout, elle le connaissait que trop bien. Toujours sagement assis, il la détailla avec un certain amusement malgré tout, avant de lui indiquer une direction.

« Je crois que vous vous connaissez déjà. »



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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 20 Jan 2020 - 20:21
Monpazier.

Si Marguerite lui avait été rendue, avec le reste de ses biens qui lui avaient été volés quelques jours plus tôt par une bande de bannis, la jument n’avait pas pu faire la route avec sa maîtresse. Trop fatiguée. C’était une bête de somme, pas un cheval habitué aux longs et fréquents déplacements. Mathilde avait donc chevauché avec le cheval d’un voisin éleveur, qui aurait recours aux services de Marguerite pour ouvrir une parcelle de terre à mettre en culture. Échange de bons procédés à coûts réduits.

Dix jours après sa rencontre avec le banni, elle reprenait la route pour répondre à son invitation. Si elle ne s’y rendait pas, il se pouvait que sa ferme brûle, avec elle à l’intérieur. Et encore… ça serait un moindre mal. Elle n’avait pas d’autre choix que d’y aller. Rassembler quelques vivres et trouver un cheval n’avait pas été le plus difficile. Persuader les gars de la laisser aller seule faire une livraison non plus. Après tout, elle s’en était tirée et les bannis avaient compris qu’elle ne serait jamais une monnaie d’échange pour l’Ordre. Non, le plus compliqué avait été de forcer Alcide à rester à Usson. Alcide qui savait tout. Alcide qui ne rêvait plus que de tuer celui qui avait osé poser la main sur sa fiancée. Alcide dont le regard vert-mousse avait viré au noir à la seconde où elle avait dit qu’elle partait seule. Coincé à la caserne, puni d’avoir volé le cheval de son supérieur, il n’aurait pas d’autre choix que d’attendre son retour s’il ne voulait pas être mis aux fers pour quelques jours en guise de mesure disciplinaire.

Seule, avec une brûlure qui s’était calmée dans le creux de sa main, Mathilde avait pris la route. Impossible pour elle de tenir les rênes de sa monture autrement que d’une seule main. Elle avait pris son arc et son carquois, au cas où, mais savait qu’elle ne réussirait jamais à le bander correctement s’il lui fallait encocher une flèche. Décidément, en plus de l’empêcher de travailler, le banni s’était arrangé pour qu’elle soit réellement en état de faiblesse pendant un moment. Un brillant imbécile qu’elle ne sous-estimerait pas.

Pour corroborer son histoire de livraison, Mathilde avait fait une halte à Sarrant dans la matinée pour y déposer quelques légumes. Elle avait fait porter un message à la caserne d’Usson par la même occasion, pour qu’Alcide puisse être tranquillisé, si cela était possible, indiquant qu’elle avait bien fait arrêt à sa première étape et qu’elle serait de retour à son auberge dans la soirée. Elle avait ensuite pris la direction de Monpazier, comme elle l’avait dit à l’aubergiste de Sarrant. Si quelqu’un partait à sa recherche, suivre ses déplacements serait aisé… du moins jusqu’au bourg. Ensuite…

Ensuite, c’est un enfant qui vient à sa rencontre, avant même qu’elle n’entre dans le bourg. Un enfant qui pointe sa main gauche, bandée, et auquel elle répond d’un hochement de tête. Oui, c’est elle qu’il attend. En silence, l’enfant lui fait signe de la suivre et s’élance sur un petit chemin. Mathilde regarde le bourg en se disant que personne, ici, ne saura qu’elle est bien arrivée. Tant pis. Elle talonne sa monture, et suit le gamin qui déjà s’éloigne.

Où l’emmène-t-il? Vers cette grange, là-bas? Peut-être. Mathilde est tendue. Elle est loin d’avoir digéré les événements du Chaudron. Les images peuplent encore ses nuits de cauchemars tous plus sordides les uns que les autres. Elle dort peu et ne mange que parce qu’il le faut. Si son retour à la ferme lui a apporté un certain réconfort, elle est encore épuisée. Les yeux de la fermière restent soulignés de cernes qui trahissent ses courtes nuits. Pourtant, son regard fier a retrouvé toute sa vivacité. Elle sait ce qui l’attend, du moins elle l’espère. Quelques jours plus tôt, elle a évoqué le nom de Jocelyn, parce qu’il est le seul, à sa connaissance, à pouvoir abattre le banni qui l’a enlevée. Il a la discrétion, le détachement, la force et le cran de le faire. Pas pour elle, mais pour lui. Si le roux cherche à le tuer sous prétexte qu’il n’a pas communiqué à ses alliés que Mathilde pouvait offrir un refuge et des provisions, Jocelyn saurait se défendre et en venir à bout. Et si le roux est réellement son allié, alors Jocelyn sera là, aujourd’hui. Il a promis de la protéger. C’est à cette idée que tient son calme. Si l’inconnu brandit la tête de Jocelyn devant elle, il se peut qu’elle perde complètement les pédales. Ça n’arrivera pas. Mathilde respire profondément alors que le garçon lui fait signe de mettre pied à terre. Ce qu’elle fait, après avoir jeté un œil aux alentours. Rien à l’horizon. Pourvu que ça dure…

Mathilde s’avance vers l’entrée. Le gamin garde le cheval. S’il part avec, elle se fait silencieusement le serment de le retrouver et de l’égorger. Le gamin, pas le cheval. Hey… ça faisait longtemps. Dans la semi obscurité de la grange, qui tranche avec le soleil éclatant de l’extérieur, Mathilde devine la silhouette du banni dont la voix suffit à faire remonter en elle les souvenirs de la cave humide, de la femme qui hurle, de la peur de mourir, du fer qui brûle sa chair. Son poing gauche se referme un peu, instinctivement.

- Oui. Je savais bien que je te manquerais. Son sourire charmeur la laisse complètement indifférente. Elle n’a pas envie de jouer au petit jeu de la séduction, la dernière fois ça l’a conduite à se faire brûler la main. Elle veut seulement avoir la certitude que Jocelyn va bien et que sa trahison ne lui a pas coûté la vie. Ce à quoi elle obtient rapidement réponse, alors que le banni, dont les traits se précisent à mesure que ses yeux s’habituent à la lumière plus tamisée, indiquent une direction. Une autre silhouette, trapue, portant un drôle de masque. Jocelyn. Elle hoche de la tête en guise de salut, un salut bien plus réservé que la dernière fois, où il avait failli lui casser le nez en essayant maladroitement de l’embrasser. J’espérais te voir ici. Le visage de Mathilde reste aussi neutre que possible. Elle ne sait pas ce que le roux connait de leur relation. Elle ne sait pas non plus comment Jocelyn se positionne dans cet étrange trio qu’ils forment, en ce moment, dans cette grange abandonnée. Est-il l’autre méchant, celui qui va la menacer pour lui soutirer tout ce qu’il peut, ou bien est-il son allié à elle, qui va l’aider à tempérer le roux et à se sortir d’un bien mauvais pas?
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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptySam 25 Jan 2020 - 10:48
Je déteste les voyages inutiles et encore plus ceux qui n'ont pas été programmés de mon fait, mais en matière de détestation, je pense que ce voyage-ci surclasse tous les autres. De tous les occupants des fermes du Labret, il a fallu que cet abruti de Goupil tombe sur la seule avec qui j'ai noué un lien : Mathilde. Une brave fermière qui estime que tout humain, même un banni, a droit à sa chance. Elle aurait pu m'abattre, m'ayant surpris en train d'analyser quelques plants de sa ferme. Ou me dénoncer, plus tard, surtout suite à mes tergiversations amoureuses, comme toute femme rejetée l'aurait fait. Mais elle a continué à m'aider et me soutenir, me fournissant d'excellentes graines, me permettant de récupérer du matériel facilement transportable pour m'aider à nourrir le village des bannis. Une collaboration en fine intelligence, où je ne l'exposais pas et où elle ne me mettait pas en danger. Elle savait que ses dons seraient bien exploités, dans les limites du raisonnable évidemment, on ne cultive pas au milieu des marais et des fangeux et sans abri comme on peut le faire dans le Labret où la fange, bien que présente, est moins nombreuse.

Et voilà que le Goupil débarque, la menace, comment je l'ignore, la force à prendre des risques inconsidérés, pour ramener une forte ration périssable et intransportable. Si je peux perdre des champs sauvages, louper une récolte juste parce que le temps sera mauvais ces jours-là où que les miliciens seront trop actifs, ma méthode offre plus de sécurité. Alors, oui, des choses manquent, et principalement des récipients qu'on peut fermer, actuellement, perdre la possibilité de secours dont je dispose serait une catastrophe, car des Mathilde, y'en a pas deux. Le bougre a des qualités, il sait s'infiltrer, domaine où je suis nul, il sait créer des réseaux et les contrôler, visiblement et s'il avait un fond de jugeote, il pourrait être un bon allié. Mais la jugeote n'est pas son domaine. Il a pensé pouvoir me manipuler. Il a pensé pouvoir faire mieux que moi dans des domaines où je suis plus compétent. Et plus encore qu'avoir attaqué une Mathilde dont il ignorait qu'elle était ma protégée, c'est pour avoir voulu me prendre pour un con que je lui en veux. J'aurais dû le tuer sur place, je l'ai dit à Isaure d'ailleurs. Mais il ne faut pas que le lien avec Mathilde se brise. Le tuer devant elle reste une option plus marquante et où elle comprendra que je n'y suis pour rien. Peut-être voudra-t-elle l'épargner ? Une option qui reste envisageable, mais si elle a donné mon nom, c'est qu'elle a craint pour sa vie, et comme elle est peu impressionnable, c'est qu'il y est allé trop fort.

D'ordinaire, même pour un déplacement "court" comme celui qui sépare le village de Monpazier, car de nombreuses expéditions que je fais vont plus loin, je fonctionne en duo avec mon/ma partenaire. Mais pas cette fois. Le Goupil n'aura rien appris de mes méthodes de déplacement, je ne l'ai pas couvert non plus. Mais bon, même lui sait désormais ce qu'il convient de faire pour ne pas être surpris par la Fange. Je doute par contre qu'il ait vu que je l'avais surveillé tout le long du voyage. Je n'ai indiqué ma présence qu'à l'approche de Monpazier et j'ai été plutôt soulagé en voyant qu'on "logerait" dans une grange à l'écart. A la différence des autres bannis qui, si on ne vérifie pas leur bras peuvent passer pour un citoyen lambda, je suis trop reconnaissable. Mon masque reste trop visible, en plus d'être solidement reconnaissable, et pour des raisons ignorées du Goupil et de quasi l'ensemble de l'humanité désormais, en ce compris Isaure, je resterai reconnaissable sans lui, en plus d'inspirer l'effroi.

Pas un échange de mot avec le Goupil et il semble avoir compris que je ne tenais pas à discuter avec lui. Enfin, Mathilde arrive, mais je préfère rester dans l'ombre, pour ne pas être vu du gamin qui la convoie. Elle finit par me voir quand je vais un peu vers la lumière et indique avoir espéré me voir, ce qui me tire une grimace.

- Tu as perdu Marguerite ?

Oh, le cheval avec lequel elle est venue est magnifique, mais ça n'est pas un cheval de ferme. Sans doute n'ont-ils plus de chevaux de trait avec tous les événements qui se sont succédé depuis l'arrivée de la Fange, ce qui va compliquer le travail agricole. L'aide d'untel cheval pour retourner la terre économise énormément les forces des fermiers. Lui ne peut pas se permettre de la retourner, car son champ deviendrait visible, mais cela augmente les risques de perte, forcément.

- J'aurais préféré qu'on n'ait pas à se voir, Mathilde...

C'est on ne peut plus vrai et elle doit s'en douter. Ce n'est pas moi qui ai envoyé le Goupil sur elle comme on lâche des chiens sur une proie. Tiens, j'aime bien l'image. Je suis le chasseur, le Goupil une meute de chiens et... non, Mathilde en proie, ça ne colle pas. Mais le Goupil en toutou m'arrache un sourire, qui s'efface bien vite. Mon ton devient plus grave et mon visage se ferme.

- Il t'est arrivé quoi à la main ?

Quand je pose la question, mon regard n'est plus posé sur elle, mais sur lui. Et s'il a une once d'instinct et de bon sens, surtout d'instinct car j'ai toujours un gros doute sur son bon sens, il doit se douter que la réponse que j'imagine n'a vraiment rien pour me plaire.
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Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptySam 25 Jan 2020 - 19:33


Les yeux de glace du renard ne perdirent rien des retrouvailles bercées d’une étrange retenue. Était-ce sa présence, les circonstances ou leur mystérieuse relation qui les poussaient à agir ainsi ? Il n’y avait pas de réelle joie, de relâchement et encore moi d’engouement dans leur geste et parole. Oh, naturellement, du soulagement, particulièrement de la part de la fermière et encore. Peut-être n’étaient-ils pas si proches ? Ce n’était toutefois qu’une supposition sans base solide, l’être humain étant bien trop complexe pour qu’il puisse en deviner toutes les nuances.

Marguerite. La mention de ce nom lui tira quelques sueurs froides sans qu’il ne daigne le montrer. Ne pouvant certainement pas lier le prénom au cheval de lui-même, le rouquin redouta un peu la signification de cette question. Sans guide, sans autre indice, il était uniquement possible pour lui de relier la situation à un nom d’enfant. Avait-elle été enceinte ? Aurait-elle perdu le bébé ? Par sa faute ? Non… La fermière n’avait montré aucun signe lors de sa détention et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’était un sujet particulièrement sensible. Il n’aurait pas pu louper un tel élément. Peut-être serait-ce donc arrivé avant sa rencontre ? Lors de l’incident à Marbrume ? Le rouquin était perplexe, mais silencieux. Silencieux jusqu’à ce que la menace s’élève à nouveau contre lui.

Rowan n’avait strictement pas bougé. Toujours assis plus ou moins négligemment sur le tonneau et à l’écart du duo, il avait préféré leur laisser tout l’espace nécessaire et analyser minutieusement la situation. Délicat, il se devait de choisir les bons mots.


« Je te l’ai dit… Je n’ai pas été tendre. »


Et il le regrettait en un sens désormais. Pas vis-à-vis d’elle, mais vis-à-vis de lui, devinait parfaitement qu’il n’allait guère apprécier ces faits. Pourtant, elle avait été bien chanceuse, en un sens. Car, Rowan n’était pas dû genre à hésiter à infliger bien plus et même la paix éternelle et les options avaient été nombreuses dans pareille situation. Évidemment, il ne pouvait pas vraiment soulever cela comme argument alors il décida d’avancer la conversation, en relevant, sans pour autant avancer.


« Il serait bien indélicat de ma part de parler des faits de ma propre bouche alors… »


De toute manière, chacun de ses mots serait remis en doute. Et puis qui sait, madame ne voulait peut-être pas tout révéler.


« J’ajouterai seulement qu’il s’agit de la seule blessure qu’elle ait obtenue de moi. »


Préférable qu’il ne s’imagine pas le pire le concernant, après tout. Les choses auraient pu être bien pires et comptaient d’ailleurs plus le nombre de fois que la fermière lui avait donné des envies massacrantes. D’ailleurs, peut-être cela faisait partie désormais de l’un de ses regrets. Il soupira.


« Mais, on n’est pas là pour revenir sur ce qui s’est passé … n’est-ce pas ? »


Son regard dévia sur la veuve face à lui. Son expression aussi neutre que la sienne, il hésitait clairement sur les mots à prononcer. Ridicule, était toute cette situation, mais le mieux était sans doute d’entrer dans le vif du sujet. Du moins, pour lui.


« Changement de programme, fermière. Nous ne sommes pas là pour négocier nos arrangements… »


Il jeta un œil sur le fauconnier, restant bien attentif à ses actions avant de poursuivre en la regardant sans faille.

« … mais mon pardon. »


Il déglutit, conscient que cela frôlait quelque part l’impossible. Sa tête se baissa un instant sur le sol, pensif. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne relève son visage sur elle, puis sur lui.


« Aussi difficile soit-il, car visiblement, j’ai fait grave erreur en pensant pouvoir t’utiliser et on m’a fait comprendre de ne jamais recommencer. »




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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyDim 26 Jan 2020 - 4:36
Jocelyn n'a pas l'air surpris de la voir, bien qu'il soit relativement impassible de nature et qu'il soit difficile de deviner ses pensées et ses émotions, mais il grimace lorsqu'elle avoue avoir espéré sa présence. Pourquoi? Pense-t-il qu'elle le piège? Aurait-il voulu la revoir dans des circonstances plus paisibles, à la faveur de l'automne? Craint-il qu'elle ne soit pas arrivée seule? Vient-il ici pour une sale besogne? Les scénarios se bousculent dans l'esprit de la fermière. La situation est tendue, plus qu'elle ne l'anticipait. Elle doit garder son calme, écouter, analyser, deviner les rapports qui les unissent. Elle respire.

Tu as perdu Marguerite? La question a le mérite de mettre la table. Mathilde comprend que le rouquin n'a peut-être pas tout raconté. D'ailleurs, que lui a-t-il dit pour le faire venir ici? J'aurais préféré qu'on n'ait pas à se voir, Mathilde... Elle s'en doute, vu la grimace qu'il a faite. Il représente un risque considérable pour elle, et elle est un risque pour lui. Voilà pourquoi il ne vient plus la voir. Elle l'a compris, lorsqu'il est parti la dernière fois. C'est une confiance mutuelle qui les unis, Jocelyn et elle. Elle ne voulait pas briser cette confiance, elle n'a pas eu le choix. Il t'est arrivé quoi à la main ? Mathilde ne bronche pas. Il ne lui en veut pas. Sa question est celle de quelqu'un qui se soucie de l'autre. Soit il veut confirmer ce que le roux a raconté, soit il ne le sait pas. C'est d'ailleurs l'étranger qui lui répond. Quel nom lui avait-elle donné, d'ailleurs? Ah oui, Gaston. Elle devrait trouver quelque chose de mieux dans les prochaines minutes.

"Gaston" parle, il semble mesurer ses mots. C'est ainsi qu'elle le connait. Des phrases courtes, des mots relativement bien employés après une réflexion sur leur sens. Pourtant, plus il parle, plus Mathilde a l'impression qu'il se présente comme un accusé organisant sa défense. C'est la seule blessure, votre Honneur. Elle fronce légèrement les sourcils. Se pourrait-il qu'il craigne Jocelyn? Changement de programme, fermière. Nous ne sommes pas là pour négocier nos arrangements… mais mon pardon. Mathilde ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire moqueur. Son pardon, est-il sérieux?

- Te pardonner de quoi, Fulgence? Fulgence... pas mal, Mathilde. Pas mal. On va le garder, ce nom, surtout si le nouveau baptisé grimace.

Son regard se porte vers Jocelyn. Il comprend au moins que si elle connait le visage du rouquin, elle n'en connait pas l'identité, et à dire vrai, ça ne l'intéresse pas vraiment. Moins elle en sait sur lui, meilleures sont ses chances de survie. Elle sait qu'il n'hésitera pas à la tuer. Elle a sauvé sa peau une fois, elle n'aura peut-être pas de seconde chance.

- Une grave erreur? Le regard de la fermière va d'un homme à l'autre. S'ils sont alliés, leur alliance est bien plus fragile que celle qui lie Jocelyn à Mathilde. C'est un rapport de forces, elle en est maintenant quasi certaine, et des deux, Jocelyn est celui qui mène. Elle qui pensait donner le nom de la seule personne capable de se défendre, elle a visé plus juste qu'elle ne l'anticipait. La première grave erreur, Fulgence, c'est de brûler la main de la femme qui accepte de cultiver ta nourriture, l'empêchant ainsi de travailler pour toi pendant plusieurs semaines. La seconde grave erreur, c'est de la relâcher à des lieues de Sarrant, alors que la journée est bien avancée, dans un état de fatigue tout aussi avancé. La troisième grave erreur, c'est de lui prendre sa jument de trait pour l'envoyer à Marbrume d'où elle revenait, lui faisant parcourir un chemin aussi inutile qu'épuisant. Elle est au repos pour au moins deux semaines. Je continue la liste? Quand tu conclus une entente avec quelqu'un Fulgence, arrange-toi pour prendre soin de cette personne histoire qu'elle puisse remplir sa part du marché.

Elle n'a pas haussé le ton. Elle a énoncé les événements avec une froideur certaine. Elle ne mentionne pas l'autre fille, les menaces et la marche forcée à travers bois. Plus tard, peut-être, s'il devient vraiment désagréable et que Jocelyn la supplie de lui donner une dernière excuse pour le tuer. Il voulait être sûr que je ne l'oublie jamais lance-t-elle à Jocelyn, en levant la main blessée. Du génie à l'état pur, qu'en dis-tu? ajoute-t-elle d'un ton aussi moqueur que le sourire qui étire ses lèvres.

- Ils sont où tes archers, cette fois? Tu les avais laissés sur le toit de ta garçonnière, l'autre jour, non?

Une question énoncée sur un ton détaché, mais qui permet à Mathilde d'avertir Jocelyn sur la présence éventuelle de complices. Elle n'a pas oublié. "Fulgence" a l'air très fort pour trouver des endroits isolés, mais il ne doit pas être du genre à travailler tout seul. Si Jocelyn est une menace pour lui, il se sera débrouillé pour qu'un ou plusieurs complices surveillent ses arrières.

C'est une drôle de scène qui se passe dans cette grange. Une fermière, proie d'un banni, alliée d'un autre. Un triangle sur le point de s'effondrer, si l'un des trois cède à la colère. Reste à savoir qui est celui qui flanchera.
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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 27 Jan 2020 - 10:59
Décidément, il m'énerve. Il a une façon de parler très précieuse. Cette manière de peser ses mots leur fait perdre tout sens. Un mot aussi pesé manque d'honnêteté. Il ne communique pas, il manipule. Il l'a tenté avec moi quand il est venu me parler de Mathilde, mais ça n'était pas aussi flagrant que maintenant. J'apprends à le découvrir et tout ce que je découvre me déplaît. Plus il est en danger, plus il joue l'indifférence. Il s'imagine intellectuellement supérieur à nous et cherche à nous le faire savoir en usant du vocabulaire adéquat, pour faire passer son point de vue et ignorer le nôtre. Je pose mon arc à mon pied, lui faisant faire de petits bonds pour occuper ma main et calmer ma nervosité. C'est un petit bruit, un "toc" répété sur le sol de la grange, qui peut vite devenir énervant. Quand on cherche à contrôler ses nerfs, cette perturbation ne sert pas à la concentration. C'est l'avantage de la chasse, on découvre des choses quand on doit attendre le passage d'une proie. Ce pic vert, je rêve encore que je l'abats, tellement il m'avait tapé sur les nerfs. Ici, c'est sur les nerfs d'un autre que mon bruit va taper. Surtout que je me plais à le rendre irrégulier.

Bon, il a demandé à Mathilde son pardon et dit qu'on lui a fait comprendre qu'il ne fallait pas qu'il recommence. C'était bien ce que j'exigeais, que Mathilde soit rassurée. Et Rowan a bien reçu le message, parce qu'il a bien fait comprendre que ça n'était pas dans son intérêt de retenter l'exploit. Je devrais être satisfait. Mais je ne le suis pas. Parce qu'il y a cette blessure à la main, qu'il a reconnu avoir infligée. Toucher un artisan à la main, c'est le priver de son travail. Qu'il faille effrayer quelqu'un pour le pousser à travailler pour nous, à la limite, je peux le concevoir. Mais si on veut qu'il œuvre pour nous, il faut qu'il puisse continuer à bosser. Et alors on évite et les mains, force de travail, et les pieds, force du déplacement. C'est le bon sens même. On peut marquer le visage, le torse, le dos, la cuisse à la limite, l'effet sera tout aussi dévastateur. Même si je n'apprécie pas l'idée, j'ai perdu assez d'innocence pour concevoir que parfois, pour survivre, il faut franchir des limites. Cela n'autorise pas à devenir idiot.

J'aurais volontiers pris soin d'expliquer au Goupil en quoi ce qu'il a fait était un sommet d'imbécilité, mais Mathilde s'en charge, calmement, froidement. J'observe l'échange, avec le "toc" de mon arc qui rebondit de temps à autre sur le sol. Lui l'observe, elle, d'un air plutôt placide, mais je me doute qu'il ne l'est pas. Je passe de l'un à l'autre du regard, avec ce petit toc qui s'accélère un brin. Je la regarde, elle, quand elle s'adresse à moi, puis je le regarde lui, pour voir le moment où il va éloigner son col de son cou, parce qu'il imaginera ma lame lui tranchant la gorge. Le génie à l'état pur doit avoir senti comme moi qu'elle ne pardonnera pas. Et il espère sans doute que je ne l'ai pas encore réalisé.

- Schtack !

Le bruit d'une flèche qui se plante dans un bois reste impressionnante, mais moins que de sentir une flèche passer à quelques centimètres de son visage. Le souffle du trait est léger, presqu'imperceptible, mais on voit quand même passer le bois, au ralenti. Jocelyn connait cet effet. Désormais Rowan le connaît aussi. Et nul doute qu'il sera surpris que j'aie déjà réarmé mon arc. La vitesse d'exécution est le point faible de l'archer, chacun s'entraîne à perdre le moins de temps entre le tir d'une flèche et le tir de la suivante. Je ne fais pas exception à cette règle.

- Suis-je maladroit...

J'abats des volatiles en plein vol. Une cible fixe à quelques pas est immanquable pour un archer de mon niveau. Mathilde le sait, le Goupil le sait et je le sais. Mais au moins, on est fixé. Si des archers étaient là pour couvrir Rowan, ils auraient répliqué.

- Mais tant mieux, finalement. Les mains sont la chose la plus utile pour une fermière et tu l'as privée de sa meilleure main. Je devrais te priver de ton meilleur atout. Et ça n'est clairement pas ta tête, Mathilde a démontré à suffisance que tu ne sais pas te servir de la tienne. Et tu n'es pas un manuel non plus. A ta place, "Fulgence", je ne descendrai pas du tonneau.

J'ai un drôle de rictus et s'ils savent tracer une ligne droite au départ de ma flèche, tant Mathilde que Rowan comprendront l'idée qui m'a traversé l'esprit. Ma flèche est orientée pile sur son bas-ventre. Oh, j'ignore s'il est un maître-queue, mais nul doute que c'est une blessure qui le marquerait durablement. Mais je détends l'arc, je range la flèche dans son carquois, et je pose l'arc et le carquois. Je me place entre Mathilde et Rowan, comme pour leur interdire de se voir, regard orienté vers Rowan.

- Nous avons tous nos petites habitudes. Quand je ne suis pas obligé de tuer discrètement et silencieusement, j'aime que ma victime connaisse le visage de celui qui l'envoie sur l'autre rive. Je suis désolé de te refuser cet honneur, mais il y a un témoin présent et je n'ai pas l'intention de lui nuire, à elle. J'aurais pu t'abattre d'une flèche, mais tu mérites l'honneur d'être abattu en duel. Si tu as envie d'adresser une prière aux Trois, c'est le moment.

Aucune prière de ma part. Je glisse vers la sortie, pour l'empêcher de fuir, laissant mon arc à disposition de Mathilde pour le cas où le Goupil serait meilleur combattant que je ne le supposais. Sur le toit, un grattement de griffe d'oiseau que je connais bien. Mon ami faucon est là, lui aussi. Et bien que je ne doute pas de l'issue du combat, je reste prudent. Un non-combattant peut toujours réaliser un exploit, et malgré une intelligence en berne, le Goupil a survécu dans les Marais. Vu ses qualités intellectuels, c'est soit qu'il a une chance de pendu, soit qu'il est béni par les Trois. Mais la chance s'arrête un jour, et le pouvoir des Trois a ses limites.
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 27 Jan 2020 - 20:33


Fulgence. Décidément, la répartie et l’imagination de la veuve ne cessaient de le surprendre, positivement ou non. Pour le coup, le rouquin s’en amusa discrètement, retenant son sourire autant que possible à cause de la situation. Situation qui vire d’ailleurs de mal en pire au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient. Il faut dire que la description des événements n’était pas joyeuse et le mettait certainement pas en valeur. Il y avait du vrai, évidemment, mais pas que, car la fermière, inconsciemment ou non, omettait d’énoncer bien d’autres informations sur cet incident – ces incidents.

Une flèche, une, vint néanmoins couper court à toute tentative de réponse. Les yeux écarquillés, tendus, ses doigts se renfermèrent sur les rebords de son fauteuil de fortune avant qu’il ne repose toute son attention vers le fauconnier. Oh, ce n’était pas la première, et il n’espérait pas la dernière fois dont il avait affaire à des flèches et autres combattants. La guerre lui avait fait vivre bien pire et la fange également. Guerrier expérimenté, ce n’était pas l’arme qu’il craignait, mais son détenteur et sa maîtrise presque inégalée. La suite aurait fait pâlir n’importe quel homme et Rowan n’en faisait pas exception. Et il était bien vil de la part de son collègue de menacer parties si sensibles. Mais tout cela n’avait rien à envier à la suite qui semblait lui réserver.

Un duel. Voilà qui était, selon lui, aussi effrayant, intéressant que décevant. Il était clair depuis le début que le masqué ne portait aucune grande estime envers lui et l’inverse commençait gentiment à être vrai aussi. Naturellement, il connaissait et redoutait ses compétences, mais c’était plutôt sa manière de penser, de se comporter, à l’encontre de ce qui aurait dû être les siens qu’il ne parvenait décidément pas à comprendre et à accepter.

« Je ne suis pas venu ici pour me battre, Jocelyn. »

Et encore moins en mourir, mais chaque chose en son temps.

« Le village a faim. Les outils manquent, mais les mains également. Plus le temps passe, plus nous perdons des nôtres sans jamais pouvoir en retrouver. » Car pour le meilleur ou pour le pire, plus aucun bras n’était marqué au fer rouge depuis bien des années. « Mes actions sont p’être extrêmes, pt’être désespérés, mais certainement pas sans idées. »

Sérieux, c’était peut-être bien la première fois qu’il parlait aussi ouvertement et sincèrement à l’autre banni, et cela dans le seul but qu’il tente, ne serait-ce qu’un instant de comprendre ses actes et opinions.

« La fermière devait être un simple pion afin d’attirer ceux qui m’intéressaient réellement. Sa vie n’était pas importante à mes yeux et j’avais l’intention de m’en débarrasser assez rapidement. Marbrume à changer la donne et j’ai dû faire avec. J’aurai pu la tuer sur place, mais j’ai décidé de prendre le risque de lui faire confiance lorsqu’elle m’a murmuré un nom connu et de bien belles promesses. La brûlure, je peux pas vous en vouloir d’me trouver con, mais très franchement, j’en avais rien à branler qu’elle puisse travailler ou non durant un temps. Le deal était qu’on discute d’un arrangement ce soir. Maintenant, fallait surtout que je la marque à un endroit visible pour pouvoir envoyer mes gars à elle en cas de nécessité et j’suis assez gentleman pour ne pas m’en prendre au visage d’une femme. Pour le reste, elle n’était plus en état de voyager jusqu’à Sarrant et j’avais pris déjà suffisamment de risques pour elle alors je l’ai laissé en plein milieu de la route. Mais au risque de te surprendre, princesse, je ne suis pas parti de suite, j’ai attendu d’voir si un autre con ou deux venait te ramasser. Ce qui a été fait. »

Rowan soupira profondément. Fatigué de cette situation, il en voulait de plus en plus à son faux compagnon d’armes de l’amenait ainsi dans ses derniers retranchements, mais surtout le prendre pour le dernier des cons.

« Que t’approuves ou non, je m’en contre-fou. Si j’suis venu à toi, c’est pour avancer. Et si j’ai accepté de pas vendre ta précieuse aux autres, par respect. Ici, par danger. Mais j’suis certainement pas assez con pour me jeter dans la gueule du loup sans quelques précautions. »

Il détailla encore un peu le fauconnier, sachant très bien que sa vie pouvait s’arrêter aussi soudainement qu’elle avait commencé.

« Mes gars sont pas là. Et ce ne sont pas ceux que tu crois, princesse. » Non, ce n’était pas même cons que la dernière fois. « Mais ils savent exactement quoi faire si je ne suis pas de retour au campement d’ici quelques jours. » Doucement, le renard leva sa main afin de la faire pivoter. « Pas les fermières qui manquent au Labret, les veuves non plus. Mais peu porte la même marque. » Il marqua une pause afin de laisser le temps de comprendre où il voulait en venir, puis reprit. « Bien sûr, tu pourrais essayer de tous les tuer avant qu’ils ne viennent à elle, mais j’me demande bien si Rikni t’accompagnera jusque-là… et même si tu y parvenais, ne prends pas les autres pour des cons… Tu finiras en traitre, tôt ou tard. »



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 27 Jan 2020 - 22:09
Je ne suis pas venu ici pour me battre, Jocelyn.

Le contraire l'aurait bien étonnée. Jocelyn, par contre, semble déterminé à en finir. Pourquoi? Parce que le rouquin est un dissident au sein de l'étrange groupe qu'ils forment? Il ne peut pas vouloir le tuer uniquement parce qu'il a osé lever la main sur elle. Elle ne le conçoit pas. Il y a probablement d'autres faits, d'autres histoires qui expliquent qu'en ce moment, le masqué expose clairement ses intentions : le mettre à mort. Mathilde se tait, elle écoute.

Le village a faim. Oui, ça c'est certain. Et dire qu'ils peuvent déjà profiter des premières récoltes et des fruits des bois. L'hiver a été rude, même pour ceux qui avaient réussi à faire quelques provisions dans leurs fermes. Le rouquin annonce que Mathilde aurait dû mourir assez rapidement, ça ne la surprend qu'à moitié. Une fois encore, elle chérit l'instant où elle a accepté de donner le nom de Jocelyn, lui qui se trouve maintenant devant la porte, prêt à en découdre. Fulgence dit qu'il l'a observée, sur le chemin de Sarrant, mais elle n'en croit pas un traître mot. Il ne serait pas sorti de sa cachette pour la sauver d'un fangeux en exploration à la faveur de la nuit montante.


Le soupire de Fulgence ne lui échappe pas. Bruyant. Parlant. Au moins autant que ses mots. Il termine comme il le fait toujours, avec des menaces. Comme si elles étaient nécessaires. Comme si c'était la seule façon pour lui de s'en tirer. Il avait fini par la relâcher sans qu'elle ait eu à prononcer la moindre menace. Finalement, Mathilde, qui jusqu'ici n'a rien manqué de l'échange entre le rouquin et son finalement-pas-si-allié-que-ça fait quelques pas, dépose l'arc et le carquois de Jocelyn contre le cadre de la porte et se place entre les deux hommes.

- Uldège... elle ne peut s'empêcher de sourire. La situation est tendue, on ne peut plus tendue, et à deux doigts d'exploser. A moins qu'elle ne récupère l'attention de ces messieurs. Jocelyn... Elle se place de sorte de pouvoir les regarder l'un et l'autre, à tour de rôle. Des morts, j'en ai vu des centaines à Marbrume. J'ai vu des fangeux aussi. Beaucoup de fangeux. Des fangeux qui sautent, des fangeux qui égorgent, des fangeux qui extirpent les boyaux des ventres d'être humains. Des morts, j'en ai fait aussi. J'en ferai d'autre si besoin en est. Mais pas aujourd'hui. Sa voix est calme, posée. Mathilde a changé depuis la dernière rencontre avec Jocelyn. Elle a tué, à plusieurs reprises, des hommes venus sur sa terre pour la voler. Elle a frôlé la mort et dansé avec la Fange, et si ses nuits sont peuplées de cauchemars, étrangement, les menaces du rouquin ne trouvent aucune résonance en elle. J'aimerais vous dire que je ne suis plus à un cadavre près, mais pour être totalement honnête avec vous, ce n'est pas le cas. Parce qu'à chaque mort qui tombe, la Fange se rapproche un peu plus de nous, les vivants. C'est une perspective qui m'enchante peu. Alors évitons de nous entretuer, aujourd'hui, demain et dans les prochaines semaines et voyons comment nous pouvons collaborer, sans menaces ni blessure inutile.

Mathilde tend sa main valide vers Jocelyn pour l'inviter à revenir avec eux, dans la grange. Qu'il la saisisse ou non, qu'il regagne sa place ou non, elle poursuit.

- Tes gars ont leurs limites, Uldège. Tes menaces aussi. Mais puisque tu ne marches qu'à ça, je peux moi aussi t'en étaler. "Tes gars" crèvent de faim et s'affaiblissent. Tes ressources ne sont pas inépuisables, et quand deux ou trois d'entre eux auront été abattus, penses-tu réellement qu'un quatrième soit assez con pour tenter le coup? Ma mort ne changera rien à la tienne. Ils t'oublieront, trop occupés à survivre. A moins que je ne conclue un accord avec l'un d'eux... ce qui serait encore pire pour ton égo. Évidemment tu n'en saurais rien, puisque tu serais mort. Elle n'a pas cillé. Son regard est franc, froid, mais elle n'élève pas le ton. Là encore, elle est factuelle, et elle sait qu'il y a de fortes chances qu'elle ne se trompe pas. Elle peut marchander sa vie contre de la nourriture, la nourriture est l'une des valeurs les plus importantes pour les bannis. Elle reprend, après un instant de silence qui permet aux deux hommes d'enregistrer les informations. Maintenant que j'ai toute ton attention, Uldège, voici pourquoi je suis venue au lieu de t'envoyer une petite troupe armée. Je veux que mon nom circule parmi les bannis.

Moment de silence. Mathilde sourit. Debout, bien campée sur ses pieds, elle semble détendue. Elle l'est, en vérité. Si la violence est un monde qu'elle évite à tout prix, celui de la négociation commence à lui plaire. Au point où elle en est, de toute façon, elle n'a rien à perdre à part la vie... ce qui finira bien par arriver à un moment ou un autre.

- Protégez ma ferme en n'y mettant plus les pieds pour la dévaliser, et je m'occupe de fournir Jocelyn avec quelques petites choses indispensables, mais ô combien difficiles à trouver. Comme ce que je vous ai amené aujourd'hui. Elle se tourne vers Jocelyn. Elle sait qu'il appréciera son idée. C'est un agriculteur, lui aussi, il voit donc plus loin que la production consommable dans l'immédiat. Il se préoccupe probablement de la conservation. Elle lui sourit. Encore faut-il que le gamin ne soit pas parti avec le cheval. Évidemment, il va falloir que je sois convaincue que vous puissiez, tous les deux, vous assurer que vos amis ne cible plus mes installations. J'ai cru comprendre que tu n'étais qu'un pion, Uldège, à la solde de quelqu'un que tu crains. ajoute-t-elle en se tournant vers le rouquin. J'ai beaucoup pensé à mon charmant petit séjour dans ta garçonnière, aux attitudes que tu avais, au ton de ta voix. J'ai pas l'impression de parler à un chef. Quelqu'un qui se soucie des siens, oui, mais pas un chef. Et puis j'attends encore tes excuses, Uldège. Tu m'as dit que tu étais là pour négocier ton pardon, je n'ai rien entendu à ce sujet. Jocelyn ne peut décemment pas te tuer avant que j'aie entendu des excuses sincères sortir de ta bouche. Encore faut-il que tu sois capable d'être sincère. Elle plissa les yeux. Y a-t-il une once de sincérité en toi, Uldège?
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyJeu 30 Jan 2020 - 7:38
- Très sincèrement, que tu acceptes ou refuses le combat ne changera pas grand chose pour moi. La finalité sera la même, de toute manière.

Je ne me réjouis même pas de sa future mort, je ne suis pas un assassin, même s'il me plait qu'au village on le croit. Après tout, c'est aussi ma réputation qui fait que je suis toujours vivant. Si je leur apparaissais comme faible ou inutile, ils m'auraient déjà fait la peau, le Goupil en premier. C'est l'inconvénient, quand on vit en haut, les autres veulent notre place. Mais la suite de son "discours d'adieu" me laisse un temps sans voix...

- Tu es extraordinaire, Fulgence. Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer. On a beau te mettre le nez dans ton propre caca, tu continues de nous expliquer que c'est du gâteau. Mais t'es vraiment le roi des cons, ma parole !

Insulter quelqu'un est rarement une bonne idée, ça peut l'énerver. Mais bon, comme j'ai annoncé mon intention de le tuer et que je me suis engagé dans un combat à mort, sa sensibilité, je m'assois dessus. Je ne le quitte pas du regard, prêt à frapper dès qu'il marquera une velléité de descendre de son tonneau, mais je m'adresse désormais à Mathilde.

- Sais-tu, Mathilde, quel était son objectif ? Se servir de toi comme monnaie d'échange pour faire chanter des nobles, soit contre du matériel, soit contre de l'or. L'or, cette denrée magnifique. Quand il aura faim, il pourra toujours se mettre une pièce dans le cul pour qu'il soit nourri, j'imagine. Comme si des nobles en avaient à faire d'une fermière. A leurs yeux comme aux tiens, Fulgence, elles sont interchangeables. Que comprennent-ils aux compétences ? Quand bien même ils auraient cédé, et là je pouffe, j'essaie d'imaginer comment il aurait rapporté boucliers et lances, ou chevaux, ou armures, ou tonneaux de vin, jusqu'au village. Avec tes tous gros bras, Fulgence ?

Mon regard est mauvais et je n'en suis pas conscient. Rarement quelqu'un m'a énervé autant.

- Oui, mon Fulgence, des gens meurent au village, parce qu'on manque de tout. Toi, tu réfléchis à court terme. Tu veux du noble, des sous. Mais à quoi cela nous servira-t-il ? La neige cessera-t-elle de tomber en hiver ? Les réserves se conserveront-elles ? Nos armes et nos vêtements seront-ils meilleurs ? A la différence de Mathilde, tes nobles peuvent monter une armée pour nous combattre, c'est la seule valeur qu'ils ont. Mais pour le reste, avec quel vin fêteront-ils leur victoire si plus aucun raisin ne pousse ? Avec quelles céréales nourriront-ils leurs chevaux, si aucune céréale ne pousse. Avec quelles armes et quelles armures se protégeront-ils de nous si aucun forgeron ne les prépare ou les répare ? La clé de la survie, ça n'est pas les riches, ce sont les artisans. Tu tombes sur une fermière, tu apprends qu'elle est liée à moi et tu la prives de sa force de travail ? En période de récolte ? Dis-moi, tu serais tombé sur un forgeron, tu lui aurais tranché la main pour l'obliger à te forger une arme ? Non, parce que j'essaie de saisir ta logique...

Il me parle de mon approbation, du fait qu'il se moque au fond de mon avis.

- Ce n'est pas le respect qui t'a mené vers moi mais la peur, car tu sais que je sanctionne de façon définitive. Dois-je te rappeler le sort de celui qui a menacé Grisold ? Déjà là, j'aurais dû comprendre que tu ne savais pas réfléchir. Des rouquins idiots, il n'y en a pas des centaines au village, je t'aurais rapidement identifié. On ne touche pas au lien extérieur d'un autre banni, cette règle est connue de tous. Mais plutôt que venir me dire : "J'ai intercepté des personnes sur la route, dans le lot se trouvait ta fermière. J'ignorais son identité. Elle est repartie blessée mais vivante, je suis désolé." J'aurais acquiescé et puis voilà. Mais non, tu as voulu te mêler des échanges qu'on a, elle et moi. Tu as voulu m'expliquer, à moi, un terrien, ce qu'il convient de demander à une terrienne ? Tu as voulu m'apprendre que la peur qu'on instille est plus efficace qu'une collaboration intelligente où chacun protège l'autre ? Et tu l'obliges à s'exposer, ce qui devrait lui valoir une condamnation à mort par les siens si ça devait se savoir ? Tu brises mon lien et tu te fous de mon avis ? Entre un être idiot qui détruit le travail de ses pairs et une alliée externe qui m'aide à nourrir mes pairs, qui dois-je conserver, qui dois-je supprimer ? A ton avis ?

Sa dernière arme, la menace, tombe dans l'oreille d'un sourd.

- Alors, comme ça, tu ne sais même pas où est sa ferme. Donc tu ne sais même pas qui est sur place pour y travailler, qui sont ses voisins, si la milice est proche, si elle a des gens et s'ils savent se battre ? Mais tu es convaincu que dans tout le Labret, ils parviendront à la repérer et la tuer ? C'est un joli pari... La menace est permanente sur nous. Je galope dans les Marais depuis avant le bannissement, avec la Milice aux trousses car avant d'être banni, j'étais braconnier. Je vis dans un village où les gens rêvent de ma place et songent à me tuer. Elle, elle a quitté les murs protecteurs de Marbrume pour cultiver malgré la Fange, les pirates et les bannis. Et tu penses qu'on va avoir peur de tes trois péquenauds qui voudraient venger ta mort ? Mais mon brave Fulgence, si tu fonctionnes avec eux comme tu fonctionnes avec ma "princesse", ils seront ravis de ta mort. Possible même qu'ils viennent la trouver pour partager une tarte. Quant à la traîtrise... Je rentre, sans doute pas les mains vides, je vais voir qui de droit et je lui dis "j'ai éliminé Fulgence, il a nui à mon lien extérieur et a voulu me le voler", je doute fort qu'on m'en fasse le reproche. Peut-être qu'une personne ou deux te regretteront mais je ne veux pas te rendre triste. Personne ne te regrettera. Ni me regrettera moi quand je commettrai ma première erreur.

L'heure de sa mort a été assez retardée, il sait pourquoi il passe de vie à trépas. Et s'il ne l'a pas compris, c'est qu'il est encore plus con que ce que j'imaginais. Mais la voix de Mathilde interrompt mon geste.

- Fulgence d'Uldège, le banni qui se voulait noble... Belle épitaphe...

Elle nous parle à tous deux des événements de Marbrume et m'explique que c'est pour cela qu'il ne faut pas que je tue le Goupil. Je me renfrogne.

- Je sais qu'on nous accuse de tous les maux, mais nous n'avons rien à voir avec les événements de Marbrume. Même si certains s'en sont réjouis, y voyant là un juste retour des choses après le sort que votre Duc nous a fait subir.

J'ignore encore qu'il s'est fait nommer Roi, mais pour moi ça ne change pas grand chose. Les bannissements sont une horreur, même Mathilde en est consciente. J'écoute la négociation entamée par Mathilde et je me ferme un peu.

- Personne de chez nous n'a attaqué ta ferme, et que je sache, si tu as failli perdre la vie, c'est sur la route, pas dans ta ferme. Histoire de dire que j'ai rempli ma part de contrat. Encore plus en venant ici. On a deux choix, garder ton lieu de vie secret en éliminant le seigneur d'Uldège, ou m'obliger à révéler que tu es mon lien extérieur, ce qui te protégera aussi. L'un dans l'autre, lui n'a rien à dire sur le sujet, on poursuit sur nos bases actuelles.

Mais laisse-moi le tuer bon sang, tu ignores nos règles à nous. Bon, après les excuses sincères du Goupil, apparemment.

- Juste pour savoir, et histoire de voir s'il en cerne l'intérêt, que m'as-tu amené ?

Amené à moi. Le Goupil n'est pas concerné et ne le sera jamais. Il faut qu'il ne comprenne. Je recule et baisse mes dagues. Mathilde m'a fait hésiter. Si je tue le Goupil et qu'elle m'en veut, je perds mon lien et il reste aussi précieux qu'il ne l'était hier.
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyJeu 30 Jan 2020 - 13:13

En toute franchise, la fermière lui plaisait bien, et cela depuis leur malheureuse rencontre. Elle avait un putain de caractère, mais elle était vaillante et douée en la négociation. Elle savait réfléchir et mettre de côté ses sentiments. Des qualités qu’il se devait de respecter et qu’il savait apprécier. Jocelyn en revanche commençait de plus en plus à animer la colère en lui. Solitaire, têtu, méprisant et que pensait pouvoir savoir mieux que tous… Décidément, cela avait été une grave erreur de penser qu’il pouvait apporter quelque chose à cette affaire. Visiblement, il n'était pas prêt à partager ce lien. Mais qui aurait pensé qu’un des six puisse être aussi coincé du cul ? Il avait de bien beaux discours, pour sûr, mais à ses yeux c’était du vent.

Malheureusement, il avait l’avantage. Déjà allié avec elle et au vu de ses propres actions, il était naturel qu’elle place sa confiance en lui. Et le pire était sans doute que Rowan commençait à placer davantage de confiance en la fermière qu’en à son supposé allié. Il ne pouvait compter que sur celle-ci pour s’en sortir, mais aussi avancer. Un traître, voilà ce qu’était devenu l’un des six à ses yeux. La pire vermine qu’on pouvait alors retrouver au sein de la guerre.

« Sincérité, hein ? »

Rowan ne cacha plus sa colère, l’exprimant pleinement dans son regard à l’encontre du fauconnier. Ses muscles étaient tendus, car désormais tout pouvait exploser à la moindre occasion, et il n’était pas du genre à se laisser faire si facilement. Prêt à prendre les armes, mais surtout à éviter les flèches si nécessaire, la conversation lui avait laissé de temps d’analyser le terrain. La première chose serait certainement de se laisser tomber en arrière et compter sur la couverture du tonneau, la seconde prendre ses distances, peut-être appeler renfort… appeler à la fange ou au banni… Peu importe.

« J’commence à me demander si tu poses la question à la bonne personne, princesse. »

Sa mâchoire était serrée.

« De l’or ? Me fait pas rire. Jamais, je me suis intéressé à pareille connerie et la fermière doit le savoir autant que moi. »

Après tout, ils avaient partagé en grande partie son plan initial avec elle, le fameux jour de leur rencontre et c’était ainsi qu’elle avait négocié sa liberté. Clairement, Jocelyn essayait de le faire perdre encore plus en crédibilité pour que la fermière l’autorise finalement à l’achever. Et visiblement, il avait besoin de piètre mensonge pour y parvenir…

« Tu sais quel est ton problème, Joce’ ? T’es un putain de solitaire qui ne pense qu’à ton cul. Tu penses tout savoir mieux qu’tout le monde, mais la vérité, c’est tu sors jamais vraiment de ton’trou, alors tu n’sais rien. »

Pas malin de provoquer celui qui avait la flèche, me direz-vous. Mais la patience du Renard avait ses limites et le fauconnier était allé beaucoup trop loin. De plus, ce n’était pas comme s’il perdait réellement grand-chose à l’insulter désormais, étant donné qu’il semblait tout à fait convaincu à le tuer.

« Aucun danger tu dis ? Tu penses vraiment être le seul à t’aventurer si loin ? On a conclu un marché, et je n’ai pas oublié ta demande en échange, princesse. » Il posa brièvement un regard sur elle avant de continuer. « Celui qui refuse de coopérer n’est pas moi. La vérité c’est qu’il n’a personne sur qui réellement compter… et refuse de partager ses ressources, alors qu’il est évident que s’entraider serait la meilleure des solutions… Oh évidemment, il a un brin d’influence en ce moment, mais aucun réel allié et il finira en traître s’il continue ainsi. »

Malheureusement, le fauconnier préférait travailler seul, non, il ne savait faire que cela. Il aurait parlé de ses projets, demander de l’aide bien plus tôt pour que ceux-ci prennent une envergure bien différente, mais non… Encore aujourd’hui, il préférait défendre ses propres intérêts.

« Tu me parles de lien… mais t’es-tu seulement une fois demandé des liens que pourrait perdre le village sans moi ? Tu penses vraiment être le seul à avoir des ressources, ici ? Je passe mon temps dehors dans les bourgs et villages à récupérer outils, marchandises et informations et tu penses vraiment que je n’ai rien à protéger non plus ? Tes nobles sans valeur, comme tu dis, forment un ordre d’artisans, du con, et ont donc toutes les ressources nécessaires à la négociation et si tu me crois pas, alors peut-être que ta protégée pourrait mieux t’éclairer… et pour ce qui est de la guerre, peut-être que tu n’as pas remarqué, mais on déjà toute la milice au cul. »

En clair, ils étaient déjà en guerre avec pratiquement 90% de la population restante alors il pouvait bien garder ces excuses.

« Et tu penses sincèrement que je suis capable de pister une fermière, connaitre ses relations, mais ne rien savoir de sa ferme ? » Sérieusement, il avait des limites à le prendre pour un con. Sa marque l’avait rendue reconnaissable en dehors de sa ferme et donc sur les routes également. « Et pour le butin, pitié, ne t’en soucie pas… car contrairement à un ‘tain d’égoïste dans ton genre, j’ai d’autres bras sur qui compter en plus de pouvoir aisément trouver des lieux de stockage. »

Sans plus attendre, le rouquin descendit de son tonneau au risque de se prendre une flèche bien placée à un moment donné. Prêt à l’éviter au mieux bien dans le pire des cas, il se tourna après coup à l’encontre de la fermière avant de s’agenouiller exaspéré.

« Rowan Delcroix, je suis un ancien soldat et mercenaire du Royaume, condamnée au bannissement pour insubordination à l’encontre de votre nouveau Roi. Évidemment, j’ai fait des actes bien pires depuis. Je m’occupe aujourd’hui principalement de l’attaque de convoi et de cible en tout genre, mais aussi de la sécurité du village, la majorité sous les ordres d’un autre chef. »

Elle voulait de la sincérité, non ? C’était là sa manière de lui en accorder en divulguant pleinement son identité, du toute manière, il n’avait plus grande chose à perdre. Aussi, évidemment, il préférait qu’elle sache exactement qui elle allait faire tuer ou épargner.

« Ton enlèvement a été néanmoins mon idée afin que je puisse atteindre l’ordre d’une manière ou d’une autre. Si l’ordre ne répondait pas favorablement à ton enlèvement, j’avais pour but de t’exécuter comme premier avertissement et continuer jusqu’à avoir leur attention. »

Extrême, il voulait bien l’accorder, mais Rowan menait une guerre ouverte à la société actuelle et cela avec le soutien de Kanna, ceci étant l’objectif principal de la guide, que cela plaise ou non au fauconnier.

« Tu as su profiter de la situation à ton avantage et négocier seule ta remise en liberté. Tu as visiblement aussi plus d’un tour dans ton sac… Et je respecte ses qualités. Je ne regrette pas mes actes. Mais je regrette de ne pas avoir pu échanger avec toi dans d’autres circonstances, car tu vaux bien plus qu’un simple pion. Peu importe ce que en dit, Jocelyn, je n'avais pas mauvaises intentions... et suis venu te rassurer. Mais comme t'as pu l'remarquer, nous ne partageons par les mêmes points de vue et il est celui à qui revient la décision.»

Il se doutait évidemment qu’il était difficile désormais de le croire sur paroles. Il était toutefois prêt à démontrer sa détermination et pour ce faire, il retira lentement l’un de ses gants.

« Je demande donc ton pardon. Et espère que tu puisses garder des ententes cordiales avec les nôtres. Puisses-tu aussi apaiser ta colère en m’infligeant blessure similaire si cela est nécessaire. »

Pour l’heure, il n’envisageait évidemment plus de pouvoir marchander avec elle, laissant la tâche à d’autres. Et en attendant, il lui laissait l’opportunité de lui faire subir une blessure, reste à connaître sa sentence.






Dernière édition par Rowan Delcroix le Ven 31 Jan 2020 - 21:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyJeu 30 Jan 2020 - 21:57
Jocelyn a clairement envie de défier Adalbéron, pour des raisons qui échappent complètement à Mathilde. Et ce qu’elle voit et entend ne lui plait pas. Les deux ennemis sont incapables de se parler sans se provoquer. Comment pourraient-ils travailler ensemble pour elle? Et surtout, lequel survivra à l’autre? Mathilde le sent, elle ne devrait pas s’impliquer dans cet affrontement. Elle devrait sagement les laisser s’entretuer, puis négocier avec le survivant. C’est ainsi que fonctionne le monde depuis la Fange. Mais Mathilde ne serait pas Mathilde si elle ne fourrait pas son nez dans une affaire qui la dépasse pour tenter d’apaiser les choses. Parce qu’en dépit de la marque qui ornera pour toujours la paume de sa main, en dépit du sentiment d’abandon que le masqué a laissé derrière lui lorsqu’il a quitté sa chaumière, elle n’est pas la pour assouvir une vengeance quelconque mais bien pour essayer de suivre la mission qu’elle s’est donnée : apporter son aide à tous ceux qui en auront besoin.

Jocelyn expose le plan d’Adalbéron, plan qu’elle connaissait. Il lui en avait fait part, lors de leur rencontre, du moins en grande partie. Elle savait qu’elle n’était qu’une monnaie d’échange sacrifiable sur l’autel de l’intérêt des bannis. Elle savait qu’elle serait éventuellement tuée, et son intention était de simplement repousser l’échéance suffisamment longtemps que pour que se sortir de ce guêpier. S’arranger pour que Jocelyn soit au courant n’était que la première étape, improvisée, dans sa course à la survie. Avertir Alcide, lorsqu’il l’avait ramassée sur la route, était la deuxième étape. Jusque-là, Mathilde n’apprend rien de neuf. Là où les choses se corsent, c’est quand Jocelyn remet en question le plan du rouquin. Elle comprend alors qu’il a cherché à profiter du lien qu’ils avaient établi, à la ferme, pour tenter d’en obtenir plus. Évidemment, il s’est adressé à la mauvaise personne : le masqué est encore plus protecteur qu’elle ne le pensait. Jaloux?

Ce qui devait arriver arriva. Le ton de la voix d’Adalbéron se fait plus grave, plus froid. Mathilde ne le connait pas depuis longtemps mais le peu de temps qu’ils ont passé ensemble lui a suffi à saisir presque l’ensemble des intonations de sa voix. Il ne manque que la tendresse et la chaleur de ceux qui sont encore capables d’aimer. Il n’en fait clairement pas partie, selon elle. Mais ce ton qu’il emploie, là, maintenant, en s’adressant à Jocelyn, est celui qui annonce la colère. Son regard en est empli. Elle l’a vu à plusieurs reprises dans la cave, alors qu’elle le poussait toujours plus loin dans ses retranchements. Elle a vraiment joué avec sa vie.

Adalbéron répond à Jocelyn par la provocation. Cet homme n’a rien à perdre d’autre que sa vie. Il a déjà perdu le reste. Son seul souci est ce que les autres perdraient avec sa disparition. C’est la deuxième fois qu’elle a l’impression qu’il s’inquiète sincèrement du sort des autres bannis. Comme Jocelyn. Chacun à sa façon travaille pour le bien de leurs protégés. Mais ni l’un, ni l’autre, ne semble accepter ce point commun. Mathilde garde le silence. Cette discussion à laquelle elle assiste lui apporte beaucoup trop d’informations. Elle a maintenant la confirmation de l’existence d’un village de bannis, d’une organisation plus ou moins hiérarchisée, de règles et de lois. Jocelyn semble y jouer un rôle important, Adalbéron fait de son mieux pour l’égaler dans la hiérarchie sans y parvenir. Le premier, solitaire par la force des choses, passe pour un égoïste. Le second, qui dit avoir tissé des liens, sans doute sous la menace, et passe pour un dissident. Les deux sont fiers, peut-être avec raison. Mathilde se sent mal à l’aise. Elle en sait beaucoup, tout à coup. Trop. Ça la met dans une position plus fragile.

Adalbéron finit par bouger, se lève, visiblement sur ses gardes, et se tourne vers elle pour… s’agenouiller ?! Mathilde hausse un sourcil. Rowan Delcroix… Doit-elle croire ce qu’il lui dit, sur ce ton exaspéré? Insubordination à l’encontre de votre nouveau roi… Ça a le mérite d’être très cohérent avec ce qu’elle croit avoir saisi de sa personnalité. Un dissident. Elle en rirait si le moment n’était pas si tendu. Il continue à l’informer. Bon sang, faut-il vraiment qu’elle leur dise à quel point ils parlent beaucoup trop, tous les deux? Encore un point sur lequel ils se ressemblent. Mathilde sait maintenant que certains bannis se répartissent des secteurs d’activités, lesquels sont sous les ordres de plusieurs chefs.

- Me rassurer? Adalbéron… Elle avait bien entendu le nom de Rowan, mais comptait poursuivre ce gentil jeu dont le seul but était de taire son identité … je n’ai pas besoin d’être rassurée. Évidemment je suis heureuse de te savoir en vie, Jocelyn… dit-elle à l’attention du fauconnier, posté un peu plus loin. Elle prend même le temps de lui adresser un vrai sourire, qui ne vient que confirmer ce qu’elle vient de dire. Heureuse et soulagée. Son sourire s’efface alors qu’elle reporte son attention sur le rouquin, toujours agenouillé. Elle fait un pas, puis un autre, s’approche de lui… mais je n’ai pas peur de toi, Adalbéron. Tu ne l’as pas encore compris, hein? J’ai eu froid, j’ai eu mal, je suis encore épuisée, mais la peur… la peur a été tellement intense à Marbrume que celle qui tu pourrais m’inspirer est totalement insignifiante. Et inutile, je te l’ai dit, dans ta garçonnière. Là-bas, dans les marais, elle s’était sentie vide. Les émotions avaient mis du temps à sortir. La terreur ressentie les jours précédents avait eu raison d’elle. La seule chose qui l’avait poussée à ne pas baisser les bras et à trouver des solutions pour s’en sortir avait été ce besoin physique de retrouver sa terre.

Rowan, agenouillé, ôte son gant et tend la main pour qu’elle puisse le marquer. Mathilde regarde longuement cette main, qui a effleuré sa peau quelques jours plus tôt. Qui l’a frappée. Qui a saisi son poignet pour brûler sa paume. Tremble-t-il? Peut-être. Tranquillement, elle porte la main à sa dague et dégage légèrement la lame de son fourreau.

- Notre lien n’est pas brisé, Jocelyn. Je suis désolée d’avoir invoqué ton nom. Je pensais sincèrement que cela te vaudrait des ennuis, et de toute évidence, je ne me suis pas trompée puisque l’un des tiens te considère comme un traître. Je l’ai retenu autant que j’ai pu, tu sais. J’ai même pensé à d’autres que toi, mais à eux aussi je leur ai promis ma protection. Je me suis dit que tu serais le seul capable de survivre à Adalbéron s’il décidait de menacer ta vie. J’espérais que tu sois là aujourd’hui, ne serait-ce que pour te savoir vivant. Tu es important pour moi, tu le sais. Mathilde parle sans même quitter la main de Rowan du regard. Elle ne précise pas si Jocelyn est important pour la protection qu’il lui apporte ou si c’est en tant qu’ami. Elle espère qu’il comprendra que c’est de son amitié dont elle parle. Une façon pour elle aussi de lui dire qu’elle ne lui en veut pas, et qu’il reste le bienvenu dans sa vie. Depuis ta dernière visite, je me suis engagée auprès de l’Ordre. Il est dirigé par des nobles mais travaille essentiellement pour le peuple. Des services, du travail, de la nourriture, des biens matériels. L’Ordre rebâti ce que la Fange a pris au peuple, et ce que le Roi ne daigne pas lui rendre. On peut ne pas aimer les nobles, mais en ciblant l’Ordre, les bannis ciblent les seules personnes qui se soucient des petites mains que sont les paysans et les artisans. Détourner les convois de l’Ordre, c’est empêcher la distribution de victuailles auprès des familles des Faubourgs, ou la construction d’une grange qui abritera des travailleurs venus exploiter une terre à son plein potentiel, comme c’est le cas chez moi. Mon rôle est de les former. La vieille grange reste accessible à toute personne ayant besoin d’un refuge pour la nuit. Mais plus sa chaumière, à moins que d’être extrêmement discret, un risque que peu de gens sont prêts à prendre. Au printemps, il y a eu du passage sur ma ferme. Sa voix est calme, comme ce qu’elle dégage. Son regard rejoint celui de Rowan. Trois bannis sont morts pour ne pas avoir respecté mes règles. Ceux qui ont eu la bonne idée de respecter les lieux savent qu’ils pourront revenir.

Mathilde dégaine maintenant sa dague. Elle est si proche du rouquin, il lui suffirait de tendre le bras pour l’égorger proprement. Façon de parler. Elle sait que ça éclabousse, elle saigne un porc chaque année après tout, y a pas de raison que ça soit différent. Et puis elle a vu des gorges humaines se vider à Marbrume. Elle regarde le visage de Rowan. A-t-il peur, alors qu’elle promène la pointe de son arme dans l’air pour y tracer les contours de sa joue. Voyons voir où la lame pourrait-elle faire son œuvre?

- Rowan m’a demandé d’être convaincante. J’ai d’abord pensé à des quantités astronomiques de nourriture, mais le problème reste qu’elle ne moisisse pas sur le trajet. C’est ce problème qui m’a inspirée, parce que je sais que tu saisiras la valeur de ce que je vous dépose. Il y a quatre livres de sel dans une oule. Vous pourrez l’utiliser comme marmite ou comme stockage. On peut aussi se partager un petit bout de pain avec du formage, si vous avez faim. Moi j’ai faim. De qui faut-il avoir peur, en ce moment? Des deux bannis, sur le point de s’arracher la tête, ou de la fermière qui vient d’en faire agenouiller un tout en persuadant l’autre de remettre son exécution à plus tard? Mathilde a un petit sourire moqueur. Il y a surtout tout ce qu’il vous faut pour monter un séchoir. Il n’est pas énorme, parce que vous devez pouvoir le déplacer régulièrement, mais une fois monté il vous permettra de laisser sécher les récoltes pour mieux conserver vos aliments. J’ai aussi eu une autre idée, mais avant tout, nous avons deux choses à régler.

La lame se promène maintenant sous l’œil droit de Rowan. Mathilde appuie à peine lorsqu’elle arrive à hauteur de l’os, même pas de quoi y laisser une trace. Tu m’offres une vengeance sur un plateau d’argent. N’importe qui en tirerait profit. Il en est conscient. Lui-même ne se gênerait pas. Mathilde retire la lame du visage du banni et la rengaine dans son fourreau, à sa ceinture. Je ne suis pas n’importe qui, Rowan. Te blesser ne me guérira pas et ne m’apportera rien de plus qu’une satisfaction passagère. Je suis désolée, je ne parle pas ton langage. Le tien est celui de la peur et de la vengeance, le mien est celui de l’entraide et de la clémence. Mathilde glisse sa main dans celle de Rowan et, au lieu de la serrer, poursuit jusqu’à son poignet pour le saisir. Je ne peux pas te pardonner pour ce que tu m’as fait. Mais ça ne m’empêchera pas de travailler avec toi, si tu survis à Jocelyn. Elle tire légèrement sur le bras de Rowan pour l’inviter à se relever. Mathilde est incroyablement paisible, comme si les quelques mots qu’elle venait de prononcer suffisaient à apaiser la rancune qu’elle nourrissait jusque là à l’égard du banni. Elle le relâche enfin et le regarde. Voilà, semble-t-elle lui dire, ne me fais pas regretter d’avoir fait preuve d’humanité, d’accord?

Elle recule, et rejoint Jocelyn. Pas qu’elle n’ait pas confiance en Rowan, mais elle préfère s’éloigner de la possibilité de devenir un bouclier humain. Quand la situation est désespérée, certains êtres humains ont la fâcheuse tendance de poser des gestes tout aussi désespérés.

- Pour ma part c’est réglé murmure-t-elle au fauconnier. Je ne connais pas vos lois, je ne sais pas comment vous fonctionnez, mais je ne réclame pas justice. Je sais seulement que si vous réussissiez à travailler ensemble, vous seriez redoutables d’efficacité. Vous déployez tous les deux des efforts considérables pour la survie des mêmes personnes. Et dans peu de temps, le nombre de vos protégés risque d’augmenter. Ce n’est pas le moment d’avoir des tensions dans votre groupe. Règle-les à ta manière, mais sois sûr que ta façon de faire soit sans conséquences pour toi et les tiens. Mon lieu de vie n’a rien de secret, Jocelyn. A cause de l’Ordre, je deviens une cible de choix. Je pourrais invoquer leur protection, mais je préfère utiliser ces nouveaux liens pour aider tout être humain encore en vie dans ce monde. Aide-moi à continuer à vous aider, s’il te plait. Elle l’embrasse sur la joue et sourit. Bonjour, mon ami. La suite t'appartient.
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptySam 1 Fév 2020 - 20:18
- Je sais pour les domaines que je maîtrise. Je sais travailler la terre et faire pousser de quoi nous nourrir. J'ai même appris à cacher mes plantations pour qu'un gars qui passe par là pense que ce sont des pousses sauvages. Je sais chasser avec un faucon, avec un arc, suivre une piste, voir sans être vu. je sais tuer en silence, survivre dehors, survivre à la civilisation, survivre aux miens. Je sais retirer des peaux, séparer la viande de ce qui la rend toxique, reconnaître certains poisons. Je sais courir sans bruit, grimper aux arbres, grimper des falaises, écouter le vent, deviner si le temps va se couvrir et quand. Je sais reconnaître une fermière douée d'un fermier qui n'a pas l'amour du métier. Je sais écouter la terre et rester immobile des heures durant. Je sais même traverser les marais avec une patte folle de Marbrume jusqu'au village. Si, Fulgence, il y a des choses que je sais.

Je n'ai plus besoin de m'énerver, je suis au-delà de ça. Le sang qui coule dans mes veines est froid. C'est celui qui m'anime quand je sais que ma décision est la bonne. Je dormirai bien. J'ai presqu'évité de lui dire que tout accord passé avec elle n'avait aucune valeur, mais visiblement, il ne comprend toujours pas pourquoi il est mort.

- Ton accord avec elle n'a aucune valeur...

Calme, toujours. Ce qui, forcément, va l'énerver encore plus. Et ça ne loupe pas. Il dit que je n'ai aucun allié et que je passerai pour un traître. Je souris. Il parle de mon influence, j'acquiesce.

- Oh, le butin est le mien. Aucun de tes bras n'y touchera. Pas plus que toi, forcément... Et je stocke chez moi, parce que le stockage, ça ne se fait pas comme ça, il y a des règles aussi pour la conservation. Mais pardon d'étaler ainsi mon savoir et de te rappeler pourquoi je ne partage pas avec toi. Tu as d'autres compétences, mais pas celles-là. Je ne suis pas sociable, je ne sais pas me fondre dans une foule. Je ne vais donc pas négocier moi même mes peaux. Tu n'es pas un terrien, tu n'y comprends rien au travail de la terre, aux récoltes, à la conservation, tu ne devrais pas t'intéresser aux fermières. Et encore moins choisir celle qu'un banni terrien a mis sous sa protection.

Cela fait combien de fois que je le lui explique ? Entre notre discussion dans ma cahute et celle qui nous anime ici, ça doit bien faire une dizaine. Mais la suite me surprend, et pas qu'un peu. il se présente sous sa vraie identité, du moins celle qu'on lui connaît du côté des bannis, même s'il me plait de le nommer par son pseudo : le Goupil. Pseudo qui m'amuse, le renard est perçu comme un animal intelligent alors qu'il n'est qu'un charognard. Dans le fond, ça lui va bien. Sauf qu'un charognard est utile... Par contre, je me permets de le corriger.

- Si ton enlèvement est bien son idée, car il faut avoir planté ses graines dans du sable pour en trouver une pareille, il est surtout dû au hasard. T'as eu la mauvaise idée de passer au mauvais moment au mauvais endroit. N'imagine pas une chasse, une étude et tout le bordel. Il a juste saisi une occasion et recoupé quelques vagues informations. Et penser faire chanter un noble qui possède un ordre confirme qu'il pense faire pousser un pommier en pleine mer...

Il présente de vraies excuses, et ma résolution vacille. Mérite-t-il d'être épargné ? Pour l'heure, la réponse est non, et ce même si Mathilde accepte ses excuses. Mais j'ai le temps de réfléchir un peu. Et Mathilde s'exprime enfin. Premier point, le lien n'est pas brisé. Et ça, bon sang, ça retire une brique de ma chausse. Second point, elle s'est bien liée à des nobles, apparemment un peu moins con que la moyenne. Comme quoi

- Comme quoi on peut encore garder foi en l'humanité, si même les nobles deviennent moins cons... Si eux y arrivent...

Un soupir en regardant sa majesté des mouches, désormais connu comme étant Rowan Delcroix par Mathilde elle-même. Tertio, elle a tué trois bannis. Bah, ça m'évitera d'avoir à le faire, mais ça m'impressionne quand même. Elle a grandi, la petite fermière. Mais je feins l'indifférence, comme si je m'en doutais. Surtout pour Rowan. Mais dans les faits, je doutais qu'elle en soit capable. Elle a le coeur bon, même s'il n'est pas étonnant que parmi les fermiers, et si Mathilde cultive, elle fait aussi un peu d'élevage puisqu'elle abat un cochon par an, on trouve des gens bons. (merci public) Et quand elle explique son "butin", Jocelyn sourit.

- Pile ce que j'aurais demandé. Ca et du fil pour maintenir les aliments en hauteur et ne pas attirer les rats. Les oules serviront pour le chou, mais si en prime j'arrive à conserver des... Oh, tu sais de quoi je parle, toi aussi tu dois manger l'hiver. Au moins, avec ça, je pourrai aider le village à tenir. Oh, et puis zut, le prochain hiver, j'y travaille depuis l'automne dernier. J'ai pu trouver des solutions pour les autres saisons, suffisamment viables. Mathilde est comme moi, elle réfléchit sur le long terme. Ses plantations d'automne, elle les prépare l'automne précédent, pareil pour les autres saisons. C'est ça, être terrien, c'est prévoir longtemps à l'avance. C'est pour ça qu'on se comprend, elle et moi, et que toi, tu ne me comprends pas. Si je montre mes plantations à tout le monde, vous me les détruirez. Sans même penser à nuire, mais par maladresse. Parce que vous aurez faim, parce que, juste un légume, c'est pas important. Parce qu'une graine, qui en tient compte. Ben, c'est justement ça qui est important. C'est pour ça que je bosse seul. Parce que dans ces domaines, je sais et vous ne savez pas. Je partage avec ceux qui savent un peu. Et que si le village doit avoir faim aujourd'hui pour que dans un an, on ait de quoi manger un mois, je préfère que vous ayez faim aujourd'hui et vous choisirez de manger aujourd'hui, parce qu'un an, c'est trop loin.

Ce discours, Mathilde le comprendra. Il ne se pose même pas la question. Elle m'expose la nouvelle donne. Elle veut toujours aider. Alors je dois lui expliquer.

- Si des bannis sont passés sur ton terrain, c'était sans doute pour aller du côté des Ventfroid. Sinon, d'autres fermes étaient plus faciles à cibler. Comme je te l'ai dit à l'époque, si j'ai choisi la tienne, c'était pour avoir le temps de repérer les bons plants et de pouvoir travailler les bonnes graines. Dans des cultures sauvages, car tu te doutes que je ne peux pas biner ou arroser au milieu des marais et des fangeux, ce sont des graines vigoureuses qu'il me fallait. Et donc je devais pouvoir étudier les plants sans trop craindre les patrouilles. Donc aller là où en théorie on n'attaquerait pas, ni nous bannis, ni les pirates. Bon, restaient les brigands, mais je devais diminuer les risques. Mais maintenant que d'autres bannis sont passés par tes terres et qu'il t'a fallu communiquer mon nom, je peux t'expliquer une des règles de base des bannis. Et Rowan l’interprète mal. Et je suis son supérieur dans notre hiérarchie à nous. Je suis une sorte de noble guerrier, pour voir large. Lui serait plutôt un milicien. Pourri, mais milicien. Alors, certes, il a son sergent, mais on est quelques-uns au sommet.

Inutile de préciser qu'ils sont six et que ladite sergent est la grande chef, Jocelyn est assez important pour ne pas la craindre directement, et assez malin pour ne pas chercher à lui nuire. L'équilibre est trouvé et Jocelyn est important pour le village. Mais pas plus, dans l'absolu, qu'un Rowan ou une Isaure, pour ne citer qu'eux. Mais ça posera moins problème qu'un Jocelyn tue un Rowan que si Rowan tuait Jocelyn.

- Nous n'avons rien, ou presque, au village. Donc parvenir à troquer avec les villages voisins, enfin, avec la civilisation en général, avec des non bannis, quoi, est vital pour nous. Je vais éviter de te raconter ce que j'ai dû faire pour avoir cette gourde que j'ai à la ceinture, mais il est probable qu'un marbruméen aurait été couvert d'or et de gloire. Mais je préfère la gourde.

Le pire, c'est que c'est vrai. Escorter une ennemie au travers de terres hostiles jusqu'à ce qu'elle soit en sécurité, ça tient de l'exploit. Mais personne ou presque ne connaît l'histoire, sinon l'intéressée, et un peu Isaure, sans les détails.

- Alors, quand un banni arrive à nouer un lien avec un non banni, il en devient responsable. Parce que ce lien, si on sait qu'il aide les bannis, finira sur la potence. Tu le sais, je le sais, Rowan le sait. Ce lien est en danger de mort, juste parce qu'il a accepté de nous aider, et que ça soit de gré ou de force n'y change rien. Si on sait que Rowan fait des trocs avec Raoul du village d'Usson, et j'espère qu'aucun Raoul ne bosse à Usson, et qu'on a besoin de troquer un truc avec ledit Raoul, la règle veut qu'on en parle d'abord avec Rowan. Et il nous dira "tu peux aller le voir" ou "tu ne peux pas", ou "je préfère y aller moi même". Pourquoi ? Parce que tout nouveau contact entre un banni et un non banni met en danger le non banni. Tu es mon lien, Mathilde, tu es sous ma protection. Et lui n'a aucune décision à prendre. Toutes, te concernant, doivent être validées par moi. Si un banni met un lien d'un autre banni en danger, la sanction peut être terrible. Le bannissement, et pour un banni, c'est lourd de perdre son dernier lieu de vie en communauté. Ou la mort, qui finalement est moins pire, si on y réfléchit bien.

Rowan et Mathilde doivent comprendre à quel point ça pue pour le Goupil. Mais je ne suis plus dans une colère froide. Et cela peut offrir quelques espoirs.

- Rowan fonctionne en meute. Cela offre une certaine sécurité, chacun protège l'autre, les résultats sont meilleurs, s'ils croisent une patrouille de milicien, ils ont une chance, et caetera. Mais ça multiplie les risques aussi. Ca n'est pas forcément discret, ça multiplie les contacts et le risque d'être surpris. Moi, je suis un solitaire. Lui "partage" ses liens et m'aurait volontiers intégré à sa meute, j'pense même qu'il m'en aurait laissé le leadership. Mais je ne fonctionne pas en groupe, je suis bien plus efficace en solo ou duo. Même en groupe, j'y tiens le rôle d'archer, donc celui qui est à distance. Un rôle utile, mais solitaire. Tu seras officiellement mon lien pour le village et je t'indiquerai comme lieu de passage si des bannis sont surpris par un orage.

Je souris à Rowan et lui tend la main, histoire de signer une paix, et quand il me la serre, je lui balance un terrifiant coup de boule avec mon casque sur le nez. Le craquement est sinistre et l’œil ne tarde pas à gonfler.
Spoiler:

- Tu as marqué mon lien après qu'elle t'ait donné mon nom. Tu as tenté de me contraindre à partager mon lien, ce qui va à l'encontre de nos règles. Tu l'as encore menacée. Tu mérites cette sanction. Et pour information, si Mathilde devait mourir d'un mauvais rhume, tu mourras. Ta survie est liée à la sienne. Cela t'évitera de faire des conneries. Nous ne rentrerons pas ensemble. Tu m'éviteras quelques jours. Les gens comprendront qu'on a réglé un différent et que t'en es sorti vivant. Tu as touché mon lien en ignorant qu'elle était mon lien, ça justifiera. On me trouvera sévère, ou pas, possible que ça fasse débat. Puis ça sera oublié. Par eux.

Je regarde Mathilde.

- J'espère qu'il est bon, ton fromage, j'ai faim aussi.

Puis à Rowan

- T'as le droit de manger aussi. Ca ne se fait pas, chez les terriens, de manger sans partager sa gamelle, si on a de quoi partager. Sinon, on se prive. Je repars après avec mon matériel, gracieusement offert par Mathilde. Et je t'avoue que j'aurais besoin de choses originales, si c'est possible pour toi. Des choses que tu ne t'attends pas à me voir demander.



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Rowan Delcroix



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyDim 2 Fév 2020 - 14:34


Bien possible que certains aient trop de fierté pour oser poser genoux à terre fassent à une femme. Étrangement, ce n’était de loin pas le cas du rouquin qui avait pris l’habitude de prendre cette position après avoir rejoint l’armé et travailler pour la solde de biens des nobles. S’agenouiller devant de telles vermines était humiliant et frustrant, ici, c’était pour lui la position adéquate à adopter au vu de sa position. Regard sur le sol, il laissa approcher la fermière sans broncher, écoutant ses paroles, encore et encore. Pas de peur hein ? Oh, il ne doutait pas qu’elle ait vu et subi bien pire, mais ce n’était pas un imbécile non plus. Elle pouvait le nier autant qu’elle le voulait, elle avait craint pour sa vie et c’était tout à fait légitime. Mais qu’importe finalement, aujourd’hui, il n’était plus à craindre au contraire, les positions étaient même inversées.

Déterminé, et comprenant davantage le danger, le Goupil avait présenté sa main, proposant une revanche simple et efficace à la fermière face à lui. Il redoutait naturellement la douleur et ses muscles tremblaient instinctivement afin de se préparer psychologiquement à ce qui allait affronter. Il n’avait cependant pas peur de la dague et ne bougea pas d’un centimètre malgré la proximité.

Ses yeux ne regardaient pas, mais ses oreilles écoutaient et écoutaient même très attentivement. L’Ordre avait pour but d’aider le peuple, il le savait bien. Mais ce n’était que façade à ses yeux, un nouveau moyen, comme un autre, pour les nobles de monter la pyramide de la société et utiliser, piétiné les plus faibles. Il n’avait cependant encore jamais intentionnellement visé leur convoi. Néanmoins, il ne voyait aucune bonne raison de se tenir à le faire. S’ils transportaient de quoi permettre au village de survivre, il ne se générait point. Il ne pouvait après tout pas se permettre de penser aux autres dans sa situation.

La lame le sortit soudainement de ses pensées. Proche de son œil, il redouta un instant que l’idée de la fermière soit bien pire qu’il ne l’ait cru. Oh, il survivrait, avec de la chance, mais perdre un œil en milieu de survie était bien handicapant. Crispé, il recula très légèrement sa tête par réflexe avant de relever ses yeux bleus sur elle. Qu’avait-elle en tête ? Il n’était pas vraiment en position de se plaindre, mais tout de même…. La surprise se lit dans son visage lorsque la sentence finit par franchir les lèvres de celle-ci. Rien ? Elle ne lui ferait rien ? Perplexe, le rouquin la détailla en silence avant de se relever lentement et de jeter un regard en la direction du fauconnier qui ne devait pas encore être satisfait.

Ses paroles ne lui avaient d’ailleurs pas échappé. Il ne s’était simplement pas permis de parler dans sa position. Car il était vrai que le renard avait franchi certaines limites dictées par le village, il le savait au fond. Il avait simplement été aveuglé par les possibilités qu’offrait la fermière et la frustration de ne pas avoir la possibilité de les exploiter à sa manière. Les deux hommes avaient beau partager le même destin, ils ne fonctionnaient pas ensemble et Rowan n’approuvait aucunement les méthodes de ce dernier.

« Je n’ai jamais mis en doute tes compétences et n’ai certainement pas voulu te reprendre ce butin, pas après notre dernière conversation. »

Fit-il finalement, plus calmement, bien que les poings encore serrés. Si le renard avait parlé de butin, c’était pour rebondir sur ses méthodes de transports, non pas pour mettre la main sur ce que leur présentait Mathilde, mais passons. Pour le reste, Rowan dut à nouveau serrer les dents. Depuis le début le fauconnier le regardait de haut et jugeait ses plans sans même réellement essayer de comprendre le fonctionnement. Était-il si difficile pour lui d’intégrer que la récolte d’information était son domaine comme la terre était sienne ? Oubliait-il l’objectif principal de la guilde des bannis et de leur nombreuse action à l’encontre de la société et des nobles en tout genre ? Visiblement, oui. Pire, ce n’était visiblement pas que lui qu’il regardait ainsi de haut.

« Connerie. Suffirait d’sélectionner les plus raisonnables et compétents, leur apprendre les bases afin qu’ils t’aident et rendent ton exploitation plus fonctionnelle. Mais visiblement, on est tous trop cons pour ce faire. »

La colère était encore bien présente dans l’attitude de Rowan à l’égard du fauconnier. Il ne parvenait tout simplement pas à le comprendre et son attitude supérieure le tapait désormais sérieusement sur les nerfs. Le titre de noble guerrier que s’attribuait d’ailleurs Jocelyn le fit bien rire intérieurement. Ce n’était pas faux et en un sens, c’était peu même cette fine vérité qui le rendait autant insupportable. Oui, il était comme eux, à jauger et regarder les autres sans communiquer et partager ses connaissances, savoirs et possibilités. Un long soupire lui échappa enfin, alors qu’il se frotte la nuque en écoutant les explications et sermons de ce dernier.

Ce ne fut d’ailleurs pas vraiment convaincu que celui-ci observa le sourire et la main tendue. Ils étaient toujours en désaccord sur bien des points, mais il devait malgré tout avouer être en tort concernant ce cas présent. Il attrapa donc sa main avant de se retrouver à terre plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. Un râle de douleur lui échappa alors qu’il était allé se retenir à une poutre de la grange, une main à son visage, sa tête ensanglantée. Il ne l’avait pas loupé ce con.

« ... compris. »

Lentement et douloureusement, le Goupil se laissa glisser le long du bois afin de poser cul à terre, sa tête trop sonnée pour qu’il puisse garder l’équilibre sur l’instant. Quelques instants après, les vertiges passés, il essuya son visage afin de reposer ses yeux sur le duo infernal. D’un signe de main, il refusa le fromage proposé, gardant ainsi ses distances avec eux. Et ce n’était pas par colère qu’il refusait, mais simplement que pour l’heure, il ne se voyait ni se déplacer ni pouvoir profiter du moindre repas. Il n’était pas d’humeur non plus.

Le coup à la tête avait eu l’avantage de calmer un peu ses nerfs. C’était donc à nouveau plus calme qu’ils les observaient échanger avant de finalement soupirer et fermer les yeux. Ça avait vraiment été une foutue journée, mais il s’en sortait pas trop mal encore…


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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyDim 2 Fév 2020 - 20:48
Pile ce que j'aurais demandé. Mathilde sourit, satisfaite. Elle sent que Jocelyn se détend un peu. Avait-il si peur qu'un autre réussisse à briser le lien qui les unit? Oh évidemment, sa rencontre avec Rowan aurait dû lui faire suffisamment peur que pour qu'elle prenne ses jambes à son cou, qu'elle s'éloigne des bannis et des emmerdes qui vont avec, revenir dans le chemin légal, travailler et vivre comme une honnête fermière qu'elle était, avant que son humanité fasse d'elle une candidate au gibet. Tout ça parce que marqués ou non, l'objectif est le même : survivre.

- De la corde. D'accord.

Jocelyn parle, elle écoute. Si des bannis sont passés sur ton terrain, c'était sans doute pour aller du côté des Ventfroid. Ventfroid? Qu'y a-t-il là-bas qui soit si intéressant? Non Jocelyn, c'était ma grange qu'ils ciblaient, pour la vider. Parce que j'étais une veuve solitaire, et que dans le Labret, ça se sait. Je suis une cible idéale, peu surveillée, peu fréquentée. Enfin... je l'étais. Depuis le printemps, tout a changé. Elle sourit. Écoute la suite. Jocelyn se positionne comme l'un des hauts, dans la hiérarchie des bannis. La comparaison avec un noble guerrier la fait sourire. C'est un peu ironique, venant d'un banni, mais soit. Quelques uns au sommet. Décidément, il lui en dit beaucoup trop. Quelques mois plus tôt il refusait de lui parler des siens pour éviter de la mouiller dans des affaires illégales, et là, il la noie carrément.

- Jocelyn tu... Il ne s'arrête pas. Bon sang elle l'a connu plus avare de paroles. Il doit en avoir gros sur le coeur pour tout déballer comme ça, d'un coup. C'est un flot continu d'informations qui s'écoule de ses lèvres. Il ne lui apprend rien de nouveau sur l'importance des relations avec les non bannis. La seule chose qu'elle ignorait jusqu'ici, c'est cet aspect de responsabilité que le lien engendre pour le banni. Elle comprend alors que ceux qui ont fréquenté sa ferme en déclinant leur identité se sont, à leur façon, portés garants de son intégrité. Et si Rowan a fait pareil, elle a gagné un protecteur de plus. Ironique, ça aussi.

Jocelyn poursuit. Il doit avoir passé trop de temps tout seul à ne pas parler. Il explique que Rowan et lui ne fonctionnent pas de la même façon. Ça aussi, elle le savait. Elle a expérimenté leurs méthodes. Elle a fait l'objet de leur convoitise. Il l'oublie peut-être. Elle ne comprend pas trop que Rowan puisse proposer à Jocelyn de mener ses projets. N'est-il pas sous la responsabilité d'une autre personne? Quel est l'intérêt de multiplier les chefs au-dessus d'une même personne? Tout le monde sait que deux coqs dans une basse-cour ne font pas bon ménage. Tu seras officiellement mon lien pour le village et je t'indiquerai comme lieu de passage si des bannis sont surpris par un orage. Elle hoche de la tête, en guise d'approbation.

Jocelyn finit par tendre la main à Rowan. Une amnistie? Elle n'y croit pas, et elle fait bien au vu du coup de tête qu'il lui met, avant de justifier la sanction, bien plus légère que ce qu'elle anticipait. Mathilde reste sérieuse. Elle ne se réjouit pas du coup, même si, en temps normal, elle pourrait considérer que c'est bien fait. Rowan est sonné, mais étonnamment ne réplique pas. Soit il accepte la sanction, ce qui est louche, soit il a réellement peur des conséquences que pourrait avoir une attaque manquée sur Jocelyn. Ta survie est liée à la sienne. Et voilà qui confirme qu'elle a un nouveau protecteur. Intéressant. A moins qu'il ne tienne pas tant que ça à la vie.

Mathilde s'éclipse un instant, pour revenir avec une petite besace dont elle sort un demi pain, un petit pot de céramique et du fromage emballé, de quoi grignoter avant de reprendre la route. Elle aura le temps de revenir à Sarrant pour y passer la nuit. Une bonne chose. Alcide ne paniquera pas au-delà de midi, demain.
Rapidement, elle confectionne trois tartines au fromage de chèvre, sur lesquelles elle laisse couler un filet de miel. Elle termine son chef-d'oeuvre en le surmontant de quelques morceaux de noix. Elle en tend une à Jocelyn, et va porter l'autre à Rowan, malgré son refus évident. Assis par terre, du sang sur le visage, il pourrait presque lui inspirer la pitié. Presque. Elle se penche vers lui.

- Tu devrais manger, t'as un long chemin qui t'attend et le faire le ventre vide, c'est pas une bonne idée. Je connais ton nom, ça veut dire que quelque part, tu dois me protéger toi aussi. Alors assure-toi de rester en vie, mort tu me sers à rien. Elle lui tend un morceau de tissu propre, visiblement imbibé d'eau. Pour ton visage. Tu pisses le sang. T'en as jusqu'aux oreilles, ça va finir par attirer les fangeux. Un soupçon d'humanité caché sous un pragmatisme froid. Mathilde ne peut pas ne pas l'aider, un peu. Après tout, il l'a vaguement nourrie et l'a protégée d'un sort peu enviable, dans la cave. Si la punition lui paraît justifiée, elle n'a pas l'intention de le regarder saigner sans rien faire.

Elle se redresse et retourne auprès de Jocelyn.

- Y a des nouveaux bannis qui arrivent au Labret. Des mordus, marqués pour ne plus pouvoir entrer dans la ville. Ça se pourrait que certains espèrent trouver chez vous un espoir de survie. Ils sont pas très bien accueillis, pour le moment. Mathilde prend sa tartine et croque dedans. Tu parlais de choses originales? Par exemple?
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MessageSujet: Re: Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn   Une rencontre suffit pour basculer une vie - Mathide/Jocelyn EmptyLun 3 Fév 2020 - 18:48
Le repas est le bienvenu, d'autant qu'il y a du miel. Je suis détendu, apaisé, maintenant qu'on s'est compris avec le Goupil.

- Le miel est l'aliment immortel, il ne s'abîme pas. Je pourrais t'en demander, mais ça serait une mauvaise idée. Je serais capable de tuer pour du miel, mais les autres aussi. Je perdrais mon soupçon d'autorité.

Soupçon. J'ai besoin qu'elle comprenne aussi pourquoi il a vraiment fallu que je marque le coup avec Rowan. Si on m'imagine faible, on va me bondir dessus. Si j'autorise qu'on remette mes choix en question aussi. Sa blessure est spectaculaire, le visage, ça marque... Cela marque les esprits, aussi, mais il peut marcher, il peut travailler. Il est moins diminué dans les marais que si je l'avais brûlé, car une brûlure peut s'infecter, ou pire si je l'avais blessé au pied. La mobilité est essentielle par ici, plus encore que dans le Labret. J'espère qu'elle le comprendra, et lui... pas trop. S'il est ravi de s'en sortir à si bon compte, ça sera parfait. Parce qu'il a raison, le village a besoin de ses compétences. L'homme qui avait agressé Grisold était un parasite qui pouvait monter la tête aux autres pour remettre nos règles en cause, ce qu'il avait fait en menaçant la main qui nous nourrissait et en réclamant une plus grosse part, comme si elle lui était due.

- Tu as dit tout à l'heure : "Depuis le printemps, tout a changé" ? Mmmh, ça ne sent pas que ton intégration dans l'Ordre, ça. Tu as rencontré quelqu'un, c'est ça ? C'est ton sourire qui m'a mis sur la voie. Inutile de répondre !

Cela lui appartient, mais je suis ravi de la voir sortir de sa solitude et du veuvage, puis j'ai l'impression qu'elle s'amuse, aussi et cela me ravit. Même si ça signifie que je perds tout espoir de pouvoir jouer les maris en vadrouille. Cela n'était pas mon intention. A moins de changer de peau. Au sens premier du terme. Que cette tartine est bonne, bon sang. Et oui, je damnerai volontiers pour du miel, mais je m'en sors pas si mal côté goût sucré avec les fruits que je trouve. Ceux là sont réellement à l'état sauvage, je n'ai pas les moyens de lancer un verger.

- Vos autorités ont marqué les mordus ? T'es sérieuse ?

Je mets quelques secondes à encaisser l'information. Et je m'énerve.

- Mais vous êtes vraiment devenus idiots parmi les emmurés ! L'humanité se réduit à peau de chagrin et vous n'êtes même pas fichus de gérer vos blessés ? Si je suis bien, ils sont chassés de Marbrume mais peuvent rejoindre les villages extérieurs ou le Labret. Mais comme ils sont des exilés, ils sont mal accueillis par chez vous. Et c'est finalement nous qui allons les accueillir. Mais bordel, Mathilde, il est où le bon sens, là ? Vous êtes tombés plus bas que nous, ma parole. On a quelques belles saloperies parmi nous, tous les condamnés ne sont pas des anges, mais on a des codes de conduite et de l'honneur. Quel honneur y-a-t-il à jeter dans la nature hostile des gens qui ont servi Marbrume en combattant la Fange, ou des gamins victimes de ces engeances, dis-moi...

Si j'ai chuchoté jusque là, cela, vu le ton qui a haussé, Rowan a dû l'entendre. Et s'il ne l'a pas entendu, je l'interpelle.

- Les emmurés bannissent les mordus de Marbrume. Les enfoirés !

Ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour nous, notre village va se renforcer. Par contre, va falloir trouver un nouvel équilibre et ça peut être la chienlit pour les vrais bannis. Sans parler que si je sais faire des réserves, elles ne sont pas illimitées. Ils auront intérêt à être débrouillards et à venir un par un. Bannir des mordus, mais quels cons ! Heureusement qu'elle me ramène les pieds sur terre avec ma "commande spéciale". Je chuchote rapidement, à nouveau.

- Hein ?... Ah oui, non, pas "par exemple". J'aurais besoin d'une robe d'hiver. Oui, pour une dame. Pas neuve, mais chaude. Pour une amie. Juste une amie, mais elle m'est précieuse. Si tu en as une en trop ou que tu as l'occasion d'en avoir une neuve, l'ancienne serait la bienvenue. Il me faudrait aussi deux gants de fauconnier, ça, c'est plus pointu. Un pour homme et un pour dame. Mon faucon va bientôt me quitter, je vais en former un autre. Et je vais transmettre mon savoir, aussi.

J'ai toujours des projets, ce qui est bon signe sur mon état mental. Cela, Mathilde le comprendra. Dans le fond, elle transmet, elle aussi, et ça doit expliquer le reste, dont l'amour qui lui est visiblement tombé dessus.

- C'est une vraie commande, je t'apporterai quelque chose en échange. Une peau, une bonne peau. Pour ta nuit de noces, si jamais, mais une qu'on peut vraiment bien échanger, comme une peau de loup. Pas pour la robe, mais les gants, c'est pointu. Je viendrai personnellement. Fin du mois, je pense... S'il y a trop de monde chez toi, laisse le paquet au-dessus de Marguerite, je le récupérerai là.

Mon gant est encore bon, mais il n'est pas immortel. En avoir un en réserve n'est pas du luxe, d'autant qu'un faucon en formation peut se rebeller. Une fois dompté, il fait moins de dégâts. Je regarde le ciel, particulièrement avare en nuages, l'été est plus proche de nous que l'hiver, désormais et le soleil, ce grand protecteur, devrait me permettre de voyager sans risque excessif, vu que je serai chargé.

- Je ne m'éternise pas, il faut profiter du temps antifangeux quand on fait du transport. Quoi que la fange reste présente. Les marais, c'est spécial pour ça. N'attends pas trop avant de rentrer.

Je lui fais un sourire. C'est que maintenant qu'elle est fiancée, elle est intouchable. Une valeur qu'il me reste de l'ancien temps. La seule religieuse, d'ailleurs. Sinon que je n'abats pas de cerfs non plus. Les dieux m'ont abandonné depuis longtemps, mais tuer la représentation du dieu cerf, l'ami des fermiers, c'est une limite que je ne franchirai pas. Je récupère rapidement mon "butin", vérifie que c'est bien ce que je peux emporter et je pars, dans une démarche typique, celle qui me voit régulièrement courir plié en deux, pour offrir le moins de vue aux ennemis et à la fange. Les oules ne font pas de bruit, je suis confiant quant à mon retour jusqu'au village. Ce qui me rend d'autant plus prudent, la confiance est mauvaise conseillère.
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