Emprise et influence [PV Victor][Terminé]

Les semaines, les mois avaient défilé depuis que le Comte de Rougelac avait fait appel à l'herboriste afin de se soulager de ses maux. L'expérience qu'il avait vécu, il ne pouvait l'oublier, fugace, fut-elle toutefois intense, les souvenir se mêlant à une réalité tronquée. Rougelac poursuivit donc son deuil, tiraillé par des remèdes bien différents mais finalement complémentaires. Le mondain avait suivi son beau-frère à Ventfroid, il avait aussi cherché un exécutoire en retombant dans les plaisirs de la chairs non sans continuer à prendre la décoction que lui avait fourni Flore.

Tout cela avait-il aidé le Comte à remonter la pente ? Rien n'était moins sûre mais cela avait le mérite de lui redonner l'envi de continuer sa destinée. Reprenant ses affaires et ses lobby, le Veuf n'avait peut-être pas tourner la page mais allait indéniablement de l'avant non sans ne plus se soucier de léguer son héritage à une descendance qu'il n'aurait jamais. Toutefois, s'il ne croquait pas la vie à pleine dent à proprement parlé, le sang-bleu voyait l'avenir sous un autre angle.

Mais comme souvent, certains démons ou anges refaisaient surface et ce fut un beau matin d'automne que contre toute attente, alors qu'il prenait le petit-déjeuner sur la terrasse extérieur, bien emmitouflé dans un épais veston tout en contemplant le riche panel de couleur qu'offrait arbres et autres verdures qu'on vint lui annoncer la présence de l'herboriste. Il se figea un instant avant de donner la directive à la Gouvernante d'installer la jeune femme au petit salon.

Ses souvenirs se bousculèrent alors et également son désir de pouvoir jouir à nouveau des effets breuvages de la jeune femme. Prit d'un étrange tiraillement à la gorge, il ne put finir de se restaurer, prenant simplement un moment pour faire le vide dans sa tête et prendre une dernière bouffée d'air avant de retrouver ce personnage aussi fascinant qu'attachant.

On installa Flore sur un divan, on ranima le foyer de la cheminée et on lui proposa une boisson chaude avant qu'un étrange silence ne s'installe au rez-de-chaussée. Ce silence dura de longues minutes avant que l'apparition du Comte ne brise cette atmosphère devenu très étrange. Plus aucun signe de vie d'un domestique et Flore pu remarquer que le mondain verrouilla la porte et enfouilli discrètement la clé dans la poche avant de son veston couleur obsidienne. Il s'avança alors vers la jeune femme non sans la détailler du regard avant de venir la saluer, masquant en parti sa joie de la revoir.

- Je suis bien heureux de vous revoir. Comment vous pourtez-vous personnellement et dans vos affaires ?

Certaines mimiques semblaient trahir quelques questions, besoins, désirs qu'ils s'interdisait d'exprimer oralement. Victor gagna alors rapidement un fauteuil comme pour fuir un trop proche contact avec la demoiselle, comme s'il se prémunissait de ses propres réactions à son endroit.

Tout d'abord, que dire de la prestance de l'herboriste ? Victor la trouvait fidèle à la femme qu'elle incarnait, sobre et pourtant raffinée dans sa simplicité. Il releva volontiers deux autres aspects se dégageant de l'herboriste, sa chevelure relâchée tout d'abord qui dans le cercle de la haute possédait une signification de disponibilité et pourtant il n'en était rien à la lecture des répliques et des traits joyeux qui s'affichait sur le minois ravissant de la jeune femme. Ensuite, il y avait ce parfum, complexe et ô combien suave, Victor aurait pu se méprendre sur les intentions de la demoiselle de Maisonfort si justement elle ne s'était montré enjoué en révélant indirectement, ou tout du moins de manière subtile.

Finalement, son altruise, son intuition l'avait sagement contraint à la distance. Une distance somme toute paradoxale puisqu'il se trouvait tout de même en tête à tête avec l'herboriste. Mais voilà, la jeune femme ne souhaitait pas concentrer l'attention sur sa personne et dans une verbe presque surprenante pour une femme de sa naissance, Flore se montrait soucieuse de la santé de son patient. Elle employait des termes, une façon de parler, une verbe nouvelle qui laissait à penser à son interlocuteur qu'elle avait changé ou rencontré, côtoyé des personnes l'ayant élevée non pas socialement mais dans une forme d'esprit et spiritualité que seule pouvait s'offrir la noblesse et la bourgeoisie.

Bien entendu, cette déduction s'amorca dès lors que la demoiselle nota faussement que son client semblait se porter à merveille. Elle reçu en retour un regard entendu et non dupe. Rougelac laissa volontiers son interlocutrice s'essayer à ce tout nouvel exercice et comme à son habitude, lorsqu'il prenait une situation très au sérieux, il s'interdisait de réagir à chaud, préférant préparer ses répliques et les enregistrer mentalement avant de les libérer d'entre ses lèvres.

Mais voilà que contre toute attente, Flore le prit de cours, surprenant le mondain pourtant expert dans l'art des intrigues. D'une voix paradoxalement douce, l'herboriste qu'il avait rencontré il y a de cela plusieurs mois dans les Faubourgs eut l'audace, presque l'effronterie de le pousser à trahir se maux qui perduraient. Deglutissant difficilement, ses mains se crispèrent sur ses accoudoirs, les ongles venant s'enfoncer par réflexe dans le riche tissu. Son dos jusque là vautré contre le moelleux du dossier du fauteuil, se cambra soudainement...

- Je...

Il serra la mâchoire avant d'entrer en apnée. Puis... son corps se détendit sans crier garre pour alors se voir bondir de l'assise et se ruer vers le divan tel un loup enragé. Jamais n'avait il montré pareille faiblesse... était elle dû à la dépendance qu'il avait contracté en consommant les préparations de l'herboriste? Il posa un genou à terre et posa ses deux mains sur les tibiats de son invitée.

- Vous... dites moi que vous en avez sur vous ?! Rien qu'une petite dose... je... je...

Il serra le tissu vert de la robe de sa vis à vis, son regard azur prenant des reflets veineux. Et alors... aussi vite qu'il avait surgit devant elle, il se redressa et recula, comme s'il venait de voir un démon, un fangeux, peut-être même une sorcière ou une succube.

- Pardonnez ma réaction... je suis confus.

Il tourna alors le dos à la jeune femme et se déplaça vers une console où était entreposé une carafe en cristal dont il versa le contenu dans une gobelet de riche facture certifiée de rubis. Conscient d'avoir montrer une grande faiblesse d'esprit, il maintenait le dos tourné à l'herboriste, fixant son auto portrait figé sur le haut de la cheminée. Il prit une longue gorgée d'un nectar puissant et ambré avant de baisser la tête.

- Votre patient n'a hélas pas les faveurs que les Trois vous octroie... Alors, je dois noyer mes maux dans l'ivresse de vos décoctions, de l'alcool et de la ch...

Il se tut soudainement, écarquillant les yeux en fixant les flammes dansantes. Non... il ne pouvait tout révéler à cette femme, malgré l'expérience unique qu'il avait vécue. Il chercha alors à changer de sujet, comme pour essuyer toute trace de honte dû à cette fâcheuse intervention qui l'avait amené à trahir son état.

- Soyez sans craintes, j'ai reprit les affaires et d'autres opportunités s'offrent d'ailleurs à moi, je ne suis plus à l'agonie soyez en sûre, j'ai peut-être quelque peu changé mon rapport à la vie et aux choses qui importent. Cela veut dire que je suis guéri, vraisemblablement. Mais... je manque à mon étiquette et vous formules tout mes voeux de bonheurs. Vous semblez radieuse et épanoui.

Il fini par reprendre une longue gorgée de ce puissant nectar, grimaçant légèrement en sentant sa gorge brûler au passage de la liqueur.

Victor était tout en contraste, une fois n'était pas coutume et l'herboriste ne semblait pas née de la dernière pluie. Elle semblait comme anticiper les événements pour sans cesse se trouver au cœur de l'intrigue. Indéniablement, Flore avait l'apanage d'une femme qui au fond était bien plus que ce qu'elle pouvait faire paraître. Alors que le Comte avait reprit de la distance, la jeune femme brisa les code de bien séance et par trois fois. La première d'entre elle était d'ordre familière en souhaitant et se permettant de nommer le sang bleu apr son prénom. La seconde était de nature physique car tel un chasseur, elle ne désirait pas quitter des yeux ni de sa proximité sa proie. Et pour finir, elle s'osa a retirer le puissant breuvage d'entre les mains de son propriétaire.

Flore prenait ses aises ou plus précisément cherchait une forme d'ascendance sur le mondain qui releva chaque action de son invitée sans pourtant désirer la châtier. C'était étrange et a la fois autant effrayant que rassurant. L'herboriste semblait déterminée et prête à dépasser les codes pour obtenir des aveux de son patient. Rougelac releva le menton pour poser son attention sur ce minois légèrement incliné, radieux dans le sourire qu'elle affichait. Comprend elle sans aucun doute que son hôte s'efforce de ne pas perdre la face. Les plaies étaient elles encore ouvertes ? De quelles natures étaient elles à présent ? Une blessure pouvait laisser quelques complications en cicatrisant comme le serait la mutation d'un virus qu'on tentera d'éradiquer.

Si la question se posait, Flore semble préférer progresser étape par étape. Elle désirait qu'il baisse le rideau, qu'il fasse tomber le masque, seulement n'était-ce pas précoce ? Apres tout ce n'était là que leur 2eme échange ! Elle le presse, l'accule, exige des réponses. Mais que fait elle ? Cherche-t-elle à le plier maintenant qu'il avait exprimer un manque, une addiction à sa tisane!?

Elle jouait sans le savoir ou peut-être en connaissance de cause avec le feu car devant elle se trouvait un homme extremement dangereux, bien loin du stéréotype du guerrier qui pouvait nous nuire en un coup de lame. Victor reste alors un instant interdit... à quoi pense-t-il ? Nombre de badauds auraient chèrement payer pour savoir ce qui se passait dans cette tête où s'entremelait fourberie, calcul et entièreté de l'esprit.

C'est alors qu'il la saisit à hauteur de hanche, ramenant son bassin contre le sien, captant les effluves qui hatissait une certaine ivresse des sens. Ses paupières restèrent alors closes quelques fractions de secondes tandis qu'il humait l'épiderme de la demoiselle. Il inclina alors la tête sur le coté pour alors murmurer avec un déconcertant calme retrouvé.

- Deux jours... j'en veux... Je vais vous le répéter, en avez-vous ? ... ne jouez pas à ce jeu avec moi. Ne me contraigne pas à vous fouiller séance tenante.

Il froissa légèrement le tissu de la robe de Flore avant de lui refaire face, plongeant une fois encore son azur sur son minois.

- Me posez-vous les bonnes questions d'ailleurs ? Un praticien ne devrait-il pas se soucier de la posolgie... et des effets indésirables ? Et si... ce traitement en ai-je besoin a présent pour tout autre chose que le deuil ? Vais-je vous répondre sincèrement ? Croyez-vous bon que je vous offre un autre jeu que celui du noble tout puissant ? Et si la vérité était bien pire au point que vous ne la comprendriez pas ?

Maintenant d'un main la hanche gauche de Flore et récupération alors de la main droite son gobelet pour en verser une rasade à pleine gorge non sans maintenir un regard lourd et pesant sur la femme qui avait accepter de prendre le costume de praticienne. Il grimaça une fois de plus, bien intéressé par la réaction de l'herboriste. Il mima alors un léger étourdissement, comme si la boisson faisait ses effets... mais était ce la réalité, comme d ailleurs tout ceci était il bien la réalité depuis que le duo s'était retrouvé à huit clos dans l'antre du mondain à la réputation qu'il avait grandement améliorer non sans ne pas perdre certains de ses fondamentaux qui faisait de lui un homme redouté de la noblesse. Quoi qu'il en soit, chacun jouait sa partition de façon pour le moment assez remarquable.

Au contact déraisonnable du Comte, l'herboriste protesta mais pour autant, elle s'exécuta aucun geste rebelle, ne s'essayant à s'extraire de la proximité physique imposée par Victor. Il n'échappa d'ailleurs pas à cet instant au mondain le trouble s'emparant de la jeune fille qui s'exprima par le changement de teint de sa peau au niveau des pommettes. Que fallait-il en conclure ? Bien assez prudent par nature, Rougelac ne s'osa à quelques conclusion prématurée. C'est alors que Flore chercha à se justifier puis renouvela ses protestations en vain.

C'est alors que le vil Comte mit à exécution son subterfuge en offrant une mise en scène particulière motivé par la consommation d'alcool qui devrait sans doute pouvoir légitimer les événements qui suivirent. Confuse, déstabilisé mais surtout devant supporter le poids du quadragénaire, l'herboriste s'en trouvait contrainte de porter assistance au noble et réagit comme tout a chacun l'aurait fait à cet instant précis. Appelant finalement à l'aide, personne dans la maisonnée ne daignait répondre à la sollicitation de la jeune femme et ce n'était guère surprenant car Victor avait méticuleusement preparer les lieux pour que personne ne vienne mettre en branle son stratagème.

Se réduisant volontairement en homme affaibli, Victor fini par incité par ses pas faussement maladroit à se diriger vers le divin et s'y laissa basculer en emportant dans son élan la demoiselle. Fort d'avoir arracher quelques précieuses révélations à sa comparse, la première d'entre elle étant qu'elle semblait s'être attachée à lui, il laissa un instant ses mains maladroitement palper les tissus de la robe de Flore a bonne hauteur de cuisse avant de rouler sur le flan pour la libérer de son poids. L'éphémère contact plus intime avait été agréable et suffisement bien orchestré pour que sa praticienne n'y voit aucune avance ou geste salace avant qu'il vienne poser une paume de main sur son propre front afin de mimer un semblant de reprise de ses esprits.

- Je... vous m'en voyez navré, mais cela va mieux. N'inquiètez pas outre mesure mes gens, mon état n'est que passager... mais voyez à quel point vos plantes m'ont cruellement manqué.

Il recroise alors le regard de la donzelle, cherchant à s'assurer que sa fourberie n'avait pas été percée au grand jour.

- J'ai... besoin de vous et de vos plantes... et je vous en prie, ne partez point. J'ai besoin de réconfort dans ma peine... parlez moi de vous et de ce qui est advenu de vous durant votre absence. Cela me fera peut-être un peu de bien, vous comprenez...

A quoi jouait le mondain ? Cherchait-il à amadouer la jeune femme au grand cœur et ses attitudes de sainte alors qu'elle s'était révélé bien plus averti et éduqué à l'étiquette qu'à leur première rencontre ? Il voulait qu'elle prenne la situation à son compte, aussi mensongère soit l'intention du Comte. Mais il voyait nécessaire cette mesure pour s'attirer une forme de compassion.

- Je crois avoir employé vos décoctions pour en obtenir d'autres effets que... de me rappeler à ma défunte femme...

Il y avait une part de vérité dans cet aveux. Mais... pas que... il poussait Flore à la curiosité pour qui sait peut-être la piéger dans sa toile, a moins que son plan ne se retourne contre lui, seul l'avenir le dira. En tout cas, jouer un double jeu faisait parti intégrante de sa nature et après avoir au départ faiblit, il fallait à Victor reprendre l'ascendant malgré les apparences. Un exercice complexe et hasardeux qu'il savait loin d'être gagné.

Si le Comte de Rougelac avait oeuvré avec une certaine mesquinerie à déstabiliser l'herboriste, cette dernière semblait garder raison tout d'abord en reprenant de la distance avec son hôte. Quelque peu frustré de n'avoir pu mettre main basse sur les herbes tant convoitées, Victor, à présent installé dans le divan, observa la réaction de Flore tout durant. S'asseyant brièvement dans le fauteuil du sang-bleu, elle préféra rapidement se relever non sans deviser avant de gagner la place qu'avait précédemment tenu le quadragénaire devant la cheminée. Cherchait-elle à l'imiter ?

Cette interrogation se dissipa rapidement alors que Victor décortiquait les révélations de la jeune femme. Il semblait clair qu'à présent, la demoiselle pouvait compter sur un allié de poids sans doute dans la noblesse de marbrume, seulement le puzzle n'était encore pas complet pour que le mondain prépare une quelconque parade. Le temps était à la sagesse, enfin, si la donzelle ne le poussait pas hors de sa zone de confort. Lui rappelant aux effets limités de sa décoction, elle s'efforçait de lui conseiller d'entretenir une vie sociable, des paroles qui sonnait dans l'esprit du noble avec peu d'intérêt, voyant là une manoeuvre de la part de Flore pour combler le silence.

- Il est temps pour moi de cesser de à me rappeler des bon souvenirs. Vivre dans le passé ne m'aidera pas. Révela-t-il a son tour. Il reprit alors une pose plus altière avant de rajouter. Soulager et réconforter, voilà ce qui a présent m'est indispensable à travers vos plantes. Ainsi je m'efforce à présent de construire d'illusoires souvenirs qui... sonnent comme des rêves et une libération de mon fardeau. Votre remède m'aide non plus dans un cadre "passé" mais "futur".

Le Comte expliquait ainsi consommer la tisan pour en ressentir d'autres effets. C'est alors que son regard se posa sur la main que venait de plonger dans une poche de sa robe Flore avant écarquiller les yeux en fixant le précieux sésame. Mais soudain, ses sourcils se froncèrent devant l'attitude qui se voulait bien effrontée de la part de l'herboriste. Qu'osait-elle dire !?? Pour qui la prenait-il ? Il se redressa alors, rajustant à son sa tenue.

- Serait-ce du chantage, mademoiselle ?

Il planta lui aussi son regard dans le sien. Si Flore exprimait la gentillesse, sa verbe contredisait son attitude. Alors, Victor allait lui donner du répondant. Lui adressant un grinçant sourire il approcha à pas de loup, la contournant à trois reprise en réduisant à mesure du temps la distance qui le séparait d'elle.

- Les termes de notre accord ne sont pas renégociable, Flore Maisonfort et je vous arrête immédiatement, il sera vain de vous cacher derrière une ame bienfaitrice quelque soit son rang. Ne vous essayez pas a me duper ou à vous jouer de moi... j'ai le bras long a la capitale.

Il se planta alors devant la bougresse, tendant une main vers le visage de la jeune femme avant de venir dessiner les contours de sa gracile mâchoire du bout de ses doigts.

- Je ne voudrais faire de mal à ce si beau minois. Et... je ne vois que vous ici, je crois que vous êtes mal placé pour imposer votre partition. Ce que je veux... je l'obtiens toujours.

Sa main vint cercler le cou de Flore sans la moindre pression tandis qu'il approchait une fois de plus son visage du sien et humer de manière caricatural les effluvent s'émanant de sa peau comme le ferait un animal face à une proie.

- Combien seriez-vous prêt à payer pour préserver ce nouveau confort dont vous semblez jouir? Qui vous a ouvert sa porte ? Et... pourquoi êtes vous réellement revenu me voir ? Car il semblerait que votre situation ne vous y oblige plus.

Victor se tenait prêt à tout acte de rébellion physique de la part de Flore, la situation devant a présent palpable et surtout ô combien dangereuse.

Était-elle vraiment venue avec des intentions louables et désintéressées ? Flore avait beau se montrer persuasive, certaines pièces du puzzle avaient pourtant du mal à s'imbriquer entre elle. Mais pourtant, force est de constater que l'herboriste menait rondement son affaire. Si la peur pu se ressentir en elle, Victor fut soudainement décontenancer par le calme qui s'empara de la jeune femme à son contact. Il avait pourtant fait en sorte de l'intimider que ce soit par les mots ou par ces gestes mais malgré cela, Flore ne réagissait pas comme le commun des mortels ne l'aurait fait. Mais d'ailleurs qui en ce bas monde se serait oser à plonger dans la gueule du loup.

Déconcertant oui il n'y avait aucun doute après qu'elle s'emploie en quelque sorte à enlacer, ceinturer le mondain de ses frêles bras. Prête à tout pour conserver ces nouveaux acquis, Flore devenait à la fois inquiétante, attirante et mystérieuse, trois adjectifs qui ne laissait insensible un Comte qui cherchait coûte que coûte à soigner ses maux. Non, il ne la sous estimait pas, il cherchait plutôt à comprendre cette femme devenu intensément complexe.

Elle s'offrait à lui telle une brebis qui se savait pourtant lorgner par les prédateurs naturels. Victor ne pouvait réfuter la vague de gentillesse dont il était la cible. Il ne pouvait se résoudre à maintenir une telle attitude, tour du moins en partie car il ne pouvait être que touché par les dires et gestes dont il était le sujet central. Loin de se douter qu'un tel personnage aussi inoffensif d'apparence puisse pouvoir chercher à obtenir une emprise sur lui, Rougelac médita de longues secondes, certains mots de l'herboriste faisant écho dans son esprit. N'avait-elle finalement pas tord ? Un échange de bon procédé ? Et ce malgré qu'il avait trouver la façon de dériver les effets premiers de la tisane qu'elle lui avait administré?

Instinctivement, le mondain imita le geste attentionné que lui avait porté son interlocutrice et entoura de ses bras la taille de la jeune femme, noyant alors son regard dans le sien.

- Je veux a présent oublier les bons souvenirs, aller de l'avant et peut-être, obtenir les effets inverses... que vos plantes m'ouvres les yeux sur mon avenir plutôt que ronger un passé mort et enterré. Je veux que vous oeuvrez pour améliorer le traitement toujours en sentant une forme d'apaisement, de bien-être et ressentir les choses de façon décuplée.

Il la sert un peu plus contre lui, sentant les frottements des tissus l'un contre l'autre.

- Je n'ai rien oublié de ce que nous avons vécu et je ne puis qu'espérer notre accord préservé de toute fuite. Vous le savez, je suis comme vous à la différence que je ne preserverais pas mon bonheur mais plutôt ma fortune et ma notoriété.

Une main quitta la taille de Flore, palpant alors son flanc en quête du précieux sésame quitte à se montrer trop pressant voir salacieux dans son geste. Seulement sous ses jupons et tissus, il ne semblait trouver l'objet de sa quête ce qui semblait de plus en plus l'agacer et le contraignait à entreprendre d'introduire sa main sous la robe, au contact directe de la cuisse de la jeune femme alors que dans un souffle chaud à meme la nuque de l'herboriste, il lui murmurait.

- Vous avez ma parole que je vous aiderez si cela ne remet pas en cause mon intégrité physique, moral, ni même mes desseins et ma notoriété... cela... vous... sied ? Fini-t-il en lui susurrant tout en s'employant toujours à son exploration manuelle des dessous de la Dame.

Pourquoi Flore ne repoussait pas ses avances? Soyons honnête, Victor avait depuis quelques instants laisser tomber l'idée de faire les poches de l'herboriste pour lui dérober les précieuses herbes. Non... à force de proximité, à force d'entretenir un irrésistible besoin de contact physique, le mondain semblait avoir révisé quelque peu ses objectif à court terme, bien malgré lui ! En effet, la peau qu'il découvrit sous les jupons étaient... délicieusement douce, la chair légèrement galbé comme il le fallait pour éveiller des désirs charnels. Du coin de l'oeil, le Comte discerne même un léger sourire alors que Flore se montre plutôt réceptive à ses attouchements.

Affirmant ses promesses à l'endroit du mondain, l'herboriste semble soudainement et contre toute attente entretenir des gestes intimes à l'endroit de d'Intriguant, enlaçant sa nuque avant de venir mordiller un lobe d'oreille qui le fit frémir d'aise. Mais si Victor pensait se pavaner dans la luxure en compagnie de sa praticienne... il faisait fausse route. En effet, il écarquille soudainement les yeux lorsqu'elle lui susurrant de retirer sa main alors qu'elle exhortait une confiance mutuelle, puis se libéra de son emprise sans crier gare, laissant alors un vestige de frustration s'emparer du Comte qui l'exprimait en serrant un instant les poings.

Mais rapidement, tel un bon toutou devant sa friandise, Rougelac relevant le menton et suivi le mouvement de balancier du petit sac que l'herboriste tenait. Prêt à bondir pour en dérober le contenu il se ravisa alors que Flore lui proposait de revivre l'expérience unique qu'il avait vécu au sein même de la modeste chaumière de cette dernière. Ce ne fut que lorsqu'elle lui tourna le dos qu'il serra discrètement la mâchoire, conscient quelque part d'avoir perdu sa position dominante durant ce huit-clos. Seulement, avait il le choix ? Il n'aimait guère ne pas détenir le contrôle d'une situation et Flore semblait jouer sa partition avec brio, trouvant sans cesse la parade aux offensives fourbes du Comte de Rougelac. Le summum fut les ordres qu'elle lui administra et pourtant Victor se plia à ses exigences en quittant alors brièvement la pièce pour bientôt revenir avec les besoins de l'herboriste. La gouvernante posa le plateau et fut devancé tenante congédiée par le mondain qui, comme la première fois, verrouilla la porte avant de glisser la clé dans le revers de ses tissus.

Le silence dans lequel c'était mué le Gouverneur de Sombrebois semblait révélateur d'un déséquilibre des pouvoirs alors qu'il laissa Flore préparer sa décoction. Comble de l'ironie, Victor ne savait plus quoi faire et où se mettre, tuant alors le temps en faisant les cents pas dans le salon, pensif, perplexe mais surtout... en manque de ce produit qui était enfin en train d'être préparé. Mais ce qui le déroutait autant que cela l'enchantait était le fait que Flore veuille l'accompagner dans ce voyage et son esprit se rappela de leur expérience commune avant que certaine contradictions ne reviennent hanter ses pensées... Elle n'avait pas fui ses avances, mais semblait jouer avec ses pulsions mais s'il n'y avait que cela ! Non, en souhaitant accompagner son riche client dans cette deuxième expérience commune, elle prenait le risque de tromper l'homme qu'elle avait retrouver et le bonheur qui en résultait.

Tout ceci était étrange et incitait Victor à la prudence, une prudence hélas bien maigre face à l'ardent désir de retrouver les sensations et les effets de la tisane de Maisonfort. "Promesses" et "confiance" raisonnaient alors dans son esprit... l'équation semblait complexe mais impossible pour Victor de faire machine arrière. Il y avait beaucoup de zone d'ombre mais pourtant, il fallait l'avouer, il commençait à tomber sous l'emprise de la jeune femme. Mais que cette dernière prenne garde car le moindre faux pas pouvait lui être préjudiciable voir même fatal car s'acoquiner avec un tel personnage n'était pas sans conséquence et la traîtrise était sévèrement puni non pas de la main du Comte mais de ces sbirs et hommes de mains.

Toujours est-il que le sang-bleu se montrait nerveux et impatient, trouvant le temps si long alors qu'à peine quelques minutes s'étaient écoulées.

- Cela vient ? Je n'en peu plus d'attendre. Vous me tourmentez Flore, voulez-vous me voir mort ? A ce rythme là je vais me ronger les ongles jusqu'au sang !

Mais il y avait aussi autre chose qui le tiraillait, cet étrange envie de retrouver l'ivresse de ce galbe, de cette peau douce et propre et de retrouver ce délicat parfum suave qui semblait avoir des effets similaire à une drogue auprès du Comte de Rougelac.