A chacun son petit vice [PV Victor de Rougelac]

Il y avais toujours eu entre les deux sang-bleu cet esprit de légèreté, ce parfum de défi et de joute verbal. Ce fut donc le plus naturel du monde que la baronne répliqua aux mots du mondain par la taquinerie et la provocation. Le duo s'inscrivait dans une relation aussi sincère que piquante. Tantôt le Comte s'offrait quelques gestes déplacés, tantôt la Dame d'Hagerth lui renvoyait l'estoc en usant de la même méthode. S'en était presque à celui qui chercherait à le plus troubler et surprendre son acolyte.

Fort des relevations de la Veuve Sibran, Rougelac était passé à l'offensive, faisant céder les dernières barrières conventionnelles. Une main aux fesses, un suçon dans le cou, l'incorrigible maître intriguant était sur le point de lancer ses armées à la conquête des terres ennemis lorsque les forces defensives du camp d'en face se déployaient alors pour tendre une embuscade. Esmera semblait sur le point de décimer une partie des assaillants en lançant une réplique des plus grivoise qui avait pour objectif de les prendre en tenaille, seulement la formidable bataille fût soudainement stoppée nette par l'arrivée d'un contingent neutre, une sorte de milice sécuritaire incarné par la domestique de la résidence.

Le duo se figea, toisant l'élément perturbateur à la réalisation d'un vaste projet qui semblait bien interdit à toute personne non encore majeur. Si Victor tenait fermement la croupe de la baronne, scène qui semblait laisser mal à l'aise Sophie, c'est bel et bien Esmera qui se dégagea de cette impudique emprise d'une manière effroyablement célèbre. Prit comme on pourrait le dire, "la main dans le sac", la baronne n'avait nullement réagit comme si elle venait de se faire surprendre comme une enfant par ses aïeux en train de faire une bêtise. Non c'était tout le contraire. Loin d'expulser Victor comme un malotrus, la jeune femme s'employa simplement à remettre de l'ordre dans ses tissus, imité par son partenaire qui lissa sans mot dire les pants de sa tunique.

Face à ce spectacle qui avait laissé Sophie prise d'un trouble sans commune mesure, le teint pâle de son visage en attestant, le Gouverneur de Sombrebois assista alors en simple spectateur à un échange entre les deux jeunes femmes dans une langue qui lui était inconnue. Nul inquiétude ne semblait s'affichait alors sur le visage du mondain pour la simple et bonne raison que l'air serein que portait Esmera lui laissait à penser qu'elle maîtrisait cette séquence inattendue.

Les échanges entre les deux femmes furent de courte durée, la Veuve Sibran semblant avoir prit l'ascendant sur sa domestique qui très rapidement quitta les lieux pour laisser ce qui s'apparenterait maintenant à une couple, la quietude d'un huit-clos de circonstance. Se justifiant alors sur l'attitude de Sophie, la Baronne proposair alors de rejoindre la salle à manger pour se restaurer. Loin de se douter que la teneur des échanges laissait paraître un différent certain, le Comte accepta la main de la donzelle pour, le croyait il, se laisser conduire jusqu'au lieu où devait les attendre les victuailles.

Seulement c'était sans compter les efforts de la Baronne pour a nouveau semer le trouble dans l'esprit et le corps du quadragénaire. Accrochant le pétillant du regard tempête de la Dame d'Hagerth, Victor passa discrètement son bras libre autour de la taille de la jeune femme avant de la plaquer sans ménagement contre son corps de sorte de la surprendre.

- Vous êtes mon hôte et s'il on peu dire que l'invité est Roi, je crois pourtant vous mettre en garde. Car ce qui suivra certainement requiert une certaine forme d'énergie. Vous êtes encore fort jeune et donc dotée, je le crois, d'une endurance à toute épreuve... mais vous avez à faire à un vieux loup, ce qui pourrait compliquer cette garantie.



- Les voici, ma très chère amie, mes intentions... Pardonnez moi mais vous sembliez si attaché à la savoir que je ne puis vous refuser quelques explications en ce sens.

Il lui décoche alors un sourire carnacier et mutin avant de continuer.

- Vous n'avez qu'à fermer les yeux et imaginer à présent que mes lèvres remplacent mes doigts. A cet égare, il semble donc tout à fait logique de la nécessité que mes genoux touche le sol n'est ce pas ?



- J'ai faim en effet... mais de vous ou des mets préparé votre votre dévolue ? Qui sait... peut-être un peu des deux ! Et vous ma... mie ? Dans certaines lointaines province... l'on narrait l'existence de repas qui durait des heures... entre coupées de période digestive et divertissantes... le aviez-vous ?

Tout avait été dit et fait. Que pouvait donc rajouter le Comte de Rougelac à cet épisode de cette saga haut en couleurs ? La Baronne de Sibran était à la fois une femme avertie et imprévisible, mais aussi une farouche compétitrice. Face aux avances de son homologue, la Dame d'Hagerth répliqua avec les même armes que ce dernier, allant jusqu'à tenir fermement ses plus chers attributs. Affirmant rester la seule maîtresse des lieux, la Reine qui de fait était capable de posséder bien plus de marge de manœuvre que le Roi adverse en la présence du Comte de Rougelac, Esmera prenait en quelque sorte le jeu à son compte.

Il était rare pour une femme de posséder autant d'atouts dans une seule personnalité. Rougelac en était devenu de plus en plus friand et c'est ce caractère farouche et imprévisible qui plaisait tant à ce dernier. Il ne fallait bien entendu pas se mentir, Victor avait prit un certain plaisir à laisser la donzelle affirmer ses talents après l'avoir plaquer contre le mur et elle avait pu bien entendu sentir cela pulser entre ses doigts. La jeune Veuve ne semblait pourtant vouloir s'en arrêter là et si une certain atmosphère aurait pu laisser à penser qu'il aurait été difficile de rejoindre la salle à manger, finalement les pronostiques et premiers sensations s'en trouvèrent erronées. Mais dans un élan d'épilogue à cette lutte des sens, c'est avec un certain panache qu'on ne lui connaissait pas que la Baronne de Sibran, laissa l'emprunte de ses mots raisonner dans les pensées de son homologue, une bonne quinzaine d'années son aîné.

Il semblait en effet que le match se soit équilibré, Esmera dévoilant une partie de son jeu. De certain dirons que le Comte de Rougelac était condamné, foutu, ces même qui peut-être s'osaient pas penser que le couple ne gagnerait jamais la salle à manger. Victor prit acte en tout cas de cette déferlante de prouesses mener à son encontre et rajusta soigneusement les plis de son col de tunique avant d'adresser un regard solennel à sa partenaire du soir.

- Soit, ma très chère amie. Vous êtes maître en ces lieux, rejoignons donc votre salle a manger pour honorer votre suivante de ses efforts.

La friponne avait reprit son air de ni sainte ni touche, regagnant sa légendaire modestie et une certaine forme de sérénité qui l'adoubait. Pendant les quelques mètres qui séparaient le salon de la salle à manger, loin de soupçonner le sourire vainqueur qu'arborait la baronne, Rougelac était déjà en train d'envisager le second acte. Fallait-il surenchérir ? Ou surprendre tout son monde dans quelques revirements d'intentions ? Tout était en fait envisageable tant il s'en trouvait incertain du dénouement de cette soirée.

- Prenez toutefois garde de ne pas vous assoupir avant le dénouement de votre soirée, surtout si comme vous le dite, vous êtes affamé... les siestes digestives peuvent durer jusqu'au petit matin vous savez. Je vous connseillerais donc de consommer avec modération, mais cela n'est que mon humble avis ma chère.

Dit-il au sens propre du terme tandis qu'en parallèle, il se rappelait encore de la saveur des lèvres de son hôte ainsi que sa poigne et ses mots... comment les qualités... de crus ! Paradoxale pour une bonne samaritaine et coutumière des couloirs des Temple. En tout, ce diner donnerait lieu de pause, d'exutoire éphémère, le temps d'affûter ses flèches voir pourquoi pas de trouver une issue de repli.

Victor avait eu beau trouver la réplique, taquinant de fait son hôte, cette dernière semblait s'interdire de prolonger la joute verbale de quelque facon que ce soit, s'offrant simplement le luxe d'esquisser un fin sourire entendu. Sur le chemin qui séparait donc le salon de la salle à manger, le Comte de Rougelac s'en retrouva perplexe, fixant de dos la silhouette de la Baronne d'un air des plus énigmatique. Plus leur relation avançait plus le mondain ne semblait sûre de rien. Face à cette discrète sang bleu, il semblait plus que jamais qu'elle faisait partie d'une minorité de femmes qu'on ne pouvait sonder, qu'on ne pouvait percer à jour. Elle restait un mystère, tantôt révélant quelques intentions, tantôt les dissipants. C'était assez déroutant pour un homme tel que Victor qui s'employait à toujours rester maître en quelques intrigues que ce soit.

Découvrant finalement une pièce rustique mais de bon goût, sans fioriture, Rougelac s'en trouvait paradoxalement silencieux, lui qui s'était jusque là trouvé bien bavard avec la Dame de Sibran, le voilà sage et presque docile, s'exécutant sans demander son reste. Il s'installa donc à la place d'honneur, observant sans mot dire. Il semblait scruter les moindre détails, que ce soit sur la décoration ou sur l'attitude, manquant à cette occasion à tout geste d'usage comme semblait l'avoir anticiper Esméra qui s'installa très rapidement face à lui.

Dans un silence brisé seulement par l'exercice des fonctions de Sophie, Victor imita la Veuve Sibran, dépliant méticuleusement sa serviette pour l'étendre sur ses genoux avant de reposer son attention sur la Dame d'Hagerth. Puis, en deux temps trois mouvements, le voilà armé d'une coupe de vin qu'il leva mécaniquement alors que la maitresse des lieux portait un toast en affichant ce visage amusé qui caractérisait si bien la personnalité altruiste et taquine de la sang-bleu.

*D'une longue... très longue série...* Ces mots raisonnaient dans l'esprit du Comte qui semblait sur ces gardes. Après quoi, c'est à peine si Victor daigna jeter un œil sur les mets que la servante venait déposer sous ces yeux tant il cherchait en vain à comprendre les intentions de la jeune femme qui ne cessait de déjouer ces plans depuis leur rencontre. Sur quel pied danser ? Il était franchement difficile de le savoir et glissa un instant discrètement une main sur ses braies comme pour se rappeler à ce qu'Esmera avait saisie et serrer avant de s'en séparer dans quelques contradictions qui devaient sans doute faire parti intégrante de ses desseins à l'endroit du Gouverneur de Sombrebois.

Mais rapidement les effluves agréables qui se dissipaient des plats rappelèrent Victor à la raison et les mots prononcés alors par Esméra ragaillardirent la personnalité sulfureuse et malicieuse du Comte de Rougelac qui ne se priva pas alors d'une courte remarque.

- Si vous êtes si affamé que vous avez pu le prétendre plus tôt, vous risquerez pourtant de vous assoupir avant mon départ et je serais alors dans l'obligation de vous porter jusqu'à votre couche avant de quitter ces lieux... à moins que ma roublardise légendaire ne m'oblige à profiter de votre état de faiblesse... Apres tout, la "faim" (fin) ne justifie-t-elle pas des moyens ?

Adressant un sourire aussi carnacier que mutin, Victor reporta son attention sur chacun des plats disposés sur la table comme s'il n'avait jamais tenu de tels propos puis se servit soigneusement et en petite quantité de poisson, légumes, quelques fruits sec et enfin d'un œuf. Il ne toucha ps au pain, sachant pertinemment qu'un tel aliment alourdirait significativement son estomac, surtout lorsqu'on le trempait dans la sauce.

- Vous féliciterez Sophie. Dit-il dans un interlude en picorant dans son assiette garnie mais peu fournie.

Comment vous expliquer l'état du Comte face à cette introspection que lui offrait en retour, tout du long du dîner, cette femme ? A tout vous avouer, Victor en ressentait d'étranges picotements des orteils jusqu'au cuir chevelu. Le paradoxe résidait en le fait que d'une certaine manière les rôles tendaient à s'inverser ou tout du moins entretenaient ce rapport de force totalement inédit pour le Comte de Rougelac. La Baronne de Sibran se refusait à laisser le Comte de Rougelac mener la danse dans cette relation qui depuis le début était tout sauf "classique".

Ne pipant mot, le quadragénaire avisa du regard son hôte, prenant la mesure de sa qui s'en trouvait vindicative par bien des aspects. La Dame d'Hagerth était maître en ces lieux et elle semblait résolu à ne laisser aucune marge de manoeuvre a son invité qui cherchait jusqu'alors à troubler ses sens. Victor en fut résolu à accepter cet état de fait, celui là même qui se dressait avec force et détermination, il n'était plus courtisan ni même courtisé, il était simplement l'objet d'un intérêt certain qui se développerait à mesure de leurs échanges, sans que ne viennent s'immiscer quelques tentations dans les plaisirs de la chair.

Lorsque Sophie apparut pour venir débarrasser la tablée, le Gouverneur de Sombrebois semblait quelque peu ailleurs, plongé dans de profondes réflexions. Était-il encore nécessaire de croiser le fer dans la verbe ? Apres tout, Esmera lui prouva en de nombreuses occasions qu'elle était capable de lui tenir la dragée haute et même de le surpasser par des gestes, des mots, des expressions toujours savamment choisi.

Que dire, que faire ? Il l'observa une fois encore d'un regard aussi perplexe qu'admiratif. À la réflexion, il avait vécu deux, si ce n'est trois désillusions amoureuses et peut-être en était-il la cause ? Par son autoritarisme, sa quête perpétuelle de la confrontation, de la joute, de son influence. Et si pour une fois, il laissait tout ses préceptes de côté ? Et laisser, comme Esmera venait de le réaffirmer, le temps faire son œuvre. Après tout, ne lui manquait il qu'un héritier et a trop désirer cela, il en essuyait encore et toujours des échecs.

A quoi bon lutter ? A quoi bon contrôler ? A quoi bon tout calculer ? Victor se résigna pour la première fois à mettre au second plan tout effort pour gagner la cause d'une dame. D'ailleurs, ne s'était il pas jurer après la mort de la Comtesse de Rougelac, de concentrer ses efforts sur ses projets, sa réputation, son influence et sa quête de pouvoir ?

- Qu'il en soit celon vos désirs, ma chère.

Furent les seuls mots qu'il prononça tandis que Sophie faisait la révérence suite aux compliments rapporter à l'egare de ces talents au fourneau. Si Victor ne daignait lui porter le moindre intérêt c'est que la Veuve Sibran prenait tout son attention dans cette salle à manger. Laissant volontiers la jeune femme manœuvrer à sa guise, Rougelac terminait de picorer dans une posture plus humble et presque détachée, ce qui ne lui ressemblait pas. Serait-il possible qu'il ne soit plus l'espace d'une soirée le réputé chasseur de gourgandine ? Il se pourrait bien.

Esquissant un sourire à la commissure de ces lèvres à l'évocation de l'art de la brette, le quadragénaire, dans sa réaction, laissait peut etrr a penser qu'il ne cherchait pas à surjouer ni à plaire ou flatter sa comparse, répondant spontanément sans chercher à mesurer quelques conséquences que ce soit.

- Vous serez fort déçu ma chère. Vous risqueriez voté de trépasser si vous comptiez sur mes talents à la lame. Certes, cela fait maintenant presque si mois que je m'entraîne pour effacer une telle lacune mais je ne serais jamais un talentueux bretteur. Je vous conseille de vous appuyer sur votre homme d'arme et ne point trop espérer que l'arbore la tuniquebde chevalier servant qui vous défendra avec honneur jusqu'à son dernier souffle.

Il se fichait bien d'éventuelles glousseries. Si la dame était intéressée, elle ferait avec les faiblesses du parti qu'elle aurait choisit. Pour Victor, l'envi d'offrir de faux faux-semblants semblait révolu tout comme l'ardent désir de goûter aux plaisirs de la chair d'une telle femme que son passé marital avait fait souffrir. Après tout, elle était dans le vrai et Victor était lasse de poursuivre une chimère car n'était pas maudit par les Trois en certains points ?

Sa réponse choquerait donc peut-être son hôte qui attendait certainement de la part d'un courtisan, plus d'éclat, de panache et de détermination à gagner ses faveurs.

- Je ne suis pas de ces hommes, à votre grande déception je l'imagine. Mais je puis vous conseiller quelques nobles seigneurs doués dans ce registre. Ils saurons vous plaire, assurément. Et saurons se montrer présent plus que je ne le serait car vous n'êtes pas sans savoir que je partage ma vie entre deux lieux. Ah je vous dresse certainement un fabuleux tableau !

Acheva-t-il de manière ironique mais un soupçon réaliste.

Révélations pour révélations, ce dîner avait le mérite de dresser carte sur table les caractères et intentions des deux nobles. Tandis que Victor éprouvait des lacunes à la brette, même s'il s'efforçait de k'estomper de quelques mois, pour Esmera c'était l'inverse et il était inconcevable que le Comte demande vérification dans un combat singulier qui attirerait certainement honte sue sa personne alors qu'une défaite serait inéluctable.

La Baronne maintenant ce sourire, cette bonne humeur même lorsqu'elle ressassa son terrible passé avec feu son époux et de ces événements elle en avait tiré des enseignements qui a présent lui interdisait de devenir encore un joli oiseau en cage. Non, elle réaffirmait ces intentions de conserver ses libertés et de surcroît elle mettait également devant le fait accompli que si son interlocuteur, le Comte de Rougelac souhaitait l'épouser, il devrait se résoudre à avoir pour Dame non pas une oisive femme de salon mais une combattante effarouchée qui ne recevrait certainement pas d'ordre de la part de son époux.

Lui adressant un regard entendu, Victor trempa une dernière fois ses lèvres sur le nectar carmin avant de s'essuyer la moustache. Se raclant ensuite discrètement la gorge pour s'éclaircir la voix, il resta de longues minutes interdit, balayant chaque recoin de la pièce avant que ces azurs ne croisent une fois encore le gris tempête de cette sang bleu des plus atypique.

- Après tout, nous sommes bien deux personnages loin des stéréotypes de notre classe sociale. Ce que vous faite de vos temps libre m'importe peu, la seule exigence que je réclame à ma future épouse, que ce soit vous ou une autre, c'est de ne déshonorer notre Famille, de ne ternir sa réputation et de protéger ses membres. S'il l'heureuse élue désire s'investir dans mes affaires, elle en portera ces obligations et ces fardeaux. Dans le cas contraire, j'exige simplement qu'elle ferme les yeux sur ces dernières et ne porte donc aucun jugement quand à mes actes.

Après tout, on ne pouvait avoir le beurre l'argent du beurre et le crémier. Conciliant, le Gouverneur de Sombrebois n'était donc pas préoccupé par un certain respect de l'étiquette d'une noble, il était simplement soucieux que la familial soit sein. Lui aussi avait vécu bien des désillusions en amour, avait essuyé son lot d'échecs et de déceptions. Il avait apprit de ces deux fiançailles et de son épousaille et à présent, lui aussi était dans l'attente d'une réaction qui se pourrait être décisive, car s'il avait été sincère, nul doute qu'il ne s'enticherait d'avantage avec une femme qui ne partagerait pas certains de ces traits de caractère et de personnalité, mais il serait bien trop simple de les dévoiler séance tenante. Il fini toutefois par une note plus légère que solennel, retrouvant un peu de lubricité et de son effronterie.

- L'indécence n'est en rien pour moi quelque chose de péjoratif, bien au contraire. Nous suivons tout deux des préceptes bien loin des sentiers battus et c'est peut être d'ailleurs pour cela que nous sommes toujours en vie, qui sait et aussi pour cela que nos routes ce sont croisées dans le plus improbable des lieux.

Que penserais Esméra de tout ceci, aurait-elle quelques objections ? Ils avaient après tout, toute une soirée pour cerner les intentions de chacun et juger si effectivement un rapprochement pouvait être à l'ordre du jour, enfin de la soirée, mais certainement pas de la nuit.

Prenant act des paroles prononcées par la Baronne de Sibran, Victor de Rougelac resta stoïque tout du long. S'il était physiquement présent, son esprit semblait ailleurs, voyant son passé défilé. Ses joies, ses peines et ses désillusions. Esméra se trouvait fort convainquante à n en point douter et alors qu'elle acheva son plaidoyer pour se porter à sa rencontre, main tendue dans sa direction, plissant des yeux rieurs, le Comte de Rougelac afficha une mine bien plus humble, dissimulant ses émotions du mieux qu'il le pouvait.

Quelques secondes défilèrent avant qu'il ne se saisisse de la main tendue et se redressa de sa chaise pour faire face au minois de la veuve Sibran. Sa sincérité était touchante, cela ne faisait aucun doute et il n'avait pas accepter l'invitation pour l'écouduire, seulement il réalisa qu'il était nécessaire de se montrer prudent et de ne pas réagir comme dans le passé de façon trop hardie et hâtive. La Dame d'Hagerth était indéniablement une femme accomplie, aussi gracieuse qu'elle pouvait être chevaleresque dans bien des domaines. Bourrée d'atouts cette femme avait tout pour plaire et avait déjà conquis le cœur du Gouverneur de Sombrebois, seulement n'en avait-il pas été de même avec ces précédentes conquêtes, toutes atypiques à leur manière ?

Soucieux de ne pas commettre une troisième erreur qui pouvait alors lui être fatale, lui qui s'était juré de ne jamais retrouver la compagnie d'une femme qui pouvait porter son nom et son héritier, Victor semblait soudainement plus prudent tandis qu'il baisa délicatement le dos de la main d'Esméra qu'il tenait à présent.

- Vous parlez avec vécu et sagesse mon amie. Poursuivre mon chemin à vos côtés serait un privilège, soyez en sûre. Mais ai-je amèrement apprit que les paroles s'envolent tandis que les actes restent. Prenons donc le temps d'envisager cette opportunité, nous, deux veufs qui avons souffert par le passé.

Il serra fermement sa main sans lui faire le moindre mal, rajoutant.

- Je ne doute de votre sincérité, mais une malédiction me frappe et je ne l'oublie pas. Je suis lasse de souffrir sur le plan sentimental et m'étais juré de ne pas regouter au bonheur avant que nos chemins ne se croisent. Prenons donc le temps qu'il nous sera nécessaire pour consolider cette relation que nous semblons tout deux chérir. Avançons pas à pas vers l'Autel des Trois, ainsi nous seront sûr de nos sentiments.

Il lui adressa un chaleureux sourire avant d'achever.

- J'ai tant par le passé fait les efforts que je pensais juste pour me retrouver veuf d'une femme et de trois amantes et fiancées. Cela va vous sembler choquant voir déroutant et même peut-être irrespectueux de ma part mais je vous laisse libre arbitre de notre éventuelle destinée commune. N'y voyait pas là l'ombre d'un aveux de faiblesse, mais comme vous vous dites l'égal d'un homme en certains domaines, pourquoi ne pas inverser certains rôles que la bienséances ont toujours établi depuis la nuit des temps ? Cela prouvera que tout ceci n'est pas vain, qu'en dites vous ?

Avait il été clair ? Rien n'était moins sûre car il fallait à nouveau pour la Dame d'Hagerth lire entre les lignes et ne pas se méprendre dans le sens des mots prononcés par le sang bleu.