Rire, sourire, je crois que l’ambiance pourrait être plus lourde. Isadora bredouille quelque chose à peine intelligible. Que j’ai de la chance d’être tombée sur Hector. De la chance, oui et non, je ne sais plus à vrai dire. Il se trouve que tout est si différent… effrayant…
je ne me posais pas tant de questions avant. Tout était terriblement simple. Et puis, si jamais ça part en vrille… j’ignore bien ce que je vais devenir. Et puis elle dit savoir que ma vie est compliqué lorsque je l’en informe – le sait-elle vraiment ? Et que c’est pour ça qu’elle ne souhaite pas en rajouter en me suivant. Je me redresse un peu pour la regarder.
« Une cheville mal soignée… c’est prendre le risque de séquelles à vie. Essaie de trouver un soigneur pour qu'il la regarde. »
J'aurais pu lui donner quelque chose pour qu'elle puisse en payer un. Une pièce, quelques bougies, de la nourriture, n'importe quoi à troquer, mais le fait est que l'on m'a dépouillée de tout ce que j'avais sur moi.
Elle me dit ensuite que nous nous reverrons.
« Alors à l’un de ces jours », lui réponds-je en souriant.
Je me demande si c’est plutôt bon ou mauvais signe. Même si à première vue je n’ai pas d’ennuis à redouter de sa part, on ne peut jamais savoir…
Elle se lève, m’adresse un ultime sourire avant de se reculer pour sortir par une brèche dans le mur.
« Ton outre... » lui lancé-je, mais nulle réponse.
Est-elle déjà loin ?
Non, car j’entends une dernière fois sa voix me demander que, si la vie est terrifiante, n’est-ce pas ce qui nous fait pleinement vivre ?
Oui, sans doute. Et mieux vivre chaque instant comme s’il était le dernier, intensément.
Je me relève à mon tour, retire la boue de mon front que j’essuie – j’en ai assez comme ça sur mes vêtements – avant de me diriger vers ma jument pour m’en aller à mon tour. Je me sens épuisée.
Je resterais bien me reposer dans cet abri, repousser toujours plus l’échéance de mon retour à à Sombrebois. Mais à quoi cela servirait-il ? Le bon sens me dit de me dépêcher de rentrer.
Je sors donc avec FrouFrou au dehors, regarde si je peux voir Isadora, mais non, elle a déjà disparue. Lorsque je monte sur ma monture, cette dernière se laisse choir au sol dans un ébrouement. Voilà une charmante nouvelle habitude qu’elle a prise…
« Cesse des bêtises, nous devons rentrer », râlé-je.
Et me voilà en route pour la dernière étape du voyage qui, je l’espère, sera sans nouvelle rencontre.
Ne plus m’approcher de cet abri… Pourquoi donc ? Évidemment, il doit s’agir du repère de quelques personnes mal intentionnées, potentiellement des bannis. Elle le savait… elle n’est pas tombée dessus par hasard, il va de soit.
La pluie coule toujours, atténuée, mais toujours là. Je lance FrouFrou au galop. Si je la pousse à bonne allure, je pourrais être rapidement arrivée. Bien sûr, je ne ferai pas durer ce galop trop longtemps. Il ne faudrait pas qu’elle soit trop épuisée pour galoper si jamais je tombe sur des créature sou autre mauvaise rencontre…
Je garde un sentiment étrange de cette rencontre. Ne pas chercher à être odieuse avec les autres, ça n’est pas si difficile. C’est même agréable. Ça permet de tisser des liens…
Bon bien sûr, ce n’est pas un lien bien particulier, mais j’en garde une sensation agréable. Pas de la complicité, mais quelque chose d’indéfinissable d’approchant que je saurais définir.
Finalement, les autres peuvent montrer une belle part d’eux même, quand on ne s’acharne pas à les pousser à bout.
[Également merci pour ce RP Isaure :)]