Idalie est donc fiancée ? Cela ne m’étonne guère car elle semble être une bonne personne, gentille et attentionné, bref, tout le contraire de moi. Le Labret est une belle terre et vraiment l’espoir de Marbrume, n’ayant aucune envie de revivre la famine qui a frappé la cité pendant de très longs mois. Je suis tiré de mes tristes réflexions par une question de la jeune femme qui me fais sourire et je lui réponds en toute honnêteté :
Je vois que vous continuez à vous inquiéter pour lui, je peux vous assurer que je serais patient, en tout cas bien plus que ma famille ne l’a été avec moi.
Je ne parle pas de mon père que je voyais fort peu, mais de ma belle-mère qui m’a frappé un nombre incalculable de fois, invoquant des motifs aussi divers que varié, faisant preuve d’une imagination débordante.
Quand nous passons devant la porte, j’indique aux miliciens :
Ce gosse est mon nouveau suivant, vous pouvez le laisser passer dorénavant.
Je vois qu’ils n’en croient pas leurs oreilles, mais je n’ai pas le temps, ni l’envie de leur expliquer ma décision, et je continue mon chemin. J’ai ensuite le droit à une envolé lyrique sur le fait d’être gentil qu’être méchant ce n’est pas bien, avec un gros « amour » bien affiché partout, auquel je suis bien incapable de comprendre le sens. Mais elle finit par s’interroger sur mes motivations et je lui indique :
Oui, cela fait bien longtemps que je suis en quête, mais la plupart des garçons manquent de confiance en eux et sont intimidés par mon apparence, mouillant leurs braies dès que je m’approche d’eux. Milas est le premier à avoir eu ce courage. De plus, j’étais exactement comme lui à son âge, voulant explorer les endroits les plus inaccessibles, n’hésitant pas à me bagarrer contre tous ceux qui osait se moquer de moi.
Je m’arrête une petite minute, et mis en confiance par la jeune femme, je continue à raconter mon passé, c’est sans doute la première fois depuis bien longtemps que j’en parle.
Mon enfance n’a pas été rose, surtout avec mon beau-frère qui passait beaucoup de temps à me tourmenter avec sa petite bande d’admirateur, mais je me suis toujours battu et je n’ai jamais baissé les bras, comme ce gosse.
Nous arrivons finalement devant le temps et j’entre, toujours impressionné par la solennité des lieux, je vois le gamin ouvrir des grands yeux et je lui dis d’une voix douce :
Nous sommes devant la maison des Trois, un suivant doit connaitre les principaux préceptes, et essayer au maximum de les appliquer.
L’enfant hoche la tête et me réponds :
Je ferai de mon mieux, d’ailleurs comment je dois vous appeler ?
Je lui réponds :
Desmond quand nous serons seuls et Chevalier lorsque nous ne le sommes pas. Mon titre entier est Chevalier de Rochemont, tu t’en souviendras ?
Il me répond de sa voix fluette :
Pour sûr, c’est gravé là-dedans !
Il touche sa tête du bout des doigts et je lui souris, certain que nous allons bien nous entendre.