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 Deux hommes et un couffin

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Desmond de Rochemont
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MessageSujet: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyDim 25 Oct 2020 - 21:12
18 octobre 1166:

Conques, que voilà un nom original, en tout cas c’est la première chose que je me suis dit quand on m’a envoyé là-bas pour donner un mystérieux paquet à un mystérieux inconnu dans une mystérieuse taverne. Le principal, est que cet échange c’est bien déroulé et après une nuit passée là-bas, je peux dès le lendemain, à l’aube, prendre la route du retour. Je porte comme d’habitude mon armure de plaque qui aurais bien besoin d’un bon nettoyage, mon épée à deux mains dans mon fourreau et ma lance.

Pourtant malgré tout mon équipement, je suis encore plus sur mes gardes que d’habitude, le tavernier m’a dit qu’il avait eu vent de rumeur comme quoi des gens bizarres étaient dans les marécages, sans que l’on sache leurs nombres ou leurs motivations. J’ai donc ma lance bien dégagée et je prends mon temps d’observer les alentours, alors que d’habitude, je compte plus sur la vitesse pour me sortir d’une attaque de Fangeux.

Une bête que j’identifie comme un loup passe brusquement devant moi, effrayant mon cheval et j’ai un mal fou à le calmer. Finalement, ce qui devait arriver, arriva et il prend le mors aux dents puis s’élance dans un petit chemin, s’éloignant de la route principale. J’ai beau éperonner autant que je peux, c'est comme pisser dans un luth, il ne s’arrête pas et continu au galop, faisant de moi un simple passager.

Nous continuons ainsi pendant quelques minutes et je me prends pas mal de branche en pleine face, je vais finir par être décapité si tout cela continu ! Heureusement pour moi, nous arrivons dans une carrière et il se calme enfin, vu qu’aucune autre personne n’est visible à l’horizon. Pourtant ma monture est encore tremblante et puisqu’il y a une petite cascade avec un bassin, je décide de la faire boire un peu.
C’est une bonne idée, car mon cheval s’abreuve généreusement et j’en profite pour me dégourdir un peu les jambes. Je fais même quelques exercices d’assouplissement puis je dégaine mon épée, pourfendant des adversaires imaginaires comme j’ai l’habitude de faire. J’ai toujours aimé faire des combats et cela fais quelques jours que je n’ai pas eu un adversaire valable, capable de me donner ce petit frisson de danger qui me fais sentir vivre pleinement.

Au lieu de ça, les gens ont peur de moi et se rendent sans combattre, ce qui ne me permet de mettre en œuvre mes techniques. J’attends donc avec impatience de pouvoir intégrer la nouvelle armée, j’aurais sans nul doute, des guerriers de valeur là-bas avec qui croiser le fer. Je vois finalement que mon cheval a fini de boire et alors que j’allais le monter pour repartir à Marbrume j’entends un bruit que je n’aurai jamais cru entendre au beau milieu de nulle part, un cri de bébé !

Aussitôt, je dégaine à nouveau mon épée et laissant mon cheval sur place, je m’avance en direction de la source de ce son, prêt à tout car j’ignore totalement dans quoi je mets les pieds.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMar 27 Oct 2020 - 20:56
La tension était palpable, l’ambiance extrêmement tendue. Dans les contrées sauvages et inhabitées du duché rodaient des prédateurs plus terrifiants encore que les loups et ours qui rôdaient dans les bois. Les goules guettent, attentives au moindre bruit qui trahirait la présence de leur proie de prédilection : l’homme. On ne pouvait les dissuader de venir vous traquer comme du gibier, on ne pouvait leur faire peur à l’aide de torches ou du nombre. Ces abominations cauchemardesques n’abandonnaient jamais une fois que leurs regards torves et sans-vie surprenaient l’égaré qui s’aventurait dans leur terrain de chasse, véritables limiers infernaux guidés par une faim anthropophage.

Inutile de dire qu’il fallait être extrêmement discret et prudent quand on s’aventurait hors de la sécurité relative des bastions des survivants de l’humanité. Le bruit devenait un ennemi mortel. Alors par quelle folie cette bande hétéroclite de voyageurs souhaitait rejoindre discrètement la cité de Marbrume alors qu’ils emportaient avec eux un bébé qui vient de quitter les bras de sa mère ? Folie. Pourtant, Cesare n’avait pas le choix. Il maudissait ce jour où ces truands l’avaient assommé puis emporté vers leur immonde repère, ce nid de bannis composé des crapules les plus détestables. Humilié et brutalisé par une vieille connaissance aux mœurs vengeresses, son séjour là-bas ne fut pas de tout repos et son ancienne robe cléricale reposait en lambeaux dans une de leurs huttes, seul souvenir matériel de sa présence là-bas. Le voilà maintenant qui rentrait en compagnie de ces mêmes exilés patibulaires, un nourrisson emmitouflé dans des tissus de fortune. Le prêtre n’aurait jamais imaginé prendre soin d’un bébé, encore moins dans ces situations. Exigeant, affamé, fragile, une responsabilité terrible et un danger épouvantable en ces lieux. Il ne servait à rien de susurrer ou chanter de douces paroles au bambin qui pleurait dès que son petit estomac criait famine, au plus grand désespoir de son escorte forcée qui jetaient des regards de plus en plus irrités et inquiets en direction de l’ascète et son protégé.

«Chut, chut. Tiens, bois-ça.»

Ingénieusement, le prêtre avait réussi à pallier à la présence d’une mère nourricière en utilisant un torchon qu’il plongeait dans le lait tiède offert par Isaure avant leur amère séparation. Cette astuce, il la devait à ses anciens confrères du petit temple de campagne dans lequel il avait grandi aux côtés de Père Cuthbert, ces ingénieux pratiquants réussissaient à nourrir efficacement des brebis ainsi, alors pourquoi pas un petit humain ? Fort heureusement le petit manège faisait son œuvre et le nourrisson s’apaisait temporairement, occupé à se rassasier. Si le soulagement de Cesare détendait ses nerfs, il était de bien courte durée, sentant derrière lui les regards menaçants des bannis de confiance qu’avait choisi Isaure. Ils lui étaient peut-être fidèle, mais à quelle limite ? Rien ne les obligeait à risquer leur peau pour guider un homme de foi et une source de nuisance sonore. D’autant que le petit était un véritable fardeau qui exigeait constamment les soins et intentions de son protecteur, obligeant la bande à s’arrêter fréquemment dans quelques clairières ou carrément au milieu des bois, où les traqueurs avaient tout le mal du monde à distinguer une ombre hostile entre les épaisses ombres de la forêt.

Ce n’était qu’une question de temps avant que leur patience déjà bien fragile ne vienne à bout du peu de fidélité et d’honneur qu’ils entretenaient. À un moment où le prêtre tentait d’apaiser les pleurs du bambin, l’un des truands le saisit par l’épaule sans aucune forme de douceur et de compassion avant d’éructer sur un ton catégorique : « Abandonnes-le, on ne va pas s’en sortir s’il continue à chialer.»

Scandalisé, Cesare s’était redressé avec colère, la fragile créature agrippée à ses vêtements en poursuivant ses candides lamentations.

« L’abandonner ? Quel démon a pris possession de vous ? C’est impensable.»

« On dira à ses parents que toi et leur mioche êtes rentrés sains et saufs dans la cité, ils ne se douteront de rien, j’te dis. Ça m’plait pas non plus, mais on va avoir les fangeux à la croupe, autant sauver nos miches et l’laisser là.»

Reculant d’un pas, le pratiquant serra d’avantage le petit dans ses bras. Un instinct paternel l’obligeait à ignorer le raisonnement cruel mais logique du banni. Ce n’était pas décent, ce n’était pas concevable, ce n’était pas humain. Son cœur ne pourrait se résoudre à laisser à la merci des éléments et des prédateurs cette âme qui venait d’ouvrir les yeux sur le triste monde dans lequel ils existaient. Cesare n’était pas un de ces monstres narcissiques dont la propre survie primait sur toute chose, il avait des principes, des codes mais surtout, il était bon malgré tout ce qu’on pouvait lui inculper comme fanatisme ou rigueur dogmatique. Posant délicatement une de ses mains sur la tête du bébé comme pour le protéger des mots proférés indignement par l’impitoyable lascar, l’agent du Clergé maugréa froidement, ses prunelles brulant d’une flamme déterminée.

« Les Trois ne pardonneront jamais une barbarie aussi lâche. Scélérat, ton cœur est plus putréfié qu’un membre gangrené et c’est l’errance éternelle qui t’attend pour accueillir ton âme souillée.»

« … t’es pas futé, hein cureton ?»

Il s’était attendu à ce que le paria crache sur le sol et l’abandonne ou que, par miracle, il ne vienne à regretter ses pensées abjectes. Mais c’était un coutelas au tranchant aiguisé comme le fil d’un rasoir qui apparut dans la main du banni dont le visage affichait une expression de dédain ennuyé.

« Y a des chances que les saloperies aient déjà entendu ses pleurs. Je voulais que tu le laisses pour lui épargner une mort plus cruelle, mais bon, je vais m’en charger moi-même alors. Pose le merdeux ou j’t’étripes aussi. On a déjà perdu des gars à cause de toi et j’ai vraiment envie de te faire bouffer tes doigts. Alors ?»

L’individu était bien plus détestable qu’il ne l’aurait imaginé. Le jour où il avait été capturé de force, cette crapule était un des gaillards qui l’avaient assommé puis emporté jusqu’au camp des exilés. Déjà peu réticent à l’idée d’aider quelqu’un à mette au monde, il n’avait été forcé à rejoindre l’expédition que par peur des représailles du père à la réputation sanglante. Mais là, il n’allait clairement pas risquer sa vie à nouveau pour un prêtre qui ne lui inspirait rien de plus que le mépris d’une religion qu’il avait longtemps abandonné. C’était l’occasion de mettre un terme rapide à leur mission et regagner la sécurité de sa cabane perchée dans les marais. Les autres bannis surveillaient les parages en sentinelles, c’était le moment idéal de frapper. Le gredin pensait que le faible bonhomme en face de lui allait se soumettre à sa menace et lui tendre l’enfant, mais il haussa un sourcil surpris en voyant Cesare se camper fermement dans ses positions, venant même saisir de sa main libre une pierre qui traînait à ses pieds.

« Ts. Fais tes prières, cureton.»

L’assassin fit un pas et le bras du clerc fusa comme une catapulte, balançant le caillou vers son agresseur. Véloce, le coquin n’eut aucun mal à esquiver la maladroite attaque d’un homme qui n’avait aucune expérience de combat, suivant du regard la pierre qui alla cogner un arbre dans un bruit sec. Moqueur, il se retourna lentement pour se délecter du ridicule de sa victime, mais déchanta bien vite quand il constata que cette dernière avait pris ses jambes à son cou avec le marmot ! Le lascar l’aurait abandonné, ça l’arrangeait, mais quelque chose en lui s'était froissée, un vestige de fierté piétinée par le petit stratagème du croyant. Irrité, il laissa de côté à son tour tout sang-froid et partit à la poursuite de celui qui se croyait plus malin que lui. Au diable les fangeux, il allait écorcher vif ce pompeux prêtre qui se croyait si supérieur à eux.

Ainsi démarra une poursuite affolée parmi les branches tendues, venant écorcher le corps du malchanceux agent du Clergé qui tentait tant bien que mal d’ignorer la douleur des blessures causées lors de son brutal séjour chez les bannis, en particulier la plaie sur sa cuisse qui le lançait affreusement. Son corps souffrait le martyr, ses poumons étaient en feu, la sueur piquait ses yeux et l’enfant continuait à pleurer dans ses bras. Dans quel cauchemar s’était-il encore fourré ? Les divins avaient-ils décidé de tester une dernière fois la volonté de leur fidèle serviteur avant de lui ouvrir les portes du royaume céleste, ou était-ce un signe qu’ils l’avaient abandonné à son triste sort ?

C’est alors que, contre toute attente, il s’arrêta brusquement en tombant nez-à-nez avec une figure colossale. Un cri de panique s’échappa des lèvres du désespéré, croyant être tombé sur un autre monstre. Les démons s’étaient donné rendez-vous pour le torturer ! Cependant, il revint bien vite à lui quand il remarqua que ce n’était pas une abomination qui se dressait devant lui de toute sa stature, mais un homme en armure de plates et armé d’une épée si intimidante qu’il se demandait si on pouvait trancher un étalon en deux avec pareille monstruosité d’acier. Derrière lui, le banni s’était lui aussi arrêté à la vue de l’imposant personnage, proférant un juron si obscène qu’il vaudrait mieux ne pas le décrire.

Était-ce un héros inespéré ou leur bourreau à tous ?
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMer 28 Oct 2020 - 22:11
« Nom d’une pute vérolé » ? Je rêve ou le deuxième homme, celui avec le coutelas vient de prononcer ces paroles en me voyant ? Il faudra que l’on m’explique pourquoi les gens parlent si mal, j’ai vraiment l’impression que la grande majorité de la population n’a aucune espèce de savoir-vivre, alors que de mon temps, tout le monde était un minimum éduqué.

J’avance donc d’un pas dans sa direction, ma lame toujours dégainée et je lui indique d’une voix intimidante :

Dégage le bouseux ou je te coupe en deux.

Je le vois très légèrement hésité, avant de prendre ses jambes à son coup et de repartir en sens inverse. De toute évidence, tué un homme désarmé et un bébé ne lui pose aucun problème, mais combattre un homme en armure de plaque et possédant une épée à deux mains lui fait peur. Je hausse les épaules devant ce geste de lâcheté et je rengaine mon instrument de mort, car je considère que ce fugitif ne représente aucune menace, il a plutôt l’air en mauvais état et je lui demande :

Et bien l’ami, tu sembles avoir eu une bien mauvaise journée ?

Je regarde par curiosité le petit être qu’il a dans ses bras et j’ai du mal à retenir un frisson d’horreur, je sais que tous les bébés ne peuvent pas être des beautés mais j’ai rarement vu des nouveaux-nés aussi moches. Il ne ressemble pas à l’homme qui le tient, d’ailleurs plus je le regarde, plus son visage me dit quelque chose et je lui demande :

Vous me semblez familier, est-ce que vous êtes de l’Esplanade ?

Bien sûr avec ses hardes, c’est difficile à savoir, mais c’est bien possible. Continuant sur ma lancé, je lui indique :

Je retourne à Marbrume et je ne vais pas laisser un bébé ici, si vous le désirez, vous pouvez m’accompagner. De plus il me reste un peu de nourriture dans mes fontes et j’ai une couverture pour le gosse.


C’est très rare que je sois aussi sympa, si c’était un parfait étranger, je l’aurai laissé crever la bouche ouverte et si c’était une femme, je l’aurai violé puis abandonner aux fangeux, mais je dois ici faire attention. Je dois améliorer ma réputation si je veux pouvoir faire un beau mariage arrangé et si tout le monde apprends que j’ai souvent un noble et un bébé, ce ne pourra qu’être bénéfique. J’attends donc sa réponse avant de me présenter :

Je suis le chevalier Desmond de Rochemont, à votre service.

Je me dirige ensuite vers le cheval et je lui donne ce qu’il a demandé avant de continuer :

Savez-vous qui était cet homme qui vous a poursuivi ? Est-ce qu’il est seul ?


Je dois en effet savoir s’ils vont me sauter dessus à vingt pour se venger, c’est le genre de petit détail qui pourrait faire de cette belle journée, un véritable bain de sang, ce qui serait dommage, car ce ne serait pas un bon exemple pour le bébé.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptySam 31 Oct 2020 - 16:24
L’homme avait l’allure d’un chevalier de part sa carrure impressionnante et son armure bien trop couteuse pour qu’elle appartienne à un simple homme d’armes ou un mercenaire. Cependant, son parler était bien plus familier que celui des nobles amateurs de poésies et de l’éloquence qu’on leur attribuait. Ou n’était-ce que des contes pour glorifier les fiers paladins qui défendent ces terres maudites ? Qu’importe, la simple vue de l’épée massive du stentor suffit à rabattre la queue du truand entre ses jambes et l’envoyer fuir sans demander son reste comme un chien apeuré. Soulagé, l’homme de foi ne retint pas un long soupir avant de poser ses jambes épuisées sur le sol, s’abandonnant à l’appel forcé de la douleur qui harcelait chaque fibre de son corps. Entre ses bras, le bambin continuait à humidifier son buste.

« Soyez béni, mon fils. Votre apparition est sans doute un miracle de la Trinité. Les Trois n’abandonnent jamais leurs servants. »

Un sourire reconnaissant éclaira le visage fatigué du prêtre qui laissa ses paupières se rabaisser en signe de remerciement. Là, au milieu de nulle-part, la présence du chevalier était une providence inespérée. Probablement que les bannis les moins couards laisseront le clerc en compagnie de cette nouvelle escorte plus noble et qualifiée, bien heureux de rentrer plus tôt chez eux si ce n’est peut-être le père du bébé qui aurait désiré voir une dernière fois son fils.

« Mon nom est Cesare, prêtre responsable du Grand Temple. Je n’ai de noble que ma mission sacrée de servir les Dieux et ma seule demeure est le Temple de Marbrume. »

Non, il n’avait jamais croisé Desmond. Impossible de rater un individu pareil, d’autant que l’ascète n’avait que rarement visité l’Esplanade pour quelques ordres ou missions précises, jamais pour partager le vin et les buffets des seigneurs locaux.

« C’est une longue histoire, sir de Rochemont. Je vous serais reconnaissant de nous guider dans un lieu civilisé et vous avez mes bénédictions pour votre aide précieuse. Ce petit ne survivra pas longtemps dans ces conditions, j’en ai bien peur. »

Se redressant, il tapota le dos du gosse pour apaiser ses marmonnements tout en jaugeant du regard le dénommé Desmond. Comment peut-on entretenir une taille pareille avec le peu de nourriture qu’on arrive à amasser en ces temps difficiles ? Cesare était habitué à évoluer au milieu de personnes chétives et maigres, les plus chanceux gardant une forme décente sans atteindre une corpulence qui serait vue d’un très mauvais œil par les moins fortunés et les plus démunis. Était-ce naturel chez la famille de ce géant ou profitait-il de quelques avantages dus à sa classe sociale ?

« Cet homme, si l’on peut le décrire ainsi, était un scélérat formant mon escorte d’infortune en ces lieux. Il y’en a d’autres dans les parages, mais je crois qu’il était le seul à avoir des intentions aussi meurtrières et lâches. Sir, je m’inquiète plus pour la présence des goules que celle des infidèles, les cris du bébé auraient pu en attirer. »

En effet, il se pourrait bien que les macchabés des marais soient déjà à la recherche de la source des nuisances sonores, leur faim surnaturelle les guidant à travers les épaisses broussailles jusqu’à cette petite clairière qui n’aura plus rien de paisible. S’il ne doutait pas de la force martiale du guerrier en plates, il avait déjà vu la Fange à l’œuvre, et de près. Survivant du tragique événement des joutes royales où une sauvage poussée fangeuse avait provoqué un véritable bain de sang, le pratiquant avait témoigné du massacre aisé de l’élite de la chevalerie face à une horde moins nombreuse et désarmée de morts-vivants assoiffés de sang. Comment les démons avaient démonté les preux nobles et les avaient débarrassés de leurs armures comme on épluche un fruit le hantait encore. Une force surnaturelle animait ces cadavres ambulants, rendant le port de la plus solide armure comme une piètre protection face aux griffes avides des monstres.

Le savait-il seulement ? Après tout, Desmond était bel et bien seul au milieu de la forêt, à faire les Dieux savent quoi. Était-il si confiant en ses compétences guerrières ou simplement suicidaire ? Petit à petit, le prêtre commençait à ressentir à nouveau cette tension qui l’avait habité depuis sa capture, cette sensation de menace perpétuelle, de danger imminent. Non, ils n’étaient toujours pas tirés d’affaire, pas encore.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptySam 31 Oct 2020 - 17:46
Un prêtre ! Dès les premières paroles je reconnais ce style ampoulé avec des références trois fois dans la même phrase et lorsqu’il me dit son nom, je sais enfin pourquoi son visage me parait familier, j’ai assisté à pas mal de ses prêches, mais assis au fond du temple, lorsque j’habitais encore en dehors de l’esplanade, il n’a pas dû faire attention à ma personne.

Quand il indique que c’est une longue histoire, je le crois sans mal vu son état et le fameux paquet. Dans tous les cas, ce n’est pas bien grave et je pourrais même dire que je m’en fiche royalement, ce que je vois surtout c’est la gloire et la renommée qui sera la mienne, si je le ramène en vie à Marbrume.

Les seuls problèmes, ce sont les bandits, les animaux sauvages et comme il le dit lui-même, les Fangeux. Mais le jeu en vaut la chandelle, de toute façon la seule autre option est de les tuer tous les deux et de jeter leurs corps dans un fossé car si je les abandonne et que par miracle, Cesare survit, il racontera partout que moi, Desmond de Rochemont est un lâche et ce n’est pas acceptable. Je pèse un moment le pour et le contre, mais les avantages étant supérieur aux risques, je n’hésite pas longtemps et je lui indique d’une voix posée :

On dirait que c’est votre jour de chance, j’ai déjà assisté à un de vos sermons lorsque je logeai en dehors du quartier noble et il y en avait un qui parlais d’une chose comme quoi il faut aider les gens dans le besoin car ce sont les Trois qui les ont mis sur ton chemin. À l’époque, je n’avais pas bien compris, mais aujourd’hui tout est limpide.

Je souris en prononçant cette dernière phrase car il y a de nombreuses paraboles que je ne comprends pas, mais je les garde dans un coin de ma mémoire, espérant, un jour, savoir de quoi il s’agit. Je continue ensuite mon monologue :

Vous êtes non loin de la route entre la citée et Conques et nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la cité. Toutefois, je doute que vous êtes en mesure de faire le chemin aussi rapidement qu’il le faudra pour y être avant la nuit. Je vous laisse monter mon cheval avec le bébé et je vous conduirai à pied, mais avant cela, il faut que j’enlève mon armure, elle va faire trop de bruit.

Aussitôt dit, aussitôt fait et en une dizaine de minutes je l’ai complètement enlevé, ne gardant plus que la partie matelassée et disposant les parties métalliques dans les fontes prévues à cet effet. Je peux donc demander à Cesare :

Si vous êtes prêt nous pouvons partir.


J’ai bien sûr toujours mon épée dans son fourreau sur le côté et je ne relâche pas ma vigilance, car c’est maintenant que les choses vont se corser, mais avec le soutient d’un prêtre des Trois, tout devrait bien se passer.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptySam 14 Nov 2020 - 17:54
« Oh ? Vraiment ? »

Ce géant avait déjà assisté aux discours sacrés qu’il s’évertuait à partager avec les fidèles pour embraser la foi qui sommeille dans leurs cœurs ? Voilà qui le prenait de cours. La mémoire du prêtre était loin d’être défaillante et il pouvait même se targuer, sans tomber dans le péché d’orgueil et de vanité, d’avoir une mémoire digne de son rang ecclésiastique. Mais il avait beau se ressasser ses multiples prêches, aucune n’avait été marquée par la présence d’un chevalier à la stature décidément très remarquable. Il devait être particulièrement discret ce qui était un invraisemblable exploit pour quelqu’un de sa taille, mais après tout il existait bien des humains en ce monde capables de miracles … même s’ils se faisaient aussi rares que la chevelure d’un lépreux agonisant.

« Je suis donc heureux de savoir que la providence divine vous a guidé sur mon chemin, chevalier. Nos Dieux protègent. »

Un sourire reconnaissant éclaira les traits épuisés du prêtre à mesure que Desmond lui expliquait qu’ils n’étaient pas très loin de la plus proche source de civilisation. Son séjour forcé chez les exilés haineux lui avait semblé durer une éternité, véritable calvaire tant pour le corps que pour son âme de croyant offusqué et scandalisé par l’absence horrible de toute forme de piété chez les gens des marais. Qu’une communauté d’apostats soit présente dans ces terres était une obscène proposition qui aurait été réglée immédiatement par le Clergé en des temps plus simples et cléments, une expédition punitive sous une bannière sacrée aurait tôt fait d’envoyer les infidèles vers la damnation éternelle qui leur était promise. À présent, la puissante main du Temple n’était plus que l’ombre d’elle-même tandis qu’hérétiques et païens polluaient et corrompaient les villages éloignés de la cité.

S’approchant du chevalier, il s’arrêta alors lorsque ce dernier commença à se défaire de son armure dans un bruit de métal bien bruyant au milieu des bois sombres et silencieux. Déglutissant bruyamment, le prêtre scruta les alentours, faisant office de sentinelle de fortune tout en berçant le gosse qui s’assoupissait entre ses bras, mastiquant un bout de sa tenue de lin entre ses lèvres corail. Il comprenait bien que le port de pareille protection avait pour inconvénient de provoquer des cliquetis bien caractéristiques, mais n’avait-il pas gardé sa carapace de métal durant Les Trois savent ce qu’il faisait avant leur rencontre ? Pourquoi décider maintenant de la retirer, au milieu de nulle-part et avec le risque qu’une goule leur bondisse dessus à tout moment ? En y méditant, il se demandait surtout ce qu’un homme solitaire, de sang noble qui plus est même s’il avait rencontré des chevaliers aventureux qui devaient leur prestigieux titre qu’à des boucheries valeureuses et de hauts exploits, faisait dans cet endroit ? Cesare commençait à développer un sentiment de prudence et de suspicion frôlant la paranoïa à cause de sa captivité dans le village des bannis et pensait que ses questionnements étaient tout à fait légitimes. Un homme de bon sens n’irait pas errer dans les forêts hantées sans une bonne raison …

« Je suis prêt, sir de Rochemont. » souffla doucement le prêtre en le regardant se défaire des dernières attaches qui retenaient la lourde armure autour de sa musculature saillante. Avoir un guerrier de ce genre devait être un précieux atout pour le seigneur ou la cause qu’il servait. C’était ce genre de main forte et peut-être très peu encline aux questionnements moraux qui pouvaient former le fer de lance qui verrait le pouvoir du Clergé renaître et s’embraser. Car de nos jours, les meilleures lames se liguaient soit sous la bannière d’une milice hétéroclite, soit sous les ordres des quelques seigneurs disposant encore d’un peu de pouvoir en ces terres corrompues.

« Permettez que j’exprime ma curiosité si ce n’est pas trop cavalier de ma part, mais que faîtes-vous seul en ces lieux ? Seriez-vous en mission sous les ordres d’une figure d’autorité ? Je ne devine pas les armoiries qui ornent votre armure, aussi j’aimerais connaître votre maître et votre maison, que je puisse la bénir pour vous avoir guidé jusqu’à moi. »

Il n’était pas obligé de répondre tout de suite, à en juger par l’un des pieds du prêtre qui tapotait doucement mais avec insistance sur le sol. Mieux valait bavarder loin de ce territoire obscur et malsain !

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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptySam 14 Nov 2020 - 23:21
Le prêtre m’indique qu’il est prêt à me suivre et me pose même quelques questions auquel je réponds bien volontiers, tout en marchant :

Je viens du village de Conques où j’étais en mission, mon cheval a pris peur à cause d’un loup qui rodait et je me suis retrouvé près de cette source où j’ai pu le calmer. J’allais reprendre ma route au moment où vous êtes arrivé.

Lorsqu’il m’indique qu’il ne reconnait pas mon blason, cela ne m’étonne guère et je lui réponds d’un ton un peu triste :

Ma maisonnée bénéficiait d’un petit fief proche de Marbrume mais lorsque les Fangeux ont attaqués, nous n’étions pas prêts et peu d’entre nous ont réussis à s’enfuir.


En effet, il ne reste que mes cousins et moi-même, mais je ne vais pas ressasser mes anciens souvenirs maintenant, je lui dis donc en souriant :

Depuis, je me suis allié à la maison des Rougelac, vous devez la connaître, c’est une des plus importantes de l’Esplanade. Mais depuis le décret royal, j’ai juré allégeance à la Milice, donc si vous souhaitez prier les Trois, vous aurez beaucoup de monde à bénir !

Comme il m’a posé des questions et que nous sommes revenus sur la route principale, je lui demande, les sens toujours aux aguets, faisant attention à chaque mouvement suspect :

Maintenant que j’ai répondu à vos questions, pourriez-vous répondre aux miennes ?


Je lui laisse le temps de répondre, ne pensant pas avoir un refus avant de lui dire :

Vous m’aviez indiqué que votre venue en ces lieux avec cette enfant était une longue histoire, comme nous en avons pour plusieurs heures de marche, j’aimerais beaucoup l’entendre, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

Je suis en effet curieux de connaître son récit, comment un prêtre peut se retrouver avec un nourrisson dans les bras, poursuivit par un homme formant sa propre escorte. Une fois entendu sa réponse, je lui fais une nouvelle remarque :

Si vous le désirez, je peux vous accompagner directement au Temple, mais je doute que les gardes de la porte du Crépuscule vous laissent passer facilement dans cette tenue.


C’est vrai qu’il ne ressemble guère à un prêtre mais plus à un vagabond, je lui propose donc :

J’ai quelques connaissances dans les faubourgs où l’on pourra vous fournir des vêtements, je sais que ce ne sera jamais l’équivalent des vêtements que vous portiez pendant les cérémonies, mais ce sera toujours mieux que les hardes que vous avez sur le dos actuellement. De plus, un bon bain vous fera du bien et nous pourront fournir un peu de lait maternel à l’enfant, il doit en avoir bien besoin.

D’habitude je ne suis pas aussi gentil, mais je veux faire bonne impression devant un représentant des Trois, je sais qu’ils sont obsédés par le principe de protéger la vie et je ne peux que gagner des points en étant agréable envers lui et son paquet malodorant et gigotant. Le simple fait qu’il a pris tant de risque prouve bien que ce dernier doit être très important.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptySam 28 Nov 2020 - 20:30
En effet, il n’avait jamais entendu parler de cette maison, mais il connaissait celle de Rougelac. Cesare était loin de s’intéresser aux manigances et jeux de l’ombre qui faisaient l’apanage de la noblesse, mais il avait eu vent du talent d’intrigue du dénommé Victor. Ce seigneur s’était non seulement fait l’allié de l’impétueux et imprudent baron de Sombrebois, mais il disposait aussi des services d’un chevalier dont la prouesse martiale devait dissuader bien des rivaux. Cet homme savait s’entourer de pions utiles dans un monde où les alliances se faisaient rares et éphémères. Mais le prêtre savait aussi que le seigneur s’était attiré l’inimitié de bon nombre d’autres puissants individus, autant de jeux de pouvoirs qui dégoutaient l’homme de foi, affligé de savoir que ceux qui avaient pour rôle de protéger les faibles et les affligés s’évertuaient au contraire à assouvir leurs propres ambitions à grand renforts d’escroqueries et autres méthodes peu scrupuleuses. Il se demandait si Desmond ignorait cette réputation d’intrigue qui distinguait son maître ou s'il n’y voyait qu’un inconvénient mineur. Les chevaliers incarnaient la vertu et la justesse, mais de nos jours certains étaient plus enclins à fermer les yeux sur certaines pratiques discutables pour peu qu’ils y gagnent leur pain et leur couche.

« Je partage votre peine, chevalier. Nous avons tous laissé quelque chose derrière nous lors de ce triste exode vers Marbrume. Une part de nous réside toujours dans les vestiges désormais pris par la Fange. »

Lui aussi, il avait abandonné un village paisible, un temple que lui et son mentor avaient chérit précieusement. Son tuteur et père avait longtemps succombé à la folie, prophétisant l’apparition la fin de ce monde dans ses délires. Transporter sa dépouille l=durant l’exode fut une épreuve psychologique éreintante pour le pratiquant encore bouleversé et perdu par la précipitation de ces événements cataclysmiques. Chaque survivant n’était plus que l’ombre de lui-même, une ombre qui obscurcissait tous les regards. Il était bien placé pour le savoir, lui qui accueillait les confessions de centaines de fidèles.

Vint le tour de Desmond de poser des questions.

Le stentor désirait en apprendre davantage sur les mystérieuses circonstances qui avaient précédé leur rencontre inespérée. Sa curiosité devait être mordante, mais c’était peut-être pour trouver un sujet de discussion afin de passer le temps du trajet les menant vers le village le plus proche. Il devait bien une petite explication à son sauveur, même s’il préférait tendre une oreille attentive aux alentours, éternellement aux aguets quand il quittait la sécurité relative des remparts de la cité.

« J’ai remplacé une de mes sœurs du Clergé pour aller administrer des soins aux habitants des Faubourgs, donc hors des murailles de Marbrume. C’est en me dirigeant vers l’une des chaumières barricadées qu’un groupe de coquins s’est emparé de moi. Sans ultimatum ni perspective de pourparlers, ils m’ont ligoté comme un mouton destiné à l’abattoir et m’ont conduit vers leur hideux repère, un village de bannis. »

Persiflant avec rancœur, il passa ses doigts le long de ses poignets, ressentant encore bien vivement la sensation désagréable des cordes enserrant ses membres comme un vulgaire saucisson.

« Il se trouve que ces impénitents pécheurs cherchaient quelqu’un apte à les aider à aider une femme mettre au monde le bébé que j’ai entre les bras. Je vous avoue que ma première réaction était loin d’être enthousiaste, étant prêt à rencontrer mes créateurs plutôt que collaborer avec des infidèles. Mais des menaces bien trop abjectes et obscènes pour vous les décrire ont eu raison de ma volonté, tant bien même ai-je encaissé leur violence injustifiée avec ténacité. »

Il n’oubliera jamais ce pervers tour qu’avait joué Isaure pour briser sa fierté. Le menacer de servir comme une catin pour les pulsions de ces dégénérés … cette simple idée lui tordait les boyaux et étranglait sa gorge serrée. Pareille déviance était bien le sceau de la damnation éternelle. Pas étonnant que les Trois aient détourné leur doux regard de leurs enfants impies. Cesare accepterait volontiers la mort en martyr, mais la perspective d’être souillé aussi bien dans son corps que dans son âme était un trop lourd fardeau pour lui, quand bien même son zèle religieux avait rarement un égal.

« Apprenant néanmoins que le compagnon de la femme enceinte était un croyant, une chose rare chez ces crapules, je finis par aider la femme à donner naissance à ce bambin en veillant qu’il soit né selon les préceptes de la Trinité. Il était de mon devoir de sauver un être pur de la décadence morbide de son entourage. Ainsi ai-je décidé de l’emmener avec moi, les exilés étant que trop heureux de me voir les débarrasser d’un danger certain pour leur survie. »

Il soupira longuement en rapprochant un peu plus le précieux petit trésor qu’il gardait entre ses bras. S’il ne s’était jamais imaginé en père de famille, il se surprenait à ressentir une affection paternelle pour cet enfant de bannis. Non, il ne devait pas le qualifier ainsi, c’était indigne d’un enfant des Trois. Il est né sous les prières de Cesare et sous le regard bienveillant des Dieux. Il n’allait plus jamais souffrir de l’héritage damné de ses parents et pourra grandir en sécurité derrière les remparts de Marbrume, sous le toit du Grand Temple. Quant à la proposition de vêtements dignes de ce nom que lui proposait Desmond afin de pouvoir pénétrer Marbrume, le prêtre se contenta d’hausser des épaules, pensant que sa réputation était assez solide depuis la valeureuse déclaration d’honneur qui lui a été faite lui et ses compagnons par le roi serait suffisante pour que les miliciens devinent sa nature. Dans le cas contraire, peut-être qu’être accompagné par un chevalier de sa carrure dissuaderait les plus réticents à leur barrer passage.

Jetant un regard vers le dos de leur escorte, il ajouta alors sur un ton plus sombre :

« Il est inquiétant de savoir que ces malandrins enhardis s’aventurent aussi près de nos portes, sir de Rochemont. Si notre milice ne les intimide plus, les Trois seuls savent jusqu’où leur audace les mènera. Ils représentent un danger réel pour les honnêtes croyants et serviteurs de la couronne. J’ai survécu grâce au miracle de la Foi, mais qu’en est-il des autres ? »




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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyDim 29 Nov 2020 - 12:30
C’est en effet une longue histoire, le prêtre avait raison sur ce point et pourtant je l’écoute jusqu’au bout, je fais l’impasse sur les différents trucs religieux, mon interlocuteur semblant ne pas réussir à faire une phrase sans cité les Trois, mais le village des bannis m’intéresse grandement. Lorsqu’il me parle des risques insensés pour sauver un petit bébé, j’avoue avoir du mal à comprendre, il y a plein d’enfant en bas âge à Marbrume, alors pourquoi celui-là ?

Je pense que c’est dû à la religion, comme quoi chaque vie est précieuse, alors que la peine de mort est régulièrement appliquée par l’état, que soutient cette religion, c’est toujours un point qui m’a paru bizarre et qui me fait penser que la vie n’est pas si précieuse que cela. En tout cas celle des gens du peuple, les nobles c’est différent car ils sont de base, plus important que les autres et ont davantage de droit et cela dès la naissance, et c’est bien normal.

Lorsqu’il me parle du danger des bannis, qui ose enlever un homme portant le vêtement des prêtres, et cela dans les faubourgs même de la capitale, je ne peux que lui répondre :

Vous avez parfaitement raison, le bannissement n'est pas une solution satisfaisante, si nous voulons que la Fange cesse d’être une menace, il faut absolument que nous arrêtions de leur envoyer des personnes prêtes à se transformer en monstre à tout moment. Il va falloir sans aucun doute trouver une autre solution, si l’on veut un jour reconquérir nos terres.

J’ai bien une solution radicale en tête, c’est de les attachés à un poteau à l’extérieur et s’en servir d’appât, avec quelques archers bien protéger pour réduire le nombre de goules, ça leur apprendrait peut-être à se méfier un peu de nous et pour le problème de moral de la population, montrer des goules mortes est toujours une bonne solution. Mais ce n’est que mon avis, c’est une des solutions que je proposerai quand je serais dans l’armée, se servir des bannis comme leurre.

Mais il y a peut-être une autre solution et je demande à l’homme qui respecte tant les Trois :

Seriez-vous d’accord pour m’indiquer où se trouve le campement des bannis ? C’est une information importante si le Roi accepte un jour de mettre fin à cette menace.

Je l’espère vraiment, je pourrais ainsi échanger cette information contre un poste plus prestigieux, et la promesse de pouvoir participer au combat. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas dévasté un village et tué tous ses habitants, et les tueries de masse me manquent beaucoup. J’écoute donc sa réponse, espérant qu’il se souvienne bien du chemin, car j’ignore depuis combien de temps il marche dans les marécages.

D’un coup une idée me vient et je lui demande :

Vous êtes sûr que le bébé n’est pas marqué ? Il ne va pas se transformer en goule sous nos yeux ?


C’est en effet une possibilité, je pense que le prêtre a déjà vérifié, mais on n’est jamais assez prudent avec un ennemi aussi dangereux que la Fange.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMar 8 Déc 2020 - 14:27
« Sauver une vie est un devoir sacré, particulièrement quand il s’agit d’un nouveau-né. Au moment même où je vous parle, combien de malheureux ont-ils connu un funeste destin à cause des fangeux qui nous assiègent ? Petit à petit, nos nombres s’amenuisent et ceux de nos ennemis croissent inexorablement. Alors si je peux aider à ralentir cette sordide tendance, ce serait avec une joie infinie. »

Desmond avait tout du vétéran belliqueux qui évoluait allègrement dans les combats enragés et les escarmouches ensanglantées, quelque chose dans son visage patibulaire peut-être ou l’éclat prédateur de ses yeux. Quand il demanda au pratiquant s’il pouvait lui décrire précisément la route conduisant au village des damnés, l’homme de foi déglutit bruyamment. Oh qu’il aimerait guider la main armée de la Trinité pour châtier convenablement l’obscénité rampante qui pullulait dans les marais, remettre ces brigands à la merci de la vraie foi, que tout le monde craigne à nouveau l’ombre du Temple et la portée de son bras vengeur. Une expédition punitive calmerait les ardeurs de bien des truands au sein des murs de Marbrume et redorerait le blason d’une Milice affligée par bien des pertes et défaites cuisantes. Cependant …

« Ce sera bien difficile, je le crains. Les gredins m’ont caché les yeux à ma capture pour éviter que je mémorise leur sinueux chemin, d’autant que j’étais à moitié assommé. Quant au retour, je ne peux que vaguement vous indiquer la route tant les arbres et les marais se ressemblent. »

Il fallait bien calmer les ardeurs guerrières du chevalier, surtout qu’il doutait fortement que le roi cautionne une opération militaire d’envergure loin des remparts. Avec le peu de ressources dont il disposait, il ne pouvait disposer d’un détachement d’hommes d’armes pour battre une communauté recluse dans les tréfonds d’un bourbier infesté de goules cannibales. L’hérésie pouvait continuer à exister impunément, le seul espoir de l’éteindre était d’espérer qu’une cohorte de fangeux décident de faire de leur campement de fortune un festin de cauchemar, bien que ce souhait lui donnât un frisson dans le dos. Cesare était peut-être un fervent et zélé croyant, mais il restait humain et ne pouvait trouver satisfaction ou plaisir dans le malheur d’autrui. Pareil sadisme était indigne d’un enfant des Trois, mais peut-être que le chevalier n’était pas de cet avis.

« Concentrez vos efforts à renforcer la protection de nos frontières immédiates. Que les routes soient plus sécurisées, par exemple, ou que les faubourgs soient patrouillés régulièrement. Vous avez l’expérience de votre éducation martiale, je suis sûr qu’avec mon récit vous saurez tirer les mesures nécessaires à proposer à vos supérieurs. Je n’ose imaginer ce qu’il en est du Labret, si ces malandrins sont si actifs, on verra bientôt des embuscades coordonnées ! »

Le marmonnement du bébé le tira de ses inquiétudes. À force de penser aux bannis et à la menace qu’ils représentaient, il en oublia le précieux petit paquet qu’il tenait entre ses bras. Ce dernier s’était endormi contre lui, minuscule bout de chair suçotant son pouce. Il représentait une victoire des forces de l’humanité face à la Fange, l’espoir de la vie face à l’avancée inéluctable de la mort. Non, il ne regrettait pas de l’avoir protégé au péril de sa vie. Il se surprit même à sourire légèrement, laissant la pulpe de son pouce traverser les sourcils encore fugaces de la petite créature fragile.

« N’ayez crainte, cet enfant a été intouché depuis sa venue au monde. Il est encore difficile de comprendre comment ce fléau se propage, mais je sais déjà que les morsures sont une marque irréfutable de contamination. On peut croire que la fange se transmet comme le venin d’une vipère, mais cette affliction a plus de secrets maléfiques à nous cacher. Hélas, nos recherches sont loin d’être prometteuses, car mettre la main sur un spécimen vivant de fangeux est une tâche qui a souvent mené à la mort de bien des hardis. Celui qui parviendra à ramener une goule au Temple aura toute la reconnaissance du peuple, au nom des études menées contre cette pestilence. »

Berçant le bambin entre ses mains, il se demandait si quelqu’un comme Desmond pouvait réaliser pareil exploit. Les dernières tentatives furent un complet fiasco et plusieurs aventuriers perdirent la vie dans leurs tentatives qualifiées de suicidaires, les monstres se révélant être moins réticents à abandonner leur rôle de prédateur au profit de proie. Chasser un fangeux nécessitait une équipe soudée et organisée, des tactiques implacables, un équipement lourd et surtout des nerfs d’acier. Peu étaient enthousiastes à l’idée de chasser le principal ennemi de l’humanité.

« Avez-vous des enfants, chevalier ? Je dois avouer que moi-même, à cet âge, je n’ai pas encore cherché à prendre une femme pour épouse, ce qui me vaut les sermons de bien des confrères. Peut-être que cette malheureuse aventure m’a permis de reprendre contact avec la réalité et le rôle que nous jouons tous dans la spirale de la vie. Qu’en pensez-vous ? »

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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMer 9 Déc 2020 - 21:15
Les réponses de mon interlocuteur me laissent songeur, je comprends que pour un prêtre une vie soit sacrée, mais un banni est-il encore un homme ? Pour ma part, la réponse est non, car c’est un mort en sursis, et ce dernier deviendra tout ou tard une goule, un prédateur de l’espèce humaine. Alors c’est vrai que les habitants de notre royaume ne sont plus très nombreux, mais la qualité est aussi importante que la qualité, et puis en l’espace d’une génération, la population peut doubler, les pauvres comme les nobles faisant toujours beaucoup d’enfant.

Je reviens au moment présent lorsque le prêtre m’indique qu’il ne connait pas la position du fameux village où se terrent ses couards de bannis. C’est dommage, j’aurais volontiers déboulé dans leur camp avec une centaines de cavaliers, défonçant tout sur mon passage et passant par le fil de mon épée, hommes, femmes et enfants. Il faudra que je trouve un autre moyen de réaliser ma vision des choses, peut-être en capturant un de ses ignobles hors-la-loi et en le torturant pour qu’il crache la vérité.

La remarque sur la sécurité des routes et des villages de la part du religieux ne me fait ni chaud, ni froid, je suis chevalier, je ne fais pas de patrouille, c’est bon pour les piétons ce genre de chose. Je me vois comme un joker capable de terrasser les ennemis en une seule bataille décisive, pas de perdre mon temps à surveiller les oiseaux qui chantent, en me cachant des fangeux.

En tout cas, si le prêtre dit que cet enfant ne présente pas de risque de se transformer, je n’ai pas d’autre solution de le croire sur parole, même si mon interlocuteur indique lui-même qu’il n’en sait pas beaucoup sur le sujet. Mais c’est autre chose qui attire mon attention, il veut étudier un représentant de la Fange ! Voilà une sacrée requête, c’est un même un véritable défi, surtout pour un guerrier comme moi et je ne peux m’empêcher de lui demander :

Voilà une demande très intéressante, mais comment faire ? Avez-vous une idée ?

Je l’écoute ensuite m’interroger sur mon éventuelle descendance et je lui réponds en toute honnêteté :

Je cherche actuellement une femme, mais j’ai du mal à en trouvé une qui accepte un mari avec un travail aussi dangereux. Mais je suis sûr que les Trois vont mettre sur mon chemin une femme convenable. D’ailleurs ce sera un grand honneur si le jour venu, vous accepteriez de bénir notre union, je vous en serai très reconnaissant et …

Je suis interrompu par un homme qui sort brusquement d’un buisson et je dégaine immédiatement mon épée, prêt à attaquer au moindre geste suspect. Il est habillé avec des vêtements rapiécé et semble complètement hagard. C’est pourquoi je demande à mon compagnon de voyage :

Est-ce là un des bannis qui vous ont accompagné ?

S’il me répond positivement, je le coupe en deux, n’ayant pas de temps avec cette engeance du démon. En plus je me vois mal commencer à le torturer pour avoir la position de son village, ce genre d'activité demande une absence de témoin totale pour être mené correctement.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMar 26 Jan 2021 - 17:20
Comment faire ? La question prit un peu par surprise l’ascète à cheval. Dans l’ordre des choses, il revenait aux hommes d’armes de penser stratégie et tactique, non aux hommes de foi qui n’avaient pas éprouvé l’enfer des champs de bataille, se cantonnant dans leur sacerdoce sous la paisible sécurité d’un temple. Il est vrai qu’il fallait parfois chercher la sagesse ailleurs et peut-être que l’héritier des Rochemont cherchait à connaître la vision d’un individu inexpérimenté pour le comparer à la sienne, à moins qu’il ne sût que Cesare était un des “guerriers” ayant composé cette équipe suicidaire qui avait tenté d’endiguer l’avancée sanglante de la Fange lors de la catastrophe du couronnement du Duc.

« Je sais que ceux qui ont échoué pensaient qu’un filet serait suffisant pour maîtriser un fangeux, mais ce fut un échec effroyable. Ces bêtes sont possédées par une force surnaturelle, il faudrait de ce fait des moyens plus … conséquents pour maîtriser un monstre sans avoir à le tuer. » Glissant ses doigts sur son menton d’un air pensif, il fronça des sourcils en essayant d’imaginer quel genre de piège serait à même de réaliser pareil exploit. « Je suppose qu’une cage de fer forgée par un excellent forgeron pourrait contenir l’ardeur destructrice d’une goule. Encore faut-il l’attirer dedans … et l’y garder. Honnêtement, il ne faut lésiner d’aucune mesure au risque d’être brutalement déçu. »

Clairement, il ne s’était pas attendu à ce qu’on pourrait qualifier d’enthousiasme de la part du noble armé. Certains devaient avoir le sang chaud naturellement, quelque chose en rapport avec ces générations guerrières transmettant leur savoir-faire martial et leur caractère belliqueux de père en fils. Si les Rochemont avaient été des amoureux des batailles enragées, Desmond n’avait donc pas perdu une once de ce sang sauvage. Mais capturer un homme était une chose, mais un fangeux était une autre bête dont l’intelligence bestiale pouvait souvent surprendre le chasseur embusqué. Même maintenant, les agents du Clergé et les vétérans de la Milice n’arrivaient pas à comprendre clairement la façon de penser de ces morts-vivants, capables à la fois d’agir comme un prédateur endiablé vous chargeant en beuglant tout comme faisant preuve d’une sournoiserie aussi perfide qu’insoupçonnée.

Il n’eut cependant pas le luxe de contempler d’avantage ses pensées anthropologiques, car un nouvel acteur s’était invité à leur étrange pièce, encore fallait-il savoir si cet acteur était venu jouer ou interrompre brutalement l’acte comme un fantôme d’opéra vengeur. L’homme grommelait fortement sous ses haillons décrépis et délavés, tordu et retroussé sur lui-même comme un de ces reptiles se réfugiant dans quelques trous obscurs. Cette apparition soudaine troubla le sommeil précaire du nourrisson qui gémit, comme s’il pressentait une menace sous ses paupières fermées. Il est vrai que la seule odeur dégagée par l’étranger avait de quoi révulser les odorats les plus tolérants ! Décrire les relents pestilentiels serait une tâche bien trop ardue et éprouvante, aussi éviterons-nous de nous attarder sur cette disgracieuse émanation olfactive.

Desmond semblait déjà prêt à occire cet inconnu à l’apparence dérangeante, sa large palme s’enroulant autour du fourreau de son acier mortel, mais Cesare dressa une main en direction du maître chevalier pour l’apaiser. Quelque chose chez cet individu lui était familier et lui inspirait plus de la pitié que de la méfiance. Quand l’étranger dévoila son visage en relevant sa capuche mangée par les mites, il comprit et retroussa malgré lui son nez dans un signe instinctif de répulsion incontrôlée.

La lèpre. Le visage, la peau, la chair même de ce vagabond était rongée par cette affliction crainte de tous, ce fléau que personne ne comprenait mais que tous redoutaient d’en être le prochain hôte. On racontait souvent que c’était un reflet de l’âme de ceux qui avaient si odieusement indigné les divins par leurs péchés que leurs corps même ne supportaient plus la corruption de leurs âmes souillées. Une terrifiante perspective que celle de vices mis à nus par sa propre chair, de quoi alimenter des craintes frôlant l’épouvante à la vue de pareils affligés. Ces enfants maudits étaient souvent condamnés à vivre en parias de la société, à survivre isolés en petits groupes de lépreux misérables dans des campements de fortune installés aux pieds des murailles ou dans le couvert de la forêt, à l’abri des regards dégoutés.

Instinctivement, le pratiquant cacha les yeux innocents du petit bambin qu’il couvait dans ses bras protecteurs, comme si la simple vision de ce spectre décharné pouvait teinter à jamais l’âme pure et innocente du nouveau-né. L’intrus tandis alors une main gangrenée par la maladie et braqua un doigt inquisiteur envers le chevalier Desmond, ses yeux jaunis écarquillés et une salive écumeuse débordant de ses lèvres étirées en un rictus d’éternelle souffrance.

« Vous êtes trahis, mon seigneur ! Ils complotent contre vous depuis des lustres ! Ils vous trouveront et vous sacrifieront au corbeau ! »

Il s’adressait en effet au guerrier, ignorant complètement le clerc à cheval qui clignait des yeux avec incompréhension. Se connaissaient-ils ? Était-ce un ancien serf exilé en toute évidence pour son affliction détestable ? Une vieille connaissance personnelle du chevalier peut-être ? Un mauvais pressentiment gagnait le prêtre, particulièrement quand il entendit mentionner un sacrifice au corbeau. Un simple provincial penserait naturellement qu’il s’agirait d’une des mille et unes ingéniosités macabres des seigneurs pour exécuter un prisonnier, mais les adeptes du Clergé savaient que sacrifice et corbeau avaient une corrélation bien plus profonde et lourde de sens.

« Quittez la cité tant que vous le pouvez ou ils vous auront ! »

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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMer 27 Jan 2021 - 19:32
Un filet ? À la base, c’est une bonne idée, il faudrait juste savoir s’il est possible de fabriquer un filet métallique, car je n’ai guère de connaissance en forge. Pourtant, la suite de notre discussion montre que finalement, il va falloir chercher ailleurs, comme une cage par exemple, ce qui n’est guère pratique à transporter. Après, pour l’amener dedans, c’est assez facile, il suffit d’y mettre un enfant à l’intérieur, il y en a plein à Marbrume, alors un de plus ou un de moins…

En tout cas, il va falloir que je réfléchisse plus intensément à la question, mais ce n’est ni le lieu, ni le moment, puisque nous sommes interrompus et le prêtre est aussi surpris que moi par cette apparition malodorante, mais il semble considérer que ce n’est pas un danger, car il m’empêche de dégainer.
Le lépreux en profite pour me dire des paroles sans queue, ni tête, mais il me vouvoie, c’est déjà cela. Il me conseille même de quitter la ville, chose à laquelle je lui réponds, d’un ton très dur :

Dégage de là le manant, je ne crains pas ton corbeau car je suis protégé par les Trois !

Il continu pourtant à me pointer du doigt en m’indiquant :

Crains, crains la colère…

Il s’arrête d’un coup, car cette fois-ci, j’ai sortit l'épée de mon fourreau et je dois l’avoir intimidé suffisamment, car il se dépêche de disparaitre dans les bois en lâchant une dernière mise en garde :

Si vous ne m’écoutez pas, vous serez sacrifié, pauvre fou !

C’est l’hôpital qui se moque de la charité, comment peut-il cette épave humaine peut dire que je n’ai pas toute ma tête, c’est vraiment incroyable. Les petites gens sont vraiment de plus en plus irrespectueux, d’ailleurs une idée me vient en tête et je m’en ouvre à mon compagnon de voyage :

Les lépreux ne devraient pas porter une clochette ou un autre système d’alarme ?

C’est vrai que leur espérance de vie avec un tel système, sur un territoire rempli de fangeux serait très court, mais ce n’est pas mon problème, les gens doivent respecter la loi, sinon, ce sera l’anarchie. Je reprends donc la marche, faisant attention à mon environnement et je demande au religieux :

Au fait, c’est quoi le corbeau ?


C’est la première fois que j’entends ce mot, mais je n’ai jamais eu beaucoup de connaissance en religion, ni autre part d’ailleurs, mon point fort, ce sont les armes, et c’est le principal pour un guerrier comme moi.
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMar 2 Fév 2021 - 17:52
À priori, même une âme décharnée pouvait craindre l’éclat menaçant d’une lame tirée de son fourreau, surtout si cette dernière semblait assez large pour faucher un sanglier en deux. Le lépreux recula craintivement quand la pointe de l’épée fut dressée vers sa poitrine vulnérable accompagnée par la voix intimidante du chevalier qui laissait transparaître une aura de prédateur qui aurait fait rabattre la queue du plus hargneux molosse de la Milice. Quel dommage que les fangeux étaient insensibles à la prise primitive de la peur, ils trembleraient alors devant un tel colosse !

Repoussé comme un démon sous la puissance d’un exorcisme, l’intrus battît en retraite, non sans poursuivre ses fulminations prophétiques en agitant ses bras noueux dans le ciel, s’éclipsant enfin dans les profondeurs obscures de la forêt et ses dangers embusqués.

« Une cloche, mon fils ? Dieux, je ne peux blâmer ce malheureux de ne pas en transporter avec toutes ces monstruosités impies qui rôdent ici. Remercions les Trois qu’aucun mort-vivant n’ait suivit ce fou jusqu’ici, nous serions alors dans une situation tragique. »

Même en armure et campé sur ses pieds avec son épée et sa lance, Desmond n’aurait pas l’avantage contre un fangeux. Ces bêtes étaient juste … inhumaines, leur force physique et leur sauvagerie n’avait rien de naturel, quelque chose de profondément maléfique leur donnant une puissance épouvantable. Arriveraient-ils seulement un jour à percer le secret de ces abominations, ou les divins souhaitaient préserver leurs esprits des terribles conséquences d’une vérité bien trop effroyable à découvrir ? Le souvenir de son mentor et sa longue descente vers la folie refaisait souvent surface, ses prophéties lourdes de sens et ses hurlements hantant ses rêves même à ce jour.

L’héritier des Rochemont ne semblait nullement affecté par les prémonitions du lépreux, ce qui devait attester de la bravoure incomparable de la caste des nobles chevaliers, à moins que des raisons moins honorables soient derrière son impassibilité patibulaire. Cependant la curiosité de l’homme d’armes fut vite communiquée au pratiquant à cheval qui déglutit bruyamment à la mention de cet animal de malheurs et d’infortune qu’était le corbeau mentionné par les lèvres craquelées de ce prophète corrompu.

« L’hérésie revêt bien des formes, mon fils, mais rares ont persisté avec autant de ténacité que celle d’un culte païen dont la simple existence est une offense envers la Trinité. »

Il était d’ordre publique de ne jamais parler de ces choses, en particulier à la présence d’un agent du Clergé. C’était le genre de blasphèmes qui vous valaient un séjour sans retour dans les cachots du Temple où sorcières et apostats étaient jugés sous la lumière des divins et les serres d’acier des outils de torture. Depuis des lunes et des lunes, le Clergé a tenté d’éradiquer et purger ces terres de la gangrène putréfiée qu’était cette adoration pour une déité dont le nom seul était synonyme de malheurs et d’atrocités.

« Certains enfants de la Trinité sont insensibles à Leur amour et succombent aisément à l’appel des démons trompeurs qui leur promettent la sanctification de leurs plus abjectes et innommables fantasmes. Un patriarche immonde est leur idole, clamant en toute impunité qu’il était le frère des Trois et qu’il les renverserait un jour pour assoir la domination des ténèbres et du chaos en ce monde. »

Passant lentement une main sur son visage, l’ascète cacha ses yeux tremblants tandis que son esprit était parcouru par toutes les rumeurs et les révélations des crimes impardonnables de ce culte déviant. Les lèvres tremblantes et la voix ténue, il poursuivit :

« Ce faux dieu, ils le nomment Etiol et le décrivent comme un corbeau. Si l’hérésie de profaner le panthéon de la Trinité est déjà un crime grave, ces parias poussent la décadence jusqu’à sacrifier des innocents pour leur déité. On raconte qu’ils se rassemblent dans le secret des marécages, levant des effigies grotesques et cauchemardesques avant de torturer leurs sacrifices et les dévorer vifs dans d’abominables orgies. »

Ces sectaires malfaisants étaient plus abjectes que les purificateurs aux yeux de Cesare, car là où les premiers étaient des déviants qui tordaient selon leur propre vision la volonté des Trois, les autres crachaient librement sur leur religion et honoraient le démon d’une manière qu’on ne qualifierait même pas d’animale tant ces atrocités dépassaient la raison.

« Seuls les fous et les infidèles les plus corrompus se rassemblent sous la bannière du corbeau. Ils se terrent plus habilement que les fangeux dans un cloaque, toujours à l’abris de la fureur de Rikni. J’ignore comment ce lépreux connaît leur existence, mais restez sur vos gardes mon fils. La potence est une fin bien trop douce pour ces diables humains. »

C’était la façon de Cesare d’indiquer à Desmond que s’il craignait que les rumeurs du lépreux soient vraies, il avait l’aval d’un agent du Temple pour passer au fil de l’épée les odieux païens jusqu’au dernier, chose qui serait fortement bénéfique pour la réputation du chevalier. Qui ne rêverait pas, effectivement, de devenir paladin et inscrire son nom dans la légende des héros de la Trinité ?

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Desmond de Rochemont
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MessageSujet: Re: Deux hommes et un couffin   Deux hommes et un couffin EmptyMer 3 Fév 2021 - 18:47
Le prêtre me répond bien que les malades ne portent plus de cloches, ce qui est bien dommage, car c’était très pratique pour les repérer et donc les éviter. Mais c’est vrai qu’il aurait pu aussi attirer les fangeux, quoique je sois sûr qu’ils l’ont évité jusque-là, ils doivent avoir peut d’être contaminés, les goules sont parfois très malignes.

La réponse à ma seconde question est plus compliquée et je dois essayer de me concentrer pour bien comprendre, tout en marchant et en faisant attention à de possible danger, ce qui n’est guère facile. Je ne suis pas une femme qui peut penser à deux choses en même temps et je dois rester très attentif pour comprendre le discours du prêtre.

Je l’écoute donc jusqu’au bout avant de résumé :

Si j’ai bien tout suivi, des fous pensent qu’un autre dieu existent et lui font des sacrifices ?


C’est là quelques choses typiques de ceux qui ont un petit pois à la place du cerveau de croire n'importe quoi et lorsque le religieux m’indique que je dois faire attention, je me contente de lui sourire puis de lui annoncer :

Je m’attaque déjà aux cultistes et aux bannis, alors des disciples d’une fausse divinité ne me font pas peur, en tout cas c’est une bonne nouvelle, s’ils en ont vraiment après moi et m'attaquent, ça m’évitera de leur courir après.


C’est vraiment une nouvelle formidable, du moins si le lépreux dit vrais et je n’ai plus qu’une question à poser à celui qui m’accompagne :

Que dit la loi si on en attrape un de ses hérétiques ? Je le conduis devant le tribunal, à l’église ou j’ai droit de l’exécuter si place ?


J’espère que la troisième réponse est la bonne, cela fait quelques jours que je n’ai pas tué des êtres humains et cela commence à me manquer un peu. J’écoute la réponse de mon compagnon jusqu’à ce que nous arrivions à une petite maison, avec une étable et je lui indique :

Nous sommes maintenant à l’entrée des faubourgs, il y a ici une fermière que je connais bien et qui pourra vous approvisionnez en lait pour le petit et je peux vous acheter quelques vêtements, cela évitera que l’on vous prenne pour un mendiant.


Je tente de le convaincre, car j’ai une certaine réputation et si j’escorte un homme ressemblant à un miséreux sans-logis, celle-ci va en pâtir, c’est sûr. D’ailleurs, il peut également en profiter pour prendre un bain, car là, il va empester toute la cité de Marbrume.
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