A l'aube d'une nouvelle ère (Alana Vieilgarde)

Un hiver entier s'était écoulé depuis que le Comte de Rougelac avait confié la supervision des travaux à Sombrebois à sa maitre d'arme, Alana. Un hiver complet où leur chemin ne s'était recroisé, la faute à ce maudit bailli qui avait provoqué l'exil du Comte vers le Labret pour y élucider une sordide affaire de jeunes femmes enlevées pour divertir quelques bourgeois malsain dans des jeux de chasses morbides.

Si le temps fût ensuite venu à Victor de rejoindre la capitale où son destin fut alors chamboulé par cette secrète convocation Royale, il fût ensuite l'heure pour le Gouverneur de reformer ou plutôt de rassembler ses pions afin de réorganiser son échiquier. Un court passage à la fin mars 1167 permit à ce dernier de retrouver successivement le colosse Desmond de Rochemont puis Alana Vieilgarde qu'il somma de l'escorter ensuite vers la capitale afin d'y rencontrer la fille du Grand Argentier, sans pour autant révéler à la mercenaire les derniers événements qui venaient rebattre les cartes de ces ambitieux projets mondain.

De nature à toujours s'évertuer à tout contrôler, le quadragénaire attendit le 1er jour du mois d'avril afin de convoquer sa femme d'arme pour la mettre au fait des grands changements qui étaient en train de s'opérer dans les marais. Mais une fois n'était pas coutume, il préféra les thermes à son manoir de l'Esplanade. Privatisant l'espace de quelques heures l'un des bassin, le mondain avait vu grand pour impressionner la dame de Vieilgarde. Plusieurs plateaux de fruits, de vin furent posés autour du bassin où deux banquettes avaient été disposées ainsi qu'une malle de bonne facture.

Soucieux de toujours scénariser la moindre de ces sorties, le Comte semblait s'évertuer à vouloir impressionner et ce n'était pas chose aisée face à la blonde chasseresse de sang noble dont les services devenaient de plus en plus importants et utiles dans ses desseins. Restait à savoir s'il reussirait enfin à influencer cette jeune femme aux nombreux talents capable de lui tenir tête dans quelques sujet de société si l'on pouvait dire.

S'offrant quelques longueurs de bassin pour réfléchir et préparer son prochain prélude, Rougelac avait laissé quelques consignes aux employés des thermes afin qu'Alana soit guidé jusqu'à ce lieu de villégiature un peu particulier, délestée de ces vêtements pour une longue serviette d'usage en ce lieu chaud et humide. Une douce chaleur et quelques vapeurs d'eau s'échappait du bassin lorsque la jeune femme fût invitée à entrer dans ce lieux closau cœur du quartier populaire de Marbrume.

- Ah vous voilà enfin ma chère ! J'imagine que vous avez profité de votre premier jourde retour à la capitale pour rendre visite à votre père? J'ai quand à moi eu un rendez-vous d'affaire rondement mené. Mais trêve de bavardage! Après ces longs mois dans les marais, je me suis dis qu'un bon bain serait bienvenue pour nos échanges de la plus grande importance. Allons, allons, profitez je vous prie.

Le comte était parti vaquer à ses affaires. Je ne savais pas trop ce qu'il magouillait, mais je n'avais pas mon mot à dire, de toute façon. Tant que cela ne me retombait pas dessus, poursuite en tant qu'employé d'un condamné, par exemple, cela me convenait très bien. Et puis, je n'appréciais pas forcément de l'avoir toujours derrière mon dos. En quelque sorte, il me faisait confiance pour gérer les affaires qu'il m'avait confiées et cela m'arrangeais parfaitement en fait. Et puis, il n'avait pas tord, au fond. Les choses avaient avancé à peu près comme il le désirait à son retour. Sombrebois s'était doté de nouvelles constructions de manière raisonnable, avec un léger retard sur le planning prévu, mais rien de bien méchant non plus.

D'ailleurs, il ne tarda pas à bouleverser ma petite routine journalière en exigeant que je l'accompagne à la capitale. J'essayais de voir le bon coté des choses pour ne pas grogner intérieurement après lui. Au moins, j'aurais l'occasion de passer le bonjour à mes parents. Ils vieillissaient lentement mais sûrement. A tel point que je me demandais si je ne devais pas les convaincre de rejoindre la bourgade maintenant qu'elle commençait à être vivable. Au moins, je serais près d'eux et je pourrais plus facilement leur venir en aide si le besoin s'en faisait sentir.

Je ne savais pas qu'il tramait quelque chose dans mon dos Comment aurais je pu le deviner? Ainsi, je fus pris fort au dépourvu quand une invitation pour les thermes tomba dans mon escarcelle. Je restais interdite. Moi, dans le bain avec le noble? C'était quoi ce coup fourré, encore? Il voulait se pavaner nu devant moi ou quoi, comme lors de notre première rencontre. Je n'aimais pas ça, mais comment dire non. Il pouvait se vexer. Je m'y rendis un peu à contre cœur, mais ensuite, tout tourna de mal en pis. L'employé insistait pour que je me déshabille complètement. Il n'en était pas question. Je portais toujours des poignards sur moi et une nudité totale en révélerait la présence si la serviette tombait. En désespoir de cause, j’assommais le pauvre serviteur et gardais ma chemise, que je dissimulais habilement par un habile enroulement de la serviette.

J'entrais ensuite dans les bains proprement dit. Fichtre, il avait fait les choses en grand! Il cachait quelque chose c'était certain, mais je n'étais pas sûre d'aimer le genre de surprise qu'il pouvait faire. J'essayais de lui sourire mais cela se voyait sans doute que j'étais un peu crispée, au moins dans ma démarche. J'étais tendue et prête à réagir au moindre mouvement que je trouverais suspect.

«Oui, me voilà. Vous m'avez demandé de venir alors je suis là. Ma famille va bien, merci de vous en soucier.»

Victor m'invitait à me baigner. Ce n'est pas que ça ne me tentait pas, mais ce serait révélé que je n'avais pas obéi aux instructions données. Mais pour donner le change, je m'assis sur le bord du bassin, barbotant dans l'eau avec les pieds. De toute façon, je ne savais pas nager, comme beaucoup de monde.

«Mais je profite, croyez moi. Je pense que les mets et le vin me plairont d'avantage. Mais je sens que vous avez des choses à me dire, alors je vous écoute.»

Je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être et cela commençait à m'angoisser un peu, en fait. Qu'il en finisse, et vite!

Comme le Comte l'avait présagé, à la vue de la femme d'arme, il décela chez elle toute la tension qu'elle pouvait alors cumuler. Et c'était bien normal vu dans quel contexte se déroulait à nouveau la confrontation. Mais c'était plus fort que lui, Victor se plaisait à briser les codes, les conventions et montrer par dessus tout qu'il était doué d'audace et de surprise. Ainsi, il ne se formalisa pas immédiatement outre mesure face à l'attitude d'Alana, peu enclin à le rejoindre dans le bassin et qui préféra seulement barbotter les pieds dans l'eau au bord du bassin. La laissant alors réagir à ses propos, Victor esquissa ensuite un léger sourire à la commissure de ses lèvres avant d'entreprendre à la brasse une longue de bassin jusqu'à rejoindre l'endroit où se tenait la dame de Vieilgarde. S'accoudant alors a un petit mètre de distance de son interlocutrice, le mondain leva légèrement la tête pour fixer finalement la rouquin d'un regard amusé.

- Ah mais que vous restez inexorablement sur la défensive ma chère ! Je ne vais pas vous manger voyons ! Et dans le cas où vous ne seriez nager, sachez qu'on y a pied. Mais bon, je ne vais insister plus que de raison au risque de vous entrainer dans l'inconfort le plus total.

D'un bon, il quitta le bassin, laissant à la vue de la femme d'arme la vision de sa nudité la plus parfaite, l'eau ruisselant de sa peau. Le temps d'aller de servir une coupe de vin, il regagna finalement le bassin pour s'y immergé jusqu'à hauteur de torse. Poussant un léger soupir d'aise, il s'offrit une gorgée de vin avant de poser la coupe sur le rebord, fendant à nouveau l'eau dans une brasse parfaitement exécutée.

- Pour tout vous avouer, la donne à bien changé et de fait, nos perspectives également. Vous et moi. Voyez-vous, j'ai eu le privilège de rencontrer pas plus tard que le mois dernier, le roi et la reine en personne. Ces derniers m'on nommé plus largement "Gouverneur du Sud", ce qui comprend donc à Sombrebois, le village de Lods. De surcroit, l'on m'a nommé Percepteur royal dans cette circonscription et ma place à la Cours Royal m'est redonnée.

Il s'interrompit le temps d'analyser l'éventuelle réaction de la blonde avant de poursuivre, regagnant à nouveau à la brasse la berge de marbre où se tenait Alana.

- La Couronne reprend la main sur les investissements de réhabilitation du Bourg, ce qui, je vous l'accorde, fait bien mes affaires. Je souhaitais fêté ces changements avec vous dans un cadre, plus approprié à la détente, en souhaitant obtenir vos impressions avant que je ne poursuive notre entrevue. Mais de grâce, n'ayez point peur de ma personne et sentez-vous d'égal à moi même.

Oui, sans doute lisait il en moi assez facilement, mais je n'étais pas vraiment à l'aise. Ce n'était pas vraiment le genre d'endroit que je fréquentais habituellement. Pour tout dire, je n'y avais jamais été auparavant. Pas facile de lui cacher ma réticence. Il se moquait un peu de moi, en premier, puis me signala qu'il y avait pied. Même si je n'avais pas à cacher les armes que je portais sur mon corps, je ne sais pas si je me serais laissée tenter. Je ne faisais pas confiance à cet élément liquide. Ce n'était pas vraiment ce que j'appréciais le plus dans mon existence, même si je lui reconnaissais le mérite de laver corps et vêtements.

Tout en parlant, le noble sortit de l'eau, entièrement nu. Je ne pouvais pas m'empêcher de le suivre du regard, à moitié choquée, à moitié stupéfaite de sa décontraction. Il faisait ça avec tant de naturel qu'on aurait dit qu'il se promenait nu régulièrement. Cela m'aurait étonné si c'était réellement le cas. En tout cas, j'étais sûre d'une chose. Il avait de bonnes nouvelles à annoncer et il était à l'aise dans l'eau, allant jusqu'à nager. Je n'allais tout de même pas rester assise à l'admirer et comme il avait ouvert les hostilités, en quelque sorte, en se servant du vin, je m'approchais à mon tour, me servit un verre et pris quelque chose à grignoter. J'en profitais pour trouver le prétexte de rester debout, préférant m'éloigner de l'eau.

«Ce sont d’excellentes nouvelles pour vous. Je vous félicite.»

Qu'est ce que je pouvais dire de plus. Pourtant, pour la réhabilitation du bourg, je n'étais pas si sûre que ça. Des rumeurs courraient que le pouvoir royal était plutôt radin concernant certaines dotations. Enfin, si le noble était content, c'était le principal. J'espérais que cet état se ferait ressentir jusque dans ma paye. Je ne dirais pas non à une augmentation et il le savait très bien puisque je lui en avais déjà parlé. Je ne voulais pas non plus faire revenir trop souvent le sujet. Je n'avais pas non plus envie de passer pour une mendiante ou quelque chose du même genre.

«Je n'ai pas peur de vous.» S'il croyait ça, il se méprenait. Je me méfiais de lui parce que je ne répondais pas de moi s'il tentait une approche plus… physique, dirais je, mais ce n'était pas de la peur. Je n'avais juste pas envie de me faire renvoyer pour agression, ou pire. «Et bien, je ne sais pas trop quoi vous dire de plus. Je suis ravie que vous ayez trouvé des échos favorables auprès de ses majestés.» Mais je ne voyais pas trop en quoi cela me concernait. A moins qu'il ait eu envie de se vanter auprès de tout ses employés. Oui, c'était peut être ça. Je comptais donc bien profiter des mets offerts à défauts du bain. Pour le reste, il était mon employeur, je n'étais pas prête à plus de familiarités que ça, trop risqué.

Les réactions de la femme d'armes semblaient dénuer d'un grand entrain. Si elle félicita le noble, elle semblait ne pas y voir d'intérêt personnel. Face à cette paradoxal moue qui ne se voyait pas physiquement, le Comte de Rougelac soupira intérieurement mais pour autant, il était bien décidé à faire de cette rencontre un moment important pour lui comme pour la mercenaire qu'il avait recruté depuis presque un an maintenant. Une chose était sûre, elle avait quitté le bord du bassin et faisait au moins l'effort de profiter du vin et des mets offert par son bienfaiteur. Mais cela s'arrêtait là.

La fixant longuement, le Gouverneur du Sud semblait pensif, cherchant un moyen de toucher l'égo d'Alana et la pousser hors de sa zone de confort. Mais comment ? Différentes possibilités s'offraient à lui et il lui fallait jouer avec subtilité quitte à multiplier les offensives. Tout d'abord, il se décida à lui donner le change dans la verbe, cela pouvait être un moyen bon de la déstabiliser.

- A preuve du contraire j'ai bien l'impression que vous avez un tant soit peu peur de moi. Vous garder volontairement la distance. Et ne mettez point en avant tout protocole pour justifier votre attitude. Je vous ai convié pour fêter comme il se doit non pas mon mais notre succès. Vous semblez avoir peur de l'eau comme un vulgaire chat qui ne veut pas se faire mouiller le poil.

Première pique. Sur l'offensive, Rougelac passa à la seconde phase de son stratagème, s'offrant une énième brasse pour rejoindre le bord du bain à quelques mètres de la position de la demoiselle de Vieilgarde.

- Vous exprimer étrangement votre joie ma chère. J'aurais cru que vous auriez immédiatement comprit qu'une telle promotion engendrerait des faveurs et des évolutions pour qui se tient à la droite d'un homme aussi illustre que je ne le deviens plus encore. Le Sud du Morguestanc est sous ma tutelle et vous pourriez devenir officiellement mon bras armée auprès de la couronne et ainsi regagner plus encore de respect pour votre noble lignée. Un titre par exemple, de chevalier ou que sais-je, un prévôt seigneurial rattaché à ma gouvernance. Evidemment, il me faudra proposer cette initiative à la couronne. Vous serez charge de m'assister, disons-le, de manière dissuasive auprès de la population et faire appliquer les éventuelles sentences si l'impôt devait ne pas être versée en temps et en heure. Cette perspective vous intéresse ?

Soudainement, l'homme envoya une gerbe d'eau dans la direction de la mercenaire avant de rajouter pour conclure.

- Mais pour cela, il va falloir surmonter ces peurs ma chère ! Quittez donc votre serviette à moins que vous n'ayez à cacher quelque chose ! J'ai une sainte horreur que mes proches puissent me mentir.

«Ce n'est pas parce que je ne vous saute pas au cou et que je garde des distances protocolaires et de bon aloi que j'ai peur de vous.»

Répliquais je un peu sèchement. Si j'avais peur des hommes, j'aurais fait un autre métier. Tant qu'on ne me provoquais pas trop intimement, j'étais bien plus à l'aise au milieu de soldats que parmi ces dames qui parlaient couture, bébés ou ce genre de choses. Je n'y comprenais rien et ne voyais pas l’intérêt de parler chiffon. Et puis, elles avaient trop tendance à se crêper le chignon ou être jalouse d'une telle. Le milieu masculin était plus franc, même si ces messieurs avaient tendance à chercher à savoir qui était le plus fort, le plus viril.

«Je pensais que c'était plutôt vers Desmond qu'irait vos faveurs.»

J'étais beaucoup plus calme en disant cela. Je n'étais pas vraiment jalouse. J'aimais bien l'homme de main du noble. J'étais plus circonspecte vis à vis de Victor, même si je ne savais pas vraiment si je l'aimais ou le détestais. Quelque chose entre les deux, sans doute. Il avait surtout le don de m'agacer et surtout, de me gêner avec son absence apparente de pudeur. C'était peut être un genre qu'il se donnait, mais cela m'embarrassait un peu. Même si j'avais déjà vu pas mal d'hommes nus. De ce coté là, il n'était pas vilain, je devais l'avouer. Mais de là à devenir intime, il y avait de la marge et largement.

«Mais oui, pourquoi pas. Il faudrait sans doute monter une sorte de compagnie dédier à inspirer le respect des gens et qui appliquerait éventuellement quelques sanctions dissuasives.»

Pour le reste, je me rembrunis un peu. Je ne lui avais pas menti, je ne savais pas où il allait chercher ça. Je ne lui avais pas parlé de mes armes, tout simplement. Il n'avait pas forcément besoin de tout savoir sur moi et c'était aussi vrai réciproquement. J'essayais d'esquiver l'eau qu'il m'envoya et n'y réussi que partiellement. Pourtant, je n'avais pas l'intention de quitter ma serviette. Tant pis si le bas était mouillé. Je ne pensais pas que cela allait me tuer.

«L'eau, c'est fait pour laver, pas pour faire trempette dedans. Et non, je n'ai pas envie de m'y aventurer, même si vous affirmer qu'il y a pied. Et oui, je ne sais pas nager, comme beaucoup de gens.»

Je retournais vers les aliments pour masquer un début d'un agacement. Je ne voyais pas pourquoi il essayait à tout prix à me faire entrer dans ce bassin.

Si proche et inaccessible à la fois. Voilà le sentiment qui traversait l'esprit du mondain face au scénario qui se dessinait sous ses yeux de minutes en minutes. Face à son attitude provoquante, la femme d'arme semblait garder le contrôle de ses émotions. Un coup d'épée dans l'eau pouvait-on dire, mais cela allait-il refroidir le Comte de Rougelac ? C'était mal le connaître. Pourtant, s'il décelait une pointe d'agacement chez sa comparse, le Gouverneur du Sud nouvellement renommé ainsi, il ne profita pas immédiatement face à cette réaction, préférant se focaliser sur un sujet bien plus sérieux.

- Desmond ? Il aurait pu en être ainsi, mais plusieurs éléments ne m'ont point fait converger vers ce choix. Tout d'abord, Ser de Rochemont s'est engagé dans un projet ambitieux de monter une guilde de mercenaire. Cela requiert beaucoup d'investissement personnel de sa part. Ensuite, j'ai besoin de le savoir proche de la baronne de Sombrebois. Je ne suis pas en capacité de vous affirmer qu'il sera mes yeux et mes oreilles sur cette place-forte, mais il me sera plus utile ainsi. Evidemment, vous vous en doutez, je placerais d'autres pions plus "discret" au château de Sombrebois. Enfin, et comme vous avez pu sans le vouloir me le confirmer, vous êtes bien plus complexe à cerner, bien moins sujette à être déstabilisé.

Il prit un instant pour finalement quitter l'eau du bain et par geste de conciliation, enfila autour de sa taille une serviette avant d'aller se porter à la rencontre de la mercenaire pour venir picorer dans le même plat que cette dernière et rompre cette distance entre eux.

- C'est un allié de taille, certes, mais il peut par moment commettre des impairs. N'ai-je à vous reprocher cela et dans cette perspective de gouvernance de toute la zone sud du royaume, je ne dois pas faire la moindre erreur. Ma place à la Cours en dépend. Et je ne vous cache pas que mon regard, mon attention est porté en priorité vers la capitale.

Un aveux, une confidence. Victor avait suffisamment confiance en la dame de Vieilgarde pour s'offrir cet écart.

- Et depuis quand ne vous êtes-vous pas lavé ?

Dit-il afin de revenir sur un sujet plus taquin, un léger sourire aux lèvres.

- Je vais respecter votre choix en ce cas.

Il laissa alors une main s'hasarder sur la serviette que portait Alana mais sans pour autant se montrer déplacer. Comme si le geste était involontaire, furtif, mais suffisant pour que la jeune femme puisse en faire quelques interprétations. La mercenaire était à apprivoiser avec beaucoup plus de finesse et Victor tirait les conséquences de ces précédents échecs. Il laissait ainsi entrevoir chez elle qu'il l'intéressait, sans pour autant l'affirmer, une méthode plus suggestive en soit et qui laissait à Alana tout droit de liberté.

Se faisant, après lui avoir adresser un regard charmeur, le mondain se dirigea vers l'un des deux sofa qui se faisait face et s'y installa en prenant une pose légèrement lascive et décontracter non sans garder sa serviette.

- Voilà en tout cas pourquoi vous avez mes faveurs. Et cela va s'accompagner par quelques dépenses qui irons de pair. Vous n'aurez rien à débourser, mais il va me falloir vous équiper à la hauteur de votre nouveau statut. Armure et armes pour les marais, garde robe pour la capitale. Je ferais appelle aux meilleurs artisans, alors ne soyez point sur la réserve quand à vos souhaits.

Ainsi, le garde du corps était une sorte d'espion. Je me demandais si vraiment il était efficace dans ce rôle, surtout avec la précision du noble concernant l'investissement requis dans la guilde que l'homme montait. Il m'en avait touché un mot il n'y avait pas longtemps, mais comme je ne l'avais pas recroisé depuis, je ne pensais plus vraiment à ce point là avant que Victor ne me le rappelle. Ainsi, j'étais une sorte de second choix. J'aurais dû être habituée, mais cela me contrariait toujours de le constater. En même temps, je n'allais pas cracher dans la soupe. Je présentais une substantiel augmentation de salaire. Je n'étais pas plus vénale que ça mais j'avais mes parents à nourrir, donc un peu plus d'aisance serait toujours le bienvenue.

Depuis quand je ne m'étais pas lavée? Je n'en savais trop rien. J'essayais tout de même de le faire régulièrement. Je préférais ne pas répondre et apparemment le noble n'en tint pas tellement compte. Il était plus occupé à rompre la distance entre nous. Je le surveillais du coin de l'oeil sans pour autant bouger de ma position. Je ne dis rien quand il mangea dans mon assiette, mais je me figeais quand sa main se posa sur ma serviette. Plus statue que moi à cet instant, je ne croyais pas que c'était possible. Mille choses se présentaient à mon esprit. Il allait ôter cette serviette, j'en étais presque persuadée.

J'eus le temps de penser à ma réaction dans ce cas. L'égorger séance tenante fut la première qui vint, mais je l'écartais. Je n'avais guère envie de tuer mon employeur, sauf cas de force majeur. Le gifler fut la seconde, mais là aussi, je me retins. Je ne savais pas trop comment il réagirait si je le frappais, même ainsi. Le temps semblait une éternité et je repris une respiration quand sa main quitta ma serviette. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais arrêté de respirer. Du coup, je préférais rebondir sur le dernier sujet, plus terre à terre. J'eus presque un vrai sourire.

«Armure, je préférais garder des choses légères à porter. Je table beaucoup sur mon habileté et ma vitesse. Je ne voudrais pas me retrouver trop alourdie ou trop engoncer dans une protection. Si vous avez des suggestions, je veux bien. Sinon, juste des habits de cuirs solides et un peu rembourrés suffiront largement. Pour la tenue de cours, je ne suis pas très fan des robes. Mais je ferais un effort. Quelque chose qui ne m'entrave pas trop non plus au niveau des mouvements, c'est tout ce que je demande.

Et pour la compagnie chargée de récolter les impôts et autres services, j'ai carte blanche ou bien vous voudriez voir certaines personnes intégrées?»

Difficile pour Victor d'appréhender les réactions de sa femme d'arme. Son subtile rapprochement physique était un jeu des plus dangereux et il s'attendait à un geste hostile. Geste qui ne vint finalement pas à son grand soulagement. Alana était-elle "domptable" ? Dur à dire, en tout cas son opportunisme n'avait pas rencontrer d'obstacle ce qui pouvait être un bon début à certains autres desseins qui murissaient dans son esprit.

Ne rompant pas la proximité âprement gagnée, le Gouverneur du Sud laissa la dame de Vieilgarde réagir à ses propos, non sans la fixer droit dans les yeux de son plus beau et charmeur regard océan. Il fini par se frotter du bout des doigts pensivement son menton avant de jauger la silhouette de la femme d'arme bien dissimulé sous sa serviette.

- Vous jouirez du meilleur cuir et du meilleur artisan de la capitale. Elle sera légère et épousera parfaitement vos forme afin que vos mouvements ne soient point handicapé. Pour la tenue de cours, ne vous en faites point, je sais parfaitement ce qui vous sierra. Vous devrez vous fondre dans la masse de mondains et non trop y briller.

Il se décida finalement à contourner la jeune femme, son corps flirtant presque sensuellement l'espace d'un instant dans le dos de la mercenaire qui semblait toujours sans réaction intéressé et vin récupérer une clé qu'il avait préalablement posé à proximité. Il se rapprocha alors de la jeune femme, jouant du bout des doigts avec l'objet métallique.

- Vous avez carte blanche. N'aurais-je seulement qu'un droit de regard et de véto, mais je ne penses pas que ce dernier point soit un jour à mettre en application car j'ai toute confiance en votre discernement.

Fini part tendre la clé en adressant un fin sourire à l'attention d'Alana avant d'indiquer l'un des coin de la pièce thermal privative. Là, un coffre y était entreposé.

- Je suis une personne prévenante. J'ai donc naturellement anticipé certaines choses, même si il met encore bien difficile de vous connaître. Pourtant, ai-je une attirance pour vous qui grandi de jour en jour. Mais là n'est point le sujet. Je vous laisse volontiers découvrir ce qui se cache dans ce coffre.

Objets et tenues se trouvant dans le coffre a écrit:

Les meilleurs artisans de la capitale! Fichtre! Il ne lésinait pas sur les moyens. En même temps, il s'agissait de représenter la couronne. Il fallait montrer un certain rang, et la tenue en faisait partie. La qualité des habits et de la future compagnie était donc relativement importante. Jamais je n'aurais pu me payer ce genre de vêtements, j'en étais presque persuadée. A part à épouser un homme riche. Mais aucun ne m'avait tapé dans l’œil, même si un ou deux s'étaient intéressés à moi. Je commençais à me demander si Victor n'était pas l'un deux, mais je n'eus guère le temps de réfléchir à cette option, le noble m’asséna un cou auquel je ne m'attendais pas.

Bien. Je pouvais donner libre cours à mon jugement pour les embauches. Je n'avais pas du tout réfléchis encore à ce qu'il fallait comme qualité. Il faudrait peut être que je m'entretienne avec Desmond à ce sujet. Il avait plus d’expérience que moi à ce propos. J'étais plutôt contente de la tournure que prenait ce rendez vous finalement. A part le fait d'être nue, seule avec le comte. Mais j'étais de taille à me défendre, il l'avouait lui même. Je ne savais pas trop si c'était pour me mettre en confiance ou si c'était vrai, mais le fait était là.

En parlant du noble, il continuait à me tourner autour, et je restais sur mes gardes. Pourtant, ma curiosité s'éveilla à la vue d'une clef qu'il sortait presque comme un magicien. Il me la tendit, désignant le coffre au coin de la pièce. Quel était ce traquenard? J'espérais qu'il ne me faisait pas un mauvais coup, qu'il y avait une bête ou je ne sais quoi dans cette boîte. Finalement, je ne pouvais pas m'empêcher d'aller voir. Et je ne le regrettais pas loin de là. Je sortais les affaires pièces par pièces et j'en avais le souffle coupé. Je n'écoutais même plus ce que l'homme pouvait dire. C'était tout simplement superbe.

«C'est … C'est … magnifique! C'est très gentil à vous.»

Je lui adressais un sourire cette fois sincère. Il avait visé juste, je ne savais pas trop comment. Bon, la robe, ce serait uniquement pour les dîners officiels ou quelque chose du genre, mais cela irait. Elle cachait ce qu'il fallait tout en me permettant de bouger assez aisément, apparemment. Et puis, elle n'était pas clinquante, elle n'attirerait pas l'attention. En plus, j'étais presque certaine que tout cela aillait m'aller comme un gant. Je ne sais pas comment il avait fait. Il m'avait observé ou fait observer, sans doute. Je n'aimais pas trop l'idée, mais je pouvais faire avec.

«Si je vous ai bien compris, je devrais ouvrir les yeux et les oreilles quand je serais à la cours de ses majestés. Des choses particulières à prendre en compte?»

Je ne pouvais pas tout espionner. Je n'étais même pas choquée par l'idée. Cela m'était déjà arrivé. Pour le reste, j'en étais revenue encore une fois à des préoccupations professionnelles, essayant d'ignorer les manœuvres du noble qui semblait bel et bien me tourner autour.

Fort de son initiative, le mondain, dont l'opportunisme n'avait jusque là pas porter ses fruits, attendait avec impatience la réaction de sa femme d'arme dès lors qu'elle aurait découvert l'ensemble des présents qui lui étaient destiné dans ce coffre. Il ne fut pas déçu car enfin Alana quitta sa réserve en lui adressant un sourire sincère. Une petite victoire sur laquelle il devait s'appuyer pour s'attirer quelques faveurs. L'homme appréciait les "challenges" et cette traque le divertissait depuis ses débuts et ce malgré les nombreux échecs qu'il avait pu essuyer.

Evidemment, Victor n'allait pas dévoiler les méthodes dont il avait usé pour connaître les mensurations de la jeune femme, cela ferait parti du mystère qui entourait ce coffre. Reprenant donc sa coupe qu'il porta à ses lèvres pour y dissimuler un fin sourire victorieux, le Gouverneur du Sud inclina légèrement la tête aux propos tenus par la dame de Vieilgarde qui semblait chercher la parade en revenant sur des sujets plus professionnels et ainsi chercher à dissiper les manœuvres du noble. Il s'approcha alors lentement de la mercenaire avant de faire mine d'examiner les tissus qu'elle venait de découvrir ainsi que les objets qu'elle allait pouvoir dissimuler lorsqu'elle s'afficherait à ses cotés à la cours royale. Il y avait presque une forme de sensualité dans ses gestes, flirtant du bout des doigts, d'étoffes en objets.

- C'est exact. Vous œuvrerez dans l'ombre de ma personne. Les couloirs du château regorgerons d'ennemis et vous serez là pour les dissuader de me nuire. Qui sait, vous pourriez aussi percer certains complots ?

Il se tourna alors vers Alana, poursuivant, le regard légèrement espiègle.

- Me feriez-vous l'honneur d'essayer vos présents ? Ou seriez-vous toujours aussi pudique à mon endroit ? Vous savez, nous allons passez beaucoup de temps ensemble et nous n'aurons pas toujours le loisir de profiter d'une parfaite intimité.

Il jaugea la serviette que portait toujours la femme d'arme avant de répliquer.

- Craignez-vous le jugement des Trois ? J'aime l'art dans sous toutes ses formes et mon intuition me trompe rarement, vous êtes une œuvre d'art dans toutes ses composantes possibles.

Victor se faisait flatteur certes, mais il se montrait aussi légèrement entreprenant au risque de mettre une fois encroe en échec ses plans du jour.

Essayer les vêtements? Ce n'était pas l'envie qui m'en manquait mais effectivement, la présence du comte me freinais. Je n'étais pas à l'aise en sa présence, surtout presque nue sous ma serviette, même si j'avais gardé ma chemise. En plus, si j’ôtais le tissus qui me couvrait, il saurait que j'avais ''triché'' et en plus, que je portais des armes sur moi. Je fis une grimace un peu embarrassée. Cet homme avait le chic pour me déstabiliser et me laisser

A croire qu'il avait un accord avec les forces obscures. Alors que j'arrivais pas à prendre une décision sur la conduite à tenir, il me parla des Trois. Je le regardais, encore plus hésitante qu'il y a quelques instants. Puis je réalisais que je m'étais encore fait avoir. Il m'avait piégé avec habileté. Il me ne restait donc plus que deux choix, refuser tout net avec assurance ou accepter. Je lui en voulais un peu de me manipuler comme ça. Si cela continuait comme ça, il finirait par me mettre dans son lit. Je n'eus heureusement pas le temps de me dire que c'était exactement ce qu'il voulait.

«Seigneur, cette femme est dangereuse! Elle m'a assommé dans l'exercice de mes fonctions.»

L'employé du noble venait de rentrer. Il avait sans doute fini par reprendre connaissance. Il faut dire que je ne pensais plus du tout à lui ni aux conséquences que cela pouvait apporter le fait de l'avoir assommer. Je le foudroyais du regard, je n'aimais pas les délateurs. Encore, qu'il se plaigne de mon attaque, je pouvais comprendre, mais s'il poursuivait, ce serait un peu trop et je devrais sans doute m'expliquer auprès de Victor. Lui qui m'avait accusé tout à l'heure de lui mentir... En même temps, ne pas dire n'était pas pareil que de dire des mensonges.

«- Elle a refusé de se déshabiller …
- Ca suffit, dégage. Tu vois bien qu'il n'y a pas de danger!»

L'homme hésita, mais devant mon air revêche, voir menaçant, il préféra battre en retraite au moins un peu. De là où j'étais, je ne le voyais plus, mais il pouvait toujours se trouver à l'embrasure de la porte. Je soupirais. J'étais plus ou moins grillée. Je regardais le comte et haussais les épaules d'un geste fataliste. «Il n'y a pas mort d'homme. Je n'étais juste pas à l'aise à l'idée d'être nue avec vous. Mais si vous voulez bien vous tourner, j'essayerais ces tenues avec plaisir.» Pudique moi? Oui, surtout avec celui ci, en fait.

Rougelac mettait assurément sa femme d'arme dans une situation paradoxalement inconfortable. Ces cadeaux et privilèges avaient permis au Comte de se rapprocher de la blonde aux reflets cendrés et comme elle pouvait le craindre, l'objectif était de la mettre dans son lit. Et cette chasse était exaltante pour tout dire car le gibier était une proie des plus insaisissable et qui a plusieurs reprises avait réussi à se défaire de son traqueur.

Le moment était venu de voir si ses arguments pouvaient l'emporter et ainsi lui offrir le luxe d'admirer la Dame de Viegarde dans son plus simple apparat. Mais comme dans toute chasse, il y avait des imprévus et l'un d'eux se formalisa par l'apparition du sbir du Gouverneur du Sud venant rendre des comptes quand à l'attitude d'Alana. Face au répondant de cette dernier, la sentinelle hésita et fini par quitter les yeux, non pas par dépis et face au verbiage de la femme d'arme, mais par un léger mouvement de la main droite de Victor qui lui intima l'ordre de les laisser seuls.

Il esquissa alors un léger sourire avant de lâcher un généreux rictus non sans toiser de son bleu azur profond la femme tentant de relativiser cet incident.

- Je vous met donc mal à l'aise au point de désobéir à des directives somme toute normale en un lieu comme celui ci ?

Il fini alors par brusquement se retourner, feignant d'obéir jusqu'au moment où la femme d'arme se serait décidé à quitter ses vêtements juste avant les essayages. Là, il se retourna brusque, le temps d'entrapercevoir les ravissantes courbes de sa femme d'arme et surtout les deux lames qu'elles portait sur elle, l'une à hauteur de cuisse, l'autre sous l'un de ces bras. Il posa alors le bout des doigts de sa main droite sur sa bouche, comme s'il était lui-même surprit par son acte alors qu'Alana allait sans doute reprendre sa serviette.

- Oh que j'ai moi aussi désobéit ! Nous voilà à égalité si je puis dire. Mais ai-je bien fait, car après tout, que n'ai-je point vu de tout aussi attirant que dangereux.

Il faisait à la fois allusion à la plastique d'Alana et à ses deux armes qu'elle avait dissimulée et qui expliquait donc une partie de cette pudeur.

Bougre de noble! La tentation des vêtements neufs pour combattre avait été trop forte. Je voulais les essayer tout de suite, même si j'avais l'impression qu'ils allaient m'aller comme un gant. Après l'incident du personnel des thermes, j'avais accepté de faire les essayages à condition qu'il se retourne, ce qu'il avait fait. Mais ce statu quo ne dura pas longtemps. A peine quelques minutes après, le comte se retournais, suffisamment tôt pour pouvoir m'apercevoir encore nue, alors que j'entamais d'enfiler les premières pièces à peine. Je me figeais, interdite. Je restais comme une statue un peu trop longtemps à mon goût d'ailleurs.

Puis, je me baissais précipitamment pour prendre la serviette et m'en recouvrir, même si c'était sans doute trop tard. Je fusillais Victor du regard, trop furieuse et interloquée à la fois pour pouvoir parler. Tout ce qui me venait était des insultes et j'essayais de me calmer pour ne pas dépasser les bornes avec mon employeur. J'entendis à peine ce qu'il me disait. Je ne supportais pas la lueur moqueuse que je voyais dans ses yeux et son ton que je trouvais un peu trop goguenard à mon goût. Ce qui me chagrinait le plus dans tout ça, c'est qu'il ait vu au moins une de mes armes. Je n'étais pas sûre pour l'autre.

De toute façon, une seule était une de trop. Maintenant, il saurait que j'étais armée. Je ne savais pas si cela changeait quelque chose pour lui. Je devais m'avouer que je n'aimais pas trop ce qui se passait. Je n'étais pas une femme facile qui couchait avec n'importe qui, sinon la plupart des combattants ne m'auraient pas respecté comme ils le faisaient. En plus, coucher avec son employeur... et c'était parti pour les rumeurs que je n'avais eu ce poste que par ce fait là. Remettre en question mes compétences, je n'avais pas envie, déjà que j'avais du mal à les imposer.

«Je crois que nous allons en rester pour aujourd'hui. Je vous remercie pour la promotion et les vêtements, ils sont magnifiques. Je pense que je vais y aller, j'ai beaucoup de travail. J'engagerais quelqu'un pour faire porter la malle.»

Je ramassais et passais mes vêtements ordinaires à la hâte. Ce n'était plus la peine de lui demander de ne pas regarder puisqu'il avait déjà vu. Mais j'étais toujours furieuse et je me retenais difficilement de déchaîner toute ma colère sur le noble. Je n'avais pas envie de devoir démissionner, surtout après une annonce pareille. Il valait donc mieux que je m'en aille, je me connaissais, je pouvais finir par l'injurier, voir le frapper. Une fois les habits à peu près ajustés, je pris donc la direction de la sortie de la pièce.

Alana pensait-elle s'en tirer à si bon compte ? c'était mal connaître le Comte de Rougelac. Après un échange de "bon" ou "mauvais" procédé si l'on peut dire, voilà que la femme d'arme se hâtait de cacher ses formes sous la serviette renfilée tant bien que mal. Tout dans son attitude et son regard laissait à penser qu'elle cherchait à garder le contrôle pour ne pas s'attaquer à son employeur qui venait de lui rendre la monnaie de sa pièce. Se décidant à prendre congé, non sans informer le Gouverneur du Sud qu'elle mandaterait une personne pour rapatrier la malle, Alana Vieilgarde se dirigea vers la porte de la salle thermal privatisée afin de fuir son calvaire.

Mais tout ne se déroula pas comme elle l'aurait souhaité puisque le Comte la retint au dernier moment par le bras, allant jusqu'à la retourner pour alors nicher son visage face à celui de la femme d'arme.

- Le travail attendra Alana.

Et à peine put-elle ouvrir la bouche pour protester que Victor l'embrassa avec fougue, cherchant à la repousser dos contre la porte. Avec succès ou non, il tenta même de laisser ses lèvres s'hasarder dans la nuque de la jeune femme pour alors lui murmurer quelques mots d'un ton légèrement suave.

- Allez-vous me fuir éternellement ? Ou me résistez-vous parce que je suis votre employeur ? je sais me montrer... extrêmement discret...

Il effleura la cuisse de son employée, flirtant du bout des doigts avec le contour de l'arme qu'elle portait, rajoutant pour conclure.

- Mon initiative est dangereuse, je vous l'accorde... vous êtes armée. Mais je tente ma chance, quitte à me voir poignardée... vous aurez suffisamment de temps pour ensuite fuir, j'en suis convaincu.

S'il passait à l'action en connaissance de cause, rien ne disait qu'Alana allait céder à ses avances. Rougelac jouait en quelque sorte son va-tout. A ses risques et périls.