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 « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)

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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyLun 11 Jan 2016 - 12:05

Elle avait dit pas d’entourloupe… Ils finissaient pourtant dans l’un des pires tapis-francs du Goulot. Au Chat huant, rien que ça ! La taverne s’était transformée, depuis la Fange, en un véritable tripot à forte teneur de bandits et autres grippe-sous. L’autrefois gentil établissement, une dépendance d’un prieuré mitoyen, était une typique auberge de catégorie un. Refuge quiet et tenu par une famille de convers employés par les sages moines du prieuré, c’était un lieu de passage modeste mais sécurisant pour les différents marchands. Avec cependant le début de la fin, la bâtisse était partie à vau-l’eau. On dit que la famille des tenanciers était morte, emportée par une sale épidémie de poignards dans le dos, remplacée par une bande de métèques ayant décidé de nidifier céans pour l’hiver. Le prieuré ayant d’autres problèmes, notamment sa vertigineuse dépopulation, le Chat huant vécut une danse des locataires, la possession du vieux bâtiment changeant au gré des bandes. La façade portait encore les stigmates de cette joyeuse valse : un pan du mur s’était dangereusement effondré, et depuis, un squelette d’échafaudages désertés le recouvrait pour durée indéterminée. Si bien qu’à défaut d’entrer par la porte principale, à jamais obstruée du fait des travaux de la façade, on se faufilait dans la masure par l’arrière, après avoir enfilé une ruelle étroite et rejoint un petit vantail gardé par un gorille à l’œil torve.

Ce mois-ci, c’était un certain Torvald qui avait repris la boutique. Dans les petits papiers de quelque homme de la milice et bien en bouche auprès d’une ou deux bandes, ce colosse avait eu l’intelligence de ne pas trop contrarier les libertés qui s’étaient établies depuis quelques temps dans cette mansarde en se considérant simplement comme l’usufruitier et le gardien temporaire du bouge qu’était le Chat huant. L’on retrouvait donc éclairée par l’éternelle lumière rare d’une grappe de bougeottes mal disposée la même clientèle que dans chaque auberge de catégorie 2, ou ‘rade’, c'est-à-dire des repris de justice, des futurs repris de justice et des évadés.

Anton n’était ainsi à ses aises. Non pas que la franche camaraderie, parfois un peu échauffée et virile, d’un tel établissement eut rebuté ses habitudes, mais il craignait de faire quelque mauvaise rencontre. Une rixe animait la salle et renversait des tables quand ils arrivèrent, et Anton en rendit grâce à la providence tout en suivant sans faire beaucoup de spectacle sa magicienne de compagne. Il les orienta vers le recoin le plus sombre et le plus excentré du lieu, espérant se faire discret à l’abri de ces alcôves qui parasitaient la salle commune du Chat huant et où les habitués avaient pris l’habitude de fomenter leurs mauvais coups.

Par d’entourloupes, qu’elle avait dit, remâcha le milicien anonyme en jetant des regards dans son dos tandis que la jeune arnaqueuse s’enfonçait au fond d’une banquette rembourrée et pourtant inconfortable. Il prit place à son tour, sur la même banquette, au côté de Nashley, afin qu’elle ne puisse pas lui échapper une nouvelle fois, sait-on jamais. Une sale blague dans ce bouge, et elle aurait sa peau, après tout. Sa méfiance se dissipa quelque peu quand ils furent installés et servis. Leur nid dans les pénombres, la langueur qui l’envahissait, le plaisir d’avoir le cul posé et du vin dans la main, ainsi que le spectacle de sa voleuse débraillée, toute à lui dans cette ambiance feutrée et faussement intime, tout cela contribuait à l’emplir d’un sentiment de vague satisfaction. Il laissa dévaler son regard sur elle quand elle leva sa pinte. A quoi trinquait-on ? A quoi donc ? Mais, pardi, c’était bien simple, se dit-il en empoignant son verre.

« A toi, qu’on trinque, fräulein… ? » Nashley, qu’elle s’appelait. « A toi, Nashley. La bien belle acquisition de myssègue, garde Gunof. » Il dit tout cela avec un sourire connard fiché entre les deux oreilles, puis son nom dans un murmure, avant de frapper leur verre sans délicatesse et lever le sien encore un peu plus haut, sur le point de l’engloutir.


Dernière édition par Anton Gunof le Ven 19 Fév 2016 - 14:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyDim 24 Jan 2016 - 13:41
- A nous ! renchérit-elle avec humeur, cognant sa chope de ce même geste délicat dont il avait fait preuve, avant de laper goulument une rasade d’ivrogne.

Le Chat huant empestait l’humain qui se néglige, ce parfum doux et délicat de l’haleine acide et du froc en berne. Non pas qu’ils n’avaient pas eu le temps de s’habituer au remugle du Goulot en le traversant au pas de course. Heureusement, l’alcool grisait efficacement les narines si bien qu’on s’en accommodait et personne n’avait paru importuné par l’arôme de fumée qu’ils charriaient dans leur passage. Celui-là même qui, en d’autres circonstances, n’aurait pas manqué de les étouffer et de souffler leurs beaux jours dans d’atroces souffrances.

La menace des fanatiques n’était dorénavant plus qu’un lointain souvenir, aucun illuminé ne se risquerait dans le repère-même des coupe-jarrets. Le Gunof lui-même, pourtant rompu au contact des brutes de ce genre, avait zyeuté un œil inquiet et collé l’illusionniste dans son dos, l’orientant vers une niche sombre, loin de la faune locale qui culbutait les tables et échauffait ses poings. L’abus d’alcool, vous m’en direz tant. Mais qu’on se le dise, les fidèles du Chat huant venaient exactement pour se genre d’ambiance et l’établissement transformé en salon de thé aurait fait jaser ! Aussi, Nashley avait-elle cru bon rassurer la jeune fille effarouchée qui lui tenait lieu de milicien d’un « Ces gars-là ne sont pas de mauvais bougres. Tant que tu ne leur dis pas que t’es de la flicaille, bien sûr ». Après quoi, elle lui avait décoché un regard entendu, légèrement moqueur sur les bords. Cela donnait peut être de méchantes idées à la saltimbanque, allez savoir. C’est que la belle parleuse avait cette agaçante faculté à mettre le monde dans sa poche, qui sait quel genre d’émeute elle pourrait causer ici ? Remarquez, la magicienne ne fanfaronnait pas non plus. Elle savait s’intégrer juste assez pour ne pas être vue comme une étrangère mais mesurait ses propos d’ordinaire si cinglants et ne s’aventurait qu’avec précautions dans les affaires louches.
Et puis elle avait dit pas d’entourloupe.

- Nouvelle acquisition… Nashley fit presque rouler le mot sur la langue, pensivement pendant quelques instants, avant de tourner la tête vers Anton, le sourcil haut. Rien que ça. Tu penses que t’en as pour ton argent ? osa-t-elle avec le plus grand sérieux du monde.
Après tout, son addition commençait à être salée. Le bougre lui devait deux chapeaux, un nouveau paquet de cartes et la vie. Pas sûr que sa paye d’officier ne suffise. Elle lui en fit la remarque à peu près dans ses termes. Puis elle éclata d’un rire incrédule et s’enfonça un peu plus dans la banquette trop dure, vandalisée par les dents d’une vermine sans gêne. L’illusionniste posa alors les pieds sur la table façon demoiselle mal élevée. Ce qu’elle était, en fait.

En retirant son veston en loques et se débarrassant du même coup du gilet assorti, elle avait bien sûr remarqué l’œil avide de son comparse. La chemise débraillée laissant zyeuter sur un bandeau en cuir ceignant sa poitrine – lingerie d’époque, prends ton mâle en patience Anton, il faudra t’en contenter ! L’air frustré du milicien, cet esclave d’hormones tyranniques au supplice, était inimitable. Son expression dorénavant virile et possessive, contrastait comiquement avec celle qu’il avait affichée un peu plus tôt. Il ne manquait pas d’air, le Gunof. Peut être jouait-elle trop bien son personnage et que cela lui porterait préjudice. Aurais-je loupé ma vocation ? railla-t-elle en elle-même.
Bizarrement, le butin de fauche de la Hanse posé négligemment sur la table n’eut aucun succès aux yeux du garde. Le sens des priorités...

Après toutes leurs péripéties, ils ne pouvaient décidément plus s’en tenir aux simples « milicien » et « la gaupe ». Frôler la mort ensemble, ça rapprochait forcément, pas vrai ? Anton, qu’il s’appelait. Elle lui avait confié qu’il pouvait l’appeler Nash.
- Sacré Anton. Je t’ai sauvé le derrière, petit veinard. Garde tes « acquisition » pour tes greluches.
Elle ponctua sa bravade d’une lampée.

Un peu plus tard, quand les brumes de l’alcool se firent encore plus opaques.
- Tu vas dire que je remue le couteau dans la plaie, mais je suis curieuse, osa-t-elle finalement. Qu’est-ce qu’il y avait dans la crypte ?
L’expression du garde laissait présager que l’aventure n’avait pas vraiment été une partie de plaisir. Après tout, n’était-ce pas là qu’il avait perdu son apprenti ? Elle insista :
- Allez, je suis sûre que t’es un bon conteur ! Et si tu ne sais pas rendre tes exploits extraordinaires, moi, je saurai conter ta légende.
Elle leva les bras en l’air et mima une pancarte de ses mains d’illettrée, le sourire jusqu'aux oreilles.
- Anton le Brave. Anton le Courageux, inscrit sur une plaque. Allez, ose me dire que ça te fait pas rêver, toi, le milicien anonyme qui patrouille dans la merde puante du Labourg à longueur de journée.


Dernière édition par Nashley le Sam 30 Jan 2016 - 12:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyMar 26 Jan 2016 - 11:46
Elle s’était mise à l’aise, la gaupe. La Nashley, qu’elle se prétendait. Le garde essaya de se remémorer quelque chose à propos de ce nom, mais rien ne vint, sinon des échos flous. Il haussa les épaules mentalement ; il s’en foutait pas mal de savoir depuis combien de temps la chatte de gouttière arpentait sa cité, parce qu’elle s’était mise à l’aise. Les guibolles attablées, la tête adossée au dossier molletonné, elle était même un peu dévêtue. Ses oripeaux froissés, déchirés, n’avaient plus guère d’utilité, à vrai dire, sinon celle de lui préserver encore un peu de pudeur. En avait-il eu pour son argent, qu’elle lui disait, avant d’enchaîner sur la liste des pertes et dommages matériels dont ce pugnace de Gunof l’avait affligés. Elle lui répéta qu’il lui devait la vie, mais ça ne semblait pas entrer dans la caboche du soudard, qui était trop occupé à lorgner sur la chemise échancrée de son ‘acquisition’. Aurait-il seulement capable d’éprouver de la reconnaissance pour la jeune illusionniste à ce moment ? Il la fixait tandis qu’elle vidait par provocation le fruit de sa pêche du jour. Elle ne sembla même pas envisager le fait de se racheter en lui remettant son butin de tire-laine, et Anton lui en sut gré. A la suite de la voleuse, il déganta et posa ses mitaines sur la table, à côté des babioles escamotées avant de retourner son visage insistant du côté de l’accorte blonde.

Et puis elle sembla se cabrer. Il lui devait la vie, hé ? Alors elle ne lui devait rien, elle. Elle ne lui appartenait pas. Il cacha un sourire sûr de lui dans le trou de sa pinte, qu’il se mit en tâche de glouglouter à grosse gorgée, ses yeux noirs et bridés la scrutant tandis qu’elle lui expliquait qu’elle était meilleure que les autres, et qu’à lui, elle ne devait rien. Elles valaient toutes mieux que ça, à les entendre.
« A veinard, veinarde et demi, Schätzchen. Qui c’est qui dit que tu le regretteras, d’être à myssègue ? » Une main rampa sur l’épaule de l’illusionniste réticente, serpenta jusqu’à sa nuque, qu’elle massa tendrement. « Je suis pas chien, Nashley, tu verras vite. T’auras plus faim, t’auras plus peur de quiconque, passke les gus qui te traiteront mal, je les saignerai comme des porcs… » Il reprit une rasade comme pour marquer ce qu’il venait de promettre. La main calleuse, jusqu’ici sur sa nuque, descendit dans son dos, glissait sous la chemise dans une caresse possessive et rêche. La magicienne le rendait tout chose, et le désir semblait sortir de ses petits yeux libidineux. « T’auras du trèfle à plus savoir qu’en fiche, mein Schätz, t’auras qu’à te baisser pour le ramasser. » Il s’approchait progressivement durant sa petite plaidoirie, et l’haleine, chaude et avinée, du garde s’imposait de plus en plus à l’odorat de la blonde échevelée, qui tenait malgré tout son rôle. « Pourquoi non, hé, t’as un homme ? »

Un petit flottement s’imposa, et Anton, qui se sentait toujours en confiance, se détourna de sa compagne pour héler une servante afin qu’elle leur remette la même commande. Et quelques commandes plus tard, quand la dive bouteille – si tant est qu’on puisse nommer ainsi l’ignoble boisson du Chat huant –, Nashley voulut se distraire en entendant les malheurs qu’avait vécu, par sa faute, Anton et son vert. La question, effectivement, fut comme mettre les doigts dans une plaie béante. Il grogna ou rit, on ne sut dire, en repensant à l’anecdote. La greluche ne manquait pas de culot.

« Possible que j’y tienne, à l’anonymat, hum ? » La gloire et le renom, si ça avait inspiré Anton quelque temps, n’avaient plus le même acabit ces derniers temps. Il n’était pas rare de chuchoter fielleusement derrière leurs oreilles ; les chalands qui vilipendaient les rangs de l’interne pendant qu’ils faisaient leur boulot, surtout quand la besogne n’était pas très ragoûtante, il y en avait des légions. Pourquoi que vous allez pas rejoindre les milices d’excursion, qu’ils disaient ? Pourquoi vous cacher derrière les remparts, bien à l’abri, comme des lâches ? C’est vrai ça, qui ne voudrait pas sa minute de gloire éternelle loin de Marbrume, à courir dans la campagne, à s’embourber dans les marais, à aller grossir les rangs des morts ? A jouer les chevaliers du temps-naguère, avec les autres braves ? Ces réflexions rembrunirent Gunof, qui lâcha un mot un peu dur sans regarder son interlocutrice :

« ‘pas sûr que je veuille mettre mes aventures entre tes oreilles. Les mots, surtout quand c’est sur la langue des putains, ça peut vous tuer votre homme, ça je sais, j’ai vu, même… » Et comme il déclinait gracieusement les demandes de l’illusionniste, il ficha son pif et son regard dans a pinte, aussi expressif qu’un mur, les coudes sur la tables.



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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptySam 30 Jan 2016 - 12:30
Nashley poussa un soupir las. Elle préférait son soldat plus vif, possessif et misogyne, bagarreur même, plutôt que cette enveloppe maussade qui se laissait aller à la pleurniche, le nez trempant dans la soupe alcoolisée dont abusait crapuleusement le Chat huant. Alors, elle se redressa tant bien que mal de sa position inconfortable et cogna sa chope sans délicatesse près de celle de l’homme.
- Tu ne joues pas le jeu, le rabroua-t-elle avant de bondir sur les bouts de bois rongés et branlants qui leur servaient de table.

Un grand fracas se fit entendre dans la salle, l’amenant à jeter un œil à la rixe qui avait manifestement dégénéré. Les poings avaient cédé la place aux lames et d’autres hommes s’étaient joints à l’échauffourée. Tout compte fait, n’étaient-ils pas bien installés, là, dans cette alcôve ? Jugeant le danger non imminent, l’illusionniste s’en détourna et surplomba de toute sa hauteur le Gunof qui, curieux de savoir ce que lui réservait sa magicienne, se tenait maintenant adossé à la banquette, les yeux friands dévorant sans gêne sa personne. Alors, satisfaite de disposer de toute son attention, la truande attrapa le col de sa chemise et… le rabattit d’un mouvement sec, dissimulant un panorama des plus attrayants. Elle repoussa du bout de la botte les effets volés, comme inconsciente de la valeur de certaines de ces pièces, et s’accroupit pour se mettre à son niveau.

- Saigner les gars qui me traiteront mal, hmm ? Dit l’homme qui s’inquiète de ce que peuvent bien chuchoter les tapineuses derrière son dos. Etrangement, je ne suis pas convaincue.
Elle lui adressa un sourire en coin désarmant avant de faire quelques lents allers-retours du regard entre lui et la rixe. Les yeux d’Anton semblaient lancer un « T’oserais pas. » quand ceux de la saltimbanque objectaient un « Je me gênerais. » espiègle. Mais que le Gunof se rassure, si la garce avait une idée derrière la tête, elle n’en fit rien.
- Et puis, ça se trouve, reprit-elle nonchalamment, c’est moi qui les traite mal.

Nashley haussa le sourcil avant de s’installer plus confortablement, un genou ramené contre la poitrine et l’autre jambe se balançant en rythme. Elle entreprit alors de lui raconter l’histoire d’un certain Anton Gunof, milicien de son actif qui, pris de courage ou de folie, s’aventura dans les galeries encore jamais explorées d’un sombre domaine, maudit par les Dieux et infesté de revenants. S’appropriant la diction d’une conteuse, l’illusionniste agrémenta son récit de quelques mimiques, arrachant au passage des sourires et regards amusés au milicien qui écoutait attentivement la fresque de cet homme qui partit anonyme et revint en héros. Il n’y eut aucune mention d’une blonde fauteuse de troubles.

Satisfaite de son petit numéro, elle lui dit d’un air amusé :
- Voilà ma version de ton histoire. Dire que je te fais demi-dieu quand tu me fais putain.
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyLun 1 Fév 2016 - 17:02
La saltimbanque le sortit de sa morosité aussi vite qu’il y était rentré. D’une pirouette, la voilà les deux guiboles sur la table qui tanguait, à capter, de nouveau, l’attention du soudard. Trop distrait pour broyer du noir, il resta donc interdit, appréhendant ce que la magicienne avait en tête. La bagarre qui explosait non loin lui passa au dessus de la tête, malgré les œillades de Nashley en cette direction, tout attentif à cette grande escogriffe qui le toisait de toute sa longueur, là, les bottes sur les planches, se penchait vers son interlocuteur dominé, qui n’en manquait pas une goutte en se rinçant l’œil avec force insistance sur la poitrine ainsi présentée à son attention. La lumière d’une pulsion luxurieuse réveilla son regard désormais affamé, et s’il était dans l’expectative, il semblait avoir retrouvé, par cette drôle de manœuvre de la non moins drôle prestidigitatrice, sa vivacité d’il y a quelques instants. Vivacité irriguée par les envies de stupre, à n’en pas douter, puisque, quand la jeune femme fit mine de béer un peu plus sa gorge hors de sa chainse malmenée par une journée d’escapades, Anton en était à se mordre l’index en salivant plus que de coutume.

Le spectacle s’arrêta là, l’illusionniste fit disparaître l’aperçu de ses charmes sous le tissu de la chemise, au grand dam d’un Anton diverti qui poussa un « hooo… » de déception amusée. Un coup de pied grandiloquent plus tard, elle s’installait, avec le naturel d’un singe, en face de son reître, les fesses sur la table, le visage non loin de sa barbe. Elle lui avait redonné le sourire et ne put pas le lui reprendre et, étonnamment, Gunof prit les piques de l’arnaqueuse avec un second degré qu’on lui connaissait assez peu. Même ce jeu de regards, derrière un air grondeur, le ragaillardissait. Qu’elle menace, la petite gaupe, se disait-il de plus en plus charmé, qu’elle mette sur sa route les pires ennuis, les plus fines lames ! Ces yeux espiègles, ces promesses de raffut opéraient son enchantement sur le milicien, et quand elle laissa le doute de qui, dans ses idylles, tenait la dragée haute sur l’autre, Anton n’eut guère de doute sur la vérité. Elle était de ces auras vénéneuses qui vous tiennent toujours loin de l’ennui et dans la merde jusqu’au cou.

A l’amusement succéda donc l’attraction, et à l’attraction, l’orgueil. Car non contente de ne déployer que ses talents de peste contorsionniste, elle s’improvisa chantre emphatique, et c’est alangui de fierté que le chevalier Gunof écouta la jeune barde chanter ses hauts faits dans ce pastiche laudateur. Il la regardait plus qu’il ne l’écoutait dégoiser sur la fabuleuse aventure, la saltimbanque en pleine louanges, son histoire assaisonnée de mille fangeux et sept périls de mort. Des gestes aux grimaces, elle anima sa farce avec succès.

« T's la fable facile, et si myssègue retire pas qu’il a dit sur ta langue, elle est, au surplus, d’or, sûr de sûr… Mais la comptine est par trop belle, Schätzchen et au vrai, la voici la réalité, toute nue et toute crottée. » Pour la raconter, Anton ne se sentait pas de le faire assis, aussi se leva-t-il, la pinte à la main. Il la dominait à son tour, mais n’en profita pas, ils ne voyaient pas le visage de l’autre, et c’était penché à son oreille que le garde lui fit son conte à lui. « Il était une fois Gunof qui, avec sa poisse habituelle, cherchait à regagner sa paillasse après une dure patrouille nocturne quand une insouciante en manque de problèmes décida d’aller chatouiller la gardoche. Toujours selon cette même veine, le Gunof finit six pieds sous terre, avec comme seule compagnie un idiot et six goules. Le séjour souterrain du preux lui coûte une botte, trois heures de noir et pas mal de dignité. Fort heureusement, dans les égouts, il rencontre une bonne fée ; alors l’ami Gunof la cogne et l’y tire ses bottines avant de retrouver le plancher des vaches. »
Il conclut cette bien mauvaise histoire en avalant une nouvelle goulée de l’infâme picrate local, eut un soupir désaltéré avant de retomber en banquette et dit en guise d’épilogue : « Alors, on la sent bien, la gloire ? Elle gagne à être connue, la vérité, hé ? »
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyMer 3 Fév 2016 - 23:04
- Tu fais un ignoble conteur, lui dit-elle franchement sans parvenir à cacher son hilarité. Sûr que tu gardes ton pieu glacial puisque tu te vends si mal ! Quoi, c’est pas vrai ?
Peu au fait des idylles de notre garde, l’escamoteuse attendait surtout la réaction faussement – ou pas ! – outrée de l’homme bafoué qui voit sa dignité voler en éclats. Et à l’entendre, le Gunof, sa dignité s’était déjà bien fait la malle. Pour aggraver son cas, le milicien de mauvaise foi osait prétendre que la belle blonde en-manque-de-problèmes était bien là la cause de tous ses maux. Mais le bougre n’abusait personne en choisissant de rester au coté de sa fourbe magicienne. Pour rien au monde ce soir il ne souhaitait regagner son plumard de commun des mortels, à l’abri des emmerdes et des insouciantes à-problèmes. Y avait-il eu, à ce propos, meilleur qualificatif pour la jeune femme ? Pour sûr, Anton faisait montre d’une grande perspicacité sur le compte de la friponne ce qui ne l’empêchait pas, vous l’aurez remarqué, de la fréquenter en toute connaissance de cause.

- Comment chanter tes louanges maintenant que j’ai eu vent de l’insipide vérité sur ta vie d’aventurier de camelote, poisseux et mal accompagné ? Impossible. Elle secoua la tête et la queue de cheval dorée suivit le mouvement. Envolée la plaque de héros ! Elle agita la main en l’air comme pour en estomper les volutes. Toute façon, « Homme-des-cavernes-qui-cogne-les-bonnes-fées » n’aurait pas fait un titre adapté.
Qu’on se le dise, un mythe venait de s’effondrer ! Mais l’artiste n’en avait pas terminé avec notre bon garde.

- Allez, je concède à garder ta désastreuse équipée pour moi seule et je te donne l’occasion de te rattraper. Un marché entre nous.
Sur ces mots, Nashley décolla les fesses de la table et se pencha un peu plus vers son comparse. Elle tendit le doigt vers la balafre qui taillait la joue gauche de l’homme et en suivit le chemin sinueux sans jamais la toucher.
- Tu me parles de ta cicatrice de guerre et je te raconte l’histoire d’une des miennes.

Alors, l’insatiable curieuse en-manque-de-problèmes de lui tendre une main honnête pour sceller cet accord – elle ne se sentait pas de perdre un nouveau Roi de pique.
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyVen 5 Fév 2016 - 2:25
Ignoble conteur, ignoble commerçant. Anton, à ses mots, s’en rendit compte avec surprise.
Non, il n’avait jamais été du genre épicier, et bien qu’il n’eut rien contre le marchandage, une jeunesse de rufian suivie d’une carrière dans la garde lui avaient appris que les mots servaient avant tout à ornementer des positions de force, et que tout se jouait sur le terrain du réel plutôt que des palabres. Ces derniers temps n’avaient pas aidé à améliorer la vision qu’il avait de la parlote : pour lui, il s’agissait essentiellement de mentir. Les actes seuls faisaient bien l’affaire, et restaient la communication la plus fiable qui puisse exister.

Enfin, famine et réfugiés avaient pallié son handicap : il n’avait peut-être pas les mots bleus, mais disposait d’aussi solides arguments. Homme d’épée, caractère irascible et intelligence cauteleuse, son aura de brutal éclaboussait les filles de rien, qui voyaient en lui un protecteur digne de ce nom. Diable connu de soi valait mieux que diable inconnu.

Et quand sa main ne défendait pas, elle nourrissait. Or les femmes en mal de pain couraient les rues, si bien qu’un homme soupçonné d’avoir du froment dans ses combles dégageait un on-ne-sait-quoi de très charmant, l’estomac lubrifiant d’autant les sentiments amoureux. Le marché de la romance s’était complètement inversé, et il était rare qu’un homme eut à courtiser une affamée. Aussi se donnaient-elles, toutes autant qu’elles étaient, des ribaudes à soldat aux mères dans le besoin, pour le grand bonheur des casernes et des gens de bien.

Car, enfin, il fallait bien avouer que ce contexte de fin du monde excitait des passions aussi extrêmes que contraires. Et si, en masse, l’homme se rendait aux temples supplier la clémence de la Providence, il se vautrait avec la même ferveur dans le stupre. Cette impression de mort imminente qui régnait, maîtresse, sur le bastion de l’humanité avait cet effet. Elle faisait savoir au monde que les jours étaient comptés et que si l’au-delà était tout près, il restait également bien peu de temps pour profiter une ultime fois des plaisirs des corps mortels.

Anton n’était pas en reste. Courir la biche n’avait jamais été aussi exaltant, et les mœurs s’étant assouplies pour les besoins de la situation, la cité n’avait jamais été plus giboyeuse. Ca baisait, il faut l’avouer, à tout-va. On tombait facilement amoureux. Qu’on se lasse, une nouvelle tragédie vous redonnait goût à la volupté. Ainsi donc, Anton la vit rire de ses maigres talents de bonimenteurs, et il feignit un air interloqué quand la jeune blonde lui soupçonnait des nuits sans grandes folies, ajoutant à son petit mime quelque chose comme « Mais y’a bien d’autres choses qui font sa valeur à un gus, hé ! » Ses protestations indignées, trop emphatiques pour faire sérieuses, ne refroidirent guère la moqueuse. Ca eut le don de multiplier les taquineries de la barde, qui ne se laissait pas de regretter d’avoir choisi un sujet de ballade aussi piteux que le garde Gunof. Lui se gavait d’elle, tout au spectacle qu’elle donnait, aux mots qu’elle faisait avec sa bouche et ses gestes, à sa chevelure d’or qui gigotait délicieusement, à ses yeux d’un vert tendre qui venaient le mordre entre deux paroles.

Elle fut gracieuse, excusa le manque de lustre de son compagnon, mais, ajouta-t-elle, cela se payait. Il n’eut pas le temps de grogner qu’elle faisait un bon en avant pour se remettre droite, pour se pencher sur son cas. Le soldat quant à lui recula un peu la gueule, retomba sur banquette dans laquelle il se renfonça, un sourire intrigué aux lèvres tandis qu’elle décrivait du doigt la ligne de sa vilaine estafilade. Elle était toute proche, et c’était comme s’il pouvait sentir cet index qui suivait la marque du couteau qui l’avait ainsi défiguré. Elle voulait en connaître l’origine, vraiment ? « Très bien. Je tope. » Il attrapa sa main et la serra, puis son regard retourna à celui de son illusionniste. « Mais… » sa voix, drôlement canaille, dut mettre la puce à l’oreille de Nashley ; elle n’eut le temps de rien, l’autre bras d’Anton enlaçait déjà sa taille. Son sourire fit penser à un méchant garçon, et bientôt elle fut assise sur un de ses genoux et contre lui. Il ne la lâchait pas des yeux et pétillait d’un genre d’ivresse tout en continuant à serrer sa taille et l’approcher de lui, de l’accoler contre son surcot et son armure. « Mais d’abord, je choisis la cicatrice que je veux… » Il lorgna un court instant du côté de la chemise de la blonde capturée avant de relever ses yeux étincelants. Là où une main caressait la hanche de la belle captive, l’autre, d’un doigt, longeait le bord de l’habit, saisit le pan de la chemise et l’écarta un peu pour l’ouvrir lentement. La manœuvre fut prétexte à laisser glisser la pulpe de ses doigts contre le galbe de la poitrine comprimée par le cuir de sa lanière, de caresser un bref instant de sa paume son sein. Ses yeux ne se décollaient pas du visage de Nashley, scrutant la moindre de ses réactions alors que le tissu abandonnait peu à peu l'épaule. Quand la main d’Anton l’eut dénudée totalement, cette épaule, enfin daigna-t-il laisser couler son regard sur la gorge mince de sa compagne, s’attarder dans l’appréciation du creux de sa nuque, avant de descendre sans hâte jusqu’à la lanière de cuir. Il s’approchait peu à peu pour mieux inspecter la peau, à la recherche, prétendument, de la cicatrice qu’il voulait.

Ah ! Salaud ! Elle connaissait, pourtant, Nashley, cette lenteur des mouvements, elle le voyait la humer, elle, au plus proche de son corps ainsi mis à nu. Elle sentait ses deux mains qui l’embrassaient, qui longeaient son dos, remontaient jusqu’à sa nuque alors que leur propriétaire persistait dans son inspection toujours plus minutieuse. Elle ne voyait plus son visage, il s’était perdu contre sa peau, que son souffle chaud parcourait. Quand elle aperçut les yeux d’Anton, ils se repaissaient de sa gorge, incapables de remonter plus haut, tandis qu’une de ses mains chassait la chemise de sa seconde épaule.


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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyVen 12 Fév 2016 - 13:58
C’eut été être sot que de ne pas profiter de cette main tendue pour attirer la demoiselle sur ses genoux, ça, le Gunof avait fait le calcul lui-même ! « Mieux vaut demander pardon que permission » se justifiait-il sûrement auprès des filles qu’il emprisonnait dans ses bras de pierre. Non pas que la saltimbanque puisse lui reprocher pareille philosophie de vie mais elle n’entendait pas être domptée de la sorte. Alors ces grosses paluches inquisitrices, sans gêne, qui couraient sous la chemise de notre illusionniste mordue, à la recherche précisément de cicatrices, c’était peut être bien un peu risqué, en effet. Un sujet pas si innocent que cela, les balafres, ces temps-ci mais « A qui la faute ! » oserez-vous, insolents. Bien sûr, jamais Nashley n’avait envisagé lui relater la fable de l’affreuse marque de la honte qui tailladait son flanc et qui, brusquement, semblait se raviver. La magicienne eut toutes les peines du monde à masquer son dégoût sous des dehors impassibles mais elle put compter sur sa plastique. Le bandeau de cuir hypnotisait vite le garde, le plongeant dans un tel bonheur contemplatif que l’homme ne pouvait lever les yeux sur les traits révoltés. Alors oui, « Bien joué, salaud » songeait-elle, les lèvres pincées.

Le milicien venait de défaire la deuxième épaule quand Nashley décida de le tirer de sa rêverie. Elle plongea les doigts dans la chope du garde et, après lui avoir remonté la tête et adressé un regard condescendant – celui de l’adulte qui concède un caprice à un enfant - l’aspergea de gouttelettes alcoolisées. Anton ne manifesta pas grande résistance, probablement dans l’expectative. L’escamoteuse en profita pour remonter la chemise sur ses épaules, non sans retirer un à un quelques doigts fureteurs et afficha de nouveau sa mine moqueuse.
- Je ne suis pas équitable dans les jeux. Si moi je peux choisir la cicatrice de mon choix, toi tu n’as aucun doit sur les miennes.
Anton afficha une expression typiquement masculine qui fit sourire en coin l’illusionniste et hocher la tête.
- Oui, exactement. Je veux que tu te souviennes de moi comme d’une fille particulièrement frustrante. Puis elle prit une pose attentive et haussa un sourcil impatient. Alors, cette histoire ?
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyMar 16 Fév 2016 - 15:26
Et frustrante, elle l’était, ça se lisait sur la figure congestionnée du reître. Ce dernier, tout au long de ses pérégrinations manuelles, avait bien évité de remarquer ce corps mince qui raidissait. Sous les caresses de ses pognes, il retrouvait ces muscles indisposés par leur présence, cette peau comme fermée. Il avait espéré l’adoucir. Qu’elle se laissât faire, rejoignît la danse. En vain. L’idée qu’il était sur le point de forcer une jeune femme en pleine taverne ne lui vint cependant pas à l’esprit, qui était trop rempli des vapeurs du stupre et d’un peu de sale alcool. Il fallut, réellement, l’intervention direct de la saltimbanque pour qu’il lâcha son jouet.

L’intervention, qui plus est, avait le mérite d’être direct. Ou la faiblesse d’être très frontale, selon le point de vue. Une fois que la beauté diaphane eut remonté la mine du milicien affamé jusqu’à ses mirettes, elle l’aspergea comme on l’eut fait d’un chat trop entreprenant ou une cigarette inappropriée. Dans le genre bain froid… Il cilla une fois, sortit de sa rêverie éveillée. Déjà elle le boutait hors de son corps, un sourire dédaigneux sur le visage accompagnant ces gestes un peu secs malgré eux qui balayaient les mains du reître perdues sur sa peau.

L’impression de rejet était totale et immobilisa totalement un Anton crispé. Ses mains se posèrent sur la banquette pour éviter un contact même involontaire, mais sa retraite ne put aller plus loin. C’est que la dérobeuse effarouchée était toujours sur les guiboles de notre individu. Cette posture qu’elle maintenait le piqua de mille interrogations, et il se dégoûta un peu d’être plongé dans des considérations et angoisses propres à l’amoureux transi attendant impatiemment un geste de sa maîtresse. Pas très bonhomme, qu’il se sentait à cet instant précis. Ces fuseaux de jambes de biche lui faisaient l’impression qu’il était encagé par la garce. Elle, elle ne lui donnait rien d’autre que des sourires moqueurs et des regards où il soupçonnait quelque mépris. Une érection provoquée par les précédents attouchements ajoutait considérablement à son supplice et son malaise.

Malgré sa bite tendue qui venait frotter contre une cuisse de l’interrogatrice, malgré sa respiration, rendue profonde et accélérée et qu’il essayait de contenir sans succès, malgré ce refus qui le décontenançait tout à fait, il essayait malgré tout de se composer une mine un peu digne, sans grand entrain. L’idée, face à cette impuissance humiliante, de l’attraper, de l’entraver surgit finalement dans son esprit morose, ravivant une flamme de colère fugitive. Il se sentait par trop ridicule pour faire le brutal, pourtant il espérait qu’elle lui donnât un bon prétexte pour la malmener. L’agitation attirerait la clientèle miteuse du boui-boui, et une algarade sanglante sortirait Anton de son humiliation voire, mieux !, le coucherait à terre. Il aurait donné, à la vérité, un bras pour échapper à cette alcôve et son échec. Cette espérance un peu sinistre fut cependant éphémère, et une fois que son imagination excitée se dissipa, le laissant seul avec cette interlocutrice qui n’y touchait pas, il se détendit sur la banquette molle, tout prostré.

Il n’aimait donc pas ça, la frustration, surtout après une telle montée de sève ! Finalement il toussa un coup, but sa chope, tourna les yeux vers le reste de la taverne, le tout avec une certaine tension et en évitant à chaque fois le regard de la belle Nashley. Mais alors, et cette histoire ? C’est qu’elle attendait, la maîtresse, sa racontôte ! Mais ça ne voulait pas venir. Ca venait tant du fait que l’histoire, toute nue, n’était guère glorieuse, bien au contraire, elle était un peu ignoble, que du fait qu’il n’aimait pas se sentir acculé ainsi, et surtout par une femme qui l’avait rabroué. Parler, enfin, de l’estafilade avait un goût de renoncement, de défaite, et sa mauvaise foi, qui veillait toujours au grain, n’y goûtait guère. « J’aime pas trop ça quand les marchés sont pas bons pour chacun. » dit-il sans la regarder, ses yeux perdus du côté de la salle commune pour éviter ses billes grises plus que par réel intérêt. « Pourquoi qu’on dirait pas… que tu devines ? Si c’est vrai, je bois, sinon, c’est tyssègue qui boit. »
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptySam 27 Fév 2016 - 23:10
Il y eut un moment de flottement durant lequel ni Anton ni l’illusionniste ne parlèrent. Toujours perchée sur les cuisses excitées du bonhomme, Nashley contemplait l’œil fuyard et le corps gêné du Gunof sans mots dire. Elle se surprit à vouloir lui justifier son rejet soudain par « de mauvais souvenirs » ou quelque chose du genre mais se retint. Qu’elle soit damnée si elle s’avouait attendrie par cet homme bourru bipolaire, aux sérieuses tendances suicidaires et à plein d’autres défauts touchants. Enfin une femme qui ne lui tapait pas sur son ciboulot de rustre mal léché ! C’est qu’il avait de la veine, le Gunof, pas vrai ?

Après cet échec cuisant qui piquait sa dignité de mâle, les idées noires dans la caboche, l’homme ne se sentait ni l’envie ni l’humeur de lui conter la fameuse anecdote. Mais, pour sauver les apparences et parce que toujours prisonnier des cannes de l’escamoteuse qu’il n’osait plus toucher, il lui proposa plutôt qu’elle la devine, son histoire. Il fut récompensé par le large sourire de la jeune femme qui lui tapota alors la joue avant de reprendre ses mots et laisser échapper un « Je tope ! » enthousiaste. Elle ignora son « J’aime pas trop ça quand les marchés sont pas bons pour chacun. » bougon et bondit de ses genoux sans demander son reste. Nashley la Magnanime, de s’enquérir de l’élixir et laisser ainsi le milicien seul ruminer ses pensées et recouvrer une humeur moins maussade.

La joueuse fendit la masse picoleuse avec souplesse, pirouettant entre les serveuses au rire gras, la gorge exposée aux mains baladeuses des soûlards, esquivant les bagarreurs d’un soir. Elle chipa au passage deux grandes pintes et une bouteille de tord-boyaux maison puis retrouva son garde, installé dans la même position. Le Gunof osa croiser son regard gris vert et la jeune femme ne quitta le sien que le temps de remplir minutieusement les chopes à ras-bord. Satisfaite de sa préparation, Nashley s’installa en tailleur sur la table qu’elle avait rapprochée – et le Anton de se sentir encore plus acculé, l’arrière-train enfoncé dans la banquette miteuse – et fixa son challenger sans ciller. Après quelques secondes, elle le pointa du doigt et lui offrit un sourire de vainqueur.
- Je parie que c’est une femme.
Avec un haussement d’épaule et une gueule d’ange, elle tenta de trouver une justification à pareil geste.
- Un chagrin d’amour ? Une femme jalouse ? Trompée ?
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyMer 2 Mar 2016 - 11:07
La retraite de la magicienne fut accueillie en demi-teinte par notre officier sourire. Si ce départ soudain avait le bénéfice de laisser Anton respirer tout son dépit dans une – relative – intimité, ce qui ne manqua pas de lui tirer un souffle de soulagement, il ne put s’empêcher qu’elle avait bien senti cette impression de perdant dont son corps, son expression et sa posture suintaient si manifestement. Pas à l’aise avec ce soudard et l’aura de morne qui le nimbait, elle avait pris le parti de quitter. Il finissait de se convaincre de la pitié qu’il provoquait en jugeant l’enthousiasme de sa compagne un peu faux, son sourire un peu forcé, très large parce que se voulant consolateur. La petite gifle, gentille, était peut-être la seule narquoiserie que l’artiste, qui l’avait accoutumé à plus de mordant, se permit avant de filer disparaître dans la foule.

Allait-elle mettre les gaules ? pensa-t-il, encore abattu par le râteau. Il l’espérait presque au moment où elle s’élança. Un coup d’œil automatique vers le butin, toujours étalé sur la tablée, entre les chopes et les restes crasseux des précédents occupants de l’alcôve, lui fit dire que non. Et quand il reporta ses yeux fouines vers la drôlesse, la vision de ce jeune corps agile qui évoluait à travers les mouvements capricieux des groupes qui jonchaient l’établissement malfamé. Les houseaux, souples et très au corps, se succédaient avec rapidité et grâce tandis que Nashley se contorsionnait avec naturel entre une bagarre, esquivait la collision avec une ribaude qui ne regardait pas où elle allait, riant encore de quelques saillies gauloises qu’on lui avait jeté. Dans cette atmosphère tamisée, elle nageait avec aisance, laissant son jeu de jambes la transporter d’un pas léger et efficace jusqu’à sa destination.

Quel cul ! se fit-il, les yeux collés aux bottes, aux cuisses, aux fesses de la chapardeuse mises en valeur par le petit exercice de souplesse que requéraient ses déplacements parmi ces badauds, agglutinés en une mare houleuse dont le courant semblait à Anton imprévisible et qui pourtant n’arrêtait jamais la progression de la diablesse. Ce constat, à propos du séant de la demoiselle, tirailla le reître entre amertume et envie. Il rêva qu’un fâcheux lui jetât une œillade hostile, afin qu’il pût briller dans un assaut brutal et laver le regard de cette bandante de Nashley de toute trace de mépris ou de pitié. Il ne pouvait souffrir qu’elle le vit ainsi, comme un misérable éconduit. Peste ! Elle lui aurait commandé de la prendre là, à même la table, devant ce parterre de butors et de demi-mondaines, qu’il se serait exécuté sans ambages. Allons, Gunof, hardi ! Un soufflet de cette trois-quart putain et te voilà plus bas que terre ? « Non pas ! » souffla-t-il en tapant du poing contre la table.

La colère affluait de nouveau, le sentiment de honte se transforma en rage. Était-il une fillette à qui on a volé sa pomme de sucre pour se résigner ainsi ? Il se traita de princesse, d’efféminée, de petite tendre afin de se remettre, se répéta que les audacieux prenaient, qu’ils n’attendaient pas qu’on leur extirpe l’initiative, qu’ils enduraient et attendaient la belle opportunité. Il chercha la voleuse d’un regard, ne la trouva pas et finit son fond d’hypocras, son visage raidi par la résolution de ne pas laisser l’affaire ainsi. Il se redressa, tira sur son cou et se contraignit à s’armer d’un sourire, aux teintes un peu jaune encore. Quand elle retourna à lui, elle trouva un regard qui ne fuyait plus sur la gueule du bonhomme. Elle ne manifesta pas de surprise, mais n’exprimait plus non plus bons sentiments. Elle versa l’alcool, fruit de son discret pillage parmi les traîne-sabres, et lui ne décolla pas de cette bouille séductrice. Il se rinça l’œil de ses lèvres sensuelles, de ses grands yeux valorisés par le kohl, de sa chevelure d’or, pencha même le cou pour fureter un regard sur la croupe de sa serveuse d’un soir. Le refus qu’elle lui avait opposé, après l’avoir rafraichi, nourrissait maintenant le sourd désir du soudard.

Elle s’installa de nouveau sur la table, pas rendue rétive par la dernière manœuvre du Gunof. De nouveau, elle était toute proche. A portée de pogne. La proximité renouvelée, il l’encaissa sans mal et en se faisant violence, il se dépêtra de son dossier au point qu’ils se regardaient dans le blanc des yeux, en chien de faïence. Anton se sentait paré pour le petit jeu, mais la créature ne décontenança aussi sec par sa déduction. Une femme ? Oui, une femme, avança-t-elle, était la cause de cette vilaine balafre qui traversait sa gueule d’un sillon. L’hypothèse, bien qu’à côté, ne tombait pas loin du vrai. Ca lui tira une grimace contrariée, mais quand elle détailla sa supposition, il se rassura. Car si une femme était à l’origine de la blessure, elle n’avait jamais tenu le couteau et n’en avait pas eu l’attention. Son mari, par contre…

Anton joua un souffle, comme s’il avait été débusqué, attrapa un boc de vin tiède avec emphase et l’approcha lentement de ses lippes. Il releva soudain le regard, et amena la chope avec la même lenteur vers la joueuse, qui avait perdu. Dans un sourire de mauvais vainqueur, il lui dit : « Tu bois. »
Quand elle s’exécuta, il reprit le vin et sembla soupeser la quantité ingurgitée, feint l’exaspération avant de lorgner très démonstrativement sur le corps de la perdante. « Hum… Hum… » commenta-t-il, ses yeux en fente à la recherche de quelques cicatrices. Il porta son attention sur un bras de Nashley, qu’il éleva vers lui pour mieux l’inspecter. Une coupure sembla retenir son intérêt. Il commença à la toucher de la pulpe des doigts, pour caresser de nouveau la peau soyeuse de la joueuse ou-et pour que le contact lui apporte d’autres renseignements de plus sur la nature de cette vieille blessure. « Celle-là ? » dit-il finalement en cherchant l’agrément de l’artiste des yeux.
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyLun 14 Mar 2016 - 17:55
Nashley sentit s’épanouir une mine victorieuse sur son visage à mesure que le bougre approchait la chope dangereusement pleine de ses lèvres. Ah la belle ruse ! Regardez le Gunof, l’œil pétillant et les joues roses ! C’est que cela redonnait des couleurs que de tromper l’insolente saltimbanque, pas vrai ? La jeune femme avait bien remarqué à son retour la nouvelle transformation d’Anton, cette véritable girouette que la truande s’amusait à tourner en bourrique.
- Quoi, ce n’est pas une femme ?
Nashley joua l’offensée pour la forme puis salua la mise en scène bluffeuse d’un rictus entendu, ravie de ne pas avoir deviné juste du premier coup. La belle s’empara donc de la pinte sans rechigner et lapa une gorgée respectable que le vilain crut bon de soupeser.
- Donc, ce n’est pas une femme, insista-t-elle, les yeux amusés plissés de méfiance. Va savoir, c’est peut être le genre de sentiments que tu m’inspires pourtant.
Elle pencha la tête, les yeux rivés à ceux du milicien mais ne put rien obtenir de lui. Bien dans son rôle et pris dans le jeu, Anton était décidé à ne laisser paraitre aucun indice.
- Appelle-ça du flair et si tu es poète, tu diras intuition féminine, mais je sens qu’il y a une femme dans ton histoire. Je…

La joueuse voulut renchérir en idées mais le garde ne lui en laissa pas le temps et la tira de sa réflexion intense en attrapant son bras gauche. Le Gunof aussi voulait se hasarder aux devinettes. Il retroussa sa manche sous l’œil expectatif de l’illusionniste, et découvrit un foulard rouge caché que le tissu épais de la chemise n’avait pas laissé deviner. C’était donc là qu’elle les planquait ! Cela arracha un sourire au milicien, adoucissant un instant ses traits de prédateur, et il tira doucement sur l’étoffe pour mettre à nu la peau dorée de la jeune femme. Alors il reprit son exploration et jeta son dévolu sur « celle-là », une cicatrice rectiligne qui marquait son biceps d’un trait net, sans sinuosités. Qu’il devine donc !
- Alors ?

Jugeant qu’Anton avait eu bien plus de temps que nécessaire pour observer et tripoter la dite balafre, Nashley retira son bras et le rabroua d’un « Et je n’ai pas fini ! » buté presque enfantin.
- Tu t’es lancé dans une bagarre virile, risquée, contre… disons au moins dix adversaires de deux fois ta taille, pour briller aux yeux de la belle, et tu as remporté cette superbe balafre de guerre. Ce qui t’as valu un succès fou… ou un soufflet ?
D’accord, peut être choisissait-elle volontairement une réponse qui aurait toutes les chances d’être fausse, quoique, qui sait, le Anton pouvait la surprendre. Peut être avait-elle envie de faire durer le jeu un peu plus longtemps. Imaginer ce que la saltimbanque avait derrière la tête était sans aucun doute source de migraines.
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyMer 16 Mar 2016 - 10:38
La lumière était chiche, la blessure équivoque et la peau trop douce pour que le coureur puisse se concentrer correctement sur sa recherche. L’hypocras, combiné à une nuit sans sommeil suivie d’une journée remplie de poursuites, commençait à taper du côté du soudard pourtant béni par la Providence d’une solide constitution. L’avoir de nouveau entre les mains provoquait qui plus est quelques sensations contradictoires. Le bras nu qu’il tenait dans sa pogne, au prétexte de chercher quelque indice sur l’origine de la cicatrice, asticotait de nouveaux ses bas instincts. Mais le souvenir du rejet restait cuisant, aussi le garde était-il partagé entre l’envie d’une nouvelle excursion sur les terres de cette place-forte de Nashley et la volonté de se concentrer sérieusement sur leur petit jeu. Leur proximité cependant calmait sa froide fureur. La toucher le tranquillisait quelque peu. Son esprit apaisé et las se complaisait lâchement dans ce pis-aller d’étreinte.

Il passa sur les insistances de la jeune femme, amusée à l’intérieur de la voir patauger un peu. Acculée, elle provoquait, essayait de lui tirer quelques réactions en vain. Le silence revint tandis qu’il inspectait la peau bronzé, anormalement sombre dans la pénombre du rade miteux. Finalement, elle voulut qu’il devinât, et sur l’heure je vous prie ! Alors alors ? Qu’était-elle, cette ligne droite qui couturait son bras, hum ? Anton ne répondit pas. La forme lui disait quelque chose, mais il avait encore du mal à se détacher de l’odeur de l’illusionniste, de la proximité. Elle ne lui permit pas de faire durer ce petit plaisir, retira la main des siennes et retenta sa chance. Dans la démesure cette fois. Elle évoquait une dizaine d’ogres, un combat à mort contre une horde entière, et lui, seul face à eux ! Balafre de guerre, cicatrice admirable, glorifiait-elle, une blessure qui lui apporta mille conquêtes voire une seule, mais suprême. Ou une violente déception romantique.

La spéculation était tout sauf réelle. La fille cherchait à boire ou à l’amuser, nul doute ! Et, dans les deux cas, ça marchait bien. Déjà Anton, un rictus rigolard sur le museau, relevait la chope vers l’emphatique perdante, la priant de boire je vous prie. Elle levait le coude quand il jeta une idée à propos de la blessure du biceps. Avec plus de mesure que la jeune femme, cependant. Il jouait pour gagner.

« Un coup de poignard. Tout droit vers ton cœur. » Son bras mime l’action. « Ton bras fait obstacle, tu essayes de parer, la lame s’y enfonce. » Il sembla réfléchir un moment sur le porteur du coup. Hum… « Hum… C’est ton jules de l’époque qui l’a fait ? Ton amoureux de jeunesse, ton maquereau, y voulait plus, tu lui donnais pas assez. Y t'a poinçonné à cause d'un souci d'argent. »


Dernière édition par Anton Gunof le Lun 4 Avr 2016 - 9:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyVen 25 Mar 2016 - 23:28
- J’étais pourtant sûre sur ce coup là, marmottait la perdante avec un air presque ronchon, les mains en coupe prêtes à accueillir la chope du deuxième round qu’un Anton réjoui lui tendait.
Les remous de la piquette du Chat huant plein la tête, Nashley ne réussit pas à rester sérieuse bien longtemps et pouffa de rire alors qu’elle éclusait sa gorgée. Un peu d’alcool lui coula sur le menton, ajoutant au désordre ambiant du personnage, et elle l’essuya d’un revers, le sourire aux lèvres. Anton pouvait se vanter d’être bâti comme un roc, la fille, elle, n’avait aucune chance. Déjà, les syllabes se trainaient, conférant à ses mots des accents involontairement séducteurs, les yeux brillaient plus que de coutume et ses joues se coloraient d’un rose qui ne devait rien à la poudre magique.

La chope toujours dans les mains, Nashley écouta les spéculations, ou plutôt la théorie romantico-héroïque du soldat, non sans glousser comme une ribaude. La lame en plein cœur, le crime passionnel, le maquereau qui se languissait de ses sous… Des hypothèses presque aussi immodérées que la sienne et ça se disait jouer pour gagner. S’essayant à penser comme un Gunof, elle reposa le bock avec un peu trop de force, perdant au passage quelques gouttes pour le tour suivant, et s’improvisa mime pour la seconde fois de la soirée.
- Attends voir que je comprenne. J’aurais paré comme ça ? Elle mima une mine plissée par l’effort, le bras gauche levé comme un bouclier pour se protéger de la dite lame. Ou comme ça ? C’était à présent un visage victorieux, suffisant, sous-entendant le geste facile.
Puis pour rentrer encore plus dans son jeu, à propos du maquereau :
- Combien penses-tu que je lui rapportais ? Tu me donnerais combien, toi ?
Elle pencha la tête, entortilla sa queue de cheval et se mordit la lèvre inférieure, caricature parfaitement réussie de l’aguicheuse de base.

Non, Anton n’était pas loin du compte avec sa supposition hasardeuse. Il était bien question d’une lame dans l’anecdote. Avait-elle paré ? Précisément tout le contraire ! Et parce qu’il s’économisait en indices, elle ne lui fit rien savoir de plus et lui tendit le gobelet, la frimousse toute en risettes.
- Bois à tes fantasmes, Gunof.

Un regard distrait posé sur les bijoux volés lui donna une idée.
- Avais-tu des vues sur une femme déjà prise ? attaqua-t-elle, toute démesure comme envolée.
La roublarde.
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MessageSujet: Re: « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction)   « Alors camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? » (titre en construction) EmptyLun 4 Avr 2016 - 10:44
« Bois à tes fantasmes, Gunof. »
« J’y boye, j’y boye… »
déclara le milicien ; un regard lourd d’équivoque la fixait. Attrapant la corne de pisse qu’elle lui tendait, il leva lentement le coude, but placidement quelques longues gorgée du breuvage. Il dégagea le bock de ses lèvres, qui rauquèrent un soupir désaltéré.

Si la jeune femme semblait alanguie par les vapeurs du vin, l’homme se claquemurait lui dans une attitude du genre force tranquille. Il la laissait dégoiser, principalement, écoutait avec une délectation tout dissimulée le phrasé de l’escroque ralentir, sa diction s’affaiblir. Il écoutait, son sale sourire collé à sa gueule couturée comme une bernique sur son rocher, la jeune femme le moquer avec emphase, lui sourire involontairement, le provoquer indolemment. Les manières de la fille se relâchaient complètement, et la gaupe, après l’avoir rabroué, se mettait à l’allumer comme il fallait ! L’alcool aidait, le gus n’était pas dupe. Il calculait même ses chances, à mesure que l’ébriété rougissait les joues de la blondine, de mettre la main dessus, agacé lui-même par les vapeurs du mauvais vin. On peut même dire que les minauderies et autres provocations de la délinquante accorte le mettait au supplice. Quand elle lui demanda, la bouche en cœur, ce qu’il donnerait pour la prendre telle la dernières des putains, il dut s’empêcher, beaucoup, pour garder sa mine calme au lieu de sortir vît et bourse.

Il bouillait donc quelque peu, notre soudard. Et c’est donc en puisant une merveilleuse force morale qu’il s’astreignait à mimer l’eau qui dort. Cependant, quand la garce reprit la parole et le jeu, elle posa une question qui le surprit, et il ne put réprimer une expression de type coincé. La mine un peu peinée, presque déconfite si son sourire n’était pas resté cloué à son visage, il joua un moment avec le bock et son fond de vinasse. « Si fait. Et bien prise… » Il but un coup avant de la considérer, un sourire de bon perdant à la trogne, qu’il asticotait d’un doigt au niveau de la cicatrice que cette ‘femme prise’ lui avait valu.
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