[Convocation]Un monde en noir et blanc

Au moins le gringalet pouvait se targuer de savoir profiter des erreurs des autres. Peut-être aurais-je dû me montrer plus prudente en le blessant la première. Cela m'aurait épargné l'humiliation offerte par une blessure aussi stupide… Et celle, plus dégradante encore, d'être protégée par ma cliente. "Bravo pour ton professionnalisme, Ryn, c'est sûr, on refera appel à tes services", me dis-je en pouffant bruyamment. Au moins, si je devais voir le côté positif de cette situation plus que grotesque, c'est que la douleur engendrée par la lame me prouvait que j'étais encore en vie et capable de ressentir autre chose que de la colère.

Qu'importe, il nous fallait partir au plus vite. Je récupérais ma cliente au visage presque découvert. Elle avait eu de la chance, mais cela risquait de ne pas durer si nous restions bêtement plantées là. Pas le temps de la laisser reprendre ses esprits, nous devions courir et disparaître avant d'être rattrapées. Mais très vite, je fus contrainte de m'interroger sur l'importance de ma blessure. Si elle m'avait semblé peu profonde, je ne pouvais ignorer la quantité trop importante de sang qui s'écoulait de l'entaille. Je fatiguais trop vite pour que celle-ci soit réellement superficielle… À moins qu'il ne s'agisse des conséquences du manque d'entraînement. Allez savoir. Quoiqu'il en soit et surtout parce qu'elle ne me laissa guère le choix, je laissais ma cliente me pousser dans un coin pour essayer de faire cesser les saignements avant de me guider jusqu'à une baraque qui semblait abandonnée depuis des lustres. Bien que méfiante, je la suivis à l'intérieur et lançais quelques regards plus ou moins curieux sur le décor quelque peu poussiéreux.

En arrivant dans la cuisine, la demoiselle m'invita à prendre place sur le grand banc entourant une table sacrément imposante. Cette baraque devait abriter une grande famille autrefois… Plus que distraitement, j'observais la louve fouiller çà et là, m'expliquant qu'il fallait soigner ma blessure tout en se débarassant de sa cape et du reste de son masque. Quelle drôle de couleur de cheveux… Un coté noir, l'autre blanc… Allez savoir pourquoi je me mis à penser au chien de berger que possédaient mes voisins lorsque j'étais gamine… Un léger rictus se dessina sur mon visage et, m'en apercevant juste à temps, je veillais à le faire disparaître.

Après s'être affairée à rendre un semblant de vie à cette pièce, la belle se planta devant moi avec du matériel médical… Plutôt pas mal le matos d'ailleurs, il ne m'avait pas semblé en avoir vu de pareil chez les prêtres et encore moins sur tous les bouchers m'ayant recousu auparavant. Elle voulait soigner la plaie, alors autant la laisser faire. Vu où elle était placée, je ne pourrais m'en charger moi-même dans tous les cas.

-Faites, pouffais-je en retirant ma chemise poisseuse de sang révélant ainsi le nombre incalculable de cicatrices plus ou moins profondes qui me zébraient la peau. Même en vous loupant, vous ne pourrez pas faire pire que vos prédécesseurs.

Je n'ai jamais été très pudique. Même si, évidemment, je n'avais jamais eu l'occasion de me montrer presque nue devant une personne qui n'était ni de ma famille, ni une soigneuse. Qu'importe, de toute façon, celle-ci ne verrait pas grand-chose de mon anatomie. Ma poitrine se trouvait soigneusement dissimulée derrière un bandage bien serré. Quelques marques de fouets dépassaient de celui-ci, de même que diverses cicatrices de brûlures et autres coupures. Très peu de ces stigmates viennent de blessures occasionnées durant une bataille ou autre combat. La plupart témoignaient seulement d'une enfance difficile et de l'éducation musclée de Rodrick Monclar.

-Vous semblez bien connaître les lieux, dis-je pour faire la conversation et éviter qu'un silence gênant - sur fond de compassion mal placée - ne s'installe. Vous viviez ici ?

2 janvier 1167.

[Convocation]Un monde en noir et blanc - Page 2 Gqvs

Nixeu fut si surprise d’entendre cette touche d’humour dans les paroles de Ryn qu’elle cligna des yeux et resta immobile une longue seconde à la fixer. Puis elle sourit. Un sourire qui sans le masque de loup semblait bien plus franc.

- Si j’avais su qu’il suffisait de vous blesser pour avoir le droit à un trait d’humour, je vous aurais jeter ma chaussure dès notre rencontre. dit-elle en s’asseyant sur la chaise.

Elle ne se priva pas d’observer le corps trop souvent meurtri de la jeune mercenaire, mais ne sembla pas plus choquée, gênée ou impressionnée que cela. Peut-être une infime trace de compassion dans les yeux, mais qu’elle ne se donna pas la peine d’exprimer. Ryn était mercenaire, et femme, s’appesantir sur la difficulté de sa vie et des marques que cela avait laissé sur elle lui aurait semblé plus déplacée que de simplement l’ignorer.

- ça fait un moment depuis ma dernière fois. Mais je devrais quand même parvenir à faire mieux que la plupart.

Elle se pencha sur le bras nu et meurtri et examina la plaie.

- Le muscle est bien entaillé, mais c’est net, et moins profond que je ne craignais. Le mieux serait de le bander quelques jours, et de ne pas le bouger. Elle releva les yeux et observa le visage de la jeune femme. Disons au moins éviter de forcer dessus, d’accord ? proposa-t-elle pas franchement convaincue de pouvoir pousser la mercenaire à garder le bras en écharpe plusieurs jours.

Avec des gestes précis, elle enfila un fil dans le chat d’une aiguille courbée comme un crochet, dédiée à ce genre de pratique, et s’approcha encore un peu de la rouquine.

- Pas moi, mais le frère de mon mari, je venais souvent jouer ici, et je restais pour partager leur repas. Je connais bien les lieux. Et il ne me reprocherait pas de m’en servir. Surtout avec une femme blessée par ma faute.

Elle commença son œuvre sans crier gare, plutôt que de laisser se tendre son patient. Elle pinça les deux lèvres de la plaie, et enfonça l’aiguille. Si les premières piqûres furent douloureuses, la vitesse des gestes de Nixeu et la régularité de ses points rendirent vite la sensation plus diffuse et supportable.

- Et vous, avez-vous un endroit que vous appelez chez vous ? demanda-t-elle pour faire la conversation autant que pour s’assurer que Aeryn restait consciente. Même si elle ne doutait pas de la résistance de celle-ci, on ne pouvait pas lutter contre de vieux réflexes.

Au milieu de son œuvre elle se leva et fit un aller-retour à son eau fumante pour en prélever une partie et revenir. Elle y trempa un nouveau bout de cape et nettoya la plaie et la zone l’entourant jusqu’à y voir assez claire pour reprendre.

- Je suis désolée pour ce soir. Finit-elle par dire entre deux points, sans relever les yeux de crainte de croiser ceux de la mercenaire, et sans entrer dans les détails de son excuse. Peut-être était-ce un peu pour tout, ou au contraire pour une chose bien précise. Seule elle le savait.

Elle noua le bout du fil et sortit la dague du ceinturon de d’Aeryn avec lenteur, consciente que même dans son état, celle-ci avait l’œil sur elle, prêtre à réagir. Et elle n’aurait pas parié sur ses chances, même avec la blessure comme désavantage pour la mercenaire. Elle coupa le fil à ras, et observa le résultat après l’avoir encore une fois nettoyé. Cette fois-ci la toilette fut plus minutieuse, la mains de la rouquine posée sur ses genoux, Nixeu entreprit d’éliminer chaque trace de sans séché ou humide de la peau d’Aeryn, de ses doigts jusqu’à son cou, mais n’allant pas bien sur au-delà de nécessaire.

- Et merci de m’avoir protégé, malgré tout. Je sais que c’est le travail qui le demande sans doute pour vous, mais je ne me vois pas ne pas être reconnaissante quand on me sauve la vie. dit-elle en allant se débarrasser de son eau souillée pour en reprendre de la claire.

Dans un bol vide, elle mit une poudre venue du kit et un peu d’eau et y trempa une compresse propre qu’elle remua jusqu’à former une sorte de cataplasme gras qu’elle entreprit d’appliquer sur la couture propre.

- Cela va vous donner très chaud quelques heures, mais ça aidera la cicatrice.

-Je ne suis pas certaine que de me blesser d'entrée de jeu aurait été une très bonne idée... rétorquais-je en haussant un sourcil railleur. Plus particulièrement avec une chaussure.

Je la laissais faire tout en me montrant attentive à ses moindres faits et gestes. J'étais vulnérable après tout et cette position ne m'assurait point de grande possibilité d'évasion. Je restais donc méfiante même si je veillais à ne point me montrer trop insistante afin de ne pas la déconcentrer dans sa tâche.

Elle me décrivit la plaie, guère profonde d'après ses dires même si celle-ci méritait tout de même une certaine attention et une immobilisation. Ce à quoi je répondis par un nouveau sourire.

-Cela ne devrait pas poser de soucis, du moins si nous en avons terminé pour ce soir. On ne peut pas dire que je croule sous les propositions de contrats actuellement… Si on je ne serai pas passée par ce vieillard étrange.

Malgré ces temps troublés et l'ouverture d'esprit du nouveau roi, être une femme ne pouvait que me desservir. Les employeurs potentiels restaient frileux à l'idée d'engager des femmes mercenaires… Du moins, ceux proposant des contrats honnêtes sans bizarrerie dégradantes. Ceux-là, j'aimais mieux les laisser à celles qui - dépourvus d'amour propre-ne crachaient pas sur ces missions spéciales.

Tout en s'occupant de rassembler mes chairs, la demoiselle répondit à ma question. Nous n'étions donc pas chez elle mais chez son beau-frère. Un homme que je supposais être mort, probablement tout comme son époux. Les veuves étaient si nombreuses à Marbrume. Et puis, ce fut à elle de m'interroger.

-Je n'ai pas de maison, je n'en ai jamais vraiment eu une. Enfin si, lorsque j'étais gamine, mais je ne me sentais pas "chez moi" pour autant… Ce n'est pas vraiment aux lieux qu'on accroche, mais aux gens qui s'y trouvent. J'y ai cru, une fois, à ce "chez moi" mais ça n'a pas duré… Donc non.

Là encore,je sourit, même si mon rictus se faisait plus mélancolique. La compagnie des Lames avait été ma maison, mon foyer, ma famille… Sans doute grâce à Finn, oui, certainement grâce à lui. Mais la Compagnie n'existait plus et Finn avait disparu. Il ne me restait donc plus rien d'autre qu'un lit dans une auberge plus ou moins miteuse dans laquelle je ne restais jamais bien longtemps.

-On ne peut plus vraiment se permettre de s'attacher à ce genre de chose, de nos jours. C'est ainsi.

Et la voilà qui se mit à me présenter ses excuses pour cette petite blessure de rien du tout. Je fronçais légèrement les sourcils autant pour parvenir à la voir derrière le brouillard provoqué par la douleur que pour manifester ma perplexité.

-Pourquoi ces excuses au juste ? Les mensonges inutiles ou la blessure futile ? D'ailleurs, pourquoi avoir éprouvé le besoin de me tromper alors que le vieillard vous a assuré une certaine discrétion ?

J'avais conscience qu'en l'interrogeant sur le sujet j'enfreignais les termes du contrat, mais qu'importe. Je ne la poussais pas particulièrement à répondre juste à lui exprimer mon incompréhension. Je ne bougeais toujours pas tandis qu'elle s'affairait à ôter toute trace de sang, pas plus lorsqu'elle s'empara de ma dague pour couper le fil.

-Pfff, ça fait effectivement partie du boulot mais je ne suis pas vraiment du genre à gaspiller une vie alors que tant de gens ont disparu ces dernières années. Personne n'est parfait mais seuls les Trois ont le droit de juger de qui doit vivre ou bien mourir. Ce n'était pas pour aujourd'hui, ni pour vous, ni pour moi. Puis… bah, vous m'avez sauvé également donc nous sommes quittes. Merci.

Elle termina son soin en appliquant une sorte de cataplasme malodorant. Ceci fait, je me relevais et m'étirais très légèrement, du moins du côté qui ne me faisait pas souffrir.

-Ma dague, je vous prie, lançais-je en tendant une main vers elle. Et maintenant ?

2 janvier 1167.

La femme aux cheveux scindé ne sembla pas tout à fait d’accord avec l’affirmation sur le droit unique des trois à déterminer qui doit vivre ou mourir. Mais elle n’en dit point mot, chacun avait voix au chapitre sur ce sujet, et le débat philosophique au milieu de la nuit sur fond de risque de mort n’était pas vraiment de son gout.
Elle surveilla le bras de Ryn quand celle-ci se relevait, s’assurant que le cataplasme tenait en place. Elle lui tendit son arme, poignée en avant dès qu’elle l’exigea.

- Disons les mensonges qui ont provoqué la blessure. dit-elle après un instant. Cela n’est pas temps un besoin qu’une mauvaise habitude.

Elle se passa le dos de la main sur le front pour éliminer une fine couche de sueur et se leva en emportant la chemise souillée de sang qu’elle plongea à moitié dans l’eau bouillante. Remuant le tissu avec une sorte de spatule pour en chasser le liquide rougeâtre.

- Je crois avoir simplement pris l’habitude de ne pas me fier aux autres, ou de prendre la peine de les considérer dans mes calculs. Je passe sans doute trop de temps loin de gens. dit-elle en jetant un coup d’œil à la rouquine. Je me suis dit que je n’avais ni le temps ni le luxe de vous expliquer, et que de toute façon vous prendriez vos jambes à votre cou quand vous rendriez compte que je nous emmenais droit dans un piège. Mais vous êtes restée.

Elle soupira en extirpant le tissu, en frotta deux parties pour extraire une eau rougeâtre sur le plan de travail et la remettre à tremper.

- Ce n’est qu’en voyant votre blessure que j’ai vraiment pris conscience que je ne jouais pas que ma vie ce soir. Et si je me moque bien de la perde, c’était puéril et inconscient de ma part de vous y exposer aussi égoïstement.

Finalement elle se retourna, un sourire fatigué et sincère aux lèvres.

- Maintenant, et à moins que vous vouliez sortir à moitié nue, ou avec une chemise trempée, je propose que nous passions la nuit ici. dit-elle avant de poser la main sur son menton l’air songeuse. Hum, non, ce n’est pas un très bon argument, en tout cas pas avec vous Ryn, je ne crois pas que ça vous retienne de partir si vous en avez envie…

Elle claqua des doigts.

- Alors disons plutôt que je préférerais que vous assureriez ma protection jusqu’à l’aube, et que pour cela occuper une des chambres à l’étage, près de la mienne et du couloir devrait être un bon emplacement de surveillance… ça fait plus professionnel peut-être ?

Elle pouffa et finit par dire plus sérieusement en reprenant le nettoyage du tissu.

- Le danger est passé à présent, je n’ai pas de bonnes excuses pour vous retenir mais… Puisque qu’aucune de nous deux n’a de chez soi où retourner, et que je préférerais m’assurer dans quelques heures de votre état, accepteriez-vous de rester cette nuit ? Je boirais bien quelque chose, et je pourrais vous jouer un morceau, qu’en dites-vous ?

HRP:

-Ce n'est pas moi qui vais vous reprocher de ne pas vous fier à une inconnue… Ou même à n'importe qui, à dire vrai. Je ne sais pas faire confiance de toute façons, lui répondis-je en haussant les épaules. Mais mentir … Ce n'est pas pour autant la bonne solution. Parfois mieux vaut se taire, c'est plus commode et votre conscience s'en portera sans doute beaucoup mieux.

J'écoutais ce qui ressemblait beaucoup à une sorte de repentir même si, pour être honnête, je ne pouvais m'empêcher de rester méfiante. Elle m'avait menti une fois, cela suffisait amplement pour qu'elle rejoigne aussitôt la catégorie des gens louches. Et puis, j'avais eu l'occasion de rencontrer tant de ces personnes douteuses, ces "beaux parleurs" comme certains les appellent et qui sont très doués pour dire ce que les autres veulent entendre pour se sentir rassurés. Je voyais des tentatives de manipulation partout si bien que, là encore, j'évitais de prêter trop attention à ses paroles.

Je fus néanmoins surprise de l'entendre me demander de rester avec elle cette nuit-là. Je l'observais avec un regard plus que perplexe avant de pousser un long soupir.

-Pourquoi donc ? Si le danger est passé, je n'ai aucune raison de rester. Ma blessure ira très bien, j'en ai vu d'autres et vous l'avez très bien traitée. Et puis, honnêtement, je ne serai pas de bonne compagnie. Je n'aime ni l'alcool, ni la musique et je ne suis pas vraiment douée pour faire la conversation. Aussi, si vous êtes effectivement en sécurité alors je n'ai plus rien à faire ici.

Ma chemise étant trempée, je jetais mon dévolu sur l'un des draps recouvrant ce qui semblait être une sorte de guéridon soigneusement ouvragé. Cela ne me protégerait guère du froid, mais cela suffirait amplement.

- A qui dois-je m'adresser pour le paiement ?

2 janvier 1167.

Nixeu stoppa ses gestes un instant alors que Ryn rejetait en bloc sa tentative. Mais elle finit par sourire doucement et hocher la tête sans rien dire. Comme venait de le dire la mercenaire, parfois, mieux valait simplement se taire. Elle lui jeta pourtant un regard surpris quand elle s’empara d’un drap, visiblement dans le but de se couvrir et de sortir à nouveau dans la nuit. La mystérieuse cliente ne put s’empêcher d’éclater d’un rire bref.

- Attendez là un instant Ryn, je ne puis vous laisser sortir comme ça, même si j’admire votre détermination. dit-elle en se retenant de rire, essuyant du bout du doigts une larme à son œil.

Elle quitta la pièce, et l’on entendit des marches grincer sous des pas rapides puis du bruit à l’étage, tel des portes que l’on ouvre et ferme, des placards que l’on fouille. Quelques minutes plus tard, l’ancienne louve revenait les bras chargés de tissu qu’elle jeta négligemment sur la table avant de jeter un coup d’œil critique à Aeryn, comme une tailleuse prenant des mesures.
Elle finit par jeter son dévolu sur deux pièces.

Mais ce n’est qu’après avoir passer des bandes autour du cataplasme pour éviter que le frottement ne le décolle, qu’elle entreprit de l’aider à les passer. Une chemise blanche, simple et épaisse, de bonne facture, et un gambison d’un bleu presque noir, sans manche, étonnamment assez étroit pour que Ryn ne flotte pas dedans. Elle en serra les nœuds, et quand elle fut satisfaite du résultat, elle reprit la parole pour enfin répondre à la question de Ryn.

- Remettez ceci au vieil homme, ou à n’importe quel prêteur sur gage si vous ne souhaitez pas le revoir. Son réseau est étonnamment vaste. dit-elle en glissant sa main derrière sa nuque et extirpant de ses cheveux, une pierre aussi lisse que lui avait confié papy fumerolle, mais parfaitement blanche cette fois.

La mercenaire s’en empara d’un geste précis, et sa cliente la raccompagna à la porte de la demeure presque abandonnée. Sachant qu’il était peine perdue de proposer encore à cette femme à l’esprit de fer de rester ce reposer, elle se contenta d’ajouter une chose.

- J’espère que vous trouverez un endroit à appeler chez vous Ryn. On croit pouvoir s’en passer, mais un jour, son absence est plus douloureuse que la morsure de l’acier. Je vous souhaite une bonne nuit.

Ainsi se séparèrent-elles, Nixeu s’enfonçant dans les ombres de la maison, Ryn s’éloignant dans la rue sans avoir conscience que part un volet légèrement entrouvert à l’étage, des yeux l’observait quitter les lieux. Et ainsi pris fin cette étrange soirée aux mystères peu révélés. La dernière cité des hommes regorgeait de ces moments, de ces silences, de ces histoires, et seul un fou aurait pu en comprendre la trame globale pour le moment.

HRP: