Marbrume


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 [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]

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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyJeu 19 Aoû 2021 - 19:03
Balazuc, le 19 avril 1167

Alors que le départ de Gudrun pour Sombrebois se rapprochait, une attaque de bandits avait chamboulé le camp la veille. Il y avait eu de nouveaux blessés qu'elle avait découverts au matin, en arrivant à la tente qui servait d'infirmerie. Les blessés étaient déjà nombreux, car les accidents sur un tel chantier étaient inévitables. Les malades l'étaient tout autant, car cet air des marais portait une pestilence qui pouvait mettre à terre le plus valeureux des hommes. Elle-même n'était venue que parce qu'on manquait de bras dans cette infirmerie. De quelque façon qu'on tourne la chose, ces nouveaux arrivants étaient de trop ! Mais puisqu'ils étaient là... Elle avait fait son devoir.

Elle avait enfin eu un petit moment pour déjeuner, et elle avait décidé de s'installer sur un petit rocher près de la porte pour observer le départ d'un convoi. Le camp fortifié était assez animé, avec beaucoup de convois partant et repartant, dans une direction ou dans l'autre, et elle voulait en profiter avant de retourner à Sombrebois, qui commençait déjà à lui paraître petit. Elle avait cru apercevoir Messire de Rochemont à un moment, mais l'avait vite perdu de vue avec le départ.

Elle avait terminé de mâchonner le petit encas auquel elle avait droit pour le déjeuner, le convoi était parti et les portes refermées, mais elle restait là, pensive, enveloppée dans son éternel manteau en laine dont elle avait abaissé la capuche. Les jours se faisaient de plus en plus chauds, et ce manteau ne semblait déjà plus très utile. Sans doute serait-il insupportable plus tard dans la saison. D'ailleurs, vu son état, elle aurait dû s'en séparer depuis longtemps...


Dernière édition par Gudrun Mercier le Sam 12 Fév 2022 - 10:40, édité 1 fois
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyVen 20 Aoû 2021 - 13:54
Quelques heures seulement s’étaient écoulées depuis que Théophile s’était allongé dans son lit de fortune. Un rayon de soleil s’était infiltré par l’entrée et éclairait son visage, le réveillant doucement. Le milicien s’étira, détendant ses muscles puis se leva. Après s’être rapidement lavé avec la cruche laissé à cet effet dans la tente, il se hâta de passer par le coin cantine.

Liliane le servit avec une expression avenante, qu’il lui rendit avant d’engouffrer rapidement sa bouillie. Tous les sourires du monde ne pouvaient effacer le goût insipide et la texture gluante du mélange de céréales bouillies avec de l’eau. Pourtant, ce truc avait le mérite d’être nourrissant, et peu coûteux en terme de production et de transport, idéal pour nourrir de nombreuses bouches.

Dès que son estomac cessa de crier famine, il était prêt pour s’enquérir des trois victimes qu’il restait encore à gérer. Il y avait Simon le boulanger, que Puceau avait aidé à marcher jusqu’au camp, ainsi que la fratrie Pierrick et Laura. Hier, le milicien avait fait en sorte que le frère et la soeur ne puisse pas ce voir. Il n’était pas sûr que la demoiselle écoute l’homme qui avait blessé son frère, même si les raisons étaient légitimes, même si il était son sauveur.

Le borgne se dirigeait donc vers la tente où étaient dispensés les soins, dans l’idée de parler au garçon. Connaître ses plans, le convaincre d’accepter son aide et travailler dur pour gagner sa place au sein du village. Il en allait de sa survie et celle de sa sœur.
Devant la tente, une silhouette encapuchonnée était assise, regardant l’horizon. Son manteau laisser apparaître le bas de sa robe. Quelque chose de simple, ressemblant à s’y méprendre à celle d’une prêtresse, expliquant sans doutes sa présence ici.

« Bonjour Ma Soeur, avez-vous soigné les captifs que nous avons amené hier ? J’aurais une petite question à vous poser...»

Le milicien se déplaça face à la femme et se pencha pour capter son regard. Quelle ne fut pas sa surprise de voir une tête connue. Et sa joie aussi, peut-être que dans un cadre moins apte à le faire passer pour un crétin, la prêtresse serait un peu moins tendance à s’emporter contre lui.
Il lui sourit, sincèrement heureux de pouvoir peut-être se racheter à ses yeux.

« Soeur Gudrun ! Vous ici ? Comment vous êtes vous retrouvé à Balazuc ? »
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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyVen 20 Aoû 2021 - 20:19
Une voix toute proche la tira de sa réflexion. Quelqu'un semblait l'interpeler, mais le temps qu'elle relève la tête pour chercher son interlocuteur, celui-ci était déjà devant elle. Et quel interlocuteur ! Difficile d'oublier ce coureur de jupons, avec son air dégingandé et son oeil en moins. Son prénom, en revanche... Thibaut ? Non... Théophile ! Il lui adressait un grand sourire, comme si ce qui s'était passé la dernière fois qu'ils s'étaient vus n'était qu'un vieux souvenir. Cela remontait à moins de deux mois tout de même ! Elle le regarda d'un air sévère.

- Bonjour à vous Théophile. Je pourrais vous retourner la question, mais à vrai dire ça n'a pas d'importance. Je suis là pour faire ce que je sais, soigner, c'est tout.

Elle rejeta sa capuche en arrière pour mieux le voir. Il n'allait pas rester penché indéfiniment. Elle se mit à bougonner, la journée ne se déroulait vraiment pas sous les meilleurs auspices.

- C'est donc vous qui avez amené ces blessés ? Nous n'avions vraiment pas besoin de plus d'ennuis sur les bras. J'ose espérer que vous vous êtes contenté de les ramener et que ce n'est pas vous qui les avez amochés ainsi... Non, bien sûr que non si vous venez les voir... Excusez-moi, c'est qu'on manque un peu de main d'oeuvre et de matériel dans ces marais, mais vous n'en êtes pas responsable.

Elle se releva pour se mettre debout. Ce n'était pas à cause de sa mauvaise humeur qu'il fallait manquer d'être polie.

- Veniez-vous les voir ? Ils ont été soignés, mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de troubler leur repos. Quelle était votre question au juste ?
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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyLun 23 Aoû 2021 - 20:35
La surprise passa sur le visage de Soeur Gudrun, avant de se transformer en quelque chose d’un peu moins avenant. A priori, elle avait toujours quelque chose contre lui...Il apprit par la même occasion qu'elle était guérisseuse, mais quelque chose lui disait qu'elle ne voudrait peut-être pas le soigner si il se faisait un petit bobo. Peut-être était-ce ses sourcils froncés, ou sa bouche légèrement pincée, qui lui soufflèrent qu'il valait mieux se tenir à carreau.
Son humeur ne s'améliora pas alors qu'elle libéra une cascade de cheveux noirs, où les rayons du soleil venaient paresseusement se refléter. La capuche avait désordonné quelques-unes de ses mèches. L'archer sentait que ses doigts brûlaient d'envie de se glisser entre les mèches pour les lui coiffer.

Même si c'était un coureur de jupons, il adorait cajoler les femmes. Il avait pris soin d'Alice de tout son soûl, et elle avait toujours été assez patiente pour le laisser faire. Les Dieux avaient pourtant été témoin d’à quel point il pouvait être pot de colle parfois... Même les femmes qui ne partageaient sa couche qu'une nuit, ou moins, avaient droit à ces démonstrations débordantes d'affection.
Le pire avait été en début d'année, un jour de pluie battante, alors qu'il avait aidé une jeune prêtresse du nom d'Angélique. Certaines circonstances les avaient amenés chez le maître d'apprentissage de son frère Alaric. La jeune femme avait hérité de vêtements trop grand pour elle, et d’une coiffure dépenaillée. Se battant contre les couches de vêtements, Angélique semblait en difficultés et Théo n’avait pu s’empêcher de venir à son secours. Même si aucun de ses gestes n’avait été déplacé, il n’avait pu reste à distance.

Les reproches qu’elle lui adressa indirectement calmèrent ses fourmillements. Comment dire à Soeur Colère que c'était bien lui qui avait fait un trou dans le ventre de l'un des blessés ?

« Soeur Gudrun, je suis étonné de ces quelques mots peu charitables venant d'une dévouée aux Dieux telle que vous...Je ferais comme si je n'avais rien entendu et ainsi je n'aurais pas besoin de vous mentir sur ce qu’il s’est passé cette nuit. »


Un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres, comme pour mieux faire passer la pilule.

« Pour tout vous dire, et ça reste entre nous car je ne crois pas être autorisé à en parler pour le moment...Donc l'un des hommes qui a attaqué le camp hier soir se trouvait avoir été plus ou moins là contre son gré. Des bandits avaient fait prisonnier des exilés du couronnement et les ont obligé à faire selon leur volonté. Vous avez du voir ce qui a été fait à aux femmes qui ont été amenées… »

Même si l’une d’entre elle venait tout juste de quitter le camp avec Sieur de Rochemont, son histoire avait du faire le tour de la petite équipe de guérisseurs. L'archer se fit plus sérieux au fur et à mesure qu'il résumait la situation à la prêtresse.

« Quand je l'ai appris, je n'ai pas pu laisser les choses ainsi. Savoir que des âmes innocentes étaient ainsi sous le joug de voyous sans foi ni loi...Nous avons su que la plupart des brigands étaient sur un autre raid, et nous en avons profité pour aller libérer ces quelques malheureux. Est-ce que vous aussi vous allez me reprocher d'avoir pris en pitié une ou deux personnes qui ont été mordues ? Et leurs accompagnants ? »

Il n'avait pas encore répondu au pourquoi de sa visite. Mais soudainement, il était important pour lui de voir si Soeur Colère était aussi empathique que prompte à juger. Bien que l'emportement lui allait très bien au teint, rendant son visage vivant et ses yeux flamboyants, Théophile voulait savoir si elle-même s'appliquait ces principes qu'elle semblait vouloir imposer aux autres. Lorsqu'ils avaient rendu visite aux filles d'Anür, Gudrun était restée sur ses préjugés et n'avait pas tenté de comprendre ce qu'il en était du destin tragique de certaines de ces femmes.
Elle qui priait le Dieu Maudit de par son origine, penserait-elle aussi que ces malheureux n’avaient que ce qu’ils méritaient, alors qu’ils s'étaient retrouvés privés de tout du jour au lendemain ?
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyMar 24 Aoû 2021 - 10:17
La figure chaleureuse de Théophile et sa remarque ne firent qu'accentuer cette petite pointe de culpabilité qu'elle avait ressenti en prononçant ces mots trop durs pour les blessés. Revoir Théophile n'était pas une surprise agréable, au vu des circonstances où ils s'étaient quittés, mais cela ne justifiait pas qu'elle passe sa mauvaise humeur sur des innocents.

- Vous avez raison Théophile, je ferai plus attention à l'avenir.

Le milicien semblait décidément de bonne humeur ce matin, malgré un air qu'elle trouvait un peu fatigué. Elle écouta son histoire, un peu perdue néanmoins.

- J'en ai vaguement entendu parler oui... Est-ce le jour où des Fangeux sont rentrés dans Marbrume ? Ces personnes ont-elles été exilées parce qu'elles avaient été mordues suite à cela ?

Le milicien semblait être une vraie tête de mule, et elle se demandait s'il essayait de la convaincre de quelque chose.

- Je ne comprends pas vraiment pourquoi vous cherchez à justifier vos actes devant moi Théophile. Vous avez fait ce que vous avez cru bon de faire, et peut-être était-ce la chose à faire en effet. Il n'y a aucun mal à vouloir aider son prochain au contraire, mais... Évitez de prendre en pitié les autres Théophile. Leurs ennuis et leurs douleurs sont les leurs, tout comme vous avez les vôtres.

Elle soupira en fermant les yeux avant de les remonter pour fixer son regard sur l'oeil valide du borgne. Elle avait fait maintes fois ce sermon sans qu'il soit compris par la personne en face. A son âge, il fallait peut-être qu'elle se fasse une raison et qu'elle arrête de vouloir prêcher uniquement par des paroles trop abstraites.

- Écoutez, ce que je veux dire, c'est que vous avez vous-même des soucis. Vous m'en avez dit plus au temple que vous ne le montrez aujourd'hui. Vous n'en faites pas étalage, parce que vous ne voulez pas qu'on vous prenne en pitié, n'est-ce pas ? Alors ne faites pas la même chose aux autres. C'est tout ce que j'essaie de vous dire, mais de toute évidence nous ne sommes pas faits pour nous comprendre.

Sans attendre de réponse, soucieuse de mettre fin à cette pénible conversation avec cet homme trop têtu, la prêtresse se dirigea vers la tente.

- Attendez-moi là, je vais voir ce qu'il en est de vos protégés.

Elle revint au bout de quelques minutes pour lui annoncer qu'ils étaient tous réveillés.

- Mais... Ce ne serait pas très convenable que vous alliez voir la jeune fille. Elle est réveillée, et elle va bien. Simplement, elle n'a pas encore tous ses esprits. Comprenez bien qu'une femme est beaucoup plus sensible qu'un homme, alors laissez-nous faire pour ce qui est de son âme.

Gudrun n'attendait qu'un mot de Théophile pour l'accompagner auprès des patients, avant de pouvoir le quitter et terminer ainsi cette fatigante entrevue.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyMer 25 Aoû 2021 - 20:54
Voir Soeur Colère aussi contrite était...étrange. Bien sûr que Théo avait voulu la faire redescendre un peu de ses grands chevaux. La prêtresse était très accrochée à ses principes, et cette fois ça avait peut-être été de trop. Mais elle semblait s’en rendre compte. Et de son côté, il compris en entendant son soupir, que ces dernières heures avaient été aussi peu reposantes pour elle que pour lui.
Elle méritait sans doute un peu plus de tolérance. Surtout que sous ses airs de moralisatrices, elle faisait finalement preuve d’inquiétudes pour lui.

Le constat lui rendit le sourire. Même si sa façon de le montrer était plus que maladroite, ça se voyait que la prêtresse faisait des efforts pour communiquer de manière positive. Elle semblait concernée par sa personne et ça lui fit chaud au cœur qu’elle sorte un peu de son carcan pour l’aider. De toute façon, ces préoccupations n’avaient pas lieu d’être.

« Je suis milicien, c’est mon travail de m’occuper des problèmes des autres. Et ne vous tracassez pas, je gère très bien les miens. Mais merci de vous en inquiéter. »


Son frère lui aurait probablement jeté un regard dubitatif à cet instant. Mais Théo en était persuadé, il avait fait la paix avec son histoire. Tout du moins tant qu’on ne lui demandait pas d’y penser ou d’en parler plus qu’il ne le souhaitait...Probablement pas la meilleure façon de s’occuper de la chose, mais c’était la sienne et elle lui convenait.

Le borgne la regarda regagner la tente et attendit patiemment, s’adossant à au chêne qui la surplombait. Il releva son genou et posa son pied contre le tronc, arborant une posture décontractée, limite nonchalante. La fatigue de la veille ne devait pas être complètement effacée...
Un vent tiède vint le caresser et il ferma les yeux pour l’apprécier, laissant le temps s'écouler sans qu'il ne le retienne. C’était une sensation fantôme venant d’un autre temps...

Et il ne bougea pas lorsque la prêtresse revint vers lui. Gudrun lui indiqua qu’il était préférable qu’il n’aille pas voir Laura. Logique. Et puis ce n’était pas son intention au départ. Alors il acquiesça, lui adressant un léger sourire rassurant.

« Bien entendu. Et de toute façon je ne comptais parler qu’à son frère. Pour répondre à votre question de toute à l’heure, il s’agit bien de ce fameux jour où les fangeux sont entrés dans la ville. Tous n’ont pas été mordus, mais certains n’ont pu se résoudre à laisser un membre de leur famille à errer seul hors des murs de la ville. Pierrick, le garçon, a fait ce choix. Maintenant je dois lui parler de leur futur. Si il veut mettre sa sœur à l’abri, il faut qu’il sache ce que ça implique. »

L’archer se redressa finalement, quelques os craquant au passage. S’approchant du visage de Soeur Colère, il fixa ses pupilles bleues. L’alternance du soleil et d’ombre créée par le feuillage du chêne les rendait mystérieux. Impossible de connaître les pensées de la prêtresse, aussi mieux valait ne pas rester silencieux trop longtemps, sans quoi elle risquait encore de le houspiller.
Pourtant il aurait bien tenté une petite pique pour voir ce que ces iris pouvaient devenir sous la colère. Il y prêterait plus attention la prochaine fois.
Ne se dépareillant pas de son expression apaisée, il s’adressa pourtant sérieusement à Soeur Gudrun.

« Peut-être pourriez-vous m’aider à lui faire comprendre ? Qu’il y aura peut-être de la peur et de la haine dans le regard de certains, mais que d’autres personnes sont prêt à les aider si ils travaillent dur pour prouver leur bonne volonté. Vous les avez soignés, et vous êtes une prêtresse , votre parole aura du poids. Qu’en dites-vous ? Prête à m’épauler pour sauver leurs âmes ? »


Si il n’avait pas eu sa famille et Alice, Théo n’aurait sans doutes pas su rebondir aussi facilement quand il avait perdu son œil. Il savait quel effet cela faisait d’être réduit à l’état de moins que rien pour quelque chose qu’il n’avait pas demandé, et dont il était même une victime. Et pour sa part, sa blessure ne mettait en cause que lui. Son œil mort ne risquait pas de le transformer en une bête avide de chair humaine. Ce à quoi aurait affaire Pierrick serait pire. Et il devrait apprendre à vivre avec. Car ça valait la peine de se battre, lui-même n’en serait pas là si il ne l’avait pas fait.
C’est donc plein de détermination qu’il attendit patiemment la réponse de Soeur Colère
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 8:56
Théophile semblait complètement détendu adossé contre cet arbre, ses cheveux en bataille ne faisant que renforcer cette impression de relâchement. La température était plutôt agréable en effet, il en profitait peut-être. Elle-même avait fini par entrouvrir son manteau, lors de son aller-retour. Malgré tout, sa posture contrastait étrangement avec l'ambiance générale du camp, et encore plus avec les préoccupations dont il lui fit part. Perplexe, elle attendait des précisions lorsqu'il vint la fixer de plus près pour lui expliquer ce qu'il comptait faire et surtout, qu'il comptait sur son aide pour convaincre quelqu'un de se laisser aider. Compter sur elle pour trouver les bons mots ? Elle aurait pu en rire si le borgne n'avait pas eu un air aussi sérieux. Elle était aussi légèrement agacée par son regard inquisiteur mais résista à la tentation de reculer d'un pas pour arrêter d'avoir à lever la tête vers lui. Elle ne lui laisserait pas ce plaisir.

- Ma parole a peut-être du poids, mais la vôtre ? Enfin, vous n'êtes pas raisonnable, un milicien s'occupe des menaces physiques, pas du reste. Pourquoi vous préoccuper de son sort ? Est-ce que vous avez peur que je ne m'en sorte pas seule ? Je ne vous ai sans doute pas fait bonne impression la dernière fois que nous nous sommes croisés, mais la situation était très différente.

Fronçant les sourcils et croisant les bras, elle était réellement suspicieuse. Elle voulait bien croire qu'il aimait aider son prochain, mais à cette échelle là c'était inquiétant pour lui, ou alors il lui cachait quelque chose.

- Enfin, quel est votre intérêt là-dedans ? Vous en avez forcément un Théophile, car cela va au-delà de votre devoir. D'ailleurs, ne devriez-vous pas être en train de monter la garde ou de vous reposer en ce moment ? Parlez franchement Théophile, car je ne vous laisserai certainement pas voir Pierrick tant que vous n'aurez pas éclairci ce point, les dieux m'en soient témoins.

Elle avait quelques suppositions là-dessus qui n'impliquaient pas toutes de mauvaises intentions, mais elle voulait l'entendre de sa bouche. Elle avait souvent du mal à déchiffrer les émotions des autres, elle lui laisserait donc le bénéfice du doute. Mais rien que la façon dont il avait déclaré qu'il gérait très bien ses problèmes avec un grand sourire ne faisait que renforcer l'image qu'elle avait de lui : c'était juste un beau parleur. Un problème, c'était un problème. Il ne gérait rien du tout s'il n'avait pas encore la solution, elle était bien placée pour le savoir. Mais elle n'avait encore jamais fait passer ses propres problèmes avant son devoir, contrairement à lui qui semblait négliger le sien.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyMer 1 Sep 2021 - 23:27
Alors que l'archer tentait toujours de voir les nuances des yeux de la prêtresse, faisant fit de sa moue, elle l'invectiva, prenant complètement à revers ses paroles. Puis, campant sa position, Soeur Colère lui asséna toute une série de questions. Chacune le fit légèrement reculer, jusqu'à ce qu'il ait mis l'équivalent d'un avant bras de distance entre eux.

« Ma Soeur, je crois qu'on ne s'est pas tout à fait compris.»


Et ce n'était rien de le dire...Ils étaient en complète opposition. Les mots de l'un se traduisait à l'envers par l'autre. Conscient qu'il n'était pas en position de force avec Soeur Colère, malgré son bagou habituel, il pris un air résigné. A chaque fois qu'il usait de son naturel avenant, ça se finissait mal avec elle, obtenant l’inverse de l’effet escompté.
Il soupira et laissa tomber peu à peu son attitude souriante, commençant par répondre sérieusement aux questions de la prêtresse.

« J'ai sauvé ces gens car leur sort m'importait, alors que personne d'autre ne s'en préoccupait. Pire, leur mort aurait certainement enlevé une épine du pied à certains. Le chef des mercenaires avait même proposé de tous leur couper la tête... Ne vous vient-il pas à l'esprit qu'en tant qu’être humain je puisse m'inquiéter de ce qu'il peut arriver à ces gens ? Que penser que si c'était un membre de ma famille à leur place, j'aimerais que quelqu'un fasse de même ? Et qui d’autre parmi les gens qui ne voulait pas les sauver va venir s'occuper d'eux dites-moi ? Préférez-vous que je les laisse retourner errer dans la nature comme certains le veulent ? »

La prêtresse semblait douter de sa sincérité et de son empathie. Elle le prenait pour des ces miliciens bas de gamme, entré par défaut au service du peuple, plus intéressé par son salaire et les travers qu’il pouvait se payer avec que par l’intérêt des braves gens. Il est vrai qu’il n’avait pas forcément montré son meilleur côté, pourtant elle n’avait pas non plus cherché avant de le faire rentrer dans cette petite case étiquetée « imbécile congénital ».
Agacé qu’on remette ainsi en doute son engagement auprès du peuple, Théophile leva les bras dans un grand signe de dépit avant de les faire retomber. Ses mains se posèrent sur ses hanches, comme si il préférait les laisser là que faire un quelconque geste qu’il pourrait regretter.

« Bon sang Soeur Gudrun, je suis un ancien soldat du Roi. J'ai prêté serment autrefois de protéger tous les gens du Royaume. Ce n'est pas parce que celui-ci se résume désormais à quelques places fortes que je dois renier ma promesse. »


Quand il avait parlé de son engagement à Sieur de Rochemont, il n'avait pas exactement utilisé les même termes, mais au final ça se rejoignait. Tous les gens de Marbrume et des alentours étaient ses gens désormais.

Jusque là, il n’avait pas laissé Gudrun en placer une, et il ne comptait certainement pas lui laisser le loisir de dire un seul mot. Pas encore en tous cas. Pas tant qu’il n’avait pas vidé son sac.

« Et pour votre information, sachez que ma garde ne commence qu'en fin d'après-midi, et que si mes capacités étaient altérées par une nuit un peu courte, je ferais un bien mauvais soldat. Nous avons l'habitude d'être parfois tirés du lit bien avant l'heure prévue, c'est notre lot et nous avons dû nous habituer à faire avec. »


Sans s’en rendre compte, l’index droit du borgne tapotait contre sa ceinture au rythme de ses intonations. Celles-ci étaient devenues de plus en plus dure au fur et à mesure de son monologue. Il dû s’en rendre compte car il se radoucit, sans pour autant totalement retrouver un visage aussi avenant qu’au moment où il avait reconnu son interlocutrice.

« Maintenant que je pense avoir répondu à vos questions, puis-je voir le garçon pour évoquer avec lui son futur ? Ou pensez-vous pouvoir à vous seule lui expliquer les choix qu'il va devoir faire pour sa soeur et lui, et les aider à trouver une place dans ce village ? En tant que guérisseuse, vous savez certainement soigner les corps et les âmes. Mais il faut parfois plus que ça pour leur assurer un avenir serein. »


Espérant que ces mots suffisent à convaincre la prêtresse, et soient assez équivoque pour qu’elle ne se méprenne pas, Théophile attendit qu’elle y réfléchisse et le comprenne enfin. Malgré ce qu’il avait assuré à Soeur Colère, la fatigue jouait quelque peu sur sa patience.
Mais ça, il ne pouvait lui avouer. Sans quoi elle le renverrait probablement dans ses pénates, sans lui laisser le loisir d’aider ces pauvres laissés pour compte.
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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyJeu 2 Sep 2021 - 14:08
Si Théophile avait d'abord semblé déstabilisé par ses remarques, il reprit vite contenance et se mit à lui rendre la monnaie de sa pièce. Il lui parlait de promesse et de serment. Il lui parlait de son devoir de soldat. Il lui parlait de fatigue qui n'avait pas d'importance. Et tout cela ne parlait que trop bien aux yeux de Gudrun. Son expression s'adoucit, mais le soldat semblait trop agacé pour la laisser reprendre la parole. Ses mots se faisaient durs et sa posture le montrait tout autant. Elle ne pouvait que constater qu'il semblait prendre au sérieux les questions qu'elle lui avait posées et cela la rassurait d'autant plus : cette fois-ci, elle en était presque sûre, il était sincère. Elle le laissa patiemment achever sa tirade, puis esquissa un léger sourire une fois qu'il eût fini.

- Vous êtes pragmatique. Cela me convient parfaitement.

Sans plus d'explications, elle lui fit signe de la suivre sous la tente et le mena auprès du dénommé Pierrick, un garçon maigrelet qui était alité dans un coin, sur une paillasse au sol.

- Pierrick, voici Théophile, qui voulait vous voir. Je pense que vous êtes suffisamment réveillé pour avoir une conversation, mais je reste pour surveiller que votre échange ne s'éternise pas.

Ses paroles s'adressaient davantage à Théophile qu'au patient. Elle jeta un regard sévère au soldat avant de le laisser approcher, comme pour le mettre en garde de ne pas dépasser les limites. Elle estimait qu'il était un peu tôt pour discuter de l'avenir avec ce garçon. Une flèche dans le ventre était sans doute la pire des choses qui puisse arriver. Il pouvait tout aussi bien survivre que vivre une mort lente, qu'il aurait le temps de voir arriver avec horreur. Un si jeune homme... Elle se demandait d'ailleurs si ce milicien gravement blessé qu'elle avait soigné il y avait moins d'un mois était toujours en vie. Mais elle s'égarait, ce n'était pas le sujet. Théophile semblait plus optimiste qu'elle, il fallait bien lui accorder cela. Elle se demandait dans quelles circonstances le garçon et lui s'étaient rencontrés la veille au soir : Théophile était-il un sauveur comme il lui avait assuré, ou avait-il simplement suivi les ordres qu'on lui avait donnés ? Elle ne savait pas vraiment ce qui lui semblait préférable.

Elle-même s'assit sur un petit tabouret non loin, pour essayer de reposer sa jambe qui avait souffert toute la matinée. S'agenouiller et se relever sans cesse n'était pas la chose la plus saine pour son genou mal en point. Le garçon n'avait pas prononcé un mot, mais elle ne savait dire s'il était simplement fatigué, effrayé ou juste encore sonné.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyMer 8 Sep 2021 - 22:28
Un sourire ? Soeur Colère venait-elle vraiment de lui offrir un sourire ? Aussi bref qu’il fut, il avait eu le mérite d’avoir été présent sur les lèvres habituellement pincées de la prêtresse. Autant la colère seyait à Gudrun, autant la sympathie la rendait belle. Les traits durs de son visage s’étaient momentanément détendus, donnant un aperçu partiel de ce qui se cachait sous ce visage rigide. Le milicien s’apprêtait à la complimenter lorsqu’elle le mena sous la tente.

Sans demander son reste, il la suivit. Mieux valait profiter de l'amélioration de son humeur. En d'autres circonstances, il aurait peut-être tenté de l'asticoter un peu plus, mais aujourd'hui, il avait à faire.
A l’image de la prêtresse, Théo prit un tabouret mais le positionna près de la paillasse du blessé. Sa grande carcasse paraissait bien hors de son élément sur ce petit siège de bois. Le meilleur moyen qu’il trouva de se mettre à l’aise fut de plier une jambe et de laisser l’autre tendue devant lui, tout en tentant de ne pas toucher le garçon à ses pieds. Une fois à peu près installé, il se racla la gorge pour signifier sa présence, bien qu’il n’avait pas été spécialement discret jusque là, et indiquer qu’il souhaiter discuter.
D’une voix basse, afin de ne pas se faire remonter les bretelles par l’un des gardiens des lieux, il finit par sortir le garçon de sa léthargie.

« Pierrick, mon garçon, il faut qu’on parle. »

L'adolescent se tourna difficilement vers celui qui venait de stopper son repos réparateur, et c'est d'une voix faible qu'il s'adressa à lui.

« C’était vous hier soir ? J’reconnais votre voix. Merci d’avoir sauvé Laura. »


« C'est justement pour ça que je suis ici. T'es encore mal en point alors je vais faire bref. »


Théo chercha les yeux du garçon pour appuyer ses propos et vit sa surprise. Avec la peur et la perte de sang, il n’avait pas du voir que celui qui lui avait tiré dessus et celui qui l’avait sauvé étaient en fait une seule et même personne. Même si ça aurait dû être évident. Cela n’arrêta pourtant pas le milicien, qui se devait de continuer.

« Je sais que ça n’a pas dû être facile pour vous jusqu’ici, mais ce n’est pas terminé. Le responsable du camp n’a pas encore statué sur votre sort. Avant que quoi que ce soit ne se passe, il faut que tu réfléchisses à ton avenir et celui de ta sœur. Si tu ne veux pas que vous soyez à nouveau livrés à vous-même dans la nature et que la même mésaventure vous arrive, il va falloir que vous intégriez un village. Je ne dis pas que ce sera simple et sans heurts, mais ça me paraît mieux que ce que vous aviez jusque-là non ? »

L’archer avait bien vu le visage de Pierrick se fermer au fur et à mesure qu’il avait déroulé son petit discours. Et pourtant, il n’avait pas encore parlé de l’hostilité que les gamins risquaient de recevoir, en particulier la jeune fille.
Un petit gémissement sorti de la gorge de l’adolescent et il se tint le ventre d’une main, les doigts de l’autre crispés sur ses côtes bien trop fines. Ses mimines, toujours crasseuses malgré un lavage sommaire effectué par les soigneurs, tremblaient légèrement. Croyant qu’il s’agissait d’une manière pour l’adolescent d’éviter un sujet qu’il ne souhaitait pas aborder, Théophile soupira. Il se rappelait que lui-même avait déjà usé de cette technique à plusieurs reprises quand l’un ou l’autre de ses parents lui cassait les pieds. Grand Dieux qu’il comprenait leur agacement en cet instant !

« Pierrick...c’est pour votre propre bien que je viens te parler. Repousser cette discussion n’améliorera pas les choses. Certes tu sera tranquilles quelques jours mais plus tu attendra et... »


Finalement le gamin souffrait réellement. En levant le poing qui était sur son ventre, l’e gamin découvrit le sang qui se répendait sur son bandage, preuve que sa blessure s’était rouverte. Théo n’avait pourtant pas utilisé de flèche particulière, juste une perce-maille classique, mais il est vrai que la victime avait essayé de tourner le projectile. Soit il s’était blessé beaucoup plus que le milicien ne l’aurait cru, soit il avait gagné des échardes en tentant de s’échapper.
Il releva la tête brutalement vers son accompagnatrice, son ton révélant l’urgence qu’il pensait voir dans la situation.

« Soeur Gudrun, est-ce vous qui l’avez soigné ? Avez-vous vu si sa plaie a été correctement inspectée ? Il y a des chances pour que des morceaux de bois se soient plantés à l’intérieur. »
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyJeu 9 Sep 2021 - 20:22
Théophile s'installa auprès du blessé, sans doute pour paraître plus proche et moins... grand. Néanmoins, assis ainsi sur le petit tabouret, il semblait davantage mal à l'aise qu'autre chose. Gudrun n'avait pas spécialement envie d'écouter leur conversation, mais elle n'avait rien à faire ici, rien pour s'occuper les mains, ni l'esprit. Alors elle écouta, regardant ailleurs pour leur laisser un semblant d'intimité. Le garçon avait l'air d'être reconnaissant envers Théophile pour avoir sauvé sa sœur semblait-il. Elle était un peu étonnée par la démarche de Théophile, il fallait bien l'avouer. Le garçon ne semblait pas réagir, sans doute sonné et perdu, à devoir réfléchir à son avenir et à celui de sa sœur dont il semblait être responsable. Tout cela était un peu prématuré. Une blessure par flèche au ventre lui avait-on dit quand elle était arrivée au matin. C'était souvent fatal, et l'on ne pouvait rien y faire. Elle attendit patiemment pour voir s'il souhaitait répondre au milicien, mais celui-ci finit par s'impatienter et pressa le jeune garçon, avant de soudainement, se retourner vers elle en lui posant des questions paniquées. Elle se releva d'un coup pour s'agenouiller près du garçon. Effectivement la plaie saignait toujours, ce n'était pas bon signe. Ayant écouté le milicien d'une oreille, elle comprit qu'il s'inquiétait d'échardes restantes.

- Par Anür poussez-vous un peu ! Non je ne sais pas, mais vous ! Quels morceaux de bois ? Vous l'avez amené avec la flèche entière ou le fer ? Quelle flèche était-ce ? Aidez-moi donc à le relever !

Elle défit rapidement le bandage qui maintenait un cataplasme, et dévoila la blessure. Elle était propre, en dehors du saignement. Ses homologues avaient sans aucun doute enlevé le fer, alors il n'y avait pas grand chose qu'elle puisse faire, à moins de rouvrir franchement la plaie. Il fallait être rapide, mais cela ne servait à rien d'agir dans la précipitation.

- Rallongez-le, et tenez-ça sur la plaie en appuyant. Je reviens.

Elle alla chercher un peu plus loin quelques instruments, du matériel, des onguents, et fit quérir le guérisseur qui s'était occupé de la blessure la veille. Elle revint auprès du garçon et s'agenouilla auprès de lui encore une fois.

- Je suis prête, vous pouvez lâcher.

Sans plus s'occuper de Théophile, concentrée sur sa tache, elle s'affaira sur la blessure de ses doigts habiles, rouvrant délicatement la plaie pour la sonder, cherchant d'éventuels corps étrangers. La tache n'était pas simple, mais ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait, et ça ne serait d'ailleurs sans doute pas la dernière. Le guérisseur qu'elle avait envoyé chercher arriva enfin . Il put lui expliquer ce qu'ils avaient fait la nuit précédente et l'aider à terminer sa tache. Il y avait en effet quelques petits fragments qui étaient restés dans la plaie. Cela ne suffisait sans doute pas à expliquer le saignement, mais il n'y avait pas d'autre solution pour le moment que de refermer la plaie. Et prier. Chaque chose en son temps. Elle termina d'abord son travail avec soin, refit les pansements. Elle finit par se relever difficilement, le genou ankylosé par ce long moment qu'elle avait passé agenouillée sur le sol froid. Elle ramassa ses instruments pour aller les passer à l'eau un peu plus loin. Ce rituel de fin d'opération lui fit prendre conscience qu'elle avait complètement oublié Théophile. Il fallait qu'elle lui parle. Elle retourna auprès du garçon pour finir de ranger son matériel. Il avait perdu connaissance pendant l'opération, et il semblait dormir à présent.

Attrapant son manteau qui était resté par terre à côté du tabouret quitté précipitamment plus tôt, elle sortit à grands pas de la tente, fermement décidée à avoir une conversation sérieuse avec ce milicien trop consciencieux.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyDim 26 Sep 2021 - 20:55
La réaction de Soeur Gudrun ne se fit pas attendre et le pauvre milicien se fit pousser sans ménagement. Comprenant que la mauvaise humeur de la prêtresse était due à l'inquiétude envers le patient, Théo ne fit pas d'histoire et tenta de répondre à la question qui venait de lui être posée.

« Quand on l'a ramené il n'avait plus de flèche, on a du la casser et lui retirer sur place. »


Et il sortit un de ses projectiles pour qu'elle puisse servir de comparatif. Il le laissa tomber précipitamment pour pouvoir aider à relever l'adolescent, le bruit du bois et de l’acier se répercutant légèrement autour d’eux.

D'un œil, il aperçut la blessure sanguinolente. Là où le soldat ne voyait que le liquide rubis s'écouler de l’orifice, la guérisseuse semblait estimer que c’était suffisamment propre puisqu'elle ne lui cria pas dessus. Son ton n'en était pas moins directif quand elle lui ordonna de tenir le tissu sur la plaie, la comprimant pour éviter que le sang ne continue trop de couler.
Encore une fois, il obéit. Après tout, ça ne servait à rien de se démener pour lui si il mourait ici. Le soldat aurait pu paniquer, si il n’avait pas su que la prêtresse était une femme sérieuse, lorsque celle-ci le laissa seul avec le garçon blessé. Théo se contenta de presser le tissu propre quelques secondes plus tôt, et l’observa se rougir au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Peut-être aurait-il dû être inquiet ? Mais Soeur Gudrun avait prit en charge ce patient. La femme était trop à cheval sur la bonne conduite pour l’abandonner ici. Enfin, c’est ce que se disait le soldat.

Quand Soeur Colère revint et le congédia, Théophile comprit qu'il était temps pour lui de quitter la scène. Il se releva, mettant ses mains bien en évidence devant lui et se dirigea vers la sortie à reculons. Avant de soulever le tissus, il jeta un dernier coup d'oeil à femme, étudiant son attitude concentrée. C'était une facette d'elle qu'il n'avait pas encore pu observer mais qui lui parut tout aussi belle que sa colère ou son sourire. Mieux valait sortir avant qu’un des maîtres des lieux ne lui signifie qu’il bouchait le passage. Se faire houspiller par deux fois la nuit précédente l’avait rendu un peu plus prudent.

Une fois à l’extérieur, il relâcha bruyamment son souffle. L’arbre qui l’avait accueillis plus tôt semblait tout aussi confortable que précédemment, aussi reprit-il sa position. Cette fois son esprit n’erra pas dans les limbes de son passé. La vigie en lui surveilla attentivement les mouvements dans le camp. A cette heure, les villageois provisoires allaient et venaient tels des fourmis.
Balazuc bourdonnait de vie alors que les défenses étaient en train de se mettre en place durablement, là où seules quelques palissades protégeaient les colons quelques jours plus tôt. L’humanité reprenait ses droits sur la mort ici. Peut-être d’autres villages pourraient aussi vivre la même renaissance. Pourquoi pas son propre patelin ?

Quelques minutes plus tard, le milicien eut la joie de voir Liliane se diriger vers lui. La jolie veuve, qui devait avoir à peu près l'âge de Soeur Colère, lui lança un sourire taquin.

« Je ne pensais pas vous voir déjà debout Théophile. »

L’homme se dégagea de son appui et offrit une courbette digne d’un gentilhomme à la cuisinière. Lorsqu’il se redressa, il se rapprocha de la veuve et lui répondit d’un air de confidence.

« Vous savez ce que l'on dit, le devoir n'attends pas. Quoi qu'il peut être mis de côté quelques minutes quand l'une des plus belles fleur de ce camp vient jusqu'à moi. »

La cuisinière ne pu s'empêcher de rire devant la comédie du soldat, si bien que celui-ci n'entendit que de loin les pas assurés qui se dirigeaient dans son dos. Son visage était toujours orné du grand sourire qu’avait amené la veuve sur son visage, totalement inconscient que quelques secondes plus tard, une furie allait probablement lui tomber dessus. Ce qui ne fut pas le cas de Liliane, qui se pencha pour observer le visiteur impromptu.

« On dirait que le devoir vient vous chercher. »

Un nouveau rire et elle se tourna pour repartir à ses tâches. Le soldat observa avec gourmandise ses hanches généreuses et fit remonter son regard lorsque son amie s’arrêta. Cette dernière le dardait avec un certain désir, et elle ne s’en cachait pas, ce qui était d’autant plus grisant.

« Passez me voir plus tard, vous êtes de bien meilleure compagnie que la plupart de vos camarades »

« Je n’y manquerais pas Liliane. »

Son salut fut accompagné d’un petit signe de main, ses doigts dansant dans les airs. Ce ne fut qu’à ce moment que les poils de sa nuque se hérissèrent et qu’il se sentit observé. Reposant son bras le long de son corps, le borgne se retourna vivement et lança un léger rire. Ne souhaitant pas se laisser désarçonner, il ne laissa pas la guérisseuse commencer à le fustiger et la questionna dès qu'il fut face à Soeur Colère. Son instinct, ainsi que les yeux durs qu’elle arborait, lui dictaient que c’est ce qu’elle avait l’intention de faire.

« Soeur Gudrun ! Comment va Pierrick ? »

Le visage de la prêtresse n’était pas vraiment l’image même de l’ouverture d’esprit ou de la joie, plutôt l’inverse à vrai dire. Peut-être qu’il ne s’agissait pas seulement de lui. Avait-elle pu soigner le garçon ? Quelque chose de grave s’était-il passé ? Tout d’un coup, légèrement moins sûr de lui, il préféra s’en assurer.

« Euh...il est encore en vie au moins ? »

HRP:
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyMar 28 Sep 2021 - 21:50
Gudrun aperçut rapidement le soldat qui s'était replacé près du même arbre qu'auparavant. Il parlait à une jolie femme qui lui souriait, et qui s'écarta du milicien en l'apercevant, balançant ses hanches avec des yeux taquins, et l'invitant à la rejoindre plus tard. C'était une proposition plutôt indécente vu son attitude, chez une femme d'un certain âge en plus ! Elle s'arrêta à quelques pas de Théophile, et laissa échapper un soupir d'exaspération. Le soldat finit par se retourner vers elle avec un léger rire, ce qui finit de l'agacer, alors qu'elle n'avait eu que l'intention de lui faire voir les choses en face. Il commença à lui poser des questions idiotes et elle garda une expression fermée, attendant le moment où il se tairait enfin.

- Vous n'aviez pas tellement l'air de vous en faire pour lui il y a quelques instants... Je ne suis pas là pour vous rassurer : oui, il est en vie pour le moment. Mais ce genre de blessure au ventre, ça n'a rien d'anodin. On en meurt souvent, et souvent lentement. Mais vous devez bien le savoir, vous qui êtes archer ? Vous devez savoir où viser ?

Elle haussa les épaules.

- C'est votre travail. C'est ainsi. Rikni guide votre bras, Anür le mien. Nous verrons bien. Mais il est trop tôt pour lui parler. Retournez le voir d'ici deux ou trois jours, les guérisseurs sauront vous dire s'il tiendra le coup ou non. C'était trop déraisonnable d'essayer de lui parler aussi tôt, je n'aurais pas dû vous y autoriser.

Voilà, elle avait fait son sermon. Il n'y avait rien à ajouter. Si son air restait sévère, son ton s'adoucit un peu. Puisqu'il avait le temps pour ce pauvre garçon, il aurait bien le temps pour une petite discussion. Elle retourna s'asseoir sur le rocher non loin, où elle essaya de s'asseoir droite tout en essayant de relâcher les muscles de sa mauvaise jambe. Elle fit signe au milicien de venir s'asseoir aussi. Peu importe s'il voulait s'asseoir ou rester debout, du moment qu'il restait pour écouter un peu.

- Je ne comprends toujours pas bien pourquoi vous tenez tant à aider ce garçon, mais c'est faire preuve d'une grande bonté. Simplement, parfois, il faut s'occuper de ses propres affaires. Comme le salut de votre âme par exemple. Croyez-vous que je n'ai pas vu le regard que vous échangiez avec cette dame ? Vous qui me parliez de votre défunte femme il y a encore deux mois... Serait-elle heureuse de vous voir vous comporter ainsi ?

Elle se doutait bien qu'elle remuait le couteau dans la plaie, mais des fois, il fallait appuyer là où ça faisait mal pour soigner une blessure. Elle était certes agacée par le comportement du jeune homme, mais ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse pour ce soldat qui avait perdu sa femme. Même si elle aurait de toute manière essayé de le convaincre de rester vertueux et respectueux des injonctions divines, leurs situations étaient trop similaires pour qu'elle y reste insensible. Cela la touchait presque... personnellement.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyLun 1 Nov 2021 - 18:43
Soeur Colère était bel et bien de mauvais poil, pour autant elle répondit quand même à son interrogation entre deux reproches. Le milicien était rassuré, le garçon respirait encore. Il ne pouvait cependant pas défendre son cas auprès de la prêtresse, celle-ci faisant les questions et les réponses. Et elle visait assez près de la vérité. Bien sûr qu’il savait où viser...Il s’était même délecté d’accrocher sa proie à l’arbre sans qu’elle puisse se libérer. Ce n’est qu’une fois la victime approchée, et sa peur visible qu’il s’était interrogé sur sa présence.

En attendant, il était clair qu’il n’allait pas pouvoir le revoir avant quelques jours et ça le contrariait quelque peu. Surtout qu’aucune indication n’avait été donné à la coutilerie quant à la durée de leur séjour à Balazuc. Restait à espérer que les quelques mots qu’ils avaient échangés suffisent à faire réfléchir Pierrick. Gudrun s’éloigna, montrant à nouveau une faiblesse à la jambe, qu’il avait déjà remarqué au Temple, puis s’installa sur le même rocher où il l’avait trouvé plus tôt. Elle tapota la place à ses côtés, un langage universel pour l’inviter à la rejoindre. L’injonction aurait pu être agaçante, mais le borgne préféra y voir une gentille attention. C’était mieux que de se faire crier dessus comme quelques minutes auparavant non ?

Théophile s’assit donc docilement, curieux d’entendre ce que Soeur Colère avait à lui dire et qui méritait qu’il soit calmement assit auprès d’elle. Peut-être allait-elle creuser la piste selon laquelle il était le coupable désigné, à raison, de la blessure du garçon ? Son visage se figea lorsque les paroles de la prêtresse arrivèrent à ses oreilles. Sa tendre Alice...pourquoi parler d’elle maintenant ?

« Vous savez Soeur Gudrun, Alice n’est pas là...Au temple c’est différent. Vous comprenez ? »

A ses propres oreilles ça semblait incompréhensible. Pourtant dans son esprit l’affaire était claire comme de l’eau de roche. Mais à voix haute, c’est sûr que ça ressemblait à n’importe quoi.
Fronçant les sourcils, il tenta de trouver une manière plus simple d’expliquer la chose. Comment pouvait-il dénouer les nœuds que son esprit s’amusait constamment à faire lorsqu’il s’agissait de sa Douce ?
Peut-être que ne pas réfléchir et laisser les mots sortir était la bonne manière de faire après tout. Soeur Gudrun le jugerait certainement, et quelque part, c’est peut-être ces remontrances qu’il cherchait. Pour légitimer ce sentiment qui le taraudait et le rendait coupable dès qu’il pensait à ce jour maudit où il avait tout perdu. Quelque chose en elle le poussait à répondre honnêtement pour une fois.

Le soldat laissa son regard se perdre sur le camp et entama son récit, celui qu’il n’avait pas vraiment prévu de raconter. Mais ici, hors des murs, les choses étaient différentes.

« Je n’étais pas là quand les fangeux s’en sont pris à elle. J’ai mangé le repas qu’elle avait préparé pour moi, je me suis entraîné au tir, j’ai flâné. Et quand j’ai trouvé que son absence était trop longue j’ai enfin daigné bouger mes fesses jusqu’à la forêt. Mais il était trop tard, mon frère s’était blessé et il m’a dit que c’était trop tard pour Alice, que les monstres dont on nous avait parlé l’avaient eut. Je l’ai porté jusqu’à Estaing. Et après ça a été l’exode. »

Sa voix était basse et il la percevait détachée, comme si cette histoire était celle de quelqu’un d’autre. Et c’était bien comme ça. Les images défilaient et il n’était ainsi pas obligé de les vivre comme siennes.

« Il y a des jours où je me demande si je n’ai pas fait le mauvais choix, si je n’aurais pas du aller l’arracher à ces monstres. »

Il y avait même eu une fois où de colère envers son frère et Alice, pour l’avoir convaincu que la forêt n’était pas dangereuse malgré les rumeurs, il avait bu comme un trou avant de balancer toutes les bouteilles contre le mur le plus proche. Heureusement pour lui, ses camarades s’étaient occupés de lui et l’avait couvert. Et personne n’avait jamais reparlé de ce moment.

« Je n’ai même pas pu aller chercher son corps, constater avec mes yeux qu'elle n'est plus. On m’a dit qu’elle était morte, on m’a demandé d’y croire. Alors je fais ce qu’on me dit Soeur Gudrun. La plupart du temps. »

Oui, la plupart du temps. Jusqu’à ce que le besoin de ressentir la chaleur d’un autre corps ne se fasse trop pressant, l’envie de tendresse ne soit insupportable et la solitude trop présente.

« Alors puisque les Dieux veillent sur les âmes, je sais qu’au Temple je peux atteindre Alice où qu’elle soit. Et quand elle sera là, je me soumettrait à mon seul jugement pour toutes les erreurs que j’ai pu faire toutes ces années où elle n’a pas été là pour me guider. »


Il n’avait rien d’autre à ajouter, et ne préférait pas réfléchir à cette histoire qui était pourtant la sienne. Ne pas y penser était bien mieux.

Est-ce qu’il avait prévu de se dévoiler autant ? Certainement pas.

Est-ce qu’il savait lui-même de quoi il en retournait auparavant ? Absolument pas.

Comment se sentait-il en cet instant, après s’être mis à nu devant l’incarnation de vertue ? Un peu plus léger, mais terriblement honteux.

Même si Théophile avait dit qu’il ne s’en remettrait qu’au jugement d’Alice, il n’avait pas la force de sonder le regard de Gudrun pour qu’elle lui fasse remarquer que son comportement était tout sauf logique ou normal. Certes, il agissait comme il l’avait toujours fait, mais son horloge morale, qui le guidait depuis son enfance, était absente. Et personne ne pouvait la remplacer. Pas comme elle savait si bien le faire.

Alors le soldat resta là, assit auprès de la prêtresse, observant d’un œil absent le camp alors qu’il attendait que le couperet ne vienne lui intimer sa sentence.
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun]   [Terminé]Que le monde est petit... [Théo et Gudrun] EmptyVen 5 Nov 2021 - 21:02
Le borgne s'assit sans rechigner à côté d'elle, l'écoutant attentivement. Il semblait qu'elle avait touché assez juste, puisqu'il se laissa aller à révéler le prénom de sa défunte épouse.

- Non, je ne comprends pas... Vous ressentez peut-être moins sa présence en dehors du temple... mais lorsque vous y retournez, n'avez-vous pas le cœur lourd à l'idée de ce que vous avez fait entretemps ?

Elle resta silencieuse, regardant droit devant elle, lui laissant un semblant d'intimité pendant qu'il racontait son histoire. Il parlait d'un ton un peu monocorde, comme s'il récitait quelque chose. Elle avait l'habitude d'écouter les confessions des uns et des autres, simplement, et d'exprimer un jugement sincère et aussi objectif que possible. Mais cette fois-ci, beaucoup trop des mots qu'il prononçait lui parlaient. A son tour, ses paroles touchaient trop juste son coeur à elle. Quelle ironie. Il avait terminé son récit, et pour une fois, elle ne savait pas quoi dire. Les réponses aux questions qu'il se posait, elle les cherchait toujours. Il se taisait, et elle resta un moment sans rien dire non plus. Et si... ? Cruelle question que celle-ci car elle n'avait pas de réponse, et n'en aurait jamais. Elle finit par tourner son regard vers le soldat pour le fixer. Il avait l'air perdu. Elle reprit doucement la parole.

- D'après le portrait que vous m'en faites, c'était une femme très admirable. Je... Je crois que nous pouvons faire des mauvais choix. Parfois. Si l'on reste sincère... Du moins, si vous êtes toujours en vie, c'est sans doute la preuve que les dieux ont d'autres plans pour vous. La vie ne s'arrête pas là... Ce n'était pas un manque de courage n'est-ce pas ? C'était juste la décision la plus raisonnable... à ce moment là. Vous ne croyez pas ?

Elle détourna les yeux pour les lever sur le feuillage de l'arbre, la gorge nouée. Les bourgeons finissaient tout juste d'éclore, et les branches se paraient d'un vert tendre, comme si Serus tentait de leur envoyer un message d'espoir à l'arrivée du printemps. Elle reprit contenance et poursuivit d'une voix plus ferme.

- Que ce choix ait été bon, ou mauvais, ce qui est fait est fait. Cela ne dispense pas de chercher à se comporter selon les commandements divins. Et si la... tendresse... d'une femme vous manque à ce point, remariez-vous ! Les dieux savent que nous ne sommes que de faibles choses, et l'âme d'Alice saura ce qu'il en est également. Ce n'est d'ailleurs pas souhaitable d'aller à l'encontre de cet instinct, et c'est bien pour cette raison que les dieux nous enjoignent de vivre mariés. Mais non de batifoler comme vous le faites !

Un petit attroupement s'était formé à quelques dizaines de pas d'eux, mais qu'elle remarquait seulement maintenant que retentissaient quelques applaudissements et sifflets. Entre les spectateurs, on pouvait apercevoir une jeune femme souriante qui dansait d'une façon fort peu convenable. Sa robe semblait parfaitement normale à première vue, mais, au hasard des mouvements, le tissu fendu laissait entrevoir là, une jambe, ici, la naissance de sa poitrine. La prêtresse ne se faisait pas d'illusion quant aux cris d'encouragement des soldats : si l'harmonie des gestes était plaisante à regarder, c'était sans nul doute ses formes lascivement dévoilées qui attiraient ces hommes désœuvrés.
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