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 Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]

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MessageSujet: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyVen 10 Sep 2021 - 13:23



20 Avril 1167.
Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] 5c6m
Le carrosse remonta le chemin sans peine, faisant crisser les petits gravillons sous ses roues de bois, tiré qu’il était par les deux puissants chevaux aux jambes musculeuses. Comme à son habitude, le comte de Rougelac savait mettre les petits plats dans les grands, même pour la plus petite des affaires. Certain y voyait sans doute une forme d’égo mal placé, de fanfaronnade. Mais pour les gens comme elle, éduquée et entrainée pour naviguer dans les eaux troubles du pouvoir, c’était le signe d’une maîtrise. C’était justement en ayant le souci des détails que le comte avait atteint sa position. L’ambition était un bon moteur sans aucun doute, mais elle ne menait qu’une poignée de gens assez intelligent pour l’utiliser jusqu’au pouvoir.

En remontant les rues de l’Esplanade, elle avait ressenti une certaine nostalgie de l’époque pas si lointaine où elle faisait de cet endroit son terrain de jeu. Bien sûr, elle œuvrait encore beaucoup ici, mais de manière bien plus distante. Depuis sa prise de position au temple ses mouvements sur le plateau autant que dans la cité étaient plus limité, bien que plus importants. Mais tout de même, c’était si agréable de choisir où et quand frapper sans entraves…
Quand elle avait reçu, par une connaissance commune, la proposition du comte, elle avait vu là un moyen peu risqué de faire un pied de nez à son quotidien et de retrouver, en partie, le frisson de la chasse et de la liberté.

Elle n’était pas vraiment surprise que l’on s’adresse à elle pour ce genre de chose. Elle était une référence du domaine, et une relation puissante bien qu’officieuse parmi les nobles. En réalité, la seule chose qui la surprenait vraiment, c’était que Rougelac et elle n’aient jamais été en affaires auparavant. Leurs cercles s’étaient frôlés à de nombreuses reprises sans jamais s’imbriquer, un constat aussi amusant que déconcertant.
La calèche s’arrêta complètement, et un domestique accouru d’un pas rapide mais maitrisé jusqu’à la petite porte pour lui ouvrir. Les petits plats dans les grands…
Abielle sourit et descendit en posant le pied sur la petite marche intermédiaire, sa main posée sur celle du domestique qui eut bien des peines à ne pas la dévisager. A sa suite elle remonta les marches menant à la demeure du noble, les pans noirs de sa tenue glissant au sol comme deux traines de ténèbres dont d’intense touche colorée venait percer l’extrémité, lui donnant un je ne sais quoi de papillonesque.

L’homme l’entraina dans un petit… salon ? bureau ? Bibliothèque peut-être ? Ou un peu de tout ça à la fois. Les meubles étaient élégants, et digne de l’occupant des lieux, et le large bureau soigneusement rangé, soit par habitude soit pour éviter des indiscrétions. Une jeune fille occupait déjà les lieux, debout devant un grand tableau encadrer de petites bibliothèques. Sa beauté était indéniable, même de profil comme à présent. Peut-être encore un peu juvénile. Elle ne devait pas avoir encore tout à fait vingt ans. Des cheveux entre le blond et le roux qui devait lui attirer autant d’ennui que de convoitise. Une certaine tenue, dans le maintien et sa façon de relever légèrement le menton montrer qu’elle n’était pas totalement ignorante des règles du beau monde, mais sans doute pas une noble, il lui manquait un peu de cette assurance qui vient naturellement aux sangs bleus. Une sorte de conviction latente d’être différent des autres.
Cette marque n’était pas forcément accompagnée d’un sentiment de supériorité, parfois même l’inverse, mais elle était présente chez presque tous les nobles qu’elle avait croisé à ce jour. Et elle-même avait mis bien du temps à le simuler parfaitement pour évoluer parmi eux.

Elle tourna les yeux vers elle en se rendant sans doute compte qu’elle était observée et sa beauté fut confirmée. Sa tristesse aussi. Elle était bien cachée, derrière des habitudes et une forme de courage indéfinissable. Mais elle était là.
Abielle fit semblant de ne pas la voir en s’avançant vers elle d’un pas assuré. Chacun avait le droit à son petit jardin secret.

- Bonjour jolie fleur. Tu peux m’appeler Abielle. Ou Aby, si tu préfères. dit-elle en s’arrêtant à son niveau alors que la porte se refermait derrière elle.

Elle lui sourit chaleureusement et pris sa main dans la sienne. Douce, mais un peu irritée, surement par le froid et un lit pas assez doux. Il faudrait s’occuper de cela plus tard avec un bain chaud et de l’huile. Sans que son sourire ne s’efface, elle leva lentement sa main sans lâcher celle de la jeune fille et la fit tourner sur elle-même complétement.
La tenue serait à revoir aussi, vu la cible, mais elle se tenait correctement et parvint à rester grâcieuse malgré la surprise tournoyant légèrement sur la pointe du pied.

- Bon, je pense qu’il ne sera pas difficile d’obtenir des résultats. Comment souhaites-tu que je t’appelle ? Nous allons passer un petit moment ensemble, et ce sera plus simple si nous n’avons pas à piétiner chaque fois que l’on souhaite communiquer. poursuivit-elle d’une voix taquine en lui rendant sa main.

Elle s’éloigna l’autre bout de la petite pièce en attendant la réponse et se retourna pour lui faire face.

- Marche donc jusqu’à moi, et dit moi ce que tu sais de ton objectif. commença-t-elle la leçon.


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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyVen 10 Sep 2021 - 21:10
Dissimuler pour rêver.
Mentir pour obtenir.
Sourire pour cacher.

Trois maximes qui conditionnent la vie de la frêle silhouette qui se tient devant le portrait d’une noble dame dont elle ignore tout. Qui est cette dame aux fabuleux atours, le col entravé par un lourd collier d’or et de ces jolies pierres rouges qui brillent ? Est-ce cela, un rubis ? Debout devant le portrait, Clarence ne retient pourtant qu’un seul et unique détail : son regard. Un regard qu’elle a déjà rencontré, deux yeux de ce bleu profond qu’elle observe parfois au loin, en cet endroit où le ciel rejoint la mer. Un regard dur, qui vous fouille l’esprit, un regard qui en a trop vu et qui ne permet aucune fantaisie. L’inflexibilité de ce regard-là lui fait détourner le sien, comme si cette femme la jugeait.

Le regard de Victor la poursuit même dans ses songes. Une profonde inspiration ponctue ses pensées, de bien tristes pensées qui s’affichent sur ce joli minois de vingt ans, sous la forme de quelques rides soucieuses au front. Quatre jours se sont écoulés et il ne se passe pas une heure sans qu’elle ne songe à ce qu’il s’est passé dans cette chambre du Jardin. Un incident sans doute anecdotique pour le libertin qu’est le Comte de Rougelac, une réelle catastrophe pour la jolie rousse. Elle n’a pas osé en toucher un mot à Madame Rose. Elle ne pourra jamais rien dire à sa sœur. Ce secret doit rester le sien en priant tout bas pour que cela n’aboutisse à rien. Ce serait un total désastre, à tous les niveaux.

Elle ne pourrait bien entendu plus travailler et elle perdrait son statut de Fleur. Madame Rose la renverrait, sans pitié. La vie à la maison Sarravilliers deviendrait si difficile que Clémence devrait travailler deux fois plus pour combler le manque de rentrée…

Elle devrait aussi tout avouer à sa sœur qui ne manquerait pas de remarquer l’absence de draps rougis. Il s’ensuivrait de douloureuses explications et elle n’est pas certaine d’être encore la bienvenue dans sa propre maison après de tels aveux.

Elle devrait vivre avec le regard des gens. Un regard sans pitié, lui aussi, qui se détournera d’elle à l’instant où une grosseur caractéristique s’affichera sous des robes élargies…Une fille mère. Le déshonneur absolu. Personne ne voudrait plus jamais d’elle, personne ne pourrait aimer une femme comme elle, même si elle est une douce créature, même si elle est incroyablement gentille, belle, avec tant de passion au cœur et d’amour à donner.

Elle finirait seule, désavouée de tous, y compris de cet homme qui la reçoit pourtant chez lui, en ce jour.

En d’autres circonstances, cette venue ici, à l’Esplanade, dans l’une des plus riches demeures de la cité, aurait été un jour de joie absolu, l’aboutissement de vingt ans de rêves ininterrompus. Et pourtant...Elle ne ressent qu’un sentiment étrange, un mélange de crainte et d’amertume, de désillusion et de peur désormais. Tout lui crie, tout lui hurle qu’elle n’est pas à sa place ici, depuis le magnifique tapis du salon sur lequel elle se tient, aux chatoyantes couleurs pourpres, en passant par les luxueuses étagères chargées de livres inestimables et les ors présents en quantité dans cette seule et unique pièce. Il y a un fossé immense entre ce que vit Victor, un noble sang, et ce que vit Clarence, une bourgeoise qui a du apprendre à survivre après une avoir mené une vie paisible et douce. Elle a un regard pour sa robe avant de regarder celle de cette dame peinte, face à elle. Ce n’est pas sa plus belle toilette, elle s’est fait passer pour une domestique du Comte afin d’entrer, munie d’un petit laisser passer. Clarence porte une robe de lin vert par-dessus une chemise beige dépourvue de broderie. Sur ses épaules, une petite cape grise qui s’arrête à sa taille, les cheveux librement épars sur ses épaules.

Un bruit la sort de ses sombres pensées, un mouvement lui fera tourner la tête vers la silhouette éthérée qui s’approche d’elle. Clarence dissipe aussitôt les gros nuages noirs planant au-dessus de sa tête d’un seul sourire, pur et doux, pour observer la magnifique créature qui vient de s’avancer. Muette de stupeur, elle ne réagit que par une vive rougeur en sentant cette main s’emparer de la sienne pour ensuite la faire danser. Clarence est une excellente danseuse, pleine de grâce et de maîtrise, un art dans lequel elle excelle. Elle n’a donc aucun mal à bouger sous les doigts d’Abielle, délicate sylphide aux mouvements aériens.

- Enchantée de vous rencontrer, Aby. Vous pouvez m’appeler Iris.

Tout ceci provenant d’accords passés au sein du Jardin, il est bien entendu hors de question de donner son véritable prénom. Il n’a pas engagé Clarence Sarravilliers, il a engagé Iris, après tout.

- Mon objectif ?

Elle avance alors à petits pas pour rejoindre la silhouette drapée de ténèbres, des pas mesurés et lents, tout aussi gracieux que ses pas de danse, les mains nouées devant elle, tout en ne quittant pas Aby du regard.

- Je ne sais pas de qui il s’agit. Madame Rose m’a juste expliqué…qu’il s’agit de séduire quelqu’un. Elle ne m’a pas expliqué les raisons de tout ceci…

Elle s’arrête à un pas d’Abielle et sourit en ajoutant :

- …et je ne préfère pas savoir. Etes-vous la personne qui devrez m’apprendre une ou deux « ficelles » pour mener à bien cette...mission ?

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyVen 10 Sep 2021 - 22:20



20 Avril 1167.
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Ne pas vouloir savoir, cela ne la protégerait pas vraiment des conséquences d’un échec, pas même de celle d’une réussite, mais elle pouvait comprendre ce choix, la vie était plus simple à supporter si l’on en ignorait certaine vérités. Iris, Madame Rose. Le chemin n’est pas dur à faire. Simple, mais pas naïve, ni stupide. Tant mieux, elles gagneraient de temps. Elle la détailla silencieusement sans se départir de son sourire alors qu’elle approchait d’elle d’un pas léger, presque dansant qui mettait en valeur son étroit bassin.

- C’est tout à fait cela. Je ne doute aucunement vu ta beauté que tu dois avoir du succès. Mais séduire un noble qui ne cherche pas à l’être est une tâche moins aisée qu’il y parait premier abord. Surtout dans notre domaine d’activité. Finit-elle par lui répondre en tournant lentement autour d’elle sa main glissant lentement sur le poignet de la jeune femme puis le tissu vert recouvrant ses hanches. Le geste est délicat, sensuel sans être invasif et finit dans le bas de son dos où elle appuie doucement à travers la chemise.

- Tout d’abord la posture. Ne croise plus les mains, et regarde droit devant toi. Pas la personne vers qui tu avances, mais juste un peu au-delà. Avant même de te trouver belle, il doit te croire son égale. Cambre-toi un peu plus, suis la pression de main. Indiqua-t-elle en lui indiquant en effet la juste courbe à donner à ses reins pour exacerbé sa féminité, sans pour autant s’approcher, même de loin, de la vulgarité. Voilà comme cela. C’est un peu fatiguant au début, mais tu t’y feras vite, prends-en l’habitude.

Elle se glissa complètement dans son dos et ses mains se posèrent sur ses bras avant de descendre doucement jusqu’à se poser sur celles d’Iris. Elle les guida lentement jusqu’à deux points de sa robe verte.

- Les robes de soirées chez la noblesse sont plus épaisses et longues. Et donc plus encombrante. Tu devras toujours la relever légèrement quand tu voudras te mouvoir sur plus d’un ou deux mètres, sinon tu risques de te prendre les pieds dedans. Mais surtout jamais au point d’en briser la chute du tissu. L’astuce, c’est une longueur de pouce, pile à cet endroit.

Elle illustra ses paroles, en guidant les doigt d’Iris, pinçant avec elle le tissu couleur de feuille et le faisant délicatement glisser sur une longueur de pouce à l’aide des index de la jeune femme. Le tissu remonta sans déformer la coupe.

- Juste comme ça. Tu pourrais même courir ainsi, même si tu ferais bien d’éviter sauf si c’est lui qui te cour après. plaisanta-t-elle.

Elle lui fit lâcher le tissu et ramena ses mains à leurs positions initiales. Puis elle s’éloigna, laissant l’air frais de la pièce regagner le dos de la rouquine. Elle revint d’un pas tranquille à l’endroit où se tenait Iris quand elle était arrivée.

- Maintenant, recommence mais en appliquant tout cela. commanda-t-elle sans que sa voix ne soit vraiment autoritaire, ou que son sourire amical ne quitte son visage. Elle leva son index à quelque centimètre de son visage, proche de son oreille.

- Juste ici le regard. Tu dois avoir conscience de sa présence, mais pas lui accorder toute ton attention. C’est lui qui doit vouloir l’obtenir.

Elle laissa Iris venir à elle sans l’interrompre, et la corrigea à son arrivée. Puis recommença, encore et encore jusqu’à ce que la jeune femme pense bien à tout ce qu’elle lui avait dit, et ne se trompe plus dans la position de ses doigts ou de son regard.

- Bien ! Finit-elle par la félicité. Maintenant que tu as les bases. Essayons en conditions. Ferme les yeux et lève les bras juste au-dessus de ta tête. proposa-t-elle avec un ton malicieux.

Elle posa ses mains sur les hanches d’Iris et la fit tourner doucement sur elle-même comme une petite danseuse de porcelaine dans sa boite. Soudain pression de ses mains, disparue et un instant plus tard, la jeune femme pu entendre sa voix.

- Viens…

Elle put rouvrir les yeux et la chercher du regard, la découvrant derrière le bureau, à une distance étonnante, surtout qu’elle n’avait pas émit le moindre bruit en s’éloignant. Et elles reprirent ainsi l’étrange leçon, Abielle s’amusant visiblement à la désorienté à chaque fois, riant même doucement quand elle la faisait soudain tournoyer à toute allure avant que Iris ne doive la retrouver malgré ses sens secoués et ne se mette en quête la rejoindre en marchant parfaitement selon ses consignes. Et toujours l’étrange femmes aux yeux verts se déplaçaient sans un son, sans un déplacement d’air. Seules l’absence de la chaleur de ses mains sur ses hanches lui indiquant qu’elle n’était plus près d’elle.




Dernière édition par Dame Corbeau le Sam 11 Sep 2021 - 13:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptySam 11 Sep 2021 - 7:58
Les déplacements silencieux et souples d’Abielle lui rappellent ceux de Madame Rose. La tenancière du jardin vient de temps en temps dans sa chambre pour lui parler, lui prodiguer des conseils et des astuces, toujours de cette même façon tendre et sensuelle, caressant ses reins, le haut de ses bras, parfois sa gorge mais sans jamais aller plus loin. Il y a dans le regard de Rose, en ces moments-là, une lueur étrange, à mi-chemin entre la flamme protectrice et la convoitise. Iris s’y est habituée, elle n’est pas donc pas tellement surprise de voir Abielle agir de même, même s’il n’y a rien de tout cela dans les yeux de l’éphémère enseignante.

Lorsqu’elle place sa main sur ses reins, elle pourra sentir le mouvement du corps, ondulant comme une petite vague à la surface d’un lac. Un mouvement harmonieux et la position est tenue, apprise, conquise. Elle s’entraîne sur ce portrait de dame, forçant ses deux émeraudes à se détacher des grands yeux océan pour glisser sur l’épaule ronde garnie de dentelles puis sur le décor, le fond de la toile garni de lourds tissus rouge sang. Du Rouge. Partout. Iris détourne les yeux un très bref instant. Il s’agit certainement de la mère du noble sang. Quoiqu’il en soit, elle se reprend vite et effectue la manœuvre telle qu’indiquée par Aby. Elle avance donc, recommence, encore et encore jusqu’à que ce que l’enseignante soit satisfaite.

- Vous demandez de voir sans regarder si je comprends bien…De susciter un intérêt par ma démarche, mon attitude ou mon élégance…Par ma beauté. Qu’arrivera-t-il si cet homme dont je ne sais rien n’en a cure ?

Elle demeure près d’Abielle un instant, la gratifiant d’un joli sourire tendre.

- Il y a plusieurs sortes d’hommes et contrairement à ce que l’on peut penser, il y en a beaucoup qui privilégient l’intellect au physique. Il se peut très bien qu’il soit totalement indifférent à la beauté du corps…

L’enseignante lui demande alors de lever les bras, malicieuse. Iris a un petit rire elle aussi, s’exécutant avec grâce, avant de recevoir une légère pression l’incitant à pivoter sur elle-même. Un jeu qu’elle aime, visiblement, peu déstabilisée par ces mouvements qu’elle connait, reprenant immédiatement la chasse, dans un rire léger, le dos droit, la démarche souple et assurée, l’œil luisant de gaieté. Iris passe un excellent moment, les joues teintées de rose, le sourire large. Elle affiche un peu de cette candeur qui est la sienne lorsqu’elle s’amuse, une candeur charmante qui révèle alors toute la personnalité d’Iris. Elle est jeune, belle et douce, une vraie fleur dans tous les sens du terme. Seul un œil entraîné et un regard désabusé du monde peut percevoir quelque chose de son métier dans son attitude tant elle a su garder, malgré l’indignité de sa profession, une flamme de pureté rare. C’est un mélange singulier et curieux, que cette Iris qui se plante devant sa proie, l’œil tout teinté d’humble triomphe.

- Trouvée !

Un rire clair résonne dans la pièce tandis que les longs doigts se posent sur sa bouche tendre.

- C’était très amusant ! Et vous vous déplacez vite, sans un bruit, comme une ombre, comment faites-vous cela ?

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptySam 11 Sep 2021 - 13:22



20 Avril 1167.
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Abielle aime bien cette jeune fleur pur. Sa simplicité, sa candeur, son amusement et son gout pour la vie. Il est bien triste qu’Iris, ou peu importe son véritable nom, se retrouve à réaliser un métier si peu glorieux, elle qui mériterait de pouvoir vivre sa jeunesse et sa féminité en toute liberté. Cela aurait été bien différent si elles avaient été dans sa caravane. Jamais son peuple ne lui aurait fait subir cela, même pour sa simple survie.
Mais les gens qui avaient encore le luxe de choisir quoi faire de leur vie n’était qu’une poignée, qui chaque année s’amaigrissait, comme la pierre taillée par le courant.

- Des années à devoir me faufiler bien entendu ! plaisanta la femme aux yeux vert, son sourire aussi franc et amusé que celui d’Iris, mais sans qu’elle ne cherche à le dissimuler. Peut-être finiras-tu par faire mon métier si tu poursuis sur cette route jolie Iris. Alors tu verras que le silence est un ami sincère. finit-elle plus énigmatique en faisant une fois de plus tourner la jeune fille, mais sans s’éloigner cette fois, prenant simplement plaisir à voir son élégante silhouette se mouvoir dans l’air.

- Il y a les hommes qui s’intéressent à l’intellect, et ceux qui disent s’y intéresser. Les seconds représentent la majorité des cas que tu croiseras. Crois-moi, l’homme qui se dira insensible à ton charme est un menteur, surtout quand nous l’aurons exacerbé. Et cela sera à toi de t’assurer que ta beauté touche quoi qu’il arrive. Mais tu as raison, il va être important de travailler ton discours autant que ton apparition.

Abielle fit doucement claquer ses doigts devant les yeux de la jolie rousse et une carte apparut entre son pouce et son index sur laquelle était dessinée une Iris bleue stylisée et élégante. La courtisane inclina doucement la tête.

- Il est triste de le dire, mais paraître compte plus qu’être, dans le milieu où tu vas évoluer avec cet homme. Alors nous allons faire en sorte que tu sembles la plus fine des lettrées, et la plus experte des intrigantes. Mais surtout, jamais plus que lui. Tu dois l’intéresser, mais toujours lui faire croire qu’il a l’ascendant. Nous ne cherchons pas à le rendre amoureux, juste à ce qu’il te désire assez pour tomber dans tes bras et t’oublie le lendemain.

Ses doigts se déplièrent dans un mouvement preste et étrange et la carte disparue comme si elle n’avait jamais existé.

- Une ombre dans la lumière. Sais-tu lire petite fleur ? Sinon, nous allons devoir travailler ta mémoire. Tu dois connaître quelques textes de poésies et de critique d’art qui sont en vogue en ce moment, cela te permettra de meubler les conversations et de solidifier ton rôle. Peut-être y ajouterons-nous un soupçon d’écrit plus ancien, pour te rendre plus mystérieuse. Il me semble savoir que dans sa famille, l’on apprécie beaucoup certains auteurs pré-langrois. Oui, peut-être… Demanda et commenta-t-elle alors qu’une fois de plus san gêne, elle parcourait le corps de sa comparse.

Glissant ses doigts dans ses cheveux de feu et d’or pour les glisser doucement derrière ses oreilles tout en en caressant l’arrête délicate. Elle finit par dégager complètement sa nuque ne laissant qu’une mèche volontairement rebelle tomber sur le coté du visage d’Iris, pendant le long de son arcade, mais sans gêner sa vision. Une délicat parfum de rose et de lilas chatouillant sans doute les narines de la jeune femme vu leur proximité. Abielle sembla satisfaite de sa découverte, qu’elle quelle soit, et libéra la crinière de sa compagne.

- Tu seras sublime… commença-t-elle avant d’ajouter d’un ton plus joueur. Un peu plus je veux dire.

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptySam 11 Sep 2021 - 22:59
Elle a un petit sursaut en voyant apparaître la carte entre les doigts d’Aby. Aussitôt, les yeux brillent deux fois plus, le sourire s’élargit, elle ressemble à un enfant qui trépigne d’excitation et d’impatience, une impatience qu’elle ne peut pas cacher bien longtemps.

- De la magie ??? Enseignez-moi ! Comment… ?

Peu à peu, Abielle prend les traits d’une de ces figures bienveillantes des contes qui ont bercé son enfance, ce genre de personne capable de tout, y compris de surprendre d’un claquement de doigts. Peu à peu, l’inquiétude latente qui ponctue les heures de la jolie rousse depuis bientôt quatre jours disparaît pour ne laisser place qu’à la nature profonde d’Iris, celle d’une personne jeune et pleine de curiosités, à tous les niveaux. Tout, absolument tout est toujours une source d’émerveillement et d’enseignement pour Iris, c’est bien pour cela qu’elle est d’un optimisme impressionnant dans un ville qui en semble totalement dépourvue. Ses soucis habilement distraits par l’attitude d’Abielle, la prostituée redevient celle qu’elle est en dehors du Jardin.

Certaines paroles font que les lèvres de Clarence se soulèvent en un petit rictus mystérieux.

- Aby, c’est très précisément mon métier, ce que vous décrivez. Faire croire aux hommes qu’ils ont l’ascendant…le pouvoir…feindre la plus parfaite soumission tout en éveillant leurs sens, susciter un désir si intense qu’ils ne peuvent y résister…ce sont des choses que je pratique souvent.

Le tout est dit d’une voix douce et tendre. Les hommes qui la payent ne viennent que dans un seul but : combler une certaine solitude, qu’elle soit physique ou morale. Son rôle à elle, c’est d’être la plus parfaite hôtesse tout en analysant en très peu de temps celui qui vient quérir ses charmes et ainsi mieux cerner ses besoins. C’est une méthode qui n’a plus de secrets pour elle. Quant à l’amour…c’est un concept qu’elle n’appréhende pas très bien si ce n’est par le prisme de romans, de héros et d’histoires qui finissent toujours bien, avec un mariage et des époux heureux. En secret, Iris n’espère qu’une seule chose : trouver son chevalier et vivre une belle histoire, elle aussi. C’est le seul rêve qui lui permet de garder espoir au milieu de toute la laideur qui l’entoure au quotidien.
Lorsque la carte disparaît, elle observe la main, le bras, l’épaule d’Abielle en enviant un peu cette grâce et cette élégance qui sont les siennes.

- Je sais lire, je sais écrire et je sais compter. J’ai reçu une bonne éducation et je lis tous les jours. Souvent la même histoire parce que je n’ai pas beaucoup de livres, c’est rare et précieux. J’aime les jolies histoires…Alors parfois j’en invente. Et je les garde là…

Elle pose son index sur sa tempe, amusée.

- …mais…Je n’ai jamais lu de critique d’art. Je ne sais même pas ce que c’est…

Iris n’a aucune honte à avouer qu’elle ne sait pas. Tout comme elle n’a pas de honte ou de geste de recul lorsque la jolie dame nimbée de ténèbres passe une main dans sa chevelure pour la coiffer du bout des doigts. Au contraire, elle trouve le geste d’une exquise délicatesse, assez en tout cas pour la faire soupirer d’aise.

- C’est très aimable à vous de me dire cela. Tout ceci ne sera que temporaire…Ma mission terminée, je ne serai plus personne. Aussi…Je compte bien en profiter pour me faire de jolis souvenirs qui me serviront de supports à la rédaction de mes histoires, plus tard.

Elle suit le mouvement de la main d’Abielle, comme un petit chat le ferait, avant d’ajouter :

- Par exemple…ces robes dont vous me parliez tout à l’heure…Je n’ai jamais vu ces belles tenues dont parlent mes histoires. Est-il vrai que certaines d’entre elles brillent comme des soleils ? Avec des fils d’or et d’argent ? Garnies de dentelles si fines qu’on pourrait les croire tissées par des araignées ?

Iris a un regard pour la tenue d’Abielle, puis pour la sienne, avec un rire.

- J’ai des jolies robes au Jardin. Ma plus belle robe est une robe de velours rouge, avec un grand col blanc et un joli laçage dans le dos. Puis je regarde la vôtre et je me dis qu’elle fait un bien pâle effet, ma plus belle tenue, face à ce que vous portez. Qu’est-ce que c’est, ce tissu ? C’est du voile ?
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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyDim 12 Sep 2021 - 2:02



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Au moins le jeune Iris ne manquait pas d’assurance avec une telle affirmation. C’était une bonne chose, ainsi pouvait-elle travaillé sur une matière déjà prometteuse. Mais elle soulignait d’elle-même le principal souci de son argumentaire. Si l’on imageait la chose, elle était prêtresse d’un temple de la chair, et douée visiblement, mais jusque-là, elle n’avait eu qu’à prêché auprès de croyant convaincu, qui venaient d’eux même visiter son temple.
Aller en terrain inconnu pour convaincre de prière un homme qui n’avait pas la foi était tout à fait différent. Mais elle semblait suffisamment intelligente pour le comprendre au fur et à mesure de leur entrainement, alors elle ne prit pas la peine de la corriger. La chose se ferait naturellement.

Petit à petit la jeune femme semblait se libérer de la tristesse et du malaise qu’elle avait perçu dans son regard en arrivant et sa gaieté faisait plaisir à voir. Ce qui n’empêcha pas Abielle de froncer les sourcils à l’une de ses remarques et de finir par lui taper doucement sur le nez de la pointe de son index. Son ton était doux, mais d’une certaine fermeté quand elle prit la parole.

- Aucun humain. Je dis bien aucun. Homme ou femme, jeune ou vieux, riche ou pauvre, n’est « personne » petite fleur. La tristesse de celui qui pleure dans les ténèbres n’est pas moins douloureuse car personne ne le voit, et le rire de l’homme au sommet de la montagne n’est pas moins joyeux car personne ne l’entend. Peu importe tes atours ou ta position, tu es et restes toi, et cela compte. Ne laisse personne te dire l’inverse, pas même toi.

Son froncement disparu, et elle lui fit un clin d’œil, ce qui tranchait de manière assez surprenante avec son allure si maitrisée.

- Si tu réussis ton objectif suite à notre petit entrainement, je t’apprendrais le tour de la carte. lui promit-elle sans se justifier d’un tel effort, ou de la manière dont elle s’y prendrait, mais elle semblait parfaitement convaincue de la chose.

- Il est heureux que tu saches lire, et que tu aimes cela. Ton imagination t’aidera à jouer ton rôle, pour peu que tu ne la laisses pas prendre le pas sur la réalité. J’ai laissé un recueil de poème dans la calèche. Je te le confierais. Il est récent, pas forcément le plus inspiré si tu veux mon avis, mais toutes les dames de la cour en connaissent des versets, c’est très à la mode. Quant à la critique d’art et bien… c’est la façon dont les nobles se rendent ridicules en émettant des avis sans fondements sur des œuvres qu’ils ne comprennent pas. pouffa-t-elle avec malice.

Elles se déplacèrent dans la pièce et Abielle entreprit de reculer tous les petits meubles vers les murs en lui présentant oralement des exemples à retenir. Comme le vieil homme qui s’était mis à sculpter du bois flotté trouvé au port en représentation de scène ou de personnage religieux et qui par un heureux concours de circonstance avait attiré l’attention de l’un des haut-prêtres du Temple. Depuis ses créations s’arrachaient au sein de la noblesse, pour ceux qui voulaient paraître le plus pieux possible. Les débats étaient nombreux et la tendance du moment était d’évoquer le lien entre la matière brute et l’aspect divin de la création simulée par le travail de l’artiste qui faisait naître le beau de la matière la moins noble.

Bien entendu pour Abielle, tout cela était d’une stupidité sans nom. Un moyen comme un autre de se polir la façade et la foi et ignorant les réalités pour s’attarder sur une autre supercherie. Son peuple était très croyant, et elle-même respectait les déités jusqu’au plus profond de son âme. Mais jamais ils ne se seraient extasiés devant un bout de bois. Sans doute que connaître l’origine des dieux aidaient à mieux cerner leur nature, ainsi que ce qui relevait ou non du divin. Bien entendu, elle ne confia rien de cette critique à Iris, se contentant d’approfondir l’argumentaire entourant l’artiste ainsi que de lui parler de certaines œuvres en particulier qui auraient des chances d’être nommée au milieu d’une discussion. Quand elles eurent dégagé suffisamment d’espace, elle hocha la tête, satisfaite, et prit la main de son élève pour l’emmener au centre. Sans la lâcher, elle la guida doucement sur le tissu de sa robe, lui faisant caresser et apprécier la matière.

- Il s’agit de batiste de soie et d’un léger voilage de tulle pour l’aspect vaporeux. Et une longue teinture à froid pour ne pas l’abîmer et obtenir cette teinte noire qui donne l’impression qu’elle peut absorber toute lumière. Comme la nuit. lui décrivit Abielle sans cesser son geste.

- Tu verras surement beaucoup de belle tenue à cette soirée et nous feront en sorte que tu ne dépareilles pas… ou plutôt que les autres paraissent mal vêtue à tes coté ! Lança-t-elle d’un petit rire malicieux et prometteur. Mais tu te rendras vite compte qu’il ne s’agit que de tissus et de métal brillant. Et que la plus sublime des robes ne changera pas la plus laide des femmes. L’important est de trouver ce qui avantage la personne plus que de penser à la beauté du vêtement lui-même. Et tu imagines ? Briller comme un soleil ? cela rendrait les échanges bien compliqués si on doit détourner le regard en permanence.

Elle sourit et retint difficilement le rire parfaitement lisible dans ses yeux, visiblement ravie de sa boutade prenant la description d’Iris bien trop au pied de la lettre.

- Je pense que tes histoires sont bien plus intéressantes que ce que tu découvriras. Mais si cela peut au moins nourrir ton inspiration, j’estime que ce n’est pas perdu. Montre-moi comment tu dances Iris. Je ferais ton cavalier. dit-elle en lui offrant sa main d’un geste gracieux pour l’inviter à quelques pas.

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyLun 13 Sep 2021 - 9:28
Une fois de plus, la jolie rousse a un sursaut sous l’impact léger de cet index sur le bout de son nez. Une rougeur charmante envahit ses joues avant qu’elle ne baisse légèrement les yeux, confuse.

- Je ne connais pas votre passé, ni votre vie. La mienne, Aby, consiste à exister au moins un peu aux yeux de mes concitoyens. Exister positivement tout en restant moi-même. Et c’est pratiquement impossible. Parce que face à tous ces yeux-là, ces yeux de bourgeois, je ne suis rien du tout. Juste une jolie femme qu’ils aimeraient mettre dans leur lit pour leur plaisir gratuit. Et ce n’est pas ce que je veux, moi.

Elle relève les yeux vers Aby et ajoute, un fin sourire aux lèvres :

- Alors je monnaie ces moments-là. Ça me donne l’impression d’exister. Et d’être utile pour la survie de ma…famille. Je pense que les hommes sont intrinsèquement tous les mêmes. Absolument tous. Du plus misérable au plus riche. Maintenant que j’ai côtoyé au plus près toutes les couches de la population, je suis en mesure de l’affirmer. Et c’est bien cela qui est triste. Jamais je n’ai rencontré un seul homme différent. Pas un. C’est pour cela que je sais que je réussirai cette mission. Tout comme je sais que rien ne changera jamais pour moi en cette vie. Alors, pour ne pas y penser, je préfère lire. Me dire qu’il y a peut-être en dehors des murs de la ville une personne avec les valeurs qui me tiennent à cœur. Que cette personne est heureuse et forte, digne, belle. Courageuse. Rencontrer cette personne me permettrait peut-être de changer d’avis sur ces messieurs. Mais…ce n’est pas ici que je la rencontrerai.

Elle a un regard pour les murs du manoir Rougelac. Ce n’est pas sous ce toit qu’elle trouvera un noble cœur aux vertueuses motivations. Ce n’est pas ici qu’elle rencontrera un homme intègre, doux et gentil. Ici, il n’y a que Victor de Rougelac, le plus dépravé de tous les mondains de toute cette ville, un homme dont les victoires dans tous les lits de la cité surpassent, et de loin, tous ses exploits sur les champs de bataille. Le séduire n’a pas été difficile, il lui a suffit d’agiter un peu de chair blanche sous son nez et de stimuler son sens du jeu qu’elle a très rapidement décelé.

- Les histoires…l’imagination…les rêves…Tout cela, c’est ce que je suis. Si j’avais le choix de ma vie, je serais sans doute à un bureau derrière des piles de parchemins avec des fleurs partout dans la pièce. Il y aurait un joli jardin, avec des rosiers. Des beaux rosiers de toutes les couleurs, du rouge, du blanc, du rose, du jaune ! Au lieu de tout cela…

Elle reporte un regard tranquille et parfaitement serein sur son acolyte :

- …je suis ici. Je fais ce que je sais faire le mieux, écouter et apprendre. Parce qu’écrire, ça ne rapporte rien. Et qu’il faut bien qu’on mange.

Iris esquisse un sourire quelque peu ironique. Manger est la principale préoccupation. Entretenir la maison. Faire en sorte que Clémence ne manque de rien. Lui apporter un peu de douceur, de temps en autre. Une petite pâtisserie. Une sucrerie. Les petits pains chauds qu’elle aime. Tout cela coute de l’argent. Et le petit emploi de sa sœur ne permet pas de les faire vivre toutes les deux décemment. Alors elle ment, elle raconte des histoires à sa sœur, souvent, pour justifier les beaux repas, les jolis tissus, le petit confort qu’elle rapporte du Jardin. Clémence est souvent trop fatiguée pour poser des questions, tout semble donc s’équilibrer dans le mensonge. Une apparence, une condition à laquelle la jolie rouquine tient par-dessus tout.

- Je lirai de la poésie avec plaisir. Est-ce que je peux l’emporter chez moi ? Ou…enfin…Est-ce que je dois rester ici ? Je ne sais pas comment me comporter…Ma sœur va me poser énormément de questions…Je suis partie sans lui dire quoi que ce soit. Et je n’ai pas envie qu’elle soit impactée par ce qu’il se passe ici.

Est-il plus prudent de demeurer ici le temps d’accomplir sa mission ? Elle le pense. Clémence est peut-être souvent exténuée mais elle n’est pas idiote. Elle posera des questions, elle cherchera à savoir et Iris ne veut pas que Clémence soit impliquée, de près ou de loin. Sans compter qu’elle ignore quand aura lieu cette mission particulière. Combien de temps cela prendra-t-il ? Un jour ? Deux jours ? Une semaine ? Un mois ? Ses pensées sont interrompues par l’amusante explication de la critique d’art. Iris ne peut s’empêcher de pouffer derrière ses doigts.

- En somme, c’est parler pour ne rien dire si je vous suis bien.

Iris accompagne volontiers Abielle dans sa volonté de repousser tous les petits meubles contre les murs, de manière à dégager le centre de la grande pièce, tout en écoutant, attentive. Peut-être y a-t-il là un moyen de briller à peu de frais, si ces nobles personnes ne savent pas de quoi elles parlent. C’est une option qui la tente beaucoup. Quoiqu’il en soit, lorsque la pièce est dégagée, elle laisse Aby lui prendre la main pour la mener au centre de la pièce et lui expliquer la matière de cette robe étrange qu’elle caresse des yeux et de la main. Du bout des doigts elle suit le drapé, intriguée puis conquise.

- C’est très beau…

Et cela n’a absolument rien à voir avec le lin qu’elle porte ordinairement chez elle ou les velours un peu passés qu’elle endosse au Jardin. La texture est souple, aérienne, presque divine, c’est réellement un bonheur que de toucher cela pour Iris qui aime les belles choses. La petite taquinerie d’Aby ne la sort pas tellement de sa contemplation, tout au plus se permet-elle de murmurer :

- Cela n’arrivera qu’une seule fois dans toute ma vie. Je ne compte pas briller, je compte éblouir pour ensuite disparaître, comme le font ces petites étoiles tombées du ciel en été.

L’invitation à danser la ramène à une certaine réalité avant de plonger en silence en une gracieuse révérence et de prendre la main qui se tend pour commencer une danse silencieuse. Une pirouette aérienne déploie toute sa crinière de feu sur ses épaules avant de venir effleurer Aby de tout son corps, repartant aussitôt en deux pas souples, un sourire doux affiché sur ses lèvres corail. La danse est probablement le meilleur moyen d’expression d’Iris. Toute sa grâce et sa beauté se révèlent dans des gestes précis, maîtrisés et parfaitement exécutés. Son corps est une invitation à lui tout seul, rien qu’à l’exécution de ces lentes pirouettes, de ces mouvements de bras, de ces regards qu’elle lance à sa partenaire. Un autre mouvement et la main gracile se pose sur la taille d’Aby, l’entraînant dans un mouvement un peu plus rapide jusqu’à ce que son visage s’arrête tout près de celui de son acolyte du soir avant de s’éloigner dans un autre sourire mutin.

Elle dansera de la sorte, charmante et séductrice, jusqu’à ce qu’Aby estime en avoir vu assez.
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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyMer 15 Sep 2021 - 16:39



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L’échange de pas était agréable et fluide, les deux femmes parfaitement à l’aise dans ce rôle, mais Abielle s’avéra être une professeure exigeante, perfectionniste même. Si les premières minutes furent libre et amusante, les choses se compliquèrent dès la seconde danse ou Iris du tenir de difficiles positions le temps que sa professeure ne lui indique un point à corriger. Une inclinaison de la nuque, la position d’un pied, la hauteur d’un regard. Un millier de petits détails insignifiant à première vue, mais qui séparaient au final le talent certain de l’excellence évidente.

La femme aux cheveux d’ardoise était patiente, toujours aimable et il fallait le dire, particulièrement tactile. Elle n’hésitait aucunement à toucher, déplacer, presser le corps de son élève avec ce mélange de sérieux, de douceur et de jeu qui rendait le contact quelque peu déplacé sans qu’on ne puisse jamais vraiment parler de limites franchies. Un peu comme un effleurage de main signifiant bien plus qu’un accident et pourtant tout à fait approprier. Elle semblait le faire si naturellement, qu’il était dur de savoir si cela était intentionnel, ou simplement sa nature.

Abielle se mit entre deux consignes à évoquer des petits points de détails sur la noblesse et ses membres. Des choses qui semblaient anodine aux premiers abords, mais qui au fur et à mesure qu’elle lui faisait enchainer les danses, permettait à Iris de se dépeindre un tableau incroyablement détaillé de la soirée qui l’attendait. Des attitudes à avoir avec tel ou telle personne, comment réagir à une remarque, devant qui s’incliner le plus bas et au contraire qui devait être presque insulté.
Régulièrement elle demandait, sous couvert d’une question sans importance, l’avis de la petite rousse et poussait ses interrogations jusqu’à ce que celle-ci comprenne la situation dissimulée sous une remarque, ou le rôle de chacun au-delà de leur titre de noblesse.
Ainsi menait-elle une leçon habilement déguisée en discussion alors que leur corps se couvrait d’une fine couche de moiteur à mesure qu’elle faisait durer ou répéter les danses.

Deux heures devaient être passée lorsqu’enfin l’exigeante jeune femme estime avoir obtenu les résultats escomptés. Leurs visages si proches qu’elles pouvaient sentir le souffle chaud de leur partenaire glisser sur leur peau en sueur. Abielle fit lentement glisser son index sur la gorge de la jeune femme lui provoquant un frisson naturel avant de le plier sous son menton pour relever avec délicatesse son visage qu’elle observa de longue seconde.

- Bon, je l’admets, tu es très douée pour donner l’envie que l’on t’embrasse petite fleur.

Une lueur joueuse et provocante passa dans les yeux verts de la jeune femme et elle se pencha vers Iris lentement pour finalement embrasser bruyamment sa joue, à la commissure de ses lèvres. Elle rit et la libéra, avant d’aller s’affaler sur l’un des fauteuils qu’elles avaient repoussé, inspirant une agréable goulée d’air après cet effort.

- Tu as du talent pour la danse Iris. Avec un peu de travail comme celui-ci, tu serais l’une des partenaires les plus demandées sans aucun doute, accompagné à ton talent pour l’écriture… commença-t-elle avant de s’interrompre, son regard perdu dans la luminosité d’une fenêtre tandis qu’elle semblait réfléchir à quelque chose de lointain.

- Enfin c’est une autre histoire, occupons-nous déjà de notre ami. reprit-elle en chassant d’un geste de la main sa réflexion. Le livre de poésie est à toi si tu le veux. Vois ça comme un cadeau d’une professeure satisfaite de son élève. Tu as de bonne disposition, j’aimerais que ce soit plus souvent le cas. Je ne saurais te dire ce qu’il en est de ton agenda et de ton retour chez toi Iris. Comme tu l’as dit, les hommes se ressemblent tous, au moins en apparence. Et le maître des lieux ne fait pas exception, alors il faudra que tu vois quel est son besoin de contrôle de la situation. Comme toi, je ne suis que chargée d’une mission ici, je ne prends pas les décisions.

Son regard se fixa longuement dans celui noisette de son élève, comme pour lire quelque chose d’inscrit au fond de son âme. La question suivante sembla en total décalage avec la conversation.

- A qui mens-tu Iris ? demanda-t-elle. Tu sembles avoir parfaitement conscience de la dureté de ta situation, et du coût que tu paies pour l’entretenir. Un peu trop sans doute pour ton propre bien. Et pourtant tu sembles vouloir que cette vie que tu ne comprends que trop bien reste dissimulée au fond de toi. Alors si ce n’est pas pour toi, pour qui mens-tu ?

Son sourire se fit plus énigmatique, mais pas moins sincère.

- Tu n’es pas obligée de répondre, je suis juste curieuse de nature.

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyJeu 16 Sep 2021 - 21:27
Les minutes s’égrènent et ne se ressemblent guère, tant les leçons d’Abielle sont positivement enrichissantes et distrayantes. Mouvements, pas, discussions et secrets, rien ne lui est épargné, tout lui est expliqué, les erreurs sont corrigées et Iris, en bonne élève, apprend vite. Très vite. Le professeur n’a pas à rougir de son apprentie, c’est certain. Il y a des rires, des exclamations de surprise aussi, alors qu’elles virevoltent toutes les deux en un superbe ballet aérien, plein de grâce et de féminité. Elles sont littéralement magnifiques, surtout Abielle qui entraîne à sa suite des voiles de ténèbres qui par instant semblent ne faire qu’un avec sa délicate silhouette.

Deux heures s’écoulent donc agréablement même si l’effort affiche bientôt sa marque sur les deux jolis visages si proches l’un de l’autre. Les joues rouges, le regard pétillant de gaieté, Iris laisse Aby déposer ce bruyant baiser sur sa joue, avant de baisser un peu la tête, embarrassée. Elle n’a pas tellement l’habitude de ce genre de comportement chez les dames et elle l’interdit à ses clients, même si cela paraît totalement idiot. Pourtant, en l’esprit d’Iris, la chose est plutôt simple. On lui a pris sa virginité, par le chantage. Sa première fois n’a pas été un acte d’amour, il n’a été qu’assouvissement d’un désir longtemps contenu d’un homme qui avait eu les moyens d’obtenir ce qu’il avait toujours voulu. Les hommes peuvent tout avoir de Clarence s’il la paye. Excepté un baiser. Puisqu’elle n’a pas eu le choix de sa première fois, elle a décidé de conserver ce cadeau pour l’homme qui l’aimera réellement et qu’elle aimera en retour.

Elle regarde Aby s’éloigner puis cherche des yeux une petite cruche, ne serait-ce que pour boire une gorgée d’eau fraîche. Il n’y en a pas. Tant pis, elle patientera donc poliment et vient s’asseoir aux côtés de son enseignante qui a l’air exténuée, elle aussi.

- J’aime danser…et j’aime la musique. Quand il y a de la musique, une fête, rien ne me met plus en joie que de danser, encore et encore. J’ai l’impression que le monde est à moi, quand je danse.

Un large sourire radieux accompagne le cadeau fait par Aby. Elle ne pouvait mieux récompenser Iris qui bat des mains, euphorique.

- Merci merci merciiii ! Un nouveau livre ! Par les Trois, c’est un somptueux cadeau que vous me faites !

Il s’en ira rejoindre sa petite collection de romans courtois, les chevaliers, les princesses et les dragons des histoires qu’elle aime tant. Du moins, quand elle pourra rentrer chez elle, ce qui ramène Iris à ses préoccupations premières. Des préoccupations que semble bien cerner la sylphide aux cheveux d’ébène. La question qu’elle pose la fait rougir jusqu’aux yeux avant qu’elle ne croise les mains sur ses genoux, des mains qu’elle regarde sans rien répondre pendant quelques instants.

- Je mens pour épargner la plus douce, la plus jolie et la plus gentille des femmes que je connaisse. Cela la tuerait de savoir que je fais cela pour subvenir à nos besoins communs. Et le plus ironique est qu’elle travaille tant et tant qu’elle ne remarque même pas que je fais cela pour que l’on vive bien.

La jolie rousse a une pensée pour sa sœur, une sœur qui rentre tous les soirs si fatiguée qu’il n’est pas rare qu’elle se couche encore toute habillée, les habits souillés, les yeux cerclés de noir. L’entretien de leur maison leur coute cher. Il y a toujours quelque chose à réparer, toujours quelque chose de cassé ou défectueux, toujours un souci pour obscurcir le front de Clémence. Clarence ferait n’importe quoi pour sa sœur, une sœur qu’elle aime de tout son cœur.

- J’ai fait un vœu quand j’étais petite. Celui de l’avoir toujours auprès de moi. J’ai été…exaucée. Alors je fais en sorte qu’elle ne manque de rien. En secret. Et j’y arrive plutôt bien.

Iris a un regard pour Aby, avant d’esquisser un sourire doux.

- Madame Rose a dit que je serai bien payée pour faire tout ce que l’on me demandera de faire ici. Cela me permettra d’acheter de quoi réparer notre maison, de lui acheter des habits, et de quoi bien manger. Elle mérite que je fasse cela. C’est la meilleure personne au monde.

La jolie rousse a de nouveau un regard pour ses mains.

- Cela doit vous paraître idiot, sans doute.

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyLun 20 Sep 2021 - 5:23



20 Avril 1167.
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Abielle n’aurait sans aucun doute pas parlé de somptueux cadeaux pour un livre de poésie qu’elle considérait au mieux comme passable. Tout juste assez bon pour inspirer quelques minauderies aux jeunes nobles en quête d’une passion inaccessible pour leurs personnes. Mais elle se souvenait de ses propres éclats de joies quand sa mère lui offrait un ouvrage acquis lors d’un de ses marchandages. Elle était capable de les dévorer en une nuit, et de les relire encore et encore jusqu’à ce qu’elle trouve un autre centre d’intérêt, ou que Kaïne ne la convainque de se jeter dans une autre bêtise tête la première.

Alors qu’elle écoutait dans un silence attentif et respectueux la déclaration de sa jeune amie, un constat bien triste s’imposa à elle. Les jours de simplicités étaient derrière elle, comme derrière Iris. Plus jamais la vie ne serait tout à fait identique, plus jamais leurs sœurs ne connaîtraient la simple paix de la vie. Pourrait-elle au moins un jour reprendre la route avec Kaïne ? Ou cette cité verrait-elle leurs derniers jours comme c’était fort probable ? Elle se refit la même promesse qu’elles s’étaient faîtes autour du feu ce jour-là, au milieu des corps. Elles les retrouveraient, ensemble, et mettraient fin à leur vie autant qu’à l’ignominie de leurs actes. Ils avaient voulu abattre le monde d’un coup de lame empoisonnée. La même arme leur trancherait la gorge.

Abielle posa ses doigts fins sur les mains d’Iris. Des mains qu’elle passait beaucoup trop de temps à regarder pour son propre bien au gout de la fille d’Anür. Elle les pressa doucement, jusqu’à ce que la jeune femme relève la tête vers elle.

- J’ai moi aussi une sœur, jamais je ne trouverais idiot de vouloir la rendre heureuse, et d’agir pour son bien-être. Parfois au détriment du notre. commença-t-elle d’une voix de sollicitude, elle reprit cependant. Mais tu n’es pas stupide, loin s’en faut, tu sais bien qu’un moment ou l’autre, elle finira par voir au-delà du voile que tu as accroché devant elle pour lui cacher ton secret. Tu ne pourras éviter cela indéfiniment.

Elle glissa ses doigts entre les mains de la belle demoiselle et s’empara délicatement d’une d’entre elle pour la serrer entre les siennes.

- La douleur du mensonge que l’on découvre est infiniment plus grande que celle de la vérité la plus difficile Iris. Elle peut laisser une plaie qui ne saurait être guérie, pas même si le temps lui-même se dédiait à cette tâche. Si ta sœur est la moitié de la personne que tu crois, elle saura faire face à tes vérités et les surmonter. Penses-y avant qu’il ne soit trop tard, ou que cela te consume.

La membre du peuple des routes n’avait aucune raison de conseiller la jeune femme et celle-ci n’en avait d’ailleurs sans doute pas envie. Rien dans son contrat ne l’obligeait à monter une once de compassion à cette inconnue. Mais rien ne lui interdisait non plus. Et comme toujours, elle, comme sa sœur, comme toutes les filles de sa longue lignée, faisait ce qu’elle voulait quitte à échouer.
Elle reprit tout de même un ton plus léger et guilleret.

- Je ne sais pas toi, mais moi je meurs de soif ! Nous sommes chez un riche comte après tout, il doit avoir de bien agréable chose à boire ! Essayons.

Elle bondit sur ses pieds et se dirigea vers la porte qui l’avait vu entré il y a de cela deux heures passées à présent. Elle se présenta dans l’encadrement et claqua dans ses mains d’un geste qui semblait léger mais qui résonna bruyamment dans les couloirs vides.
Il ne fut pas long de voir arriver une femme trottinant sur les dalles pour répondre à l’appel. Elle sembla surprise que quelqu’un d’autres que le seigneur des lieux ait l’audace d’interpeller ainsi son personnel, mais le ton autoritaire et naturel d’Abielle finit de la convaincre qu’elle devait être dans son bon droit.

- Apportez-nous donc une bouteille de vin de sauge et de rose bien fraîche. dit-elle avant de jeter un regard vers Iris qui l’attendait toujours dans la pièce. La jeune fille buvait-elle ? Sans doute. Dans leur métier on accompagnait bien souvent notre cible avec un verre et un peu de charme avant la bagatelle. Et elle-même avait connu ses premières ivresses bien avant l’âge supposé de sa compagne. Mais qui sait.

- Et du lait de chèvre au miel, je ne doute pas que sa seigneurie en bois une tasse avant de dormir. plaisanta-t-elle au nez de la servante. Perdue entre s’offusquer et être confuse, celle-ci ne pipa mot jusqu’à ce que Abielle lui referme la porte au nez. Elle pouffa et se retourna vers son acolyte alors que des pas s’éloignaient rapidement dans le couloir.

- Plus le noble est puissant, plus vite ses serviteurs s’empourprent d’indignation. lança-t-elle, joyeuse avant de se diriger vers le bureau et de le fouiller sans la moindre trace de gêne.

- Je ne doute pas que Sieur de Rougelac ne nous aurait laissé cette pièce si la moindre chose compromettante s’y trouvait, alors autant se servir. Nous allons faire un petit exercice pendant que l’on se désaltère. Ça nous occupera. Ou plutôt, cela t’occupera et cela m’amusera de t’observer… Haaaaha ! Trouvé !

Elle extirpa sa trouvaille du tiroir. Des feuillets reliés et un pot d’encre accompagné de sa petite plume de fer. Elle les posa sur une petite table qu’elle traina sans effort, mais bruyamment, jusqu’au canapé, où elle reprit place près d’Iris. Elle disposa ensuite les choses devant elle et tendit la plume à Iris.

- Écrit donc ce que je te dicte, soit précise et rapide, car je ne répéterais pas :

L’iris au bord du rivage
Se reflétait dans l’étang,
Bel iris sauvage
Qui rêves au beau temps.
Iris tes beaux yeux
Tu parfumes les draps blancs,
Iris merveilleux,
Iris au bord de l’étang.


Au milieu de la dictée, la servante revint avec un plateau sur lequel trônait la commande d’Abielle. Celle-ci ne s’interrompit pas le moins du monde et indiqua seulement la table sans que sa voix ne faiblisse ou ne doute. L’employé jeta un coup d’œil désapprobateur à la position des meubles mais la femme au cheveux sombre l’ignora si superbement qu’elle finit par s’en aller après avoir déposer son fardeau à l’endroit indiqué. Abielle jeta un coup d’œil à la progression des notes et hocha la tête satisfaite.

- Bien, à la suite à présent.
Sur la première, j’en prend deux sur le troisième et la seconde du cinquième auquel j’ajoute la dernière du premier.
Alors, je m’emparerais de tout le premier de la sixième.
Et je ferais de même avec l’avant dernier de la dernière.
Ensuite, je reviendrais sur la première, pour la première de son premier.
Dans la seconde, je piocherais dans le troisième, sa seconde.
Et pourquoi pas l’avant-dernière du dernier de la sixième.
Dans la dernière, je m’approprierais deux fois la seconde du troisième et une fois la première du dernier.
Enfin, pour conclure, je prendrais tout le premier de la cinquième, car c’est la plus juste du lot.


Elle se servit un verre de vin avant de regarder l’œuvre d’Iris.

- Bien. Tu as le coffre. dit-elle en tapotant de la pointe de son index à coté du poème. Puis elle laissa glisser son doigt sur le papier jusqu’à la seconde partie. Et sa clé. Montre-moi donc ce qu’il contient jolie fleur.

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyLun 20 Sep 2021 - 14:30
Sa main dans celle d’Aby, elle écoute avec la plus grande attention les propos qui font écho à ce qu’elle sait déjà au plus profond d’elle-même. Clémence finira, tôt ou tard, par découvrir la vérité car dans une ville telle que Marbrume tout finit par se savoir un jour ou l’autre. Clarence a peur de cela, vraiment peur que Clémence l’apprenne et que surtout elle apprenne pourquoi, comment elle en est arrivée à cette extrémité. La prostituée n’est pas courageuse, elle préfèrera mentir, encore et encore plutôt que d’affronter la déception dans le regard de sa sœur. Et affronter tout ce qui s’ensuivra. Rien ne garantit que Clémence voudra encore vivre sous le même toit qu’elle. Peut-être même qu’elle la rejettera. Et si cela arrive, Clarence n’aura plus qu’à se jeter depuis le bord d’une falaise. A cette perspective, la main de la jolie rousse serre celle d’Abielle, dans un mouvement d’angoisse qui l’étreint tel un étau.

- J’y pense tous les jours…mais…je n’ai pas le courage de lui dire. Puis…tout va bien pour l’instant, elle ne sait rien, nous vivons bien, il n’y a rien qui m’incite à lui confier mon secret.

Une petite pensée viendra pourtant aiguillonner son cœur. La pensée fugace d’un petit être qui pourrait potentiellement se manifester dans quelques mois…Si cela se confirme dans les prochains jours, elle n’aura plus le choix. Et encore…Peut-être trouvera-t-elle encore un mensonge pour camoufler les choses, les rende plus supportables pour Clémence.

- Je verrai ce qu’il convient de faire…plus tard. Pour l’instant, j’ai très soif, en effet.

Elle n’avait pas trouvé de quoi boire dans l’immense pièce aussi suit-elle avec curiosité les déplacements de son professeur qui semble visiblement très à l’aise au manoir Rougelac. Clarence aimerait qu’il en soit de même pour elle. Il se dégage de cette maison une impression étrange qui l’embarrasse un peu sans qu’elle ne parvienne à savoir pourquoi. Peut-être est-ce parce qu’elle a toujours voulu voir de plus près la maison d’un noble sire et que maintenant qu’elle y est, elle se dit que finalement sa petite maison sans lourds rideaux de velours cramoisis, dépourvue de portraits imposants et sans lambris doré lui parait bien plus accueillante. Une chance que le seigneur des lieux ne soit pas présent, elle en perdrait sans doute tous ses moyens. Pourtant cette rencontre est inévitable, surtout si elle réside ici durant quelques temps…

Préférant ne pas y songer pour l’instant, elle se concentre sur Abielle et esquisse un sourire en la voyant apporter de quoi écrire, ainsi qu’en trainant le meuble.

- Je pouvais me déplacer jusque là vous savez…

Iris a un petit rire avant de s’emparer de la plume et de la tremper délicatement dans l’encre, une fois encore à l’écoute de son professeur, le plus grand sérieux s’affichant sur son joli visage aux joues roses. Elle n’écrit pas souvent, non pas qu’elle n’y parvient pas, c’est juste qu’elle n’en a pas souvent l’occasion. Le papier, les plumes et l’encre sont des dépenses inutiles et chères, des dépenses dont les deux soeurs se passent fort bien. Quoiqu’il en soit, Clarence sait écrire oui, même si ses lettres manquent de rondeur et de souplesse, même si la plume crisse parfois sur le parchemin. Elle s’applique en silence, la langue apparaissant entre ses lèvres, comme le font souvent les personnes profondément plongées dans un exercice difficile, à aucun moment déconcentrée et cela même lors de l’irruption de la servante apportant les boissons. In fine, la dictée se passe plutôt bien, l’orthographe étant excellente mais la présentation…Il y a un pâté entre deux mots et il y a de l’encre sur ses doigts…Iris esquisse une moue contrite.

- Mon écriture laisse à désirer…Je vous demande pardon…

Les choses se corsent lorsque l’énigme est posée. La naturel vif et ardent de la jolie rouquine se met aussitôt en branle, imaginant dans un premier temps un calcul compliqué avec des fractions, ce genre de choses qu’elle ne maîtrise que mal. Elle lit, relit et lit encore jusqu’à ce que les sourcils se lèvent et qu’un sourire s’affiche sur ses lèvres, soudainement intéressée par toutes les phrases, posant ses doigts sur les mots, les uns après les autres, avant de regarder Abielle, d’un air malicieux. La sublime enseignante vient de se servir un verre de vin, attendant sa réponse.

Clarence tend alors tranquillement la main vers le lait de chèvre et s’en sert un verre, le plus tranquillement du monde, tout en répondant, de sa voix douce :

- Uniquement quand l’Iris trône en son royaume en compagnie de sa Cour, Abielle.

Elle a un égard pour la jolie femme toute nimbée de ténèbres et ajoute :

- Ce qui n’est présentement pas le cas, si je ne m’abuse.

Le petit verre de lait vient heurter le verre de vin dans un petit bruit de clochette puis Iris en boit une gorgée qui lui laisse une toute fine moustache blanche sur la lèvre supérieure et un rire espiègle dans la gorge. Elle rit de bon cœur comme un enfant satisfait de sa pirouette, un rire clair et pur qui s’élève dans la pièce avec la douceur d’un chant d’oiseau.

- Cela m’aide uniquement à…oublier…et à ne pas songer à ces hommes qui attendent de moi des choses que je n’ai pas toujours envie de leur donner, même s’ils me payent. Je garde cela pour le Jardin. Je ne bois jamais en dehors de ces murs.

Elle regarde le parchemin puis le verre puis Aby en demandant :

- Alors ? Êtes-vous satisfaite ?
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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyLun 20 Sep 2021 - 18:25



20 Avril 1167.
Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] 5c6m
Le visage d’Iris se fait studieux, concentré et il faut admettre que contrairement à beaucoup, cela n’enlève rien à son charme. Un pli discret apparait entre ses sourcils froncés qui lui ajoute un peu de maturité, révélant sans doute un aperçu du visage qu’elle possédera d’ici un an ou deux, quand les dernières traces d’enfance auront fui ses traits. Une beauté d’exception pour sûr, à condition de ne pas la laisser faner.

Elle sut d’ailleurs en regardant ses traits à quel moment elle trouva la solution. Le pli s’effaça et un joie féroce et malicieuse parcouru brièvement son visage. Un bon signe. Tout le monde n’avait pas le gout pour ce genre de chose, ni l’esprit pour y faire face sans entrainement. Abielle rit de la remarque.

- Et bien, votre majesté des fleurs, vous ratez quelque chose ! Si délicieuse sont certaines boissons, bien au-delà de l’ivresse et de l’oubli ! dit-elle sur un ton soutenu digne de la plus guindée des nobles, levant son verre pour Iris après avoir trinquer, puis le portant à ses lèvres pour une longue gorgée. Mais elle reprit d’une voix plus naturelle et compréhensive.

- Mais loin de moi de juger ta méthode. Je l’ai moi-même appliquée à une époque. Avant de faire en sorte d’être celle qui choisit ce qu’elle donne. Depuis, je bois quand cela me plait, et pas autrement. C’est ce que je souhaite à chacune de nous.

Elle ne revint pas sur le mensonge et las sœur. Elle ne doutait pas que la jeune femme était parfaitement au fait de la situation et à présent qu’elle lui avait donné son avis avec franchise, il aurait été inutile et présomptueux d’insister. Elle n’était qu’une inconnue qui passait dans sa vie.
Avec délicatesse, elle passa son pouce sur la lèvre supérieure d’Iris pour en ôter l’amusante, mais peu élégante moustache et le porta ensuite à ses lèvres avant de lui répondre.

- Je le suis petite fleur. La présentation est à travailler, mais je ne doute pas qu’elle résulte plus d’un manque de pratique que d’une incapacité. Et ce n’était pas l’objectif. Crois-le ou non, mais nombreux sont les nobles dont le codage des messages ne dépasse que de peu cette complexité. Ils comptent en général plus sur la fiabilité du messager qui transporte les chiffres, et sur le secret du texte sur lequel les utiliser. Une fois que tu as surmonté ces petits obstacles, rien ne t’empêche d’entrer dans le secret de dieux… pour peu qu’on veuille faire cela. Intéressant non ? demanda-t-elle, énigmatique.

Cette approche n’avait à première vue rien à voir avec la mission qui serait confiée à Iris, qui était plus… terre à terre disons. Mais Abielle n’éprouva aucunement le besoin de justifier cet acte. On lui avait confié la mission de jauger et préparer la jeune femme, rien ne l’empêchait de définir les critères de ce test. Ni d’y ajouter quelques nuances.

- Prends donc le carnet et l’encre, je préviendrais sa seigneurie que leur cout sont à prélever de ma paie. Mais sache que ce n’est pas un cadeau contrairement au livre. Améliore ton style et ta propreté. Je n’aime pas voir le talent gâché.

Elle s’empara de la peine de fer et la trempa légèrement dans l’encre avant d’écrire à son tour les quelques vers qu’elle avait cité, juste à coté de ceux qu’avait rédigé Iris. Le geste était léger, élégant, sans fioritures ni hésitations et le résultat s’en ressentait. De belles lettres élancées et impérieuse qui s’assemblaient pour former autant de mot.

- Trouve ton style, mais voilà ce vers quoi tu dois tendre. C’est le minimum que l’on attendrait d’une copieuse du temple. Et c’est le niveau que tu dois avoir dans les semaines qui viennent, sinon je serais bien triste !

Le regard qu’elle lança à la jeune femme près d’elle était un subtil mélange d’amusement et de défi. Mais elle s’arrêta plissa les yeux de longues secondes comme si elle perçait un quelconque mystère dans les yeux de la catin. Elle s’empara à nouveau de la main de celle-ci d’un geste délicat, mais pas pour la presser tendrement elle l’ouvrit devant elle en dépliant ses doigts délicat et moucheté d’encre.
Son pouce glissa sur les lignes dessinée dans sa paume avec une si absolue légèreté que cela aurait pu être causé par un minuscule courant d’air. Ce qui provoqua naturellement une douce chaire de poule sur l’avant-bras d’Iris. Les yeux d’Abielle passèrent successivement de la main au visage de sa compagne, puis glissèrent vers le tableau accroché sur le mur d’en face. Celui-là même qu’elle observait à son arrivée. La professeure soupira.

- Je ne crois pas que ce soit le cas, tu en montrerais déjà certains signes. commença-t-elle sans se donner la peine d’expliquer de quoi elle parlait. Mais deux onces de suc d’hellébore noir, et une de myrrhe, dans un litre d’eau à boire sur la longueur d’une journée te protégera de cela si je devais avoir tort. Pas plus, sinon tu te rendrais malade une bonne semaine.

Ses yeux se firent plus doux et compatissant.

- Le monde… Ton monde est déjà bien compliqué jolie fleur. Si cela doit arriver, mieux vaut que ce soit quand tu l’auras décidé. Et avec quelqu’un que tu aurais choisi.

Elle libéra sa main et reprit son verre de vin qu’elle avait déposé avant de le finir d’une longue gorgée, preuve qu’elle ne craignait que peu les effets du breuvage sur son contrôle d’elle-même. Quand elle reprit la parole, elle avait retrouvé sa bonne humeur.

- Je doute d’avoir grand-chose de plus à t’enseigner, du moins pour le succès de cette histoire, tu es déjà douée et consciente de tes faiblesses. Travailles ce que nous avons-vu aujourd’hui, et je ferais parvenir une tenue qui te conviendra au seigneur Rougelac pour que tu éblouisse comme le soleil ce soir-là. As-tu des questions auquel je puisse répondre ?

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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyLun 20 Sep 2021 - 21:20
Choisir ce que l’on donne…Ce concept dépasse Clarence qui a une vue bien étriquée de ce monde, un monde qui se résume à sa maison, au Jardin et aux quelques rues qu’elle fréquente ordinairement pour faire quelques achats. La jeune femme a beaucoup de choses à donner, beaucoup de tendresse, de joie et d’amour aussi, énormément, mais elle ne s’en estime pas digne. Elle se réduit à son métier, un métier difficile et ingrat, qui fera d’elle, et pour toujours, une femme de mauvaise vie, une femme que l’on ne peut aimer et que l’on ne peut encore moins épouser. L’exemple même de Madame Rose lui revient, une femme splendide, intelligente et féroce. Mère d’un enfant dont le père ne s’est plus jamais manifesté, le jeune Alwin qui est l’âme damnée, tourmentée, de tout le Jardin. Accepter ce fait n’a pas été simple et c’est bien pour cela qu’elle lit autant. Dans ces histoires qu’elle lit, tout se finit toujours bien. Le prince épouse la bergère, il en fait la reine de son royaume, la mère de ses enfants, ils sont heureux. Un idéal qu’elle n’atteindra jamais.

Elle ne choisit pas ce qu’elle donne. On lui propose de l’argent en échange de moments privilégiés, parfois doux, parfois moins…parfois brutaux, mais au moins cela paye et elles ne manquent de rien, ni l’une ni l’autre. Et c’est bien tout ce qui compte. Quand elle aura acquis un peu plus d’expérience et si elle parvient à mettre de l’argent de côté, elle pourra peut-être choisir, mais...elle n’y est pas encore, loin s’en faut.

Le fait d’avoir satisfait une jolie dame comme Aby lui met du baume au cœur. Elle n’est pas qu’une putain, elle a d’autres talents, elle peut en faire quelque chose, elle peut donc prendre une autre voie si cela s’avère nécessaire !

- Merci Aby, cela me rassure de vous entendre dire cela.

Elle a un regard pour la liasse de feuillets reliés, l’encre et la plume, avant de hocher la tête avec un sourire. Si on lui donne l’opportunité d’apprendre et de se perfectionner, Clarence sera une élève brillante, à n’en point douter. Elle est vive et intelligente, elle aime apprendre de nouvelles choses et elle a appris bien plus en deux heures qu’en deux mois en son logis. Le regard qu’elle coule vers la superbe calligraphie exécutée par Aby est éloquent. Elle écrira sans doute aussi bien si on lui laisse le temps de se perfectionner. Et de ne plus en répandre partout sur ses mains.

- Alors je ferai en sorte de ne pas vous décevoir…

Il y a un sourire, qui s’estompe peu à peu. Clarence hausse un sourcil avant de laisser sa main tachée dans celle de la jeune femme, un peu intriguée par ce changement d’attitude. Un frisson lui parcourt le bras, autant par le geste doux que par le regard qu’elle pose ensuite sur elle ou par ses paroles qui la font pâlir en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Tout de suite, elle retire sa main, une rougeur violente montant à ses joues, détournant le visage, le regard, troublée au-delà de toute expression.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Comment peut-elle savoir ce qui occupe ses pensées les plus secrètes ? Clarence noue ses mains sur ses genoux, le cœur battant la chamade, une suée froide courant le long de son dos. Même si cela s’avérait être une réalité, jamais elle ne pourrait faire cela. Ce serait comme tuer une partie d’elle-même…et refuser un cadeau des Dieux. Oui, la vie serait sans doute compliquée, très dure, autant pour elle que pour sa sœur mais elle trouverait des solutions…l’espoir est ce qui motive Clarence depuis toujours.

- Non Aby, je n’ai pas de questions pour l’instant si ce n’est celle-ci…Vous reverrai-je un jour ?

Elle inspire profondément pour se donner une contenance puis observe la dame en noir.

- Avant cette mission ? Peut-être après ?
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MessageSujet: Re: Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]   Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor] EmptyMar 21 Sep 2021 - 3:49



20 Avril 1167.
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La fille d’Anür posa sa main sur l’épaule de la jeune fille et la pressa doucement avec tendresse et patience. Elle n’avait point voulu la choquer, lui faire peur, ou pire, exacerbé son mal-être. Bien au contraire. Sans doute aurait dû-t-elle se taire et ne pas lui montrer ce qu’elle avait perçu. Mais cette fille encore presque gamine avait besoin de soutien et personne, pas même sa sœur ne semblait en savoir assez sur elle pour cela.

- Si tu dis que tu ne vois pas de quoi je parle, alors je ne parle de rien petite fleur. Certains de nos domaines ne regardent que nous, même pour des femmes comme toi et moi et je suis navrée de m’être introduite dans l’un des tiens sans ta permission. J’ai toujours la fâcheuse tendance d’agir quand je perçois. Plaisanta-t-elle doucement sans expliquer réellement ce qu’elle pensait ou non pouvoir percevoir.

Le choix de la dernière question la toucha. Elle aussi avait apprécié ces quelques heures en la compagnie de la splendide, mais surtout intelligente jeune fille. Elle lui rappelait quelque peu Aleana dans ses attitudes, ses joies, ses secrets… Sans aucun doute que Kaïne s’amuserait à l’asticoter si elle venait à lui présenter, mais elle pensait que sa sœur apprécierait aussi ce qu’elle percevrait dans cette petite caboche si d’aventure cela arrivait.

Sûrement devrait-elle lui répondre non. Cela serait sans doute mieux pour elle. La vie de la jeune Iris, ou plutôt celle de la fille qui se cachait derrière la fleur était déjà fort compliquée, mais au moins peu dangereuse. Il n’était pas utile de l’encourager à plonger plus avant encore dans un monde qu’elle ne comprenait pas. Déjà elle allait l’effleurer, le temps d’une soirée, le temps d’abattre un homme puissant avec la seule arme à sa disposition.
Avait-elle conscience de cela ? Et pourtant… quelque chose lui faisait dire qu’elle ne devait pas ignorer ce qu’elle avait vu chez elle. Elle l’avait testé, plus que nécessaire, bien plus. Était-ce pour finalement l’ignorer ? Ou pour faire en sorte d’extraire de cette pierre brute la pierre précieuse qu’elle recelait ? Kaïne lui aurait dit de sauter sur l’occasion. Ce qui en général était justement une bonne raison pour ne rien faire vu le goût de sa sœur pour les ennuis. Mais…
Elle lui sourit.

- Ne t’ai-je point promis de t’enseigner un tour de carte si tu réussissais la mission que l’on va te confier ? Et puis je dois m’assurer que tu noircis ces feuilles plus convenablement. dit-elle d’une petit ton taquin avant de poursuivre d’une voix calme. Je suis une femme de parole Iris, alors oui, nous pourrions nous revoir si tel est ton souhait. Mais je tiens à te mettre en garde petite fleur. Si nos vies ont des similitudes, les mondes que l’on fréquente sont bien différent. Tu vas faire un pas dans le miens, un pas temporaire. Pour, comme tu l’as si joliment dit, éblouir puis disparaître, comme une étoile tombée dans le ciel d’été.

Elle se rapprocha pour lui chuchoter à l’oreille.

- Mais si nous devions nous revoir, ce simple pas pourrait devenir le début d’un long chemin à parcourir. Soit vers la le lieu où tu pourras faire ce que tu veux de ta vie. Soit vers les abîmes qui menacent alentours. Il n’y a que toi pour savoir quel prix tu es prête à payer pour cela.

Elle lui déposa une autre bise bruyante sur la joue et rit doucement en se levant.

- Il est temps que je file petite fleur. Je confierais le livre à l’un des domestiques pour qu’il te soit remis avant ton départ, ou que le comte ne t’explique les prochaines étapes. N’oublie pas, parle de poésie et d’art, soit flamboyante mais éphémère, juste assez longtemps pour qu’aucun n’homme ne puisse détourner le regard de toi ce soir-là. Une ou deux danses avec ton regard braqué sur lui, et il sera dans ta poche à n’en point douter. Tu as du talent, alors fais-toi confiance, et ne baisse jamais les yeux devant eux.

Quand Iris se leva, elle la serra doucement contre elle, dans une étreinte étonnement intime.

- Cette rencontre fut plus plaisante pour moi que je ne l’aurais cru Iris. J’espère bien que la prochaine le sera tout autant. Si tu le souhaites. J’aimerais beaucoup entendre l’une des histoires que tu as imaginées.

HRP:
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