Entre tissage et apprentissage[ft. Clarence & Victor]

La main sur son épaule est douce. Elle préfère garder ce souvenir là et ne plus songer à ces paroles lourdes de sens qu’a prononcé la jolie Abielle. Son esprit est déjà suffisamment torturé comme cela et il est de toute façon possible que cela ne soit jamais qu’une chimère. Peut-être n’y a-t-il rien après tout. Rien du tout. Peut-être se torture-t-elle pour rien. Le Comte pourrait être son propre père, peut-être n’est-il tout simplement plus assez vigoureux pour engendrer. Peut-être. Quoiqu’il en soit, elle se raccroche à cette perspective, en préférant songer à ce qui l’attend dans les tous prochains jours. Un sourire apparaît donc sur le joli visage d’Iris.

- Ce n’est pas important, ne vous excusez pas.

Les paroles d’Aby résonnent en elle, assez en tout cas pour qu’elle l’observe avec attention. Quelle étrange femme…Belle, intelligente, pleine de ressources, Abielle pourrait régner en bien des lieux. Pourquoi se limite-t-elle à ce rôle d’instructrice ? Qui est-elle en réalité ? Tant de mystères se dégagent de cette personne magnifique, et rien n’attire plus la jolie rousse que les mystères, précisément. Il y a des mises en garde, prononcées de la voix la plus douce du monde. Des sourires. La promesse d’un tour de carte. Il n’en faut pas plus à Iris pour qu’elle soit gagnée à la cause de la dame de ténèbres.

Lorsqu’elle se lève, elle suit le même mouvement, sentant son cœur se serrer un peu d’appréhension. Elle va rester toute seule ici, à attendre le Comte. Et Iris ne voit jamais ses clients en dehors du Jardin. C’est une première…et elle ne sait pas tellement quelle conduite adopter vis-à-vis de lui. Alors quand Aby la prend dans ses bras, elle la sert fort, les yeux clos, pour se donner un peu de courage.

- Je m’en souviendrai…

Elle plissa les lèvres et s’écarta un peu à regret des bras de la jolie instructrice, affichant un sourire doux, un de ceux qu’elle adresse parfois à Clémence quand elle ne veut pas l’inquiéter.

- Je vous raconterai une histoire, une de celles qui bercent mes nuits quand les jours ont été difficiles. Avec le plus grand des plaisirs.

Iris salue d’un élégant signe de la tête et avise la porte avant de dire, dans un souffle :

- Ne fermez pas la porte…Laissez-la entrouverte, s’il vous plaît…

Iris n’existe plus en cet instant, il n’y a plus que Clarence et Clarence craint plus que tout d’être enfermée. Elle ne connait pas la maison, elle ne sait pas comment agir ni où elle doit se rendre alors elle va rester là, le temps que quelqu’un lui dise quoi faire et où aller, de manière à n‘être un embarras pour personne. Elle avise la petite liasse de feuillets et songe qu’il serait opportun de rédiger un mot pour sa sœur, quelque chose que…

- Desmond, pense-t-elle

Oui, Desmond a ses entrées ici et il sait où elle habite. Peut-être que si elle le croise, elle pourra lui glisser un mot à donner à Clémence, pour la rassurer. Apaisée par cette perspective, elle sourit à nouveau.

- Je vais m’exercer à l’écriture en attendant…J’attends avec impatience le moment de vous revoir, Aby.

HRP: