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 [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie

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AngéliquePrêtresse
Angélique



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MessageSujet: Re: [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie   [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 EmptyVen 24 Déc 2021 - 10:48


Angie de Noël a écrit:
Voilà mon cadeau pour les personnes qui vivent cette romance par procuration ! Désolée pour mes partenaires de RP, je trouvais que faire cette petite entorse à mon ordre de réponse était rigolote :p Les vôtres ne tarderont pas (une semaine maxi).

Noyeux joel en avance !


Les lèvres pressées, Angélique ressentait tout le poids du regard de l'homme posé sur elle. Sans réellement comprendre la signification de ses propres ressentis, faute d'expérience, la rousse se sentait sur le point de s'embraser. Dire que l'aveu de Lucian, aussi simplement formulé fusse-t-il, ne l'avait pas troublée ou surprise eut été un mensonge gros comme le monde. Et il pouvait aisément le constater grâce à la traitrise de son corps, les délicates rougeurs et le délicieux frisson qui couvrirent sa peau brûlante, ses cils papillonnant d'incrédulité, le tremblement de ses mains... N'avait-elle pas, elle aussi, très envie de l'embrasser ?

« Mais vous ne le faites pas. » constata-t-elle avec une petite voix imperceptiblement déçue, juste avant qu'il ne reprît.

Nonobstant la part timide d'Angélique qui eût souhaitée s'y soustraire, une telle attention faisait naître en elle d'étonnantes et grisantes sensations, inconnues et indescriptibles, qui l'envahissaient au point de rendre ce moment inconvenant des plus agréables. Des milliers de pensées se pressaient dans son esprit, parmi lesquelles la jeune fille devait faire un tri difficile. L'opération était d'autant moins aisée sous la douce caresse des doigts sur son visage, et l'intensité des prunelles plus flammes que sang dans lequel elle se perdait. La rousse essaya, une fois encore, de percer la vérité recélée par le regard rouge et or mais n'y décerna pas l'ombre d'un mensonge, ni de quoi que ce fut qu'elle put identifier comme tel.

Si Angélique admettait le bien fondé des propos de son mentor, bien plus expérimenté qu'elle, elle doutait néanmoins que cela pu s'appliquer à elle-même. La jeune fille croyait se connaître suffisamment pour affirmer que ses sentiments n'étaient pas si volatiles qu'ils pussent le paraître, aussi inconnus lui fussent-ils. Après tout, la rouquine avait grandi en apprenant à vivre sa précocité et sa conscience accrue d'elle-même ; si elle parvenait à présent à s'adapter à son environnement et à autrui, elle ne le devait qu'à bien des années d'introspection et de comparaisons. Ainsi savait-elle reconnaître et différencier chaque émotion et pensée qui la traversait, et vivait-elle uniquement dans l'instant présent –sans cependant exactement perdre de vue l'avenir. De fait, toute la journée, bien qu'Angélique repensât à toutes ses découvertes et celles encore à venir, s'interrogea sur le contenu des curieuses plaques ou l'identité des statues, rien n'était parvenu à en déloger totalement cet homme, ni ces nouvelles émotions qui le suivaient toujours de très près.

Serait-il pire de vivre si proche de cet homme, ou bien éloigné de lui ? Mais Angélique n'arrivait déjà plus à imaginer, ni concevoir, une vie dépourvue de Lucian Altan.

Déposant sa petite main sur celle qu'il lui tendait, elle se leva à son tour. Un léger sourire, doux et étonnamment enjôleur, éclairait son visage dont la carnation demeurait rosée et contrastait avec ses étincelants yeux de glace. Sans doute n'était-ce qu'un effet conféré par le surréalisme de l'instant, ou bien par ses propres pensées, mais son vis-à-vis n'eut pas à s'en intriguer bien longtemps. Angélique était bien trop honnête, avide de vérité et "vivante" pour ne pas les exprimer à cet homme avec lequel elle n'avait nul besoin de se contenir.

« Même si ça ne fait qu'un jour, et que je suis toujours très troublée, être avec vous me parait juste… Naturel, et satisfaisant. Je sais que l'amour et la passion finissent souvent par s'étioler… Je n'ai jamais été amoureuse. Je n'ai jamais été particulièrement intéressée envers qui que ce soit. Mais vous, toute la journée, vous êtes resté comme une ombre par dessus toutes mes autres pensées. Même les découvertes de ce matin ! Vous m'avez... Obsédée. » avoua-t-elle avec une honnêteté désarmante, tout en levant sa main libre pour glisser ses doigts dans la fine barbe. Ses yeux brillaient comme si des larmes étaient sur le point de lui échapper alors qu'elle poursuivait avec passion. « Je ne comprends pas, et pourtant je devine ce que c'est. Comment est-ce que ça pourrait me passer alors que j'ai la tête emplie de vous ? Comment pourrais-je minimiser cette partie de mon cœur qui ne gonfle que pour vous ? Est-ce que je suis devenue encore plus folle ? Est-il réellement possible que ça ne soit qu'une passion éphémère ? Pourrais-je jamais me suffire d'un autre que vous-même ? »

L'idée même que ce pusse être le cas la répugnait. Se dressant sur la pointe de ses pieds, Angélique relâcha doucement la main emprisonnée dans la sienne pour la porter à l'encolure entrouverte de Lucian. Bien qu'hésitante et intimidée, la rousse referma ses doigts sur l'étoffe blanche de la chemise et l'attira à elle autant qu'elle se hissa à lui, avec une lenteur presque exagérée. Il lui semblât peu désireux de se soustraire à son emprise, car elle lui laissa le choix de s'écarter d'elle et le temps de la repousser, mais il n'en fit rien. A moins qu'il ne doutât de sa détermination ?

Nonobstant les battements effrénés et assourdissants de son cœur, Angélique posa ses lèvres sur celles de Lucian avec la délicatesse d'une plume en un baiser doux, hésitant, chaste, mais empreint de toutes les émotions qui la traversaient. Le contact brûlant la fit trembler et, sans sa prise sur la nuque ou avait glissé la main sur la mâchoire, elle se fut sans doute avachit sur le sol tant elle se sentait molle, dépourvue de force et de volonté. La jeune fille savourait les notes épicées et sucrées que le vin chaud avait donné à son haleine et à sa peau. Le souffle coupé, sa poitrine lui semblait sur le point d'exploser tandis qu'elle se plaquait davantage à lui sous la force d'émotions nouvelles et inconnues. Les paupières closes, elle se sentait sourire et enivrée.

Que pensait-il d'elle ? A quel point comprenait-il qu'elle n'avait jamais touché d'homme autrement qu'en tant que prêtresse, pour accorder des soins autant physiques que spirituels ? Combien de temps dura cette étreinte ? Elle ne sut le dire. Angélique se trouvait hors du temps et de l'espace, comme transportée en plein rêve. Elle en voulu plus mais un sursaut de conscience la ramena à la raison. Un soupire, autant de contentement que de frustration, lui échappa.

« Le vin m'est peut-être monté à la tête ? Mais j'en avais très envie également. » susurra-t-elle faiblement après d'interminables secondes lorsque le baiser prit fin.

Empourprée au possible, Angélique battit des paupières comme pour effectivement sortir d'un rêve particulièrement agréable, mais ne détourna pas son regard brûlant de celui du Haut-dignitaire. Ses lèvres rougies s'ourlèrent d'un sourire, lequel sembla outrageusement plus intimidé et inquiet que gêné ou même désolé. Elle ne l'était, de toute façon, pas le moins du monde. Elle s'inquiéta d'avoir bien agit, mais cette pensée ne dura guère qu'un fragment de seconde et fut vite écartée, comme la mèche qu'elle balaya de devant son visage.

« Je ne compte pas vous demander pardon. J'ai appris à savourer l'instant présent, et je m'en serais voulue de ne pas avoir profitée de l'occasion. Mais merci de ne pas avoir profité de mes… Emotions. » confia-t-elle en reprenant pied dans la réalité. A contrecœur, Angélique s'écarta finalement de Lucian et poursuivit « J'imagine qu'il va falloir grimper… Escaliers ou échelle ? »

Avec dextérité, sans doute habituée à s'offrir un certain confort une fois à l'abri des regards, la jeune prêtresse coinça un pan de sa robe avec sa ceinture pour la relever d'une quinzaine de centimètres sans avoir à la tenir. Le faire durant la montée de tous ces étages le matin même lui avait amplement suffit ! Une autre qu'elle eut sans doute été gênée de dévoiler une mince bande de peau blanche juste au-dessus de ses chevilles et du haut de ses courtes bottines, mais Angélique n'était pas aussi pudique que bien des jeunes –et moins jeunes– femmes.

« Je suis prête. » Conclu-t-elle d'une voix raffermie, son visage paré d'un sourire neuf, alors qu'elle entrelaçait de nouveaux leurs doigts. « Allons voir cette tour ! »

Angélique sentait son ventre se nouer à ce contact autant qu'à ses propres pensées qui refaisaient surface. « Lorsque ce temps sera venu, voudrez-vous les mêmes choses que moi ? Me verrez-vous de la même manière que moi je vous vois ? » voulait-elle demander alors qu'elle se savait incapable de le formuler. Malgré d'évidentes émotions, c'était donc la tristesse qui prédominait à présent. « Comment pourrait-il en être ainsi ? Vous êtes-vous, et moi, je ne suis que moi. Je n'ai rien que mes rêves, et rien à vous apporter d'autre qu'un hypothétique espoir. Nous évoluons dans des mondes bien différents. » songeait-elle encore. Malgré la déclaration qu'elle avait faite plus tôt, la rouquine espérait presque qui la repoussât, la désabusât... L'empêchât d'entretenir le moindre faux espoir.

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MessageSujet: Re: [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie   [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 EmptyLun 3 Jan 2022 - 6:36
17 Avril 1167.
[Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 Ot2c
Il ne se déroba pas, ne douta pas, ne craignit pas. Pas plus qu’il ne se tempéra. Il se laissa doucement attiré quand les lèvres douces de la toute jeune femme se posèrent sur les siennes, il lui offrit pleinement ce qu’elle venait chercher alors et il en éprouva un agréable, très agréable sentiment qu’il n’avait pas connu depuis des années à vrai dire. C’était une chose agréable à revivre. Une main posée dans son dos pour la soutenir tant il la sentait aussi impliquée que fébrile, il profita jusqu’à la dernière des secondes de sa tendre intensité. Mais jamais il ne se décida à la transformer en passion pure et cet échange, tout inconvenant et réel qu’il soit, ne se teinta pas d’autres chose que cette émotion simple et directe qu’elle ressentait. Ou devait-il admettre, bien que différemment, qu’ils ressentaient.

Quand elle reposa les talons de ses pieds au sol et le libéra de son étreinte, il n’ôta que très lentement sa main comme s’il craignait qu’elle ne s’effondre, qu’il voulu faire encore perdurer cet instant de grâce. Il haussa un sourcil amusé à sa remarque.

- Il serait dommage de s’excuser d’une chose agréable ne crois-tu pas ? Tu n’as pas besoin de me remercier, rappelle-moi juste de racheter de ce vin à l’occasion et nous serons quitte. dit-il d’une manière qui en disait beaucoup sur son avis concernant cet évènement bref mais intense. Echelle bien entendu, sinon cela serait trop simple ! répondit-il finalement serrant à son tour sa main dans la sienne pour l’entrainer à sa suite.

Il ouvrit la petite porte et du s’incliner amplement pour la franchir, sa jeune assistante en devenir à sa suite. La chiche lumière fournit par l’entrebâillement ne laissa pas voire grand-chose des dispositions de la pièce dans laquelle ils entrèrent, mais des ombres étirées et effilées donnait à l’endroit un aspect presque lugubre paré d’étrange reflet de lumière.
Lucian ne semblait que très peu incommodé par cette obscurité presque pleine, mais sembla prendre conscience que pour sa part, Angélique n’y voyait pas plus que dans les tunnels sous le temple, ou peu s’en faut. Il lâcha un instant sa main et après quelques secondes d’un absolu silence pas même perturbé par des bruits de pas, elle put entendre le raclement de la pierre contre le métal sur sa droite. La répétition de celui-ci lui fit comprendre qu’il s’agissait d’une pierre à feu qu’on manipulait.

Encore quelques instants de plus et la lueur orangée d’une bougie inonda la pièce et chassant les ténèbres sur son passage. Les pointes acérées et les reflets inquiétants disparurent au profit de formes bien plus reconnaissable.
« L’atelier » si on pouvait le nommer ainsi, semblait partager en tout point l’art du rangement si particulier du propriétaire qu’Angélique avait déjà pu découvrir en haut du temple dans le bureau du Haut-dignitaire. Seul le contenu variait. Les piles de livres, documents, plus et pots d’encre étaient ici remplacés par des amas de plaques métallique ou de bois, des outils de toutes formes et tailles, et un large établi en lieu et place de bureau. C’est devant celui-ci que se tenait Lucian, ses yeux posés sur elle avec un sourire en eux plus que sur ses lèvres.

- Comme tu t’en doutes, c’est ici que j’ai travaillé sur le système de conduite d’eau, entre autres menu projet pour me divertir l’esprit. Mais la pièce la plus incroyable est là-haut ! dit-il en pointant une solide échelle qui suivait la paroi d’un mur, légèrement inclinée pour facilité l’escalade de ses barreaux. En la suivant on pouvait découvrir que deux autres suivaient les poutre pour atteindre finalement une grosse trappe sur le plafond qui paraissait alors bien lointain malgré son expérience d’immensité de la matinée.

Il l’invita à la précédée sur le premier barreau, sans doute soucieux de s’assurer de sa position avantageuse si elle venait à chuter, bien qu’il ne sembla pas vraiment craindre pour sa dextérité. Peut-être souhaitait-il juste avoir l’occasion d’avoir une vue dégagée sous ses jupons pendant l’escalade ? L’ascension se fit sans heurt, même la précarité de leur position devint plus évidente quand il se hissa avec souplesse au même niveau qu’elle malgré une échelle pas si large pour pousser d’un bras la trappe très lourde qu’elle venait de déverrouiller. A peine cela fut-il fait qu’un froid nocturne et vif s’engouffra dans l’ouverture et agita leur vêtement avec force avant de s’apaiser.
Durant la bourrasque il avait naturellement passé un bras autour d’elle, la gardant en sécurité entre son torse, et l’échelle à laquelle elle se cramponnait.
S’il y avait eu inquiétude à avoir, ce n’est pas sur son visage qu’elle put la trouver, au contraire, une franche espièglerie teintait ses traits quand elle leva les yeux pour l’observer, lui donnant un air presque adolescent. Il lui fit un signe de tête, l’invitant à poursuivre et ils se hissèrent sur le toit.

Une large surface carrée qui permettait de s’apercevoir à quel point l’atelier sous leurs pieds, d’une taille sensiblement équivalente, était encombré. Ici rien ou presque n’occupait la surface. Les créneaux étaient juste assez haut pour lui arriver sous la taille, autant dire que Lucian les dépassait amplement une fois debout. Il ne fut pas difficile pour la jeune de repérer l’objet de leur venue puisqu’il s’agissait du seul élément notable des lieux. Un tuyau de bois, large de deux mains, peut-être deux et demi long d’un peu plus d’un mètre d’une forme octogonale. Le bois semblait vieux mais bien entretenu. Il était posé sur un étrange socle, visiblement bien plus récent, qui évoquait vaguement un trépied qui aurait copulé avec une énorme boussole ou quelque chose du genre.

Même si elle n’avait aucune connaissance fixe dans ce genre de domaine, il ne fut pas trop compliqué pour Angélique de comprendre que les deux anneaux concentriques qui en formaient la base externe permettaient de faire tourner l’ensemble avec précision. Hypothèse renforcée par les graduations régulières qui parcouraient le cercle externe. L’une de ses extrémités pointant le ciel, le « tube » possédait à l’autre une sorte de petit objet métallique courbé comme un coude. En examinant plus attentivement l’objet, elle pu découvrir que sur son dessus, non loin de son extrémité la plus basse et qu’elle avait tout d’abord crut lisse comme toutes les autres faces, était en réalité parcouru de quatre encoche sombre et large d’un pouce au plus. De ces « ouvertures » dépassée des petites poignées d’un bois noir qu’elle ne distingua qu’en s’approchant et qui, elle pouvait le supposer, permettait de faire tourner des éléments inconnus dans le tube. Une petite chaise permettait de se positionner face à la pièce métallique et d’accéder aux poignées.

- J’ai fabriqué le support moi-même, celui qui accompagné l’objet avait pourri au point de ne plus même supporter son poids. Je ne suis pas certain d’avoir tout à fait fait aussi bien, mais je me suis inspiré de ce que j’ai compris de ce qu’il en restait et de vieux dessin d’astrolabe que j’ai trouvé dans les archives, même si j’ai dû adapter ce dernier vu la taille. commença à expliquer Lucian son regard perdu dans la voute céleste comme s’il cherchait quelque chose.

- Si j’ai bien compris, ils appelaient cela un ouranoscope ou quelque chose d’approchant, un « observateur de ciel ». Ah ! La voilà, aide-moi donc à le régler !

La jeune femme pu bientôt s’apercevoir que Lucian n’avait aucun besoin d’aide pour régler l’étrange appareil, mais qu’il profitait de l’occasion pour l’instruire sans y paraître sur le fonctionnement de chaque rouage. Ils le firent pivoter de presque quatre vingt degré et il lui fit découvrir un petit système de réglage, comme une version miniaturisée du socle, juste là où le tube et le trépied se rejoignaient pour un alignement encore plus précis. Régulièrement pendant la manœuvre le haut-dignitaire levait les yeux au ciel et Angélique ne tarda pas à réaliser sur quel point brillant il concentrait son attention et vers lequel ils tournaient l’appareil. Il s’assit par terre et se pencha vers le petit coude de métal et ferma un œil pour poser l’autre devant l’ouverture, un sourire ravi décorant alors son beau visage.
Il prit sa main et sans hésitation l’attira à lui, la faisant s’asseoir sans aucune gêne sur ses jambes croisées.

- Tiens regarde, et dis-moi quand tu les vois ! dit-il l’invitant à faire de même et tendant sa main pour saisir les petites poignées sombre.

Angélique ne vit d’abord qu’un gros point lumineux et flou, vaguement rosé et assez banal il fallait l’admettre. Mais à mesure que son acolyte faisait glisser dans sa fente l’une des poignées, l’image sembla se transformer, devenir plus nette. Les teintes rosées se divisèrent en bandes allant du rose au marron sur une surface sphérique presque parfaite. Encore quelques millimètres de réglage sur la suivante, et ils apparurent. D’immenses anneaux qui entouraient une planète lointaine. Une planète qu’elle ne découvrait pas tout à fait pour en avoir vu une représentation le matin même.



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MessageSujet: Re: [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie   [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 EmptyVen 7 Jan 2022 - 18:48

Contrairement au Haut-dignitaire qui la précédait, Angélique n'eut aucun besoin de se baisser pour passer par la petite porte qui donnait sur un atelier fort sombre, dont elle ne distingua rien d'autres que des formes noires sur fond d'obscurité malgré un coup d'œil circulaire et attentif. Au son qu'il produisait, semblable en tous points à celle d'une pierre à feu qu'on manipule, la jeune fille devina rapidement qu'il ne partageait pas son problème de visibilité –ou tout du moins, pas à la même échelle. Comme dans les profondeurs du Temple, Lucian lui sembla aussi à l'aise qu'un chat dans la nuit noire, ou bien s'accommodait-il bien vite aux endroits sombres. A moins qu'il connût la pièce jusqu'à savoir où poser les mains pour se procurer l'instrument ?

Les yeux bleus et écarquillés, baignés de lueurs orangées, glissèrent brièvement sur le mobilier et les objets qui l'encombraient jusqu'à cet homme des plus curieux, dont elle surprit l'intense regard rouge posé sur elle. Il souriait, sans doute fier et ravi, sans qu'elle ne sût en définir la cause. Était-ce dû à la surprise qu'elle affichait si ostensiblement sur son petit visage ? Ou des secrets qu'il préservait encore, plus surprenants les uns que les autres, qu'il lui dévoilait au compte-goutte comme s'il lui tenait à cœur d'entretenir une quelconque aura mystérieuse ? Quelle qu'en fut la réponse, Angélique devait bien avouer ne pas s'attendre à trouver ici un établi croulant sous des outils et autres matériaux, bien loin des livres et parchemins que la prêtresse lui imaginait manipuler.

« Vous avez de drôles de notion du divertissement. » lui répondit-elle, toute sourire, en empoignant le premier barreau. « Mais pourquoi pas. Je ne vois pas pourquoi je suis aussi étonnée que vous… Bricoliez des choses. C'était pourtant logique… Et ne profitez pas trop d'être en bas ! »

En réalité, Angélique ne se souciait pas le moins du monde d'une quelconque vue qu'elle pût lui offrir sur ses dessous, quelques barreaux au-dessus de lui ; indisciplinée jusqu'au bout, la rousse portait toujours de courtes braies par-dessous ses robes. Elle trouvait cela des plus confortables, et se plaisait à lézarder ainsi en petite tenue une fois à l'abri des regards, dans sa cellule, lorsqu'elle pouvait se défaire de ses robes trop contraignantes.

Parvenue en haut de la tour, bien plus éloignée du sol qu'elle ne l'eut crût, Angélique passa un bras derrière deux barreaux et se percha sur la pointe des pieds pour essayer de soulever la trappe déverrouillée. Mais le panneau de bois semblait des plus lourds, ou peu enclin à bouger, et Lucian dû se hisser contre elle pour l'ouvrir. Loin de la déranger, son imposante présence tout contre son corps et son bras autour de sa taille la rassurait, si bien qu'elle frémit à peine lorsque la bourrasque s'abattit sur elle en lui rappelant un mauvais souvenir de cette matinée même. Mieux encore, un rapide coup d'œil par-dessus son épaule tira un grand sourire ravi à la jeune fille ; Lucian arborait de nouveau l'une de ces expressions qu'elle adorait, espiègle, peut-être même joueuse, qui éclairait son visage et en chassait toute trace de tristesse. Elle s'étonna presque, toutefois, qu'il ne profita pas davantage de leur trop étroite et indécente proximité, alors qu'il l'invitait à poursuivre leur ascension.

L'absence d'hésitation dans ses mouvements, lorsqu'Angélique se hissa par l'ouverture, trahit son habitude d'escalader afin de franchir le moindre obstacle pourvu de quelconques prises. C'était d'ailleurs ainsi qu'elle parvenait, parfois, à s'échapper du Temple –et à en juger les prises aussi bien que les objets laissés à proximité, elle ne devait pas être la seule dans ce cas. Rétablit sur ses deux jambes, quoi que la rouquine observât les silhouettes obscures des manoirs environnants ou bien la clarté du ciel piqueté de points scintillants, ce fut vers le curieux tube qu'elle s'approcha aussitôt. Caressant le bois du bout des doigts, elle analysait l'objet avec une telle minutie qu'elle en gravât presque le moindre détail dans sa mémoire.

« Je ne saurais dire si c'est curieux, intéressant ou impressionnant. » admit-t-elle sur le ton de la confidence alors qu'elle remontait ses manches pour l'aider. « Qu'importe si c'est aussi bien fait ou non, tant que ça fonctionne, et ça n'en reste pas moins un travail remarquable. Et certainement colossal ! Vous êtes définitivement un passionné. »

Quoi qu'il lui demandât son aide, Angélique ne fit, en réalité, que bien de choses en ce sens. Le Haut-dignitaire l'instruisit sur l'instrument, toujours sans que ça ne parût lui demander d'efforts et sans qu'elle n'en eût vraiment l'impression, tandis que son propre regard d'eau naviguait avec enthousiasme des corps célestes aux différents réglages à effectuer. Parfois, elle l'observait à la dérobée, et elle n'aurait sût dire ce qui suscitait cet air ravi qu'il arborait largement. Son visage ainsi baigné par les rayons lunaires lui conférait une autre forme de douceur, et convenait d'autant plus à la définition qu'elle se faisait d'une beauté lunaire.

La rousse était ainsi absorbée lorsque Lucian s'empara de sa main et l'attira sur lui, sans qu'elle n'y comprît quoi que ce fut. Un seul petit hoquet aigu lui échappa avant qu'elle ne se laissât choir, bien peu délicatement, sur les genoux de son hôte et supérieur hiérarchique. Cependant, le feu aux joues et le cœur battant à tout rompre, Angélique se laissa doucement aller jusqu'à ce que son dos reposât contre son large buste, juste avant qu'il ne l'invitât à regarder à son tour dans l'étrange instrument.

« Les connaissez-vous toutes ? » demanda-t-elle alors qu'elle se penchait à son tour sur l'objet, distinguant tout juste une forme floue et lumineuse.

Pour sa part, Angélique n'avait que quelques vagues notions d'astronomie. Pour cause, le sujet était des plus vastes, peut-être même d'avantage que les sujets pratiques qu'elle privilégiait tels que la flore et la médecine. Aussi, si la jeune fille identifiait bien quelques constellations apprises d'une manière ou d'une autre, la plupart n'étaient que le fruit de sa propre invention : ici cela ressemblait à une épée, une couronne de fleur, un poisson, un sapin… En définitive, elle ne reconnaissait avec une certitude absolue que la lune et le soleil.

« Ca y est ! J-je vois quelque chose ! Qu'est-ce que c'est ? Savez-vous ce que sont ces anneaux qui l'entourent ? On dirait… Qu'elle porte une couronne ! »

Tandis qu'elle rigolait à cette image, Angélique détourna son regard vers le ciel afin de comparer ce qu'elle vit à l'intérieur de la lunette. Lorsqu'elle repéra, à nouveau, le point lumineux en question, elle ne put que remarquer combien l'étoile minuscule et éclatante devenait bien visible, splendide, presque imposante, au travers de l'objectif –dont elle ignorait évidemment le nom. Grâce aux lunettes, elle pouvait presque en apercevoir chaque détail, chaque nuance, tant elles grossissaient la planète.

« C'est tellement… Ingénieux ! Comment est-ce que ça fonctionne ? Jusqu'où pouvez-vous voir, avec cet observateur de ciel ? » s'enquit-elle avec un enthousiasme et une curiosité grandissante. « Avez-vous déjà essayé d'observer le Temple ? La cité ? Est-ce possible ? A cette distance, on doit même pouvoir voir votre bureau, non ? »

Cet instrument, pour sûr, aurait intéressé Amaury, songea-t-elle alors que bien d'autres questions jaillissaient dans son esprit à mesure qu'elle en imaginait la portée. Pouvait-il être possible d'observer ainsi jusqu'au Labret ? Sombrebois ? Non, conclut-elle en silence, les arbres sur la route gênaient probablement bien trop la vue pour y parvenir. Parmi tant d'élucubrations produites par son esprit fécond et curieux, une idée nouvelle et, peut-être prometteuse, lui vint subitement. Alors qu'elle prenait appuie sur les cuisses du Haut-dignitaire pour se tourner à demi vers lui, un air des plus sérieux placardé sur son visage et dans son regard clair, Angélique entreprit de la lui partager.

« Avec de tels instruments du haut des remparts, ne serait-il pas possible de prévenir de prochaines attaques de fangeux ? En les voyant de plus loin, ne serait-il pas possible d'alerter les habitants pour qu'ils se mettent à l'abris ? De préparer les miliciens bien avant qu'ils ne soient aux portes de la cité, ou des villages ? » Sa voix tremblait, tant d'excitation que d'appréhension. Toutefois elle se tut, puis se réinstalla pour observer de nouveau la planète. « Non, si c'était si simple et efficace, ça aurait déjà été mis en place. Quelqu'un y aura déjà forcément pensé avant moi. En tous cas, c'est fantastique ! »

Avec un enthousiasme neuf, comme si ces pensées n'étaient déjà plus qu'un très lointain souvenir, Angélique essaya de se souvenir du planétaire qui tournaient lentement dans le secret des entrailles du Temple. Elle ne savait plus exactement où elle se situait, mais il devait y avoir une autre boule, une autre planète visible quelque part plus sur la gauche ! Du moins, si la prêtresse se fiait à leurs placements et déplacements auxquels, se rendit-elle compte aussitôt, elle n'avait accordé que trop peu d'intérêt ce matin même. Où se trouvait elle exactement ?

Les sourcils froncés, la pointe rose de sa langue s'échappant discrètement d'entre ses lèvres, la jeune fille fouillait d'un regard particulièrement étincelant l'immensité du ciel à la recherche d'un indice. Brillait-elle plus ? Etait-elle plus imposante ? Ou bien se trompait-elle ? Mais, parmi toutes les questions possibles, c'en fut une autre qu'Angélique formula, sans crier gare.

« Vous arrive-t-il de passer des soirées, allongé ici à seulement les contempler ? »

La jeune fille frissonna sous le coup d'une souffle d'air plus frais, glissa une mèche rousse derrière une oreille, mais sans jamais montrer une quelconque envie de quitter les jambes du religieux qu'elle trouvait, par ailleurs, bien confortables. Avec un sourire qui dévoilait toutes ses dents, Angélique se tourna tant bien que mal vers Lucian.

« Et vous aviez raison, la vue est sublime. » déclara-t-elle d'une manière qui laissait planer un doute quant à la vue en question, comme il le fit plus tôt.

La rousse laissa s'écouler quelques secondes, à la fois bien trop courtes et affreusement interminables, avant de reporter son regard sur le ciel. De sa main droite, elle pointa ensuite une série de petits points particulièrement éclatants, à l'Est.

« Elles, ce sont mes préférées. Laquelle a votre préférence à vous ?»


Ôkazou:
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MessageSujet: Re: [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie   [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 EmptyDim 9 Jan 2022 - 6:30
17 Avril 1167.
[Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 Ot2c
Une main sur sa taille, le haut-dignitaire semblait plus que ravi de la curiosité et de l’émerveillement provoqué par l’appareil chez la jeune femme. Un écho vivace et honnête de son propre ressenti la première fois qu’il en avait fait l’expérience, il y a si longtemps.

- Regarde ! Il y en a tellement ! Tu crois que d’autres que nous vive là-bas ? avait-il demandé.

- Ce serait bien triste autrement. lui répondit une voix douce et amusée, presque maternelle devant son plaisir évident.

- Espérons que non. Sinon tu voudras encore nous y trainer. enchaina une autre plus autoritaire mais pas dénuée d’humour.

Il avait alors ri, à leur surprise à toutes les deux. Cela n’était par survenu depuis des mois et des mois. Les deux femmes échangèrent un regard pour partager cet étonnement. Mais la voix de Lucian quand il choisit de reprendre la parole fut bien moins joviale que son rire, profondément triste en réalité.

- J’aurais aimé en avoir l’occasion oui. Les revoir un jour me suffirait. Avec quelqu’un qui sache les voir comme je les vois. Oui, elle, elle saura.

Sans rien dire de plus, il avait replongé son œil dans la lunette de l’objet, leur regard posé sur son dos.

- Je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit, une théorie dit que peut-être que c’est une lune comme la nôtre qui aurait fini en tout petit morceaux suite à un choc colossal, et qu’en tournant autour de sa planète, cela aurait formé les disques. Je trouve cela sensé, mais pas pour autant une vérité sans objections. répondit-il à Angélique d’une voix tranquille et amusée très différente de ce douloureux et précieux souvenir.

- C’est un peu le même principe que les bésicles que portes certains des prêtres lors de la lecture. Un savant mélange de cristaux et de verre pour former des loupes. Mais ici elle sont additionnée les unes aux autres et leur alignement s’ajuste pour permettre de voir bien plus loin qu’on ne le pourrait avec une seule d’entre elle.

Avant qu’il puisse répondre à la suite elle se mit à le bombarder de questions à un rythme effréné, son esprit jeune et fertile laissant libre court à son imagination sur des applications pratiques de l’objet. Il en comprenait la raison et s’était d’ailleurs posé certaines de ses questions par lui-même. Il attendit avec un air amusé que le flot se tarisse entre ses lèvres et malgré sa conclusion assez juste, il entreprit de lui répondre, en détail. Il était important qu’elle comprenne les choses avant de les accepter. Vital même.

- Il perd beaucoup de son efficacité en journée, visiblement, il a était pensé pour profiter d’une lumière faible et point trop aveuglante. De plus , si il est vrai qu’il permet de voir à une distance surprenante pour peu qu’on passe du temps à le régler. Il ne peut se soustraire aux mêmes limites que l’œil humain. Il ne voit ni à travers les arbres, ni à travers la brume ou les nuages. Marbrume est entouré de bois marécageux, tout comme le labret ou Sombrebois. Si le royaume était composé de plaines dégagées alors peut-être… mais même en ce cas tu as vu comme moi que pour regarder un seul point, son déplacement et ses mesures sont lentes. Impossible de suivre une chose en mouvement, et le grossissement est tel que de toute façon il finit par être un frein à la perception. Tu verrais parfaitement un arbre mais tu deviendrais incapable de voir la forêt qui l’entoure. Donc sans savoir à l’avance ou regarder comme avec une planète dont l’on peut prédire la trajectoire, il devient bien moins utile qu’une vigie aguerrie. Et en toute honnêteté… nous sommes parfaitement incapable de reproduire les lentilles qui permettent cela. J’ai bien tenté d’apporter l’une d’entre elle qui était brisée à des alchimistes et des fondeurs, mais aucun n’a pu ne serait-ce que s’approcher de cette qualité même dans de plus modestes dimensions. C’est un engin unique en son genre. Dernier survivant d’une époque très différente. dit-il en caressant le bois du tube ainsi que les reins de la jeune femme, perdu qu’il semblait être dans sa réflexion dont elle le tira avec sa question. Ce qui n’arrêta en rien son geste.

- Des soirées et même des nuits ! Plus que je ne devrais sans doute. gloussa-t-il. Mais le spectacle des étoiles est une chose par trop captivante pour lui résister quand on s’y adonne.

Il haussa un sourcil à sa remarque, plus joueur que surpris comme pour lui faire remarquer qu’il notait l’ambiguïté de sa formule et l’audace qui lui avait fallut pour la formuler ainsi. Elle apprenait vite, quel que soit le domaine. Tant mieux. Ils se fixèrent ainsi de bien agréables instants jusqu’à ce qu’elle se détourne pour lui indiquer une série d’étoiles qu’elle dit apprécier plus que le reste. Pour la première fois depuis leur rencontre, il se demanda s’il devait répondre honnêtement à sa question. Cela pourrait-il nuire à la suite ? Lui nuire à elle ?
Mais n’était-ce pas pour cela, en partie qu’il avait décidé de la conduire auprès de lui ? Elle devrait découvrir bien des choses à l’avenir et ce n’est qu’avec un guide comprenant l’importance du moment qu’elle parviendrait à en faire pleinement l’expérience et peut-être même à les surmonter.

Il prit sa main sous la sienne, et dans un geste délicat la tendit vers le ciel en repliant ses doigts à l’exception de l’index qu’il fit glisser sur la voute étoilée avec lenteur, partant de ses favorites pour remonter bien haut dans le firmament. Une étrange impression naquit dans le ventre d’Angélique à cet instant, comme-ci, sans savoir comment ou pourquoi, elle dirigeait avec lui leur mouvement et connaissait leur destination sans pour autant jamais avoir eu l’occasion de le savoir. Un malaise proche du dégout tenta de s’interposer pendant ce cheminement, mais il n’était pas totalement lié à elle, plus comme si une chose ou une personne essayait de la tirer en arrière pour l’empêcher d’avancer malgré l’envie grandissante.

Cette désagréable sensation devint si puissante qu’elle aurait pu hurler et fuir, si le contact chaud de la main de Lucian sur la sienne et sa voix à son oreille ne lui avaient permis de franchir cette barrière irraisonnée. Quand s’était-il mis à parler ? Que disait-il ?
Elle ne pouvait le dire, mais c’était rassurant, protecteur, et lui permettait de se concentrer sur le chemin de leurs doigts qui arrivaient enfin à destination. Une minuscule étoile au milieu d’autres, que rien ne différencier des autres à première vue, mais plus elle l’observait, plus elle semblait briller, jusqu’à mettre en retrait ses consœurs les plus proches, puis celle les plus éloignées, comme si tout le ciel se ternissait, s’assombrissait, pour que seul l’étoile que son doigt indiquait ne brille. Son éclat était rosé à présent, s’étirant dans la noirceur du ciel vers une couleur proche du sang bien que son centre reste d’une pureté blanche absolue. Enfin elle comprit ce que Lucian disait, pourtant les mots eux-mêmes ne semblaient pas avoir le moindre sens, comme s’il lui parlait dans une autre langue. Mais malgré tout elle comprenait.

- Kaderhaeya, l’étoile du changement destiné. Celle qui brille quand le changement approche. parvint-elle à comprendre avant que l’éclat ne l’aveugle pleinement. La dernière chose qu’elle vit avant que les ténèbres ne l’emportent, fut un regard bleu sous un ciel étoilé bien plus vivace que celui de cette cité, et le sang, le rouge du sang.

Elle émergea dans un lit confortable, même si on l’avait un peu trop bordé, surement pour l’empêcher de remuer en tout sens. Une voix douce chantait près d’elle et en tournant la tête, elle put découvrir qu’Alice était assise sur une chaise près du lit dans lequel elle se trouvait et qu’elle finit par reconnaître comme celui de la chambre des invités. Non, sa chambre.

- Vin chaud et air frais n’ont jamais fait très bon ménage Angélique ! lui dit-elle d’une voix bien plus affectueuse et amusée que réellement critique, peut-être juste un soupçon d’inquiètude.
Elle était occupée à brodée sur un cercle ce qui ressemblait à des fleurs tombantes et violettes comme en produisait certains arbres sauvages.

- Je vous ai apporté un peu de tarte et du thé au miel pour vous permettre de vous remettre, mais prenez votre temps, reposez-vous si vous en avez besoin. Il est encore très tôt, ou très tard selon votre nuance favorite. poursuivit-elle détendue.



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AngéliquePrêtresse
Angélique



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MessageSujet: Re: [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie   [Convocation]Vérité silencieuse et mensonge assourdissant. Seconde partie - Page 2 EmptyVen 1 Avr 2022 - 22:05

Une obscurité oppressante l'enveloppait tandis qu'au loin, un unique point rouge brillait. Angélique ne pouvait se débattre, ni simplement bouger ; seule sa tête pouvait tourner, de gauche et de droite, comme pour mieux constater le néant dans lequel elle se faisait aspirer, impuissante. Le simple fait de respirer était en lui-même à la limite du supportable tant sa poitrine semblait prise dans un étau, et la jeune fille se surprit plusieurs fois à hoqueter. Dans ce rêve dépourvu de relief et de saveur, le temps s'étirerait tel le fil de soie d'une araignée, d'une infinie longueur que la rouquine ne pouvait estimer. Fut-ce des minutes, des heures, ou bien des jours qui s'écoulèrent avant qu'enfin ce monotone décors ne souffrit d'infimes variations ? Impossible à dire.

Le disque rouge se mit à étinceler de plus en plus, comme une étoile, sur un fond de noir moucheté de particules blanches et dorées tandis que le curieux astre se munissait d'une paire de prunelles et que des paroles sorties de nulle part résonnait à ses oreilles. Des yeux bleus qui, aussi doucement que l'obscurité prit l'aspect d'un ciel nocturne, devinrent rouges également. Un rouge désormais familier à Angélique, d'un cinabre cerclé d'or dans lequel elle s'absorba avec plaisir alors qu'une curieuse sensation de chaleur l'enveloppait. L'espace d'un instant, bien trop court à son goût, la prêtresse se sentit autant en sécurité qu'entre les bras du Haut Dignitaire de Sérus –pour le peu qu'elle l'avait expérimenté en cette journée. Puis un intense éclat blanc mit fin à cette vision, l'aveuglant tout bonnement, laissant des milliers de points blancs crépiter dans sa tête rendue aussi douloureuse que si elle l'avait précipité à la rencontre d'un mur. Lorsque la vue lui revint, ce n'était plus ces prunelles adorées qui fixaient Angélique mais un regard de sang vide, dépourvu d'âme. Un regard qu'elle ne reconnaissait que trop bien, souvent accompagné d'un râle effroyable. Des larmes gagnèrent la bordure de ses cils avant de se mettre à ruisseler abondamment le long de ses joues, mais uniquement dans ce cauchemar avec lequel son inconscient la tourmentait de nouveau. Dans le monde physique, réel, seuls quelques gémissements et son agitation restreinte par l'entrave des draps et les couvertures trahissaient l'effroi que lui inspirait ce mauvais rêve.

La rousse était sur le point de crier, implorant que tout cela cesse, lorsque de faibles bruits lui parvinrent. Ils l'apaisèrent d'une manière tout à fait inattendue, l'attirant hors du monde des rêves avec la chaleur et la douceur qu'ont les premiers rayons du soleil en caressant son visage. Lorsqu'elle fut enfin en bordure du sommeil, prête à s'éveiller et s'étirer, le son se fit assez distinct pour qu'Angélique perçut enfin les paroles que cette voix pas tout à fait inconnue chatonnait faiblement, lui tirant même un léger sourire.

« Ma pauvre tête » souffla-t-elle en ouvrait faiblement les yeux.

Elle papillonna plusieurs fois avant que sa vue ne s'habituât enfin à la luminosité de la pièce qu'Angélique identifia rapidement comme la chambre d'invité… non, plutôt sa nouvelle chambre ! Dans laquelle elle était arrivée par un mystérieux moyen, car elle ne se souvenait pas être redescendue du toit. Ses orbes clairs se posèrent enfin sur une Alice, tout près d'elle, absorbée à son ouvrage sur un cercle à brodé. La gouvernante ne manifesta aucune surprise apparente, ni dans son expression ni dans sa voix à l'intonation que la jeune fille qualifiait être, une fois encore, de maternelle.

« Je suis désolée » souffla-t-elle piteusement en passant une main sur son front couvert de sueur. « Quelle heure est-il ? Comment… Comment suis-je descendue ? Je ne me souviens de rien… Peu importe ! Merci pour cette délicate attention. »

Angélique savoura quelques instants encore le confort du lit avant de se redresser, laborieusement tant elle était bordée étroitement, pour s'emparer de la tasse d'un thé bienvenu. Elle constata, alors que son visage blême prenait à présent une teinte rose de gêne, qu'on avait retiré sa robe et qu'elle ne portait plus que sa fine chemise blanche de dessous ; sans doute était-ce pour lui permettre de se réchauffer, mais cela n'en demeurait pas moins troublant. Toutefois, un oreiller bien moelleux dans son dos ainsi que la douce chaleur du breuvage entre ses mains puis à l'intérieur de sa gorge chassèrent définitivement cette impression, autant que le regard bestial de ses souvenirs, et achevèrent de la calmer.

« J'ai fait un rêve très étrange. Il y avait une étoile, rouge, qui brillait… » commença-t-elle en croquant délicatement dans la part de tarte. « Cette tarte est un délice, Alice ! Le Père Altan n'exagérait pas. »

Angélique engloutit le dessert sans en perdre une seule miette, poussant un grognement de satisfaction à chaque bouchée, jusqu'à s'en lécher le bout de chaque doigt pour profiter un petit peu plus longtemps de la saveur délicieusement sucrée. Une douce torpeur, qui suit généralement tout bon repas, l'envahit soudainement si bien qu'elle avait de nouveau la tête posée sur son oreiller sans même qu'elle n'eut bu l'entièreté de son thé.

« Elle avait des yeux, bleus, puis rouge. Et elle se mettait à parler… Je crois qu'elle me parlait de changer, mais je ne me souviens plus de ce qui changeait. » Couvrant son visage rouge de gène de ses deux petites mains, elle précisa d'une voix ensommeillée : « Je n'ai jamais été malade… Vous parlez d'un changement. Vous vous moquez de moi... Méchants ! »

Laissant indéterminé les destinataires de ses dernières remarques –qui n'étaient autre que les Trois, ou les Quatre, ou qu'importe leur nombre et leur nom– Angélique laissa échapper un rire des plus enfantins à sa propre plaisanterie, que la fatigue rendait plus amusante à ses yeux qu'elle ne l'était réellement. Ses yeux lourds lui semblèrent alors impossible à maintenir ouverts, et ses bras nus glissèrent négligemment de chaque côté de sa tête. La chaleur du thé, autant que la gêne, avait permis à son teint de retrouver quelques agréables couleurs.

« Je suis désolée… d'avoir gâché cette soirée… » s'excusa-t-elle tandis qu'elle sombrait de nouveau dans une casi inconscience, sans même entendre le léger claquement d'une porte. « Comme si une étoile pouvait parler… »

Un nouvel éclat de rire lui échappa, rapidement suivit par le discret sifflement d'une respiration lente et régulière. Il ne fallut guère de temps avant qu'Angélique, roulée en boule et plongée dans un sommeil lourd, ne défit les draps pour les étreindre entre ses bras à la manière d'un jouet.

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