Marbrume


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 [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."

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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyMer 25 Mai 2022 - 13:33
Le sourire de la baronne était enchanté, flattée d´un compliment qui résonna en elle de bien des manières ; elle n´avait pas toujours été baronne, et une part d´elle peinait toujours à s´y habituer en dépit de tous les travaux entamés par un simple titre possédé depuis tout de même quelques années. La satisfaction rendit plus léger son visage alors que le Comte allait dans le sens de la noble ; jusqu´à même se mettre à égaler les longs débats sans fin que connaissaient certains lettrés. Surprise, Léonice observa l´homme alors qu´il dissertait ; la baronne se demanda si cela lui arrivait d´être écouté. L´homme était emplie d´une envie curieuse de s´exprimer, mais de cette manière qui laissait penser que ses mots ne trouvaient pas toujours oreille attentive. Léonice pouvait se lasser rapidement ; mais son attention ne se déporta jamais au delà de la hauteur des mots employés. Léonice resta là, les mains toujours sur la barrière qui les séparait vaillamment du vide ; ses yeux voguaient des ombres jusqu´au visage plus lumineux du comte, qui finit par s´excuser.

«Allons, sire Gyrès, il faut bien que l´un de nous prétende à compenser les sempiternels débats sur l´amour et l´argent que doivent alimenter les autres convivent. A choisir, je préfère donc votre logorrhée, aussi s'ennuyante serait-elle…»

Les mots étaient presque roulés dans la bouche de Léonice qui les dégustait à l´instar de bonbons. Un bref geste de la main invita l´homme à continuer sur sa lancée ; voilà bien une situation dans laquelle voulait bien se complaire Léonice en tant que noble. Adepte des longues soirées à lire du temps de son domaine avant la Fange, son arrivée à Marbrume n´avait été marquée que par des préoccupations pratiques. Le comte avait beau mépriser l´ensemble des bien-nés, Léonice ne put réprimer un sourire complice en se disant qu´en cet instant, rien ne ressemblait plus à des sang bleu que leur couple sur le balcon. La suite concernait l´alliage commenté de raison comme de passion. Léonice ne sut dire si le Comte faisait exprès d´assembler de tels mot aux vues du titre de sa propre baronnie ; elle décida de simplement profiter du raisonnement, sans mauvais jeu de mots, et de tout ce qui pourrait ainsi découler de telles réflexions. De simple réceptrice, Léonice se prit à remonter l´une de ses mains contre son menton. Il y avait là bien des choses qui sortaient de l´ordinaire, issus de prises de positions spirituelles que la jeune femme découvrait un peu plus. Une position presque anti-systémique sur la monotonie de l´existence et les découvertes à faire dans le monde convenaient à une personne comme Gyrès ; mais à mesure qu´il assemblait ses pensées, qui peut-être jusqu´alors n´avaient aucune ligne directrice en elle, Léonice trouvait quelques bribes et particules d´étonnements dans la voix dans l´homme. L´avancée de ses positions se faisaient désormais physiquement ; le Comte approchait une main jusqu´à frôler celle restée sur le balcon. Le charme opérait, un peu malgré la retenue naturelle de la dame qui se sentait rosir face aux compliments ; pourtant, c´était bien elle qui se trouvait à l´origine d´un tel discours, ayant précédemment montré tout son contentement dans cette rencontre.

«Vos idées dénotent parfois avec ce que l´on attend traditionnellement de plus usuels raisonnements, mais je suis heureuse de voir que nous nous rejoignons en quelques mois.»

Un nouveau sourire, tandis que le brouhaha à l´intérieur leur offrait un intéressant bruit de fond. Le parfait de leur conversation formait une petite bulle que peu de choses pourraient crever en cet instant.

«Je ne saurais être aussi tranchée sur bien des avis, mais je suis ravie de sentir que je ne suis pas la seule à me perdre parfois en réflexions en tout genre. Suis-je une grande chanceuse dans ce monde devenu tout petit ou prenez-vous le temps d´ainsi discuter avec bon nombre ? Je suis curieuse… et plutôt impressionnée de vos idées comme de votre manière de les amener.»








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Gyrès de BoétieComte
Gyrès de Boétie



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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyVen 27 Mai 2022 - 22:59
J’étais touché par l’attention que me portait ainsi la baronne de Raison. Je dois avouer que je ne pouvais plus cacher mon attirance pour elle, la belle Léonice ayant définitivement conquis mon cœur ; car j’étais comme enflammé par un sentiment passionné que je n’avais depuis longtemps plus connu, enseveli jusqu’alors en mon for intérieur, et qui ne demandait qu’à être réveillé. Un sentiment qui m’aurait fait battre des montagnes, rien que pour satisfaire les beaux yeux de ma Dame. J’avais envie de clamer l’Amour, de louer à nouveau la beauté du sexe féminin, de chanter les louanges de l’intellect de l’être humain.

Mais ne m’emballais-je pas trop vite ? Ne serait-ce pas là une réaction précipitée, dû au terrible manque que je connaissais sans le savoir ? Ne ferais-je pas preuve d’une trop grande impétuosité ? Peu m’importait désormais. Me voilà engagé en une conversation enivrante en plaisante compagnie, et je ne serai qu’un imbécile de m’accabler de la sorte d’aussi encombrantes pensées.

« En effet, belle Dame, je n’ai que peu l’habitude d’avoir pareil auditoire. Mais l’audition ne fait pas tout ; s’il n’est pas couplé à un brillant esprit réflectif, il n’y a alors pas discussion, mais enseignement. Et vous rassemblez en vous ces deux merveilleuses qualités, la bonne parole et la bonne écoute, mariage que je ne reconnais qu’à une poignée de gens. »

Derrière nous, les cris intempestifs des autres convives de la soirée venait troubler notre aimable discussion. Mais tous deux n’en avions cure, tant nous étions captivés l’un par l’autre. Scène idyllique, irréelle, que j’aurais souhaitée éternelle. Cependant, l’air se faisait de plus en plus glacial, en ce mois d’avril que l’on sait irrégulier climatologiquement, et j’avais peur que le froid de plus en plus prégnant dans l’air ne mette un terme à notre conversation passionnée.

« Vous faites donc parti d’un cénacle très fermé, peut-être trop fermé. Vous n’êtes point chanceuse ; c’est moi qui le suit d’être ici en votre appréciable compagnie. »

« Pour tout vous dire, je ne peux compter que sur les doigts d’une main les personnes ayant eu pu ainsi m’intriguer par leur esprit. Tout d’abord, ma sœur Anna, vicomtesse de Lautanie, mais dont je n’ai plus de nouvelles depuis la Fange, », terminais-je d’un ton morne, bien loin de l’enthousiasme qui avait porté mes premiers mots.

« Vous savez, repris-je d’un ton plus enjoué, je pense que l’esprit féminin n’a été que trop largement sous-estimé et rabaissée au cours de notre histoire, alors qu’il a pourtant toute sa part dans le génie humain. C’est pourquoi je suis toujours impressionné par les femmes qui, en ce monde d’hommes, montrent que leur esprit brillent tout aussi bien que celui de leurs congénères masculins. Comme vous l’avez démontrée ce soir, faisant fulminer au passage ce triste sire qu’est le baron d’Ocrelac, piètre poète doté d'une honteuse habitude à plagier autrui. »

Contemplant les beaux traits de la baronne, j’eus soudain une terrible pensée à l’esprit : et si, par son impétuosité en cette soirée, la belle s’était attiré de mortels ennemis ? Pour ma part, j’étais protégé du venin des gens qui ne me portaient guère en leur cœur tout d’abord parce que j’étais insignifiant politiquement, et que personne ne se fatiguerait à supprimer un poids mort comme moi-même, mais aussi parce que je bénéficiais de la gracieuse protection du Duc. Chose que n’avait pas la dame de mon cœur ; d’autant plus que sa condition de femme la rendait davantage haïssable encore aux yeux de biens des phallocrates de la Cour ducale. Comment pouvaient ils supporter qu’une femme les humilient ainsi ?

« Néanmoins, ma Dame, pardonnez-moi d’aborder un sujet si grave, mais vu que vous êtes récemment arrivé en ces lieux, peut-être n’avez-vous pas connaissance des conflits politiques agitant cette cité. Si l’envie vous prend d’en gravir les tumultueux échelons, vous devez bien faire attention d’où vous mettez les pieds. Marbrume est un véritable guêpiers, un nid de serpents venimeux. L’on pourrait croire que la fin du monde aurait rendu les hommes plus sages, plus solidaires ; que nenni ! L’on continue de s’entretuer pour des broutilles. Que savez-vous du Duc ? Et des de Sarosse ? »


Dernière édition par Gyrès de Boétie le Lun 30 Mai 2022 - 14:14, édité 2 fois
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyLun 30 Mai 2022 - 11:20
Le comte de Boétie dégageait quelque chose d´agréable, une sorte de reconnaissance spirituelle et intellectuelle qui parvenait à toucher Léonice. La jeune femme ne s´attachait pourtant pas aisément, mais peut-être que la période dans laquelle s´était plongée de force l´humanité la troublait suffisamment pour faire des exceptions. Le ton se rafraichissait, à l´extrême opposé d´une conversation qui ne cessait de rebondir comme une pie au sommet des arbres, entraînant avec elle un enchaînement exalté. Le bleu de son regard se hâtait de plus en plus souvent vers le visage de son interlocuteur tandis qu´il lui répondait. Nulle redondance dans les flatteries du Comte aux allures extravagantes ; Léonice ramenait une main à son coude, seul signe que la fraicheur commençait à atteindre sa peau encore trop peu couverte pour un temps pourtant dénué de nuage.

«Je n´aurais pas l´audace d´oser vous contredire, surtout que je ne suis pas insensible à vos compliments. Je pense néanmoins être d´une meilleure écoute que d´élocution… sauf lorsqu´il s´agit de poésie, bien sûr.»

La phrase de la baronne fut ponctuée d´un petit sourire presque espiègle, chose qu´elle ne réservait qu´en de très rares occasions. Jusqu´où le Comte comptait-il la faire aller sur une pente que tous savaient glissante ? Les réflexions de la rousse ne se perdaient jamais très longtemps que déjà le noble reprenait la main de la conversation. Le sourire incrusté sur les lèvres roses de la jeune femme ne perdait même plus de temps à se dissoudre, éternel témoin du plaisir engendré par l´échange. Seule une dense pluie pourrait couper court à la stimulation apportée par le binome ; Léonice leva la tête vers le ciel qui heureusement, n´était pas couvert, lui assurant encore quelques minutes, voire quelques heures à passer sans qu´on ne la force à rentrer.

« Cela fait en effet très peu,» commenta Léonice en reportant son regard vers Gyrès. «Et je suis navrée pour votre soeur. Mais il y a bien un adage qui prétend que le manque de nouvelle équivaut à ne pas en avoir de mauvaise, ce qui devient un moindre mal.»

Une phrase qui ne réconfortait pas toujours, sauf dans les temps les plus sombres. Léonice, dans son esprit pragmatique et raisonné, en parangon de l´image du nom qu´elle portait, s´énivrait parfois de ce genre de mots. Gyrès possédait une étrange capacité à changer de ton sans que cela ne le froisse plus qu´un morceau de tissu à déplier. L´homme parvint à poser un cadre sur un sujet où Léonice ne savait pas s´il voulait qu´elle réponde, ou s´il voulait se mettre dans une position qu´elle trouverait avantageux pour elle. Sa suspicion s´éleva quelque peu, et sa bouche répondit sur un ton plus léger mais non moins concerné.

« N´est-ce pas un avantage, sire Gyrès ? Si vous êtes impressionné par les femmes qui montrent d´un esprit particulier, vous devez avoir conscience que c´est bien grâce à cette plongée dans les ombres qu´elles en sont capables.»

Léonice ne cherchait pas à reprendre le Comte ; surtout qu´elle possédait une position très particulière en tant que baronne, veuve de surcroit, qui avait du prendre les difficiles charges de son époux. Elle continua, son visage adoucit par un sourire afin de montrer qu´elle n´était pas dans la confrontation.

« Les étoiles ne brillent-elles pas qu´en pleine nuit ?»

Le comte choisit ensuite de parler politique ; sans être déçue, Léonice se demanda par quelles pensées était passé son esprit pour rebondir sur une telle chose. La baronne n´oubliait jamais sa place dans une société qu´elle cotoyait depuis peu, et des jeux qui lui étaient associés. Elle prit la suite pour de la prévenance de la part du Comte, ce qui était admirable pour quelqu´un d´aussi peu investi avec ses pairs. Léonice ne se crispa qu´à la mention des de Sarosse, une affaire survenue peu après sa propre arrivée ; pour ainsi dire, la baronne avait tout de même vécu le vif de l´histoire. Pour la première fois depuis le début de la soirée, une vague hésitation voila son regard ; elle cherchait à jauger le Comte, ses réelles positions, et ce qui changerait dans leur conversation si elle venait à être trop honnête.

« Cette prévention ne tombe pas dans l´oreille d´une sourde, sire Gyrès. Et ce que j´en sais…»

Une seconde, un battement de cils ; Léonice brisa son masque pour toiser, pas plus de quelques instants, le Comte. Quand l´innocence regorgea ses traits, la jeune femme se passa une main dans son épaisse chevelure.
« Le Duc est une personne charitable qui a accepté de nous accueillir, moi et les miens, dans un petit domaine de l´esplanade malgré notre situation catastrophique. Les de Sarosse…»

Etaient probablement plus légitimes que le duc, qui n´était rien d´autre qu´un opportuniste ayant choisi la violence pour arriver à ses fins.

« … avaient pour défaut d´être des opposants.»

Léonice ne pouvait pas ouvertement prendre position, ni clairement dire qu´elle savait un peu trop bien où elle avait mis les pieds. La situation ne changeait pas beaucoup pour une veuve sans enfant dans cette société qui ne lui accordait que de très brèves places. Son sourire remonta sur son visage à l´idée suivante ;

« Je ne nie pas vouloir me fondre dans un nid de vipères, mon cher sire Gyrès, aussi j´espère ne pas trop vous décevoir. Mais comme je le disais un peu plus tôt… je pense posséder les mêmes travers que nos pairs. Mais je ne suis pas pressée ; il s´agit d´une chasse à l´épuisement, et non pas une course rapide. De toute façon, avec ma taille et mes jambes, je n´arriverais jamais première dans ce genre de compétition.»







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Gyrès de BoétieComte
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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyLun 30 Mai 2022 - 22:40
J’avais, par mes propos pourtant dénués de toute malice, suscité la méfiance de la baronne, que je sentais désormais que le qui-vive, cette dernière adoptant une posture défensive, aussi bien dans son langage que dans sa tenue. Malgré ma candeur presque naturelle, je ne pouvais ignorer que tel sujet amènerait forcément mon interlocutrice à peser chacun de ses prochains mots (ce qu’elle ne manqua brillamment pas de faire, parvenant à naviguer habilement sur la voie médiane de la neutralité). Mais je me hâtais de la détromper sur mes intentions, ou sur ma prétendue malignité, afin de faire redescendre le plus rapidement possible la tension qui commençait à poindre.

« Oh, vous savez, ne prenez pas de pincettes avec moi, chère Léonice », dis-je dans un sourire apaisant. « Vous pouvez ouvertement me dire que Sigfroi n’est pour vous rien de plus qu’un insolent bâtard, un opportuniste sans vergogne, un infâme coprolithe, le dernier des coquebert… Je n’en dirais ni n’en soufflerais un mot (d’ailleurs, à qui en parlerais-je ? Je n’ai pas d’amis auprès de qui fanfaronner). Pour preuve, et je vous le dit sans sourciller ni hésiter, notre cher Duc n’est pour moi qu’un patte-pelu, un cossard glandouilleur, un gougnafier sans valeur, un malotru de la pire espèce, bien indigne du titre qu’il porte », pestais-je dans la plus grande insouciance.

Sans surprise, la baronne de Raison se montrait fort étonnée par mes véhéments propos, tentant même de cacher pudiquement un léger sourire narquois derrière l’une de ses mains. Mais elle m’inspirait suffisamment confiance pour que je me livre ainsi à elle ; qu’importe mon imprudence ou ce qu’elle pouvait m’en coûter. Nous étions entre gens honnêtes, entre amis, et, à mon propre étonnement, je plaçais en cet instant la probité de la baronne, dont je ne doutais point, au-dessus de toute autre considération.

« Faites attention, ma Dame, non pas pour vous, mais pour moi : car vous êtes seule témoin de mes dires, et je vous prierai de ne pas les répéter, à moins que vous ne vouliez ardemment me voir écartelé sous les applaudissements de la foule », ponctuais je dans un sourire sarcastique. L’on dit bien des choses sur le Duc, mais s’il est bien un des traits de caractères qu’on lui prête qui ne soit on ne plus véridique, c’est bien qu’il est un tantinet susceptible. J’en sais quelque chose, pour côtoyer notre bien-aimé souverain à l’occasion. »

Face au regard étonné que m’adressa la belle (Par les Trois ! Quels yeux ! Mais quels yeux ! l’on pourrait s’y noyer), je m’empressais de rectifier mes dires, pour éviter toute confusion quant à mon influence réelle, ou quant à ma supposé sympathie pour le Duc.

« Je ne l’ai peut-être pas précisé auparavant en effet, mais il m’arrive d’être sollicité de temps à autre par le pouvoir ducal, [/color] » me rattrapais je habilement. « Apparemment, l’on apprécie mon savoir historique et philosophique, et l'on mime de l'intérêt pour ce que j'ai à dire. L’Histoire ayant toujours quelque chose à nous apprendre, et par conséquent comme l’on en a toujours quelques leçons à en tirer pour le présent, l’on fait parfois appel à moi, humble professeur en mon état. Je ne sais pour quelle raison d’ailleurs, car je n’ai guère l’impression que mes recommandations pèsent un tant soit peu sur la politique local. Je pense que le Duc cherche à honorer le serment d’amitié entre nos deux maisons ; c’est la seule explication que je trouve à cette mascarade sans intérêt. N’allez donc pas croire que j’occupe véritablement une place politique d’importance car j’ai de temps à autre l’oreille du futur Roi, bien que je pense avoir de biens meilleurs idées que celles que produisent les vaniteux conseillers de Sigfroi. »

« Pour moi, accueillir la plupart d’entre nous, ô pauvres sang-bleus qui avons perdu nos domaines et nos richesses, n’est rien de plus qu’une forme de domestication ; Sigfroi n’a agi que par calcul, et non pas par mansuétude ni par clémence. Car nous vivons sous la dépendance matérielle et financière du Duc, qui nous maintient ainsi dans un serment de vassalité inaliénable, là où la grande noblesse des temps passés n’avait que faire du pouvoir central que représentait le monarque de Langres. Le système féodal basé sur l’aristocratie militaire n’est plus ; les seigneurs guerriers ont laissés place aux courtisans et à la noblesse de robe. Nous ne nous battons plus pour des terres, mais pour les honneurs généreusement octroyés par notre gracieux souverain, qui nous tint ainsi un peu plus en laisse. Sigfroi a besoin de l’ancienne noblesse pour légitimer son règne : si tous ceux qui auparavant pliaient le genou devant l’ancien roi de Langres font de même aujourd’hui face au Duc du Morguestanc, c’est que nous reconnaissons explicitement son leadership, et que nous le plaçons au sommet de la hiérarchie nobiliaire, place qu’occupait d’ordinaire le souverain royal. En somme, je pense que le Duc-presque-roi a agi en fin stratège politique en nous ouvrant ainsi ses portes. Car nous prêtons toujours attention aux conventions, même quand l’Apocalypse est sur nous. »

Dans un soupir emprunt de scepticisme et de désabusement, je conclus ma plaidoirie par ces mots :

« Mais je ne pense pas que cette rapide transformation ait constitué un mal ; car, en muant ainsi en société de cour, nous avons adoucit nos mœurs, laissant de côté la sauvagerie guerrière, qui n’a jamais rien produit de fécond pour l’esprit humain. »

Comme tout à l’heure, je remarquais, honteux, que je m’étais laissé aller dans mes propos, et j’eus à nouveau peur d’avoir étouffé la belle aux cheveux flamboyants par mon bavardage verbeux.

« Excusez pareille litanie, ma Dame, je me suis encore laissé emporter par mes réflexions. Je tenais juste à vous mettre en garde face à la puissance ducale. Evitez le plus possible de froisser le maître des lieux, qui n’a de bienveillant que le sourire qu’il abhorre lors des cérémonies nationales. Pour cela, je vous conseillerais de vous tenir le plus possible à distance du Trône. Aussi, faites attention à « l’autre camp » : si les de Sarosse ne sont plus, leurs partisans, eux, n’ont jamais cessé d’exister. S’ils ne clament pas leur allégeance en plein jour, ils sont toujours bien présents. Et voient d’un mauvais œil ceux qui frayent un peu trop, à leur goût, avec la maison des Sylvur. Je dois dire que j’ai de la sympathie pour eux, car j’ai en amitié ceux qui se montrent insoumis au despotisme ; néanmoins, je ne pense guère que remplacer Sigfroi soit, à court terme, une solution. L’on ne combat pas la tyrannie par la tyrannie. Le Duc n’est qu’une incarnation d’un problème plus vaste, qui n’est autre que le système monarchique en lui-même. Supprimer le joueur ne fera pas cesser le jeu.

Si d’aventure l’envie vous prend de gravir les sanguinolentes marches de la renommée – et je ne vous juge pas, car que serait l’humain sans rêves ni ambitions ? – je vous prie, ma mie, de vous montrer plus retors que vos ennemis. Car mon cœur ne pourrait que souffrir et défaillir de votre perte.
»

J’assénais ces derniers mot d’un regard mélancolique et tendre vers la belle, ne cachant plus les sentiments passionnés que j’éprouvais à son égard. Peut-être étaient ils nés vite, trop vite, et peut-être cela n’était il point raisonnable, mais qu’importe la Raison en Amour ?
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Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyMar 31 Mai 2022 - 15:02
La nature décomplexée du Comte pourrait faire croire à une pure insouciance qui lui couterait bien rapidement beaucoup de choses ; pourtant, à chaque fois que Gyrès dérapait, il faisait comprendre à son interlocutrice toute la lucidité de ses propres paroles et des souffrances qu´elles pourraient lui apporter. Gyrès était bien plus intelligent que quelques détracteurs pourraient l´accuser de ne pas être ; un parfait cocktail d´audace et de désintérêt pour les affaires d´un monde. Pourtant, Léonice sentait toute la prévenance de l´homme, toute sa capacité à appréhender les choses avec une particularité qui ne tenait qu´à lui et sa position. Les insultes sur le duc fusaient et, par prudence, Léonice vérifia que personne ne cherchait à les épier. Heureusement pour eux, seule la nuit les berçait de son attention. Toutefoie, Léonice dut bien se montrer surprise par toute cette véhémence ; la jeune femme n´aurait jamais osé, même par jeu, dire autant d´atrocités, mais elle se sentit particulièrement touchée par ce qui semblait être une confidence ; en se comportant ainsi, Gyrès s´assurait un lien intime avec la baronne, ce qu´elle ne put s´empêcher de noter.

« Quand bien même vous voudrais-je du mal que je me retrouverais face à un constat des plus tragiques ; la couleur de mes cheveux est parfois un motif suffisant pour m´écarter des discussions. Ma parole, en tant que veuve, n´en est que moins légitime aux yeux de ce à qui je pourrais quémander des faveurs. Vous me trouverez peut-être pragmatique, mais croyez-moi quand je vous assure qu´avec moi, vos secrets seront éternellement bien gardés.»

Elle était déjà présente lors de l´incident des de Sarosse, aussi Léonice ne devinait que trop bien le caractère despotique de leur gouvernant, pour l´heure. Elle le laissa continuer, car Léonice réalisa qu´elle se sentirait bien malheureuse de couper la parole à son interlocuteur, malgré le froid qui lui glaçait maintenant le sein. De manière imperceptible, elle s´était quelque peu rapprochée, confortée par le naturel de leur échange. Sans vraiment plus y faire attention, Léonice se laissa finalement aller, crédule, peut-être, mais heureuse d´en entendre autant de la part de quelqu´un qui restait peut-être discret sur ses réelles compétences. Sans se l´expliquer, le Comte alliait pourtant tout le pire de la noblesse de Marbrume comme peut-être le meilleur ; il s´écoutait parler sans que cela ne soit dérangeant, faisant en sorte de toujours apporter quelque chose d´unique dans le maniement de ses mots. La tête de la belle fut supportée par un poing, lui-même tenu par un coude posé sur le balcon ; quelques fins hochements de tête agrémentaient de muets commentaires.

« Je crains, cher Gyrès, qu´aucun noble ne soit réellement capable d´agir par mansuétude ou clémence. Ce n´est tout simplement pas dans notre nature ; je ne sais aucunement s´il est pertinent de vouloir y contrevenir ou au contraire, d´en vouloir à ceux qui se vautrent dans leurs torts.»

Léonice n´était pas certaine de rejoindre l´avis du Comte ; ce monde était-il vraiment devenu un monde de cour ? La rousse ne trouverait qu´une probable réponse des années plus tard ; mais pour l´heure, il lui semblait bien que les intrigues primaient souvent moins que la force brute, les empoisonnements et les assassinats.

« Une opinion intéressante, mais peut-être est-il trop tôt, de mon côté, pour en être aussi assurée.»

Elle pencha la tête de côté, dans un sourire doux. En ce qui concernait la sauvagerie guerrière, Léonice pensait qu´au contraire cela permettait de maintenir les hommes en paix, et ce même au travers de la guerre. Elle ne se sentit pas de répondre de cette manière, alors que Gyrès faisait montre d´une tendresse qui toucha la jeune veuve. Cette dernière se vit confrontée, lors d´une dernière tirade, à un dilemme qu´elle ne pensait pas un jour vivre. Il fut si simple de penser à utiliser ce sentiment naissant dans le regard du Comte ; il lui suffirait de se pencher juste assez vers l´homme pour qu´il puisse sentir le parfum de ses cheveux. Léonice pourrait tendre ses doigts fins jusqu´à ceux du Comte, s´assurant une domination spirituelle qu´elle utiliserait à volonté.
Mais la jeune femme se demanda si le Comte méritait un tel traitement. Après un bref soupir, un rire plus sincère que les autres, Léonice se contenta de se redresser, tendant une main vers son interlocuteur dans l´espoir qu´il lui propose son bras.

« Je ne vous cacherai donc pas mon caractère ambitieux, cher Gyrès. Ma discrétion jusqu´alors n´était qu´une forme de neutralité le temps d´en apprendre le plus sur les autres. Je ne compte pas disparaître, ni laisser qui que ce soit me traîner dans la boue. Ni moi, ni ceux qui oseront rester proche dans mon avenir.»

Vérifiant que sa couronne ne bougeait pas du haut de son crâne, Léonice ponctua sa phrase d´un sourire :

«Peut-être devrions-nous jeter un peu de sel sur les plaies déjà ouvertes ce soir, qu´en dites-vous ?»








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Gyrès de BoétieComte
Gyrès de Boétie



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MessageSujet: Re: [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..."   [Terminé] "Mignonne, allons voir si la rose..." - Page 2 EmptyMer 1 Juin 2022 - 20:23
Je me liais ainsi donc à la baronne de Raison par d’intimes confessions, sans témoigner d’inquiétude aucune à l’idée d’exposer des pensées que j’avais jusqu’alors secrètement gardé scellé en mes propres écrits à quelqu’un que je venais tout juste de rencontrer. Je ne savais trop pourquoi, mais il se dégageait en cet instant de la baronne une aura de confiance telle que j’étais prêt à lui partager maintes confidences. Sa mine enjouée et son regard intéressé faisait de moi un homme serein et flatté, qui n’hésitait plus à déballer franchement ce qu’il pensait.

J’étais quelque peu ébahi par ce que la belle me raconta à propos du rejet dont elle était victime dans la haute société, en raison de la couleur cendrée de ses cheveux. J’oubliais parfois que j’étais ici en terre étrangère, aux mœurs et aux coutumes quelque peu… rustiques.

« Mh ! J’oubliais que le Morguestanc est toujours en proie aux superstitions idiotes. Ces traditions arriérés n’ont plus cours dans l’Ouest de Langres, fort heureusement, même si, l’au début du siècle, avouais-je honteusement, l’on brûlait encore les enfants roux dans certains fiefs. Mais viendra l’âge où la Raison vaincra l’obscurantisme et l’ignorance, ma mie, soyez en persuadée. Rejeter ainsi une dame dont l’intelligence seule surpasse la beauté, pour cause de la flamboyance de sa chevelure, n’est qu’une preuve supplémentaire de la bêtise crasse de la prétendue élite marbrumienne. Puisse la psittacose étouffer ces hâbleurs. »

Si je voyais aux expressions faciales de dame Léonice que celle-ci ne partageait guère l’entièreté de mes propos, cela n’attisait que davantage en mon for intérieur mon envie de la connaître complètement. A mon grand dam, je me rendais compte que la baronne était resté au cours de notre conversation bien plus silencieuse que moi, qui n’eut cessé de pérorer. Une fâcheuse habitude que j’ai parfois. J’eus la désagréable sensation de m’être laissé emporter par le flot de mes paroles et d’avoir quelque peu gêné l’expression de mon interlocutrice. Mais le doux visage qui était le sien en ce moment calma instantanément ma détresse ; si elle m’avait trouvé pénible, nulle doute que la belle se serait retirée depuis fort longtemps. Elle n’était visiblement pas du genre à accorder son attention à n’importe qui, et pour n’importe quelle durée.

« Vous savez, très chère, je ne crois guère au caractère essentialisant qui marquerait les individus en fonction de leur rang, de leur caste, de leur sang ou de leur sexe. L’existence précède l’essence, et j’ose croire que, malgré le déterminisme qui nous accable en raison de la nature de notre naissance, nous sommes en mesure d’agir consciencieusement et de faire des choix en accord avec les valeurs universelles qui trônent là-haut dans le ciel. »

Lorsque la baronne de Raison m’avoua clairement l’ambition qui était la sienne, je ne pus cacher le léger pincement au cœur que je ressentis. Pourquoi donc vouloir tout risquer pour le pouvoir, pour la puissance ? N’est-on pas mieux, à profiter de la vie, loin des tracas du grand monde ? Gardons les intrigues et les faits d’armes pour les chansons de geste, avais-je envie de clamer à la face de l’univers. Mais je ne pouvais qu’admirer l’ardeur de ma Dame, et de son refus de rester à jamais enfermée en sa modeste condition de veuve désargentée. Si l’en tant qu’homme je pouvais aisément passer outre l’avis des commérages de mes congénères, ce n’était malheureusement point le cas de ma mie.

La baronne, tout en me souriant, me tendit alors sa main d’un mouvement délicat et gracieux, me proposant de regagner les festivités se déroulant au sein du palais. Touché par ce geste romantique, j’offrais à mon tour mon bras à ma délicieuse amie, qu’elle saisit sans attendre. Ah, si tu savais, lecteur, les émotions qui m’ont traversés en cet instant ! Mes joues rosirent, et je sentis mon cœur battre à tout rompre. Nous délaissions le balcon du domaine, car l’air se faisait désormais glacial, et nous regagnâmes l’intérieur du manoir de Boiscendré, bras dessus bras dessous, d’un pas lent, soignant la prestance de notre arrivée en la grande salle. Nous continuâmes sur la route de discuter et de plaisanter légèrement, comme si nous étions sous état d’ivresse, heureux insouciant déconnectés du monde. La joie qui était mienne me faisait presque oublier que nous nous apprêtions à nous afficher publiquement comme complices aux yeux des convives, acte osé et risqué pour ma Dame. C’était en effet quelque peu dangereux pour la réputation qu’elle cherchait à se forger en ces lieux de se pavaner au bras d’un paria comme moi. Mais celle-ci ne semblait guère s’en soucier. Notre retour dans la salle du banquet ne manqua pas de se faire remarquer, car nous faisions irruption in media res d’une joute oratoire particulièrement endiablé. Les discutant s’invectivaient de noms d’oiseaux tous plus ridicules les uns que les autres, injures savantes emprunt de pédantisme exacerbé. Ainsi fusait de part et d’autre les accusations de « sycophantisme », « d’histrionisme », « d’affabulateurisme »…

« Quel était le sujet initial du débat pour dériver ainsi en dispute ? » demandais-je timidement à l’un des convives.

« Du caractère impie des menstrues féminines, monseigneur. »

« Et quelles sont les thèses soutenues ? »

« Messire Vicérail soutient qu'au moment de leurs mensurations, les femmes ne peuvent se rendre au Temple que les jours impairs du mois, excepté lors de la saison printanière, tandis que messire d’Olonnais pense que cette interdiction ne devrait concerner que les journées pair et le moment de la moisson. »

« Comment en est-on parvenu à déblatérer pareilles inepties ? Comment est-on passé de dissertations philosophiques à des questions théologiques sans importance ? »

« Oh, tout est parti d’une simple discussion sur la place des bigorneaux (met dont raffole le vicomte) dans la classification spirituelle des êtres et des minéraux édictée par l’éminent docteur du Temple Drangleic le Sage, au cours du IXème siècle. »

Moi et ma Dame nous regardâmes d’un air abasourdi, avant d’éclater de rire face à l’absurdité du débat. Le vicomte lui-même semblait s’être endormi sur son siège d’airain, écrasé d’ennui par la torpeur des débats.

Nous asseyant cette fois côte à côte sur la grande tablée, car nombre d’invités avaient déjà quittés les lieux (sûrement en raison de la piètre qualité des discussions), ma Dame et moi continuâmes d’échanger passionnément au cours de la soirée, parlant de tout et de rien, faisant fi du reste des festivités.

Malheureusement, l’heure du départ approchait inexorablement, à mesure que la fatigue me gagnait ; il en était de même pour ma mie, désormais assaillie par le sommeil. Alors que la grande salle finissait de se vider, nous décidâmes de quitter les lieux ensemble, et de nous séparer sur le seuil du palais vicomtal.

Je ne pus cacher la tristesse qui était mienne au moment de cette séparation, tant je souhaitais que la nuitée ne finisse jamais. Hélas, le temps joue contre nos passions, et les Dieux, s’ils existent, se jouent de nous selon leur bon vouloir.

« J’espère vous revoir prochainement, ma Dame ; peut être nous verrons-nous au jour du Couronnement ? », demandais-je, animé par l’espoir.

La baronne acquiesça posément, confiant son envie de me revoir en cette occasion. Une fois que nous eûmes échanger nos adresses respectives (car nous avions failli oublier de nous communiquer information aussi essentielle, tant nous étions pris par nos savantes discussions), nous nous séparâmes, la mort dans l’âme pour ma part.

Chacun des pas que j’effectuais me séparant de ma mie serrait un peu plus mon cœur. Traversant les allées pavés de l’Esplanade, je regagnais ma modeste demeure, tout en regardant au-dessus de moi les étoiles brillant dans l’éther d’un noir de jais, ilots de feu perforant la voute céleste.

Cette soirée fut mémorable à plus d’un titre ; mais quel triste être que l’amoureux transit, abandonné et seul, n’ayant plus que la Lune pour confidente !
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