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 Le passé ne brûle jamais [Margaux]

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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyLun 11 Juil 2022 - 10:38


- "Sale petit rat, t'avais une complice !"

Attachée à une chaise en bois couverte d'échardes, la gifle que se prit l'enfant manqua de l'assommer à nouveau, après le deuxième compère soit reparti en courant après avoir entendu des pas.
L'homme qui la fixait avait des yeux fous, empreints d'un strabisme effrayant dans ces circonstances. L'enfant balbutia un mensonge, fut brutalement interrompue par un couteau qui se fixa sous sa gorge.

Le regard furieux de l'adulte se fit meurtrier, tandis que les bruits à l'étage s'intensifiaient. Margaux serra les dents, presque tétanisée, ferma les yeux sous le souffle chaud et lourd de l'homme sur sa joue, sur son oreille.

- "C'est qui, c'est qui ?! Réponds ou j't'égorge, le rat boiteux !
- Je..."

La porte s'ouvrit à la volée. La voix de la milicienne lui mit les larmes aux yeux, l'interrompit dans son nouveau mensonge.
Brusquement, elle tourna littéralement sur sa chaise, et la prise du sectateur se fit plus forte sur son épaule, jusqu'à lui donner l'impression de la broyer. Elle poussa un petit cri aigu lorsque la lame mal nettoyée lui entama le cou, et que de grosses gouttes de sang se mirent à couler sur sa peau sale.

Mais l'enfant ne parvint pas à prendre la parole. Elle était fermement tenue en otage, et au milieu de sa panique, ce fut son agresseur qui prit la parole d'une voix sèche de mâle acculé, tout en fixant cette fois la jeune femme armée qui venait de faire irruption.

- "J'ai ton espionne, milicienne. Si tu tiens à la vie du p'tit rat, tu vas gentiment lâcher ton épée par terre et toutes tes armes, et nous laisser. J'te la rendrai plus tard si t'es sage !"

Ledit rongeur se sentait presque détaché face à la menace, comme si son esprit décrochait de ce qui se jouait là, sous ses yeux. Comme si la mort n'était pas si proche. Bien loin de penser à son petit frère, elle voyait seulement les deux chandelles à la lueur tremblotante déposées sur un meuble encombré de divers couteaux et de sachets qu'elle avait elle-même livrée ; elle contemplait de ses yeux vides un lit taché de sang, un cercle fait de paille souillée de liquide brunâtre et sec. Les attaches de métal pendouillaient au bout de la mauvaise couche composée d'une simple couverture à même un cadre de lit de bois vermoulu ; les siennes, faites de cuir, étaient aussi scellées à la fameuse chaise qu'elle occupait.

Elle avait fourni de quoi préparer sa propre mort. N'étais-ce pas terriblement ironique ?

Au bord de tourner de l’œil, la petite noble sentit le métal froid du couteau s'enfoncer un peu dans sa peau, la douleur pénétrer jusque dans ses os, la ramenant à la réalité.
Elle n'eut qu'un murmure, que son interlocuteur put sans doute à peine entendre.

- "Dame Claire..."

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Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyMar 12 Juil 2022 - 20:37
- "J'ai ton espionne, milicienne. Si tu tiens à la vie du p'tit rat, tu vas gentiment lâcher ton épée par terre et toutes tes armes, et nous laisser. J'te la rendrai plus tard si t'es sage !"

A ces mots, Clervie crut que son coeur allait arrêter de battre ; mais elle s'efforça de ne surtout rien en montrer. Le couteau avait légèrement entaillé la peau de Margaux, mais pour le moment, elle était indemne. Clervie, bien loin de paniquer, offrit donc à son interlocuteur un sourire sinistre :

- Tu veux l'égorger, là, tout de suite ? Vas-y, ne te gêne pas. Mais ça ne serait pas particulièrement malin ; tes complices sont morts. Je les ai tués. Si tu la tues, tu te prives d'un otage, car alors, qu'est-ce qui me retiendra de faire pareil avec toi ? Je vais t'avouer un petit secret : j'adore enfoncer mon épée dans les tripes des bâtards qui kidnappent les enfants pour les en faire sortir et les pendre avec !

Une fois de plus, son regard de tueuse, alliée à la menace prononcé d'une voix dure et glaciale fit mouche ; déstabilisé, s'étant sans doute figuré que Clervie allait jeter son arme et supplier que l'on épargnât la fillette, le bandit hoqueta d'un ton mal assuré :

- Tu... Tu mens !
- Ah bon ? Alors, le sang sur ma lame, il serait à qui ? Tu es fichu ; le reste de ma coutillerie va débarquer. Ca sent la corde, mon bonhomme ! Sauf si on négocie. Si tu laisses la petite, maintenant, tu as encore le temps de t'enfuir par la fenêtre de l'étage avant que ma coutillerie ne défonce la porte. Une vie pour une vie. Ca te va ?

Clervie vit les yeux de l'homme s'écarquiller d'une réelle peur alors qu'il contemplait la lame de son épée courte encore ensanglantée.

- Pas question ! Je la garde avec moi jusqu'à ce que je sois sorti d'ici, cracha-t-il alors.
- Soit.
- Jette ton arme !
- Hors de question, répliqua Clervie d'un ton vif. Pour que toi, tu tentes de me planter ton couteau dans la gorge ? Mais je vais reculer pour te laisser sortir et tu n'auras rien à craindre, je ne bougerai pas tant que tu tiendras la petite.
- D... d'accord, on fait comme ça, répliqua le bandit qui tremblait.
- Bien...

Clervie sentait la peur lui brûler le ventre, mais un an à la milice lui avait appris à la contrôler. Elle refusait de laisser Margaux mourir. Elle l'avait dit ; elle périrait elle-même avant de laisser quiconque lui faire du mal. L'homme marchait à présent à reculons, cherchant visiblement à garder un oeil sur la milicienne. Sauf que brusquement, on entendit des pas précipités qui dévalaient les marches.
Clervie se plaqua une main devant la bouche. Le bandit qu'elle avait assomé s'était réveillé ! Il entra en trombes, son complice hurla de rire :

- Voilà qui change tout, hein, la putain ? Content de te voir Jehan !

Le dénommé Jehan se ruait déjà sur Clervie. Elle n'eut pas le temps de lever son épée ; il lui décrocha un direct à la mâchoire qui la projeta au sol.

- Cette sale petite gourgangine m'a assomée et a occis Julot, cracha-t-il avec hargne. Il est en train de s'vider d'son sang à l'étage !
- Qu... elle mentait pas alors la salope, répliqua l'homme au strabisme qui tenait toujours Margaux. Attache cette traînée ! Et toi, la petite garce, si tu fais le moindre mouvement, j'la tue, compris ?

C'était de mal en pis. Clervie réalisa la terrible erreur qu'elle avait faite. Elle aurait dû tuer cette ordure. Pourquoi ne l'avait-elle pas fait ? Maintenant, Margaux allait se faire torturer et tuer à cause d'elle...
Une larme brûlante roula sur sa joue. Rikni, je t'en supplie, aide-moi...
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyMer 13 Juil 2022 - 20:22


La situation semblait empirer de minute en minute. Si Margaux avait pu croire, l’espoir d’un instant, que le sectateur allait la libérer de son emprise, elle ne put s’empêcher de pousser un petit cri d’effroi, tandis que le deuxième compère se précipitait dans la pièce, que son agresseur pavoisait à nouveau.
Et lorsque son compagnon projeta la milicienne au sol, ce qui sembla assommer à moitié cette dernière, l’enfant connut une seconde de désespoir.

Le gang allait apprendre qu’elle avait aidé une milicienne. Ils la laisseraient à ces tarés, et pendant qu’ils la sacrifieraient, son petit frère… Louis… que deviendrait-il ?

Elle déglutit. Penser à lui lui redonnait toujours du courage, et de la volonté. Elle n’avait pas le choix, il fallait agir. Déjà, l’homme essayait de la traîner en direction du lit, et elle lui marcha résolument sur le pied, avec toute sa force. Il glapit de douleur, lui mit une gifle qui la fit voir flou - mais il avait éloigné le couteau de sa gorge, dans son geste vif. En profitant de la confusion, elle se jeta sur lui, pour le mordre au poignet de toute la force de ses petites dents aiguës, souriant férocement alors qu’il se mettait à hurler, en lâchant son couteau à terre.

Son comparse se rua sur elle. A deux, ils la firent facilement tomber à terre, tentant de maîtriser le petit démon qui se débattait de plus belle, lorsqu’un hurlement lui échappa.

- « Hein, ça t’calme, d’te faire saigner ?! »

Son avant-bras gauche semblait irradier de souffrance sous la longueur de couteau qui venait d’en zébrer la peau dorée par le soleil, et elle gémit sourdement, alors que la tête lui tournait. Elle ne pouvait plus empêcher son ravisseur de l’emporter vers la couche sale, entrevoyant seulement la milicienne redressée de toute sa hauteur.

Ce fut comme un déclic, à peine conscient. Margaux recommença brusquement à se débattre, à hurler ; et dans sa détermination à mieux faire diversion, se précipita vers les petits sacs de chanvre en poudre, en se lançant littéralement dessus, qu’elle essaya de lancer en direction, maladroitement, des deux hommes. La poussière verte se répandit comme un nuage dans la pièce. L’enfant éternua, eut le temps de cracher, à moitié étouffée ; eut presque un sourire en voyant son adversaire dans le même état. Mais il devint tout rouge, ivre de colère, lui saisit les mains pour les lui tordre derrière le dos, en poussant un rugissement sourd de rage incontrôlée.

Et la gamine s’écroula, vaincue, alors qu’un dernier coup à la tête l’envoyait à nouveau dans les limbes, les yeux écarlates et à moitié droguée.


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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyVen 15 Juil 2022 - 19:07
A moitié assomée, Clervie avala avec difficulté sa salive, qui avait à présent un goût âcre de rouille ; le coup lui avait fait se mordre la langue. La douleur affluait d'ailleurs par pulsations dans sa bouche et elle eut une légère nausée. Elle redressa la tête pour assister à un spectacle halllucinant ; la petite Margaux se débattait tant bien que mal et était parvenue à mettre presque hors combat l'un des bandits avec un courage digne des plus grands chevaliers ! Sans perdre une seule seconde, la milicienne se redressa et plongea la main dans son corset afin d'en retirer la dague si salvatrice qu'elle y dissimulait toujours. Pendant ce temps, l'un des bandits rattrapait la fillette, décidé à la maîtriser. Son comparse s'apprêtait à l'aider quand il se mit à éternuer, à son tour perturbé par le nuage de poussière verte qui volait dans la pièce. Ce fut le dernier son qu'il poussa ; ivre de rage, la milicienne jaillit face à lui pour lui plonger sa dague dans le sternum. Il s'écroula, mort sur le coup. Mais le second venait de ramasser son couteau et Clervie vit avec horreur Margaux étendu au sol, inconsciente...

- Je vais m'occuper de toi, maintenant, sale petite pute ! cracha-t-il.

Clervie aurait pu tirer son épée, mais il lui fallait au moins un de ces fumiers vivants. Aussi, lorsqu'il se rua sur elle, la lame du couteau levé, se remémora-t-elle plutôt les leçons du sergent instructeur à la caserne, lorsqu'elle était dans le même groupe d'entraînement que Noah Nouet ; elle intercepta le poignet du bandit, le tordit avant de le déséquilibrer, dans une manoeuvre de désarmement parfaite. L'instant suivant, déjà à moitié abruti par la drogue, il s'écroulait, face contre terre. Clervie lui lia les mains sans attendre.

- Tu es bon pour la corde, sale vermine,
grogna-t-elle. Oser t'en prendre ainsi à des enfants innocents...

Par les Trois, elle mourrait d'envie de le saigner comme un goret ! Au lieu de cela, elle l'attacha sur le lit où il comptait mettre Margaux. Personne n'irait le sauver et cela lui laisserait le temps d'alerter du monde. En attendant, elle se rua vers la fillette inaminée.

- Margaux !

Le coeur déchiré par l'angoisse, Clervie posa deux doigts sur le cou blessé de la petite fille et une immense vague de soulagement l'envahit lorsqu'elle sentit la petite pulsation trahissant la vie sur le côté de la trachée. Elle passa une main dans les cheveux de la petite, les larmes aux yeux.

- Ma pauvre petite... Je n'ai pas été très efficace, sur ce coup-ci. Mais je vais t'emmener au temple et ils s'occuperont de toi. Tu as été tellement courageuse... Tiens bon encore un peu.

Elle se rua à l'étage pour récupérer les effroyables documents sur les mixtures que préparait l'un des bandits. Et découvrit des instructions signées par d'étranges initiales : G de V...

Blancfer avait raison, on dirait... l'homme au masque de jade est probablement un noble...
Elle s'approcha du pourri qui était toujours étendu sur le lit :

- Hey ! Bâtard ! Qui est G de V ?

- J'sais pas d'quoi tu parles, répliqua le bandit aussitôt.
- Le gaillard qui porte un masque vert quand il vous amène les enfants. Quel est son nom ?
- Pff, tu crois qu'je le sais ? C'était Jehan qui avait tous les contacts avec lui, pas moi !
- Les parchemins étaient à lui ?
- Ouais ! Y'avait que lui qui savait lire parmi nous trois ! Alors G de V, je sais pas qui c'est, tu peux me torturer tant qu'tu veux, je sais vraiment pas !

Clervie savait qu'il disait la vérité, n'était-ce que par son phrasé, qui trahissait clairement son appartenance à la populace. Bon sang. Elle avait tué le seul des trois bandits qui aurait pu vraiment répondre à toutes ses questions. Elle n'avait plus rien à faire ici. Elle retourna donc près de Margaux, et la souleva dans ses bras. Par les Trois, la petite était si légère...
Elle sortit de la maison, la mort dans l'âme d'avoir mis en danger cette petite innocente et héla une pauvre femme :

- Allez cherchez la milice ! Il y a un homme très dangereux dans cette maison, il faut l'arrêter ! Il a blessé cette enfant !
- Ou... oui, M'dame tout de suite !

Fort heureusement, la patrouille la plus proche ne tarda pas à arriver et Clervie les laissa s'occuper du maroufle pour aller porter la petite Margaux au dispensaire. Elle irait remettre la documentation à son coutilier plus tard.


Les guérisseurs bandèrent la tête de l'enfant avec beaucoup de précaution avant de l'étendre sur une couchette.

- Il va falloir la garder en observation jusqu'à demain, déclara Mère Inès, une femme d'une soixantaine d'années à l'allure sévère. Le coup ne semble pas plus dangereux que cela, mais sait-on jamais. Vous dîtes qu'elle a inhalé des herbes toxiques ?
- Apparemment, oui, dit Clervie.
- Soit. Restez auprès d'elle jusqu'à ce qu'elle se réveille.

Clervie voulut protester qu'elle avait un rapport à aller faire à son coutillier, mais poussa finalement un soupir. Margaux n'allait pas tarder à reprendre connaissance et la jeune femme ne voulait pas la voir se réveiller seule dans ce dispensaire si sombre... Les enfants avaient souvent peur du noir. Elle sourit en regardant l'enfant dormir si paisiblement. Si elle avait pu avoir une petite soeur, elle aurait aimé qu'elle fût comme Margaux.
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptySam 16 Juil 2022 - 19:16


Margaux ressentit la souffrance bien avant d’ouvrir les yeux.
Une main énorme sembler presser son crâne, de plus en plus fort, avant de relâcher brièvement son emprise ; mais ce fut surtout la brusque nausée qui remonta le long de son estomac qui la força à essayer de se redresser, en gémissant doucement.

Les mains crispées, la respiration malaisée, elle ne pouvait s’empêcher de trembler comme un chaton qui venait de naître, tandis qu’elle regardait, plus lentement, autour d’elle. Tout dansait devant ses yeux troubles et douloureux, et sans rien reconnaître autour d’elle, la gamine sentait la panique refluer, s’emparer de tout son corps éreinté.
Elle s'obligea à se redresser, très droit, la respiration erratique, se mit à tousser très fort, profondément, sans s'apercevoir que des glaires verdâtres maculaient désormais la mince couverture qui la recouvrait ; finit par rencontrer le doux visage de la milicienne. Dame Claire était là ! Petit à petit, l'enfant se calma un peu, bien qu'elle continuât de se frotter ses yeux gonflés et écarlates.

Son souffle s'apaisa un peu. Si sa compagne se trouvait là, alors, sans doute devait-elle se trouver en sécurité ? Il lui fallut plusieurs minutes supplémentaires pour bien comprendre où elle se trouvait ; et elle reprit finalement la parole, en se grattant le crâne d'un geste machinal.

- "On est ... au Temple...?"

La prêtresse qui entra dans la pièce pour se saisir d'un panier au-dessus d'une armoire, et qui repartit aussitôt sans un mot lui donna la réponse finale, et elle tapota timidement le bandage qui ceignait sa chevelure aux reflets d'incendie.

- "Dame Claire. J'dois rentrer. Qu'est-ce qui... s'est passé ?"

Elle avait du mal à se souvenir, à reconstituer la scène. Elle se souvenait être entrée dans la maison du méchant au masque vert, le monstre qui sacrifiait des enfants ; mais c'était à peu près tout. L'enfant avait d'ailleurs de la peine à rassembler ses idées, tant son mal de crâne annihilait ses pensées.
Sa voix était pâteuse, suraiguë et moins claire qu'à l'ordinaire - mais elle allait mieux. Tout irait bientôt mieux.

- "Tu vas bien ? On .. s'est battu, c'est vrai ? Cela me revient... vaguement."

La noble déchue lui prit la main avec douceur, la tapota sans même y penser. La serra plus tendrement. Oh oui, dame Claire était une femme bien. Une chose était sûre, c'était qu'elle lui avait sûrement sauvé la vie. D'ordinaire, les miliciens lui faisaient peur, mais celle-ci était différente. Et la gamine n'était pas très pressée de la quitter, quand bien même elle devait partir pour rejoindre la taverne et le gang.
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyDim 17 Juil 2022 - 0:03
Margaux reprit finalement connaissance, toussant et crachotant. Clervie eut la confirmation qu'elle avait inhalé une bonne quantité de poudre et qu'elle était maintenant en train de s'en débarrasser. Plutôt bon signe. La sentant angoissée, Clervie s'empressa de la rassurer :

- Tout va bien Margaux. C'est fini. Nous sommes au temple. Tu es en sécurité.

"On est ... au Temple...?"

Clervie confirma d'un signe de tête, alors que la petite demandait des précisions. La milicienne les lui donna aussitôt.

- Oui, on s'est battu, Margaux. Et on s'est même bien battu. Grâce à toi, deux d'entre eux sont morts, le troisième sera jugé et pendu demain.


Elle sourit, tout en caressant délicatement la joue de la petite fille:

- Tu as été très courageuse. Tu ferais une bonne milicienne, ajouta-t-elle d'un ton taquin. Mais pour l'heure, il faut te reposer. Tu as dit que tu devais rentrer ? Est-ce que tu souhaites que l'on fasse prévenir quelqu'un ?

Il lui semblait que la petite était orpheline, mais peut-être quelqu'un veillait-il sur elle. Dans tous les cas, la jeune femme ne l'oublierait pas. Margaux lui inspirait instinctivement une profonde tendresse et elle savait qu'elle ferait tout ce qu'elle pourrait pour cette courageuse enfant à la si jolie chevelure rousse. Le brave coeur de la féroce Corbac venait de se faire conquérir d'une façon qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion d'éprouver. L'on encensait tant l'amour entre un homme et une femme, que l'on en oubliait parfois les autres types d'attachement qui existaient ; et celui qui peut unir un adulte à un enfant à qui il décide d'offrir sa protection est d'une puissance sans aucune mesure comparable. Clervie, qui avait renoncé au mariage jusqu'à nouvel ordre, pensait également renoncer à la maternité. Aussi ne pouvait-elle point encore réaliser ces sentiments naissants à l'égard de cette fillette. Elle savait juste que rester près d'elle avait été la meilleure décision qu'elle avait prise de la journée et qu'elle ne retournerait pas à la caserne sans s'être assurée que tout irait bien pour la petite. Elle se retenait tout juste pour ne pas la serrer contre elle, la cacher dans ses bras, la recroqueviller sur sa poitrine, lui offrir un carcan protecteur contre le monde entier. Elle aurait tant voulu pouvoir s'assurer que la petite aurait encore à manger demain, qu'elle n'aurait plus froid, plus peur ; l'idée que son calvaire pût recommencer lui fendait le coeur. Mais que faire ? Si quelqu'un s'occupait d'elle, elle n'avait pas le droit de s'en mêler ; mais son instinct lui disait que Margaux n'était pas entourée de personnes aimantes...
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyVen 22 Juil 2022 - 1:21


Margaux fixa son interlocutrice de ses yeux rougis et irrités. L'idée de devenir milicienne lui traversa l'esprit, durant quelques secondes : Bien qu'elle se trouvait allongée dans un lit après sa tentative de bagarre contre deux adultes, elle devait avouer, si elle était honnête, qu'elle avait aimé tenter au moins de se défendre. Cela faisait de si longs mois qu'elle avalait les humiliations que lui faisait subir le gang qui retenait son frère, de si longues saisons qu'elle se trouvait corvéable, taillable à merci par ces hommes qu'elle haïssait de tout son cœur ; et pour une fois, elle s'était défendue, comme un chien enragé pour son os.

Et elle devait avouer que cela lui faisait du bien. C'était presque comme reprendre un contrôle qu'on lui avait arraché de force, et elle se fit la réflexion fortuite qu'elle aurait aimé en faire plus, même si son père n'aurait pas approuvé de la voir une arme à la main de son vivant.

Cependant, il fallait se résigner. Louis était toujours prisonnier. Rien n'avait changé, si ce n'était qu'elle avait contribué, en collaboration avec une milicienne, à l'élimination d'un des clients du gang - et que si cela se savait, elle était bonne pour se faire tabasser... voir pire. Elle songea à son genou, baissa la tête, en fuyant le regard de Clervie.

Elle n'était en sécurité nul part. Pire, même, il fallait repartir au plus vite, car ils poseraient des questions, et le Sanglier n'était guère patient.

- "Ne préviens personne, surtout pas. Ne dis rien à mon propos. Je... je ne suis qu'un fantôme."

Une chape de tristesse et d'angoisse sembla étreindre sa poitrine inexistante, et l'enfant sentit sa volonté flancher. La barrière qui retenait ses émotions menaçait d'exploser, et elle fut bien aise, tandis qu'une prêtresse faisait irruption dans la chambre, entraina la milicienne au dehors, dans le couloir, en offrant un sourire rassurant à l'enfant.

En réalité, la sainte femme était préoccupée. On lui avait rapporté les blessures de la petite fille, et surtout l'horrible injure faite à son genou. Bien qu'elle ne se mêlait guère d'ordinaire des histoire familiales des petiots qu'on leur ramenait, elle désirait ardemment s'entretenir avec la milicienne, que la femme charitable prenait pour sa mère.
Ce fut ainsi que pendant que Margaux se levait tant bien que mal et évaluait la distance qu'il lui faudrait pour sauter de cette fenêtre du rez-de-chaussée jusqu'à la rue, Mère Clothilde prenait la parole d'une voix sèche.

- "Dame, Mère Inès m'a rapporté l'état du genou de la jeune Margaux, et je voudrais savoir comment elle a été faite. Cette petite fille a été rendue infirme et je voudrais savoir pour quelle faute pareil châtiment lui a été réservé. Je ne bougerai pas d'ici sans que vous vous soyez rendue compte que vous pouvez la tuer en la traitant ainsi. Les enfants sont plus fragiles qu'on ne le pense, et je vois bien que vous n'êtes pas dans la misère. Si nous voulons survivre en tant qu'humains, nous devons essayer d'éviter leur mort autant que possible."

La religieuse se plaça entre Clervie et la porte, d'un air déterminé et pleinement accusateur ; tandis que la noble déchue aux cheveux de feu se saisissait d'une plume et la trempait dans l'encre, la peur au ventre de voir revenir Dame Claire avant qu'elle en ait terminé.
Ce fut pourquoi son écriture fut un peu tremblante et extrêmement précipitée, qu'elle jeta presque sa petite lettre sur le lit, sans même se préoccuper de fermer l'encrier ;puis qu'elle se sauva, sans hésiter, en laissant la porte ouverte.


Lettre de Margaux a écrit:


Chère Dame Claire,

N'oubliez jamais la justice, et honorez les Trois comme vous le faites déjà. Vous n'y êtes pour rien dans cet incendie. Peut-être qu'il n'a pas été accidentel. Peut-être qu'il n'y avait que deux adultes morts, et que deux enfants manquaient à l'appel. Peut-être que le Sergent de Piana, et son épouse, ne sont pas morts à cause des flammes. Je ne peux vous en dire plus, mais j'espère que cela vous fera du bien. Je suis un fantôme, mais je vous fais confiance pour découvrir la vérité. Trainez les coupables à la potence, même si je dois aussi y mourir aussi. Ne trainez pas au Goulot en uniforme.

Que les Trois vous bénissent,
Margaux de.
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MessageSujet: Re: Le passé ne brûle jamais [Margaux]   Le passé ne brûle jamais [Margaux] - Page 2 EmptyJeu 28 Juil 2022 - 20:32
A ces mots, Clervie sentit presque des larmes lui monter aux yeux. La pauvre enfant n'avait donc absolument personne pour veiller sur elle ? Hélas, elle ne pouvait assumer la charge d'un enfant. D'autant plus qu'elle risquait sa vie tous les jours. Elle se jura de trouver une solution pour elle tôt ou tard. Elle demanderait à Rosaline, qui connaissait beaucoup de monde. Après tout, bien des gens à Marbrume rêvaient d'avoir des enfants et Serus ne donnait pas toujours suite à leurs prières ; sans doute y avait-il à Bourg-Levant une brave femme qui serait enchantée de s'occuper de la petite...
Alors qu'elle méditait sur le sort de la petite fille, une prêtresse fit irruption dans la chambre et demanda à parler à Clervie en privé. La milicienne la suivit.

- "Dame, Mère Inès m'a rapporté l'état du genou de la jeune Margaux, et je voudrais savoir comment elle a été faite. Cette petite fille a été rendue infirme et je voudrais savoir pour quelle faute pareil châtiment lui a été réservé. Je ne bougerai pas d'ici sans que vous vous soyez rendue compte que vous pouvez la tuer en la traitant ainsi. Les enfants sont plus fragiles qu'on ne le pense, et je vois bien que vous n'êtes pas dans la misère. Si nous voulons survivre en tant qu'humains, nous devons essayer d'éviter leur mort autant que possible."

A ces mots, Clervie se sentit si offusquée qu'elle en manqua de s'étrangler. Elle ne put d'ailleurs se retenir :

- Je vois que le clergé est toujours aussi prompt à juger autrui et à se tromper de coupable, ma Mère, lâcha-t-elle en fusillant la prêtresse du regard, de telle manière que celle-ci faillit se ratatiner. Je n'ai point la chance d'être la mère de cette enfant, et croyez bien que si je l'étais, je préfèrerais me couper une main plutôt que de la voir malmenée comme voilà ! Ces blessures sont l'oeuvre d'infâmes bandits dont je l'ai sauvée dans le cadre de mon travail de milicienne et quant à son genou, je n'en connais pas plus la raison que vous, mais j'ai de bonnes raisons de penser que ce n'est pas la première fois que la petite a des ennuis avec des gangs ! Si vous voulez vraiment vous montrer charitable, ma bonne dame, savez-vous ce que vous devriez faire ? La prendre comme apprentie au temple. La petite s'exprime bien et sait lire, figurez-vous. Avant d'être orpheline, peut-être a-t-elle été élevée chez des nobles ou des bourgeois. Voilà là votre devoir si vous voulez faire votre bonne action du jour !

Par Rikni, elle était ulcérée. La prêtresse était devenue blême en entendant son récit. Aussi finit-elle par bégayer :

- Je... Oui, bien. Vous avez raison, nous... pouvons peut-être la prendre sous notre protection.
- Vous allez le faire, ordonna Clervie d'un ton tranchant. Si vous le souhaitez, je vous fais un don maintenant et je donnerai de temps à autre deux pistoles pour la pension de la fillette. Je ne veux plus la voir dans la rue et la prendre à mendier. C'est bien entendu ?
- Ce n'est pas si simple, nous devons en parler avec un prêtre responsable...
- Soit, j'irai demander un entretien avec un prêtre responsable ! Maintenant, j'ai un rapport à faire à mon coutillier, mais avant cela, je tiens à dire au revoir à ma petite Margaux. Ai-je votre permission ?
- Ou... oui bien sûr, baffouilla la mère Clothilde en rougissant. Je... vous prie de m'excuser...
- Je ne veux point de vos excuses, je veux voir Margaux heureuse et en bonne santé, répliqua la Corbac. C'est la seule chose qui m'importe !

Elle se dirigea vers la chambre de la fillette d'un pas rapide, laissant la prêtresse subjuguée. Malgré la façon dont Clervie lui avait répondu, elle finit par esquisser un sourire. L'orpheline était chanceuse. Tant d'enfants n'avaient pas le bonheur d'être ainsi aimés...

Malheureusement, en revenant dans la pièce, elle ne put que constater que la petite s'était évanouie dans la nature... En lui laissant une lettre. Une lettre dont elle ne tarda pas à comprendre le message sous-jacent.

Ses manières... Le fait qu'elle sache lire et broder... Margaux serait... ?


Elle n'avait aucune preuve que ce fût bien de cela qu'il s'agît, mais néanmoins, Clervie se promit de mener son enquête. Et si la petite se révélait être de sang noble, la jeune femme savait à qui demander de l'aide pour la sortir de la rue.
Mais cela n'allait pas être pour tout de suite...
Margaux a peur et est en danger, réalisa-t-elle. C'est pour cela qu'elle s'est enfuie. Craint-elle d'être recherchée par ceux qui ont assassiné le Sergent de Piana, si ce qu'elle me raconte dans cette lettre est vrai ?

Quelle ironie du sort. La fillette se faisait passer pour morte. Exactement comme elle avait été obligée de le faire. Au moins, Clervie pourrait l'aider. Mais cela allait devoir attendre ; le soir n'allait plus tarder à tomber et elle devait faire un rapport à son coutilier.
Aussi reprit-elle rapidement le chemin vers la Caserne.

Blancfer ne manqua pas de féliciter la jeune femme, pour cette fois :

- Bravo Corbac ! Grâce à toi, on a pu anihiler toute une branche de trafic d'herbes narcotiques. Les bâtards avaient des complices dans le port, les gus de la Coutillerie de Bertand Noiraud viennent de les choper !
- Mais pas d'information sur G de V ?
- Non. Personne n'a lâché un quelconque nom à propos d'un gus avec ces initiales. Mais de toute façon, c'qui concerne les bleus et les bourgeois, je t'ai déjà dit, on s'en occupe pas. C'est à la milice intérieure de le faire et aux officiers. Vu ?
- Vu, soupira Clervie. Bien entendu, elle n'obéirait pas, mais cela, son coutilier n'était pas obligé de le savoir.
- T'as vraiment fait du bon boulot, Corbac, répéta le coutilier. Continue comme ça et on pourra finir par considérer que t'as p'têt ta place ici tout compte fait.
- A votre service, Coutilier Blancfer, répondit Clervie avec un signe de tête.
- Tu peux disposer.

Une fois dehors, Clervie croisa Julius :

- On va se boire une pinte, Corbac ? J'ai entendu que t'avais encore fait des tiennes ?
- Je vais tout te raconter avec plaisir, répondit joyeusement la jeune femme.

Mais un part d'elle était ailleurs. Elle pensait à Margaux et était terriblement inquiète. Où était-elle en ce moment ? Etait-elle seulement en sécurité ? Clervie était persuadée que non, mais elle ne pouvait malheureusement partir à sa recherche. Si elle se renseignait trop ouvertement sur elle, peut-être la mettrait-elle en danger. Elle allait devoir se montrer prudente. Son intuition lui soufflait.

FIN DU RP
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