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 Du rêve et de son caractère prémonitoire

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MessageSujet: Re: Du rêve et de son caractère prémonitoire   Du rêve et de son caractère prémonitoire - Page 2 EmptyLun 18 Juil 2022 - 10:17
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Du rêve et de son caractère prémonitoire | PRINTEMPS 1167

Le branle-bas sonore qui inonda soudain les murs du hall figea Euryale, ses doigts en suspens crochetés à l’alliance d’or blanc encore sous le joug du brun péristyle poinçonné de ses marques sibyllines. Les mailles de ce silence qui s’étaient soudées autour d’eux, les enfermant dans une bulle insolite, se brisèrent. Ses pâles billes, sous leur écrin de chair diaphane papillonnant frénétiquement, se confrontèrent à la vision d’une Jehanne effarée, cet égarement émotionnel et abrupt provoquant la chute du cabas dont le contenu fuyait à ses pieds. La dame de Malefreux serra l’anneau dans la paume de cette senestre qui s’évada dans le même élan cacophonique de cette irruption théâtrale, incitée par la propre fugue des doigts du Comte, ce dernier entamant des pourparlers diplomates aux accents cyniques envers sa dame de compagnie qui, pour toute réponse, ne sut bafouiller que des notes disparates, incompréhensibles, tant elle semblait perturbée.

Une moue inquiète fardant de ridules discrètes son front de lys, la maîtresse des lieux se porta d’un pas véloce au-devant de la vieille gouvernante pour juger de ce soudain état cataleptique.

- Ressaisissez-vous, madame Dufresne. dit-elle tout bas, une suspicion incrédule souillant les prosodies musicales de sa voix anoblie de fêlures. Vous donnez l’impression d’avoir vu un fantôme. Ne remettez-vous point notre ami, le Comte de Malemort et Malerive ?
- Je-… Not-… C’est que-… oui, Madame. bégaya Jehanne, ses joues replètes rougissant de confusion tandis qu’elle se dandinait pour faire face à cet invité surprise, s’empêtrant alors dans une révérence maladroite et peu convaincante de sincérité. Monsieur le Comte.

A l’évocation de ces « arrangements » que sous-entendaient les paroles du basané, la dame de compagnie pinça les lèvres d’un rictus abusivement vexé, son œil bistre caracolant sur la massive silhouette du Comte emmailloté dans sa chemise blanche, raidie des embruns salés dont elle percevait les relents, depuis son point d’observation prostrée, tout comme s’agitaient sous son nez aux ailes épatées les effluves de sa mâle virilité saupoudrée de transpiration lorsque ce dernier, guidé par un geste d’invite d’Euryale, passait devant elle pour emprunter le chemin de la sortie. L’air abêti, sa prunelle critique accusa la tresse d’ébène négligemment dissimulée sous son voile de mousseline grise et qui se dandinait, audacieuse, le long de sa colonne vertébrale. Elle en hoqueta d’une exclamation offusquée qui passa « presque » inaperçue, alors que cet improbable duo disparaissait à l’extérieur.

L’astre solaire était à son mitan lorsque la veuve Montecler escorta Lazare de Malemort jusqu’au petit portillon de fer ouvragé qui scellait l’étroite bande de verdure et d’arbrisseaux maigrelets bordant les murs de pierre de l’hôtel, leurs pas conjoints croquant le sentier semé de graviers. Parvenue devant l’accès clos, Euryale marqua une pause pour faire face à l’homme, la lumière acérée des rayons solaires oppressant la surface de ses écus laiteux au point qu’elle peinait à conserver une mire ferme sur son interlocuteur. Une brise sereine chatouillait les tortillons ténébreux qui avaient éclos à la lisière de ses tempes et sur son front nivéen.

- Ne prenez guère ombrage des réactions de Madame Dufresne, Monsieur le Comte. Je sais son caractère difficile et peu-… ouvert. Elle se comporte souvent comme une louve protégeant farouchement le dernier petit qu’il lui reste.

Le masque marmoréen se fractura derechef sous l’éclosion d’un sourire, aussi triste que sincère, tandis qu’elle s’écartait, lui laissant tout loisir de se dédouaner de ce portillon pour s’engager sur le chemin de ses autres obligations. Elle lui dédia une ultime révérence, pleine de grâce malgré sa mise qui la faisait davantage passer pour une corneille aux plumes ébouriffées, loin des canons de beauté que la bienséance sculptait de son sacro-saint règlement. Nul fard enjôleur, nul parfum entêtant, nul apprêt aux couleurs appétentes.

- J’aurai l’heur’ acertainé que nous nous recroisions sous des auspices plus favorables, Monsieur le Comte. conclut-elle, les paupières frémissant sur son regard baissé, ce dernier rivé sur la caissette qu’il pressait contre son flanc.

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Lazare de MalemortComte
Lazare de Malemort



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MessageSujet: Re: Du rêve et de son caractère prémonitoire   Du rêve et de son caractère prémonitoire - Page 2 EmptyLun 18 Juil 2022 - 16:56



Du rêve et de son caractère prémonitoire | Printemps 1167

Il me fallait l’avouer : l’embarras évident de la dame de compagnie satisfaisait un autre de mes démons, dont je craignais bien moins le retentissement et n’avait guère à cœur de s’emparer de ma conscience ou de mes mots. L’odieux mensonge dont elle avait nimbé sa protégée en la personne de la Baronne de Malefreux partait assurément d’une intention paladine, néanmoins je l’eus trouvé bien trop malhonnête pour ne pas en briser la coquille fragile et l’écraser sous l’accablante et l’irréfutable enclume d’une vérité qui se devait être dévoilée. Si la maîtresse de maison ne souffrait pas du service de la Dufresne en dépit de ce coup pendable, son arrivée improvisée m’exaspérait aussitôt. Je gageais cependant que je ne sois pas davantage à son goût, et qu’elle me veuille hors des lieux en quatrième vitesse ; un souhait que je m’apprêtais à réaliser lorsque la veuve Montecler s’approcha de la gouvernante sous le choc pour mieux la réveiller de sa stupeur étourdissante. Je dus m’accommoder d’une révérence négligée qu’il fallut imputer à sa surprise, aussitôt refoulée pour mieux ramasser les perles juteuses et feuillues ayant dévalé le parquet fatigué.

Ce faisant, je franchissais les prémices de sa silhouette courbée d’un pas assuré qui n’aurait su que rehausser nos intrinsèques statuts et leur distance inéluctable. Accompagné de la dame des lieux et sa charbonneuse toilette, nos pas conjoints froissaient l’air estival de rumeurs rocailleuses. L’empressement m’avait privé de contempler les herbes chaotiques mordant l’ouillère de leurs lances verdâtres ou bien les feuilles anarchiques vomissant leur printemps essoufflé par delà la margelle de pierre. Aux abords du portillon forgé dont j’avais violé l’intégrité pour imprimer mon pas lourd sur le gravillon clair, mon escorte s’impose aux rais brûlants de l’astre d’or qui semble incommoder sa vision assurément sensible à de tels assauts cuisants. L’heure un tantinet passée du zénith me permit, en un décalage subtil, d’abriter la diaphane figure derrière le pavois d’un corps de bronze que trop rompu aux langues incendiaires. De mesquins souffles emportaient les boucles décousues de la Baronne tout aussi sûrement que mes filaments asymétriques ne s’échappèrent de leur carcan de cuir pour s’égarer à l’angle de mes lèvres sèches ou se crocheter à mes cils drus ; d’agaçants chimpanzés m’obligeant à les chasser d’un doigt inquisiteur pour m’exprimer sans cafouillage ridicule. Le sourire allégé de la veuve Montecler refit surface à l’orée de sa lippe tout juste rosâtre sans cochenille pour en réveiller le teint, un rictus réchauffé par le masque ensoleillé qu’elle s’était un instant permis. Et la dame de faire ce qu’il était requis de faire, à savoir prendre la juste défense de son amie.

Je ne lui tiens guère rigueur de son instinct, lorsque tout parent l’eut un jour éprouvé. Il n’était pas convenable que je m’invite en vos quartiers en l’absence de votre valetaille. L’aurais-je décelé à temps…

Aurais-je véritablement fait montre de plus de correction s’il m’avait été donné de connaître les besognes auxquelles s’adonnaient la Dufresne et le Latour, bien loin de leur logis ? J’en venais à la conclusion, laquelle on m’aurait reprochée tant elle offense la bienséance attendue d’un homme de mon rang, que je me préférais rencontrer madame en des huis-clos plus propices à n’échanger que des palabres abstraites et intangibles. Il m’était plus reposant, rassérénant, de ne m’exprimer qu’en à-coups énergiques au regard des quelques échanges que nous avions partagés, et leurs bagages éreintant d’ire et de peine.

Les Trois y veilleront, madame. Mes hommages.

Mon chef plonge alors sobrement en avant afin de saluer décemment mon hôte, m’engageant d’ores et déjà sur la voie pavée qu’il me fallait dévaler pour retrouver le port grouillant et ses embruns iodés. D’autres trésors enfouis derrière le loquet abîmé attendront le juste moment pour regagner les paumes de leurs contributeurs insoupçonnés, en d’autres temps.



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