[Terminé] Tu fais une drôle de tête ! [feat Aeryn]

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Il me semble avoir aussi parlé de ton courage, de ta vaillance, de ta sensibilité… Je parle bien de toi dans ton entièreté Ryn… Tant de ton aspect que de ta personnalité.
–Je sais bien que tu ne t'es pas arrêté à cette histoire de beauté… souffla-t-elle de lassitude. J'aimerais simplement que ce ne soit pas l'un des critères principaux… C'est tout.

Après avoir laissé sa colère s'exprimer, la mercenaire se sentait plus apaisée. Et même si parler de Finn n'était jamais bien agréable, il restait plaisant pour elle de se remémorer les moments où elle fut réellement heureuse. Au fond, le plus triste restait la fin brutale et incompréhensible de cette histoire qui lui laissait un goût extrêmement amer. Devait-elle en vouloir à Finn pour être parti ainsi ? Était-il encore en vie ? Cette séparation, l'avait-il réellement désirée ? Tout ce flou, tous ces doutes rendait cette histoire très douloureuse pour la jeune femme qui ne souhaitait pourtant que de l'oublier.

Cette tristesse, Loghart dû la sentir puisqu'il se leva afin de prendre sa sœur dans ses bras. Ryn s'y blottit sans rechigner. Après tout, il était plaisant de sentir cette chaleur rassurante tout contre elle. Une chaleur qui lui fallait à présent partager avec une autre jeune femme.

– Alaïs ! Pas Aline !
– Ah oui, pardon… Alaïs.
– Que te dire ? C’est une jeune femme adorable, pleine de courage et déterminée. Il en faut pour devenir propriétaire de son commerce en étant une femme. Après, comme beaucoup, elle a perdu du monde en fuyant vers Marbrume, son fiancé notamment. Ah ! Et elle couche à l’auberge, elle est venue avec un collègue à elle qui m’a prêté des vêtements secs. Paulin, un peu bourru, mais il semble être un chic type. Un peu plus grand que moi, blond, un sacré gaillard… Après, que te dire d’autre ?
– Et bien, sans doute aura-t-elle suffisamment de courage pour te supporter et, possiblement, supporter ta famille, railla-t-elle gentiment. Il me tarde de la rencontrer même si, je dois bien avouer, que je ne saurais pas vraiment quoi lui dire… Enfin, si, je connais des tas d'histoire te concernant, mais je pense que tu préférerais les garder secrètes… Comme la fois où tu es tombé dans le tas de fumier du père Dupuis lorsque nous avions eu dans l'idée de lui voler des poires…Remarque, c'est une bonne histoire...

Sentir Aeryn se blottir contre moi me réjouissait.
Je savais de longue date, de très longue date, que derrière ce caractère en acier forgé et cette allure bravache et colérique, susceptible même… Derrière tout cela, il y avait un cœur particulièrement mou. La vie ayant été ce qu’elle était, ma rouquine avait enchevêtré ce pauvre cœur dans des monceaux d’armure que rare était ceux qui pouvaient l’atteindre.
Malheureusement, la majorité de ceux qui y étaient parvenus l’avait blessé, ce petit cœur.
Les premiers à l’avoir égratignées, c’est nous, sa famille, ses frères. Sur injonction du père, certes, mais c’était nous qui avions agi. Même aujourd’hui, j’ignore si je pourrais me le pardonner un jour.

Par la suite, quelques rares personnes avaient franchi les murailles qui enlaçaient ce cœur et, tous, avaient fini par le blesser. Ce Finn, par les sentiments que Ryn éprouvait pour lui et sa soudaine disparition et, j’en étais quasiment certain, Théo. Quand, comment et pourquoi, je n’en avais aucune idée et je n’irais pas le demander à Ryn. Peut-être que cela n’avait rien à voir avec leur relation plus qu’étrange, mais il l’avait heurté. Elle ne l’aurait pas évincé de la conversation avec autant de hargne sinon.

Aussi, la sentir se laisser aller dans mes bras, s’offrant un moment de tendresse fraternelle, acceptant l’amour que j’avais pour elle, c’était un peu comme si je venais me lover contre son petit coeur mou… Cela signifiant que j’y avais ma place.
Alors, je l’enlaçais, la serrant contre moi et posais la tête sur son crâne.
Jusqu’à ce qu’elle parle d’Aline et que je me mette à rire avant de parler un peu d’elle.

Pfffeuh ! Je ne suis pas aussi terrible que ça ! Grognais-je pour la forme. Par rapport à vous en tout cas ! Ajoutais-je en lui tirant la langue.

Pour ce qui est de lui parler, j’espère quand même que tu sauras lui dire plus que “enchantée” ! Sans forcément raconter TOUTES les conneries que j’ai pu faire par le passé ! Nan parce que tu veux que je te rappelle QUI voulait des poires ? Hein ?

J'avais ajouté cela en lui pinçant doucement les joues, comme lorsque l'on était enfants et que je la grondais.

Les sentiments que Ryn pouvaient avoir pour ce frère-là n'avaient strictement rien à voir avec ceux qu'elle ressentait pour les autres. Loghart, sans doute parce qu'ils avaient pratiquement le même âge, avait toujours été celui avec lequel la seule fille de la fratrie était la plus proche. Contrairement aux autres, il ne l'avait jamais tyrannisé. À l'inverse, c'était celui qui volait un morceau de pain pour le lui donner lorsque leur père l'avait privé de nourriture. C'était celui qui, lorsqu'ils étaient seuls avec leur nourrice, venait la rassurer quand l'orage grondait… Certes, Aeryn le soupçonnait d'avoir tout aussi peur qu'elle mais la jeune femme restait incroyablement reconnaissante pour ces petits gestes de fraternité.

Aussi, il n'y avait pour elle rien d'anormal à se blottir contre lui et chasser ainsi le froid qui venait toujours avec la tristesse et les doutes. Cela, Ryn ne lui dirait sûrement pas, sans quoi il y avait fort à parier pour que le milicien s'en amuse beaucoup trop.

–Pfffeuh ! Je ne suis pas aussi terrible que ça ! Par rapport à vous en tout cas !
–Ça, ça dépend à qui tu poses la question, vois-tu ? railla-t-elle.

– Pour ce qui est de lui parler, j’espère quand même que tu sauras lui dire plus que “enchantée” ! Sans forcément raconter TOUTES les conneries que j’ai pu faire par le passé ! Nan parce que tu veux que je te rappelle QUI voulait des poires ? Hein ? lui dit-il avant de lui pincer les jours.
–Mais aïeuh, s'exclama la rouquine. Je te promets de faire de mon mieux… Et si jamais tu vois que cela m'est difficile, rappelle-moi cette histoire de poire… Je maintiens qu'elle adorerait entendre cette histoire…Après tout, qui n'aime pas les poires ?

La morosité naturelle de la mercenaire avait laissé sa place à la taquinerie et à la bonne humeur. Pour cela, Loghart savait y faire. Il avait toujours su comment remonter le moral de sa petite sœur en usant de quelques blagues.

– Bon ! Je vois que tu es bien installé. Je vais donc pouvoir dormir en paix… Si la journée a été longue, ce n'est pourtant rien en comparaison de celle de demain. Je te souhaite donc une bonne nuit.

Ouai, bon c’est sûr que si on pose la question à mon coutilier, il dira qu’on peut difficilement faire pire que moi. Répondis-je en riant.

Alors que je lui pinçais les joues, lui arrachant un couinement, la rousse affirmait qu’elle ferait de son mieux. J’étais convaincu qu’elle chercherait à être chouette avec Alaïs et je ne m’inquiétais pas trop pour cela. En revanche, il était terriblement amusant de la voir parler, les joues étirées par mes doigts, ce qui lui donnait un air enfantin des plus drôle.

Je pense qu’elle aimerait cette histoire, oui. D’une certaine façon, elle fait un peu écho à la manière dont nous nous sommes rencontrés ! Dans tous les cas, je pense que tu trouveras ton public avec elle ! Avouais-je en souriant.

J’étais content de la voir sourire, comme si la partie moins amusante de la discussion avait été reléguée au second plan. Elle s’inquiétait alors de voir que j’étais convenablement installé dans ma chambre, jugeant que c’était le cas. Je confirmais et, tranquillement, elle me souhaita bonne nuit. Alors qu’elle passait la porte, je l’alpaguais tendrement pour lui faire une référence à nos jeunes années, lors des soirs d’orage.

Ryn ! Ma porte est toujours ouverte hein ! Bonne nuit sœurette !



Fin