Marbrume


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 [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]

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ArtoriusChevalier
Artorius



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MessageSujet: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyMer 30 Mar 2016 - 17:28
Les nuits s'écourtaient et les journées devenaient plus longue. Ces prochains mois, on côtoierait moins la Fange selon ce raisonnement. Pourtant, la situation était toujours aussi stressante. Traquemont était devenu un bastion d'espoir et de sûreté, peut-être plus enviable que la cité de Marbrume. Eadwin de Rivenoire était bien content d'être niché dans le camp que son cœur jugeait être le meilleur, celui de sa Reine. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à tout ce qu'ils s'étaient racontés quelques jours plus tôt. La Noblesse de Marbrume lui inspirait presque de la pitié pour une partie d'entre eux. Il pensait à cet événement tragique, à l'intrusion de seize Fangeux faisant deux cent-trente deux victimes dans la Hanse. Ce rapport de force ne cessait de le travailler et le faisait douter d'une issue favorable à ce conflit. Lui-même avait été mis hors-service de façon déconcertante pendant plusieurs mois mais loin, très loin d'usurper son surnom de « Ours de Corbeval », Eadwin de Rivenoire s'était rétablit et le retour sur le chemin des armes était désormais bien entamé. Cependant, il y avait quelque chose que l'homme désirait accomplir avant de s'adonner à l'accomplissement de ses nouvelles promesses envers Yseult de Traquemont et afin d'aller dans ce sens, cette dernière lui avait accordé une permission de quelques jours. La quatrième nuit venait de laisser place à la cinquième aube et répétant un schéma similaire aux jours précédents, Eadwin s’éclipsa lorsque l'on jugeait que la probabilité de tomber nez à nez avec un Fangeux était au plus faible. Par chance, cette semaine était belle par son temps et le soleil dominait le Duché du Morguestanc en chassant de nombreuses ombres. Ainsi, en élaborant de façon minutieuse son trajet, il était possible avec un peu d'expérience et de jugeote d'éviter de tomber nez à nez avec le danger tant redouté. A dos de cheval, Eadwin venait à bout de la poignée de kilomètres qui séparait le fort de Traquemont au littoral de Marbrume. Perché sur cet ami à quatre sabots, s'il ne se faisait pas surprendre, il augmentait aussi ses chances de pouvoir fuir le danger. Effrayé, il pouvait aussi devenir son épée de damoclès en l'abandonnant tel un félon mais c'était le meilleur moyen de rentabiliser ses voyages journaliers vis à vis de l'entreprise dans laquelle il s'était lancé.

[Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] 6e9h

Nichée entre deux falaises, Eadwin avait trouvé une petite crique naturelle accessible par un sentier pas trop escarpé. En extérieur des dangereux marais fréquentés par la Fange, il n'avait pas trouvé de traces de son passage dans ce lieu presque paradisiaque. Depuis sa bande de sable, on pouvait s'y poser pour observer l'horizon bleue à perte de vue. Cela rendait rêveur quant au fait que bien au-delà, il pouvait exister une terre non atteinte par ce cruel et impitoyable fléau mais qui serait bien assez présomptueux et hardi pour s'aventurer dans une telle expédition plus qu'incertaine ? Sûrement pas Eadwin car lorsque plus rien ne le retiendrait ici, sa place serait à Traquemont, auprès de sa Châtelaine pour répondre à divers quêtes. Quelque part, Eadwin avait signé pour en baver. Il avait pris la décision de joindre le camp de ceux qui se battraient pour non pas pleurer les morts mais les venger et par extension, il viendrait en aide à ceux qui avaient fait le choix de la vie. Ces êtres respectables et honorables étaient nombreux et il ne fallait pas les négliger. Pour autant, il était nécessaire de ne pas oublier la mémoire de ceux qui étaient déjà tombés. Lors de son entretien privé avec Yseult, elle lui avait demandé s'il connaissait des pairs derrière les murs de Marbrume. Vraisemblablement, ce n'était pas le cas mais cette question en induisit une autre : cela lui rappela tout ceux qu'il avait perdu à Corbeval et aux Noirsjardin. En sa qualité de chevalier, Eadwin de Rivenoire occupait le rang avec le moins d'importance dans la Noblesse et il n'avait jamais eu l'ambition de monter les échelons. Pourtant, on le qualifiait souvent d'homme intelligent, avec une capacité d'analyse supérieure à la moyenne. De plus, le père d'Yseult et cette dernière étaient pour lui d'excellents enseignants. Il les avait beaucoup suivis jusqu'à présent et avait appris de nombreuses choses à leur côté, notamment dans la façon de se conduire et de s'adresser avec justesse et des fleurs à ceux qui détenaient une forme de pouvoir sensiblement supérieur à sa propre notoriété, quasi inexistante en ce jour dans le Duché du Morguestanc. Ensuite, il ne fallait pas négliger que la famille d'Eadwin avait été conquise par celle d'Yseult et ainsi, l'Ours de Corbeval avait été davantage conditionné pour servir les gens. Parfois, ce n'était pas facile à porter et Eadwin se complaisait dans le fait de se mêler au « simple peuple », de rencontrer d'autres gens, de nouer des affinités lorsque les liens du sang-bleu et du plus pauvre pouvaient être dépassés. Il était quelqu'un qui aimait apprendre de nouvelles choses et étant « condamné » à servir autrui, il n'avait jamais développé un sentiment de supériorité vis à vis des autres. Son seul acquis était peut-être d'avoir conscience d'être une force de la nature, d'être un bon guerrier mais cela, c'était une toute autre histoire différente de celle d'aujourd'hui. La raison pour laquelle Eadwin venait ici depuis plusieurs jours était on ne peut plus simple. Le chevalier de Traquemont souhaitait honorer la mémoire de ses proches qui n'avaient pas survécu à l'apparition brusque et soudaine de la Fange. Quoi de mieux alors que de leur désigner un lieu en paix pour leur proposer un repos éternel ? Il était désormais acquis que les morts se relevaient et Eadwin priait les Dieux de ne jamais faire face à d'anciennes connaissances.

« A Eric le Boulanger. A Georges le Tavernier. A Yvette la Tisserande. A Guillaume le Charpentier. A Brad le Meunier. A Sophie la Serveuse... » énuméra-t-il, se laissant tomber sur ses deux genoux. « A vous toutes et vous tous qui furent des amis d'une occasion, de plusieurs années ou de toute une vie… A ceux que j'ai protégé, à ceux à qui m'ont rendu service et aussi, à celles que j'ai baisé. Sainte Trinité, je t'en conjure, accueille ces âmes égarés dans un monde devenu fou et protège-les du Fléau qui frappe nos terres et remet en cause les fondations de notre monde ébranlé. Protège-les maintenant et à jamais. »

Eadwin se sentit comme repenti. Pour de nombreuses personnes, ce qu'il venait d'accomplir serait une perte de temps. Pour lui, il avait en toute simplicité rendu hommage et fidélité à des individus qui avaient compté dans sa vie et qui n'étaient aujourd'hui plus là. S'il n'avait pas pris cette initiative, qui l'aurait fait à sa place ? Probablement personne. C'était là sa solution, sa façon de dire au revoir au passé, de lui faire ses adieux et de se conditionner pour se tourner vers l'avenir. Emportant avec lui une pelle et une pioche, Eadwin avait creusé le sable pour former plusieurs dômes et il s'était servi de sa pioche pour casser des roches et récupérer des pierres afin de les imbriquer pour protéger ces édifices de fortune du vent à venir. A cela, il avait ajouté quelques objets personnels lui rappelant ce qu'étaient ces personnes. Par exemple, une choppe à bière vide à moitié ensevelie trônait sur la tombe d'Yvette. Portant son regard sur celle de Brad, il se souvint avec nostalgie comment ils s'étaient rencontrés. Le père d'Yseult lui avait intimé l'ordre d'aller prélever son impôt alors qu'ils étaient passés à proximité de sa ferme pour une affaire quelconque mais la veille, le meunier fut victime d'un vol. N'écoutant que son cœur bon et gagnant un peu de temps auprès de son maître, Eadwin enquêta à Corbeval et dénicha les malfrats à qui il offrit une bonne leçon de vie. Ensuite, chaque année à la même période, Brad invita le chevalier à déguster un bon repas et à faire une bonne beuverie avec sa famille et ses amis en guise de sincère et d'honnête récompense.

« Maître Tristan, la tâche de vous accorder une telle attention ne me revient pas mais vous avez laissé derrière vous une épouse et une mère accablée par les remords. Je souhaite que le jeune Arthur et vous-même avez rejoint un endroit où vous pourrez continuer d'exister en toute sérénité. Vous pouvez me laisser Yseult, je n'échouerai plus jamais. »

Tristan avait été un bon Seigneur pour Eadwin. Là où le père d'Yseult était parvenu sa féminité, lui avait accompli la tâche longue et ardue de la rendre à nouveau femme aimante et attachante. Il avait aussi fait naître en elle la joie d'être une mère aimante et attentionnée envers la chair de sa chair. Pour cela, pour cet exploit lorsque l'on considérait les années de souffrance et d'interdiction aux côtés de son père l'éloignant de sa mère, les Noirsjardin tenaient une place très particulière dans le cœur d'Eadwin. Ce dernier redressa la tête pour repérer le soleil et par conséquent se faire une idée du moment de la journée et il lui vint la révélation que le milieu de la journée pointait déjà le bout de son nez. Son office un brin religieuse terminée, il ne lui restait après tout plus qu'à retourner jusqu'à Traquemont et faire savoir à sa Reine que cette affaire était conclue. Vraiment ? A moins qu'une âme du peuple ne décide de s'égarer pour quelconque raison et de faire se rencontrer les fils de leurs destins pour une toute nouvelle aventure, peut-être qui savait vraiment, palpitante et exaltante ?


Dernière édition par Eadwin de Rivenoire le Lun 20 Juin 2016 - 0:05, édité 1 fois
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Elisabeth GardefeuApothicaire
Elisabeth Gardefeu



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyDim 3 Avr 2016 - 22:03
Le nez plongé dans le grand coffre au pied de son lit, Elisabeth était en quête d’un petit filet de pêche indispensable à sa sortie du lendemain. Il était temps de refaire quelques stocks et malgré tout ce qu’elle pouvait trouver sur le marché et les docks, il y avait certaines matières premières qu’elle ne pouvait se procurer que sur la plage. Le temps était au beau fixe depuis plusieurs jours, le soleil rayonnait sans troubles, assurant à ce qu’il restait de l’Humanité une relative tranquillité puisque les fangeux restaient tapis dans l’ombre. C’était donc le moment ou jamais de s’aventurer dehors. Dans sa besace, la jeune femme avait déjà rassemblé plusieurs fioles et quelques bouteilles, un ou deux couteaux nécessaires pour sa collecte ainsi qu’une gourde pleine d’eau fraîche et un morceau de pain aux noix pour pouvoir terminer la journée sans crier famine. Il ne lui restait plus qu’à retrouver son filet de pêche pour le mettre dans le grand panier d’osier qu’elle prendrait également avec elle, et son bagage serait terminé.
Il lui fallait des algues, certains coquillages et si elle parvenait à en trouver, quelques crevettes ou quelques petits crabes. On pouvait dénicher toutes sortes de substances très pratiques dans l’océan et l’apothicaire se félicitait souvent de pouvoir exercer son métier si proche de la mer, assurant ainsi un renouvellement constant de ses stocks à moindres frais. Depuis que la Fange assiégeait les lieux, il était beaucoup plus difficile de trouver tout ce dont elle avait besoin et les sorties étaient plus risquées, mais son arrière-boutique et sa cave lui avaient permis de tenir tout l’hiver. À présent que revenaient les beaux jours, il fallait penser à renflouer un peu certains bocaux, à commencer par ceux qui avaient souffert de la visite d’un certain chevalier de Nouet.

Le lendemain matin, Liz veilla à fermer à double tour chacune des portes de sa demeure et s’aventura dans la rue principale alors que le soleil pointait tout juste le bout de ses rayons. Le temps qu’elle arrive aux remparts, la lumière baignait déjà toute la cité et les boutiques avaient ouvert leur porte. Les gardes chargés d’ouvrir le portail laissaient passer les premiers chariots et la jeune apothicaire profita de l’occasion pour sortir en compagnie d’un petit convois qui semblait aller dans la même direction qu’elle. Il lui faudrait au moins une heure et demie de marche à pied pour rejoindre la crique où elle avait l’habitude de se rendre. La petite plage était bien cachée et peu de personnes s’y rendaient car elle n’avait aucun intérêt pour pêche ou la navigation. L’endroit idéal, en somme. Elisabeth comptait bien y passer la journée, loin de l’agitation de Marbrume. C’était aussi une sorte de pèlerinage car c’était en revenant de cette plage que son père avait trouvé la mort. Des réfugiés en route pour la cité franche avaient ramené son cadavre, permettant qu’il soit incinéré proprement et que sa fille puisse lui dire adieu, mais cette dernière considérait que la plage correspondait plus au lieu de son dernier repos que la grande fausse où se trouvaient les cendres de centaines de personnes.
Elle parvint à la bifurcation vers la mer alors que le soleil montait toujours dans le ciel et laissa le convoi poursuivre sa route tandis qu’elle dirigeait ses pas sur un petit sentier entre les herbes. Une brise marine très agréable apportait le cri des mouettes et l’iode des embruns jusqu’à la jeune femme, lui procurant un curieux mélange de bien-être et de mélancolie. Enfant, elle adorait accompagner sa mère à ma pêche aux coquillages, loin de se douter qu’elle aurait si vite à gérer seule la boutique familiale. Bientôt le chemin un peu escarpé qui descendait entre les falaises se dessina sous ses pieds et la fit disparaître entre les buissons d’herbes de dunes. Elle remarqua la présence d’empreintes de fer assez profondes et bien nettes. Un cavalier était passé par ici peu de temps auparavant. D’ailleurs sa monture fut bientôt en vue, laissée libre de paître tranquillement là où poussait encore un peu d’herbe. Cette rencontre signait donc la fin de la tranquillité de la jeune femme et elle ne pouvait qu’espérer que l’importun visiteur de ce qu’elle considérait égoïstement comme SA plage, n’aurait pas de mauvaises intentions et ne troublerait pas ses activités.

Le sable crissa bientôt sous ses souliers et le chemin s’ouvrit en même temps que les parois rocheuses pour dévoiler la petite crique idyllique que le soleil baignait de lumière. Même les températures étaient clémentes et le vent s’était fait doux, annonçant le proche retour du printemps. Personne en vue, pas âme qui vive, Elisabeth était apparemment seule. Peut-être que le propriétaire du cheval était ailleurs que sur la plage ? Chassant d’un haussement d’épaule cette considération, elle retira ses souliers et le mit dans son panier, remonta les pans de sa robe pour les coincer dans sa ceinture, dégageant ainsi ses jambes jusqu’à mi-cuisse et prit son filet, prête à aller chasser la crevette.
La marée était en train de baisser et bientôt de trous d’eau se formeraient entre les rochers du rivage, emprisonnant crustacés et petits poissons pour le plaisir des mouettes et de l’apothicaire. Mais au détour du dernier rocher qui ponctuait le chemin, la haute silhouette d’un homme en armure se présenta, rayant le mot « solitude » de cette journée. La demoiselle ne mit pas longtemps à remarquer les diverses sépultures devant lesquels il se trouvait. Elle fronça les sourcils, contrariée : il avait souillé SA plage avec des cadavres de potentiels fangeux ? Il n’était pas au courant qu’il fallait brûler les corps ? Elle se serait certainement insurgée à voix haute si l’inconnu n’avait pas eu le harnachement d’un chevalier. Encore un… Décidément, elle avait quelque chose avec des hommes là. Le premier était un fugitif taxé d’extrémiste religieux, le second avait attiré sans le vouloir des malfrats dans la boutique et avait saccagé plusieurs étagères en se battant et voilà que le troisième venait piétiner son lieu de recueillement pour y creuser des tombes. Ça commençait à ressembler à une malédiction !

Renfrognée et pas franchement ravie de tomber nez à nez avec ce guerrier, elle s’avança pourtant pour se trouver à portée de voix et demanda, sans passer par la politesse :

« Dites voir, vous : j’espère que vous avez pas enterré des corps dans l’sable ! Parce que si y tournent fangeux, ça s’ra votre faute ! »

Tenant à deux mains la hanse de son panier et son filet, Liz toisa de loin le bonhomme avec une moue mécontente. Qu’est-ce qu’il fabriquait ici, de toute façon ? Il n’avait pas un autre endroit pour aller prier ? Un beau temple ou un coin moins paumé où les gens propres sur eux et héros de guerre avaient leur entrée ? Il était obligé de venir dans le seul endroit et le seul jour où elle avait envie d’être seule ?

« Si y a des gens dans ces tombes, faut les brûler et fissa. Si vous lez laissez là, j'le signalerais aux miliciens de Marbrume. »
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ArtoriusChevalier
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyMer 6 Avr 2016 - 20:26
Il y avait parfois des expressions que l'on pouvait prendre dans le sens inverse. Comment par exemple modifier le calme après la tempête ? Ajoutez donc à une péripétie une apothicaire de Marbrume et la solution devient alors : le calme avant la tempête. Eadwin avait passé du temps pour créer cette sépulture quelque peu artificielle, quelques jours en réalité. Lui aussi aurait alors rêvé de pouvoir la contempler pendant au moins cinq minutes après avoir achevé cette labeur-là. Que nenni, il fallait qu'une femme décide de faire ses courses dans l'un des endroits les moins fréquentés de la région ? Il n'avait vraiment pas de chance. L'agressivité de l'apothicaire harcela non seulement les oreilles d'Eadwin et il se demanda si un jour on avait appris à cette personne au moins une formule de politesse ? Ne pas dire bonjour, c'était une chose mais monter sur ses grands chevaux et élever la voix dans un lieu devenu, pour Eadwin, à caractère religieux, s'en était une autre ! Cette demoiselle allait devoir se faire une raison, cette plage ne lui appartenait plus intégralement car le chevalier en avait fait un lieu de repos et de recueil… personnel. Sur ce point, on pouvait dire qu'un trait d'égoïsme leur donnait un premier point d'accrochage. Ce lien était-il voué à se sécuriser sur une bitte d’amarrage commune ou étaient-ils déjà voués à connaître un naufrage ?

« Bon-jour. » dit-il, avec un brin de politesse dans sa voix.

Preuve de bienséance ? Ce serait bien la seule. Le regard d'Eadwin ne trahissait pas son mécontentement. Il laissa planer un silence pendant plusieurs secondes, temps qu'il s'octroya pour balayer du regard cette visite importune. Le chevalier se demanda tout d'abord d'où pouvait bien venir cette jeune femme. De Traquemont ? Il n'avait pas le souvenir de l'avoir déjà rencontrée, voire même aperçue. L'autre hypothèse évidente, c'était donc Marbrume. Autrement, on pouvait songer à un quelconque autre patelin encore sur pied mais dont il ne connaissait encore ni les noms, ni les localisations. Vraisemblablement, elle était venue ici dans le but de faire un peu de pêche. Pourquoi cet endroit idyllique ? Si Eadwin était tombé dessus par hasard, ce lieu n'était peut-être pas si inconnu pour une résidente de ce duché. Il jeta ensuite un bref coup d’œil aux alentours et constata que cette demoiselle était non accompagnée ce qui renforça un peu plus son idée selon laquelle elle connaissait déjà les lieux. De plus, on ne s'aventurait certainement pas hors Marbrume à l'aveuglette, sans faire preuve d'efficacité. Se perdre par ici à la nuit tombée, c'était la certitude de s'offrir un non retour et de basculer du côté de l'humanité, de basculer dans les ténèbres de la Fange.

« Et si tôt qu'il fut son mari, elle devint son épouse ? Pour bien goutter le vin, il faut en boire ? En mangeant chez son voisin, on s'y trouve en personne ? Lorsqu'il était le vainqueur, il remportait la victoire ? » lâcha-t-il avec acerbité.

Madame voulait être désobligeante avec lui alors que leurs regards venaient à peine de se rencontrer ? Très bien, il allait lui répondre avec un niveau qu'il jugeait égal au sien. Non mais franchement, elle le prenait pour un demeuré ? N'était-elle pas en train de le faire passer pour un homme en train de cultiver la Fange ? Quelque part, c'était une accusation très grave et osée ! Ainsi, pour lui faire payer son manque de politesse et ce manque de discernement, il décida de la prendre tout d'abord pour une chèvre.

« Il n'y a pas le moindre cadavre six pieds sous terre. Elles honorent des gens qui sont morts il y a plusieurs mois loin d'ici. Maintenant que l'hiver est passé, j'eus le temps de leur rendre un dernier hommage. De là où ils viennent, ils n'ont pas eu droit à cette attention. La faute à la Fange, bien évidemment. J'ai le droit d'espérer qu'en leur offrant cela, quelque chose de bien supérieur à nous… peut-être la Trinité elle-même, sera clémente envers eux et ne les enverra pas s'empaler sur Marbrume, dernier bastion massif connu de l'humanité ? »

Il y avait un temps pour les moqueries et un autre pour les justifications. Eadwin savait qu'il avait cédé à une lubie et que ce n'était pas n'importe qui qui serait venu par ici pour accomplir une telle action en quelques jours seulement. Ce devait être un peu étrange d'arriver dans l'un de ses endroits préférés et de tomber nez à nez sur cette curiosité. Il espérait qu'avec un peu de jugeote et d'ouverture d'esprit, elle le comprendrait peut-être un peu.

« La milice de Marbrume s'aventurerait-elle vraiment jusqu'ici suite aux dénonciations d'une demoiselle aussi aimable que vous ? » demanda-t-il, sarcastiquement.

Fondamentalement, Eadwin se fichait bien de la milice de Marbrume. Premièrement, il ne la connaissait pas. Secondement… il ne la connaissait pas… ? Il pensa que ces braves hommes étaient sûrement plus occupés à régler d'autres affaires en ville. Bien sûr, ce jugement se portait sur le fait qu'il ne connaissait pas le fonctionnement de cette dernière et il ne soupçonnait pas encore l'existence d'un organe extérieur actif. Elle pourrait sûrement le reprendre là-dessus et il se rendrait alors compte qu'il payait sévèrement ces mois de convalescence à l'écart de la dureté et de la réalité de ce monde devenu encore un peu plus fou. Sinon, cette réplique naquit surtout avec l'envie de lui faire remarquer, si elle n'avait pas encore compris, qu'il n'avait pas apprécié ses preuves inexistantes de gentillesse et d’amabilité. Le chevalier pensa que cette situation n'était pas prête de se résoudre de façon positive. Vraisemblablement, il faisait face à une femme avec un fort caractère et il parierait presque qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche. Elle avait en quelque sorte jeté son huile par terre et il venait peut-être d'y mettre le feu. Il se demanda pourquoi est-ce qu'il avait réagit au quart de tour. Était-ce là les marques d'un vieillissement et d'une aigreur naissante ? Il se sentait aussi un peu plus fatigué que dans ses jeunes années, moins enclin à tolérer certaines choses alors lorsque l'on bafouait ainsi les règles de la politesse, il ne fallait pas s'étonner de prendre un retour en pleine face.
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Elisabeth GardefeuApothicaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptySam 16 Avr 2016 - 16:40
Le chapelet d’expression bien montées que lui servit le chevalier ne servit qu’à faire soupirer la jeune femme. Ça devait être une façon très à la mode de se moquer des gens ou alors une méthode bien de chez lui, en tout cas elle n’appréciait pas beaucoup. Elle choisit cependant de se taire : provoquer un esclandre face à un inconnu harnaché comme un chevalier, et donc de lignage plus noble que le sien, ne pouvais que lui attirer des ennuis dont elle n’avait pas besoin. Après tout, elle ne s’inquiétait que de savoir s’il avait enterré des corps.

« La milice de Marbrume s'aventurerait-elle vraiment jusqu'ici suite aux dénonciations d'une demoiselle aussi aimable que vous ? »
« À votre avis, ils servent à quoi les bataillons en extérieur ? Évidemment qu’ils rappliqueraient. Et avec c’qui s’est passé le mois dernier dans la Hanse, le duc f’rait pendre haut et court le roi lui-même s’il le prenait en train de cultiver des fangeux. »

Il se croyait où, celui-là ? Il pensait peut-être que son statut de chevalier le rendrait intouchable et que face à une pouliche mal débourrée tout droit sortie du troupeau, il n’avait pas grand-chose à craindre ? Eli avait une sainte horreur de ce genre de comportement. Même si les nobles jouissaient d’une position particulière et de nombreux avantages, elle n’aimait pas que ces derniers le rappellent avec autant de mépris. Surtout que les cartes avaient été un peu redistribuées depuis l’arrivée de la Fange et que la trahison envers le duc ou l’humanité se payait beaucoup plus cher qu’avant. La situation judiciaire était d’ailleurs un peu inquiétante et on murmurait parfois dans les rues que l’état de siège actuel serait parfait pour que le maître de Marbrume impose sa loi sans plus se soucier des décrets royaux.
La jeune femme haussa les épaules, ne souhaitant pas perdre plus de temps avec cet étranger, ni s’attarder sur une discussion stérile. Elle avait beaucoup mieux à faire, elle. Contrairement aux hommes qui avaient assez de temps pour venir faire des pâtés de sable au lieu de combattre la Fange, elle avait une boutique à faire tourner et des remèdes à préparer.

« Espérez c’que vous voulez pour vos morts, y vous entendent plus de toute façon. » Elle se détourna pour reprendre son chemin vers la mer et les rochers que la marée basse avait laissé à l’air libre lorsqu’une chose lui revint en mémoire. Avec un sourire un peu narquois, elle lança par-dessus son épaule : « Oh et j’espère que vous avez pas l’intention d’revenir prier sur ces tombes, parce que les grandes marées vont les engloutir dans quelques jours. »

La peste haussa les épaules sans se défaire de son sourire, l’air de dire « Et ouais, c’est pas d’bol hein ? » et tourna le dos au chevalier pour rejoindre son coin de pêche. C’était assez mesquin de sa part, mais elle devenait un peu méchante quand elle était vraiment contrariée. Cette plage abritait déjà la mémoire de quelqu’un et elle n’aimait pas voir qu’un étranger venait la souiller en imposant la présence d’autres morts qui ne venaient même pas du pays. Cet endroit avait déjà une histoire, pas besoin d’essayer de lui en greffer une autre artificiellement.
Les vagues s’écrasaient paresseusement sur le sable où des débris de coquillages formaient des mosaïques éparses et abstraites. La brise marine s’était encore adoucie et le soleil, qu’aucun nuage ne venait voiler, réchauffait la petite crique. Près de la paroi rocheuse, des grandes pierres noires couvertes d’algues et de conques avaient créé des bassins d’eau tiède où on pouvait voir des dizaines de toutes petites crevettes nager. Elles étaient presque transparentes et n’avaient pas beaucoup d’intérêt pour la consommation, mais dans certains bassins, des crevettes grises plus grosses représentaient une source de nourriture et de matière alchimique intéressante.
Elisabeth coinça son grand panier entre deux pierres et s’aventura donc pieds nus sur la surface noire et déchiquetée des rochers. Le plus important était de ne pas glisser et de ne pas se couper.
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ArtoriusChevalier
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyMar 19 Avr 2016 - 10:52
Elle n'était pas si idiote que cela finalement, la pouliche. Le chevalier s'était sincèrement attendu à ce qu'elle ose répliquer au centuple. Elle lui paraissait être le genre de femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, en aucune circonstance. Pourtant, elle opta une stratégie très honorable : l'ignorance. Cela eut sans aucun doute un double effet chez Eadwin. Déjà, il se sentait un peu idiot de s'être emporté comme cela et ensuite, il devait bien admettre qu'il s'était trompé sur cette belle marchandise. En fait, son comportement montrait qu'elle était tout à fait consciente de la situation face à laquelle elle se trouvait. Elle devait avoir compris à son armure qu'il s'agissait d'un chevalier et qu'il ne fallait pas prendre ce rapport de force à la légère. Ne sachant pas qui il était, ni comment il était prêt à se comporter envers une femme qui lui manquerait de respect, au risque de se faire rosser lamentablement, elle avait montré qu'elle en avait dans la caboche. Là où le « jeu » devenait tout à fait intéressant, ce n'était pas seulement dans le fait qu'elle montrait qu'elle savait comment se comporter avec lui, non. Sans jamais lui manquer de respect, elle lui faisait comprendre que s'il pensait avoir un quelconque droit sur elle avec son titre de chevalier, Eadwin avait alors frappé à la mauvaise porte. En cette journée de repos, avait-on vraiment mis sur sa route une femme intelligente au caractère de cochon ? C'était un bien drôle de tour que celui que l'on nommait « Destin » était en train de lui jouer. Elle lui dévoila l'existence d'une milice assignée aux opérations extérieures à Marbrume. Si Eadwin se doutait bien que des forces armées essayaient de sécuriser, voire de reprendre des positions extérieures, il ne savait pas que c'était sous cette forme-là en particulier. Avec cette crise majeur, de nombreux hommes, voire même des femmes, avaient dû être réquisitionnés par le Duc à Marbrume pour prendre les armes.

« J'ose espérer que personne n'est assez présomptueux et hardi pour se lancer dans une telle culture. Cela dit, je vous assure que je ne suis pas l'un d'eux. Je crois pouvoir affirmer qu'il n'y a que vous et moi ici. »

Il fallait remettre un peu d'eau dans son vin, remettre les choses dans son contexte. Il voulait bien comprendre que la jeune femme avait été « alerter » par un inconnu en train de finaliser une sépulture de fortune dans un coin si reculé. Cependant, il avait bien remarqué son regard méprisant et cette envie luisante dans son regard de se défaire de lui au plus vite. Elle manqua d'ailleurs de l'achever avec un cynisme qui semblait propre à sa personnalité lorsqu'on la mettait de mauvaise humeur. Certes, les morts n'entendraient pas Eadwin à première vue et il ne s'attendait pas à ce que cette étrangère comprenne les raisons pour lesquelles il s'était donné cette peine. En revanche, la seconde remarque avait pour vocation d'essayer de lui faire du mal. La marée haute allait effectivement balayer ses efforts et alors que la demoiselle lui avait tourné le dos, Eadwin serra les poings en maîtrisant le soupçon de colère qui était en train de grandir en lui. Il la suivit alors du regard, sans jamais la lâcher. Elle avait le franc mérite d'attiser sa curiosité. Qui pouvait-elle bien être ? Ce n'était pas une dame de la noblesse, elle n'en avait ni le parlé ni les manières. Elle n'avait pas l'air non plus d'être une combattante. Il la regarda d'un air songeur déployer son matériel avec un certain professionnalisme. Elle n'en était pas à son premier coup d'essai, cela se voyait très nettement. L'assurance dont elle faisait preuve avait convaincu Eadwin que cette femme venait ici régulièrement, ou au moins de temps en temps. Avait-il à faire à une commerçante ? Venait-elle jusqu'ici pour trouver des produits frais pour une tierce personne ? Il se demandait pourquoi elle devait s'éloigner autant de Marbrume, supposant qu'elle en était originaire, alors qu'il y avait une étendue d'eau autour de toute la cité. Balayant ces quelques pensées brumeuses en clignant trois fois des yeux, le chevalier décida de ne pas en rester-là. Il allait la déranger encore un peu dans son travail et qui sait, peut-être lui tenir compagnie ?

« Je me suis un peu emporté contre vous. » dit-il, une fois arrivé à sa hauteur. Il n'était pour le moment pas question de lui présenter des excuses car lui-même considérait qu'elle n'avait pas été tout à fait correct avec lui. Cependant, c'était probablement une première forme de reconnaissance pour espérer nouer avec elle un quelconque dialogue. « Je ne souhaite pas vous déranger dans votre travail mais je crains ne pas pouvoir y couper court, votre mépris est pour moi source de curiosité. Vous vous demandez certainement comment un homme armé peut-il trouver le temps de s'adonner à cette fantaisie ? Vous devez penser que je n'ai pas beaucoup de considération pour ceux qui auraient un rang inférieur au mien ? » demanda-t-il. Ne se doutant pas avoir percé avec autant de justesse les préjugés de la jeune femme à son égard, Eadwin la coupa sans nul doute pour continuer ses quelques explications. « Je suis Eadwin de Rivenoire, chevalier de Traquemont, au service de la Châtelaine Yseult du même nom. Ces gens dont je parlais tantôt étaient des gens du peuple alors je vous conjure de ne pas penser que je suis de ceux qui n'ont pas de considération pour vous. » expliqua-t-il. Pourquoi tenait-il tant que ça à remettre les choses à leur juste place ? « Je ne connais pas Marbrume, je n'y suis pas encore allé. La Fange m'a écarté pendant plusieurs mois de tout combat si je puis dire… Si vous savez pour la Hanse, vous devez probablement savoir qu'une opération se monte pour récupérer et exploiter les plateaux du Labret. Sachez qu'il me tarde d'y prendre part et qu'à ce moment-là, j'aurai moi aussi une tâche pour servir la communauté, sans rien attendre en retour. »

Eadwin de Rivenoire pensait avoir tout dit. Il se sentait mal à l'aise à l'idée de laisser à une inconnue une mauvaise image de Traquemont, même si cette dernière ne devait pas être au courant avant sa révélation. Il avait tenu à cœur de lui montrer qu'il n'était pas un homme sans manière, qu'il pouvait faire preuve d'altruisme et qu'il avait un esprit ouvert. Elisabeth avait désormais les cartes en main, elle pouvait se prêter au jeu de faire connaissance avec lui ou de l'inviter définitivement à ne plus lui adresser la parole. A vrai dire, Eadwin se demandait si elle allait accorder une quelconque attention à ce qu'il venait de raconter après l'avoir taillé à plusieurs reprises.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyVen 6 Mai 2016 - 19:58
Armée de son petit filet d'épuisette, la jeune femme avait enjambé un trou d'eau et se penchait lentement en avant pour s'approcher de son butin vivant et mieux le capturer quand la voix du chevalier résonna de nouveau. Il n'était pas encore partis celui-là ? La jeune femme aurait très bien pu l'ignorer, mais le ton qu'il employait était calme, ce qui l'incita à écouter plutôt qu'à l'envoyer bouler. Elle se redressa en se tournant à moitié pour le regarder, ignorant les mèches noirs lui lui balayaient le visage. Maintenant qu'il était un peu plus près, elle remarquait qu'il la dépassait de beaucoup, véritable armoire à glace caparaçonnée de métal. Une chance qu'il ne soit pas colérique et qu'il semble vouloir faire la paix. Son excuse pour revenir à la charge tira d'ailleurs un sourire à l'apothicaire : ce n'était pas commun d'avouer de but en blanc "votre mépris est pour moi source de curiosité.". D'habitude ce genre d'attitude rebutait les gens plus qu'il ne les incitait à engager la conversation, mais elle devait avoir à faire à un original.
Il se présenta comme chevalier de Traquemont cantonné au repos contre son gré depuis quelques temps. Elle voulait bien le croire, les habitants de Traquemont était désormais notoirement connus comme des chasseurs de fangeux à la fois un peu fous et héroïques, donc rien d'étonnant à ce qu'il ait été blessé. S'il venait d'aussi loin que sa maîtresse alors il avait dû connaître la même angoisse et les même déboires que tous les autres réfugiés que la Fange avait forcé à migrer pour survivre. Même s'il venait de souiller la plage avec des tombes étrangères, Eli le considéra avec un peu moins d'animosité et un peu plus de respect. Après tout, un chevalier chasseur de fangeux méritait un peu de considération tout de même.

« Oui, j'ai entendu parler du projet un peu fou du duc. J'ai de la chance d'avoir une boutique en ville, sinon on m'aurait certainement mit dans le rang des "volontaires". Je ne sais pas ce qui vous attend dans cette entreprise, mais ça ne sera certainement pas une promenade de santé. »

La demoiselle étudia un peu mieux les traits de son interlocuteur. Il était nettement plus âgé qu'elle, on voyait se creuser quelques rides aux coins de ses yeux et la barbe qui lui mangeait le visage était émaillée de quelques poil blancs, signe que bientôt viendrait l'automne de sa vie. Pourtant il était encore assez vigoureux pour porter l'armure lourde et ses épaules restaient droites. Il faisait sans nul doute partie de ces forces de la nature que l'âge ne parvient jamais à abattre tout à fait. Le regard de jade de la commerçante s'adoucit et elle décida de déposer les armes. Comment faire autrement face à tant de bonne volonté ? S'il voulait faire ami-ami malgré l'accueil glacial qu'elle lui avait réservé, ce serait bien ingrat et bien stupide de sa part de refuser cette main tendue.

« Essayez de ne pas finir comme ceux que vous avez enterré, Marbrume a besoin de toutes les forces disponibles à Traquemont. Je ne sais pas si la noblesse de la région est enchantée de voire une châtelaine étrangère prendre procession d'une terre qui ne lui appartient pas, mais la populace acclame le courage de votre maîtresse. Elle est parvenue à se tailler une image de sauveuse et ce n'est pas rien ces derniers temps. C'est bien si vous préférez défendre les petites gens plutôt que de festoyer, ça vous attirera les bonnes grâces de pas mal de monde. »

Une idée germa dans l'esprit vif de la donzelle et elle esquissa un nouveau petit sourire malin mais dépourvu de toute méchanceté cette fois.

« Dites, puisque vous avez l'air d'avoir du temps à perdre et que vous défendez la veuve et l'orphelin, j'imagine que cela ne vous dérangera pas d'assurer la sécurité d'une jeune femme seule et hors de murs ? Je dois impérativement refaire des stocks mais je ne peux pas me payer le luxe d'employer des garde du corps. Si vous restez avec moi pour tailler d'éventuels fangeux en vadrouille, je partage mon déjeuner avec vous. Vous autres chevaliers, vous avez une sorte de code d'honneur un peu encombrant qui vous oblige à accepter, non ? »

Elisabeth ne put s'empêcher de rire. C'était un peu taquin de l'attaquer là-dessus et de le mettre ainsi dos au mur, mais elle savait aussi qu'il pouvait parfaitement refuser sans se compromettre. Et puisqu'il avait déjà presque les bottes dans les vagues, il pouvait bien rester faire la causette et pêcher la crevette, non ? Sans compter qu'elle ne mentait pas tout à fait quand elle parlait de protection : les fangeux pouvaient parfaitement venir sur la plage et si c'était le cas, elle aimait autant avoir un brave chevalier sous la main pour les découper en rondelles plutôt que de devoir plonger en espérant que les créatures soient moins patiente qu'elle, un pari perdu d'avance.
Sans vraiment attendre la réponse, Liz se pencha de nouveau au-dessus de l'eau, observant le ballet des crevettes qui ne se doutaient pas de ce qui les attendait. Elle plaça son filet correctement et le laissa tomber dans le fond, emprisonnant cinq ou six crustacés entre ses mailles et le sable. Récoltant le fruit de cette pêche en prenant soin de n’abîmer ni le filet ni les petites bêtes, l'apothicaire laissa tomber les crevettes dans un des compartiments du panier. Voilà ce qu'il lui fallait, des produits encore frétillants et de première qualité.

« Vous n'êtes pas obligé de patauger avec moi messire, ça c'est une activité dont je me réserve l'avilissement. Mais vous êtes le bienvenue si vous s'avez comment cueillir des algues. » Évidemment, avec son attirail il n'allait pas pouvoir jouer les pêcheur, mais c'était trop tentant de l'embêter. La jeune femme lui adressa un sourire et fini tout de même par se présenter correctement. « Je m'appelle Elisabeth Gardefeu. Je tiens une apothicairerie dans la grande rue, à Marbrume.»

Le cessez-le-feu était officiel, ils n'avaient aucun intérêt à resté fâché et ne pas rester seul en pleine nature était devenu une bonne chose depuis l'arrivée de la Fange. Même si elle avait imaginé sa journée autrement, Elisabeth ne crachait finalement pas sur un peu de compagnie. Après tout, il faisait beau et chaud, la mer brillait sous le soleil et les mouettes poussaient leur cri plaintif depuis la falaise pour accompagner le roulement des vagues, en somme c'était une journée magnifique et il aurait été dommage de la gâcher par du mauvaise esprit.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyDim 22 Mai 2016 - 18:36
Une promenade de santé ? Non, ça ne le serait effectivement pas. Nul ne pouvait encore en prédire l'issue mais il était certain que l'humanité fébrile qui subsistait allait encore dénombrer quelques pertes supplémentaires. Elisabeth Gardefeu qualifia le projet du duc comme étant quelque chose de fou. L'était-ce vraiment ? Peut-être bien. Face à l'ampleur de cette crise humanitaire, il fallait de toute façon agir. A long terme, l'exploitation de ces terres serait sûrement très fructueuse. Eadwin de Rivenoire savait seulement deux choses à ce sujet : il y prendrait part car c'était la décision de sa Châtelaine, Yseult de Traquemont et des hommes allaient périr. La question la plus susceptible de l'accabler était probablement de savoir s'il allait faire partir des survivants ? Il le souhaitait de tout cœur, l'Ours de Corbeval jugeait avec un brin d'égoïste que son heure n'était pas encore venue. Désormais, il souhaitait voir comment son amie de longue date, Yseult, influerait en bien ou en mal sur les affaires de Marbrume. De plus, il y avait quelque chose d'un peu inédit d'avoir survécu jusqu'ici. C'était un peu excitant de vivre dans un monde près à rompre à tout moment et de voir l'humanité basculer pour de bon. Eadwin était certain que dans l'ombre se tapissaient des individus prêts à provoquer cela sa cause était alors toute trouvée : jusqu'au bout, il serait un fervent défenseur du genre humain. Tuer, exécuter de sang-froid ne lui faisait pas peur. Dans sa vie, il avait déjà été amené à suivre des ordres jugés regrettables. Les ennemis de Traquemont étaient prévenus, il ne ferait pas de cadeau à ceux qui essaieraient d'ébranler les efforts de sa maîtresse.

« Une boutique, dites-vous ? Vous avez bien de la chance. C'est un pari risqué que prend le Duc, en effet. Se montrer immuable ou montrer le vent du changement ? En ces temps sombres et incertains, je n'aimerais vraiment pas être le Duc du Morguestanc. Ce qui nous attend ? En toute franchise, des sacrifices pour une réussite globale. Personne ne pourra reprocher au Duc d'être indécis et nous prouverons que nous sommes capable de reconquérir des terres. Enfin, ce n'est pas à moi de juger de ces choses-là. Si Traquemont en est, j'en suis. »

Effectivement, l'engagement de Traquemont suffisait à sceller le destin d'Eadwin. Pouvait-il se montrer contre un tel projet ? Cela serait synonyme de trahison envers Yseult. Il valait encore mieux déserter, prendre la fuite et espérer ne jamais recroiser son chemin. Au fond, si on avait fait auprès de lui un portrait du Duc comme étant un homme bien habile et cruel, il ne l'avait encore jamais rencontré et ce n'était pas dans les habitudes d'Eadwin de juger ce qui lui était totalement, voire partiellement inconnu. La situation était telle qu'un tel pari devait être pris et cette simple considération fermait la porte à toute tentative de rébellion.

« Je ne veux pas encore mourir. Je n'avais pas encore vraiment conscience de l'engouement des gens au sujet de Traquemont et de ses affaires mais… Si notre entreprise donne de l'espoir au peuple, il est peut-être de notre devoir de faire de notre mieux pour apaiser ses souffrances. Cette terre est nôtre désormais, si quelqu'un souhaite revendiquer le contraire, nous l'attendrions devant nos portes. Puisque l'occasion ne s'est pas encore présentée, j'estime que même la Noblesse terrée à Marbrume reconnaît notre ascension ? »

C'était une question rhétorique. Eadwin de Rivenoire savait très bien tout ce que ceci impliquait. En l'état, nul ne pouvait prétendre monter une armée pour assiéger Traquemont, dans les Marais de l'Obliance. De jour ou de nuit, un tel brouhaha attirerait la Fange et elle ferait alors un festin de deux armées. Non, en fait, les nobles devaient avoir intérêt à voir Traquemont maintenir cette position. Déjà, cela devait être arrangeant s'il y avait des hommes et des femmes sur le terrain de leur plein gré. Si en plus ils étaient compétents, c'était encore mieux. Pour le coup, le chevalier de Traquemont se demanda si on assisterait de nouveau un jour à des batailles rangées entre êtres humains. Il n'en savait à vrai dire trop rien et pensa que si quelqu'un voulait vraiment faire chuter sa très chère Yseult, il devrait faire preuve de trahison et de perfidie pour mettre six pieds sous terres ce monument en devenir. Cependant, on en revenait toujours au même constat, les survivants de l'humanité avaient pour le moment d'autres chats à fouetter avec la Fange. En définitive, ce n'était pas quelque chose que Eadwin craignait dans l'immédiat.

« Un code de l'honneur un peu trop encombrant m'obligeant à assurer votre protection, vous dites ? » demanda-t-il, avec un sourire aux coins des lèvres. Eadwin avait l'impression de converser avec une toute autre personne. A sa grande surprise, elle faisait preuve d'un humour efficace auquel il était sensible du moins puisque le chevalier de Traquemont se mit à rire de bon cœur. « Rien de tel ne m'oblige à accepter votre demande. Cependant... » commença-t-il, marquant une courte pause. Il planta alors un regard presque sévère dans les yeux de la jeune femme. « Vous seriez du genre à clamer haut et fort qu'un homme de Traquemont, chevalier dont vous connaissez l'identité, prendrait le risque de laisser une jeune femme charmante à un funeste destin ? » lança-t-il, balayant cette hypothèse d'un geste de la main. Il ne croyait pas vraiment à ce qu'il venait de dire mais son visage faisait preuve de bien trop de sérieux pour mettre en doute ses dires. « En vérité, ça me dérangerait d'apprendre le décès soudain d'Elisabeth Gardefeu, une apothicaire de Marbrume alors que j'avais l'opportunité de la raccompagner jusqu'à ses portes. » continua-t-il, levant son index comme pour la réprimander. « Mais ce n'est pas une question de code d'honneur ou de chevalerie… C'est seulement mon bon sens. » termina-t-il, avec le sourire aux lèvres.

Et oui, tout ce baratin pour seulement lui dire qu'il acceptait sa demande. C'était chevaleresque, c'était Eadwin. Cependant, il ne rebondit pas sur sa proposition quant à venir patauger avec elle. Prendre le risque de tomber dans l'eau avec son armure n'était pas vraiment conseillé et il fallait dire aussi qu'ils n'avaient pas élevés les mêmes cochons ensemble. Il devait subsister une forme de respect des compétences. Elisabeth Gardefeu serait la travailleuse, Eadwin de Rivenoire serait comme son cerbère d'un jour. Il se rapprocha néanmoins quand même pour être à sa hauteur et observer davantage comment elle s'y prenait pour cueillir des algues. Honnêtement, Eadwin n'y connaissait rien à ce sujet même s'il soupçonnait que ce ne soit pas vraiment bien compliqué. Peut-être que la nuance résidait dans le fait que certaines étaient bonnes et d'autres étaient simplement à jeter.

« Et ce métier, est-ce une vocation ? Un projet récent peut-être ? Comment vivez-vous ? Je ne connais pas très bien les citoyens de Marbrume pour être franc avec vous. Vous avez toujours du mépris pour moi ? Vous connaissez le Clergé de Marbrume ? Des connaissances à l'intérieur ? Est-ce que j'ai l'air d'un homme à marier, en toute franchise ? »

Passer du coq à l'âne sans paraître tout à fait ridicule était un véritable art que le chevalier de Traquemont commençait à manier. Elle allait probablement se sentir agresser par toutes ces questions sans rapports les unes avec les autres et pourtant, Eadwin seul savait combien cela pouvait compter. Cela dit, il lui laisserait le soin d'analyser ce brutal changement dans son attitude et surtout, on pouvait se demander si elle allait tout retenir pour lui répondre avec il l'espérait, son franc parler. Le temps des explications ne tarderait peut-être alors plus trop à venir.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyJeu 26 Mai 2016 - 15:58
Le vieux loup ne manquait pas d'humour, c'était heureux. Passer la journée avec un bonhomme ronchon aurait été plutôt ennuyeux, Elisabeth préférait avoir quelqu'un capable de répondre à ses provocations. Elle était également soulagée de constater qu'il acceptait de faire le garde du corps en échange d'un déjeuner, bien que rien ne l'y oblige vraiment. Oh oui, elle aurait pu aller traîner son nom dans la boue, mais cela ne lui aurait pas rapporté grand chose à part le plaisir puéril de cracher dans le dos de quelqu'un, plaisir qui pouvait rapidement tourner à son désavantage si elle n'y prenait pas garde. C'était donc plutôt généreux de la part du chevalier de rester et d'assurer ses arrières.
Toujours penchée en avant au-dessus de son trou d'eau entre les rochers, la demoiselle attrapa encore plusieurs poignées de petits crustacés qu'elle entassait dans un des compartiments de son grand panier de pêche. Elle subit sans broncher l'avalanche soudaine de questions, amusée par le revirement de situation. Finalement, il avait aussi du bagou l'ancêtre. Mais il n'arrivait pas encore à la cheville de ces petites vieilles de l'Esplanade qui descendaient parfois jusqu'au Crapaud Apothicaire pour acheter leur remontant et qui posait mille et une questions sur le contenu de leur pommade ou de leur tisane. Habituées à monologuer sans être trop écoutée ou persuadées du bien-fondé de noyer les petites gens sous un flot de parole, dans tous les cas c'était une véritable purge d'avoir à dialoguer avec elles. Il fallait se montrer courtoise, un brin obséquieuse, répondre à toutes les questions sans en oublier pour ne pas attiser la méfiance à l'omission d'un détail, en bref il s'agissait d'un travail de mémoire et de patience que les Gardefeu pratiquaient de père en fils - ou en fille - pour s'assurer la fidélité d'une clientèle de haut rang.

La jeune femme se redressa avec une dernière poignée de petites crevettes grises et les jeta dans le panier avec leurs copines avant de répondre correctement. Elle ne pouvait pas se rappeler de l'ordre, mais elle tâcherait de se souvenir de chacune des interrogation, aussi farfelue soit-elle.

« Apothicaire par héritage. Heureusement, c'est aussi une passion personnelle, alors je n'ai pas à me plaindre. Si vous étiez venu à Marbrume il y a quelques mois, avant les fangeux, vous auriez rencontré mon père. C'est à lui et à sa famille qu'appartenait l'apothicairerie. Mes parents ont été mes professeurs, mes employeurs et mes guides, aussi longtemps qu'ils ont pu. »

La brunette ouvrit un nouveau compartiment du panier et en sortit une serpette simple mais bien affûtée. Le manche en bois était très usé, un peu rongé par le sel, et témoignait d'un usage régulier. C'était à la forge des Frappablanc que la lame était entretenue et aiguisée chaque fois qu'un Gardefeu en avait l'usage. Ce simple petit outil, sans aucune noblesse, portait pourtant l'histoire d'une entente entre deux familles qui partageaient un voisinage dans Marbrume depuis des générations.

« Je vis de ça : les baumes, les tisanes, les poudres et les cataplasmes. Je dois recoudre les plaies parfois, de plus en plus souvent depuis quelques temps. Je sers aussi bien les pauvres bougres du Labourg que les belles dames de l'Esplanade. Avoir une clientèle variée permet de faire rentrer plus d'argent, mais il faut savoir s'adapter et offrir de nombreux services. Ça vide les stocks plus vite. »

Sans plus se soucier de faire peur à la friture, Eli mit les deux pieds dans l'eau en remontant un peu plus ses jupes, quitte à en dévoiler ses genoux. Pas de chichi quand on est au charbon, il faut penser pratique avant toute chose. De toute façon, ce n'était pas sur une fille du peuple qu'un chevalier allait se retourner.
Se fiant ses yeux mais également à son nez, elle entreprit de sélectionner certaines algues, palpant parfois les feuilles spongieuses avant de se décider à les couper à la base. La végétation marine sentait fort et n'avait pas l'air appétissante mais on trouvait plus de vertus dans ces plantes que dans la plupart des simples terrestres. L'apothicaire repoussa une mèche de cheveux sombres de son front et reprit :

« Je n'ai pas de mépris pour les chevaliers. En vérité, je n'en ai pas pour la noblesse de façon générale. Il faut des riches et des pauvres, des gens pour se soucier de l’équarrissage des porcs et d'autres pour administrer une cité correctement. On ne peut pas tout faire et tout savoir, je ne peux pas en vouloir à certains d'être nés dans le velours alors que d'autres sont nés dans le caniveau. Mais lorsque je vois des familles entières s'entasser dans des maisons faites de bric et de broc, contraintes d'avoir abandonné leur chaumière, leur bétail, leurs terres et même parfois plus, et qu'une petite demoiselle bien pouponnée de la haute société vient me réclamer de quoi rendre plus "stimulant" un banquet entre amis, tout en gloussant avec une amie, dans ses beaux vêtements dont elle remplit amplement le décolleté, je ne parviens pas à réprimer une certaine rage. »

Elisabeth se redressa pour regarder droit dans yeux le chevalier. Ses yeux, qu'elle avait si vert et si brillants, comme sa mère avant elle, ses yeux de vipère savante, de sorcière rusée, ses yeux qui pouvaient être si rieurs lorsqu'elle souriait et qui pouvaient transpercer et empoisonner un cœur lorsqu'elle était en colère.

« Le peuple travaille la terre et par les bienfaits de Serus et d'Anür, il pourvoit de quoi nourrir tout le monde. Il bâtit maisons et châteaux, ne rechigne pas à la tâche et se satisfait d'avoir une famille nombreuse et des jours de fête. Le peuple n'a pas vocation à se battre, il nourrit la noblesse et lui donne sa confiance pour qu'en échange, elle le protège et le guide. Alors quand cette même noblesse se vautre dans le luxe, le stupre et l'abondance tandis que nous mourrons de faim en frémissant chaque nuit à l'idée que des fangeux franchissent nos murs, ou sortent des égouts, le sentiment d'injustice prend le pas et rend amer. » Elle sourit avec un petit air désolée, comme pour s'excuser. « Je n'ai pas de mépris pour vous, ou pour les chevaliers en général, vous êtes plus souvent le glaive au poing que bien des barons. Mais vous représentez la première ligne de cette noblesse paresseuse qui ne nous aide pas, qui laisse mourir de faim des enfants dans la rue, alors vous prenez pour tous les autres. Et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dis : toute la noblesse n'est pas paresseuse, de même que toute la populace n'est pas honnête et travailleuse. C'est simplement... un sentiment général. »

Eli haussa les épaules comme pour chasser rapidement ces considérations et se remettre au travail. Elle n'était pas certaine d'avoir bien fait de s'ouvrir aussi franchement à un inconnu qui, bien qu'était très sympathique pour l'instant, ne faisait pas partie du même monde qu'elle et ne la connaissait pas non plus. Ses paroles pouvaient passer pour de l'outrecuidance et vexer son interlocuteur, mais il était trop tard pour les ravaler. Au lieu de cela, elle se contenta d'embrayer sur un autre sujet :

« Je ne connais personne du clergé en particulier, je ne vais pas souvent au temple. Je prie régulièrement la Trinité, mais je n'ai pas le temps d'aller jusqu'au quartier du temple quotidiennement. Je sais cependant qu'il y a plusieurs haut-prêtres en ville, comme le haut-prêtre de Rikni De Tourres, la haute-prêtresse de Serus De Colombel et le haut-prêtre d'Anür D'Elrisor. On les dit très actifs auprès du peuple comme de la noblesse. Ils doivent faire face aux doutes de beaucoup de fidèles... »

L'apothicaire en avait terminé avec son coin et sortit ses gambettes de l'eau pour aller récupérer son panier. Ses pieds blancs contrastaient avec la roche noire sur laquelle elle marchait. Elle s'éloigna un peu, en quête d'un nouveau point d'eau qu'elle ne tarda pas à trouver. De nouveau elle posa son panier et sortit l'épuisette pour une autre récolte de crevettes.

« Si je vous dis que je suis née à Marbrume, cela répond-t-il à votre question ? Je connais pas mal de monde. Des miliciens, des bouchers, des tanneurs, des tisserands, des pêcheurs, des herboristes, des forgerons... » Une pensée vagabonde lui vint presque instinctivement pour un certain jeune fourbisseur et sa forgeronne de sœur. « Quelques truands aussi et quelques bourgeois. Je dirais même que je connais deux ou trois chevaliers ! » Elle releva la tête le temps d'échanger un sourire avec Eadwin. Il n'était pas son "premier". D'ailleurs, elle commençait presque à les collectionner, les chevaliers.

Après avoir attrapé ce qu'il lui fallait en crustacés gris, laissant les autres en paix, elle se redressa en se cambrant, une main sur les reins pour tenter de s'étirer un peu. C'était fatiguant à la longue d'être pliée en deux. Délaissant le filet pour revenir à la serpette, elle prit deux minutes pour s'asseoir sur les rochers, les pieds trempant dans l'eau tiède.

« Vous cherchez à vous marier ? Avec une fille d'ici ? Regardez les choses en face : pour un ancêtre comme vous c'est trop tard. Vous ne vivrez jamais assez longtemps pour engrosser une femme, à supposer que votre cœur tienne jusqu'à l'aube de la nuit de noce. Sans compter que vous allez accompagné ces pauvres bougres au Labret... Je ne peux pas jouer les marieuses en sachant tout ça ! »

Cette fois, un large sourire narquois étirait les lèvres pleines de la jeune femme tandis qu'elle piquait de toutes part la fierté mâle de son interlocuteur. Narguer les hommes sur leur virilité était un de ses passe-tempe préféré et la réaction en valait toujours la chandelle. L'avait-elle fait contre le chevalier de Bales ? Celui-là, quelle langue acérée ! Elle s'en serait rappelé si elle avait osé le pousser jusque là. Qu'à cela ne tienne, elle avait à présent le chevalier de Rivenoire pour faire l'expérience.

« Ne vous fatiguez pas à maudire mon insolence de femelle, d'autres l'on fait avant vous avec assez de succès pour plusieurs générations. Consolez-vous en pensant que ça doit être à cause de ça que je suis toujours une "fille à marier". Je deviendrais certainement cette vieille sorcière, vivant seule dans un coin reculé et qui effraye tous les petits enfants. Ça sera amusant, si je survis jusque là. Donc non. Vous n'avez pas l'air d'un homme à marier. En fait, vous avez plutôt l'air d'un homme marié et avec plusieurs enfants qui eux-même doivent avoir déjà quelques enfants. Je serais même prête à parier que vous êtes assez vieux pour avoir des arrière-petits enfants ! D'ailleurs, si je m'approche... »

Elle joignit le geste à la parole et se releva pour sautiller d'un rocher à un autre et rejoindre le chevalier. Elle s'arrêta non loin, son air mutin toujours sur le visage, plus insolente que jamais, et fit mine de le regarder très attentivement.

« C'est bien ce que je me disais. Vous êtes encore plus vieux que ça ! Anür vous a certainement eut pour chaperon lorsqu'elle était enfant, c'est la seule explication que je trouve à cet air de vieillesse ancestrale sur vos traits. »

N'y tenant plus, Elisabeth se mit à pouffer de sa propre bêtise et recula d'un pas en prévention d'une éventuelle gifle qui viendrait gâcher sa bonne humeur. En vérité, Eadwin ne lui semblait pas si vieux. Il n'était clairement plus qu'elle, la fringance de la jeunesse n'était plus pour lui, mais il restait solide sur ses deux pieds, les épaules droites et le regard encore brillants. Il n'avait pas grand chose à envier aux jeunots en armure, les rides aux coins des yeux et la barbe poivre et sel avaient beaucoup de charme. Mais sa question farfelue avait amené une réponse farfelue.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyJeu 26 Mai 2016 - 19:39
Eadwin de Rivenoire observait très attentivement Elisabeth Gardefeu. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Pas moins de vingt et pas plus de trente. Pouvait-il estimer cela au juste milieu, environ vingt-cinq années ? Elle lui expliqua détenir un héritage et une passion. Il ne pouvait que la comprendre car il était le dernier héritier d'une famille de chevaliers sur le déclin mais il était plutôt heureux dans sa condition à présent. Ce ne fut cependant pas toujours le cas. Il ressentit un brin de jalousie malsaine envers Elisabeth. Cette femme pleine de vie, d'humour et de second degré avait connu la chance d'avoir ses parents auprès d'elle pendant au moins plus de deux décennies. Peu le savaient, pas même Yseult de Traquemont, mais Eadwin n'avait pas eu cette chance. Aussi loin ses souvenirs étaient capables d'aller, il se souvenait d'une enfance heureuse, auprès d'un père un peu absent mais ô combien instructeur et d'une mère de famille charitable à l'âme noble. Ses deux frères, il ne les côtoya pas beaucoup et malgré la certitude de les savoir morts, il ne les regrettait pas vraiment tant les liens étaient fragiles. Quelqu'un lui manquait plus que tout au monde, c'était Astrid, son amie d'enfance, sa confidente. Fille aînée d'une servante de la famille à l'époque, ils grandirent ensemble dans certaines conditions. Aujourd'hui, elle n'était plus qu'un triste souvenir qui pesait encore sur ce qui avait bien pu forger Eadwin de Rivenoire jusqu'à aujourd'hui. Depuis qu'il était capable de parler, le chevalier avait été très admiratif envers son père et il avait toujours désiré embrasser le même chemin que lui. Dans la tête d'un enfant, protéger sa meilleure amie de tout les malheurs du monde était très rapidement devenu évident. Il s'était épris à l'idée qu'il pourrait un jour l'emmener à travers les plaines galoper sur son fidèle destrier. Malheureusement, ce jour ne vint jamais. La famille Rivenoire était prise dans un jeu d'alliance qui faisait défaut à celle de Corbeval. Il n'avait que douze ans lorsque le spectre de la mort et le feu purificateur s'abattirent sur le domaine de sa famille, emportant non seulement ses parents mais aussi Astrid. Le père d'Yseult, dans sa conquête belliqueuse, n'avait montré aucune pitié. Eadwin devait son salut uniquement au fait qu'il était pour ce seigneur audacieux un butin de guerre. C'était peut-être à cause de ce traumatisme que cet homme n'avait jamais songé à se marier sérieusement. Sous le joug du maître qu'il détestait mais qu'il avait aussi appris à craindre et respecter à sa juste valeur, Eadwin avait toujours pensé que la vie d'une femme ne méritait pas d'être mise en danger dans un contexte où conquêtes, vengeances et opportunités faisaient rage. De plus, son mentor de chevalier, Conrad Brise-la-Tempête n'était sûrement pas étranger dans cette prise de décision. Si Eadwin n'avait jamais pu vraiment lui pardonner l'exécution de son amie Astrid, il devient tout de même un modèle. En grandissant, le garçon était parvenu à accepter d'être le dernier représentant d'une famille vaincue et soumise à une maison plus puissante. C'était les lois qui régissaient le monde de la noblesse et il ne pouvait de toute façon rien y faire. Avec sa colère et sa haine, il puisa les ressources nécessaires pour s'en sortir et devenir un chevalier renommé à son tour. Sur le plan conjugal, c'était en revanche moins glorieux. Il s'était habitué aux amourettes, aux coups d'un soir, à surfer sur le fait qu'un chevalier avait les atouts pour faire fantasmer et mouiller une jouvencelle.

« J'ai perdu mes parents alors que je n'étais encore qu'un enfant alors je peux imaginer ce que vous ressentez. » lança-t-il, le regard un peu perdu dans le vide. Ces quelques souvenirs avaient fait monter une poussée d'amertume. « J'ignore pourquoi mais je n'aurais jamais parié que vous touchiez une si vaste clientèle. Votre boutique doit être plutôt renommée à Marbrume, je suppose ? » 

Il regarda Elisabeth retrousser ses jupes pour se mettre à l'aise. Eadwin avait une once d'admiration pour les efforts qu'elle fournissait afin de remplir son panier et ainsi faire marcher son affaire. Dans son monde, le chevalier ne pouvait pas se vanter d'être aussi travailleur et c'était comme si ils n'avaient rien à faire ensemble. Pourtant, ils avaient tout deux leur place dans l'ordre installé depuis fort longtemps. Elisabeth, membre du peuple et apothicaire de son état face à Eadwin au sang-bleu, chevalier de Traquemont. Cette différence ne l'empêchait pas de ressentir de la sympathie pour la jeune femme et d'écouter ses mots comme si ils étaient prononcés par quelqu'un qui était en train de lui donner une mission de la plus haute importance. La vie d'Eadwin, Elisabeth n'en voulait certainement pas et c'était dans ce consensus que l'on pouvait estimer qu'ils étaient tout les deux à leur place. Dans la noblesse, Eadwin était en bas du chaînon, cette position lui permettait très certainement de garder les pieds sur terre et de fréquenter les travailleurs comme Elisabeth. Il ne fallait pas les négliger ni les considérer comme du crottin de cheval. Il était à plusieurs vies vécues de l'être mais il était du genre à penser qu'un Roi sans son peuple ne saurait être le souverain de son royaume. Du moins, quel serait l'intérêt de posséder l'incarnation d'un vide ? Pour l'instant, Eadwin se satisfaisait donc de sa condition de n'être qu'un chevalier aux yeux du monde au sang-bleu. Cela lui offrait la chance de faire des rencontres rafraîchissantes comme cette belle jeune femme.

« Nos mondes sont très différents et il faut reconnaître que l'un sans l'autre, nous ne pourrions exister. Si les nobles n'étaient pas là, votre clientèle ne serait pas aussi garnie et si vous n'étiez pas là, nous peinerions à obtenir bien des choses. Je ne vais pas prétendre que toutes les lois sont justes et que ce monde l'est car je ne suis personne pour vraiment juger de cela mais ne trouvez-vous pas que nous nous complétons par nos différences ? »

Elisabeth s'était redressée pour lui offrir toute sa façon de penser. Eadwin découvrait petit à petit qu'elle semblait être passionnée et décidée à la fois lorsqu'il s'agissait de mettre en avant ses convictions et ses opinions. Elle n'avait pas peur d'être battue, d'être traînée dans la boue, de voir son protecteur du jour devenir son bourreau. Non, c'était une femme courageuse prête à payer le prix de ses mots. Ses dires avaient quelque chose de dangereux que tout le monde n'était pas capable d'entendre. D'autres nobles l'auraient sûrement flageller, peut-être même violer pour ce soupçon d'arrogance. Mais pas lui. Déjà, il se souvenait être venu chercher auprès d'elle la vérité. En réalité, elle appréciait plutôt les chevaliers et il fallait s'en satisfaire.

« Nous partageons plus ou moins les mêmes opinions, vous savez. » dit-il, en poussant un profond soupire. Comment pouvait-elle autant lui ressembler dans sa façon de penser ? C'était un aveu qui allait certainement conforter son sentiment de sécurité auprès de lui. « Je peux seulement dire que j'ai énormément de respect et d'estime pour tout ce que vous faites. Il va s'en dire que vous avez vos problèmes, vos soucis, vos doutes tout comme j'ai les miens. Ils sont différents mais les problématiques sont les mêmes. Cela procure du stresse, de l'anxiété, parfois même de la peur… Et a ce niveau-là, je pense que nous sommes égaux. »

Tenir un tel discours rassurait Eadwin car cela prouvait qu'il n'oubliait pas d'où il venait. C'était peut-être un noble mais il avait probablement connu bien plus d'horreurs qu'Elisabeth et son âge avancé par rapport à elle l'avantageait très certainement. Sur la question de la religion, tandis qu'elle s'était remise à sa dure labeur, la réponse ne fut pas très satisfaisante. Il connaissait déjà le Haut-Prêtre de Rikni, Philippe de Tourres mais apprendre l'identité de ceux d'Anür et Serus servirait peut-être plus tard. Bref, ces informations n'allaient pas aider Eadwin à remplir sa mission qui était de se rendre prochainement à Marbrume pour ramener un Prêtre, même à temps partiel. Après tout, un Haut-Prêtre n'allait pas abandonner ses fonctions à Marbrume pour s'occuper de la petite chapelle de Traquemont qui était en phase de finition dans ses rénovations. Ainsi, Eadwin s'occupa d'un simple hochement de la tête car elle n'avait pas besoin de savoir pourquoi il s'était tant intéressé à la question du clergé.

« Quel est le nom de votre affaire ? Où vous trouve-t-on dans Marbrume ? Dans l'éventualité de passer voir le fruit de vos efforts. Vous avez attisé ma curiosité. Puis, obtenir une première adresse, c'est toujours ça de pris. » dit-il, en haussant légèrement les épaules, à peine convaincu par sa propre argumention.

Eadwin avait besoin de se faire de nouvelles connaissances, surtout à Marbrume et on pouvait dire qu'Elisabeth était plutôt un bon début dans l'accomplissement de cette tâche. Ensuite, son visage s'assombrit quelque peu. La jeune femme entrait sur un terrain de discussion plutôt houleux. Elle n'imaginait pas à quel point Eadwin était gêné à l'idée de devoir trouver une femme et se marier avec elle. Alors lui dire qu'il était trop tard, que son cœur ne tiendrait pas, qu'il ne vivrait jamais longtemps, le chevalier ne se rendit pas compte tout de suite de l'utilisation abusive du second degré d'Elisabeth Gardefeu. Pour piquer sa fierté de mâle, on pouvait dire qu'elle l'avait fait à vif sans prendre de gants. Son visage était comme liquéfié, désappointé et ce fut seulement lorsqu'elle aborda un sourire narquois qu'il vint à l'esprit d'Eadwin qu'elle était en train de le charger comme une mule.

« Qu'en savez-vous, d'abord ? Cette armure, ce n'est pas un faiblard maladroit qui peut la porter. Je suis une force de la nature, une force tranquille… mais ma poigne peut être très violente et habile... » lança-t-il, avant de presque rougir de honte. Il était vraiment en train de justifier sa virilité devant cette chipie ? « Allons, vous n'allez pas me faire croire que personne ne veut de votre honnêteté et de votre humour fracassant ? Bien sûr, si vous abordez vos prétendants comme vous l'avez fait avec moi, vous avez peu de chance... » dit-il. Eadwin aussi était capable de s'aventurer sur ce terrain-là et de lancer des piques visant directement les défauts de la jeune femme. Le regard d'Eadwin était planté dans les yeux d'Elisabeth. Elle était maintenant si proche de lui qu'il pouvait la toucher juste en tendant le bras. Elle l'observait avec une malice presque déconcertante et il fallait franchement oser. Elisabeth abusait ni plus ni moins du bon caractère du gentilhomme pour embellir sa journée. « Peut-être ai-je connu Anür alors que le monde était jeune, qui sait… ? Mais vous, regardez-vous. Vous vous tenez devant un chevalier avec un bas de robe trempé. C'est une façon de se présenter devant un homme ? Vous avez été plutôt mal élevée, ne seriez-vous pas encore qu'une gamine ? » dit-il, affabulant ses dires avec un sourire carnassier. Les provocations d'Eadwin à l'égard d'Elisabeth étaient très différentes mais il ne doutait pas qu'elles auraient un effet sur la jeune femme. Sa fierté lui dictait de ne pas se laisser faire par une jeune fille un peu trop présomptueuse et hardi. « Je suis l'expérience, je n'ai pas encore à jalouser cette nouvelle jeunesse de chevaliers qui peuvent se lever bien plus tôt encore pour me mettre sur la touche. » dit-il. Qu'est-ce que la fierté d'un homme piqué à vif pouvait le pousser à agir différemment, soudainement. « Je ne vous le demande pas officiellement mais dites-moi, Elisabeth, si vous étiez ma marieuse, vers qui me feriez-vous me tourner ? » demanda-t-il, succinctement. La jeune femme n'avait plus prononcé le moindre mot depuis qu'elle avait reculé et elle se rendrait peut-être compte trop tard que le chevalier avait déjà comblé la distance qui les séparait. D'une main, Eadwin agrippa ses jupes pour légèrement tirer dessus et lui faire comprendre qu'il la tenait. Il voulait mettre le doute dans l'esprit d'Elisabeth, allait-elle maintenant se sentir en danger avec son protecteur du jour ? « Avez-vous peur ? » demanda-t-il, en la défiant du regard. S'il savait maintenant qu'elle avait une grande bouche bien garnie, Eadwin se demandait comment elle se comporterait face à un homme se montrant un peu plus tactile. Il voulait savoir à quel point elle était courageuse, à quel point elle était prête à assumer son effronterie. Il ne lui ferait pas de mal, bien sûr, à moins de lui donner une sérieuse raison mais l'opportunité de montrer à cette jouvencelle que l'on ne jouait pas impunément avec lui avait quelque chose d'excitant. Il suffisait maintenant d'une étincelle, d'une seule étincelle.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyVen 17 Juin 2016 - 19:12
Son honnêteté et son humour fracassant... Eh bien voilà qui était joliment trouvé. Malgré ce portrait un peu flatteur, la jeune femme ne se sentait pas vraiment offensé car au fond, elle savait qu’il avait raison. Elle n’était pas très douce au premier abord. Mais elle préférait avoir un mari capable de la supporter avec ce tempérament plutôt que de jouer les mijaurées et dévoiler le pot aux roses quelques mois ou années plus tard.
Allons bon, voilà qu’il la moquait à son tour ! Bien joué. Elle ne s’attendait pas vraiment à se faire reprendre sur sa tenue et encore moins à se faire traiter de gamine. Après tout, est-ce que ce n’était pas lui qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment ? S’il avait décidé de venir un autre jour alors elle n’aurait pas eu à lui imposer la vue de son jupon retroussé et mouillé d’eau de mer. Elle aurait pu aussi argumenter à propos du besoin d’avoir une tenue de travail ou le fait que n’étant pas une grande dame, elle avait bien le droit de s’habiller comme elle voulait, mais elle n’en eut pas le temps car qu’il reprenait de nouveau, se défendant cette fois d’être aussi décrépit qu’elle le disait. Visiblement elle avait fait mouche, avec ses commentaires. Ah la fierté des hommes… Cette petite chose si facile à égratigner et qui leur faisait si mal. C’était un peu bas de sa part d’avoir à ce point chargé le chevalier, mais c’est en testant les limites qu’on sait où elles se trouvent, non ?

Et en parlant de limites, fallait-il vraiment s’inquiéter du fait qu’il ait franchi celle les séparant ou n’était-ce qu’un coup de bluff ? Il avait saisi le côté de sa robe et tirait assez le tissu pour l’empêcher de reculer, la surplombant de toute sa taille et le visage impassible. Difficile de savoir à quoi il pensait, là, tout de suite. Est-ce qu’il comptait finalement prendre sa revanche sur cette vilaine pipelette qui lui cassait du sucre sur le dos ? Ou peut-être que c’était une façon de la mettre en garde pour qu’elle n’oublie pas à qui elle avait à faire. Ou bien essayait-il de la faire paniquer pour pouvoir ensuite se moquer d’elle ?
Jusqu’à présent, il avait montré beaucoup d’humour et une patience certaine, mais il ne fallait pas présumer pour autant qu’il puisse tout tolérer. Elisabeth hésitait, fixant sans ciller le chevalier de Rivenoir, son petit air malicieux et arrogant voilé par une inquiétude bien réelle. Sur quel pied danser à présent ? Si elle faisait un faux pas, les conséquences pouvaient être lourdes. Très lourdes. Mais se rétracter alors qu’elle avait initié la partie, c’était s’avouer vaincue et elle savait très bien que sa fierté en prendrait ombrage. Il lui fallait une solution entre les deux, quelque chose d’un peu astucieux, qui la mette en sécurité en cas de dérapage incontrôlé ou d’erreur d’interprétation. Son esprit tourna trois fois sur lui-même et elle vint tout à coup, la fameuse idée.
Très bien, il voulait jouer à titiller les limites lui aussi ? Alors que la partie continue.

« Peur de vous ? Je ne sais pas. Est-ce que je devrais ? »

Tout en parlant, elle s’était faite plus caressante et plus enjôleuse, comme si la perspective d’être punie pour ses paroles ne lui procurait aucune peur. Elle fit un pas, le dernier, vers Eadwin et se hissa sur la pointe ses pieds. C’était risqué… Mais il était un peu trop tard pour reculer à présent. Son visage était tellement près de celui du chevalier qu’elle pouvait presque voir son reflet dans ses yeux clairs.

« Mon seul conseil serait de vous trouver une femme insensible aux sarcasmes. Honnête et avec de l’humour, pourquoi pas ? »

Ses bras étaient montés à la conquête des épaules et du cou de son étrange compagnon de fortune, l’enlaçant avec légèreté. Et toujours elle le regardait dans les yeux, sans le lâcher un instant.

« Mais vous n’aimez peut-être pas quand les choses deviennent trop piquantes ? »

À ce mot, la pointe de la serpette qu’elle n’avait pas lâché depuis l’instant où elle s’était levée se posa sur la gorge du chevalier, juste sur sa jugulaire. Maintenant c’était elle qui le tenait.
Évidemment, Elisabeth n’était pas assez stupide pour pousser le jeu jusqu’à appuyer pour le faire saigner, elle se contentait du fait qu’il sente le froid du métal et le mordant de sa pointe. Elle sourit innocemment et battit des cils, délaissant ses airs charmeurs.

« Je ne suis pas assez bête pour ne pas craindre tout ce que vous pourriez me faire. Mais j’ai des griffes cachées pour pouvoir me défendre, messire de Rivenoire. Vais-je en avoir besoin avec vous ? »

Le sourire était présent mais la question était sincère et posée avec une pointe d’anxiété. Elle ne voulait égorger personne, mais elle ne se laisserait pas faire docilement, si c’était ce qu’il attendait. On pouvait être un beau chevalier en armure, fort et au sens de l’humour prononcé, ça n’empêchait pas de savoir se tenir.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptySam 18 Juin 2016 - 11:16
Il avait lancé l'offensive en premier, comblant cette courte distance qui les séparait encore. Oui, Elisabeth Gardefeu avait piqué la fierté d'Eadwin de Rivenoire et de ce fait, il ne pouvait pas vraiment reculer et lui laisser ce dernier mot sans lutter. Il n'était pas de ceux qui pliaient facilement lors d'un combat et d'une certaine façon, celui-ci commençait à en devenir un à sa façon. Elle l'intéressait, elle l'intriguait au plus au point. Pour une femme, on pouvait grossièrement dire qu'elle avait une certaine paire de couilles. Alors qu'il tenait ses jupons trempés en tirant un peu dessus pour lui rappeler qu'il possédait un avantage, celle de la poigne de la force purement physique sur elle, le regard d'Elisabeth laissa transparaître un soupçon de surprise mais… Non, elle n'avait pas peur du chevalier. Cette émotion était absente ou alors, elle était suffisamment habile pour ne pas la montrer. Les yeux d'Eadwin de Rivenoire n'étaient pas méchants mais son regard sérieux laissait présager un doute quant à ses véritables attentions. Elle eut alors totalement raison de se demander jusqu'où pouvait-il aller. A juste titre, s'il pouvait être un ours dans plusieurs sens du terme, comme une peluche qui ne ferait pas de mal à une mouche dans bien des situations, il était bien placé pour savoir qu'il avait déjà fait preuve de violence physique sur des femmes par le passé. Cependant, c'était un tout autre contexte et il n'y avait rien de comparable, absolument rien avec cette situation présente. Ce n'était donc pas lui qui lui donnerait tord lorsqu'elle prit le temps de la réflexion pour se demande si elle risquait vraiment quelque chose contre lui. Ici, éloignés des routes sécurisées, il n'y aurait après tout personne pour venir en aide à la belle et sulfureuse apothicaire de Marbrume, la demoiselle Gardefeu.

« Peur de moi ? Si vous me posez la question, c'est que vous ne savez pas vraiment. » dit-il, sans afficher le moindre sourire. Il commença alors à la fixer avec une certaine froideur, comme pour lui intimer l'idée qu'elle ferait mieux de le craindre. Du moins, c'est ce qu'il tenta de faire. « Je peux seulement affirmer une chose, je n'ai pas peur de vous mais… cela ne serait-il pas mon arrogance qui se laisserait aller ? »

Elle utilisa alors une technique bien à elle, cette chose dont seules les femmes étaient capable de faire. Son ton était devenu bien plus doux et ne connaissant pas encore l'animal à sa juste valeur, il ne savait pas encore que ce n'était pas sans raison. Il en était maintenant persuadé, Elisabeth Gardefeu n'avait nullement peur de lui. Elle était une femme prête à assumer ses propos déplacés, à subir le courroux de son interlocuteur si il jugeait qu'elle s'était permise d'aller trop loin avec lui. L'apothicaire était à l'intersection entre le courage et la témérité. Cela la rendait incroyablement intéressante aux yeux d'Eadwin, en plus de prendre une dimension merveilleuse. Ce n'était pas tout les jours de l'année qu'une femme lui tenait tête de cette façon. Il ne se rappelait même pas de la dernière fois où une personne aussi modeste qu'elle avait eu la prétention de le faire. Peut-être parviendrait-elle à inverser les rôles, intimant profondément à Eadwin l'idée selon laquelle c'était lui la petite brebis égarée du blanc chemin et qu'elle était la louve au pelage noir venue pour le manger tout cru ? Il ne pourrait peut-être jamais l'avouer mais cette idée avait quelque chose… d'excitant, oui c'était le mot.

« Une femme de votre trempe, voulez-vous dire ? Cela existe-t-il seulement dans mon monde ? »

Son visage était désormais dangereusement proche du sien et il fut comme absorbé par son regard, incapable de bouger tant il était admiratif devant son côté téméraire. Elle osait, elle osait faire ce qu'aucune femme « normalement constituée » ne ferait jamais face à un Noble. Elle ne le séduisait pas parce qu'elle était une personne plutôt jolie et un cœur à prendre, non, elle parvenait à dresser son compagnon de fortune par son absence de peur alors qu'il avait très nettement laissé sous-entendre qu'il pouvait la battre d'un instant à l'autre comme la vilaine petite garce qu'elle pouvait être. C'était tentant à vrai dire, en tant qu'homme, de lui prouver qu'elle avait raison, qu'elle pouvait effectivement le craindre. Il y avait quelque chose d'excitant dans l'idée de lui donner la preuve que c'était lui le dominant, s'il faisait usage de la force physique mais… Ce n'était pas, ou plutôt plus Eadwin. Dans le fond, il ne lui souhaitait aucun mal. Alors qu'il prônait allégrement le rassemblement des peuples pour faire face à la Fange, prendre le risque de détruire psychologiquement parlant une apothicaire de Marbrume serait absolument insensé. Cela dit, elle ne pouvait pas le savoir et elle avait alors toujours raison de se méfier de lui.

« C'est lorsque je suis en danger que je me sens le mieux, quelque part. C'est là où je dois me surpasser pour sortir de situations toujours plus… inconvenantes. »

Oh la petite catin, elle avait osé. Elle était allée jusque-là. Il était vrai que Eadwin n'avait plus prêté la moindre attention aux environnements depuis que la demoiselle Gardefeu parvint à subjuguer son esprit pour le concentrer totalement sur elle. Il était maintenant son otage, à sa merci. Il connaissait le fer froid bien mieux qu'elle, elle n'avait pas besoin de le dire, mais il visualisait parfaitement la pointe de la serpette qui menaçait à tout moment la pointe de sa jugulaire. Décidément, ce jeu était en train de prendre une toute autre dimension. Ses yeux ne se fermèrent alors pas, son regard ne quitta le sien à aucun moment. Il était impassible, comme une armoire à glace, face au danger qui le guettait. La raison était toujours la plus forte et à juste titre, il pensa que si Elisabeth Gardefeu devait vraiment le mettre à terre, elle l'aurait fait dès à présent sans laisser un seul instant au colosse de retourner la situation à son avantage. Il avait cette certitude que tant qu'il ne ferait rien d'impromptu, elle ne couperait pas le fil fragile de son existence qu'elle pouvait tenir entre ses doigts.

« J'aime les gens comme vous, demoiselle Gardefeu. Avec cette franchise et ce zèle, vous n'avez sûrement pas besoin d'un époux pour vous protéger. »

Les propos d'Eadwin de Rivenoire avaient pour seul objectif de détourner les pensées d'Elisabeth Gardefeu sur autre chose. Évidemment, une femme comme elle méritait et avait besoin d'avoir un époux. Elle avait de la chance d'être tombée sur Eadwin, ce chevalier de Traquemont qui ne lui ferait peut-être pas trop de mal. Un autre homme, avec une noirceur digne de ce nom, aux idéaux sombres, l'aurait déjà mise à terre un temps plus tôt pour en faire son office. Ils le savaient tous les deux, tout ceci n'était qu'un jeu dans lequel chacun prenait son plaisir, dans une forme différente. Eadwin aussi, même si ce n'était pas avouable pour lui, avait de la chance que Elisabeth ne soit pas un assassin envoyé par une tierce personne pour venir mettre fin à ses jours. Elle était forte, très forte pour être parvenue à glisser la pointe de sa serpette contre sa jugulaire. Il ne fallait pas être de mauvaise foi, il n'avait tout simplement pas vu le stratagème arrivé. Une femme comme Elisabeth, c'était une véritable aubaine, une rencontre que l'on ne faisait qu'une fois dans une courte vie. Elle avait ce pouvoir de mettre le doigt sur ses faiblesses et d'appuyer dessus pour lui faire suffisamment mal pour le secouer et ainsi… le rendre plus fort.

« Comment pourrais-je continuer de servir ma Châtelaine ? Comment pourrais-je répondre à l'appel de Rikni et rejoindre le Labret si vous décidiez que je suis suffisamment dangereux pour vous au point de me tuer ? »

Il ferma alors les yeux, comme pour rompre avec cette atmosphère plutôt enivrante. Il avait fait le choix de la sagesse, celui de ramener non seulement Elisabeth Gardefeu sur terre, avec des idées plus claires. Il était reconnaissant envers elle, plein de gratitude. Elle l'apprendrait peut-être un jour mais Eadwin de Rivenoire se sentait on ne peut plus vivant lorsque les portes du Havre d'Anür étaient à portée de vue. Lorsque la lame de la serpette vint caresser son cou avec peu de tendresse, on pouvait dire que l'espace d'un court instant, il avait eu peur, peur de mourir et de voir les responsabilités qui lui incombaient encore s'envoler. Sans le savoir, elle lui offrit donc quelque chose qu'il appréciait de façon tout à fait paradoxal. Cependant, Eawin de Rivenoire n'allait pas en rester là. Elisabeth Gardefeu méritait d'être punie mais pas comme elle le craignait. Lui aussi pouvait être plein de subtilité. Ainsi, en ouvrant les yeux pour s'assurer qu'elle était toujours attentive, il vint capturer une toute première fois ses lèvres avec les siennes pour échanger un baiser chaste. L'effet suscité la surprendrait suffisamment pour qu'elle ne sente plus le danger, de quoi lui permettre de cesser sa menace mortelle contre lui. Pour se venger, c'était tout ce dont il avait besoin. Avec une délicatesse dont il faisait rarement preuve, ses deux mains s'emparèrent de ses hanches avec douceur et il l'embrassa une seconde fois dans la foulée, de façon bien plus prononcée.

« Vous intriguez énormément l'homme que je suis mais vous m'avez menacé. Tout doit se payer, Elisabeth. »

Ni d'une, ni deux, elle ne se rendit peut-être pas tout de suite compte que ses pieds décollèrent du sol. Avec une telle poigne sur son corps, la soulever était un jeu d'enfant et elle quitta donc le sol d'une façon déconcertante. Il se tourna alors vers la grande étendue d'eau qui jusqu'à présent faisait office de décor idyllique pour leur rencontre. Sans la moindre hésitation, il la projeta donc à l'eau. C'était cela, sa vengeance ? Une façon à priori amusante de lui remettre les idées en place.

Toutefois, Elisabeth Gardefeu savait-elle seulement nager ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptySam 18 Juin 2016 - 20:00
« J'aime les gens comme vous, demoiselle Gardefeu. Avec cette franchise et ce zèle, vous n'avez sûrement pas besoin d'un époux pour vous protéger. »

Elisabeth décida de prendre cette phrase comme un compliment, même si elle aurait eu beaucoup de choses à dire sur la nécessité d’avoir un mari. Contre un seul homme, elle avait ses chances à condition qu’il ne soit pas armé ou sur ses gardes. Au-delà, elle savait qu’elle n’avait aucunes chances. Devoir ruser tous les jours, trouver des combines et des mensonges, jouer son rôle et s’improviser comédienne en plus d’apothicaire… Elle était parfois fatiguée de jouer à ce petit jeu, mais il était hors de question de se relâcher et de sombrer. Cependant, un peu d’aide et de soutient ne pouvait pas lui faire de mal.

« Comment pourrais-je continuer de servir ma Châtelaine ? Comment pourrais-je répondre à l'appel de Rikni et rejoindre le Labret si vous décidiez que je suis suffisamment dangereux pour vous au point de me tuer ? »

La courte lame toujours posée contre la gorge du chevalier, les bras autour de son cou dans une étrange étreinte qui la suspendait presque à lui, la demoiselle hésita un instant. Est-ce qu’il se moquait ? Ou est-ce qu’au contraire il lui donnait des raisons de ne pas commettre l’irréparable ? Il n’avait pas l’air menaçant et n’avait dans la voix aucune inflexion de colère ou de menace. L’apothicaire ne voulait pas croire qu’il puisse lui tendre un piège. Il n’avait pas l’air d’être une mauvaise personne, son regard pouvait être dur mais il n’y avait pas cet air mauvais ou cruel que la plupart des hommes dangereux ont au fond des yeux. Elle ne doutait pas un instant qu’il était capable de la fendre en deux avec son épée et sans éprouver la moindre hésitation, si cela était nécessaire. Cependant, le chevalier de Rivenoire ne paraissait pas être de ceux qui versent le sang à la première occasion. Ou peut-être se trompait-elle ?
Il lui ferma la seule fenêtre à travers laquelle elle pouvait tenter de deviner la suite, éclipsant son regard derrière ses paupières aux coins desquelles se dessinaient déjà de fines ridules. Pourquoi ? Avait-il confiance à ce point ou réfléchissait-il à une façon de la contrer, en la prenant par surprise ? La jeune femme n’était plus certaine et la pression légère qu’elle exerçait s’évanouit alors qu’elle éloignait la serpette de la peau fragile contre laquelle elle l’avait lovée. Les sourcils légèrement froncés sous l’effet de l’incompréhension, elle cherchait à percevoir quelque chose sur le visage d’Eadwin qui la mettrait en garde, incertaine sur la marche à suivre face à ce mur fermé.

À l’instant où elle put se raccrocher de nouveau au bleu sombre de ses yeux, il était déjà trop tard pour anticiper. Il lui coupa la parole avant même qu’elle puisse formuler la moindre remarque et lui coupa le souffle par la même occasion. Elle en fut si surprise qu’elle lâcha son arme improvisée, qui rebondit sur la pierre avec un tintement léger.
Un second baiser balaya la pensée qui se formait tout juste dans son esprit, ne lui laissant même pas le loisir de se remettre de sa surprise. Il avait un goût salé, un goût d’embruns, qui lui descendit sur la langue, accompagné d’un frisson dans la nuque.
Quoi ? Comment ? Où ça ? Pourquoi ?
Tout se brouilla un instant dans l’esprit de l’insolente alors qu’elle tentait de démêler les raisons de ce geste incongru et inattendu. Elle ne sentit même pas la pression de deux mains larges et calleuses autour de ses hanches.
Reprends-toi ma fille ! Arrête de te laisser aller contre ce…ce goujat ! Mais voilà que c’était déjà terminé, qu’il n’y avait plus rien contre quoi lutter. Quelques mots la ramenèrent sur terre, mais elle n’en comprit pas immédiatement le sens, comme si sa cervelle refusait de les analyser correctement.

« Vous intriguez énormément l'homme que je suis mais vous m'avez menacé. Tout doit se payer, Elisabeth. »
« Qu-Quoi ? »

La corrélation entre la menace et son soudain envol lui échappa un peu, mais le fait était qu’elle n’avait plus les pieds sur terre, au sens propre du terme. Le ciel et la terre échangèrent leur place alors qu’elle basculait sur l’épaule massive du chevalier. Ce fut suffisant pour lui faire retrouver la parole et toutes ses facultés cognitives.

« Qu’est-ce que vous faites ? Attendez ! » Le pas décidé et la direction prise ne laissaient pas de doute sur la destination : il allait la jeter à l’eau. « Non ! Attendez, arrêtez ! Hiiiii ! »

PLOUF !
Gigoter et protester n’avait pas servi à grand-chose et Elisabeth eut tout juste le temps de prendre une grande inspiration avant de faire un plongeon bien mérité. L’eau l’enveloppa toute entière, gorgeant immédiatement ses vêtements, se refermant sur sa peau dans une caresse froide. Il ne faisait pas assez chaud pour profiter d’une baignade et la différence de température avec son corps resté au soleil tout ce temps se faisait sentir.
Heureusement pour elle, la jolie vipère aux paroles venimeuses savait nager et dès qu’elle sentit le sable sous ses pieds, elle donna une forte impulsion pour remonter à la surface. Il ne devait pas y avoir plus de trente centimètres entre elle et l’air libre, mais au lieu de se sentir quitter le fond, elle eut l’impression qu’une chaîne la retenait et ralentissait son ascension. La corole de ses jupons déployés dans l’eau alourdissait tout son corps et l’empêchait de surnager. La panique la prit à la gorge. Ses pieds battirent l’eau plus fort et au prix d’un effort désespéré, elle parvint à se hisser jusqu’à la surface.

« Eadwingl ! »

Elle eut à peine le temps d’appeler et d’inspirer que l’eau la tira de nouveau en arrière, envahissant sa bouche et lui brûlant la gorge. Elle toussa, se débattit pour reprendre de l’air, sentait la peur lui saisir les tripes.
Eli ne voulait pas mourir noyée parce qu’on avait eu l’idée lumineuse de la jeter à la flotte avec ses vêtements ! C’était trop bête ! Ses jambes s’empêtraient dans le tissu et après une dernière bouffée d’air frais, elle coula bel et bien.
Merde ! Quel con !
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Artorius



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptySam 18 Juin 2016 - 22:39
Sans qu'elle parvienne vraiment à comprendre comment cela était arrivée, Elisabeth Gardefeu trônait donc sur l'épaule d'Eadwin de Rivenoire tandis qu'il se tourna du côté de la grande étendue d'eau. Plutôt rapidement, elle sembla comprendre ce qu'il allait lui réserver. Cependant, ses plaintes furent vaines n'eurent aucun effet contre les intentions du chevalier de Traquemont. En toute franchise, il ne s'était pas demandé si l'eau allait être bonne pour elle. Il ne s'était pas non plus demandé comment elle allait réagir. Oh, cette fois-ci, elle lui planterait vraiment sa lame dans la jugulaire ? Si elle avait rencontré de nombreux chevaliers ces derniers temps, il serait probablement le premier à accomplir le haut-fait de la jeter dans l'eau. Ni d'une, ni deux, il envoya donc lourdement le colis, - qui n'était pas vraiment si lourd que cela (♥) - à la flotte.

PLOUF.

Évidemment, il ne put s'empêcher d'émettre un rire plutôt rauque pour se moquer d'elle, gentiment tout de même. Un court, un très court moment passa durant lequel Elisabeth fut totalement sous l'eau. En jetant un bref coup d’œil, il estima que l'eau à cet endroit-là n'était pas profonde. Il fallait dire qu'ils n'étaient pas très éloignés du rivage du haut de leur petite colline de gros cailloux aux formes différentes. Toutefois, quelque chose l'alerta. Pourquoi hurla-t-elle son nom avec une déformation si flagrante ? « Eadwingl ! » Franchement, elle aurait pu faire un petit effort. C'était comme si elle l'avait en travers de la gorge avant l'heure. Oui, cette fois-ci, Eadwin pensa qu'elle allait vraiment lui faire passer un sale quart d'heure. Sur l'instant, il ne savait pas vraiment si elle avait réellement un problème ou si elle était en train de faire semblant. Lançant un regard suspicieux, elle remonta une seconde fois à la surface en tendant les deux bras avec la hargne de quelqu'un qui était en train de s'accrocher à sa vie filante.

« Fichtre, je crois qu'on a un problème. »

Il allait, - encore – devoir sauver une demoiselle en détresse. Cette fois-ci, c'était plutôt original puisqu'il était le responsable de cette situation inconvenante. De là où il était, l'eau n'était pas trop trouble et il pouvait presque voir le bas du corps d'Elisabeth Gardefeu sans toutefois pouvoir deviner comment elle s'était coincée. Pour une raison inconnue, elle ne parvenait pas à remonter, c'était tout ce qui importait. Il n'était cependant pas certain d'avoir pied et plonger avec son armure risquait de lui coûter le même sort. Ah, l'histoire ne serait franchement pas très belle si elle retenait qu'Elisabeth s'était noyée avec son idiot de chevalier du jour.

« Tenez bon, j'arrive ! »

Une course contre la montre, non, une course contre la mort pour la vie débuta alors. Il n'enlèverait certainement pas toute son armure, il n'en avait guère le temps. Quitte à choisir, la partie supérieure serait plus rapide à retirer. Il s'attaque donc aux diverses sanglantes et attaches en cuir pour petit à petit retirer les différentes parties. Gants, épaulières, brassards puis enfin, le plastron dont il put enfin se glisser en dehors. Il les déposa, tout de même avec soin sur le rocher en prenant garde de ne pas les faire tomber pour rejoindre Elisabeth. L'assommer dans ces conditions signerait son arrêt de mort. Dans la précipitation, il s'était peut-être écoulé environ deux minutes durant lesquelles la pauvre apothicaire continua de lutter contre la noyade. Toutefois, elle commença à ne plus montrer signe de lutte, elle ne devait plus en pouvoir là-dessus. Comme on l'attendit de lui, Eadwin de Rivenoire plongea sans se poser davantage de question pour la rejoindre au plus vite. C'était donc cela, la corolle de ses jupons s'était engorgée d'eau et elle ne parvenait pas à revenir à la surface.

Il l'attrapa donc par la ceinture avec ses deux bras pour la propulser vers la surface où il la rejoignit. Par chance, il avait pied mais seule sa tête dépassait. Il commença donc à marcher, très lourdement à cause de la partie inférieure de son armure, en direction de la plage tout en tirant Elisabeth Gardefeu tout en veillant que sa tête ne se retrouve sous la surface. Il ne savait pas encore dans quel état il allait la retrouver mais son silence l'inquiétait car elle ne dit rien du tout. Elle ne bougeait d'ailleurs plus, totalement bercée par le rythme des petites vaguelettes. Après l'effort, ils rejoignirent donc la plage une minute plus tard où il put l'allonger sur le dos et s'effondrer à ses côtés. Le sauvetage avait été court mais intense, le colosse en avait des douleurs aux jambes.

« Elisabeth ! Ne me lâchez pas ! »

De l'eau fuitait des armatures d'Eadwin et sa chemise d'homme blanche était entièrement trempée, laissant se dessiner les formes musclées et poilues de son torse ainsi que de ses abdominaux. Là où il s'était rendu compte qu'il n'avait franchement pas eu la meilleure idée de l'année, c'était lorsqu'il remarqua à quel point l'eau pouvait être froide. Enfin, il n'y avait pas de temps à perdre. Il s'agenouilla à côté d'elle pour croiser ses deux mains contre la poitrine d'Elisabeth et ainsi lui procurer un massage salvateur.

« Vous devez tenir bon. Je vous interdis de vous en aller par ma faute ! »

Heureusement, s'il ressentit une forme de panique, son sang-froid lui permit de réagir dans les temps et de la bonne façon. Le massage prodigué fit son effet puisqu'elle commença à tousser bruyamment en recrachant toute l'eau qu'elle avait avalé. Déjà, cela signifiait qu'elle était en vie et il fut définitivement rassuré lorsqu'elle ouvrit les yeux, sûrement encore paniquée. Oh, Eadwin de Rivenoire se demandait bien quels jurons il allait bien prendre dans la face. Il craignait de faire face à la furie sanguinaire de sa vie. Toutefois, il tenta une sortie avec humour.

« Et bien, votre belle robe a manqué de peu de vous noyer. »

Il aurait très certainement mieux fait de se taire. Incapable de savoir comment elle allait réagir, il attendit à ses côtés, prêt à encaisser l'étendue probable de sa colère. Lorsqu'elle croiserait son regard, elle pourrait néanmoins se rendre compte à quel point il était désolé. Le malaise pouvait clairement se lire sur son visage. Il fallait dire qu'il s'était franchement inquiété pour elle même s'il venait à peine de la rencontrer.
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Elisabeth Gardefeu



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyDim 19 Juin 2016 - 16:51
Elle avait perdu connaissance peu après avoir senti la brûlure atroce de l’eau salée dans ses poumons. Sa dernière pensée fut « Quelle mort à la con », ou quelque chose de similaire. Est-ce que c’était ce qu’avait voulu le chevalier ? La noyer ? Il y avait plus simple pour se débarrasser d’elle franchement !

Son cerveau se remit brutalement en marche en éclipsant tout ce qui s’était passé entre le moment où elle avait perdu conscience et celui où elle recracha assez d’eau pour respirer à nouveau. D’abord son corps réagit sans son consentement et elle se mit à cracher de l’eau en toussant, secouée par un spasme salvateur. Eli se tourna instinctivement, s’accoudant dans le sable pour évacuer tout le liquide tout en essayant de respirer à nouveau. Chaque goulée d’air était douloureuse, aussitôt interrompue par une nouvelle tinte de toux, jusqu’à ce que finalement il ne reste plus rien à expulser. Maintenant elle avait froid et se sentait grelottante.
La panique de la mort imminente passée, elle consentit à regarder autour d’elle pour essayer de resituer les choses. Le soleil brillait toujours dans le ciel et elle entendait les vagues non loin, le sable de la plage lui donnait un bon indice pour deviner où elle se trouvait et la grande silhouette qui lui faisait de l’ombre ne pouvait être que celle d’Eadwin. Après un court temps d’adaptation, elle put le distinguer nettement : il était trempé et à moitié déshabillé, l’air un peu contrit. De quoi parlait-il ? Sa robe ?

« Noyée à cause… de ma robe ? » Sa voix s’étrangla un peu et elle toussa de nouveau avant de reprendre, avec plus de force : « Noyée à cause de VOUS, oui ! Espèce de brute ! »

La jeune femme se redressa pour s’asseoir correctement et, sans réfléchir, donna un coup dans l’épaule d’Eadwin. Un coup si misérable qu’il ne bougea pas d’un iota, ce qui fit enrager la belle. Elle se mit alors à tambouriner avec ses petits poings le large torse à sa disposition en fulminant :

« Vous m’avez jeté dans l’eau glacée, espèce de butor ! Vous n’vous êtes même pas demandé si je savais nager ! Espèce de… De cervelle de crapaud ! Imbécile ! J’aurais pu y rester ! »

Lizzie était furieuse pour mieux cacher qu’elle avait eu la frayeur de sa vie. Au moment de sombrer, elle s’était vraiment dit que c’était la fin, qu’elle allait disparaître et que tout ce qu’elle avait fait jusqu’ici n’aurait servi à rien. Elle ne voulait pas mourir, elle avait encore la vie devant elle et trop de choses à faire ou à voir. Elle ne voulait pas disparaître sans laisser de traces, abandonner sa boutique et le nom de sa famille. Mais pendant quelques instants, elle avait failli tout perdre bêtement et cette pensée l’avait terrifié comme rien ne l’avait fait jusqu’à présent. Alors maintenant, elle se vengeait sur le responsable, même si c’était injuste puisqu’il l’avait sauvée sans hésiter.

« Ça vous arrive souvent d’embrasser des femmes avant de les jeter à la mer ? Si vous vouliez vous débarrasser de moi, il y avait plus simple ! »

La pluie de coups se calma enfin, laissant leur auteure vidée de ses forces et essoufflée, les épaules tremblantes. Quelle journée… Et il n’était même pas encore l’heure de déjeuner. Maintenant quoi ? Elle était dégoulinante, les cheveux collés à la nuque et aux épaules, sa robe lourde ne laissait plus beaucoup de doutes sur l’épaisseur de son anatomie et elle allait attraper la mort si elle gardait trop longtemps cette tenue humide et froide.

« Idiot. »

Le mot tomba entre eux comme une pierre alors qu’Elisabeth se remettait sur pieds avec précautions, encore un peu assommée par sa baignade forcée. Dans son panier se trouvait une grande pièce de tissu dont elle comptait se servir pour emballer certaines denrées mais qui était encore propre et sèche. Rapidement elle la déplia et en évalua les proportions avant de décider que faute de mieux, elle devrait se contenter de ça.

« Si vous pouviez avoir la pudeur de vous retourner messire, j’aimerais m’épargner la pneumonie sans que vous n’ayez à évaluer le moindre recoin de ma personne. » grommela-t-elle à l’attention d’Eadwin.

Lui aussi devait avoir froid après son séjour dans l’eau et elle était un peu dure avec lui, elle voyait bien qu’il n’avait pas voulu que les choses se passent comme ça. Et puis il avait plongé pour la repêcher, avec la moitié de son armure encore sur le dos… Elle ne pouvait pas lui en vouloir éternellement. Se montrer reconnaissante était un peu trop difficile si on considérait qu’il était tout de même responsable de ce fiasco, mais elle n’avait pas le droit de le blâmer plus que nécessaire non plus.
Dès que le chevalier lui présenta son dos, Elisabeth s’empressa de défaire les laçages de sa robe et de retirer cette encombrante chape de tissu glacé. Elle prit le temps de se frotter avec le morceau de toile sèche avant de s’en envelopper, nouant les extrémités ensemble pour s’en faire un vêtement de fortune. Ce n’était pas seyant pour un sou, ça ne coudrait que la moitié de ses cuisses et laissait ses épaules complètement nues, mais au moins c’était sec. Le chevalier de Rivenoire devrait faire avec et tant pis pour la bienséance ! La demoiselle lui signala qu’il pouvait se retourner et elle s’attela à la tâche d’essorer le plus possible ses habits de bain. À la regarder on aurait pu la croire rescapée d’un naufrage.

Elle se sentait bête à présent, fagotée comme l’as de pique, démunie et tremblante comme un agneau nouveau-né. Il n’y avait que son air buté qui ne lui donnait pas un air de pauvre petite chose. Voilà à quoi ça menait d’asticoter un chevalier qui faisait deux fois sa taille, elle en prenait bonne note. Et elle ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi il s’était abaissé à l’embrasser. Même si c’était pour la déstabiliser, il avait choisi une drôle de méthode. Ou alors il était de ce genre-là, à courir la fille de basse extraction en jouant de son statut de chevalier. Eli n’aimait pas l’idée de s’être faite avoir si facilement. Et elle aimait encore moins d’avoir aimé.

« Pourquoi vous avez fait ça ? » ronchonna-t-elle.
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Artorius



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu]   [Terminé] A la pêche aux moules-moules-moules ♪ [PV : Elisabeth Gardefeu] EmptyDim 19 Juin 2016 - 19:11
L'inquiétude dans le regard d'Eadwin de Rivenoire était bien réelle. Il adressa furtivement une prière à Anür de pardonner sa regrettable bêtise et de lui rendre l'apothicaire suffocante. Non, ce n'était pas comme cela que les choses auraient du se dérouler. Tout était embrumé dans son esprit, il n'y a pas si longtemps que cela, il était encore en train de creuser quelques tombes de fortune pour des âmes tombées sur une terre lointaine. Ensuite, il avait fait la rencontre de la demoiselle Gardefeu, cette femme au tempérament enflammé. Elle l'avait taquinée, un peu fort et il avait rendu la pareille. Il tint sa robe, faisant semblant d'être menaçante et elle colla une lame contre sa gorge pour jouer au même jeu. Et… Il l'embrassa, deux fois, sans aucune raison apparente comme pour remporter un jeu d'une façon tout à fait déloyale. Cela ne lui ressemblait pas. D'ordinaire, il réfléchissait mûrement ses actes et prenait les précautions nécessaires lorsqu'il devait se sortir d'une situation quelconque. Verbalement parlant, Elisabeth Gardefeu commençait à le savoir, sa franchise lui donnait ce caractère un peu amusant et acerbe à la fois. Le vieil ours mal léché ne retenait que très rarement sa façon de penser.

« Elle est des nôtres ! »

Il s'était réjouit mais ce ne serait que de courte durée. Elle se redressa pour s’asseoir et elle lui adressa un coup dans l'épaule qui ne le fit pas bouger d'un cil. Si elle avait l'intention de le mettre à terre, savait-elle qu'elle n'y parviendrait peut-être même pas en y mettant toute la masse de son corps ? Cela sembla l'agacer au plus haut point parce qu'une flopée d'insultes commença à pleuvoir sur lui. Butor ! Cervelle de crapaud ! Imbécile ! C'est qu'elle commençait sérieusement à s'énerver cette petite dame… Elle commença alors à s'écharner contre son torse en le frappant de toutes ses forces mais une fois encore, Eadwin ne ressentit pas vraiment grand-chose. Les coups d'une femme frêle, même si elle était énervée, ne lui faisaient pas vraiment mal. Il pensa tout de même qu'il avait de la chance que sa serpette ne soit plus à portée de main. Contre cette arme-là, il aurait alors fait vraiment pâle figure. Face à la question tant redoutée, le chevalier de Traquemont ne sut pas vraiment quoi répondre. Il fit le choix de la franchise, comme toujours, en veillant à se faire tout petit pour une fois.

« Non, ces choses arrivent très rarement. Je n'ai jamais eu l'intention de vous faire du mal. »

La violence s'estompa dès que Elisabeth Gardefeu lança ses dernières forces dans la mêlée. Elle l'acheva avec un dernier juron, en le traitant d'idiot. A cela, il n'avait rien à redire puisqu'il pensait lui-même avoir été un peu trop loin. Il ne savait pas comment l'exprimer mais il regrettait son geste. Avait-il eu peur de la perdre ? Peut-être un peu. Tuer des innocents, ce n'était pas vraiment ce que lui avait demandé le Père de Tourres quelques jours plus tôt lorsqu'il s'était confié à lui. Lizzie avait peut-être un caractère de truie, une façon de réagir parfois un peu de façon disproportionnée mais elle était ni plus ni moins une innocente. C'était donc tout naturellement que l'idée de devenir son assassin était parvenue à ébranler la conscience d'Eadwin. Cependant, elle était vivante. Il l'avait mise en grave danger mais il était venu à son secours sans sourciller. Il ne pensait d'ailleurs pas qu'elle puisse l'avoir réalisée dans son excès de colère et il se garda bien de le mettre en avant. Ce n'était pas honorable de constituer une défense à partir de ça.

« Me retourner ? O-oui. Bien sûr. »

Il s'exécuta, non pas que l'idée de voir une femme nue le dérangeait vraiment. Avec ce joli minois, il osa penser à quel point la silhouette de Lizzie devait être agréable à observer lorsqu'elle dévoilait ses formes. Il était presque étonnée qu'elle ne soit pas encore mariée. C'était vraiment son sale caractère qui avait ôté le courage à ceux qui avaient peut-être tenté de la courtiser par le passé ? Elle devait être vraiment féroce par moment. La simple idée qu'une femme soit capable de lui tenir tête de la sorte n'était pas pour lui déplaire à vrai dire. Tandis que Lizzie s'évertua à échafauder une tenue de fortune, Eadwin de Rivenoire devait reconnaître qu'il avait froid aussi. Sa chemise d'homme blanche lui collait à la peau et le métal froid de son armure ne le réchauffait pas. Il se permit alors de retirer non pas seulement cette chemise pour la faire sécher mais également le bas de son armure, de façon moins pressée que tout à l'heure, pour permettre à ses bas de se réchauffer grâce à la chaleur du soleil. Si Lizzie tendit l’œil pour observer son dos musclé à ce moment-là, elle pouvait noter l'absence de cicatrices. Bien protégé par son armure, cela voulait aussi dire qu'il ne tournait jamais le dos à ses ennemis. Lorsqu'il se retourna vers elle, Lizzie serait peut-être un peu gênée de constater que ses bas lui collaient à la peau, épousant avec singularité toutes ses formes, oui, toutes ses formes. De son entrejambe jusqu'à ses mollets. Elle veillerait sûrement plus à le regarder à nouveau dans les yeux, remarquant au passage la disparition progressive des abdominaux de sa prime jeunesse pour laisser place au ventre un peu rondelet d'un homme avec de la bouteille. Son poitrail, musclé comme ses bras, et poilu ne la laisserait peut-être pas indifférente non plus. Ce n'était pas là un jeu de séduction, du moins cette idée ne traversa même pas l'esprit du chevalier de Traquemont. Il s'en voulait encore bien trop pour ce qu'il venait de lui faire subir.

« Ce n'était pas très chevaleresque, je suis vraiment désolé. » lui dit-il, avec un regard qui ne trahissait pas la sincérité de ses excuses. « Je ne sais pas. J'ai un peu perdu le contrôle. Ce n'est pas tous les jours qu'une femme au caractère fort et séduisant vous colle une lame contre la jugulaire. Je n'ai pas très bien réfléchi et me suis emporté mais je n'ai jamais eu l'intention de vous faire le moindre mal, puissiez-vous me croire. »
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