Les mauvaises habitudes ont la peau dure [Xandra & Finn]

Les quartiers du Temple, quand c’était pas devant le temple lui-même, ça avait toujours été clame. En même temps, il pouvait pas dire que les activités cléricales, c’était quelque chose de bruyant. Il suffisait de se trouver un petit coin bien tranquille, une petite alcôve, une petite pièce personne utilisait pour avoir un lieu pour causer tranquillement. C’était exactement ce que les deux plus âgés de la fratrie Clahauser avaient fait. Leurs mots résonnaient légèrement dans le petit local en pierre, ça faisait pas si longtemps qu’il s’était pas vu, mais avec la vie telle qu’elle était maintenant il y avait toujours beaucoup à raconter.

« - Et comment ils s’en sortent à la maison ?

- Comme d’habitude, mais y'a Arthur qui inquiète maman, la dernière fois que je l’ai vu, elle m’a répété au moins cinq fois qu’elle voulait pas qu’il traîne avec ces types. Ces types, c'était un peu vague, et fatalement quand j’ai demandé à Arthur, il m’a dit qu’c’était maman qui débloquait. Je sais qu’elle perd un peu pied depuis la fange, mais je sais aussi que cette foutue tête de mule est capable de se frotter à des mecs louches. Tu leur as foutu un sale exemple Jehan !

- Genre moi ?! C’est Lore qui s'est fait bannir !

- Elle aussi ! Tous les deux !

- Arrête de râler Hannah ! Bon … Je suppose que tu n'as pas laissé ça comme ça.

- Je me suis juste renseigné, et ce que j’ai trouvé, ce n'était pas particulièrement rassurant. Faut que tu traînes Lore dans les murs.

- C'pas une bonne idée, tu sais ce qu’il lui arrivera si elle se fait choper ?

- Bah oui, bien sûr, mais les types dont maman parle, c’est la clique de papa, il a décidé de prendre le môme sous son aile et ça, c’est mauvais pour lui. J’ai bien essayé de lui parler, mais à part me dire que depuis le temps que j’étais au Temple j’étais limite une bourge qui connaît plus la réalité des bas quartiers, j’ai pas eu grand-chose. Si toi et surtout elle, qui à jamais arrêter d’y traîner et qui l’a payé, lui parlait il arrêtera peut-être les conneries.

- Mais qu’est-ce qu'ils foutent de si grave ? Ça pique deux trois piécettes ? La belle affaire. Elle risquera pas sa peau pour ça.

- Ça fait des remèdes frelaté avec ce qui tombe sous la main que ça revend à un prix raisonnable, ‘fin toujours bien trop cher pour ce que c’est. Mais visiblement cette merde elle est vraiment dangereuse, y’a déjà plus d’une personne qui s'est présentée au Temple malade, en parlant de ce genre d’arnaque.

- Non mais, y’a pas que papa pour foutre la merde dans cette ville et avoir des idées foireuses…

- Déjà, ça lui ressemble bien ce coup, facile, rentable. Puis en les faisant parler, il s’est avéré que celui qui leur avait vendu la mixture, s’était régulièrement un petit blond foncé qui me ressemblait un peu. Si ils arrêtent pas leurs conneries très vite la milice risque de s’en mêler. Et si j’me contre fout qu’Edmond ait des emmerdes, c’est pas le cas pour Arthur.

- Je te promets rien, mais j’essayerais de la convaincre.

- J’ai pas fait remonter l’information pour gagner un peu de temps, mais je suis pas la seule à avoir accueilli des gens malades à cause de ça et de toute façon je peux pas me taire très longtemps ça risquerait de me retomber dessus. Ils vont forcément prévenir la milice, des mecs qui arnaquent et rende malade la population ça fait grincer des dents. Si j’étais toi, j’me grouillerais. »

Jehan soupira, blasé du fait que même en exil, volontaire ou non, même avec le monde dans la merde jusqu’au cou, fallait encore s’occuper des problèmes de famille et toujours des même emmerdes.

Quatre jours étaient passés, le temps que Loreline accepte les risques, mais surtout celui de trouver un type sûr pour la faire entrer dans la ville. Jehan, lui, il pouvait passer la porte du Crépuscule comme il voulait avec son bras vierge de toutes marques douteuses, mais pas sa sœur. Il avait fallu passer par les égouts et ça avait pas été une partie de plaisir. Elle avait émergé dans le fin fond du goulot où ils s’étaient tous retrouvé, les trois plus grands. Hannah tirait la gueule, en même temps, elle avait toujours l’air de tirer la gueule quand ça causait de leur paternel. Elle, elle s’était pas non plus tourné les pouces, sur son temps libre, elle avait cuisiné toute la fratrie, tous les amis qu’elle connaissait pour glaner le plus d’information. Il semblait que la clique d’escrocs faisait leur tambouille dans un entrepôt du fin fond du port et qu’ils y étaient plus ou moins tous les soirs, mais pas tous en même temps, mais elle avait de bonnes raisons de penser que ce soir Edmond et Arthur y seraient. Des informations un peu maigres et nébuleuses, mais au moins ils y allaient pas à l’aveugle. Ce qu’Hanna ne savait pas, c’est que les gardes étaient déjà sur le coup, ils avaient chopé un peu plus tôt dans la journée un revendeur à la sauvette et lui avaient fait cracher l’emplacement approximatif du laboratoire miteux.

Les deux exilés avaient pas traîné, l’après-midi touchait à sa fin, inutile de tarder plus. Pas encapuchonnés, à rasé les murs, pour pas faire types louches ils faisaient quand même profils bas, passant dans les endroits peuplés pour se fondre dans la foule quand s’était possible. La balafrée, elle, portait une espèce d’écharpe qu’elle remontait sur son nez, heureusement il faisait encore pas très chaud, du coup ça faisait pas trop étrange et comme ça, ça masquait un peu sa sale cicatrice. Elle avait aussi bien caché ses bras, les deux, avec les manches de ses vêtements et un bandage, on savait jamais, sur un malentendu avec un crétin elle pourrait baratiner qu’elle s’était blessé.

On était au début du mois d'Avril et le temps était encore assez frais pour que Finn puisse porter sa longue étole qui avait déjà un peu trop vécu. Enroulée nonchalamment autour de son cou sans être trop serrée, elle lui tenait assez chaud avec sa tenue de lin sous son armure de cuir pour qu'il ne ressente pas le besoin de porter un vêtement plus chaud ou même sa cape d'hiver qui dormait dans le dortoir de la Compagnie des Lames. Leur première mission officielle s'annonçait, mais déjà chacun s'était plus ou moins distingué de son côté, par des faits d'armes sommaires et discrets, dont la Milice n'avait pas eu vent autrement que par des ragots de bas étage concernant l'intervention d'hommes armés ici et là. Le moment de se faire connaitre approchait à grands pas, mais en attendant le jeune homme n'avait pas encore à l'esprit une Chasseuse qu'il rencontrerait dans quelques temps et, profitant de sa liberté, avait sauté sur l'occasion donnée de dépanner la Milice intérieure -dans laquelle il avait brièvement servit- pour aller s'occuper d'un trafic de faux médicaments commençant à prendre une ampleur inquiétante. L'on avait rapporté de nombreux cas d'intoxication, voir même d'empoisonnement, si bien que des recherches acharnées avaient été faites et de nombreuses personnes interrogées, jusqu'à finalement remonter la piste jusqu'au port et à un certain entrepôt. Bien que les hommes du Duc soient chargés de maintenir l'ordre au sein de Marbrume, une aide supplémentaire en la personne d'un Mercenaire pouvait non seulement s'avérer être un atout, mais également -et cela l'intéressé en était certain- un parfait coupable en cas d'échec de la mission. Qu'importe, l'on fit sonner une monnaie trébuchante dans une bourse de taille raisonnable et l'ancien artisan accepta de bonne grâce.

Rendez-vous lui fut donné à la Caserne où il devait recevoir son ordre de mission en même temps que ceux qui avaient en charge cette dernière, un groupe qui s'avéra relativement restreint et dont on justifia l'immense nombre excentrique de... quatre, par le fait qu'on manquait de moyens et que tous servaient déjà au sein de la cité ou à l'extérieur. Ah non, c'était sans compter sur un cinquième Milicien, ou plutôt une Milicienne au physique agréable à regarder, qui s'avéra être restée légèrement en retrait des autres énergumènes qui composaient la petite patrouille chargée de ramener l'ordre au sein du port. Loin de faire le difficile tout en espérant ne pas rencontrer une trop grande résistance en face une fois sur place, Finn fut brièvement présenté par son seul prénom, avant de quitter les lieux en compagnie de ses collègues d'un soir en espérant que tout se passe bien. Il allait falloir traverser un ou deux quartiers avant d'arriver, cela lui laisserait au moins le temps de mesurer l'état de nervosité de ceux aux côtés de qui il allait combattre cette nuit.

Appuyée contre le mur, Xandra se demandait pourquoi on l’avait demandé elle pour s’occuper d’une histoire interne à la cité. Bah, rien ne restait jamais secret bien longtemps, nul doute que son passé et les “qualités” qui allaient de pairs les avaient décidés à la garder à l’intérieur des murs, et ça, l’ancienne voleuse n’allait pas s’en plaindre.

La mission était simple et Xandra avait déjà plus ou moins entendu ce qui s’était dit pendant le briefing parce que c’était devenu, pas prioritaire, mais une affaire majeure pour la milice. On empoisonnait le peuple, on distillait la peur et c’était la pire ennemie d’une humanité qui vivait recluse.

Elle avait sentit le regard du mercenaire, sacré morceaux, elle avait dut relever le nez bien haut pour réussir à voir ses yeux et lui offrir une petite moue désagréable. Il était au moins aussi grand que le Capitaine, la carrure en moins. La jeune femme avait alors détourné les yeux, fixant la cour de la caserne faiblement éclairée en contrebas, qu’il ne s’imagine pas qu’elle lui souriait à lui le Finn.

On avait pas traîné, briefing rapide, départ rapide. Lames aiguisés, sangles vérifiés sur son armure, la jeune femme suivait à présent la patrouille à travers la ville direction le Port. C’est pas le coin qu’elle connaissait le plus mais il y avait des habitudes, des signes qui ne trompaient et ne changeaient jamais d’un endroit à un autre.

Comme d’habitude elle fermait la marche, ses yeux contrôlant par habitudes les toits, les coins de rue, observait les gestes, les visages. Elle avait gardé son flair. Là un type au bout de la rue, appuyé contre le mur. Son regard perdu loin derrière eux, de son index il avait touché le dessous de son oeil. Ca puait le code, elle l’avait peut être connu, peut être pas, mais elle n’était pas dupe. Bref regard par dessus son épaule pour vérifier celui qui se tenait théoriquement à l’autre bout de la rue.

Putain…

Pas assez éclairé pour voir quoique ce soit. Elle grogna un peu, discrètement. Si elle l’ouvrait et qu’elle créait de la peur ou de la tension pour rien, ça allait encore chambrer sévère. Si bien qu’elle préféra se taire. Si ça se trouve le type avait juste une poussière sous l’oeil et elle virait parano. Peu importe, il était déjà partit. Une patrouille de miliciens c’était un peu comme une merde sur le trottoir, ça faisait s’écarter les gens, coupables ou non.

On devrait se hâter un peu...

Pouvait toujours lancer ça, sans trop de conséquences. Elle avait pas put s’en empêcher parce que s’ils étaient de mèches, ils allaient vite être au courant à l'entrepôt...
Sous le tissus qu’elle remontait sur son nez, frissonnant un instant de la fraîcheur du soir, la jeune femme croisa les doigts. Leurs destinations,elle, se rapprochait doucement.

Un type, un type qu’ils connaissaient vaguement tous les deux était passé. Il était pressé, pressé comme s'il cherchait à s’éloigner d’une source d’emmerdes. Deux choix, soit c'était un groupe ou un gars plus dangereux que lui, soit c'était la milice, pas vraiment d’autres possibilités en fait, le pecnot en question il était pas vraiment droit dans ses bottes. Ils auraient pu faire un détour, les gamins Clahauser, mais ça voudrait dire prendre le risque d’arriver trop tard, trop tard pour ils savaient pas vraiment quoi, peut-être trop tard pour que leur frère soit pas dans la merde jusqu’aux yeux, juste cette idée de trop tard. Puis quand on se trimballait dans la ville alors qu’on avait une saloperie de marque sur le bras droit, on était pas tranquille, même en ayant l’air normal, au fond, l’inquiétude de se faire choper, elle, elle grondait sourdement. Fallait pas traîner dans les rues trop longtemps, alors le détour s’était encore moins une bonne idée.

Au détour d’une sale ruelle et d’une rue un poil plus grande Jehan se stoppa net attrapant sa sœur par le bras pour pas qu’elle fasse un pas de trop. Y'avait un groupe dans la rue, une formation bien serrée comme ça, s’était par une bande de caïds. Puis le mec en face, qui avait pas vu de duo, il s’était tapoté sous l’œil. À traîner parmi les fouilles merde, on reconnaissait vite les comportements louches. Sa gueule disait rien à la fratrie, si c'était un gars de la combine c’était une nouvelle recrue, dur de savoir si ce qu’il avait l’air de rancarder c'était un pion de leur paternel et compagnie ou une autre bande qui avait rien à voir dans le trafic. Que ce soit l’un ou l’autre au moins ça leur avait permis de comprendre que la meute qui arrivait s’était bien des gardes, des foutus gardes. Ça puait sévère alors. Le port c'était un des endroits où s’était plus le bordel dans la ville, pas bien étonnant que des miliciens soient là, mais qu’ils soient si près de l’entrepôt que les deux cherchaient, ça leur disait rien qui vaille.

«J’vais les occuper, toi tu vas retrouver Arthur et tu l’sors de là par la peau du cul s'il le faut. »

Pas de discussion, sur leurs murmures échangés, de toute façon, Elle avait rien à en dire de toute façon, c’était le meilleur plan qu’il ait eu, s'il l’avait pas proposé, Loreline l’aurait fait.

« On s’retrouve chez Jo'. »

Jo’, ou Joseph pour les moins intimes, c’était le tonton, le frangin d’Edmond, il tenait un bouiboui, pas bien sophistiqué dans le port. Pas aussi magouilleur que son frère, il avait quelques petits travers, mais pas celui de tourner le dos à la famille, il planquerait ses neveux dans l’arrière-salle ils en étaient certains.
D’un pas décidé Jehan s’approcha du mec tranquillement adossé à son mur avant de lui foutre une grosse patate, comme ça bien gratuitement. Son plan, il était simple ; une bagarre qui se déclenche comme ça devant leurs yeux, les grouillots du Duc ils pourraient pas laisser passer, et comme tout bon Clahauser qui se respectait le jeune homme était un baratineur, il trouverait bien un moyen de leur pondre des raisons compliqué, confuse et débile pour les faire rester là à essayer de comprendre le pourquoi du comment de la rixe. Pour une bagarre, il risquait pas grand-chose, en tout cas par le même sort que sa sœur.

Elle, d’ailleurs, elle s’était pas faite prier, elle avait juste jeté un coup d’œil au combat rue qui venait de s’initier, mais s’était pas attardé, elle avait filé comme si de rien n’était droit vers l’entrepôt. Dans la pénombre du soir elle allait disparaître rapidement, même si ses cheveux clairs accrochaient un peu le regard.

Le regard que cette rousse lui avait lancé avait été clairement identifié comme une sorte de défi, ou d'avertissement quant au comportement qu'il pourrait avoir. Une femme dans la Milice, forcément, ça devait avoir l'habitude de se faire emmerder toutes les trois secondes, mais pour sa part Finn ne se sentait pas d'humeur à casser les pieds de qui que ce soit, aussi fut-ce avec un de ses sourires dont il a le secret qu'il regarda celle qui avait levé les yeux vers lui. Les quelques secondes de charme sympathique passées, chacun se mit en route comme annoncé et l'on ne trainassa pas, arpentant les rues d'un pas rapide et calé les uns sur les autres, les anciennes habitudes de Milicien refaisant brièvement surface dans l'esprit du Mercenaire qui se laissa aller à réfléchir tout en scrutant les coins et recoins des rues et ruelles qu'ils empruntèrent. Pas un mot n'était échangé, sans doute que tout un chacun se préparait à l'affrontement, mais ce fut quand la rousse lâcha brièvement quelques mots que l'ancien artisan fronça les sourcils, lui jetant un regard songeur avant de reporter son attention sur les alentours, avec davantage de concentration. Il ne vit pas tout de suite l'homme qui se toucha le coin de l’œil, en revanche il ne pu que percevoir le début de bagarre qui s'engagea, échange plus ou moins acharné de coups de poings et de pieds, accompagnés de grognements, le tout bloquant le passage en plein milieu, presque comme un fait exprès. N'eut été Finn, l'on aurait passé son chemin et laissé ces deux-là s'étriper allègrement, mais alors qu'il escomptait les contourner, le Milicien en chef beugla ses ordres et avertissements, ses hommes se précipitant sur les responsables du trouble de l'ordre public pour les arrêter. Voyant que le Mercenaire ne bougeait pas de là où il était, l'homme d'arme l'apostropha sèchement.

- C'est votre travail, pas le mien. On ne m'a pas engagé pour séparer les poivrots.

Qui à son sens avaient bien le droit de se divertir comme ils le désiraient, ou même de régler leurs comptes si c'était là leur choix, peu lui importait. Finn était d'un naturel sympathique, mais le côté buté-borné de la Milice lui était toujours sorti par les yeux et il n'était pas pressé de devoir jamais s'occuper de maintenir l'ordre public, loin de là. Lui, il préférait donner une bonne leçon aux véritables criminels ou bien nourrir les miséreux grâce à de nobles et généreux donateurs anonymes. C'est ainsi que le Mercenaire resta en retrait à observer les autres travailler, mais également en profita pour scruter les alentours à la recherche de quelque chose d'intéressant ou de plus utile, n'étant plus très loin du Port. Tiens... Est-ce qu'il n'avait pas vu une silhouette filer par là-bas ? Hum... peut-être un habitant peu désireux d'être interrogé par la Milice.

« C’quoi l’embrouille là ?! »

Tonna un milicien alors qu’il se mettait entre les deux gars qui se tapaient dessus. Il avait d’ailleurs pas vraiment esquivé un coup de poing et ça avait pas eu l’air de lui faire du bien, mais il restait debout, fallait garder un peu de crédibilité quand on portait les couleurs du Duc merde !

« Mais je ne sais pas, là ! C’te connard là il m’a sauté d'sus j’sais pas pourquoi, j'sais même pas qui c’est ce con ! »

Beugla le mec anciennement adossé au mur.
Au fond, la situation amusait beaucoup Jehan. Rouler les gens dans la farine, ça le faisait bien rire, sauf quand fatalement, ça lui apportait des ennuis, mais ça, c'était une autre histoire. Du coup, il y mettait du cœur à l’ouvrage, s’appliquant à gueuler plus fort que l’autre.

« À ouai !! T'sais pas qui j'suis ?! Genre t’connaîs pas ma frangine hein ?! La petite blondinette mignonette là, celle que t’as essayé de tripoter la dernière fois, les tavernes ducon, c’est pas toutes des tripots ! Ça t’dit toujours rien ! Hein !»

Des sœurs, le Jehan il en avait pas qu’une, il en avait quatre, toutes blondes, toutes pas vraiment désagréable à regarder, sauf peut-être Loreline pour certains. Alors bon c'était pas impossible qu’il veuille tabasser un mec pour ça. Enfin, là, le type il y était pour rien du tout, mais en embobineur qui se respectait, le jeune homme jouait plutôt bien la comédie.

« Non mais l’est pas bien lui, j’pas approché d 'blonde ! »

Faisant le protecteur en rogne, le blondinet avait fait mine de ruer sur sa victime, poing en l’air, l’air d’un mec qui allait en découdre. Mais comme attendu, on l’avait retenu.

« - D’accord, alors on va SE CALMER ! Identité, tous les deux !

- Ian, Ian Lefebvre Monsieur ! Et ma sœur c'Joséphine. Ça t’dis encore rien ?! La mignonne p'tite Joséphine… Pov’ type ! »

Fatalement qu’il allait pas donner son vrai nom, question de bon sens voyons. Faire l’indigné agressif, ça marchait toujours bien pour attirer l’attention. Cette fois s’était à l’autre d’avoir envie de casser des gueules, mais lui aussi, il s’était fait retenir, on lui avait même offert le luxe de prendre un pain sur le coin de la figure.

« - Nom. Avait exigé sèchement le gars qui semblait aux commandes.

- Vincent Bonnet. »

Qu’il avait grommelé après avoir craché par terre. Ça le faisait chier le gars en charge, il avait pas que ça à foutre d’arbitrer les déboires de trousseur mange merde des bas quartiers. Enfin si d’habitude s’était plutôt son attribution, mais ce soir, il avait enfin quelque chose de mieux, quelque chose de plus intéressant, quelque chose qui lui permettrait de faire ses preuves ! Mais voilà la vie était une catin et elle avait décidé de le rappeler à son quotidien.

« Erkal, embarque-moi celui-là, là. Ordonna-t-il en montrant Jehan. Fous-le aux geôles pour la nuit, ça lui fera ptètre passé l’envie de casser des gueules pour les beaux yeux d’sa frangine. »

Fatalement, c'était la nana qu’on envoyait faire la tâche ingrate, celle qu’on écartait de la mission et qui du coup allait pas profiter des bienfaits de la prise si l’opération de ce soir était réussie.

Erkal, un nom qui avait sonné salement familier aux oreilles de Clahauser. Il aurait aimé que ce soit qu’une sale coïncidence, mais non le minois roux qui était apparu entre les gros bras avait bien réduit en bouilli ses maigres espoirs. Une ancienne voleuse dans la milice ça avait quelque chose de cocasse quand même. Enfin ça le faisait quand même chier, fallait bien le dire, si elle le reconnaissait pas, s’était soit qu’elle ulait pas, soit qu’elle était devenu subitement amnésique. Jehan avait certes perdu du poids depuis la dernière fois, famine et vie à l’extérieur obligent, mais il n'avait pas tant changé au final, juste la couche de crasse qui était peut-être un peu plus épaisse.

Elle pouvait le dénoncer comme elle voulait, dire qu’il s’appelait par du tout Ian, que les siens étaient connu dans le milieu pour être des escrocs. Puis si elle avait encore deux sous de jugeote informer son supérieur que l’agression et bien, elle avait d’un coup tout l’air d’une foutue distraction pour leur faire perdre du temps.

D’un coup, ça devenait compromis, encore plus qu'avant.
Heureusement Loreline, elle, arrivait à proximité du hangar. Elle avait pas fait de vagues, glissant dans les ruelles d’un pas un peu rapide mais assuré. C’était un vieux bâtiment en bois. Par endroits au sol la boue était légèrement ourlée de blanc, des dépôts de sel, on était tout près de la mer après tout, puis il avait dû servir pour les pêcheurs avant de servir pour les magouilles. Une sale odeur s’échappait du truc, ça piquait le nez.

Xandra ne s’était pas mêlée de la bagarre. Parce qu’ils étaient assez pour ça, parce que le mercenaire pourrait faire l’affaire. Non, elle, elle laissait ses sens quadriller la zone. Toits, fenêtre, rues. C’était inscrit en elle, ça revenait doucement mais surement,comment tu te jouais d’eux ? Puis ils y avait une les éclats de voix, celle là.

C’était difficile, toujours difficile de s’en prendre à ceux qui vous ressemblent trop. Chien efflanqués, odeurs du pauvres, de ceux qui ont poussés dans le même moule cassé. C’était une des raisons qui rendait ce boulot difficile parfois, tuer des fangeux au fond, c’était un peu un moyen d’éviter ça, surtout que là…

Là elle s’avançait, finalement, celle qui était resté en retrait à jouer les fins museaux. Elle la connaissait personnellement cette voix forte dont les écorchures, les faiblesses avaient disparu comme la virilité, l'âge adulte était arrivé. Même si son visage n’était encore qu’une ombre caché dans les méandres de son esprit, c’était une évidence, elle savait.

Bon sang, c’était quoi son nom déjà ?

« - D’accord, alors on va SE CALMER ! Identité, tous les deux !

- Ian, Ian Lefebvre Monsieur ! Et ma sœur c'Joséphine. Ça t’dis encore rien ?! La mignonne p'tite Joséphine… Pov’ type ! »

Ian. Joséphine ? Hum… Et moi je m'appelle Lison…

Elle sentait une tension au creux de ses entrailles, le genre qui annonçait qu’elle avait faim, un peu, mais surtout, surtout que c’était la merde, la vraie. Le cul entre deux chaises, quelque chose dans ce goût là.

Jehan, c’était ça !

- Vincent Bonnet. »

Elle avait écouté d’une oreille distraite. Écouté sans entendre. Il mentait peut être, peut être pas, c’était passé au second plan, au troisième en fait. Après Jehan, après l’entrepot. La situation ne pouvait guère empirer...

« Erkal, embarque-moi celui-là, là.Fous-le aux geôles pour la nuit, ça lui fera ptètre passé l’envie de casser des gueules pour les beaux yeux d’sa frangine. »

En fait si. La rousse avait laché un profond soupire qui n’avais pas échappé à son supérieur.

Ca te fais chier de bosser ?

Non chef, pardon.

Pardon, parce que ce que je vais faire c’est pas très très bien et ça me donne pas vraiment bonne conscience. Décidément sa conscience professionnelle en prenait un coup chaque fois qu'elle croisait un fantôme du passé..

Mais si elle se dépêchait de le ramener en cellule pour la nuit, ou qu’elle s’arrangeait pour faire croire qu’elle l’avait perdu en route, il reprendrait plus vite leurs routes. Parce que si elle commençait à évoquer le passé, la vérité, on était pas sorti de l’auberge, non ?

Prenant toujours soin d’éviter son regard elle l’avait poussé, un peu méchamment, parce qu’elle avait envie de lui en vouloir, ça lui évitait de s’en vouloir à elle...Bon sang. Elle en aurait vomi de culpabilité.

Xandra avait gardé le silence un moment, le temps d’être suffisamment loin d’être autres, loin des mètres qui les séparaient de l'entrepôt.

Putain Jehan, pardon “Ian”...Je sais pas ce qui m’a retenu de te balancer !

Si, ta soeur, l’amitié, les liens…

Pis elle l’avait pas vraiment écouter, elle s’était mise à râler sans discontinuer, prenant juste le temps de respirer. Comment il pouvait être mêlé à un truc aussi sale, pourquoi ? Et puis pourquoi il fallait que ça tombe sur elle, maintenant, ce soir...Oh il allait croupir en cellule, ça lui ferait les pieds ! Celle du fond, celle qui pue la pisse qu’importe le nombre de seau de flotte que tu balances et puis...et puis...Comment ils vont les autres ?

Comment va Loreline ?

Elle s’était enfin arrêté, de marcher, de débiter les mots à toute allure, maintenant elle voulait des réponses.

« Wow, on s'calme poil-de-carotte ! »

Qu’il avait tonné alors que la rouquine le poussait sans ménagement. Fallait bien garder la couverture jusqu’au bout, le gars hargneux, il fermait pas sa gueule quand on l’arrêtait, vu qu’il en voulait à la terre entière.

« Et toi ! Ouai toi, Vincent ! On s'retrouvera, t’inquiète. »

Lever le poing, faire le gars revanchard pour faire plus crédible, le Bonnet lui, il avait juste soufflé dédaigneusement puis on lui avait dit de circuler après lui avoir rappelé pour la forme qu’il fallait pas faire chier les dames. C’était bien histoire de lui avoir pseudo tapé sur les doigts. Puis tout le monde s’était séparé, reparti de son côté. Xandra et Jehan quelque part dans les ruelles, Vincent tout le monde s’en foutait et les miliciens vers l’entrepôt. Le jeune homme savait pas trop comment se comporter en fait, elle avait rien dit, ce qui en soi était une bonne nouvelle là, de suite, mais la grande question était : pourquoi ?

Question à laquelle il eut vite la réponse quand elle s’était arrêtée pour … râler.

« Parce que t’es folle de ma belle gueule. »

Le sourire charmeur c’était en bonus. A vrai dire Jehan s’attendait à se prendre une tarte pour ce trait d’humour un peu douteux vu la situation, mais ça lui faisait pas peur et il en était même plutôt fier le bougre. Mais elle avait continué à râler et râler. Ah putain, les femmes quand ça se mettait à piailler ça s’arrêtaient plus ! Au moins, bon point, elle se souvenait de lui, et de tout le reste et de Lore. Lore qui était d’ailleurs devenu son prochain centre d’intérêt à la rouquemoute.

« Elle allait bien, on va dire ça, mais elle ira sûrement moins bien quand tes nouveaux potes lui seront tombés d'su là où ils vont. Tu’ai rapport au fait où’ils vont lui foutre la corde au cou. »

C’était vrai quoi merde, comment on passait de chapardeuse à gardienne de l’ordre ?! Soit ils étaient pas au courant, soit Jehan aurait dû songer à sa reconversion en milicien depuis bien longtemps. Quoiqu'il ait pas pu en fait, devoir suivre les ordres d’un couillon, ça l’avait jamais passionné.

« Elle est pas revenu pour foutre le bordel. Elle est passé parce qu’Arthur est sur la pente glissante. Si on peut lui éviter de finir comme elle … ou une certaine mesure, comme moi… bah ont le f’ra. »

Parce qu’il fallait pas oublier que le blondinet non plus était pas dans le plus enviable des situations. Se retrouver obligé à devoir s’exiler la plupart du temps, c’était pas à proprement parlé la situation la plus confortable. Mais c’était ça qui était bien avec le fait d’avoir une sœur bannie, on pouvait toujours dire qu’on était moins pire qu’elle. Et ça, même si s’était de la mauvaise foi complète.

« J’peux pas t’laisser m’mettre au cachot Erkal, faut que je sorte tout le monde d’se merdier. T’as qu’à venir avec moi, tu diras à ton connard de chef qu’tu m'as coursé jusqu’à l’entrepôt. »

C’était une vraie proposition, faite avec un ton sympathique et tout le bordel. Il l’avait un peu foutu dans la merde sans le vouloir, donc comme ça, ça arrangeait tout le monde. Enfin ça ferait peut-être un peu louche et si elle accepterait pas et qu’elle voulait vraiment l’emmener faire un petit séjour aux gnoufs, il hésiterait pas à essayer de l’assommer.

De son côté Lore avait cherché un truc pour essayer de se faufiler dans l’entrepôt autrement que par la porte parce qu’ils l’avaient sûrement barricadée et que de toute façon la probabilité qu’il veuille bien la laissé rentrer était plus ou moins proche du néant. Ça puait sec dans le secteur à cause de leur décoction de malheurs rappelant de sale souvenir à Loreline. Sûrement qu’une des mixtures que sa mère lui avait étalée dessus au moment de sa brûlure avait dû avoir une odeur qui ressemblait. Avec un peu de chance, c’était la cinglée qui avait trouvé la recette de leur arnaque. Elle était rentrée par un volet d’aération entre ouvrir. Le trou était pas bien large, heureusement, elle était pas bien épaisse, elle était passée pas si juste que ça. Son atterrissage qui manquait un peu de grâce avait suscité un léger vent de panique parmi les types dans la bâtisse alors qu’elle, elle s’était mise à tousser à en cracher ses poumons, à cause des vapeurs qui s’échappaient des marmites de « remèdes ». Ce qui lui avait fallu de se retrouver chopé par un gars avec un couteau sous la gorge, la routine quand on s’approchait de trop près des affaires d’Edmond.

Un petit blondinet plutôt foncé à peine plus grand et plus épais qu’elle s’était approché, il avait l’air d’avoir à tout casser vingt ans.

« Lore ? Qu’est-ce tu fous là ? Va-y Robert lâche là. »

Il était à la fois content et étonné de la voir là, l'Arthur. Sa simple question lui avait valu qu’on mette fin à l’emprise qu’on avait sur elle. La blonde s’était pas débattue, ça servait à rien à part risquer une raclée inutile.

« Merci Robert … qu’elle avait lâché, ironique … À la base je venais pour t’expliquer que travailler avec papa s’était par une bonne idée, te dire que tout ce que ça allait t’apporter c'était des emmerdes et t’parler d’la vie d'banni pour te convaincre, mais on a pas l 'temps-là, y’a la milice qui va rappliquer alors s’tu pouvais prendre tes affaires et m'suivre ça éviterait à tout l’monde des sueurs froides. »

La mention que la milice avait soulevé un murmure dans le groupe. Fatalement parler des forces de l’ordre parmi des arnaqueurs ça faisait grincer des dents.

« - Bah tien, la sale môme revient et c’est pour cracher sur son vieux paternel. Je suis sûre qu’son histoire de milice c’est d’la merde. Putain, faites des gamins c'pas du tout ingrat.

- Ouai, ouai, des ingrats… Fais-toi passé pour la victime ducon, on ne te dira rien.

- C'vrai pour ... »

Le cadet avait même pas eu le temps de finir sa question qu’on avait tambourinée à la porte de devant comme si on voulait la défoncer. Tout se figea, tous ceux présent dans la pièce se regardant, puis regardant Loreline.

« MILICE OUVREZ ! »

Les mots engendrèrent un vent de panique ils se précipitèrent tous vers la porte de derrière comme si les miliciens avaient été assez cons pour pas y avoir pensé. Dans le bordel ambiant Loreline, dont le cœur avait manqué un battement quand elle avait entendu l’ordre de l’autre côté du mur avait attrapé Arthur et pour faire se hisser par l’ouverture d’où elle était entré, elle avait pris sa suite. Mais là, y’avait une couille dans le potage, c'était bien beau d’être dehors, dans un coin où y’avais pas milicien, mais devant eux, c'était juste un autre mur sans vraiment d’ouverture ou quoi que ce soit. Y'avais que les côtés de dégagés et ils menaient devant et derrière l’entrepôt qui devait grouiller de larbins ducaux maintenant.

La balafrée s’était dirigée vers l’avant, derrière ça devait grouiller. À la porte principale ils avaient dû juste laisser un pauvre type tout seul, comme un mercenaire par exemple, celui-là même qui avait pas voulu séparer les bagarreurs parce que c’était pas pour ça qu’on l’avait engagé. Échapper à un gars s’était plus facile qu’a une horde.
Il y avait bien un type, grand, pas si carré, merde.

« Je vais courir, dès que tu le vois me filer le train, tu t 'sauves, t’vas que chez Jo', tu t’arrêtes surtout pas. D’accord ? »

Qu’elle lui avait murmuré. Arthur avait juste fait signe de tête pour approuver. La bannie s’était alors reculée, silencieusement, de quelques pas, puis c’était élancé dépassant le coin du mur, pour pilée net plus un peu avant le gars, faire comme si elle venait de la voir, alors qu’elle fuyait. Elle avait lâché un « merde » bien sonore pour être sûre qu’il la voit bien et s’était remise à fuir.

Pourvu qu’ça marche…

Pourvu que ça marche, avait pensé la jeune femme, alors que Finn n'avait eu de cesse de constater à quel point la Milice gérait ses priorités un peu comme cela lui chantait. Tout d'abord il y avait eu ce jeune homme que l'on avait confié à la rouquine, la seule femme du groupe, comme si on avait voulu se débarrasser d'elle pour ne pas l'avoir dans les pattes, alors qu'elle avait été la seule à sembler suffisamment sur ses gardes et alertes pour deviner que quelque chose n'allait pas. Ensuite, sitôt les deux éloignés, on avait fait forcer le pas au groupe armé jusqu'à arriver aux entrepôts, avec un déploiement qui, s'il était un minimum intelligent, était beaucoup trop précipité aux yeux du Mercenaire pour être réellement efficace. Même pas un tour complet des lieux avait été fait, pas même une simple vérification des environs pour s'assurer qu'aucun groupe de renfort ne se trouvait à proximité, sans parler des multiples échappatoires possibles qui auraient pu être envisagés, au-delà des entrées classiques des portes avant et arrière du bâtiment. Inutile cependant d'essayer de convaincre le Chef des Miliciens de l'écouter, Finn avait parfaitement conscience du rôle qu'on lui avait attribué et il était à peu près certain qu'on ne prêterait pas attention à ses conseils, faute à son âge apparent et au prompt jugement qui en découlerait, irrévocablement. Ainsi les hommes s'étaient-ils placés à l'arrière, tandis qu'on avait donné pour consigne à l'homme d'arme de crier d'ouvrir du côté de la porte avant. Des bruits de pas précipités se firent entendre et le Mercenaire, qui avait dégainé son épée, recula de plusieurs pas, se demandant si les coupables à l'intérieur allaient oser sortir en force de son côté ou de celui des Miliciens.

- Ah, même pas.

Fit-il à mi-voix en entendant le début d'altercation au loin, soupirant un mélange de déception et de lassitude, songeant à son utilité dérisoire pour cette mission dont le Chef de la patrouille semblait vouloir recueillir tous les honneurs. Comment justifier sa paie dans une telle situation ? Mais voilà qu'une silhouette se précipite par un des côtés de l'entrepôt, pilant net en l'apercevant et jurant, avant d'essayer de filer au plus vite malgré tout.

- HEY VOUS !

Crier haut et fort, pour que les autres perçoivent potentiellement cette action, mais également pour que l'interpellée puisse avoir une hésitation, ce qui ne fut hélas pas le cas. Le membre de la Compagnie des Lames s'élança, comme n'importe qui à sa place, ne se doutant pas sur le coup qu'un autre attendait dans l'ombre que la voie soit libre et qui pu ainsi s'échapper sans contrainte, alors que l'homme d'arme s'élançait au pas de course après Loreline, à une vitesse surprenante malgré l'épée courte à son côté et l'armure de cuir qu'il avait sur le dos. La jeune femme pu constater que son plan avait fonctionné comme prévu, mais si elle espérait semer son poursuivant, elle avait intérêt à mettre les bouchées double car Finn ne comptait pas la laisser s'enfuir, quitte à user de la force si nécessaire.

« Parce que t’es folle de ma belle gueule. »

Elle avait poussé un petit ricanement, très léger, qui mourut, emporté par un courant d’air du soir. Xandra le dévisagea, toujours avec un petit air pincé. Ouais, fallait bien admettre que les Dieux, ou la nature, s'étaient montrés très très sympa avec “sa belle gueule”. Toujours cette bouille de vilain garçon.

Non, pas vraiment…

« Elle allait bien, on va dire ça, mais elle ira sûrement moins bien quand tes nouveaux potes lui seront tombés d'su là où ils vont. Tu’ai rapport au fait où’ils vont lui foutre la corde au cou. »

Elle avait froncé les sourcils d’abord, c’était mordillé la lèvre ensuite. Ca allait pas, ça allait pas du tout ça ! La rousse avait envie d’hurler qu’elle était de l’extérieur, qu’elle était pas sensé se trouver là ce soir. D’un autre coté, si le hazard avait mal fait les choses, c’était peut être pour qu’elle fasse quelque chose justement. Elle n’avait pas réussi à l’empêcher de se faire ébouillanter, la Lore petite fille, peut être qu’elle pouvait empêcher bien pire aujourd’hui. Restait à savoir comment, restait à trahir, restait à éviter de se faire chopper et d’essayer de se convaincre qu’on avait parfaitement raison.

« Elle est pas revenu pour foutre le bordel. Elle est passé parce qu’Arthur est sur la pente glissante. Si on peut lui éviter de finir comme elle … ou une certaine mesure, comme moi… bah ont le f’ra. »

- Comme toi ?

Qu’est ce qu’il voulait dire ?

Qu’est ce t’es devenu “belle gueule” ?

« J’peux pas t’laisser m’mettre au cachot Erkal, faut que je sorte tout le monde d’se merdier. T’as qu’à venir avec moi, tu diras à ton connard de chef qu’tu m'as coursé jusqu’à l’entrepôt. »

- Bien sur que non, pas que tu puisses m’en empêcher, j’ai changé tu sais, tu le devines. On va les sortir de là, ensemble. Fin ensemble...Tu vois ce que je veux dire...

Elle inspira une grande bouffée d’air frais, les yeux mi clos un bref instant. Quelle merde…
La milienne jetta des coups d’oeils autour d’elle, voulait être certaine que personne ne les voit.

- Frappe moi, évite les endroits qui marque trop longtemps, je sais que tu sauras le faire...Si tu m’amoches pas, ils ne me croiront pas…

Putain je vais encore passer pour une incapable, ça va chambrer sévère…

Déjà, elle plissait le visage, le bout du nez, attendant que vienne le coup.

Soirée de merde, soirée de merde…

Revoir Loreline, ou pas, tans pis, mais l’aider.

Eh beh, si le voir ça avait déjà foutu une claque à Jehan, se rendre compte que la petite Xandra, la petite voleuse était passé du bon côté de la barrière, ça lui faisait un peu mal au cul, enfin ça lui faisait moins mal que si elle avait vraiment oublié avec qui elle trainait avant. Heureusement elle avait encore un peu de bon sens, ce qui, en un sens, était rassurant.

« Oh j’t’en prie fait pas celle qui sait pas… Ou alors merde tu t’es vraiment coupé d’la racaille de la ville. J’ai des problèmes avec des types vraiment, vraiment pas commodes, s'il me chope je crois qu’c’est pas la corde au cou qu’j’aurais, mais ça s'ra tout comme. »

On chiait pas dans la colle comme il avait fait avec n’importe qui, et lui il avait choisi les mauvaises personnes pour faire de la merde. Mais ça, maintenant il y pouvait plus grand-chose, tout ce qu’il pouvait faire, c’était sauver la peau de ses fesses et bien sûr du reste de son corps.

« Tant qu’j’reste pas longtemps dans les murs, j’risque pas grand-chose, mais faut pas qu’traine trop. »

Ce qui lui permettait parfois de faire des petits boulots d’une journée ou deux, de passer voir Hannah et d’autres, mais jamais de vivre vraiment dans les murs. Sa vie maintenant, elle était avec Lore dehors. Il y était pas vraiment plus en sécurité, mais au moins, il savait que s'il y crevait, ça serait pas forcément à cause de sa connerie et ça pour son petit ego de mâle, c’était pas si mal.

« J’vais surtout t’taper là où j’aurais tapé si j’avais voulu t’mettre hors course, qu’ça marque ou pas durablement, c'pas mon problème. »

Il fit craquer ses doigts, le blondinet, avec un air passablement satisfait de la situation. Bah, taper un milicien ça avait toujours quelque chose de savoureux, là, c’était juste dommage que la milicienne en question soit Xandra.

« Ça va piquer chérie. »

Et de lui mettre une patate en plein sur la joue. Il avait été magnanime de pas la frapper trop fort quand même, c’est qu’il fallait pas trop l’abîmer qu’elle change pas d’avis, l’avoir sur les talons ça serait moins pratique que l’avoir de son côté. Pas la peine la tabasser plus, ça ferait l’affaire, sa peau de rouquine marquait déjà du coup.

« Ramène tes fesses. »

Qu’il lui fit après avoir regardé un peu partout pour se repérer réellement et voir dans quel sens se trouvait l’entrepôt. Il en avait une vague idée parce que loin on avait entendu du fracas et des éclats de voix. Jehan espérait sans trop y croire que tout ça, c’était juste une bagarre de bar qui avait mal tourné et pas la planque qui venait d’être mise à sac. Aux abords du bâtiment Clahauser avait ralenti le pas pour laisser Xandra se mettre devant lui il restait dans les coins sombres.

« Putain Erkal qu’est-ce que tu fous là ?! T’as perdu l’autre couillon ?! Va y engager de bonne femme, ça fera pas d’la merde. Bah reste pas planté là, y'en a deux qui se sont sauvé ! Essaye au moins d’te rendre utile !
Un blond, la cinquantaine, cheveu long dégueu et un autre brun une bonne trentaine avec un bras en moins. Parti respectivement par là et pas là ! Le gars en charge lui montra deux directions.

Fais ce pour quoi on t’paye pour une fois ! »

C’est qu’il était remonté le type. Déjà qu’un connard les avait retardé, que la femelle avait perdu en plus, mais en plus deux mecs qui avaient échappé et les autres refusaient obstinément de dire quoi que ce soit à leurs sujets. Il avait bien envoyé un type à leur recherche, mais fallait qu’il garde le reste avec lui pour fouiller l’entrepôt et garde les petites frappes qui tiraient grave la gueule.


Le bruit des pas du gars se rapprochait dangereusement, s’était qu’il avait de la ressource le milicien. Loreline, ça la faisait chier, parce qu’elle des ressource elle en avait pas vraiment, ça faisait des jours qu’elle mangeait un jour sur deux ou trois, son corps il était en train de lui dire qu’il pouvait pas faire des miracles avec le peu qu’il lui filait, fallait pas déconner non plus !

L’inévitable se produisit, à peine qu’il l’avait rattrapé qu’elle s’était retrouvé plaquée au sol, une dague sous la gorge. Il était chaud celui-là, il avait envie de faire impression. Manquait plus que ça,, un type zélé, faudrait être finaude et convaincante, mais pour vrai, ça sentait le putois comme situation. Au moins, la blonde se consolait se disant que si le mec était là, s’était qu’il était pas à filer le train d’Arthur. C’était pas aussi réconfortant qu’elle l’aurait voulu, mais il était un peu tard pour les regrets.

« Humpf ! On se calme mon grand, je suis pas farouche, mais j’aime pas trop qu’on m’rudoie. »

Elle était plutôt décontractée la balafrée, ça servait à rien de paniquer et leur cracher toutes l’antipathie qu’il pouvait bien lui inspirer. Elle était même presque railleuse en fait, enfin fallait le chercher le côté moqueur, mais il était un peu là.

Les bras écartés pour montrer qu’elle avait rien dans les mains, elle avait pas vraiment peur qu’on voit sa marque, après tout elle était planquée sous trois couches, sa veste, sa chemise et les bandages.

« Je ne vais pas m’débattre, s’tu pouvais m’éviter d’menacer ma vie, ça s’rait cool. J'sais même pas ce que c’était tout ce bordel là-bas. J’passe par là pour aller bosser. Mais on sait comment que c’est la milice hein, tout ce qu’a pas l’air d'écrouler sous l'pognon c’est potentiellement coupable de quequ’chose. Pas bon, j’dis pas que j’ai pas chouré une pomme un jour parce que j’avais l’ventre trop vide… »

Et elle avait vraiment aucune intention de se débattre, sauf si vraiment il tenait à l’emmener aux cachots, là ça serait une autre histoire.

La femme était rapide, mais l'homme qui la poursuivait l'était tout autant et, à l'inverse de sa cible, il mangeait à sa faim de manière régulière malgré les restrictions nécessaires pour économiser les ressources, aussi ne mit-il pas beaucoup de temps à la rattraper. La course-poursuite s'acheva après moins de cent mètres et ce fut en tendant le bras que Finn parvint à saisir celui de Loreline, tirant d'un coup sec vers lui en pilant net, en appui sur ses jambes, la projetant au sol avant de se plaquer sur elle, dégainant dans le même mouvement sa dague qui vint presser contre la gorge, menaçante autant que le regard dur et la voix implacable qui lui échappèrent à cet instant.

- Tu bouges et tu es morte.

La première impression n'est pas toujours la bonne, mais pour le coup le Mercenaire songea que celle qu'il tenait en joue n'avait pas grand-chose d'une criminelle endurcie pure et dure, quoiqu'elle puisse fort bien jouer la comédie. Elle était calme, peut-être trop calme, comme habituée à être malmenée, habituée à être menacée de mort à voir la façon dont elle garda ses bras en évidence sur le sol, le fixant en parlant sans véritable grand stress dans la voix, lui expliquant les choses de son point de vue comme s'il n'y avait pas cette lame menaçant de trancher dans sa chair et d'en finir avec son existence. Finn fronça les sourcils, écoutant avec attention alors que l'adrénaline refluait un peu et cessait de faire battre le tambour de son sang à ses oreilles et ses tempes, songeant que tout cela était un peu trop évident, quoique pas impossible pour autant.

- Qui n'a pas volé pour survivre n'a pas connu la faim, mais ça n'est pas ça qui t'épargnera. Ne bouge pas.

Oui, elle portait plusieurs vêtements et vu les températures, cela pouvait se comprendre, cependant il y avait certaines choses que Le Capitaine leur avait appris durant tous ces mois de formation intensive, tout ce temps passé à traquer chaque détail, à être attentif au moindre indice, aussi minime soit-il. La dague toujours en place, l'autre main du Mercenaire entreprit de tirer sur la manche puis, voyant que le tissu résistait faute de couches étoffées, il dégaina son épée, la tendit vers le buste de Loreline et rengaina sa dague. Avec ainsi une meilleure distance et moins de risque d'encaisser une attaque, l'homme d'arme se releva et, la fixant d'un regard implacable, lâcha d'une voix neutre.

- Ton bras, montre-le.

Rares étaient les Bannis qui osaient revenir en ville et, en vérité, à aucun moment le moindre indice n'eut pu lui faire croire que la jeune femme aux cheveux blonds en fasse partie, cependant il valait mieux commencer par savoir à qui il avait affaire. Bannie ? Citoyenne ? Présente sur place par accident ou par intérêt ? Complice ou victime des circonstances ? Autant d'interrogations qui allaient découler de ce qui se trouvait ou non sous le vêtement.

Soit il avait du flair, soit, il était paranoïaque le gars…

Celui qui continuait de la menacer même si c’était de plus loin maintenant. Le coup d’épée, ça plaisait pas plus à la blonde que la dague sous la gorge, mais bon, au moins elle aurait une demi-seconde de plus pour réagir ce qui pouvait lui sauver la peau, c’était pas plus mal.

« Lequel ? J’en ai encore deux. »

Il fallait bien remettre un coup de mauvaise foi c’était comme ça qu’elle avait décidé de le jouer. La petite victime un peu apeurée par le vilain système judiciaire Marbrume, tout ça, ça demandait un chouia de sale volonté. Puis enfoncer un peu le clou. Fallait avouer qu’elle en menait pas large, elle avait bien pensé à se sauver mais vu comme il l’avait rattrapé elle réussirait pas à mettre assez de distance entre eux pour espérer le semer dans le dédale des petites venelles du port. Loreline avait commencé à retrousser la manche de sa veste en priant pour qu’un miracle se produise. Exhiber ce genre de marque là, inutile de rappeler à quel point c’était une mauvaise idée.

« Sérieux, franchement, si j’étais une criminelle qui s’était fait choper j’serais pas assez conne pour être retournée en ville hein. J’dis pas que j’aime bien les babioles à mettre au cou, j’dis pas, mais la corde non, ça m'plais moyen. »

Toujours de rester dans son rôle de pauvre fille terre à terre, celui qu’elle connaissait bien, elle l’avait travaillé toute sa vie jusqu’assez récemment en fait. Elle allait devoir lever la manche de sa chemise et là, déjà rien que la vue du bandage serait suspecte.

Aller, s'vous plaît même pas un miracle, juste, je sais pas moi, un petit coup de pouce… Juste pas me foutre plus dans la merde. C'pas assez d’expier ces putains de fautes dehors ?

Même si c’était pas volontaire. Possible, que pour une fois quelqu’un l’ai entendu parce que le mec qui la tenait en respect avait pu sentir ou entendre un caillou venir poquer contre son armure.

« Laisse … »

En se retournant, il avait pu voir un blondinet foncé, petite vingtaine, un air de famille avec la fille qu’il avait au bout de son épée. Pas vraiment en train de se décourager il en lança un deuxième.

« … la … »

Puis un troisième.

« … tranquille ! »

Bordel Arthur, t’es vraiment trop con…

La jeune femme y mettait de la mauvaise volonté, mais elle avait commencé à dénuder son bras, ce qui vu la couche de vêtement avait l'air peu évident à faire. Si Finn l'écoutait avec attention, songeant qu'effectivement ça serait pure folie que de revenir ici en portant la marque des Bannis, ce fut bel et bien un léger choc doublé d'un bruit sourd contre l'armure de son dos qui le fit se retourner, l'épée toujours en place près du torse de sa cible. A quelques mètres de là, quoiqu'à distance suffisante pour fuir si nécessaire, se trouvait un jeune homme arborant des traits similaires avec la suspecte, qui lui jetait... des cailloux. Si la volonté de détourner son attention était réussie, le fait qu'une des petites pierres vint heurter sa jambe, puis sa mâchoire, lui arracha un grognement sourd de mécontentement. Pas de quoi fouetter un chat bien entendu, mais c'était loin de faire preuve d'intelligence que de caillasser un mercenaire, fut-ce pour sauver un proche. Expirant fortement, l'homme d'arme se pencha vers Loreline et lui empoigna le bras encore couvert d'une couche de vêtement, la relevant avec force, même si un rien de ménagement.

- Qui es-tu et que fais-tu là ?

L'épée vint se placer contre le flanc de la blonde, laquelle pu cependant sentir une légère hésitation quant à poursuivre l'identification d'une potentielle Bannie. Est-ce qu'il s'était trompé et qu'elle avait dit vrai ? Si c'était le cas, l'erreur était humaine, mais mieux valait éviter de causer d'esclandre inutile, pourvu que celui qui venait d'arriver puisse justifier de leur présence à tous deux en ces lieux.

- Vous ne savez donc pas que le Port est dangereux après le coucher du soleil ? La Milice a été appelée pour régler quelques affaires urgentes et quiconque se trouve dans le périmètre est potentiellement coupable d'accointance avec des criminels.

Autant remettre les choses dans leur contexte, quitte à confirmer l'intervention armée qu'il y avait eu à l'entrepôt et à laquelle la jeune femme avait forcément assisté. Qui pouvait dire si elle n'était pas un éclaireur ? Quoiqu'elle sembla bien peu nourrie pour être efficace en quoi que ce soit, il suffisait de voir combien elle avait peiné à tenter de lui échapper.

Bah il était du genre zélé le monsieur, parce que même avec l’attention accaparée par autre chose il en avait pas oublié Loreline pour la remettre sus ses jambes pour continuer à le tenir lui menaçant le côté. L’intervention du cadet avait été pire que mieux en fait. La merde était encore plus collante qu’a l’accoutumé ce soir. Mais la blonde avait pas dit son dernier mot.

« C’est un couillon qui essaye de me protéger parce que les Dieux on eut le cynisme d’me l'coller comme p’tit frère. »

Qu’elle avait renseigné belle gueule, sans laisser le temps à Arthur de se manifester par lui-même, elle savait très bien qu’il allait pas aimer du tout. Surtout les petits mots d’amour très gratifiant qu’elle avait utilisé pour la gratifier. D’ailleurs, la Loreline se priva pas vraiment pour en rajouter une couche s’adressant plus spécifiquement au jeune de sa fratrie.

« Merde Arthur, t’es vraiment demeuré. L’garde-là, il fait facile une tête de plus que toi et t’le caillasse. Mais t’pas bien, maman elle t’as expulsé trop tôt y’a quequ’chose d’pas fini dans ta caboche. »

Il voyait rouge le blondinet, ça lui plaisait pas de se faire traiter comme ça en public. Encore en privé personne verrait, puis il pourrait toujours mettre un taquet pour faire taire la personne. Mais là, là, c'était une autre affaire. Puis en plus ce qu’elle lui racontait, ça faisait écho à toutes ses craintes de jeune garçon paumé dans une famille de barge, en pleins milieux d’une ville à la dérive, alors que dehors c’était la mort assurée.

« Oui bah hein c’est pas moi qu’il est en train de tenir comme une idiote, bah ouai m’a vieille t’as l’air pas finaude là. »

Pour une contre-attaque, c’était un peu mou, mais ça faisait le travail. Puis bon, il la connaissait sa sœur, c’était pas un ange, mais elle se montrait pas cruelle comme ça pour rien, fine si, en fait, ça pouvait lui arrivé, mais pas comme ça après avoir tout risqué pour lui donner que l’opportunité de fuir. Opportunité, qu’il avait piétinée comme un sagouin en revenant sur ces pas.
À son avis, elle voulait juste provoquer une dispute pour embrouiller le milicien. C’était un peu quitte ou double, soit il était blasé et il lâchait l’affaire parce qu’il avait pas envie de se taper les hurlements du duo, soit ça lui cassait les burnes grand format et ça le rendait carrément moins compréhensif.

« T’vas te calmer et me causer autrement ! »

Elle se débattait vaguement, sans vraiment de conviction, de toute façon elle savait qu’elle était pas en super formé alors que l’autre là, il avait l’air dans un bien meilleur état qu’elle.

« Et tu vas faire quoi, v'nir me foutre une rouste, t’pourrait même pas t’libérer même s'tu l'voulais »

La blonde lâcha qu’un « tss » irrité, mais c’était qu’une petite accalmie elle était tout à fait prêtre à remettre le couvert si elle sentait que celui qui la tenait flanchait.