Les mauvaises habitudes ont la peau dure [Xandra & Finn]

Et voilà que les deux membres d'une apparente même fratrie se lançaient des mots doux. Quoi qu'on en dise et malgré son entrainement aux armes, Finn manquait encore de jugeote question manipulation savamment improvisée et, voyant les deux en train de commencer à s'apostropher avec une bonne mesure, il songea que tout ceci risquait fort bien de mal finir si les deux décidaient de se taper dessus alors qu'il tentait de faire son travail. La ruse fonctionnait et mal en fut pour le pauvre Mercenaire encore trop jeune et manquant d'expérience dans le domaine pour discerner l'entourloupe, ne voyait à travers ses yeux clairs qu'un frère et une sœur s'engueulant sous le coup du stress et de la peur. Lui n'avait jamais eu la chance d'être autre chose que fils unique et, s'il ne manqua pas vraiment de quoi que ce soit, il aurait adoré pouvoir se chamailler avec un autre être né de l'amour de ses parents. Au lieu de cela, il avait joué avec les enfants du village, observant, riant de leurs déboires fraternels et se forgeant quelques amitiés bienvenues qui lui avait fait oublier cette désagréable sensation de ne pas avoir quelqu'un à couver, chahuter ou même tout simplement regarder grandir à ses côtés.

- Ça suffit maintenant !

Lança-t-il d'une voix grave et un peu forte, presque un aboiement, bien qu'aucune véritable méchanceté ne se fasse sentir dans le ton. La lame s'écarta du flanc de Loreline et, après un bref soupir excédé, Finn la poussa légèrement en avant après avoir lâché son bras, sans pour autant chercher à la déséquilibrer, mais davantage comme lorsqu'on renvoie un enfant vers sa mère.

- Vous feriez bien de déguerpir avant que je ne décide de vous faire arrêter pour vagabondage. Ce n'est pas un endroit où trainer à cette heure-ci et j'ai encore du travail qui m'attends.

Une alarme résonnait dans sa tête, une sorte d'avertissement qui le taraudait, mais sa conscience lui intimait que forcer la jeune femme à se dévêtir, ou même le jeune homme, pour dévoiler leurs bras, ou même les arrêter de façon arbitraire, risquait de lui attirer beaucoup plus d'ennuis que ce qu'il n'en redoutait pour sa carrière de Mercenaire. Il avait un nom à se faire et s'il voulait éviter que celui-ci soit associé à un tempérament tyrannique, mieux valait s'en tenir là avec ces deux individus.

- Filez maintenant, avant que je ne change d'avis ! Et si jamais je vous recroise, priez les Trois que ce ne soit pas en votre défaveur.

Sans quoi il y avait fort à parier que l'homme d'arme sévirait sans hésiter un seul instant la prochaine fois mais, pour le moment, l'astuce avait fonctionné et les deux étaient libres de partir. Une chance qu'aucun signalement physique ne les concerna.

Premier cas, un impatient qui aimait pas qu’on lui baille dans les oreilles et qui préférait envoyer les soucis au loin. C’était pas plus mal, ils auraient eu l’air fins avec un hargneux sur les nerfs. Loreline c’était pas vraiment formaliser du petit geste qui l’infantilisait un peu. Tant qu’elle était libre elle était plus à ça près. La pression était redescendu d’un coup, pas complètement bien sûr, fallait pas se relâcher, quand on était une bannie en ville, fallait toujours être sur ses gardes.

« J’promets rien, mais j’frais d'mon mieux. »

Déjà elle comptait pas se rapprocher de c’t’entrepôt de malheur pour ce soir. Ça s’agitait dans le fond, ça s’entendait. Mais ils c’étaient bien dits avec Jehan qu’il se retrouvait dans l’arrière sale du Joseph et la blonde elle n'était pas du genre à jouer à l’héroïne.

« Ramène tes fesses, je te ramène à la maison avant de partir au travail. »

Elle avait fait signe à Arthur de la suivre. Elle voulait seulement faire bonne figure face au type, après tout, elle lui avait dit qu’elle allait bosser au début ce qui leur avait servi de conversation. Elle poussa jusqu’à faire une petite risette un peu contrite au garde. Bah oui, fallait faire bonne figure quand même. La brave fille ça partait pas en gueulant et en insultant tout ce qui passait.
La balafrée et son petit frère c’était assez éloigné pour que personne de compromettant les entende, enfin sauf si on les avait suivis, mais ça les aurait étonnés, soit il avait été outrageusement discret, ils avaient perdu les bons réflexes.

« J’t’avais dis d’aller chez Jo', pourquoi t’ma pas écouté ?! »

Qu’elle s’était indigné, d’un ton bas, un peu grondant et surtout en mettant une taloche derrière la tête de son cadet, qui encaissa sans trop broncher, seulement en grognant.

« Parce que j'suis pas con, j’bien vu que t’arriverait pas à l 'distancer. T’aurais eu l’air maligne avec ta marque à l’air. Je plus dix ans Lore je peux faire des choses aussi. »

C’était vraie qu’avec ses dix-neuf ans tout frais, il était un plus un gamin, même si on allure pas épaisse le faisait souvent paraître un an ou deux ans de moins. Mais la blonde ne fit que le regarder d’un air dubitatif. Il avait toujours été un peu plus gauche que les autres, fallait encore qu’il fasse ses preuves.

« Ouais, comme t’associer à un connard notoire pour un peu d’affection et beaucoup de soucis. Si Jehan les avait pas retenu et qu’j’avais pas fait diversion tout à l’heure, t'oserait avec eux, en train d’te faire foutre au trou. Puis je te l’ai dit un empoissonnement de masse comme ça, même involontaire, toi aussi t’aurais eu une marque à exhiber si c'était pas pire. J’vous aime mais j’pas envie d’une bande complètement Clahauser. Alors t’vas m'faire le plaisir d'réfléchir un peu avant d’accepter un coup. J’risque pas ma peau à chaque fois qu’tu fais d’la merde.

T’ira prier les Dieux pour avoir eu du bol et dire pardon à Hannah pour l’avoir inquiété. »

La grande sœur poussa son petit frère pour le faire aller dans la bonne direction, au coin de la rue, ils seraient à bon port.

L'on pouvait dire que Finn était alors encore peu rompu aux situations du genre, ignorant qu'il était qu'une fois rentré au Quartier Général et après en avoir parlé avec un de ses ainés, on rirait gentiment en lui donnant une tape sur l'épaule tout en lui expliquant qu'il s'était très certainement fait avoir. Pour l'heure, il pensait avoir seulement affaire à deux casse-pieds se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, aussi les regarda-t-il s'éloigner en secouant la tête, tournant finalement les talons pour repartir au pas de course en direction de l'entrepôt. Près de celui-ci, il aperçu le Chef Milicien qui apostrophait l'un de ses hommes, ou plutôt la seule femme, lui reprochait il ne savait quoi car, le temps d'arriver à portée d'oreille, l'échange était déjà terminé. Ce ne fut que les bribes de signalement sur ceux à rechercher et l'ordre aboyé qui lui parvinrent, ce qui ne manqua pas de lui faire froncer les sourcils.

- Je me porte volontaire pour l'accompagner, au cas où des renforts attendraient ces hommes dans le port ou alentours.

Si la rousse devait tomber dans un guet-apens, qui sait ce qui pourrait lui arriver avant qu'on ne décide de l'égorger sur place. Non pas que le Mercenaire soit spécialement attiré par la Milicienne, mais l'idée de laisser une femme seule face à des malfrats était bien trop loin de sa mentalité pour y songer un seul instant. L'opération semblait s'être à peu près bien passée, mais il y avait fort à parier que ceux qui avaient fuit étaient à la tête de ce réseau ou, à tout le moins, recevaient les ordres d'une autorité supérieure s'il y en avait une. Tant que la tête du serpent ne serait pas coupé, le trafic recommencerait de nouveau, d'une manière ou d'une autre.

- Allons-y Erkal. Vous choisissez la direction et je vous suis.

Allez, un peu de déférence de sa part, histoire qu'elle ne se sente point trop lésée d'être ainsi accompagnée comme si on la considérait comme incapable de réussir seule. Finn nota d'ailleurs la marque de coup naissante sur le visage de la rousse, mais se garda bien d'abord de tout commentaire, attendant simplement de pouvoir suivre une directive.

Dernier regard pour le frangin de Loreline tout en massant sa joue qui commençait à gonfler. C’était douloureusement parfait, ça lui rappelait Arnold, Barral et leurs petite baston de taverne. A peine avait-elle rejoint ses collègues que la gueulante était tombée d’ailleurs. Elle avait serré les dents, hoché positivement la tête en s’imaginant lui mettre son poing sur le nez. Ca l’avait soulagé, juste un peu. Elle n’avait rien répondu, ça n’aurait servit à rien, si ce n’est à aggraver sa situation. Ou plutôt si, juste un “oui chef” du bout des lèvres en regardant le mercenaire revenir à son tour.

- Je me porte volontaire pour l'accompagner, au cas où des renforts attendraient ces hommes dans le port ou alentours.

Elle lui avait jeté un regard noir, pas qu’elle ne soit pas contente qu’il l’accompagne, en vérité, simplement ça allait jaser qu’elle était vraiment bonne à rien, qu’elle avait besoin d’un chaperon, qu’on le payait pas pour ça, bla bla bla…

Merci, qu’elle avait grommelé la rousse en regardant la direction qui lui semblait la plus éloigné de Jehan. Il la suivait, par tous les Dieux, parfait. D’un signe de tête, en se redressant un peu pour avoir l’air à la fois moins minuscule et un peu plus sûre d’elle, elle lui indiqua la direction.

Ils s’étaient mit en marche le géant et la petit renarde. Xandra silencieuse luttait avec sa conscience et le combat était rude. Parler, pour oublier un peu.

- Au fait, tu bosses souvent avec les forces de l’ordre ? J’y suis que d’puis quelques mois dans la milice.

Pourquoi je me justifie ?

- Tu bosses pour qui en général ?

Elle s’était arrêté soudain, oubliant de contrôler les lieux, pourquoi elle était ici, comme si un mur invisible venait d'apparaître devant eux, là dans les ruelles crasseuse du Port. Elle fit volte face sa tignasse rousse suivant le mouvement vivement s’avançant vers le mercenaire, le nez levé vers lui.

- Le capitaine, comment il va ?!!

C’était comme ça, il risquait pas plus sa vie qu’elle au fond, mais il la risquait et elle y pensait oh juste un peu, le matin, l’après midi, le soir en fermant les yeux. C’était pas volontaire d’ailleurs, c’était comme ça, c’est tout.

Xandra recula, se racla la gorge avant de se détourner, pour qu’il ne voit pas qu’il y avait plus que sa joue de rouge à présent. Fichue peau de rousse...

- Passe lui le bonjour, je veux dire. Ou plutôt non, oublie ça.

Elle se remit en route, oeillant à nouveau les lieux avec sérieux, se remémorant la description des hommes, tout en pensant à Loreline.

- C’est passé quoi de ton coté pendant que j’essayais de ramener l’autre con ?

Tu bluff bien...

Ouhla, un regard comme celui que la rousse lui avait lancé était des plus équivoques quant à ce qu'elle pensait de la proposition qu'il venait de faire, mais Finn ne pensait pas avoir dit cela pour la rabaisser ou quoi que ce soit, cependant après les propos tenus par le Chef de la Milice, il ne pouvait que comprendre. Le merci fut à peine grommelé qu'ils s'éloignaient tous deux dans la direction indiquée, dans un silence tout d'abord pesant qu'aucun ne sembla vouloir briser, surtout pas l'homme d'arme qui préférait laisser l'initiative à celle qui semblait davantage subir sa présence qu'autre chose. Lorsque enfin un semblant de conversation démarra, le Mercenaire soupira discrètement de soulagement et, notant que la Milicienne était une récente recrue, entreprit de répondre le plus naturellement du monde, n'ayant rien de spécifique à cacher.

- C'est la première fois en vérité, mais j'espère bien réitérer l'opération, la gloire ne nourrit pas son homme.

Une petite plaisanterie comme une autre, qu'il chassa bien vite en répondant de nouveau.

- Je ne suis pas à mon compte, j'appartiens à la Compagnie des Lames, sous les ordres du Capitaine.

Dont la réputation s'était répandue plus ou moins rapidement, jusqu'à-ce que les premiers contrats ne tombent enfin et qu'ils puissent tous songer à commencer à exercer officiellement leurs talents. D'ailleurs à peine avait-il prononcé ce nom que Xandra s'était stoppée net au beau milieu du chemin, faisant volte-face vers lui avec une telle vélocité que Finn recula d'un pas, surpris et étonné par ce revirement de situation et l'intérêt soudain porté à son supérieur. Visiblement elle le connaissait et pas qu'un peu, à vrai dire peut-être même était-elle proche de lui car elle sembla se reprendre et, après un raclement de gorge, lui demanda de lui passer le bonjour, avant de se raviser.

- ...

Le jeune homme aurait bien voulu lui demander ce qui s'était passé entre elle et le Capitaine, songeant qu'il lui faudrait aller questionner ce dernier, ne serait-ce que pour voir sa réaction en direct. Une question plus professionnelle fusa dans la foulée et le Mercenaire prit quelques secondes pour réfléchir afin de ne pas dire de bêtise.

- Hum, rien de spécial je dirais. Il y avait cette femme qui courait près de l'entrepôt et qui s'est enfuie quand elle m'a vu. Je l'ai coursé sur quelques dizaines de mètres avant de la rattraper. Apparemment c'était une citoyenne qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment... Mais assez roublarde malgré tout je dirais.

A bien y réfléchir, il trouvait vraiment que la situation avait été des plus étranges, mais croiser un homme armé en ville n'était pas toujours signe de sécurité et Finn n'était pas certain qu'il se serait spécialement rendu à un inconnu lui non plus.

- Elle m'a dit que c'était son chemin pour aller travailler, j'ai voulu vérifier son bras, mais son frère cadet est arrivé, il croyait que je l'agressais et m'a jeté des cailloux.

Il haussa les épaules, songeant que peut-être il s'agissait d'une fille de joie, même si la chose n'était pas facile à prouver, mais l'idée d'avoir pu être prit potentiellement pour un violeur n'avait rien de très flatteur, loin s'en fallait.

- J'ai été trop zélé, je crois... Je ne suis pas d'ici, alors je ne connais pas encore tout je suppose.

Finn soupira un peu, songeant qu'il était fort doué quand l'objectif était d'une clarté impeccable, mais que les zones d'ombres et le manque d'informations nuisaient grandement à la bonne marche d'une mission comme celle de ce soir. Non vraiment, la Milice manquait de rigueur par bien des façons et c'était là fort dérangeant.

- C'est la première fois en vérité, mais j'espère bien réitérer l'opération, la gloire ne nourrit pas son homme.

Elle avait simplement hoché la tête, il avait raison et elle ne doutait pas que la milice ait de plus en plus besoin de mercenaires, comme de recrues d’ailleurs. Formés à la va vite le plus souvent. Des agneaux jetés au milieu des loups, plus rarement des fauves efficaces...

Quelle andouille, fatalement, il avait rien répondu concernant Le Capitaine, après ce qu’elle avait répondu, qu’elle ne lui en ait pas laissé le temps c'était couru...
S’il lui était arrivé quelque chose, il le lui aurait dit, ce qui aurait été tout naturel. Restait à espérer qu’il tienne sa langue. De toute façon vu leurs âges respectifs, il était peu probable qu’il fasse des raccourcis. Du moins c’est ce qu’elle espérait, elle et son visage trop expressif.

- Hum, rien de spécial je dirais. Il y avait cette femme qui courait près de l'entrepôt et qui s'est enfuie quand elle m'a vu. Je l'ai coursé sur quelques dizaines de mètres avant de la rattraper. Apparemment c'était une citoyenne qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment... Mais assez roublarde malgré tout je dirais.


Pour ne pas éveiller les soupçons, pour se rattraper peut être un peu, par envie de se montrer honnête avec lui, car il lui parlait sans craindre, visiblement, un quelconque jugement, elle lui répondit ce qu'elle pensait.

-Je vois... C’est ce qu’ils disent tous, tu sais. C’pas moi, j’étais pas là, j’ai rien vu, même quand ils ont ce qu’on cherche sur eux, c’comme ça que ça marche.

Je sais, je l’ai fait moi aussi...

-Son frère hein ? Ils se ressemblaient tout les deux au moins ?

Au fond, elle posait la question pour une confirmation qu’elle avait déjà, qui lui semblait évidente. Loreline et le crétin de petit frère. Avoir l’air étonné et intéressé, c’était le principal. Elle ne put s'empêcher de ricaner en l’entendant parler du jet de cailloux, la saleté !

- J'ai été trop zélé, je crois... Je ne suis pas d'ici, alors je ne connais pas encore tout je suppose.

Quittant la rue des yeux pour le fixer, un peu étonné, elle se décida à sourire.

-J’suis sûre que tu l’as pas violenté. Tu sais...Si ils devinent, s’ils sentent la faille, le doute, ils plongeront sur toi aussi surement que j’m’appele Erkal. Fin je te dis ça…

Je suis pas douée pour ça, trop de pitié envers ceux qui sont ce que je suis encore...

...c’pour toi. M’enfin t’es mercenaire, t’as pas besoin des conseils d’une milicienne qui laisse échapper les empêcheurs de tourner en rond. Pis t’as pas tort de rester sur la réserve parfois...les infos circule mal.

Nouveau sourire, un peu gêné, comme si elle était responsable de tout...Ce soir elle avait un peu ce sentiment et ça lui pesait comme ils continuaient à crapahuter, à nouveau silencieux, professionnels, à l'affût. Des voix un peu étouffés, sur leurs gauche attirèrent leurs attentions. Lui comme elle, pour des raisons différentes, étaient rompus à cet exercice. Oeiller, écouter, interpréter, comprendre.

D’un signe du menton, de lui ou d’elle, peu importe, ils s’avancèrent aussi invisible et silencieux que possible. Xandra se bougea un peu plus, au risque d’être moins discrète que prévue, bien décidé à voir de qui, de quoi il retournait la première, s’agissait de pouvoir offrir une porte de secours, au cas ou…

“Traitresse” murmura à nouveau une petite voix dans sa tête.

Spoiler:

La chance était du côté de Xandra, car Finn avait beau apprécier une conversation, il savait tenir sa langue et pouvait parfois se montrer avare en mots si d'aventure la situation s'y prêtait. En l’occurrence, ce soir seuls tous les deux dans les rues de la Cité, il n'y avait aucune raison pour qu'ils ne fassent pas un peu connaissance et il était également important d'échanger les informations sur ce qui venait de se passer durant la prise de l'entrepôt. A aucun moment l'homme d'arme ne se doutait que la Milicienne était d'accointance avec la jeune femme qu'il avait appréhender l'instant d'avant et personne n'aurait pu dire quel aurait été sa réaction s'il avait découvert le pot-aux-roses. Lui écoutait avec attention ce qu'on lui disait et hocha même la tête, souriant légèrement sur la question de la ressemblance.

- Plutôt oui, la même couleur de cheveux, des traits similaires, je n'ai plus douté quand je les aient vus commencer à s'engueuler comme n'importe quelle fratrie et du coup je les aient laissés repartir.

Peut-être avait-il eu tort, peut-être auraient-ils pu avoir des informations et aurait-il été préférable de les mener au chef de la Milice, mais le Mercenaire avait encore le cœur un peu trop tendre à cette date pour ne pas l'écouter, aussi préférait-il ne plus songer à tout cela et passer à autre chose. Reconnaissant avoir été trop zélé, il perçu le mouvement de tête de la rousse et porta son attention sur elle, notant son étonnement en souriant légèrement en retour.

- Tu crois ? Bon, je n'hésiterais pas la prochaine fois alors, mais tu as tort de te sous-estimer. N'importe qui peut se prendre un coup sans s'y attendre.

Finn désigna du menton la joue de Xandra, songeant que cela devait déjà l'élancer fortement et que malgré tout elle ne se plaignait pas, chose qu'il trouvait admirable et fort courageuse. L'échange s'arrêta là, leur permettant de poursuivre dans un silence salutaire leur exploration puisque des voix leur parvinrent, étouffées, suspectes, si bien que d'un commun accord ils se dirigèrent vers une ruelle obscure. Rompu à l'exercice, le Mercenaire passa devant en dégainant sa lame sans un bruit, ses pas silencieux ne pouvaient le trahir, pas même la tenue qu'il portait qui ne laissait échapper aucun chuintement. Tel une ombre il se glissa dans le passage étroit, repérant alors trois silhouettes qu'il ne pu identifier tant l'obscurité était grande entre les deux bâtiments qui formaient les murs de la ruelle, mais son instinct lui souffla qu'il s'agissait probablement de leurs cibles, ou de personnes qui sauraient où elles se cachaient.

- Plus un geste !

L'épée bâtarde au clair et seulement à quelques mètres d'eux, le Mercenaire pourrait aisément en blesser un voir deux avant que la moindre tentative de fuite ne puisse être amorcée. Xandra, dans le dos de Finn, était à cet instant précis la seule qui puisse agir dans un sens ou dans l'autre.

- Plutôt oui, la même couleur de cheveux, des traits similaires, je n'ai plus douté quand je les aient vus commencer à s'engueuler comme n'importe quelle fratrie et du coup je les aient laissés repartir.

Si un doute devait subsister, il avait disparu. Elle ne pouvait que le remercier intérieurement de les avoir laisser filer et en naissait une certaine sympathie pour lui. Il avait l’air de cette catégorie d’hommes droits dans leurs bottes, trop peut être pour ce que le monde était devenu.

Pas comme toi Xandra...

Elle avait lâché un profond soupire quand il l'avait rassuré indirectement sur ses compétences, elle était sûrement bien plus vive que Jehan, la rousse aurait pu éviter un coup en traître, elle en était quasiment certaine et elle en ressentait encore davantage les effets de la culpabilité qui lui broyait l’estomac. D’ailleurs ça lançait sévère là ou il avait frappé et ça lui avait collé la migraine...

Son cœur battait la chamade, Xandra lui aurait bien intimé de se taire tant elle avait le sentiment qu’il l'empêchait d’écouter et d’identifier les voix masculines dans la ruelle. Pourtant, elle y parvenait en réalité très bien tant les lieux étaient calmes et désertés. Pas Jehan, avec certitude, pas de timbres connus, familiers.

Le mercenaire avait prit les choses en main, ça lui rappelait quelqu’un tiens ! Avec un grand sourire, la rousse dégaina à son tour dans un bruit de métal caractéristique. Si elle pouvait ramener quelques sales types à son supérieur, il serait peut être un moins énervé, la mission un fiasco moins totale. Il fallait être honnête, ça partait pas très bien. En prime, avec un peu chance, elle se sentirait un poil mieux.

Xandra avança jusqu’au niveau de Finn, armes en mains, plissant les yeux pour essayer de deviner les traits des trois silhouettes, attendant à ses côtés de voir s’ils comptaient se rendre docilement ou s’ils allaient devoir sortir les crocs.

Finn était encore un peu trop vif et spontané, encore un peu trop zélé et prompt à s'attirer des ennuis, mais cela venait à la fois de sa volonté de bien faire son travail et sa confiance, encore un peu trop grande, en ses capacités fraichement acquises par l'entrainement de longs mois sous les ordres du Capitaine. Ce dernier leur avait inculqué bien des choses, mais comme tout Mercenaire à peine débarqué sur le marché, la jeune homme faisait preuve d'un peu moins de tact et de réflexion que ce qu'il aurait fallu dans une situation comme celle présente. Ils n'étaient que deux et Xandra, toute rompue aux armes qu'elle était, ne possédait pas la force ni la puissance d'un colosse pour repousser un trop grand nombre d'ennemis, tout au plus pourrait-elle les tenir à distance raisonnable jusqu'à trouver une échappatoire, mais la chose n'était pas certaine, loin s'en fallait. Car à peine l'homme d'arme s'était-il manifesté auprès des individus louches au sein de la ruelle plongée dans la pénombre que leurs voix s'interrompirent et que des lames furent dégainées à leur tour. On grogna, on maugréa, mais surtout on s'aligna plus ou moins, laissant apercevoir non pas trois silhouettes, mais cinq ou six qui s'étaient tenues si serrées dans l'ombre que ce n'était que maintenant qu'on pouvait véritablement les compter.

- Oops...

Souffla Finn avant de resserrer sa prise sur la garde de son épée bâtarde, se redressant visiblement dans l'obscurité des lieux pour se faire voir, quitte à se faire passer pour ce qu'il n'était pas. Il n'avait pas besoin de regarder Xandra, il savait -ou croyait savoir- que celle-ci le suivrait dans son action et qu'il pouvait compter sur elle pour faire son travail.

- Déclinez vos identités et déposez vos armes !

Est-ce que c'était ainsi que la Milice procédait ? En vérité il n'en avait aucune idée, mais il se doutait en tout cas que leur demander de "se rendre bien gentiment" ne faisait pas partie des propos échangés durant ce genre d'intervention musclée. Ces gaillards-là avaient l'air de tout, sauf d'honnêtes citoyens et déjà le Mercenaire s'avançait d'un pas, l'attitude menaçante et pesant sur l'atmosphère de cette ruelle qui venait soudain de se charger lourdement sitôt que les potentiels criminels avaient posés le regard sur les deux jeunes gens. Puisse Rikni les protéger et guider leur bras en cet instant suspendu.

Jehan les avait suivis de loin, en essayant de prendre des chemins détournés quand il réussissait à prévoir le déplacement de Xandra et du type dont il ignorait tout. Il était pas celui qui tapait le plus fort, mais pour se faire discret, il était pas mauvais le blondinet. Il avait pris une rue parallèle savante qui allait fatalement débouler à peine plus loin que lui, ils les avaient devancés un peu pas beaucoup, dans ces vieux quartiers les bruits de pas, ça pouvait résonner vite si on se pressait trop et qu’on faisait pas attention à avoir le pas un peu léger. Il s’était pas cassé la tête à se faire discret pour se faire choper parce qu’il avait été un peu trop pressé.

Il avait vu le petit groupe, des gars qui faisaient pas grand-chose en fait, ils semblaient juste là à parler et cuver un peu aussi, ‘fin pas trop quand même, ‘tenaient bien debout encore les bougres. C’était pas des types qu’il connaissait, donc de grande chance pour qu’ils soient parfaitement innocents en fait, mais après Jehan ne se targuaient pas vraiment de connaître tous les gars pas nets de cette ville. Quand le milicien qui accompagnait la rouquine leur avait dit de ne plus bouger ils avaient esquissé un mouvement pour sortir leurs armes. Qui n'avait pas un petit couteau pour se protéger dans ce foutu quartier ?
En même temps le mec, il pouvait rien dire, il avait bien de quoi trouer la peau d’un connard qui en voulait à sa vie cachée quelque part sur lui.

Fatalement, le grand connaud leur avaient demandé de baisser les armes, parce que bon, on faisait jamais une seule connerie hein. Dans son coin Jehan soupira, il était peut-être temps de se montrer pour éviter que ça dégénère connement, vu que, là, ça semblait bien parti pour.

« Et si tout l’monde r’mettais sa lame dans son fourreau et qu’on disait qu’il s’était rien passé, hein ? »

Ça avait l’air un peu utopiste, mais bon, qui savait, sur un malentendu, ça pouvait passer.

« C’pas vous qu’ils cherchent les deux couillons du Duc, cherchent ‘ juste Edmond Clahauser, savez’ l’escrocs qui fabriquait d’la camelote pour la vendre comme bibine miracle contre tout c’que t’voulais. »

Il arborait pas de signes agressifs le blondinet, pas d’arme, pas de poing serré, il avait pas l’air particulièrement nerveux. On ne traînait pas dans son milieu sans apprendre à pas se montrer si impressionné que ça par une bande de mecs qui sortaient un truc qui pouvait vous charcuter.

« Et vous là aussi devriez baisser l’épée, parce que doivent’ pas savoir quand chose. Par contre moi j’sais ptètre où trouver vot’ lascard… Et, ouai, s’bien moi, le couillon d’t’aleur c’long à expliquer et on pas des masse d’temps. »

Ça allait pas plaire à Lore ça, pas du tout. Déjà que si le gars était un poil observateur, il pouvait voir que lui et les deux autres qui s’étaient engueulé devant lui avaient des trais en communs. Les liens filiaux chez les Clahauser, ça se voyait.

« Oh, pis si vous, vous demandez, comment que j’peux savoir où il s’cache, j’vous dirais juste qu’j’ai appris d’puis un moment où le paternel se ‘aire quand ses plans foirent … »

Et putain, ils foiraient souvent.
Jehan espérait que le grand costaud, allait pas avoir envie de le faire à la manière forte, parce que Xandra, il pourrait s’en sortir, avec brio qu’il pourrait se dire si il avait envie de brosser un peu son égo, mais lui ça allait surement être une autre paire de manches. Au pire … il pourrait fuir… fuir, il était pas mauvais à ça.

- Déclinez vos identités et déposez vos armes !

Petite oeillade discrète de la rousse, à croire qu’il avait fait ça toute sa vie, ou presque parce que...ben...quelle politesse ! La milicienne trouvait ça...touchant mais pas tout fait adapté. Comme l’avait espéré le mercenaire sans lui en faire part directement, en effet, il pouvait sentir la présence de Xandra à ses côtés qui s’était avancée pour y voir davantage. Elle ne connaissait pas tous les délinquants de Marbrume, bien évidemment, mais certains visage lui était familier. Là en l'occurence, elle ne les avait jamais vu et ne savait pas à quoi s’attendre.

- Faites pas les cons les gars, le reste de l’unité va pas tarder, je vous apprend rien, ce serait dommage qu’on soit obligé de compter vos chicots.

Plus les deux mercenaires avançaient, plus les interpellés aussi et la rousse pouvait sentir les effluves d’alcool et de sueurs qui se dégageaient d’eux. Ils avaient rapidement sorti leurs armes eux aussi, galvanisé par la supériorité, par l’alcool. Le coup du "on veut pas vous tuer" sous entendu : raté.

Mauvaise réponse…

C’est que c’était pas le jour, encore moins le moment et infériorité numérique ou pas, ni la rouquine, ni le mercenaire n’avait l’intention de laisser tomber. La rousse ne comptait pas le moins du monde sur les autres pour les tirer de ce mauvais pas, elle se demanda ce que croyait Finn.

« Et si tout l’monde r’mettais sa lame dans son fourreau et qu’on disait qu’il s’était rien passé, hein ? »

Xandra avait de fait sursauté, planté son regard dans celui de Jehan, à la fois soulagé, énervé, blasé. C’était bien la peine de se prendre un pain si c’était pour revoir sa belle gueule quelques minutes plus tard.

- On dirait que vous avez du bol, seconde semonce.

C’était pas son truc de se donner des petits airs désagréables et de grogner comme un chien, mais ça avait fait ses preuves, plus d’une fois finalement. A croire qu’y avait quelque chose à creuser. En espérant que ça finisse pas sur un os.

« C’pas vous qu’ils cherchent les deux couillons du Duc, cherchent ‘ juste Edmond Clahauser, savez’ l’escrocs qui fabriquait d’la camelote pour la vendre comme bibine miracle contre tout c’que t’voulais. »

Xandra était un poil moins sur les dents, plus le frère de Lore l’ouvrait. Parce qu’elle pouvait en voir deux avec certitudes, trois peut être, douter du bien fondé de tout ça. Les armes à défaut d’être rangées n’étaient plus menaçantes, là, le long du corps de leurs possesseurs. Par contre, Xandra, elle se disait que les choses allaient prendre, sans doute possible, un tournant qui ne lui plaisait pas du tout. Elle jeta un nouveau regard tout là haut vers le visage de Finn. Les ressemblances Clahauser pouvait pas lui échapper. Sur un miracle peut être ?

« Et vous là aussi devriez baisser l’épée, parce que doivent’ pas savoir quand chose. Par contre moi j’sais ptètre où trouver vot’ lascard… Et, ouai, s’bien moi, le couillon d’t’aleur c’long à expliquer et on pas des masse d’temps. »


- Il a raison, vous n'êtes pas ceux qu’on cherche, alors on suit la procédure. Vous avez deux minutes pour foutre le camp de là, saisissez votre chance et n'oubliez pas votre bouteille, là…

Procédure qu’elle venait tout juste d’inventer, espérant que le mercenaire trouve ça crédible, en tout les cas il allait lui poser des questions, à n’en point douter. La renarde avait envie de se rouler en boule et de faire disparaître son museau dans sa fourrure. Pour l’heure elle se contentait de regarder tout le monde en tirant la gueule et en ayant mal...

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C'est ce que Finn pensa lorsque après avoir lancé son avertissement et vu les hommes sortir leurs armes, il avait soupiré discrètement en se demandant pourquoi cela finissait toujours ainsi. Cependant la situation ne manqua pas de se compliquer, effectivement, quand une tête blonde sortit des ombres pour commencer à palabrer. Si le Mercenaire demeura silencieux, yeux plissés et l'air méfiant à souhait, il ne manqua pas d'écouter ce que disait Xandra à ses côtés et acquiesça une à deux fois pour approuver ses paroles, ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il allait laisser les choses se faire ainsi.

« Et vous là aussi devriez baisser l’épée, parce que doivent’ pas savoir quand chose. Par contre moi j’sais ptètre où trouver vot’ lascard… Et, ouai, s’bien moi, le couillon d’t’aleur c’long à expliquer et on pas des masse d’temps. »

Et puis quoi encore ? La désagréable impression de s'être fait avoir commençait son œuvre et le Mercenaire sentit un début de colère venir lui réchauffer le corps, si bien qu'au lieu de continuer à poindre son épée en direction des petites frappes en face d'eux, il pivota pour la tendre en direction du blond qui, de toute évidence, était non seulement le fils de l'homme qu'ils recherchaient, mais également... et dire qu'il les avaient laissés filés tout à l'heure, quel imbécile !

- Eux sont libres de repartir et de vaquer à leurs occupations, quelles qu'elles soient, mais toi tu viens avec nous.

Le ton était devenu cassant, dur, on sentait le début d'irritation qui couvait et risquait d'aller crescendo si d'aventure il prenait l'envie à Johan de jouer au plus malin avec eux.

- Xandra, vérifiez qu'il n'est pas armé et gare au poing cette fois.

Un rappel qu'il lui avait déjà échappé une fois, même si à présent le doute s'insinuait dans l'esprit de l'homme d'arme qui commençait à se dire que non seulement cette Milice manquait d'éléments, mais qu'en plus de cela il aurait fallu plus d'un Mercenaire pour clarifier toute cette histoire. Prêt à agir, que ce soit courir si le blond cherchait à s'enfuir ou à attaquer si ce dernier avait un mauvais geste envers la rousse, Finn sentait une envie d'en découdre se faire plus pressante au fil des secondes qui passaient.

L’avait l’air énervé l’autre là, celui qui avait pas vraiment une tête de milicien mais qui accompagnait Xandra. Bon, ça pouvait se comprendre, voir l’autre con qui vous avait fait perdre du temps tout à l’heure revenir comme ça, ça devait pas faire plaisir. Comprendre qu’on s’était fait prendre pour un con, même partiellement, ça chiffonnait un peu.

Tout ça n’empêcha quand même pas Jehan de soupirer en sortant la dague qu’il cachait sous ses souches de vêtements et le couteau dans sa botte.

« Je sais que tu rêves de m'palper dans tous les sens, mais malheureusement on a pas l 'temps. »

Une petite risette moqueuse, un peu de moquerie pour cacher l’inconfort que ça lui laissait de se débarrasser de ses meilleurs moyens de protection, oubliant sa grande gueule et sa tête pleine de plan foireux.
Il aurait pu les laisser ramer comme des couillons à se fritter avec des mecs qui avaient rien à voir avec leur histoire. Il aurait pu, d’ailleurs, il aurait peut-être dû, mais il avait un meilleur plan dans la caboche, du moins, à son sens, il était meilleur, permettant de régler le problème de manière plus de permanent. Ça allait pas plaire à Lore, pas du tout, il le maintenait.

La rouquine avait fouillé le blondinet, juste de quoi faire illusion, pas de quoi chercher quelque chose de particulièrement bien cache. Pas de chance pour lui, il n’avait rien de particulièrement bien cachée. Il s’était contenté de faire faire un clin d’œil charmeur à la donzelle quand elle s’était relevée après avoir tâté ses jambes.

« S’la Milice veut bien m’suivre. »

Il était un brin sarcastique le Clahauser, mais, finalement, s’était lui qui était dans la situation la plus inconfortable. Il était tout seul, comme un con, désarmé, avec deux larbins du Duc aux fesses. Le grand il ronchonnait, ça semblait pas lui plaire non plus comme situation. Il pouvait broyer du noir si ça lui plaisait, de toute façon, Jehan savait qu’il était leur meilleure chance de trouver Edmond. Pour ça, il les dirigeait vers les quais.

À quelques encablures des embarcadères, il y avait une taverne, elle était pas luxueuse, mais s’était par un bouge sans nom, non plus. Elle était juste pas bien riche, comme son propriétaire, le Joseph. Il y avait déjà quelques minutes de ça, qu’une blonde accompagné d’un gringalet qui lui ressemblait trop pour être autre chose que son frère, avait passée la porte. Ils semblaient parfaitement connaître les lieux. Ils avaient salué le gérant, comme un membre de la famille, après tout, s’était ce qu’il était, puis s’était engouffré dans l’arrière sale. Il avait pas fallu attendre longtemps pour qu’un autre blond point sa trogne.

« Edmond, qu’est-ce t’a encore foutu putain ?! Y a ta marmaille dans l’arrière sale et la gamine elle a l’air bien remontée ! C’est ton histoire de remède à la con, c’est ça .! Je t’avais dit que c'était un plan foireux !

Boucle la Jo', moins fort ! Viens, qu’on va causer. »

Jo’, c'était le grand frère à Edmond. Ils avaient pas beaucoup de différences, peut-être trois, quatre ans, pas grand-chose quoi. Le gérant était eu fait un geste une serveuse, une femme d’un certain âge, pas vraiment vieille, s’était à elle de surveiller la salle pendant que le patron était occupé. L’arrière-salle était une petite pièce avait une table et un tel tabouret, on entendait le bruit du bar à peine étouffé et une porte donnait sur les réserves et la cave, puis une autre sur dehors, une ruelle de derrière. Lore se trouvait assise sur la table à resserrer un peu le bandage autour de son bras marqué, elle avait laissé mon manteau un peu loin trainant négligemment dans un coin. Arthur, lui en menait pas large, assis le gamin regardait le sol, ne jetant qu’un coup d’œil aux deux hommes lorsqu’il était rentré.

« Toi ! Toi, t’es vraiment qu’un sac à merde ! Pourquoi t’as r'tourné la caboche de l’autre là pour lui faire croire que ton idée était pas un attire emmerde ?! »

Que s’était énervée la balafrée à peine qu’elle avait vu la trogne du paternel. En réponse il avait levé la main comme pour mettre un aller, retour à la progéniture irrévérencieuse avant d’être stoppé par Joseph qui s’était interposé, l’air de rien entre eux.

« Aller toi, rentré chez ta mère … »

Avait intimé l’oncle au jeune Arthur, qui s’était levé, en grommelant, visiblement pas bien heureux de s’être fait encore traité comme un petit garçon, mais visiblement pas mécontent de se faire donner congé de cette histoire puante.

« C’est là. »

Indiqua Jehan à Xandra et au type alors qu’ils arrivaient en vue de la porte de derrière de la taverne.

« Je sais que tu rêves de m'palper dans tous les sens, mais malheureusement on a pas l 'temps. »

- Si tu savais…

Un sourire discret, parce qu’un réel sourire n’aurait fait que la lancer un peu plus au niveau de sa joue douloureuse, la rousse avant tendu la main pour ramasser les armes que Jehan lui tendait de bonne grâce. La petite blagounette avait eu le mérite de l'empêcher d’aboyer sur Finn qu’il n’était pas son supérieur. Si Xandra ne manquait sincèrement ni d’obéissance, ni de dévouement et encore moins de patience vis à vis de la hiérarchie, ça s'arrêtait là. Ceci dit le mercenaire lui était sympathique, c’était un homme du Capitaine et il avait toutes les raisons de se montrer un peu...irrité.

Sentant le rouge lui monter aux joues, du moins à une seule, l’autre ayant déjà une jolie teinte, Xandra avait maugréé en se remettant debout.

- Arrêtes ça... qu’elle avait chuchoté avec un air mécontent, vexée de lui avoir fait le plaisir de réagir. Foutu peau de rousse...

« S’la Milice veut bien m’suivre. »

Xandra l’avait poussé, uniquement pour faire illusion, bien entendu.

- Plus vite.

La rouquine espérait que sa loyauté mise à rude épreuve, sans limite, cet attachement au passé n’allait pas se retourner contre elle. Xandra se disait qu’elle ne supporterait pas de se faire trahir par ses mômes, par ses rares moment plus doux. Pis c’est surtout vis à vis de Finn qu’elle ne se pardonnerait pas une telle erreur. Mais il n’allait pas les trahir, non. Non ?

« C’est là. »

- Je rentre la première.

Après tout, elle aussi avait le droit de décider et son ton était aussi ferme et agressif que sa voix douce et son visage qui l’était tout autant en était capable.

- Toi, avec moi.

Se pressant contre son dos, la rouquine avait dégainé. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sauf si on était placé au dessus de la scène, Xandra ne touchait pas le moins du monde le dos de Jehan de la pointe de sa lame, non, un bon centimètre l’en séparait.

- Prend la dague dans ma poche gauche si...si on a pas le choix.

A peine avaient-ils fait deux pas à l’intérieur qu’ils tombaient nez à nez avec Arthur. Comment allait réagir Finn ? Bon sang...Pis le petit frère fallait espérer qu’il ne la regarde pas comme s’il venait de voir un fantôme du passé.

Finn avait finalement rengainé son épée, mais tout ça n'était pas pour lui plaire, loin s'en fallait. Ce type se jouait d'eux et de la situation, fomentait il ne savait trop quoi et il était évident que s'il désirait régler certaines choses, il voulait que ça soit fait à sa façon et pas autrement. Pourquoi sinon être venu jusqu'à eux de la sorte ? Pourquoi sinon se laisser fouiller et n'opposer aucune résistance ? Tout cela ressemblait à un traquenard et pourtant ni le Mercenaire ni la Milicienne n'avait vraiment d'autre choix. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à arpenter les ruelles sombres et mal famées de cette partie du port, pour ensuite passer par les quais en direction d'une taverne, laquelle se profila bien assez tôt si l'on devait demander l'avis de l'actuel ronchon du groupe. Sans attendre, Xandra affirma vouloir passer devant et son camarade de mission d'un soir dégaina pour couvrir ses arrières, la suivant alors qu'elle poussait avec autorité leur "guide" à l'intérieur, tout ça pour tomber quasi nez à nez avec le jeune blond qui avait défendu sa "sœur" un peu plus tôt dans la soirée. Ah oui, c'était donc ça, il s'était fait avoir sur toute la ligne le Mercenaire... et ça n'était pas pour lui plaire, bien au contraire. Ni une, ni deux, avant même que chacun réagisse, sa lame était pointée sur la gorge de l'impudent et sa voix, rendue rauque par une sourde colère contenue, résonna à mi-ton, afin de ne pas donner l'alerte aux autres coupables potentiellement présents.

- Toi, tu l'ouvres et je t'égorge. Où sont les autres ?

La serveuse qui tenait la salle en attendant le retour de son patron vit la main libre de Finn se lever dans sa direction, la pointant du doigt avant qu'il ne mime une bouche qui se ferme, l'intimant au silence sans avoir quitté du regard sa cible. Xandra avait intérêt à bien tenir son homme elle aussi, sans quoi tout ceci risquait fort de déraper salement. Finn avait horreur d'être pris pour un jambon.