Les mauvaises habitudes ont la peau dure [Xandra & Finn]

Au début, l’entrée des trois autres, ça avait pas vraiment ému la salle, ça continuait à s’aviner, à bavasser comme ça voulait. Y'avais que la tenancière qui avait tout de suite serré les dents. La ville Gloria, ça faisait un moment qu’elle briquait les chopes et les gobelets de l’endroit. Des Clahauser, elle en avait vu passer, surtout les rejetons de sont patrons, en même temps y'en avais pas beaucoup, beaucoup moins que les mioches de l’autre là. Mais sa progéniture elle était pas mauvaise, un peu moins droite que celle de Joseph, ça s’était sûr, mais au fond, elle avait toujours été convaincue qu’on aurait pu en faire quelque chose … ce qui ne s’était jamais produit, à part pour la Hannah, si maintenant officiait au Temple. Mais du coup, l’employée, elle les reconnaissait du premier coup d’œil tous ces marmots, il lui avait pas fallu des secondes pour remettre le petit Arthur, surtout qu’il venait juste de passer cette même porte, tout penaud.

Puis, il avait parlé, l’autre là, le grand cadet, qu’elle avait aucune foutue de qui il était. Il avait pas une trogne à milicien, mais la fille avec lui, elle arborait les couleurs du Duc, puis elle aussi elle avait un blondinet en respect. Ça avait mis un de ses froids, plus personne parlait, tout le monde les regardait, eux quatre.

Dans la tête de Jehan, ça tournait à plein régime pour trouver comment se sortir de ce merdier. Il avait été bien con le type de faire tout le tour quand on lui avait présenté la porte de derrière. Qu’est-ce qu’il avait cherché à faire avec son effet de style là ?!
Il était pas expert en maintien de l’ordre, mais lui était avis que jour à l’oppresseur qui menace jeunot comme ça, c’était pas le meilleur moyen d’avoir ce qu’on voulait, et encore moins de s’en faire des amis. Puis Xandra qui faisait rien. Ah les femmes !

Interpelé par le trop grand clame qui s’était pris d’un coup sur sa salle Jo' était sorti bien décider à comprendre pourquoi plus personne semblait décidé à se détendre. SI personne se détendait, personne consommait et c'était pas bon pour son affaire !

Ce qu’il vit lui plût pas du tout.

« Toi, tu fais ça, et faudra laver le sol de tes tripes gamin. »

Il était pas vraiment agressif, ni réellement impressionnant, le propriétaire des lieux. De taille moyenne, la petite cinquantaine grisonnante sur des cheveux blonds un peu termes. Mais il avait un bon gros couteau à sa ceinture, un truc que cuisine qu’il portait sûrement pas dehors. Malheureusement pour Finn, ils n’étaient pas dehors.
Loreline avait emboîté le pas à son oncle, plus par curiosité que réellement inquiète de quoi que ce soit, sentiment qui était vite apparu en voyant ses deux frères pas fiers. Sans compter le frère Clahauser sénior, qui avait rien trouvé de mieux qu’essayer de foutre de l’huile sur le feu sans en avoir l’air, ou conscience, qui savait.

« ‘Faites tellement tous chier les mâles là… »

Qu’elle siffla alors qu’elle retournait dans l’arrière-salle où Edmond semblait pas particulièrement ému que sa progéniture se fasse menacer à cause de ses magouilles.

« Ramène ton cul … fissa ! »

Elle lui choppa l’épaule pour le faire se lever, avec une certaine détermination. Il était rare qu’elle se mette en colère, ou plutôt, il était rare que cette colère se manifeste contre quelqu’un, quelle resorte comme ça, physiquement. Lore était pas réellement conciliante, plus résignée.

« Non mais oh t’vas m’causer sur un autre ton !

J’te cause sur l’ton qu’veux, c’un d’ares avantages d’plus avoir à crécher sous l’toit d’ton taudis. »

Il avait commencé à lever la main, sûrement pour la discipliner comme quand elle avait dix ans. Mais elle avait plus dix ans, et surtout, elle en avait marre. Il lui avait juste montré une des dagues qu’elle cachait quelque part sur elle. Il’avait pas trop moufté, plus décontenancé par l’attitude de sa fille que vraiment apeurée par ce qu’elle sous-entendait, qu’elle ait été capable de l’assumer ou non.

« J’te propose un marché. T’lâche mon p’tit frère, l’est juste con, et paumer comme beaucoup de connard cette foutu ville, pis t’part, mais pas les mains vides. En échange d’un petit crétin inconscient qu’peut remettre sur la bonne voie, j’te file, lui là, une belle grosse enflure comme les bas quartiers savent en faire…. »

C’était un peu con, des salauds, y’en avait partout, chez les pouilleux, comme chez les bourges pétés de thune.

« … Pis c’est surtout le gars qu’vous cherchez.

Z’allez pas …

Boucle là Jo’, t’sais très bien qu’ça allait arriver un jour.

On sait, famille tout c’merdier. ‘Fallait bien qu’un jour, on règle nos comptes… »

Il rajouta rien, le joseph, se contentant de regarder les gamins de son frère, d’un air grave. C’était qu’ils avaient pas tord, les mômes, puis lui, il était fatigué, fatigué de toujours ramassé les pots cassés, de faire tampon et de cacher son cadet lors de ses frasques. Ça avait toujours failli filer une sale réputation à son bouge, de faire croire qu’il prenait parti pour ceux qui s’arrangeaient un peu trop souvent avec les lois. Pour lui, c’était pas un bon calcul.

« Allez… Ramener un roublard, violent notoire, troubleur de l’ordre, ça fait quand même mieux comme fait d’arme que ramener un petit chiot fou. »

Étrangement, Xandra n’était pas vraiment à l’aise avec Finn en rogne à sa gauche et le frangin de Lore, là, au bout de sa lame. Dans quel bordel elle s’était encore fourré, un bordel qu’elle ne regrettait qu’à peine en réalité. C’était juste vis à vis du Capitaine que ça lui plaisait pas trop, se jouer de Finn, c’était un peu comme se jouer de lui non ? Vis à vis de la milice, c’était déjà mieux, bien mieux.

Ce qui lui posait un autre soucis, c’était le fait d’être là au milieu de tout le monde, parce que ça trogne on l’oubliait rarement, son poil de carotte ne jouant pas à son avantage, la marque qui ornait sans nulle doute sa joue, non plus. Ils n’étaient pas en très bonne posture, la méthode frontale et brutale avait ses avantages mais Xandra doutait, à cet instant, que ce soit la meilleur chose à faire. Ce qu’elle était avant la milice c’était voleuse, moins on la remarquait, mieux elle se portait...

- Abaisses ton arme, s’il te plait…

Pas sur qu’il soit enclin à lui obéir une seconde fois, pas certaine non plus, que ça le mette pas encore plus en pétard le grand blond. Fallait qu’elle réussisse à calmer le jeu avant que ça tourne au vinaigre.

- Personne ne menace plus personne, nous sommes ici dans le cadre d’une enquête, si l’on pouvait dire, nous vous demandons simplement d’obtempérer et de ne pas nous gêner d’une quelconque manière. Si tout se passe bien, nous serons bientôt parti.

Regard appuyé à Finn, sa lame, au propriétaire, à son couteau. Elle avait confiance, encore plus maintenant, en Jehan, si bien qu’elle s’était décalé d’un pas sur la gauche, comme quelqu’un qui fatigue un peu à force d’être dans la même position, mettant un peu plus à sa portée la lame qui ceignait sa ceinture, toujours au cas ou. Ce qui l’inquiétait plus en revanche, c’est qu’on soit enclin à coopérer, justement, à refiler sa mauvaise herbe personnelle.

Xandra avait eu un moment de flottement après ça, des images, des odeurs même, d’un passé présent dans sa mémoire mais occulté qui doucement refaisait surface à la vue de Loreline. La situation ne se prêtait guère à des retrouvailles, si tant est que cela eût été une bonne chose. Difficile à affirmer. Son regard c’était durcit ensuite, sa mâchoire s’était crispé, elle en avait accidentellement effleuré le dos de Jehan de la pointe de sa lame à la vue du paternel. Si Xandra n’avait pas eu une enfance rose, elle avait quasi été entouré que de gosses, poussant sans guide, sans modèle, comme une mauvaise herbes. Des roustes données par des adultes y en avait pas eu cinquante et celle qu’il lui avait administré, elle s’en souvenait parfaitement. La colère de ce moment, son impuissance à protéger son amie, ses émotions anciennes supplantaient doucement celles de la jeune adulte qui se tenait planté là, surveillant la pièce, anticipant les gestes potentiels des uns et des autres.

Peut être Finn aurait des choses à dire, pour sa part, qu’elle les connaisse ou non, elle aurait réagit pareillement. Xandra aurait assisté, silencieuse, à l’échange qui se déroulait sous ses yeux, ne l’aurait pas interrompu. Elle était patiente, à l’écoute, trop parfois, mais le fait est que les gens, en général - si l'on excluait ceux qui n’arrivait à passer au dessus du fait qu’elle portait des vêtements d’hommes - appréciaient ça et se montraient souvent plus conciliant et plus abordables qu’avec les collègues.

Nouveau regard en coin en direction de Finn.

Boucle là Jo’, t’sais très bien qu’ça allait arriver un jour.

- Je vous ais dis de pas vous mettre en travers de notre route. Ecoute, si on ramène celui là, on a tout gagné, crois moi. On aura largement fait notre part du travail et on aura, effectivement, débarrasser Marbrume d’une sale engeance. Le petit là, demain ou après demain il est relâché, ça n'intéressera pas mes supérieurs et ceux qui te payent. Alors que pour lui...

Plus cette mission avançait dans le temps et plus Finn devenait méfiant, voir même presque paranoïaque, si tant est qu'il eut su ce que cela signifiait. Que ce Jehan accepte de les conduire si aisément le dérangeait grandement et même Xandra commençait à devenir source d'inquiétude en son esprit : trop de détails n'allaient pas ensemble, tout s'enchainait de manière anarchique et désordonnée. Il était déstabilisé et, de ce fait, ne cru pas bon d'arriver par la porte de derrière sans même savoir combien ils pouvaient à l'intérieur, de quelles armes ils disposaient ou même si tout simplement il ne s'agissait pas d'un piège. Tout était possible et plutôt que de se laisser guider bêtement tel un condamné au billot, il obligea tout le monde à passer par l'entrée normale de la taverne et, oh surprise ! Le petit blond avec qui il avait eu maille à partir un peu plus tôt dans la soirée, quelle coïncidence ! Comment s'étonner alors qu'il le mette en joue de son épée et le menace ? Bien sûr il ressemblait encore à un jeunot qui devait sans doute avoir le don de se mettre dans les ennuis, mais il pouvait fort bien être coupable également, allez savoir. Le but de sa menace fut surtout de l'empêcher de hurler et d'alerter ainsi leur véritable objectif, lequel devait finalement peut-être bien se trouver réellement à l'arrière. Ce fut cependant une autre personne, probablement le tenancier à voir sa dégaine, qui le mit en garde à son tour, en voyant que la demande de Xandra à son collègue de baisser son arme n'avait pas aboutie.

« Toi, tu fais ça, et faudra laver le sol de tes tripes gamin. »

Et qui est-ce qui arrivait derrière l'homme ? La blonde de tout à l'heure, évidemment ! La colère et l'indignation, saupoudrés d'une honte totalement intériorisée, s'emparèrent du Mercenaire qui eut un bref rictus de rage contrôlée : non vraiment, on avait essayé de l'avoir du début à la fin et il s'en voulait grandement d'avoir été trop tendre et il se jura que ce soir, ce serait la dernière fois. Une future rencontre avec une Chasseuse le prouverait alors. En attendant, la balafrée battit en retraite en arrière-salle, visiblement mécontente, à demi-blasée aussi, alpaguant avec des mots véhéments un autre homme qu'on vit apparaitre, tenu par l'épaule d'une main ferme par la jeune femme qui entreprit de marchander.

« J’te propose un marché. T’lâche mon p’tit frère, l’est juste con, et paumer comme beaucoup de connard cette foutu ville, pis t’part, mais pas les mains vides. En échange d’un petit crétin inconscient qu’peut remettre sur la bonne voie, j’te file, lui là, une belle grosse enflure comme les bas quartiers savent en faire…. »

« … Pis c’est surtout le gars qu’vous cherchez.

Z’allez pas …

Boucle là Jo’, t’sais très bien qu’ça allait arriver un jour.

On sait, famille tout c’merdier. ‘Fallait bien qu’un jour, on règle nos comptes… »

Le puzzle se refaisait enfin, chaque pièce retrouvant sa place à mesure que tout le monde y allait de son affirmation, de son commentaire et de cette sentence qui tombait comme un couperet : le coupable, c'était ce père indigne qu'ils avaient sous leurs yeux et qui n'avait visiblement rien à foutre de mettre ses enfants dans les ennuis et de les trainer dans les pires magouilles qui soient. Tel un mauvais chef, de famille comme en tant que crapule, il avait finit par provoquer une rébellion au sein du groupe et, fatalement, s'était planté lui-même un couteau dans le dos en agissant de la sorte.

- Je vous ais dis de pas vous mettre en travers de notre route. Écoute, si on ramène celui là, on a tout gagné, crois moi. On aura largement fait notre part du travail et on aura, effectivement, débarrasser Marbrume d’une sale engeance. Le petit là, demain ou après demain il est relâché, ça n'intéressera pas mes supérieurs et ceux qui te payent. Alors que pour lui...

« Allez… Ramener un roublard, violent notoire, troubleur de l’ordre, ça fait quand même mieux comme fait d’arme que ramener un petit chiot fou. »

- Oui, d'autant que parfois les chiots fous, ça peut retrouver le bon chemin pour peu qu'on leur laisse une chance.

L'épée s'éloigna du jeune blond tandis que Finn jetait un bref regard à Xandra, un regard chargé de questions qui attendraient, mais auxquelles elle ne pourrait pas échapper, pas avec la colère qu'elle pouvait voir au fond de ses yeux clairs. La main non armée de l'homme vint tapoter brièvement l'épaule du cadet de la famille avant qu'il ne l'écarte, un peu brusquement, saisissant le dénommé Edmond par son vêtement, la lame venant le menacer sans attendre alors qu'un rictus relevait les lèvres du Mercenaire. Cette traque n'avait que trop durée.

- Quant à toi raclure, tu devrais avoir honte d'embarquer tes proches là-dedans. Tu as de la chance que ce soit les autorités qui te veulent et pas moi. Erkal, je pense que nous avons ce qu'il nous faut, comme tu l'as si bien dit. Les autres ne sont...

Il releva les yeux sur cette fratrie, sur ce tenancier qui semblait veiller sur eux, sur le joli visage ravagé de la blonde, sur ses deux frères qui avaient pour l'un le don de s'attirer des ennuis et pour l'autre de survivre. Avec un peu de chance ils s'en tireraient et ce maigre espoir lui arracha une ombre de sourire.

- ... personnellement je n'ai rencontré que des citoyens qui nous ont dit avoir vu passer notre objectif, lequel ne fut point du tout dissimulé par qui ou quoi que ce soit. Je pense que tes supérieurs seront ravis d'apprendre qu'ils n'auront pas besoin de fouiller plus avant.

Et après un bref signe de tête à l'intention des présents, il vint prêter main-forte à la Milicienne, son épée demeurant en menace pesante dans le dos de Edmond tandis qu'ils quittaient les lieux avec leur prise. Ce n'était pas que Finn ne leur en voulait pas de l'avoir baladé de la sorte, bien au contraire, mais c'était plutôt qu'il s'accordait un petit sursaut de bienveillance : il aurait aimé avoir des frères et sœurs capables de l'entourer et de s'occuper de lui comme il venait de le voir faire avec les têtes blondes. Qui sait, peut-être qu'il les reverraient, mais en attendant, ils avaient un criminel à mettre derrière les barreaux.

 
On entendait toujours les mouches voler dans le bouge. Seulement quelques faibles murmures arrivaient dans le fond de la salle, là où les quelque téméraires se sentaient à l’abri, anonymes, protéger du regard de la milice que représentait la rouquine.
La blonde ne l’avait pas vu du début, du moins si qu’elle avait vu la silhouette, fine, féminine, couvert d’un uniforme de la milice. Ce qui l’avait plus inquiété avait été les lames menaçant l’intégrité physique de ses frères. Elle était tendue, la balafrée. Son cadet, elle avait pas envie qu’ils suivent la même voie qu’elle. C’était sa voie qui lui avait sonné familière aux oreilles, même si elle était pas tout à fait d’accord avec la clémence de la justice dont elle parlait.

Xandra ?

Vraiment ? Elle était passée du côté de la loi .
Elle se rappelait des petites gamines qu’elles étaient dans cette maison qui tenait à peine debout. Une odeur âpre lui revint, celle d’une décoction faite à la allée vite. Sa cicatrice lui titrait d’un coup. Ça n’avait pas aidé à faire baisser la nervosité.

Ça fait combien de temps ?

Combien de temps qu’elle ne l’avait pas vu ? Les jours se ressemblaient un peu tous, hors du mur, comme dedans d’ailleurs, seulement en plus dangereux, tellement plus dangereux. Son esprit ne c’était pas laisser distraire longtemps, trop inquiète parce que ce qui pouvait se passer si l’autre, grand gaillard faisait du zèle.

Ça avait pris, il était de leur avis, prenant Edmond par le col. Il c’était débattu, fatalement, gueulant comme un putois qu’il était innocent. Que les gamins étaient tous des foutus ingrats.

Arthur c’était faufilé sans faire dans le vague derrière l’imposant Jo' et ses ainés. Il avait eu quelques sueurs froides ses derniers instants. Mettre des gens, entre lui et le mec qui avait voulu le mettre au trou, c’était pas plus mal. Le calme se rompait progressivement dans la salle, les gars dans la salle saoulé, agacé, par la situation, le discours de celui qui était arrêté. Mais personne n’avait et n’aurait le cran de s’interposer de mettre un de ces gars dehors.

« Boucle là Edmond, tu l’as mérité ! »

Son père lui aurait bien mis un aller-retour, comme il le faisait-il y a encore peu.

« T’en aura pas deux comme ça, alors les conneries t’arrêtes, clair ? »

C’était l’hospice qui se foutait de la charité, complètement, au vu du passif plus ou moins connu de tous les proches du petit jeune qui était dans cette taverne. Entre les embobineur arnaqueurs, meurtrier plus ou moins involontaire, et celui qui les couvrait, les habitaient.

« C’est bon Jehan… j’compris… Arrête. »

[sploiler] C'pas grave Finn, mais Jo' c'est le tenancier, et Edmond c'est le papa connard xD[/spoiler]

Une chose était certaine, Xandra était ravit de tordre toujours un peu plus le bras du paternel Clahauser pour qu’il arrête de la ramener. Un sourire un peu mesquin se dessinait sur son visage. Ca allait au delà du travail, c’était une vengeance ancienne, personnelle. Pour elle, mais surtout pour Lore. La jeune femme n’avait jamais oublié ce jour là, elle ne l’avait jamais oublié tout court. Ni elle ni aucun des autres gosses. Elle avait toujours été comme ça, Xandra, à s’attacher aux autres, à vouloir les protéger, à espérer de l’attention. Elle voulait donner et qu’on lui offre ce dont elle avait toujours manqué. A présent adulte elle en avait plus ou moins conscience. Pour le moment en tout cas, la milicienne avait le sentiment d’avoir d’une certaine manière, tourné une page qui aurait dû l’être depuis longtemps. Celle aussi de s’être un peu rattrapé vis à vis des collègues. Ce qu’elle ramenait là avec le mercenaire c’était un bon gros poisson. C’était bon pour elle et mieux encore, ça le serait indirectement pour la réputation du Capitaine.

Cette pensée fut balayée par le regard qu’elle échangea avec son...ancienne petite camarade. Pas de doute possible, Loreline l’avait enfin réellement remarqué et elle se souvenait. Elle n’en avait jamais vraiment douté. La rousse, malgré la situation lui offrit un sourire chaleureux, un regard doux, rassurant et emplit presque nostalgique. Oui, les choses ne pourrait aller que mieux pour la fratrie, maintenant. Se penchant en avant, collée contre le dos d’Edmond, elle ne put s'empêcher de lui murmurer un petit quelque chose, avant de reporter son attention sur Finn.

- Tu ne sais pas qui je suis, mais moi je ne t’ai jamais oublié. Ni le mal que tu as fait, ni le coup que tu m’as porté. L’odeur de l’alcool et tes insultes, je me souviens de tout. Un conseil, tiens toi à carreau maintenant ou je te tuerais sans la moindre hésitation.

Elle n’avait pas envie de le tuer, en réalité, elle avait hait peut d’homme à ce point, juste de se débarrasser enfin de lui, au plus vite. Alors s’il pouvait leurs faciliter la tâche, la jeune femme pourrait rentrer et peut être…

- On est du même avis, on en reste là. Ne traînons pas ici. Les esprits commencent à s’échauffer...

Xandra poussa l’homme en direction de la sortie, qui se retrouva à hauteur de Finn, un peu devant eux. Tournant la tête, pour regarder Jehan, puis Lore, par dessus son épaule, elle bougea les lèvres en un merci muet à l’attention du frère de la balafrée, avant de lui demander à voix basse :

- A l’aube, là où on se voyait autrefois ?

Il lui semblait inconcevable d’en rester là, elle avait des millions de questions, de choses à lui confier. Non, elles ne pouvaient pas se quitter sans même s’être réellement retrouvées !

Finn sortit le premier, faisant confiance pour le coup à Erkal pour tenir leur prise et ne pas le laisser s'échapper. Il lui avait semblé percevoir comme de l'animosité dans les yeux clairs de la rousse à l'encontre de ce père indigne et il s'était brièvement demandé s'il n'y avait pas une autre raison que celle de constater à quel point les êtres humains pouvaient être pitoyables... mais mieux valait ne pas s'interroger plus avant à ce sujet et au lieu de pousser plus loin la réflexion, il se contentait de se concentrer sur l'instant présent et le transit de leur prise vers les supérieurs hiérarchiques de la Milicienne. Venant se place au côté opposé de Edward, laissant le soin à Xandra de se tenir de l'autre, il jeta un regard noir au fauteur de trouble et finit par lâcher d'une voix grave.

- Je vous déconseille de tenter quoi que ce soit avec toutes les patrouilles qui quadrillent le secteur à votre recherche. Vous en prendre à nous ne ferait qu'alourdir la sentence et les charges qui pèsent contre vous.

Il lança un regard entendu à la jeune femme, lui sourit brièvement, bien que sans joie particulière et avec seulement la satisfaction qu'ils aient enfin eu ce qu'ils voulaient, puis reporta son attention sur le chemin qui s'étendait devant eux et qu'il leur restait à parcourir. Il leur faudrait être très prudent, mais ils arriveraient à ramener cet homme au chef milicien, le mercenaire toucherait sa paie et il pourrait s'en retourner au quartier général dormir tout son saoul.

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