Parce que tu es tout ce qui m'importe [PV Ilhanne]

« Et maintenant ? »

Déjà la Chasseuse se serrait contre lui et le Mercenaire la pressa contre son corps encore brûlant, l'étreignant avec cette tendresse qu'il avait toujours eu pour elle, venant déposer un doux baiser sur son front avant de lui sourire gentiment.

- Maintenant je pense qu'il va falloir nous reposer si nous voulons être en forme demain.

Il avait feint de ne pas comprendre, mais pour lui cela semblait si évident qu'il préférait voir si la jeune femme avait besoin d'être rassurée plus avant ou bien si elle ferait d'elle-même la déduction de ce qui allait se passer pour eux. Sa main vint repousser une mèche rousse derrière l'oreille, puis glissa sur sa joue en une caresse attentionnée, tandis que son regard la couvait avec chaleur et émotion brillante au fond de ses yeux clairs. L'amour émanait de ces attentions, mais Finn était prêt à discuter aussi longtemps qu'il le faudrait si Ilhanne le demandait, ne désirant pas qu'elle se fasse de fausses idées ou quoi que ce soit de ce genre.

- Est-ce que ça a été ? Tu veux en parler ?

Il ne pensait pas lui avoir fait mal, tout du moins avait-il prit garde à ne pas se montrer trop emporté ou violent, bien qu'il se soit plus ou moins lâché à des moments. Venait à présent le temps des échanges sur l'oreiller -enfin la paillasse- et du câlin rassurant dans les bras l'un de l'autre : l'air de rien, lui non plus ne désirait pas la voir se lever et partir en le laissant en plan.

La sensation était douce, grisante, s’estompant, donnant l’impression de se diluer dans les veines, dans tout mon corps au rythme de nos respirations calées l’une sur l’autre. Le drap que Finn avait rabattu collait légèrement à la peau.

Il m’avait arraché un sourire, ou plutôt un mi-sourire moqueur en faisant celui qui n’avait pas compris. J’étais persuadé qu’il avait bien saisi le fond de la pensée, de ma crainte, qu’il avait dû sentir la légère tension que j’avais sentie. Je le croyais, j’avais envie de le croire, rien m’incitait vraiment à douter de lui non plus. Ça aurait été tellement stupide, attendre tant de temps, investir tellement de patience, juste pour ça, juste pour une nuit qu’une autre lui aurait donné sans appréhensions, sans crainte, sans réticence, sans attentes longue et silencieuse… sans aveux de faute non plus.

En parler ?
Pour quoi faire ?
J’avais aucune idée de ce que je pourrais en dire, lui en dire, ou à personne. Tout ça s’était passé comme la prochaine étape logique de ce qui nous liait de plus en plus étroitement. J’aurais pu mentir, dire que c'était un grand moment que j’oublierais jamais, que ça avait été formidable, qu’il était beau, grand, fort, virile, je savais pas si j’aurais pu aligner plus d’adjectifs, mais amplifier la réalité, c’était pas mon truc, flatter non plus. J’allais pas non plus nier, ça avait été une première, un moment doux, plaisant, intense.

« Tu t’inquiètes trop… »

C’est tout ce que j’avais à dire sur ça, et beaucoup de choses en fait. J’avais pas été cérémonieuse et grave, comme si ça m’enquiquinait vraiment, plus légèrement railleuse pour faire ressortir son côté un peu surprotecteur, comme si j’étais une petite chose qui pouvait se casser dès que sort de sa petite zone de confort. J’étais encore entière, encore là, encore blottie contre lui, c’est que ça devait ne pas s’être passé si mal que ça, j’avais décampé pour moins pire.

« Tu sais … je retournerais peut-être pas à Traquemont après le convoi. »

J’y avais réfléchi, longtemps, j’y avais réfléchi, sûrement trop, puis finalement s’était ce que je m’étais dit qu’il serait mieux. Ce n’était pas vraiment un aveu d’échec, ces mois-là-bas m’en avaient appris bien plus sur la vie, sur moi, puis le fort était toujours debout. Pourtant, j’avais envie de renter envie de changer de stratégie peut-être, l'affront direct ce n'était peut-être pas une bonne idée, surtout si ça se soldait par une longue période de convalescence à chaque coup de malchance. Il y aurait bien quelque chose à faire, quelque chose d’utile à trouver entre des murs de Marbrume… J’en savais pas grand-chose en fait…

C’était possiblement un peu du fait de Finn, le voir, ça m’avait manqué, possiblement un peu plus que je l’aurais voulu.

C’était de la lâcheté ? De l’égoïsme ? Sûrement un peu des deux.

Enfin ma décision était pas encore complètement prise, je me disais juste que l’occasion était là. Si on survivant, le convoi nous ramènerait dans la cité.
Ça avait l’air lointain, alors que ça serait demain.

Si elle souriait de cette façon, c'est que ça allait. Ilhanne avait toujours l'air de se moquer un peu, gentiment, des réactions de Finn et des attentions qu'il avait pour elle depuis le premier jour où ils s'étaient rencontrés, mais la vérité était bien plus subtile que cela : si elle souriait, c'est qu'elle était attendrie, d'une certaine manière. Il venait de lui proposer d'en parler, non pas qu'il craignit tant que cela de ne pas avoir été à la hauteur -les gémissements et les cris de la jeune femme ayant été des plus équivoques- mais davantage parce qu'il redoutait d'avoir été trop brusque, de ne pas l'avoir assez écoutée durant ces instants qu'elle venait d'éprouver pour la première fois. Sans doute s'inquiétait-il trop en effet, comme la rousse le lui fit remarquer, arrachant un sourire entendu à l'homme qui la tenait entre ses bras. La légère tension qu'il éprouvait encore se relâcha en même temps qu'il acquiesçait à ces mots, puis un haussement de sourcils suivit d'un regard interrogatif suivit les paroles prononcées juste après.

- Vraiment ? Pourquoi cela ?

Le Mercenaire avait réussi à ne pas laisser filtrer le fond de sa pensée à ce sujet, à savoir un mélange de soulagement et de joie qui faisaient bondir son cœur dans sa poitrine. Est-ce que cela signifiait que la Chasseuse allait revenir vers Marbrume ? A moins qu'elle ne désira demeurer au Plateau du Labret, chose toute aussi probable, quoique encore très proche de Traquemont. Finn se racla la gorge pour chasser son envie de sourire qui faisait déjà pétiller ses yeux clairs et relever le coin de ses lèvres, parvenant pour le moment à reprendre un air grave de circonstance.

- Hum, tu veux vivre de nouveau à Marbrume et voir ta sœur plus souvent ?

Il n'osait pas lui demander s'il y était pour quelque chose, ou même si peut-être elle en avait assez du danger, de récolter des cicatrices, elle qui pourtant ne manquait pas de courage ni de volonté. Les bras de l'homme d'arme se resserrèrent un peu plus autour de la rousse dont il vint embrasser doucement le front, la gardant contre lui comme si tout à coup elle risquait de s'évaporer, serrant -peut-être- un peu trop fort ce corps bien menu.

- En tout cas quoi que tu décides, sache que je te soutiendrais. Et si je peux t'aider en quoi que ce soit, tu sais qu'il ne faut pas hésiter à me le dire.

Finn n'exigerait rien en retour, rien qu'elle n'accepterait, rien qui ne l'obligerait désagréablement. L'espoir qu'elle puisse potentiellement revenir vers la Cité, où certes le danger perdurait, mais était moins risqué que l'extérieur, avait de quoi le rassurer grandement quant au devenir de la rousse qu'il désirait voir à l'abri du danger. Jamais il ne lui imposerait la condition de "femme au foyer", elle était bien trop libre, avait un tempérament bien trop fort, pour être enfermée dans une maison à longueur de journée à attendre le retour d'un homme... peut-être était-ce aussi pour cela qu'il l'aimait tant.

Ça avait été, décevant, sa réaction. ‘Fin décevant, c’était pas vraiment le mot, pas tout à fait, disons seulement que… je savais pas. J’aurais espéré un peu plus d’entrain. Je venais de lui annoncer que j’allais très possiblement revenir dans la même ville que lui, donc que je lui proposais peut-être autre chose que seulement prié pour que je revienne en un seul morceau une fois tous les mois, ou moins… et il m’avait parlé de Val.
C’était… Si, un peu décevant en fait, le terme était pas tout à fait le bon, mais tout au fond il y avait un peu de ça. Puis sont discourus sonnait vaguement comme quelque chose de convenu pour pas heurter mes petits sentiments.

Le doute, c’était sale.
Après tout, j’avais pu me tromper, ou plutôt complètement me planter, me faire complètement berner par des jolis mots et une belle gueule, j’étais pas au-dessus des autres, pas plus fine, pas plus futée, sûrement même moins pour toutes ces choses. Peut-être que Finn avait une fille différente dans chaque village, après tout, qu’est-ce que j’en savais.

« Non, ‘fin si, ‘fin pas vraiment en fait… »

Val était bien capable de se débrouiller sans moi, elle l’avait bien prouvé, depuis des années. Ces quelques mois m’avaient surtout prouvé que moi je pouvais me débrouiller sans elle. C’était pas complètement ce que je pensais, pas vraiment, mais j’avais toujours appréhendé de de sortir de son ombre m’affirmer plus. Si je revenais à Marbrume, possible qu’au début je reste dans notre maison, voire même sûre ou certain, mais j’avais ce nouveau besoin d’une certaine indépendance, donc possible aussi que je trouve autre chose, un arrangement. Un dingue qui a pas peur d’aller hors des murs et qui sait se servir d’un arc, ça devrait trouver preneur, bon gré, mal gré.

Ça me chiffonnait, ça me chiffonnait trop. Je m’étais relevée un peu brusquement, stoppant le contacte, ça aussi ça m’avait chiffonné, c'était tellement plaisant d’être le contre lui, mais fallait vraiment que je tire ça au clair.

Ou non, après tout, j’étais mal placée pour ça en fait. La nuit passée à Traquemont, ses vagues souvenir fiévreux m’était revenu d’un coup, juste avant l’incertitude, encore. Il avait l’air de l’avoir tellement bien pris, ça avait quelque chose de… d’étrange. Peut-être que lui aussi s’était trouvé mal placé pour me le reprocher. Je me sentais un peu conne d’un coup à plus savoir si je devais ou je devais pas, j’aurais dû réfléchir un peu plus avant d’agir, encore.

Et maintenant qu’est-ce que j’allais faire ?
Me lever et partir ? Non, non, non non non.

Oh puis merde !

« Tu sais, Marbrume c’est grand, donc… ‘fin même si … ‘fin bon… humf … laisse tomber. »

Laisser tomber, finalement, ça avait été la meilleure idée que j’avais eue sur ses foutues minutes. Je m’étais adossé au mur le drap sur les genoux je sentais mes cheveux me chatouiller le dos, les épaule, la poitrine. Il devait pas être si tard, même si par la fenêtre ne filtrait presque pas de lumière.

Elle l'avait tant de fois repoussé au début, avait placé tant de barrières, instauré une telle situation qui avait obligé Finn à la plus grande prudence, qu'à présent ce dernier n'arrivait plus à s'en défaire et n'osait plus, pour le moment au moins, oser espérer davantage que ce qui venait d'arriver. Est-ce que Ilhanne désirait revenir à Marbrume pour lui ? Cela lui semblait peu probable malgré leur ébat, pas après qu'elle lui eut annoncé l'avoir "trompé" en quelque sorte, avec une femme qui plus est. Est-ce qu'elle revenait à Marbrume à cause de la sécurité que cela pouvait lui apporter ? Plus probablement, au même titre que revoir sa sœur devait davantage lui importer, tout du moins était-ce ce qu'il croyait, peut-être à tort, mais il n'était guère habitué à voir la jeune femme se rapprocher à ce point pour y croire vraiment. Que la rousse ne soit pas capable de lui dire la raison principale de cette décision eut le mérite de laisser planer un doute, une brèche dans laquelle le cœur du Mercenaire s'engouffra pour y déverser un flot d'espoir, lequel se trouva endigué quand Ilhanne se releva d'un coup.

- ...

Ah, était-on arrivé à ce terrible moment où elle allait lui annoncer vouloir demeurer indépendant ? Ne plus vouloir le voir, finalement ? Se redressant sur les coudes, Finn l'observa lutter en pensées et retint presque son souffle, avant que finalement la lumière ne se fasse en son propre esprit, lorsqu'il l'entendit chercher ses mots avec hésitation. Elle s'adossa au mur, assise dans le lit, jambes repliées et, à cet instant, elle lui paraissait encore plus belle que jamais, mais également plus fragile, probablement parce qu'elle était dénudée.

- Je crois que je comprends.

Un léger sourire fleurit finalement sur ses lèvres et, se redressant totalement, il vint se placer à son côté contre le mur, passant un bras autour de ses épaules et tirant le drap pour les couvrir davantage tous les deux. Un bref soupir, une rapide réflexion durant laquelle il chercha un peu ses mots, puis finalement il se lança à son tour.

- Si tu viens à Marbrume, je serais heureux de pouvoir te voir plus souvent. Aussi souvent que tu voudras en vérité.

Bon, ce n'était pas ainsi qu'il se le formulait en dedans, mais c'était déjà mieux que des balbutiements.

- Je ne sais pas de quoi tu as peur Ilhanne, mais je... ferais ce que je peux pour te rassurer. Que tu veuilles vivre avec ta sœur ou ailleurs, moi je dois rester à la Compagnie, mais nous avons l'équivalent de quartiers libres alors je pourrais te voir très souvent.

Et il priait les Dieux de lui offrir la chance de voir la jeune femme aussi souvent que possible, justement, chaque fois que l'occasion se présenterait, chaque fois qu'il aurait un peu de repos pour pouvoir se précipiter vers elle, la prendre dans ses bras, l'aimer... il ne cesserait jamais de l'aimer, c'était à la fois atroce et merveilleux, d'être à ce point attaché à une personne, dans un monde comme le leur. Très dangereux aussi, certainement. Son bras se resserra autour des épaules de la rousse dont il vint embrasser le front.

Sa peau n’était plus que légèrement moite, la sueur avait déjà commencé à sécher, la rendant légèrement collante. Ma main accrocha, presque rien, quand je l’avais laissé courir de contre lui pour l’enlacer doucement, ‘fin le plus doucement que je pouvais, j’avais jamais été la délicatesse incarnée. Répondant à son biaiser sur le front en posant mes lèvres sur les siennes, tendrement.

Aucune idée de comment il faisait pour comprendre, mais il avait compris.

« Finn… »

Les courbatures, les douleurs de la vie quotidienne revenaient alors que mes veines se purgeaient de ce qui restait de cette sensation enivrante, mais ce n’était pas ce que j’allais lui dire, loin de là, mais j’hésitais, ça faisait beaucoup d’un coup, un grand pas, mais parti sur ma lancée je me disaient que je pouvais bien tout déballer, du moins tout de ce que je pouvais, sans peur. On était allé trop, loin, ou plutôt, j’étais allé trop loin pour ne pas le faire.

« Tu sais c’est … un peu pour … ‘fin pour être un peu plus proches de toi que je pense à revenir en ville. »

C’était pas que pour ça, vraiment pas, mais il n’avait pas besoin de connaître les détails, j’étais pas certaine qu’il peut supporter les détails. Blottie contre lui, rassuré par la chaleur qu’il dégageait, le rythme de sa respiration, et son bras autour de mes épaules. Je me sentais simplement bien, dans une relative sécurité, mais je me sentais ankylosée, la fatigue se faisait de plus en plus sentir. La journée avait été longue, comme toutes les journées.

J’avais eu du mal à étouffé un bâillement contre son épaule.

« Mais c’était pas ça que ce que voulait dire… Je voulais dire que c’était grand Marbrume, donc que si tu voulais … ça serait facile d'pas se croiser. ‘Fin t’est pas obligée d'faire attention si, ‘fin si … y'en a une autre ou qu’tu t’es lassé. »

Lovée contre lui, enlacés, j’avais essayé de sortir tout ce qui me trottait dans l’esprit.

Comment faisaient ceux qui nous aimaient pour nous comprendre ? C'était toujours une chose qui semblait nous échapper, nous surprendre à chaque fois que les mots se faisaient entendre, mais qui nous ravissaient, nous rassuraient, nous apaisaient. Parfois ils ne comprenaient pas vraiment, ou croyaient comprendre, parfois il s'agissait de bravades, d'autres fois de tentatives pour entamer le dialogue et, souvent, cela fonctionnait fort heureusement, permettant à chacun de s'ouvrir davantage, de se confier, de mettre au clair le fond de leur pensée. Finn n'était pas parfait, loin s'en fallait, mais pour Ilhanne il tentait de l'être, tentait d'être cet homme que sa mère avait toujours voulu qu'il soit, quelqu'un de bien comme elle disait, de meilleur même que certains des hommes dont on voyait le mauvais exemple ici et là en cette époque qui était la leur. Si la Chasseuse avait quelques hésitations, c'était également le cas pour le Mercenaire, qui sentit pourtant son cœur bondir dans sa poitrine quand elle avoua vouloir davantage revenir en ville pour se rapprocher de lui que pour quoi que ce soit d'autre. Ah, comme le souffle faillit lui manquer à cette révélation, comme il sentit un vif regain d'énergie et comme il aurait pu la soulever dans ses bras s'ils n'étaient pas déjà tranquillement installés sur la couchette. Le bâillement étouffé sur son épaule lui arracha un léger sourire, tout du moins jusqu'à-ce qu'il soit question d'une potentielle autre conquête de sa part. Là l'ancien artisan se redressa, la fixant d'un regard presque incrédule, aussi surpris que si elle lui avait annoncé vouloir danser sur les mains en jouant des claquettes avec ses talons.

- Une autre ?! ... Lassé, moi ?

Il prit une inspiration, encaissant les mots avant de réaliser qu'il ne s'agissait point là d'accusations hasardeuses, mais d'une crainte que la femme à ses côtés avait concernant leur relation, leur potentiel avenir... et il se rasséréna un peu, s'appuyant de nouveau contre le mur en secouant légèrement la tête, son bras revenant autour des frêles épaules qu'il pressa un peu plus contre lui.

- Il n'y a personne d'autre Ilhanne, personne... je ne pensais pas donner cette impression de légèreté et si j'ai pu laisser paraitre quoi que ce soit qui t'ai causé un doute en ce sens, j'en suis désolé.

Mais quand même, se disait-il en son fort intérieur, lui qui n'a eu de yeux que pour elle, qui n'a fait que guetter chacun de ses retours en ville ces derniers mois, c'était tout de même un peu fort. On lui avait bien dit que les jeunes femmes étaient souvent suspicieuses ou craintives à ce propos, mais il n'aurait jamais cru que c'était à ce point. Ah les joies de la découverte des inquiétudes du sexe opposé.

- Quant à me lasser, jamais de la vie. Sans vouloir t'offenser, tu es bien trop indépendante et sauvage pour qu'une existence entière ne suffise à découvrir chacun des recoins de ta pensée que tu gardes sous clef.

Un regard en coin, agrémenté d'un sourire mi-amusé, mi-taquin, vint accompagner ces mots, avant que Finn ne décide de se rallonger, entrainer la Chasseuse à sa suite sur la couche, l'invitant ainsi à s'allonger à son côté.

- Allons, il est temps de se reposer à présent, demain nous avons une longue route à faire et je ne veux pas devoir te porter sur mes épaules en prime. Je doute que tu apprécierais.

Cette fois le Mercenaire lui tira la langue avant de rire un peu, puis d'étouffer un bâillement sonore qui manqua lui décrocher la mâchoire. Il avait lui-même marché d'un pas rapide depuis le lever du jour et demain exigerait un effort similaire, mieux valait recouvrer ses forces sans attendre.

J’aurai pu faire celle qui avait sorti ça pour faire la petite chose fragile, la nunuche qui s’excuse d’avoir sorti un truc stupide. J’aurais pu, mais le fait était que je savais très bien pourquoi j’avais sorti ça, pourquoi j’avais pu penser ça. C’était surtout moi, je savais, mais c’était un peu loin il aussi. Il était parfait, pas parfait dans le genre sans défaut, plus dans le genre qui réussissait parfaitement à les maîtriser, ses défauts, puis à supporter les miens tant qu’on y était. Je savais pas, ou plutôt si, mais au fond je me disais qu’il pouvait le faire que parce que quelque part il avait qu’un d'autres pour contrebalancer. Et tout ça, ce doute, ‘fin je savais pas vraiment si on pouvait parler de doute … même si, si en fait, ça m’avait laissé dire quelque chose en qui était tout le contraire de ce que j’avais demandé avant tout ça.

Bordel ! Ilhanne, un peu de constance, ça allait pas te tuer, si ?!
Possible que si, un jour si je continuais dans cette veine.

Il avait pas à être désolé, c’était plutôt moi. D’ailleurs, ça me faisait cogiter sévère cette simple phrase ces petites phrases. Même pas cogité sur lui, encore sur moi, y avait vraiment un truc qui tournait pas rond, pas rond du tout, un jour ça le ferait se casser, et j’aurais plus qu’à m’en prendre à moi-même. L’idée me plaisait pas, pas du tout.

Mais sa pique là, elle m’avait fait sortie de mes pensées un peu bizarres, un peu rageante. Tout ce que ça avait fait, c’était me faire le pousser un peu. Juste de quoi protester avec un sourire en coin et un petit rire. Comment il faisait lui ?

« Ce qui est dans ma tête, est qu’à moi, rien qu’à moi. »

Retomber sur le lit contre lui, contre son corps chaud n’avait pas aidé à lutter contre la fatigue qui s’installait doucement.

« Je préférerais ramper sur les coudes jusqu’à Marbrume en passant par les marécages plutôt que tu me portes sur plus de trois pas. »

Complètement amusée, même si un peu sérieuse au fond, vraiment au fond et pas si terrible, ou plutôt pas si exagéré. J’aurais pu l’accepter, blessé, mais pas juste à cause de la fatigue, c’était impossible. Lovée contre lui la tête bien calée contre son épaule, sentant son odeur légèrement marquée par la transpiration.

Le monde avait pas changé, lui non plus c’était seulement moi qui avais fait un pas de plus en avant. Mais en avait vers quoi ? C’était la foutue question.

Une question qui pourrait attendre demain, ou le jour d'après, ou encore celui d’après…

Il la taquinait, elle le poussait, souriait, protestait gentiment, mais dans le fond, il réussissait toujours à égayer son humeur et c'était cela le plus important à son sens. Finn n'était pas parfait, assurément, mais il faisait son possible pour que jamais Ilhanne ne ressente de solitude ou de chagrin en sa compagnie, que toujours elle puisse voir en lui un refuge, une personne vers qui se tourner lorsqu'elle est en difficulté, sans pour autant être considérée comme une petite chose fragile. L'équilibre à maintenir était des plus précaires, mais l'homme s'y employait de toutes ses forces et, jusqu'à présent, cela semblait avoir porté ses fruits. Ne restait plus qu'à continuer et à espérer que cela perdure aussi longtemps que possible. L'heure à présent était au repos, même si ce fut le tour du Mercenaire de rire un peu de bon cœur en imaginant la Chasseuse en train de ramper sur le sol par caprice avec lui qui la suivrait derrière en essayant de la raisonner, tel deux imbéciles au beau milieu des marais couverts de crasse et aussi têtus l'un que l'autre. Bien sûr dans cette optique-là, mieux valait écarter la présence des Fangeux, sans quoi la plaisanterie n'en était rapidement plus une. Au lieu de cela, Finn s'assura qu'ils étaient confortablement installés sur le lit peu moelleux, puis déposa un baiser sur les lèvres puis le front de la dame de ses pensées.

- Repose-toi ma bien-aimée, puisse tes rêves être doux.

C'était encore le pire qu'il pouvait lui souhaiter et, après un sourire tendre à son intention, il ferma les yeux de son côté et soupira légèrement, se détendant pour de bon avec cette faculté qu'ont certaines personnes pour plonger rapidement dans le sommeil. L'une de ses mains continua de caresser doucement le dos de Ilhanne, puis progressivement le mouvement ralenti à mesure que la fatigue le happait, jusqu'à-ce que seule repose la main sans plus bouger et que sa respiration profonde indiqua qu'il se soit endormi. Demain serait un autre jour.

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