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  Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]

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Ash ZïnfBûcheron
Ash Zïnf



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MessageSujet: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyJeu 3 Aoû 2017 - 11:09
Septembre 1165
Sur le chemin d’Usson à Sarrant



C’était un besoin intense d’échappement ; il lui prenait aux tripes, tiraillant son ventre, amenant des picotements d’impatience dans les jambes. Ses muscles se tendaient, parés à l’attaque, et sa conscience se réveillait brusquement, lui mettant en tête de nombreux plans destinés à le faire fuir son quotidien. Alors il se levait, près à agir, près à partir dans l’instant. Et se rappelait alors à lui sa vie et cet endroit qui avait vu grandir son fils les quelques années qui lui avaient été accordées. Il se rasseyait doucement, l’esprit vide de toute envie d’aventure. Pourtant, ses jambes ne cessaient de le tirailler, comme un encouragement, une voix qui lui murmurait que c’était possible.

Ash n’avait jamais fait face à une telle envie de changement. Il avait vécu toute sa vie à Usson, ne quittant son village que rarement et pour peu de temps. Il n’avait jamais été plus loin que Salers et la tour de guet de l’est ; il n’avait jamais vu ce que l’on appelait la mer et ne s’était jamais approché, de près comme de loin, de la fange dont semblait sortir les monstres qui lui avaient volés sa vie.
Pourtant depuis peu, sa vie prenait un tournant qu’il ne paraissait pas près à accepter.

Tout avait été si soudain. Sa rencontre avec Rose Mcleods l’avait laissé avide de lumière ; et emplit d’un dégoût nouveau pour son quotidien. Il ressentait le besoin brûlant de Voir. Pourquoi n’avait-il jamais été plus loin que le plateau ? Pourquoi ne défiait-il pas cette fange qui le faisait alors trembler d’angoisse ? Aujourd’hui Ash n’avait plus de famille pour qui avoir peur, et il avait besoin de plus.

Il s’était mis en chemin. Et pour la première fois depuis le départ des siens, il avait la sensation que ce qu’il faisait avait un sens.

Moins de quinze kilomètres séparait Usson de la limite de ce qu’il avait déjà vu. Après la tour de guet, il y avait ce village vide de toute vie dont il entendait parler dans le discours des miliciens qu’il rencontrait. Sarrant. Et la fange. Ash voulait la voir de ses yeux.
Une chemise de laine couvrant son torse, un pantalon de toile, des bottes solides, une besace de cuir contenant de quoi subvenir à ses besoins pour la journée, Ash marchait à grand pas sur le chemin de terre. Il n’était pas passé au temple. Il y allait de moins en moins, et cette pensée le torturait.

La route était longue, le soleil frappait sa nuque, la sueur coulait le long de son dos. Mais il ne s’arrêtait pas. Il suivait le chemin qui traversait les champs et les bois, croisant des miliciens et des chariots remplis de denrées. Il ne restait jamais loin de ces derniers, sachant qu’il ne pourrait survivre à une rencontre avec un monstre de la fange sans eux. Il était terrifiié par ce qu’il faisait, mais refusait de revenir sur ses pas.

Lorsqu’il aperçut, au loin, les barricades qui fermaient le plateau et l’ombre imposante de la tour de guet, Ash sourit. C’était la limite. Sa limite. La dépasser ne fut pas difficile, mais une fois hors de la frontière du Labret, il ralentit le pas. Comme s’il souhaitait profiter de ce sentiment unique de découverte. Il leva les yeux sur le ciel nuageux ; c’était le même que chez lui, mais il avait un goût différent. Tout comme l’air qu’il respirait et qui passait sous sa chemise humide de sueur. Et ce paysage qu’il ne connaissait pas, l’horizon qui cachait tant de chose. La peur le saisit, entraînant son cœur dans une danse rapide, tordant son estomac et accélérant son souffle.

Il s’arrêta au bord de chemin, tremblant. Il se rappela alors, il y a fort longtemps, un souvenir s’échappant de la barrière qu’il s’imposait à lui-même. Il y eu un jour, où son fils s’était tenu près de lui, jetant un regard avide sur les champs qui s’étandait à perte de vue. Il s’était alors tourné vers lui et lui avait jeté un regard brun lumineux.

« Papa, » avait-il dit « un jour, j’irais voir ce qu’il y a derrière ces champs ! »

Sa voix d’enfant l’avait fait rire et il avait passé une main dans ses cheveux si doux. Il s’était accroupis près de lui, le tenant tout contre son corps et lui avait dit en riant :

« Nous irons ensemble, tu veux ? Je te ferais découvrir de belles choses »

Cela avait sonné comme une promesse, et il avait vu dans le regard admiratif du petit garçon, que cela signifiait la même chose pour lui. Une promesse que j’avais il ne pourrait tenir.

Affaibli par ce souvenir douloureux, Ash s’éloigna du chemin et s’assit à même le sol ; dos à l’inconnu et face à ce qu’il avait toujours vu. Il lui était impossible d’aller plus loin avec cette peine qui lui pesait sur les épaules.
Il resta un long moment ainsi, à parcourir de ses yeux ternes la tour de guet et les palissades qui ne le protégeaient plus.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyJeu 3 Aoû 2017 - 16:16
Septembre 1165
Sur le chemin d'Usson à Sarrant


Je marchais depuis longtemps maintenant, tenant d'une main les pans de ma robe sombre. J'étais partie très tôt, alors que le froid de la nuit me clouait sur place, mais maintenant, la chaleur du soleil me faisait transpirer, et mon souffle était raccourcie par l'effort. Il allait vraiment falloir que j'améliore mon endurance. Je ne m'étais jamais autant éloignée de Marbrume, et je devais avouer que cela m'angoissait un peu. Les alentours étaient tellement silencieux, on pourrait se faire attaquer que personne ne le remarquerait. Et n'importe qui avouerait qu'il était dangereux pour une femme de voyager seule. Je trottinais sur le chemin sec, poussant un soupir fatigué. Essuyant d'un revers de main la sueur sur mon front, je la mettais ensuite en visière, observant les environs.

J'avais déjà dépassé Sarrant depuis une heure, et si j'avais correctement suivi les indications de Reynald, je devrais bientôt arriver à Usson. Un sourire se forma sur mon visage. Depuis la reconquête du plateau, je n'avais pas vu une seule fois Marielle, l'une de mes amies comédiennes. L'ex-artiste avait décidé de suivre ses parents aux champs, histoire de les soulager un peu et de les aider dans leur dur labeur. Un acte louable, mais qui nous avait séparé. Et maintenant, comme promis, j'allais enfin la revoir, et Anür seule savait combien de choses j'avais à lui raconter. Il s'était passé bien des évènements depuis son départ, elle serait contente d'avoir des nouvelles des autres comédiens.

Mais il fallait le dire, j'ai beaucoup appréhendé ce voyage. Reynald, le chef de la troupe, s'était amusé à me raconter des histoires horribles sur les dangers des environs, les Fangeux réussissant à percer les lignes et les bannis se vengeant sur les innocents voyageurs... Absolument adorable. Bien sûr, je savais qu'il exagérait, mais je ne pouvais m'empêcher d'imaginer les catastrophes qui pouvaient m'arriver ici. Aussi avais-je emporté mes poignards pour pouvoir me défendre en cas de besoin. C'était la moindre des choses d'être armé par les temps qui court. J'étais quand même rassurée par la présence de quelques soldats croisés sur la route, ceux-ci se montrant assez aimable pour m'indiquer le chemin. Car j'en avais bien besoin.

Oui, qu'on mette les choses au clair : j'avais un sens de l'orientation pitoyable. J'ai bien failli me diriger vers les marais plusieurs fois avant de choisir la bonne route. Reynald m'avait prêté sa carte, mais je ne savais même pas lire, ni même la déchiffrer. Ce n'était pour moi qu'une masse indistincte de gribouillage sur laquelle je reconnaissais la cité et quatre ou cinq hameaux. Autant dire que c'était un miracle que je ne me sois pas encore perdue dans la plaine, mais cela ne faisait que tarder.

J'avançais sur le chemin, mon petit baluchon posé sur ma hanche, quand je vis une masse imposante assises, un peu à l'écart. Je clignais plusieurs fois des yeux, mais ma vue ne me trompait pas : c'était bien un homme. A la fois soulagée et effrayée, je pesais le pour et le contre. Devrais-je lui demander le chemin ? Il n'a pas l'air menaçant, mais après tout, il me tournait le dos, et cela pouvait très bien être un banni. Je le fixais encore quelques instants, avant de capituler. Et puis zut, si on ne pouvait même plus demander son chemin tranquillement, mais où allait le monde ? Prenant mon courage à deux mains, je soulevais mes jupons et m'avançais vers lui, esquivant les hautes touffes d'herbes sèches. J'apercevais du coin de l'oeil les tours de guet et les hautes rambardes, mais ni prêtais point attention.

Je contournais l'homme, me mettant face à lui. Il me faisait pitié, l'oeil morne et le regard perdu dans le lointain. Il semblait fatigué, atteint de cette lassitude psychologique qui en terrassait plus d'un. Je me raclais la gorge, m'accroupissant près de lui malgré mon appréhension. Je tendais ma main vers son épaule, mais impossible pour moi d'aller plus loin.

" Hum, M'sieur ? Vous allez bien ?"

Pas de réponse. Je poussais un soupir, et continuais à parler à cet homme à l'air rude.

" C'est pas très prudent de rester ici. Vous voulez pas venir avec moi ? Je cherche Usson, vous savez pas où c'est ?"
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Ash ZïnfBûcheron
Ash Zïnf



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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyVen 4 Aoû 2017 - 9:19
Il avait besoin d’effectuer cet arrêt ; pour un homme qui n’avait jamais quitté ses racines, il n’était guère aisé de partir sans regarder en arrière. Ash n’en était pas capable, alors il se jetait à cœur perdu dans l’arrière, dans le passé. Ces paysages dont ses yeux connaissaient les moindres détails, cette tour dont l’ombre était une amie familière ; paysages qui construisaient jusqu’à son plus vieux souvenir.

Ash se redressa et s’assit en tailleur. La voix de son enfant était derrière lui, il leur avait fait, à lui et sa mère, la promesse de ne pas se laisser ronger par le chagrin ; par les Trois, voici l’épreuve de sa vie ! Mais sa foi avait été suffisante pour le sortir de son chagrin. Mais pas pour me faire avancer, soupira-t-il intérieurement. Il était toujours le même, depuis trente foutues années.

Le bûcheron gardait les yeux dans le vague, faisait fi des passages de la route ; il appréciait le calme quand soudainement apparu devant lui une forme vague. Une voix s’éleva, remplaçant les bruits de la nature, voguant sur un bras qui se rapprochait de son épaule. Zïnf amorça un geste de recul avant de se stopper : le bras disparu. Il soupira indistinctement et releva légèrement la tête. Son cœur cavalait dans sa poitrine, et seul son contrôle de lui même l’avait empêché de se jeter vers l’arrière. Comme pour se rassurer, il posa la main sur la tête de sa hache qui ne quittait que rarement sa hanche.

devant lui se tenait une femme ; il ne l’avait pas entendu arriver et s’en fustigeait. Il tomba sur un visage aux traits fins et charismatiques, mais ce qui le surpris le plus et l’encouragea à mettre de la distance entre elle et lui, était sans aucun doute cette épaisse chevelure blanche qui lui couvrait le crâne. Il se recula, tant pour l’éloigner de lui que lui s’éloigner d’elle. Il frissonna légèrement en plongeant dans ses yeux aux reflets cramoisie.

« Tout va bien, » marmonna Ash sans la quitter du regard « je fais une pause. »

Quelques secondes passa sans que Ash ne détourna le regard. Puis, honteux de la dévisager avec tant d’impolitesse, il porta son regard vert sombre sur les alentours. La route n’était pas encombrée ces derniers temps, la peur et les récents événements n’encourageaient pas la populace à visiter le Labret. Alors que faisait cette jeune femme ici ? Il avisa son baluchon et conclut qu’elle était de visite. A Usson, si l’on faisait fi de ses paroles.

« Les barricades sont proches, je n’crains rien ici. Une dame seule sur les routes est plus en danger que je le suis, » releva-t-il « J’vous aurez bien accompagné à Usson, mais j’en viens justement. »

D’un geste de la tête, il désigna le paysage se dessinant face à lui, derrière la tour de guet.

« Une dizaine de kilomètres vous en sépare, ma dame. C’est par là. »

En l’observant du coin de l’oeil, Ash remercia Anür de l’avoir mené sur son chemin, et de l’avoir obligé à se détourner de ses pensées pour lui venir en aide. Il avait besoin de se laisser secouer par les aléas du quotidien pour ne pas se laisser submerger par les pensées. Il offrit un sourire poli à la jeune femme et se leva. Il étira ses longues jambes et gonflant les joues, souffla longuement ; il était près à se remettre en route.
Se sentant soudainement d’humour sociable, et sachant bien qu’une fois éloigné des barricades il ne rencontrerait plus d’âmes vivaces, il s’exclama :

« Je vais vers Sarrant. Vous devez l’avoir dépassé, peut-être ? »
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyVen 4 Aoû 2017 - 10:41
J'avais un peu de peine pour cet homme. Il semblait éteint, et repoussait le contact humain. Assurément une personne ayant été touché par l'arrivée des fangeux. Je me reculais à mon tour, et me levais, et le fixais d'un regard interrogateur. Que faisait-il ici ? Malgré les barricades, la contrée restait quand même assez inhospitalière. Avait-il une idée derrière la tête ? L'excuse qu'il me donna ne me convainquis pas. Après tout, il y avait des tas d'autres endroits plus appropriés au repos. Une brise se leva doucement, faisant danser mes cheveux. Le soleil était haut, mais ne tarderai pas à redescendre. L'été touchait à sa fin, et les journées se faisaient de plus en plus fraîches, malgré que la chaleur persiste encore.

Je regardais plus attentivement mon interlocuteur. A coup sûr, il s'agissait d'un paysan ou d'un travailleur manuel. Il possédait une barbe fournie, et d'énormes mains. Je fronçais les sourcils. Pourquoi cet homme se dirigeait-il vers Sarrant ? Je soupirais, rougissant devant ma curiosité mal placée. Cela ne me regardait pas, et pourtant, des tas de questions tournaient dans ma tête. détournant mon regard sur les arbres du lointain, j'esquissais une petite moue. Cet homme n'avait tout de même pas l'intention de se suicider ? On pourrait le croire. Il semblait dissimuler une peine immense. Je passais une main dans mes cheveux, soucieuse. Je n'allais tout de même pas le laisser là. Il avait pris une expression un peu plus joyeuse, restait à savoir si c'était sincère ou si c'était juste pour me rassurer. Je décidais de m'asseoir en face de lui, tant pis pour ma robe.

" Oui, j'en viens, et vous vous y aller ?"

Puis, fouillant dans mon baluchon, je poussais un petit rire exalté, avant de sortir un peu de pain et de pâté enroulés dans un torchon.

" Ah, mais c'est l'heure de mon encas ! J'ai une faim de loup ! Ca creuse de marché. Je regrette vraiment de ne pas avoir de framboises."

Je me mis à couper de fines tranches de mon pain, puis étalais le pâté dessus. Ne dit-on pas que les plus belles rencontres se font autours d'une table ? Bon, en l'occurrence, il allait falloir faire sans, mais c'était suffisant. Tendant une tartine à mon interlocuteur, je m'exclamais.

" Vous avez l'air fatigué. Tenez, j'insiste. Il faut prendre des forces si vous voulez continuer votre route."

Je déposais la nourriture dans sa main, et attaquais ma propre tartine, mangeant goulûment. Je n'aurais jamais ma place dans la haute société, mais déjeuner en levant le petit doigt, ça n'était pas pour moi. La bouche pleine, j'essuyais les miettes sur mon menton, et levais des yeux ravis vers l'homme :

" Vous venez d'Usson ? Et vous vous appelez comment m'sieur ? Moi c'est Sylane, je rend visite à une amie. Vous allez faire quoi à Sarrant ?"
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyVen 4 Aoû 2017 - 15:19
Hector avait reçu une missive provenant du Labret. Une prêtre l'informait de la mort imminente d'un ami à lui, Michal Kerguen, qui, dans ses délires fiévreux, n'avait de cesse de crier son nom. Le baron de Sombrebois avait connu le pauvre homme lors de la campagne de peuplement du Labret. Kerguen avait été désigné, comme de nombreux prisonniers de Marbrume, pour aller cultiver ces terres dangereuses. Lors du long voyage jusqu'au plateau, il avait perdu sa femme qui - avec ses enfants - l'avaient accompagné, trop heureux de le voir sortir des geôles de la cité portuaire. L'homme avait fini le voyage avec ses enfants triste comme une pierre. Lors d'une attaque de fangeux, Michal failli perdre la vie. C'est Hector qui le sauva et l'homme fut si soulagé de ne pas abandonner à son tour ses enfants qu'il promit à Hector de prier chaque soir pour lui...

Mais toute cette histoire était un peu sorti de la tête du baron... ça faisait six mois.

Néanmoins, malgré les préparatifs du bal, Hector prépara son cheval et partit sans attendre en direction du plateau. La route était longue mais il s'arrêtera à Traquemont pour passer une nuit. C'était l'occasion pour lui d'aller voir ses connaissances dans la sombre forteresse. Il finit ensuite son long périple... et, lorsqu'on le mena au chevet de Michal, le pauvre homme ressemblait à un vieillard.

- Messire de Sombrebois ! Fit-il en voyant le grand barbu.

Son visage s'éclaira comme s'il se trouvait face à Anür !

- Michal, que puis-je pour vous ?

L'homme le remercia encore de l'avoir sauvé six mois plus tôt... et le supplia de sauver ses deux enfants ! Le baron, tout d'abord sans voix, ne put refuser une telle demande.

- Je les accueillerai à Sombrebois.

Et l'homme ferma les yeux, sourit, gagné par la quiétude. Le poids sur sa poitrine avait disparu. Il mourut quelques instants après. Le baron rencontra alors les deux enfants : Samuel, 10 ans et Nadia, 12 ans. Ils étaient tristes et apeurés. Le baron tenta tant bien que mal de les réconforter, de les rassurer mais ils demeurèrent silencieux.

Le lendemain, il acheta une charrette et partit avec ses deux nouveaux orphelins en direction de Sombrebois.

Sur le bord de la route, entre Usson et Sarrant, il vit deux personnes en train de discuter : un homme et une femme. Il arrêta Gris-Poil à leur hauteur et leur dit :
- Bonjour... Tout va bien ?! Vous... Nous allons en direction du sud : Sarrant, Traquemont, Ars, Piana, Balazuc et Sombrebois... Vous voulez profiter de la charrette ?

Il y avait encore de la place - au moins six personnes pouvaient tenir derrière - et Hector avait bien envie d'un peu de compagnie. La route avec les deux enfants s'annonçait longue et légèrement ennuyeuse.
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Ash ZïnfBûcheron
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptySam 5 Aoû 2017 - 8:12
Les étrangers avaient cette étincelle dans le regard ; ils étaient si différent des villageois du Labret, selon Ash. Il aimait les écouter parler de cette grande citée qui le faisait frissonner, de la fange inhospitalière et surtout de la mer, cette grande étendue d’eau qui restait un mystère pour lui. Lorsque sa nouvelle compagne de route s’assit face à la place qu’il avait auparavant occupé, le bûcheron n’hésita pas avant de se placer devant elle, sous le regard de la grande tour.

Elle portait une robe sombre qui, plus encore, faisait ressortir l’éclat brillant de sa chevelure ; il n’avait jamais vu de dame semblable. Peut-être était-ce pour cela qu’il décida de profiter de ce que les Trois déposaient sur son chemin. Il lui fit un sourire, plus sincère que le dernier qui lui avait offert et la laissa déballer son baluchon. Elle sortit une belle miche de pain accompagné de pâté ; la vue de ces denrées fit grogner l’estomac d’Ash mais il ne dit rien. Il se demandait où pouvait se situer la situation de la jeune femme pour qu’elle puisse ramener ce genre de friandise sur le voyage. Il fronça le sourcil, regardant autour de lui. Les brigands et les bannis n’hésiteraient pas à s’interposer pour saisir ces denrées.

Ash n’avait pas faim, mais il accepta néanmoins la tartine que lui avait préparé sa compagne. Il sourit devant son air soucieux et hocha la tête en remerciement. Il l’écouta d’une oreille attentive, gardant un oeil inquiet sur la route. Un chariot mené par un beau cheval aux poils gris arrivait ; Ash ne le quitta pas du regard.

Sa compagne était de nature bien à l’aise ; elle débita une suite de question qui le laissa pantois et légèrement gêné. Il se racla la gorge, riant légèrement.

« Je… Oui, M’dame, je viens d’Usson. J’en suis originaire, je connais mieux le village que vous votre propre poche, » s’amusa-t-il. Il croqua dans sa tartine, ne pouvant plus se retenir de le faire. Depuis quand n’avait-il pas mangé de pâté ? Il laissa le goût et la texture régner dans sa bouche en émettant un bruit de contentement ; il lança un regard appréciateur à la jeune femme pour l’en remercier une seconde fois. « J’m’appelle Ash Zïnf, » se présenta-t-il en inclinant la tête, « Sylane est un beau nom, particulier, mais joli. Je ne l’avais jamais entendu. »

Ash s'interrompit dans son discours en avisant la charrette s’approcher d’eux. Voyant le regard de l’homme conduisant le véhicule posé sur eux, il se douta qu’elle ne s’éloignerait pas sans mot dire.

« Je vais voir la fange, Ma dame, » dit-il à Sylane avant de se lever, inquiet. Il garda sa main sur la tête de sa hache, n’aimant guère l’idée qu’un inconnu s’approche alors qu’ils étaient en possession de telles denrées. Fort heureusement, Ash en avait finit avec son encas et redressa le dos pour faire face à l’homme. Il l’écouta en fronçant les sourcils, regardant les deux enfants assis derrière lui. Il ne les avait pas remarqué avant cela, prostrés comme ils l’étaient. Ils étaient pâles et tout leur être entier criait une détresse que Ash ne comprenait pas mais reconnaissait. Son cœur se serra.

Il se tourna vers l’homme ; brun, la barbe fournie, un long nez, il ne ressemblait pas aux villageois des alentours. Leur destination était, semble-t-il, Sombrebois. Ash ne savait pas où cela se situait, mais il avait assez entendu parler du pays pour savoir qu’il s’agissait d’un château, ou du moins ce qui y ressemblant. L’homme lui proposa de faire le trajet avec lui, déclinant les patelins près desquels il passerait. Sarrant était l’un d’eux. Sa proposition était tentante. Avec son aide, le chemin vers Sarrant serait rapide et plus sécurisant. Il jeta un bref regard à sa compagne, désolé de devoir la quitter si vite alors qu’elle s’était montré si aimable.

« Tout va bien, je vous remercie Monsieur. Nous faisions connaissance, » dit-il en souriant à Sylane. « Votre offre est bien tentante, mais je crois que ma chère compagne de route va dans la direction opposée. Moi-même, je me dirige vers Sarrant, et je serais bien plus à l’aise près de vous que sur cette route. »

Malgré son inquiétude, Ash ne parvenait pas à se méfier plus que nécessaire d’un homme qui était accompagné de deux enfants.

« Mais peut-être vos enfants souhaiteraient-ils une pause ? Nous avons assez de place pour vous accueillir, le voyage vers Sombrebois ne doit pas être de tout repos. »

L’envie de profiter de la présence de cette inconnue à la chevelure blanche le saisissait, mais si l’homme déclinait son offre, Ash partirait avec lui. Il avait une tâche à mener, et ne pouvait la reporter au lendemain ; pas alors que le besoin se faisait ressentir avec une telle force. C’était plus important que cette jeune femme, que cet homme et que tout autre chose qui lui tenait encore à cœur. Il ne lui restait que cela.
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptySam 5 Aoû 2017 - 18:44
Je faisais connaissance avec mon nouvel ami, écoutant sa réponse avec attention. C'était en effet bel et bien un bûcheron d'Usson, très aimable au passage. Je poussais un petit rire gêné en l'entendant complimenter mon nom, ce n'était en effet pas courant. Mais mon sourire disparut instantanément en entendant la raison de sa présence ici, si loin de son village. La Fange, il voulait voir la Fange. Quel homme sain de corps et d'esprit irait dans cet endroit ? C'était le meilleur lieu pour mettre fin à ses jours, et je me posais sérieusement des questions sur la santé mentale de mon interlocuteur. Je me levais à mon tour, prête à lui répondre.

" Écoutez, m'sieur..."

Finalement, les mots ne sortirent pas. Ils étaient bloqués au fond de ma gorge par une force inconnu, force me faisant abandonner bien vite. Après tout, qui étais-je pour le juger ? Que savais-je des possibles atrocités que cet homme avait vécu ? Pour l'arrêter, il m'aurait fallu du courage, et c'était une vertu qui me faisait défaut. Je l'avouait, j'étais lâche, une véritable oiselle de nuit agissant dans l'ombre pour gagner son pain. Je n'avais pas la vaillance de ces courageux chevaliers ou de ces ardentes miliciennes. Je soupirais, voyant une charrette approcher, conduite par un homme à la belle mise. Assurément une personne du milieu aisé, la barbe bien taillée et le buste droit et fier. Il nous aborda, nous proposant de monter dans sa carriole. Mon compagnon semblait intéressé, mais je le retins doucement, balbutiant quelque chose avant de le relâcher.

" Attendez, si vous êtes d'Usson, vous pouvez m'aider. J'ai une carte, mais je ne sais pas la lire, alors si vous pouviez m'indiquer votre village... Attendez, je vais la sortir."

J'ouvris mon baluchon devant tous le monde, avant de fouiller frénétiquement à l'intérieur. Je commençais à m'inquiéter, ne trouvant pas la liasse de papier froissé. Je vérifiais, revérifiais, écartant les restes de pain et le petit peigne de bois. Mais rien à faire : le papier avait disparu. Je poussais un petit cri angoissé. Quelle idiote, j'avais dû l'oublier la dernière fois où je l'ai sortie, dans cette auberge de Sarrant. Je me tournais finalement vers le cocher, et m'exclamais d'une petite voix :

" Hum, il semblerait que je sois tête en l'air... M'sieur, si vous pouviez vraiment me conduire à Sarrant, cela me rendrait folle de joie, vraiment."

Je me tournais finalement vers Ash, lui décochant un petit sourire amusé, me frottant l'arrière du crâne.

" Que suis-je bête, n'est-ce pas ? Finalement, nous pourrons faire un peu plus connaissance semble-t-il."
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyLun 7 Aoû 2017 - 11:00
Le jeune homme venait d'Usson et allait à Sarrant et la jeune femme venait de Sarrant et allait à Usson... Ils s'étaient croisés sur la route et partageait un petit repas. Hector se sentit soudain un peu... intrus ! bien que rien ne laissait présager d'une issue romantique à cette histoire qui sonnait un peu comme une chanson de barde. Néanmoins, ses deux interlocuteurs lui avaient répondu... et semblait d'humeur à l'accueillir.

- Merci pour l'invitation, mademoiselle, monsieur... Permettez-moi de me présenter : Hector de Sombrebois. Je quitte le Labret pour m'en retourner sur mes terres... avec ces deux enfants qui m'ont été confiés par leur père...

Il fronça les sourcils à l'égard de ses interlocuteurs. Il ne voulait pas expliquer devant les deux enfants les circonstances tragiques de cette "adoption". Il espérait que l'homme et la femme comprendraient ou, du moins, seraient assez lucides pour ne pas en demander d'avantage. Les orphelins étaient nombreux en ces temps apocalyptiques...

- J'accepte votre invitation avec joie. J'ai moi-même quelques denrées à partager... Allez les enfants, descendez... Nous allons manger un peu.

Hector attacha Gris-Poil à un arbre et, portant sa hache et un sac de provision, s'approcha des deux adultes tandis que les enfants restaient en retrait derrière lui. Hector fit un pas de côté.

- Je vous présente Samuel et Nadia. Approchez, les enfants, n'ayez pas peur. Allez, venez, asseyez-vous.

Les enfants semblaient intimidés mais, finalement, s'assirent l'un à coté de l'autre, dans leurs haillons tâchés. Hector ouvrit son sac et en sortit une pomme pour chacun des enfants. Puis, à l'aide d'un tire-bouchon, il ouvrit une bouteille de vin rouge de Latour et en proposa un gobelet de bois à l'homme et la femme, en profitant pour détailler leurs traits.

- Mademoiselle, il s'agit d'un vin de Latour... Je ne sais pas si vous connaissez, c'est une petite bourgade maritime, non loin de Sombrebois... Ils y faisaient de l'excellent vin.

Son visage était harmonieux mais ses cheveux blancs et ses yeux rouge lui donnaient un air légèrement maladif qui, à défaut de repousser le baron, ne le séduisait pas vraiment.

- Monsieur, je vous en prie, tenez...

Il était armé d'une hache et n'aurait sans doute pas fait tâche dans la forêt de Sombrebois, avec Hilde et Rodron.

- Avez-vous entendu parler des forêts de Sombrebois ? Mon peuple était un peuple de bûcheron, d'ébénistes, de charpentier... Vous... Votre hache me fait penser à cela...

Il sortir ensuite un saucisson de son pays et en coupa quelques tranches qu'il proposa à chacun. Il resta un instant silencieux, regardant les deux marmots d'un air mi-inquiet mi-paternel. Ils dévoraient littéralement leurs fruits et Hector ne tarda pas à leur donner du saucisson et du pain pour les rassasier.

Le baron n'avait pas répondu aux demandes des deux jeunes adultes : Les deux voulaient aller à Sarrant. La jeune femme, qui initialement souhaitait aller à Usson s'était rendu compte qu'elle avait oublié sa carte lors de l'étape précédente de son voyage...

- Nous ne traîneront pas trop, alors... les routes sont déjà dangereuses de jour... alors de nuit...

Le baron se contenta d'un soupir pour finir sa phrase. Rien ne servait d'effrayer les enfants... mais cela ne fonctionna pas vraiment !

- 'Y a quoi la nuit ?! Demanda le garçon tandis que la fille tournait vers les adultes un regard apeuré.
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyMar 8 Aoû 2017 - 8:37
Ash dardait le nouveau venu d’un regard méfiant. Il surveillait du coin de l’oeil le moindre de ses gestes, et ne pouvant se retenir de le faire, il se détourna pour observer les environs. Rien n’approchait. Il éloigna lentement la main de sa hache, sans toutefois cesser de se méfier de l’inconnu.
Les enfants, qui restaient assis dans la charrette, avaient un air misérable au possible, et bientôt Ash ne put supporter leur vision ; surtout celle du garçon. Il avait appris à voir différemment les enfants.

Près de lui, sa compagne de voyage à la chevelure d’ivoire s’était également levé pour accueillir les nouveaux arrivant. Le bûcheron eu un mouvement de recul honteux lorsqu’elle posa sa main sur son bras, le retenant de ce fait de s’approcher de la charrette. Il se tourna vers elle, un sourire d’excuse sur le visage ; il n’aimait guère se faire surprendre, ces derniers temps. Il était sans cesse sur le qui-vive, s’agitant pour un rien et sursautant au moindre bruit. Pourtant, les Trois seuls savaient combien Ash n’étaient pas peureux. Sans être pour autant emplie d’un courage à toutes épreuves.
Il soupira et se pencha vers Sylane. Il lui indiquerait son village sur la carte et espérait qu’elle ne se perdrait pas. La route pour Usson était aisée, mais cela était l’avis d’un homme qui l’usait depuis sa tendre enfance. Pourquoi une femme qui ne sait lire une carte voyage seule ? se demanda-t-il en fronçant les sourcils en regardant Sylane s’affairer sur son baluchon.

Il leva la tête sur l’homme à la charrette. Toutes ces rencontres mettaient ses projets à plus tard, et Ash n’était pas sûr de l’apprécier. Il ne pourrait rester plus que nécessaire à Sarrant, il devrait rentrer avant l’heure du couvre feu s’il ne voulait pas risquer sa vie. Il était partit d’heure matinale afin d’avoir le temps voulu pour libérer son esprit de ses peurs et de ses questionnements face à la fange. Il souffla en prenant conscience qu’il n’aurait peut-être pas le temps de la voir.

Sylane se releva enfin, un sourire étrange sur ses lèvres roses.

« Les Trois le veulent, » sourit-il à Sylane, en se disant qu’il était voué à être accompagné de ces personnes-là pour son voyage. Il n’avait néanmoins pas oublié la proposition qu’il avait faite à l’homme et se tourna vers lui pour écouter sa réponse. Il avait désormais deux personnes à accompagner, peut-être préférerait-il s’en aller dans l’instant. Mais non. L’homme, qui semblait à l’aise en toute circonstance, accepta l’idée.

“Hector de Sombrebois”, avait-il dit s’appeler.

Zïnf, qui avait entendu du domaine Sombrebois, fit le rapprochement et ses sourcils s’arquèrent sur son front. Il avait devant lui un noble, et s’étonnait de ne pas l’avoir remarqué avant. Il le détailla du regard, remarquant soudainement son habillement qui différait tant de ceux des villageois. Il se sentait brusquement à l’étroit dans sa chemise sale et ses frusques puants, et se sentiment de gêne était destiné à persister. Il n’avait jamais été à l’aise avec la noblesse, ou l’idée qu’il s’en faisait. Il s’écarta de quelques pas afin de laisser la place à l’homme de quitter sa charrette.

Que faisait un tel personnage accompagné d’enfants à l’air si misérable ? Ils paraissaient être des orphelins à l’abandon, et lorsque le noble précisa d’où ils venaient, Ash comprit que c’était le cas. Sa poitrine se serra une nouvelle fois ; Fard aurait pu être à leur place, seul et destiné à vivre dans une maison qui n’avait jamais été la sienne. Il y avait tant de petits êtres à l’abandon à cause du Fléau ; Ash se doutait que cela devait être plus flagrant encore à Marbrume.

Le coeur lourd, il regarda les trois mettre pieds à terre et s’approcher pour s’installer avec eux. Les enfants paraissaient apeurés. L’homme, lui, s’approchait sans crainte, muni d’un sac et d’une hache que le bûcheron jaugea du regard.

« Je vous présente Samuel et Nadia, » dit Hector en se tournant vers les enfants. « Approchez, les enfants, n'ayez pas peur. Allez, venez, asseyez-vous. »

Tous s’assirent en cercle, Ash face au noble et prenant garde de ne pas s’approcher plus que nécessaire des deux enfants qui ne pipaient mots.

« Merci de partager vos vivres, Messire, et d’accepter notre invitation. Je m’appelle Ash Zïnf, » se présenta-t-il avec un sourire poli. Puis, acceptant le verre de vin que lui tendait Hector : « Merci, Messire. »

Ash ne connaissait pas le nom du bled dont Hector disait provenir son vin, mais il avait tout de même hoché la tête pour participer à l’échange. Il trempa ses lèvres dans le vin et en apprécia le goût fruité et plein d’amertume qui emplit sa bouche. Il appréciait toujours un bon verre.
Hector de Sombrebois était, semble-t-il, un homme habitué à recevoir, car il partagea sans état d’âme ce qu’il sortait de son baluchon. Ash n’avait rien apporté. Il n’avait pas pensé à cela ; il avait pris la route sans se retourner, sans réfléchir à son voyage. Il se félicitait de sa rencontre avec ces personnes, il aurait supporté de ne pas manger, mais il appréciait de goûter à ces denrées dont il avait oublié le goût.

Lorsque l’attention d’Hector se porta sur lui, Ash releva la tête pour se plonger dans son regard. Il hocha la tête en souriant ; le peuple de Sombrebois était donc des bûcherons ?

« Je n’avais jamais entendu parler de vos forêt, Messire, » dit-il de sa voix grave, « mais j’aimerai les voir un jour. P’t’être sont-elles différente de celles d’Usson. Je suis bûcheron, moi aussi. »

Il avait prononcé les derniers mots en posant sa main sur la garde de sa hache ; elle avait été un outil de travail durant des années, et dorénavant, il la considérait comme une arme. Elle avait accompagné toute sa vie.

« J’aurai aimé atteindre Sarrant et revenir à Usson avant la nuit, » répondit Ash en réponse aux paroles de Hector qui annonçait un départ non tardif, « j'veux pas croiser un pu... »

« ‘Y a quoi la nuit ? », l’interrompit une petite voix fluette au ton apeuré.

La bouche entrouverte, Ash se tourna vers l’enfant qui avait prit la parole. C’était le petit garçon. Et à ses côté, le visage de la fille se tordait d’une crainte dérangeante à voir. Ash lança un regard à Hector, se demandant à quel point ces enfants avaient été protégés du monde extérieur. Il fronça les sourcils, voyant soudainement son fils dans les traits du garçon. Ils auraient pu être semblable, mais étaient loin de l’être. Pourtant l’image de Fard se superposait sur le visage du garçon, Samuel. Ash se souvenait du moment où il avait dû lui expliquer l'arrivée du Fléau et de toutes les horreurs qui l’avaient accompagné.

« La nuit a toujours été dangereuse, petit, » lui lança Ash en souriant brièvement. Le moment n’était peut-être pas le bon pour lui expliquer que dans quelques heures roderaient des monstres sans pitié qui ferait tout pour le dépecer vivant. Et ce n’était pas à lui de lui parler de cela.
Il se tourna vers Hector, l’esprit emplie de question. Pourquoi leur père avait-il confié ces enfants à un noble ? Etait-il mort ? Ash le craignait sans toutefois s’en émouvoir. Des gens mourraient tous les jours.

« Le chemin vers Sombrebois risque d’être long, » dit-il en plongeant son regard dans celui de l’homme, « combien de temps c’la vous prendra-t-il ? »

Peut-être que les deux gosses en oublieraient leur peur. Il y avait des moments pour parler des sujets sensibles, et Ash pensait que maintenant n’était pas l’un de ces moments.
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyJeu 10 Aoû 2017 - 19:17
J'écoutais tranquillement les deux hommes discuter, visiblement de leurs terres respectives. Tous deux venaient de la forêt, ce qui contrastait avec moi, natif de la cité. Je ne savais pas ce que c'était de vivre en dehors des grandes murailles, et honnêtement, je préfèrerais m'abstenir de tester. Il est vrai que la vie à la ville étai bien différente de l'existence campagnarde. Je me demandais ce que cela faisait de trimer toute la journée pour gagner son pain. Dieu merci, je n'avais jamais vécu ça.

Reconnaissante envers l'homme qui partageait son repas, je plongeais mes lèvres dans le verre de vin qu'on me tendait, appréciant sa légère saveur fruitée. Aucun doute à avoir, cet homme était fortuné, seul un noble pouvait avoir une liqueur d'aussi bonne qualité. Je reportais mon attention sur les deux enfants. Ils semblaient timides, même étranger à notre bienfaiteur. Je fronçais les sourcils, que s'était-il passé ? Je les fixais avec compassion, les aidant à étaler le beurre sur leur tranche de pain. Puis, la voix fluette et enfantine du petit garçon s'éleva, ses yeux curieux se braquant sur les deux hommes, toujours en pleine conversation. Ils se stoppèrent et le fixèrent.

Ash se mit à fixer le gamin, fronçant ses sourcils. Puis, son regard se voila un instant, et il déclara d'une voix sourde que la nuit était incertaine. Et i n'y avait qu'à voir son visage pour comprendre qu'il savait de quoi il parlait. La petite fille pinça les lèvres, et baissa la tête en se tenant les bras. Soupirante, je m'avançais près d'elle, l'entourant de mes bras. Elle était terrorisée. Je me mis à la bercer doucement, parlant d'une voix calme et sure.

" Allons, ne t'inquiètes pas. Il n'y a rien à craindre, nous sommes là pour te protéger, toi et ton frère. Ne t'en fais pas."

Je souris légèrement, avant de lancer un regard réprobateur vers le bucheron. Non pas que ce qu'il avait dit était faux, mais ces enfants n'étaient pas obligés de le savoir maintenant. Encore un peu plus de subtilité aurait été la bienvenue, même si je savais qu'il se retenait d'ajouter quelque chose. Et il ne fallait pas être prêtresse pour comprendre que les Fangeux aimaient se balader la nuit en quête de chair fraiche. Qui sait, peut être que dans quelques siècles, ce sera une histoire horrifiante pour enfant. Enfin, si l'humanité réussissait à survivre jusque là. Balayant d'un revers de pansée mon pessimisme, je levais mes yeux chocolats vers ce monsieur de Sombrebois, l'interrogeant du regard. Ma question parvint rapidement à mes lèvres.

" Excusez-moi Sire, je ne voudrais pas être indiscrète, mais que faites-vous ici en compagnie de ces deux jeunes enfants ? C'est une période assez inapproprié pour rendre visite à quelqu'un. Que leur est-ils arrivés ?
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyVen 11 Aoû 2017 - 13:36
Même si le bûcheron semblait un poil méfiant, tous s'installèrent finalement en cercle, partageant vin et nourriture solide. Ash avait un air un peu froid - ou était-ce de la tristesse ? - tandis que la jeune femme - qui ne s'était pas présentée était plus avenante. Elle prit d'ailleurs la petite Nadia dans ses bras lorsqu'elle vit la terreur qui était la sienne à l'évocation des dangers nocturnes.
- Allons, ne t'inquiètes pas, disait-elle, il n'y a rien à craindre, nous sommes là pour te protéger, toi et ton frère. Ne t'en fais pas.

Hector passa une main dans les cheveux du garçon.
- Il y a des dangers... mais effectivement, vous ne craignez rien, nous serons entre quatre murs de pierre avant la tombée de la nuit.

Il se tourna vers Ash pour lui préciser :
- En effet, je pensais mettre une journée pour rejoindre Sombrebois, mais si cela s'avère impossible, nous nous arrêterons à Traquemont pour y passer la nuit.

Il entendit ensuite la question de la demoiselle aux cheveux blancs.
- Excusez-moi Sire, je ne voudrais pas être indiscrète, mais que faites-vous ici en compagnie de ces deux jeunes enfants ? C'est une période assez inapproprié pour rendre visite à quelqu'un. Que leur est-il arrivé ?

Le moins que l'on pouvait dire était qu'elle mettait les pieds dans le plat... Hector avait voulu épargné aux enfants une nouvelle plongée dans leur triste et récent passé. Mais cela semblait maintenant compromis... Néanmoins il réfléchit un instant afin de choisir les bons mots.
- Et bien... j'ai recueilli ces deux récents orphelins et je les amène chez moi, à Sombrebois. Il y feront la connaissance de ma fille, Mérédith et de sa préceptrice, Pénélope. Elle les prendra en charge et ils seront, en mon château, plus en sécurité que sur le plateau. Nos murs de pierre sont imperméables à toute attaque extérieur.

Il n'en dit pas plus sur les circonstances de la mort du père et de la mère des deux enfants mais, son regard plongé dans les yeux rubis de la jeune femme, ses sourcils légèrement froncés semblait lui dire "ne rentrons pas plus dans les détails". D'ailleurs, en bon communiquant, il décida de changer de sujet de conversation afin d'éviter ce genre de désagrément :
- Et vous mademoiselle... - tiens, vous ne m'avez point donné votre nom ? - que faîtes vous par ici, si ce n'est pas indiscret ?

Sa robe sombre et décolletée ne collait pas avec l'image de la voyageuse... ni des miliciennes, seules femmes qu'on rencontrait habituellement hors des villes et villages du pays. Hector prit avec calme une bouchée de pain et de saucisson tandis que les enfants, eux, mangeaient avec voracité. Ils n'avaient évidemment pas l'habitude de manger d'aussi bonnes chose... et en si grandes quantités. Hector jeta un œil au ciel, les nuages, hauts, ne semblaient point menaçants. Avec un peu de chance, le voyage se passerait bien. Il but une grande gorgée de vin. Il était bon et réconfortant. Il reprit la bouteille et, avant de se resservir, en proposa aux deux autres adultes.
- Une petite goutte ?

Il se rendit alors compte que les enfants n'avaient rien bu. Il leur passa l'outre d'eau qu'il avait à la ceinture.
- Buvez mes enfants...

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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyVen 18 Aoû 2017 - 10:32
Les paroles étaient puissantes, bien plus que les armes ; Ash l’avait comprit rapidement, même s’il ne s’était jamais montré très éloquent. Il disait ce qu’il avait à dire, et faisait parfois les frais de son franc parlé et de son sens de la justice et de la morale. A présent, les enfants dont s’occupaient le noble de Sombrebois paraissaient effrayés et le bûcheron n’aimait pas ce qu’il voyait. Qui, de nos jours, étaient assez fou pour cacher le réel déroulement de la vie à des gosses ? Il ne rajouta néanmoins aucune parole en avisant le regard réprobateur que lui lança la femme aux cheveux blanc. Elle lui avait fait assez bonne impression pour qu’il prenne en considération son avis. Il leva son verre, et bu une rasade de vin en secouant la tête de droite à gauche.

Sylane rassurait les enfants, chose que n’aurait jamais pu faire Ash. Plus maintenant. Il la regarda, et en fut attendri. Un sourire, discret dans sa barbe hirsute, se dessina sur son visage. Très vite, il s’évertua néanmoins à écraser ces sentiments, de peur qu’ils ne prennent trop d’ampleur.
Il était important de ne pas laisser des marmots mijoter dans leur peur, Ash se souvenait que trop bien de tous ces moments passés à rassurer Fard. Il prenait alors l’enfant, pas plus grand que ceux qui lui faisaient face, sur ses genoux et lui parlait calmement en prenant soin de toujours garder avec lui un contact visuel. Il le voyait clairement, son petit garçon. Un souffle de désespoir le secoua. Il ferma les yeux douloureusement en finissant d’une gorgée la fin de vin qui restait dans son gobelet.
L’air était pur ici, il était agréable et était accompagné de l’odeur des arbres et de l’herbe. Le bûcheron prit une grande goulée d’air frais pour s’obliger à porter son attention sur le noble. Il hocha la tête à son attention. Traquemont serait un endroit idéal pour attendre l’aube à l’abris des fangeux. L’homme était prudent, Ash aimait cela.

La tête baissée vers sa hache, Zïnf écouta d’une oreille le noble expliquer ce que les enfants faisaient près de lui. Durant un instant, il les jalousa d’être encore en vie, d’avoir l’occasion de vivre en sécurité dans une forteresse, là où tant d’autres ne se relèverait plus jamais, que ce soit en humain ou en fangeux. Il se fustigea instantanément de ses pensées et tourna un regard honteux vers les orphelins. La culpabilité lui enserra la gorge, et il présenta son verre au noble pour accepter son vin sans oser croiser son regard.
Des pensées qui n’avaient jamais été les siennes ne semblaient vouloir cesser de le torturer et de le changer. Inlassablement.

« Merci, » souffla-t-il en appréciant la première gorgée du vin. Depuis qu’il était seul, il comprenait l’envie des soûlards de se plonger dans les affres de l’alcool. Il comprenait la liberté qu’amener les volutes amer.

Tout comme Hector de Sombrebois, il se tourna vers Sylane pour écouter la réponse que venait de lui poser le noble. Il connaissait la réponse, évidemment, mais tout était bon pour s’occuper.

Peut-être se mettraient-ils bientôt en chemin. Il ne pouvait faire marche arrière maintenant qu’il se trouvait plus loin qu’il n’avait jamais été ; il devait voir la fange, affronter ce qui lui avait enlevé les siens. Peut-être pourrait-il aller plus loin, aller voir cette grande étendue d’eau, voir de nouvelles personnes, sentir de nouvelles odeurs ? Avait-il seulement assez de pécule pour voyager ? Sans deux autres bouches à nourrir, pensa amèrement Ash, sûr que j’ai assez de pécule… Et cette pensée était une vérité horrible. La bile monta le long de la gorge du bûcheron, son esprit accusait plus clairement que jamais le goût amer que détenait cette vérité.
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyMar 22 Aoû 2017 - 21:44
Je pris le verre que me tendais le baron avec gratitude. C'était rare de voir un homme si proche et respectueux de la plèbe, et c'était franchement appréciable. Il avait un grand coeur, c'était avéré. Recueillir deux jeunes orphelins par les temps qui courent était très courageux et honorable, surtout que ces enfants n'avaient pas l'air d'avoir été gâté par leur naissance. Cela devait être un suzerain juste et un bon père. J'observais le liquide carmin, comme hypnotisé par son parfum fruité et entêtant. Soudain, la question du baron m'étonna, et je m'étranglais en buvant. Je reposais mon verre à terre et me tapais la poitrine, me rendant compte de mon impolitesse. Je relevais les yeux sur lui, le regardant d'un air désolé.

" Seigneur, toutes mes excuses, quelle malappris je fais. Je me nomme Sylane Lester, et je suis comédienne. Je dois rendre visite à une amie à Usson. Mais comme vous l'avez constaté, mon objectif est compromis."

J'étais rouge de honte, me cachant les joues d'une main. Je détestais me montrer grossière, surtout en présence d'inconnus fort aimables.Je rangeais doucement mes affaires, et me relevais, époussetant mon jupons de tissu brut. La poussière s'élevant me fit tousser, et j'agitais une main devant mes yeux qui commençais à me piquer.

Je regardais l'horizon, le soleil commençant à décliner. Je me raclais la gorge, et me redressais, observant l'eau verte et calme. L'onde était calme et paisible, mais quand la nuit tomberait, cette plénitude ne durerait pas. Je me tournais vers les deux hommes, le visage légèrement inquiet.

" Que diriez-vous de nous mettre en route? Il ne faudrait pas se faire surprendre par la nuit. Qu'en pensez-vous?"
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyMer 23 Aoû 2017 - 13:53
Le bûcheron ne semblait pas en très bonne forme. Il soufflait, ne parlait pas - ou très peu - et gardait le plus vouent les yeux baissés. La comédienne - c'est ce qu'elle déclara être - était plus exubérante - il eut été difficile de l'être moins qu'Ash ! - mais surtout, se rendant compte de sa petite impolitesse, s'agita en tout sens ! Hector lui sourit bienveillamment.
- Ce n'est rien mademoiselle Lester, rien du tout, ne vous en faîtes pas !

Elle proposa de se mettre en route. Effectivement, pour elle qui devait retourner à Usson après Sarrant, mieux valait ne pas perdre de temps. Hector accepta et chacun finit rapidement ce qu'il avait commencé à manger.
- Vous pourrez continuez à manger sur la charrette, ne vous inquiétez pas pour ça, précisa Hector à l'attention des enfants.

Il remonta les provisions dans la charrette, aida les enfants à y monter (à l'arrière) et détacha Gris-Poil de l'arbre auquel il l'avait attaché. Il monta ensuite à sa place de conducteur, sur le banc à l'avant de la charrette, et tendit une main galante à Sylane, pour l'aider à monter. Ash, sans doute, pourrait monter seul à côté de la jeune femme.

Chacun installé, le baron revint sur la profession de Sylane :
- J'imagine que vous habitez Marbrume, Sylane... Il n'y a bien que cette ville où quelques riches bourgeois et les nobles argentés peuvent encore se permettre d'assister à des pièces de théâtre. Moi-même, j'en ai vu une l'été dernier, devant l'Esplanade, lors des festivités en l'honneur d'Anür. C'était une superbe pièce mettant en scène une sorcière, un dragon et un chevalier, l'avez vous vue ? Peut-être même y aviez-vous un rôle ?

Et pendant que son maître parlait, Gris-Poil avançait à bonne allure sur le chemin. Cela devait rassurer les deux charrettestoppeurs.
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MessageSujet: Re: Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre]    Le paysage du renouveau [Sylane Lester et libre] EmptyMer 30 Aoû 2017 - 9:33
Cette journée, qui se devait être une nouvelle expérience avec de nouvelles sensations pour Ash, n’était que le reflet de toutes les autres : maussade et emplie de souvenirs qu’il ne voulait plus voir. Il n’arrivait décidément pas à dépasser ses craintes et ses manques, même lorsque dans son dos, se déroulait un paysage qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il avait espéré que ces nouvelles choses le sortent de son quotidien. Mais si ce n’était pas le cas, il appréciait la compagnie de ces deux inconnus. Ils étaient bien différent des lourdauds avec lesquels il traînait à longueur de journée.

Il écoutait d’une oreille distraite leur discussion, acquiesçant ci-et-là pour montrer qu’il était encore à l’écoute. Sa chope se vidait, et il décida de ne pas la remplir à nouveau. L’esprit clair aidait à fuir les souvenirs sombres.

Sylane proposa de prendre la route, et Hector donna son accord. Heureux de continuer son chemin, Ash se leva prestement et aida ses compagnons à rassembler leurs affaires. Les enfants ne disaient toujours aucun mot, et il ne pu s’empêcher de les regarder étrangement lorsqu’ils montèrent dans la charrette en serrant dans leur main leur pitance.
Il s’approcha du véhicule à son tour, souriant légèrement en avisant l’homme aider Sylane à grimper. Il avait entendu dire que les nobles avaient parfois des manières particulières, mais celui-ci semblait respectueux. Il monta près de Sylane et la frôla légèrement en s’asseyant sur la place qui restait près d’elle.

« Pardon, » dit-il d’une voix bourrue avant de tourner son attention sur la route. Tirant la charrette, le cheval gris costaud prit rapidement une vitesse raisonnable. Peut-être qu'ils arriveraient à temps à Sarrant. La suite, il la découvrirait plus tard. Il ne pouvait rester avec Sylane et rentrer avec elle s'il voulait profiter de la fange. Et il ne pouvait certainement pas crécher dans la nature lorsque la nuit tomberait. Peu importe, il verrait cela en temps voulu. Il ne souhaitait pas se questionner pour le moment.
Les pierres du chemin ricochaient en tout sens et le tout faisait un bruit monstre. Ash dû tendre l’oreille pour écouter ce que disait Sombrebois à Sylane.

Peut-être dans le désir de se montrer plus présent qu’il ne l’avait été dans cette discussion, il s’efforça à prendre la parole.

« J’n’ai jamais eu l’occasion de voir de pièces, » cria-t-il pour se faire entendre « Est-ce vrai, ce qu’on dit, qu’on a l’impression de ne plus être assis sur notre chaise et d’être transporté par le jeu ? »

Il n’avait jamais émis le souhait de voir une pièce, et se portait bien de n’en avoir jamais vu, mais les voyageurs traversant Usson, notamment ceux venant de Marbrume, tarissaient moult éloges à propos d’acteurs et de pièces qu’il ne connaissait pas. Ils leur racontaient des histoires invraisemblables, aussi folle que semblait l’être celle dont parlait Hector de Sombrebois. Le bûcheron préférait de loin ce qui ne sortait pas de l’ordinaire. Il aimait découvrir de nouveaux paysages, la nature et l’idée qu’il se faisait de la mer, mais il n’avait pas d’attrait particulier pour ces dragons ou sorcières dont parlait le noble.

Il se tourna vers Sylane, détailla sa chevelure couleur lune et sa peau pâle ; il pouvait aisément l’imaginer dans la peau d’une sorcière, mais cela signifiait-elle qu’elle aimait ce genre d’histoire sans réalité ?
Dans un coin de sa tête, il se dit que Fard aurait aimé voir l’une de ces pièces. Il aimait écouter les histoires que lui racontait sa mère et passait ses journées à jouer avec des choses que lui seul pouvait apercevoir. Il aurait aimé, oui.
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