Marbrume


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 Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]

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Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



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MessageSujet: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyMer 1 Mar 2017 - 13:20
25 Septembre 1165

La vie est un long fleuve tranquille, disait. Pour Dreit, il ne s'agissait ni plus ni moins d'une rivière qui se heurtait violemment à quelques rochers en travers de sa voie, qui déviait de son cours, s'entremêlait d'autres courts d'eau, déviait à nouveau. Parfois stagnait. Parfois coulait puissament. Non, la vie n'avait rien d'un fleuve tranquille. Et elle était éphémère pour beaucoup. Cela faisait dix jours que sa soeur s'était éteinte dans son sommeil. La maladie avait fini par l'emporter. Dreit l'avait regardée longuement, sans éprouver la moindre tristesse. Il était au contraire soulagé qu'elle puisse rejoindre sa famille qui l'aimait tant. Elle était mieux dans la grande voûte céleste, parmi les étoiles. Le zénith avait entamé sa descente, aussi Dreit n'avait hélas le loisir de les admirer avec cette douce et délicieuse nostalgie qui lui pinçait le coeur. Ces instants uniques où il se sentait ne faire qu'un avec l'univers, où il voyait parmi les multiples points blancs dans le siel sombre tous ceux qu'il avait croisés, tous ceux qui avaient modelé son existence. Ses progéniteurs. Son père adoptif. Ses frères d'arme du croc d'ébène. Il s'en était passé des choses depuis Janvier. Maintenant tout était redevenu à peu près normal. La Fange à étudier. Les groupuscules à évincer. Mais le problème de famine était partiellement résolu.

Il tourna un instant la tête, observant au loin les fenêtres du vieux Claudin qui lui rappelait inévitablement Gisèle. Puis il redressait à nouveau la tête, fixant le ciel bleu. Un début d'après-midi bien amer comme il en avait périodiquement. Personne n'était infaillible après tout. Il se remit à marcher le long des quais du port, pensif, perdu dans ses songes, tantôt fixant le pavé portuaire, tantôt l'horizon ténébreux qui lui évoquait l'avenir sombre et incertain de l'humanité. Ah, Rikni, à quoi peux-tu être affairée ce soir pour ne pas témoigner ta présence auprès du grand blond pâle ? Il prit une grande bouffée d'air marin. L'odeur de l'eau salée était ô combien plus agréable à cette puanteur infernale dans laquelle baignait Marbrume. S'il y avait bien une chose qui ne s'était pas améliorée malgré l'abondance, c'était bien cette ambiance qui plongeait certains quartiers dans la misère. Aussi le port restait à peu près respirable.

Il haussa les épaules comme pour se défaire de ses songes et rebroussa chemin le long des quais, le regard porté au loin et cette éternelle démarche mécanique et lourde ; celle du milicien qui avait suffisamment lézardé au soleil et qui s'en retournait au devoir.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyJeu 2 Mar 2017 - 10:51
Elle courait, aussi vite qu'elle pouvait, jusqu'a en perdre le souffle, a en avoir les jambes coupées et le tournis. Ça n'avait aucune importance, il fallait filer, jusqu'à ce que son cœur éclate. Peu importait où ses pas la conduisaient - n'importe où, du moment qu'elle était en sécurité, qu'on la laisse enfin tranquille. Les cris du marchand lui donnait des ailes sous la terreur qui la possédait, et elle tourna à droite, à une intersection, sans même regarder où elle mettait les pieds.

L'odeur prégnante du poisson la prit à la gorge, et elle évita de justesse une charrette stationnée au milieu de sa route, un foulard teint crispé entre ses doigts fébriles, tremblants d'adrénaline sous sa détermination. L'enfant entendait les cris, les piétinements derrière elle, et malgré le point de côté aigu qui semblait s'être installé, elle tenta de redoubler ses efforts. Sa vue se brouillait progressivement, son trajet devenait flou. La nécessité absolue de trouver une cachette sûre se faisait impérative, mais à moins de plonger dans l'eau, la fillette ne voyait pas d'issue. Elle fit un brusque devant ce qu'elle reconnut un homme d'arme, mais elle était trop occupée à courir, à fuir, pour en mesurer l'implication.
Pourquoi diable son petit frère avait-il pu se mettre dans pareille situation ?! Il avait rencontré quelques jours plus tôt un homme qui lui avait prêté un peu d'argent, et elle avait été à la fois surprise et enchantée de retrouver la maison, le soir, bien chaude d'un bon feu qui flambait dans la cheminée, la marmite remplie de lentilles, de céréales et d'un peu de bon lard bien gras. Alix avait cru à de l'argent honnêtement gagné par le petit garçon, ravie qu'il ait trouvé un travail quelque part - sauf qu'elle avait découvert avec une panique grandissante que ce n'était pas du tout le cas, lorsque trois hommes avaient forcé la porte de leur petite maison pour venir casser la table en guise d'avertissement. Ils voulaient être payés, et rapidement, sinon ils viendraient chercher l'un d'entre eux. À quelles fins ? Ils n'avaient guère été explicites, mais la fillette se doutait bien que ce ne serait pas pour prendre soin d'eux.
Elle avait même essayé de s'en ouvrir à un garde, mais ce dernier n'avait pas voulu l'écouter. Pas de mioche dans ses pattes, il avait autre chose à faire ; et elle avait bien compris que cela n'aurait servi à rien d'insister. Alors la gamine avait réfléchi, encore, pour savoir comment se procurer l'argent. Elle avait passé la matinée à mendier, à supplier les gens aux abords du temple, à chercher quoi vendre - et elle avait voulu proposer les restes de bois de leur table démentelée. À midi, elle n'en avait encore écoulé qu'un petit morceau - ils étaient bien loin de la somme qu'exigeaient la bande de brutes.

- "Au voleur ! Attrapez-là !"

Les cris tout proches, juste derrière elle, achevèrent de lui faire perdre tout sens commun.
Elle avait besoin de ce châle, besoin de pouvoir l'échanger au plus vite. Il devait valoir une certaine somme, substantielle, même, alors elle ne pouvait s'en défaire. Qu'est-ce qu'ils deviendraient si elle l'abandonnait ?

Elle allait vomir, la tête lui tournait trop. Elle ne pouvait plus continuer sa course éperdue, elle ne pouvait plus courir. Ses jambes flageolaient, la trahissaient : il ne restait plus qu'une issue. L'eau. Se jeter dans l'eau, atteindre les souterrains de la ville en plongeant. Peu importait qu'elle ne sût pas nager .... elle ne voyait aucune issue possible. Alors se hâta dans un dernier effort éperdu, ignorant la cuisante douleur de ses pieds nus frottant un caillou épais, au bord du parapet ; et s'apprêta à sauter.
Mais une main puissante la saisit, la souleva, ineroxablement. Elle se débattit, mais la poigne était trop puissante pour ses forces épuisées.

Elle éclata en sanglots désespérés.

-" C'est à moi, à moi, il ment, c'est A MOI !"
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyJeu 2 Mar 2017 - 19:06
Le grand blond pâle fut arraché de ses songes lorsqu'il entendit des pas précipités. Dans la rue de son quai, il marchait les mains ballantes, incertain de ce qu'il voyait, mais à force qu'il se rapprochait, sa vue se précisait ; une silhouette, petite, qu'il cru reconnaître en ce petit roublard qu'il avait rencontré en Janvier de prime abord. Mais il s'agissait d'une jeune fille. Et d'un roturier qui courait à toute allure pour l'attraper par le col alors que l'enfant s'apprêtait à se jeter dans la mer. Elle était visiblement prête à mettre sa propre vie en danger pour ce qui ressemblait à un morceau de tissu. Et ça n'était d'habitude pas le genre des adultes que de se mettre dans des situations fâcheuses pour un bien. Partant de ce constat, il n'était pas difficile de conclure que la jeune fille mentait. Mais ses sanglots et le timbre de sa voix trahissait un désespoir qui était familier au grand blond pâle. Il fallait régler ce conflit au plus vite.

"RENDS CE CHÂLE DE SUITE !"

Son teint blafard avait prit une soudaine teinte cramoisie. Il espérait faire coopérer la fille sous le coup de l'intimidation. Même intimidation qui ferait partir l'adulte sans demander son reste. Dreit dardait un regard dur et autoritaire à la petite. Pour jouer encore d'une accusation théâtrale et davantage froisser son amour propre, il la pointait d'un doigt accusateur, le visage aux traits prononcés pour simuler une colère toujours plus dissuasive.

"LE VOL EST SEVEREMENT PUNI ! ALORS RÉFLÉCHIS A DEUX FOIS AVANT DE MENTIR ! HEIN ?"

Sa voix était encore plus portante, plus colérique. Il espérait bien mettre fin à cet incident bénin au plus vite.
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 13:35
Le marchand l'avait rattrapé, et l'entraina loin du bord, en la tirant par le col.
Alix se débattait avec force pour se dégager, sous les vociférations de l'homme qu'elle avait volé - mais elle prenait soin de rester cramponnée au châle qu'elle avait pris, de manière incohérente. Elle avait besoin, elle, il en avait au moins une dizaine !

L'injustice lui barrait la gorge d'un étau d'acier, et elle faillit s'étouffer, tandis qu'une voix masculine, vibrante d'autorité et de colère, retentit près d'elle. Alors la gamine leva des yeux remplis de larmes vers son nouvel interlocuteur, qu'elle reconnut rapidement pour le garde devant lequel elle était passé durant sa fuite éperdue.
Son visage mal rasé était tout rouge de colère, ses yeux durs, autoritaires ; et elle voulu reculer, s'enfuir à nouveau ! Sauf que la poigne qui retenait son col la maintenait sur place, et que le léger déchirement du tissu la fit arrêter.

Désormais, le garde la pointait du doigt, et la fillette recroquevilla un peu ses épaules, prise d'une terreur soudaine à l'idée qu'on puisse la condamner au cachot, ou pire encore. A la pendaison ! Elle eut un espèce de hoquet de frayeur, mais elle carra sa mâchoire. Ras-le-bol, ras-le-bol ! Est-ce que la garde l'avait aidé quand elle avait été chercher de l'aide ? Non, personne ne l'avait écouté !

Alix poussa un cri de rage, jeta littéralement le châle à la figure du marchand ; avant de croiser les bras. Oublié les pleurs ; elle n'en avait sincèrement plus la force. Le marchand reprit son bien, la lâchant rudement pour lui faire lever les yeux vers lui.

- "J'espère que tu seras pendue, sale gibier de potence. Ne t'approches plus de mon étal ou je m'en irais te rosser d'une jolie façon !"

Puis il se retourna vers le milicien, en pliant le carré de tissu coloré dans ses mains.

- "Une chance qu'on puisse plus les bannir, ces sales voleurs, j'vous l'dit, moi !"

Un dernier rictus, une bourrade à la gamine, avant qu'il ne reparte d'un pas pressé. C'est qu'il avait des choses à faire, lui, hein !
Quant à la fillette, elle était restée immobile. Les épaules baissées en signe de défaite, elle serrait les dents en silence. En colère. Apeurée. Défaitiste. Et maintenant ? Comment trouver l'argent qu'il lui manquait, hein ? Comment faire ? Ca servait à quoi, de se battre ? Tellement de lunes, déjà, que leur survie était un combat quotidien ... c'était déjà un miracle s'ils avaient survécu tous les trois jusque là.

- "C'est vot'faute. Vot'faute ! J'ai été voir, j'ai été voir la milice, contre les hommes, mais ils m'ont pas écouté, je sais pas quoi faire, moi ! J'ai voulu vendre mes sabots, mais y z'en voulaient pas, parce qu'ils sont cassés... C'est pas juste, j'en ai marre d'cette ville pourrie, moi, moi, j'ai pas peur des fangeux, j'vous promet, on va partir de la ville ! Alors laissez moi !"

Elle se sentait dans un état impossible à décrire. Dépassée et horrifiée, affamée, fatiguée. Au bout de ce qu'elle était capable de vivre.

- "Je déteste les Dieux."
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 16:19
Le grand milicien blond fusillait du regard le commerçant qui récupérait son bien tout en tonitruant contre les voleurs. Il espérait bien le faire déguerpir d'ici maintenant que le problème avait été résolu. Ce vendeur de tissu n'irait certainement pas s'en prendre à une fillette qui volait pour survivre et il espérait le lui faire comprendre de ce simple regard mauvais. Loués furent les Dieux, ils finirent par décamper. La bourrade que le roturier infligea à la fillette aurait servi de prétexte au milicien pour le brusquer à son tour, mais il était inutile de s'attarder davantage sur cet homme vaincu.

Si Dreit n'adoucit pas son visage, il perdit cette expression de colère pour rester neutre et froid tandis qu'il se dirigeait vers la jeune fille pour l'écouter. Il lui semblait douée d'intelligence, d'un esprit de femme dans un corps frêle et à l'odeur douteuse. Elle savait pertinemment que si Dreit avait élevé la voix, c'était pour ne pas en avoir recours aux armes. Aussi se permit-il de l'approcher, l'écoutant d'une oreille attentive alors qu'il sortit de sa sacoche une miche de pain qu'il rompit en deux parts très inégales, piochant un bâtonnet de viande séché qu'il enfourna dans la mie de la grosse part avant de la tendre à Alix. Il n'était pas difficile de deviner qu'elle était en proie à la faim et d'autres sensations désagréables. Dur quotidien que celui d'un orphelin, qui a perdu son innocence qui plus est.

"Cesse de dire des bêtises," rétorqua-t-il à sa révérence aux Dieux, "et reprend depuis le début. Tu es entrain de me dire que la milice ne veut pas t'aider contre les hommes ? Mais quels hommes ? La milice ne veut pas rendre justice ? C'est encore une accusation grave, tu sais ? Je croyais pourtant t'avoir fait comprendre que ça n'était pas bien de mentir."

Il dardait un regard dur sur la petite, tandis qu'il croquait dans sa miche de main, mastiquant et réfléchissant un instant.

"Tu t'appelles comment ?"
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 18:11
Il avait sorti de sa sacoche une miche de pain, et si l'expression du milicien s'était faite distante, froide, la fillette de huit ans éprouva un élan de sympathie irraisonné pour l'adulte qui lui tendit la nourriture.
Elle ne s'attendait pas à autant de douceur - elle avait conscience que sa faute était difficilement pardonnable. Mais évidemment, l'enfant ne se fit pas prier pour se saisir de la viande et du pain frais, et elle esquissa même un sourire, vaguement apaisée, quand elle avala la première bouchée pratiquement tout rond, en savourant le goût délicieux de la viande séchée dans son gosier.

Elle se frotta le front, consciente qu'il fallait qu'elle choisisse ses mots avec précaution avec l'homme d'arme. Alix savait qu'il y auraient des conséquences à son acte... mais peut-être qu'elle pouvait empêcher que ses petits aient de graves ennuis, malgré tout. L'espoir renaissait, refleurissait dans son cœur, en même temps qu'une deuxième bouchée réchauffait son ventre trop vide.
Elle fourra le reste de la nourriture dans sa poche, avec précautions. Car elle avait des responsabilités, et elle ne pouvait pas y échapper. Ça, ce serait pas honnête envers les petits.

Ainsi, ce fut d'une voix plus calme, plus respectueuse, qu'elle répondit au milicien, les mains un peu crispées sur sa robe de coton grisâtre.

- "J'm'appelle Alix, m'sire. Je-je vous promets, je mens pas ! Je v-veux pas lancer... des accusations. C'est juste qu'ils voulaient pas m'écouter. Ils ont dit qu'ils avaient autre chose à faire que d'écouter une mioche... alors je savais pas quoi faire après. C'est que Pyô, c'est comme mon petit frère, y'a des hommes qui lui ont donné de l'argent. Et maintenant, ils sont venus chez nous pour dire qu'ils allaient venir prendre l'un d'nous trois, si on remboursait pas. Mais ils demandent beaucoup. Alors... je pouvais pas réunir la somme qu'ils demandent !"

Un petit silence, pendant lequel elle tenta de reprendre son calme. D'essayer de ne pas se remettre à pleurer.

- "C'est quoi, vot'nom ? Vous allez me mettre au cachot ?"
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 19:14
Le milicien continuait d'avaler sa denrée, presque adossé à une caisse mais gardant un minimum de contenance si l'urgence de la situation l'exigeait. Il n'était pas ce genre de nigaud à poser son cul confortablement à la première occasion. Il demeurait alerte et avait déjà fini son repas de fortune. Lui avait presque, d'instinct, une main sur son pommeau, si ce n'est bien positionnée à sa hanche, la posture droite tout en baissant le regard vers Alix qui, reprenant un peu du poil de la bête, lui expliquait la situation épineuse dans laquelle elle s'était mise. Il en était consertné.

"Les miliciens qui t'ont ignorée méritent cent coups de fouets. Et il y a quelque chose de curieux dans ton histoire. Qui est ce Pyô et pourquoi lui a-t-on donné de l'argent ? Il devait bien se douter qu'on ne fait pas ça de bon coeur sauf s'il s'agit de quelques sous après l'aumône."

Cette histoire sentait pas bon. Dreit portait ce même regard inquisiteur sur la jeune fille, il voulait s'assurer qu'elle ne mentait pas. Mais le ton qu'elle employait, les presque larmes de crocodile qu'elle avait avec ce châle, elle en était loin. Et puis sa raison était légitime. Il n'hésita pas à prendre une décision.

"Appelle-moi Hérald. Même si les lois dictées peuvent être draconiennes, s'il y a une chose dont j'ai horreur, c'est l'injustice. Tu vas me mener à ton ami Pyô et vous en profiterez pour m'expliquer ce dont il en retourne. Je ne veux louper aucun détail s'il est question de mettre la main sur... Des malfrats."

Il semblait s'être ravisé sur ces derniers mots. La jeune Alix semblait s'être forgée une maturité avec les dures épreuves de la vie - elle lui rappelait Margot qui, pour son jeune âge, était bien plus sage que le grand blond pâle. Mais cela n'enlevait en rien au fait que la discrétion était de mise en présence d'enfants. Ainsi Dreit s’apprêtait à la suivre pourvu qu'elle accepte son aide.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 20:51
Le milicien l'impressionnait énormément. C'était le genre d'homme immense, avec une grande épée effilée, qui vous fichait la frousse rien qu'à le regarder. Mais étonnamment, il ne semblait pas chercher à l'arrêter : non, lui, il l'écoutait. Il l'écoutait vraiment, pas comme les autres. De ce côté-là, il ressemblait un peu à Xandra - le côté maternel et rassurant en moins.

Ses propos l'estomaquèrent. L'enfant plissa le front tandis qu'il critiquait ses frères d'arme pour ne pas l'avoir écouté, et passa d'un pied sur l'autre, mal à l'aise, alors qu'il demandait de plus amples éclaircissements sur ce qui s'était passé.
Il était vrai que son petit frère s'était conduit stupidement, mais elle-même n'aurait peut-être pas résisté devant une somme qui aurait permis un bon repas. Alors comment Piô aurait-il pu se méfier ?

En tout cas, son interlocuteur la croyait, et rien que cela la rassurait un peu.

- "Oui, m'sire. Je vais vous conduire à la maison, c'est là qu'on vit, avec Pyô et Leane. C'est mes deux enfants, vous savez, m'sire, parce que je remplace maman-nourrice maintenant. Je suis responsable d'eux, parce qu'ils sont encore petits. Mais moi, je suis presque jeune fille, alors je me débrouille pour eux, vous comprenez !"

Maintenant qu'un adulte prenait l'affaire en main, la petite fille se sentait bien mieux. Elle se mit à trotter devant l'homme d'arme, comme pour lui ouvrir le chemin. Elle se pliait de bonne grâce à son ordre, même si elle rasait un peu les murs, préoccupée par les chevaux et les ânes qui passaient dans les ruelles.
Bientôt, l'atmosphère changea. De l'ambiance affairée du port, ils s'engouffrèrent bientôt dans des ruelles sombres, insalubres, empuantie de déchets organiques et du parfum bon marché des nombreuses prostituées. Quelques mendiants les regardèrent passer avec intérêt, mais l'enfant, trop occupée à s'assurer que le garde la suivant toujours, n'y fit guère attention.

- "Piô mendie parfois dans la rue pendant la journée. La plupart du temps, ils restent tous les deux à la maison, ou ils jouent, je crois. Mais là, le soir, quand je suis rentrée, ils avaient acheté des lentilles et des céréales, et-et même du gras. Mais hier, des gens sont arrivés. Ils ont cassé la porte et la table, et ils hurlaient..."

Enfin, ils approchaient de la maison. Le pas de l'enfant se hâta, et après un signe au milicien pour qu'il la suive, elle s'empressa de gratter à la porte branlante, laquelle se poussa en oscillant de manière étrange.
L'unique pièce de la maisonnée commençait à s'assombrir sous la lumière un peu déclinante du jour, mais, visiblement, les deux enfants qui jouaient par terre n'en avait cure. Vêtus de haillons, les cheveux décoiffés, visiblement âgés entre quatre et six ans, ils se levèrent en riant pour entourer leur "maman" de leurs petits bras ; avant de se figer en apercevant le garde.

- "Vous inquiétez pas, les gosses. tout va bien. Le m'sire Hérald est là pour nous aider."



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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptySam 4 Mar 2017 - 21:36
Le milicien demeurait alerte et suivait la jeune fille qui trotinnait devant elle, ne la perdant pas du regard tandis qu'il s'évertuait à observer autour comme à son habitude machinale de milicien qui faisait sa ronde. Il remarqua la peur bleue d'Alix à l'égard des équidés. Certains passaient dans certaines ruelles ; des miliciens montés à cheval, et il fallait dire que le spectacle demeurait impressionnant. Le grand blond pâle marchait d'un pas énergique, à grandes enjambées. Et voilà que la jeune fille lui parlait non pas d'un, mais de deux enfants. L'arbre découvrait peut à peu l'immense futaie qu'il avait dissimulée de prime abord, et c'en devenait consternant un peu plus chaque second alors qu'il marchait et écoutait.

"Attends-moi un instant."

Il s'arrêta devant le comptoir extérieur d'une échoppe, demandant du pain et du fromage au commerçant qui lui répondant d'un sourire céramique auquel Dreit demeurait imperméable, se hâtait d'emballer les denrées dans un tissu grossier tandis que le milicien plongeait sa main dans sa bourse pour faire l'appoint parmi les sous et les écus. Il n'était pas difficile de deviner que si Alix était accompagnée, alors ses deux camarades seraient sans aucun doute dans la même difficulté. Il se remit en route, rattrapant la jeune fille une fois la transaction effectuée, tenant d'une main un baluchon qu'il laissait reposer sur son épaule. Il ruminait les paroles d'Alix. Des gens qui s'en prenaient à des enfants à qui ils avaient donné grâcieusement de l'argent ? Mais dans quel but... Il fronçait d'autant plus les sourcils.

Il entreprit de contenir toute la consternation du monde lorsqu'il comprit l'étendue des dégâts. Trois gamins, dont une qui était attitrée au rôle de mère et qui était infiniment trop jeune. Mais qui faisait le travail avec un entrain déconcertant. Les deux autres jeunôts la considéraient bien comme sa mère, de l'espoir se lisaient dans leur yeux, mêlés à une crainte temporaire que de voir débarquer sur leur territoire cet imposant iceberg, cette statue glaciale qu'était Dreit, ce milicien implacable dans son armure qui gardait une expression ferme. S'il montrait sa compassion, ce serait faire acte de faiblesse. Il devait rendre justice coûte que coûte avant tout. Cela ne lui empêcha pas de déballer les denrées de son baluchon, les proposant aux enfants.

"Bonjour. Mangez tranquillement, j'ai besoin de toute votre concentration et de votre sincérité par la suite si vous voulez que je règle une partie de vos problèmes."

Sur ces paroles, il rebroussa chemin, se tenant au dehors de la maisonnette abandonnée, tournant le dos aux gamins et se tenant les bras croisés, le menton relevé comme regardant autour de lui, songeur. La vérité, c'est qu'il ne voulait pas qu'ils voient son visage. Il peinait à dissimuler une sorte de hargne. Les orphelins étaient déjà victimes de la guerre, de la maladie et autres aléas de la vie, et voilà que des sombres inconnus s'amusaient à perturber le quotidien de trois pauvres enfants qui allaient jusqu'à voler pour survivre.

"Rikni n'aura pas fini de me mettre à l'épreuve, je pense."
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Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyDim 5 Mar 2017 - 10:55
A la maison, les rires et les exclamations de joie de voir leur ainée s'étaient tues. ils se méfiaient tous des miliciens, dans la maison de maman-nourrice, et ce depuis qu'ils s'étaient retrouvés tout seuls, livrés à eux-même.

Lorsque l'adulte avait commencé à déballer son baluchon, les gosses s'étaient un peu figés, dans l'attente de ce qui allait suivre, avant de se précipiter d'un pas beaucoup plus gai lorsqu'ils reconnurent la nourriture. Mais Alix les arrêta d'un cri ; et ce fut elle, avec des gestes plus graves, plus lents, qui vint prendre la nourriture, en formulant un remerciement qui sonna comme un signe d'humilité. Puis, tandis que le garde se retournait et sortait de la maisonnette en leur tournant le dos, l'enfant s'assit sur le sol, sortit le pain et la viande et divisa le tout en quatre portions vaguement égales. Elle distribua la moitié du butin aux petits avant de fourrer le reste sous une paillasse, à même le sol.

- "Le reste, c'est pour demain, quand on aura dormi. Mangez bien, pis r'merciez bien l'seigneur Dreit, hein !"

Pensivement, la gamine les regarda dévorer le pain, la viande et le fromage. Elle réalisa qu'elle haïssait cette situation - ne pas savoir ce qui se passerait pour eux après-demain. Dans un mois. Bientôt, ce serait l'hiver. Il faudrait trouver du bois pour se chauffer, faire réparer la porte pour éviter que le froid ne s'installe. Continuer de trouver à manger. Autant de tâches, de défis qu'elle devrait relever seule, sans maman-nourrice qui pourvoyait à tout. Si elle pouvait être adulte ! Alors elle tâcherait de trouver un emploi, de se faire catin, il y en avait tellement - il devait avoir de la demande.
Taper à la porte de Xandra pour l'hiver ? Elle n'était pas souvent là, et la fillette redoutait de la voir se lasser d'elle. Elle comprenait aussi qu'accepter un enfant était une chose, si ladite gamine était capable d'aider ; mais trois gosses étaient autre chose. Pourtant, Alix ne pouvait pas abandonner ces deux petites âmes. Que pourrait-elle bien faire d'eux, si elle n'était pas capable de s'en occuper ?

Avec anxiété, elle se rongea un ongle noir de saleté, et, l'avalant sans y penser, se redressa sur ses pieds nus. Les petits avaient finis de manger - et fallait pas faire attendre le milicien qui avait déjà fait preuve d'une grande générosité.

- "Piô, tu vas aller dire exactement s'qui s'est passé quand t'as vu les hommes qui t'ont donné l'argent. J'veux pas d'mensonge, sinon, j'te promets que j'te ficherai la plus grosse raclée d'ta vie, d'accord ? T'as compris ?"

Le garçonnet hocha la tête, se fit conduire par sa mère d'appoint vers l'homme d'arme, avant de s'immobiliser, intimidé. Il tira timidement sur sa chemise pour qu'il se retourne, sous le regard gêné de son ainée, qui ne savait pas trop comment Dreit allait réagir.
Heureusement, Piô ne laissa personne reprendre parler à sa place. Il débita son petit discours d'un trait, bien déterminé à ne pas être puni !

- "Avec Leane, on s'ennuyait, alors on s'est dit qu'on allait regarder les combats des chiens, près d'ici, et puis, fallait des sous pour pouvoir regarder, alors on tournait un peu en rond, Leane, elle tendait la main pour avoir, et puis y'a deux grandes personnes qui sont venus lui dire qu'y fallait pas mendier. Ils ont posé plein de questions, et puis ils ont dit qu'ils voulaient nous donner à nous, parce qu'on était des gentils petits. Ils ont dit qu'ils nous faisaient confiance. Après, ils ont laissé qu'on regarde le combat, c'était bien, et puis Leane a dit qu'on devait prendre à manger. Après on est rentré."

Maintenant, il fixait Alix, puis Dreit, successivement.

- "J'ai tout dit comme ça s'est passé !"
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyDim 5 Mar 2017 - 14:38
Le milicien expira longuement. Très longuement. Il voulait à tout prix dissimuler un soupir d'insatisfaction, tant les deux gamins avaient commis une erreur évidente - qui ne l'étaient pas pour eux, après tout, ils étaient des enfants. Il fixait le sol rugueux devant lui, se demandant qu'elle était la meilleure marche à suivre pour éviter à ces trois enfants de se faire malmener plus qu'ils ne l'étaient déjà. Il fini par poser son regard sur le jeune Piô, puis Leane qui était restée en retrait.

"Première chose : les combats de chien, c'est terminé. N'allez plus jamais voir ça. Il est mauvais de se réjouir de la souffrance animale à ce point. Les chiens sont de braves animaux, ils sont bien plus fidèles que les êtres humains. Alors la prochaine fois que j'entends que vous allez voir des combats de chien, je me mettrai dans une colère noire. Vous pouvez demander à Alix ce que cela fait. Me suis-je fait comprendre ?"

Il se montrait affligeant avec ce regard faussement colérique et cet air froid. Mais il était inutile de faire une leçon de morale sur le malfondé des actions de Piô et Leanne qui, dans l'absolu, n'avaient eu que ce qu'ils méritaient. Sans doute avaient-ils retenu la leçon aujourd'hui.

"Deuxième chose : Piô, je veux que tu te rendes à la caserne et que tu demandes Alphonsine Stuart. C'est une milicienne très gentille. Dis-lui que tu viens de la part de Hérald Dreit, et conduis-la ici. Puis-je te faire confiance ? Je vais rester ici avec Alex et Leane. Au cas où les vilains monsieurs reviennent, que je leur demande de ne plus revenir."

Sur ces dernières paroles, eut-il emprunté un vocabulaire courant pour les jeunes gens, il n'en demeurait pas moins persuasif et autoritaire, montrant qu'il avait la situation en main. Et il l'avait. Eda saurait sans doute mieux faire que Dreit pour l'heure...
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyDim 5 Mar 2017 - 19:46
Alix resserra ses lèvres, tandis que l'expression du milicien, de grave et froide qu'elle était, laissa échapper comme un éclair ... d'exaspération ?

Il fallait dire que la gamine avait compris ce qui avait pu clocher avec les hommes qui s'étaient mis en tête de leur extorquer de l'argent. Ses petits protégés s'étaient montrés stupides, naïfs ; et elle n'avait pas été là pour les protéger. Peut-être qu'elle aurait craqué, elle aussi, qu'elle aurait cru en la simple bonté ? Aucune idée, en fait. Et surtout, ce qui était fait était fait ... la gosse des rues ne pouvait rien changer à ce qui s'était produit.

Avec un peu de crainte, Alix ne put s'empêcher de reculer d'un pas, alors que le milicien s'empourprait un peu, puis qu'il haussait une voix dure, percée de colère, sur le garçonnet de cinq ans qui avait lamentablement baissé les yeux.
Son invective terminé, Leane avait de grosses larmes dans les yeux, tandis que Pyô passait d'un pied sur l'autre. Bien sûr, il restait silencieux, et hocha rapidement la tête, vaincu par l'autorité, alors qu'Hérald lui ordonnait d'aller chercher quelqu'un à la caserne. Ce fut à peine s'il quêta l'approbation de sa petite maman ; vite, il sortit de la maison en courant, filant dans les rues sans oser s'arrêter. Invisible dans la foule indifférente, il gagna rapidement le quartier plus favorisé de la milice, s'attardant pour reprendre son souffle devant un étal de pâtisseries, où il promena un regard rêveur.
Puis, se rappelant sa mission, il se dirigea d'un pas plus tranquille vers la caserne, où il s'avança vers un garde, timidement.

Il avait peur qu'on ne l'ignore, qu'on le renvoie directement - mais le seigneur serait pas très content, s'il revenait sans personne !

- "M'sire milicien... Chuis désolé d'vous déranger, j'viens d'la part du m'sire milicien .. euh..."

Il eut un blanc. Mince, mince ! ah, il avait retrouvé !

- "Hérald Dreit. Le m'sire Hérald a dit que je devais demander la dame .. euh... Alphonise... Starart... je crois. C'est parce qu'il a dit que je devais la conduire à la maison. Pour combattre des méchants. C'est pas une blague, j'vous promets !"

Pendant ce temps, Alix se sentait agitée, nerveuse.
Elle regrettait d'avoir laissé le petit partir tout seul, mais elle n'avait pas osé contredire l'homme d'arme. Elle se sentait déjà tellement redevable... mais si le petit se perdait, ne rentrait pas ? Elle s'en sentait malade ; pourtant, elle essaya de ne pas pleurer, de rester forte. Elle fit signe à Leane de venir près d'elle, puis elle indiqua à Hérald le petit tas de chiffon qui faisait office de paillasse pour l'ensemble des enfants.

- "Vous voulez vous asseoir ? J'ai de l'eau que j'ai été chercher ce matin, m'sire. Vous savez, maman-nourrice recevait un autre garde, des fois. Mais il ne vient plus depuis des lunes et des lunes."

Vite, elle alla s'emparer du seau de bois rempli d'eau fraiche, pour venir le tendre à l'adulte, avec un sourire franc.

- "Même nous qu'on sait recevoir !"


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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyDim 5 Mar 2017 - 20:07
Dreit regardait le jeune garçon détaler à toute allure, comme si celui-ci se sentait investi d'une mission capitale, de la plus haute importance. Il ferait un très bon milicien, pensait-il un instant alors qu'il jeta un regard à l'autre fille qui n'avait pas dissimulé ses sanglots. Visiblement ses paroles avaient eu l'effet escompté, et heureusement que cela fonctionnait sur les enfants, faute de devoir recourir à des moyens plus persuasifs que jamais il n'espérait utiliser sur des enfants. Il jeta ensuite un regard à Alix, qui semblait préoccupée par le sort du petit enfant.

"S'il est assez fougueux pour aller voir des combats de chien, crois-moi, il aura la fougue nécessaire pour se rendre à la milice. Et il sera en sécurité une fois qu'il sera en compagnie d'Alphonsine. Cesse de te ronger le frein." dit-il fermement, d'une voix neutre et dénuée de colère. Sans être trop rassurant et confortant non plus.

Il la regardait s'affairer sur les tas de chiffons et montrer un seau d'eau fraîche, pensif, puis regardant Alix.

"Merci, jeune fille, mais j'ai ce qu'il faut." dit-il en palpant sa gourde à sa ceinture, allant tout de même prendre place à côté des enfants, essayant de se montrer un tantinet moins rustre en présence des deux jeunes filles.

"Maman nourrice recevais un autre garde, dis-tu. Que peux-tu me raconter sur ta maman nourrice et le garde qui la visitait ? Il n'y a vraiment personne pour s'occuper de vous trois ?"

---

"Putain, pas elle..." rouspéta le garde aux dires de Pyô qui, soupirant, s'en retournait les mains ballantes à l'intérieur de la caserne pour faire mander la femme concernée. Par chance, il n'y avait qu'une Alphonsine dans la caserne, et elle revint avec le garde tout en plantant un regard vipérin dans celle du jeune.

Alphonsine était une jeune femme de la vingtaine, à la longue natte d'un cheveux roux sombre et au regard vert et acéré. Dreit avait intimé à Pyô qu'elle était gentille, mais ce qu'elle laissait transparaître en étant tout le contraire. D'apparence, il s'agissait de Dreit au féminin. Elle toisait le gamin comme si elle allait le tuer. La vérité, c'est qu'elle était on ne peut plus dérangée par la présence du garde que par le jeune Pyô. Elle ne le connaissait pas et se montrait perplexe.

"Depuis quand Dreit envoie des enfants pour faire ses commissions ?" demanda-t-elle sans vraisemblablement attendre de réponse en s'avançant vers le garçon. "Dépêche-toi de me conduire jusqu'à lui." ordonna-t-elle sèchement.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyDim 5 Mar 2017 - 21:11
Évidemment, il ne devait pas de l'eau de son seau, ayant déjà ce qu'il lui fallait dans sa gourde attachée à sa ceinture. Mais Alix n'était point vexée. Quelque part, elle avait conscience que la maison n'était pas présentable, qu'elle n'avait pas su la tenir comme sa mère d'adoption l'avait fait.
Mais bon, fallait bien le faire ! Parce que sinon, ça aurait pas été poli. Pas bien du tout.

Il était vrai aussi que Pyô était largement capable d'effectuer sa course. Ici, ils étaient tous débrouillards, à défaut d'être très intelligents, ou même vaguement éduqués - et ladite Alphonsine veillerait certainement vaguement sur lui. Il devrait la conduire jusqu'à Hérald de toute manière, alors elle ne pourrait pas le chasser avant d'être arrivée à destination.

Ramenant le seau vers elle, la petite fille prit un peu d'eau croupie dans ses mains, but une gorgée, avant de se redresser, pour regarder le milicien dans les yeux, en levant la tête vers lui. Évoquer maman-nourrice était étrangement douloureux, et elle eut un gros pincement au cœur, tandis que les mots se formaient sur ses lèvres pâles.

- "Non, il n'y a plus personne. Sauf moi. Avant, c'était maman-nourrice qui s'occupait de nous. Elle s'appelait Mya. Moi, j'ai été conduite chez elle par quelqu'un, quand j'étais encore un bébé, et personne a payé ma pension ici, mais normalement, elle gardait les enfants des gens. Quand les fangeux sont arrivés, y'a des parents qui sont venus chercher leurs gosses, mais personne n'est venu pour Pyô et Leanne. Et quand les fangeux se sont introduits en ville, ben... ben..."

La douleur dans sa poitrine s'intensifiait. Mais elle craquerait pas. Elle était trop grande pour pleurnicher !

- "Elle n'est jamais rentrée à la maison. Le garde, lui... je sais pas ce qu'il est devenu. Je crois qu'il était garde pour une famille noble. Il ramenait toujours des cadeaux, pour nous, vous savez. Son enfant était gardée par maman-nourrice, quand il était petit. Lui et sa femme ne pouvaient pas garder leur enfant avec eux, parce que c'étaient des serviteurs. Sinon, y'a une milicienne qui me donne à manger, des fois. Mais elle sait pas que je m'occupe des petits. J'veux pas qu'elle se lasse de nous. Je sais qu'elle a un amoureux et pis elle aura bientôt des mioches. Alors j'sais que j'peux pas compter sur elle."

Elle fourra son doigts dans son nez, un peu pensive.

- "J'me ..."

Un bruit l'interrompit. Le son de la porte qui tanguait en s'ouvrant la remit prestement debout, tandis que Pyô et la milicienne en émergeaient. Le petit garçon était tout fier d'avoir mené sa mission à bien, même s'il n'aimait guère la jeune femme. Elle était sèche, menaçante, autoritaire - un peu comme l'homme d'arme, le pain et le fromage en moins.

La fillette vint le serrer dans ses bras, contente de le voir revenir.

- "Z'aviez raison, y s'en est bien sortit. B'jour, m'dame !"

Elle effectua une révérence maladroite, intimidée.
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MessageSujet: Re: Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle]   Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile [Libre, Alix l'Espiègle] EmptyLun 6 Mar 2017 - 18:37
"Mya..." répéta le milicien en levant l'espace d'un instant le regard au plafond peu comode, constatant avec amère déception que l'endroit, s'il servait d'abri aux trois enfants pour l'heure, risquait bien de se retrouver délabré à terme ; fait d'autant plus avéré quand on regardait l'ouverture supposée acueillir une porte qui n'y était plus. Et cette histoire de table brisée qui handicapait d'autant plus le trio d'infortune.

Il n'eut pas à patienter longtemps. Quand bien même le soleil entamait déjà sa descente, le jeune Pyô n'était pas revenu bredouille. Dreit reconnaîtrait entre mille la silhouette de sa collègue qui, passant le seuil de la porte, fixait le grand blond pâle d'un regard assassin, dissimulant autant que possible une moue de jeune femme effrontée, incrédule quant à la situation. C'est vrai, ça : qu'est-ce qu'un milicien pouvait bien faire à attendre au milieu de trois enfants ? N'avait-il pas mieux à faire ? Ainsi Stuart ignorait royalement les trois enfants, concentrée sur son collègue qu'elle semblait prêtre à écorcher vif. Mais Dreit lui répondit d'un sourire fin, et tournait la tête en direction d'Alix.

"Je vais expliquer la situation à ma collègue, peux-tu t'occuper de tes petits camarades et leur demander de ne pas nous déranger en attendant ?"

Il hocha la tête d'un signe approbateur, comme s'il approuvait à la place d'Alix, la persuadant intimement d'obéir à ses ordres dissimulés sous une question réthorique. Ce faisant, il se releva, sortant de la bâtisse et s'éloignant de l'entrée avec Stuart.

"Je peux savoir ce que tu fais ici avec trois enfants qui ne sont pas les tiens ?" engagea Stuart, croisant éternellement les bras, sur la défensive.
"Du calme, Stuart," répondit Dreit en plantant son regard dans le sien, "ces enfants ont des litiges avec des potentiels trafficants d'être humains. Ils se sont faits avoir à accepter de l'argent de la part de malandrins. Si nous ne faisons rien, ils vont finir par travailler pour eux, et accomplir je ne sais quelle besogne répréhensible qui les mènera droit à leur perte."
"Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?"
"Les malfrats vont sans doute revenir réclamer des comptes à ces enfants. Je voudrais que tu les accueilles comme il se doit et que tu leur demandes de ne plus revenir."
"Tu pouvais pas demander à Asselin pour ça ? C'est lui qui a le contact facile avec les gamins."
"Asselin a déjà des chats à fouetter. Je mettrai en place une rotation et il viendra prendre la relève en fin d'après-midi. Je vais m'arranger pour que les quarts soient effectués. Et puis vois le bon côté des choses, Stuart. T'occuper des autres ne te rendra que plus patiente et plus aimable, mh ?"

Il y eut un silence. La jeune femme remballa sa véhémence, ne répondant que par un soupir bruyant sorti droit de ses petites narines, tournant le talon sans adresser un mot de plus à Dreit.

"N'oublie pas ce pourquoi nous avons signé, Stuart. Tu peux toujours demander ta réaffectation et ne plus entendre parler de moi." poursuivit Dreit.
"C'est bon !" coupa sèchement la jeune femme en se dirigeant de nouveau à l'intérieur de la pièce, accompagnée de Dreit qui porta un regard bienveillant sur les trois orphelins. Il tapa trois fois dans ses mains pour attirer l'attention.

"Très bien, jeunes gens. Je vais avertir mes amis dans la milice de venir vous surveiller jusqu'à ce que nous réglions le problème avec les méchants monsieurs d'adultes à adultes. Alphonsine va s'occuper de vous. Elle est encore jeune et peine à s'occuper des jeunes gens, mais ne vous en faîtes pas, elle est gentille une fois que l'on se fait à sa présence. Il faut que je retourne travailler. Que la Trinité vous garde, tous."

Sur ces mots, il fit un signe de main aux jeunôts et prit de nouveau Alphonsine à part, fouillant quelques pièces dans sa bourse, laissant entendre un bruit de tintement métallique tandis qu'il tendait de la monnaie à Stuart.

"Veille à ce qu'ils ne manquent de rien. Et si les nigauds se pointent, je sais que tu sauras les accueillir comme il se doit. Assure-toi seulement de ne pas laisser les enfants en état de choc si cela doit virer aux armes. Que la Trinité t'accompagne."

Il salua Stuart d'une façon militaire et disciplinée, à laquelle la jeune femme ne répondit que par de l'indifférence et du mépris, croisant toujours les bras, comme refusant de se retrouver dans une situation aussi improbable que de s'occuper de quelqu'un d'autre. Déjà s'occuper d'elle-même était difficile, alors... Elle haussa les épaules, fusillant Dreit du regard qui avait tourné les talons pour s'en remettre à la besogne du bon milicien. Puis elle se tourna vers les orphelins, gardant ce même regard froid et sévère.

"Bien, les morveux, que les choses soient claires, si y en a un qui me..."

Elle s'arrêta, comme frappée de stupeur par une pensée, une idée, une révélation. Elle imaginait déjà le calvaire Dreit s'abattre sur elle si elle faisait passer son ego avant le reste. Elle déglutit, masquant une expression d'horreur, une immense frustration, inspirant, expirant longuement, très longuement. Elle reprit.

"Si y en a un qui me ferait le plaisir de décrire ces débris qui en ont après vous, ça faciliterait mon travail. Je vais m'occuper de leur cas et vous n'avez rien à craindre."

Dit comme ça, on aurait pu croire que Stuart était gentille et avenante, quand bien même le timbre de sa voix trahissait le ressentiment, le mépris. Elle ne semblait pas particulièrement apprécier les enfants, mais sa mysandrie était telle qu'elle s'imaginait déjà envoyer six pieds sous terre ces indésirables, fussent-ils harceleurs d'enfants ou non.

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