[Quête] Tous à table (Danaé ; Ange ; Cyrielle )

Chandra qui désespérait de trouver quoi que ce soit à ce mettre sous la dent, chercha mieux, sous les tables, les chaises et dans la cheminée, elle espérait bien réussir à trouvé quelque chose qui lui remplirait l'estomac même si elle n'avait plus d'espoir de gagné la compétition.
Qu'à cela ne tienne elle auras passé au moins un bon moment.

Les secondes, les minutes et les heures s’écoulent, cela fait déjà un long moment que les participants cherchaient à trouver des délicieuses petites choses à déguster afin de parvenir à marquer les trois points tant convoités. Si certain avait choisi la collaboration pour arriver à leur fin, se donnant des aliments ou effectuant à deux les recherches pour plus d’efficacité, d’autre avait essayé de soudoyer de façon discrète les gérants. Il était encore difficile de savoir laquelle des deux méthodes allait réellement être positive. Le grand homme à la barbe mal taillé et aux envies plutôt lugubres n’était pas très bon observateur, plusieurs fois il était passé dans la chambre à côté de fiole et de diverses petites choses à déguster sans ne jamais les voir. Même un aveugle semblait être plus pointilleux que ce brave homme, visiblement plus physique que technique. Il avait abandonné sa collègue, la félicitation pour son deuxième point et descendait les marches d’une manière particulière minutieuse. Les planches de bois grincés encore et encore et soudain par miracle, il découvrit une planche de bois qui pouvait se retirer. Sous elle était déposé un petit sac en tissu, qui contenait à la plus grande surprise de tous deux petits morceaux de viande en forme de patte de chat… Mais, attendez… Ce n’est pas le vieux ronron du quartier qui a disparu depuis peu ? Bon sang, ne me dites pas que…. Beurk..

- « Deux points pour la bonne dame » grogna dépité le gérant.

La forgeronne, au marteau plutôt imposant elle venait d’avaler les queues, personne ne savait si elle avait vraiment l’habitude, mais en tout cas, elle n’y avait pas réfléchi longtemps, engloutissant le tout avec plus ou moins de dégoût. Si l’équipe s’était finalement divisée, l’homme redescend, elle choisissant de rester dans la chambre, personne ne savait si la méthode allait être efficace. Après les queues, la voilà dans la literie, secouant, défaisant la couche sans aucune minutie, elle était à la recherche de son dernier point, elle le voulait coûte que coûte. Et son acharnement, sa motivation soudaine sembla tout emporter avec elle. À ses pieds roula une petite fiole, contenant trois vers blancs, énorme, encore vivant, gigotant nerveuse dans le récipient. Au pied du lit, dans une autre petite fiole, un vers de terre encore vivant semblait également s’animer, pour son dernier point, elle avait l’embarras du choix… Ver ou ver de terre il allait lui falloir choisir… Bonne dégustation ma bonne dame, bonne dégustation.

En bas, la femme qui venait de manger les queues-de-rat aussi avait une tout autre stratégie, elle avait deux points. Il ne lui en manquait plus qu’un et elle conservait cet espoir que la gérante allait bien l’aider une nouvelle fois. Malheureusement pour elle, la demande fut certainement trop directe, puisqu’elle n’eut absolument pas l’effet désiré. La Moune se refrogna, grimaça légèrement, ronchonna avant de l’envoyer balader sans la moindre délicatesse.

- « Je ne suis point une empoisonneuse ma p’tit dame, vous devriez poursuivre vos recherches. Parce que à mon avis vous êtes sur la mauvaise pente, oui, oui »

Elle croisa les bras et l’abandonna là, en bas, alors que déjà elle montait les marches en évitant Ange qui semblait sur le point de faire sa découverte.

Voyons un peu les dés:

Note Mj ::

L'impatience, l'envie d'en finir au plus vite, et l'espoir de gagner avaient emprunt d'urgence les gestes de la forgeronne, et ce qui pouvait lui rester de délicatesse fut oublié au profit de l'efficacité. Ce choix paya, puisqu'elle envoya rouler une petite fiole, contenant de toute évidence le point manquant pour la victoire. Se penchant pour ramasser l'objet, elle eut une grimace de dégoût devant les vers gras qui s'y débattaient. Mais alors qu'elle se redressait, un éclat de lumière attira son regard, et elle découvrit un nouveau flacon. Celui-ci contenait un ver de terre, et bien que cela n'enchante guère la jeune femme, elle le conserva à la main, glissant l'autre récipient dans sa poche. Il servirait de sécurité si le tenancier rechignait à lui accorder son dernier point. Mais ce genre de vers, elle n'en avait guère vu ailleurs que sur les charognes, et l'idée la répugnait profondément d'avaler ainsi un parasite se nourrissant de cadavre. L'idée même la rendait nauséeuse. Le ver de terre, au moins, avait une origine peu ragoûtante, mais moins immonde.

Elle ressortit dans le couloir, cherchant du regard son associé, mais ne le voyant pas elle se dirigea droit vers le tavernier. Débouchant le flacon, elle le secoua pour faire tomber dans sa paume le lombric encore remuant. Elle le saisit entre deux doigts et écrasa l'extrémité la plus agitée sous ses ongles, espérant ainsi le tuer avant de l'avaler. Mais elle ne se laissa certainement pas le temps d'y réfléchir. Plus tard, elle pourrait se questionner sur ce qu'il était facile de lui faire accomplir contre un peu de nourriture. Plus tard elle s'inquiéterait de tomber malade. Pour l'instant, il lui fallait gagner le repas promis.

Alors elle reversa la nuque en arrière, pour avaler le ver aussi rapidement que possible, tâchant de réprimer son dégoût pour annoncer, d'une voix sonore :

« Trois points, j'ai gagné. »

Il ne restait plus aux deux mauvais plaisants qu'à satisfaire l'appétit de deux forgerons, dont la rancune, le cas échéant, pourrait être destructrice...

Les planches de bois grinçaient encore et encore et soudain, par miracle, une planche de bois put se retirer ! Le forgeron y découvrit un petit sac en tissu dans lequel deux petits morceaux de viande se cachaient.

- Des pattes de chat !

Ange prit le sac, souriant, se rappelant ses jeux d'enfants, ses premiers faits d'arme, les petits chats qu'il tuait, juste pour s'amuser, autour de la petite maison familiale, et s'en alla retrouver son équipière. Elle était là, en haut des escaliers, renversant sa nuque en arrière, faisant voler ses cheveux blonds autour de ses épaules ô combien féminines...

- Trois points, j'ai gagné, fit-elle dans une moue mi-heureuse, mi-dégoutée.
- Peut-être auriez vous préféré ceci ? Demanda le grand armurier en montrant les deux bouts de viandes presque appétissants qu'il venait de trouver.

Mais c'était trop tard. Il laissa la barbaque choir sur le vétuste plancher et tapota l'épaule de sa partenaire.

- Bravo, mademoiselle, vous êtes bien courageuse ! Dîtes-moi, qu'est-ce que... qu'est ce que vous venez d'avaler ?

Il avait une mine compatissante... ce qui pour lui, était très, très rare ! Ange, pour l'heure, ne pensait pas du tout au repas qu'ils venaient de gagner et qu'ils partageraient sans doute. Il n'avait pas faim d'ailleurs. Toutes ces (més)aventures lui avaient coupé l'appétit, à vrai dire. Il regardait Cyrielle avec un regard neuf. Il se sentait étonnament détendu. Il n'avait pas envie de sang ni de meurtre. Il attendait la suite des évènements comme un jeune enfant attend les paroles d'une mère aimante à son retour du marché.

- « Nous avons une gagnante » s’exclama le responsable « Enfin, deux gagnants si j’ai bien compris. »

Il ronchonna un peu, l’idée ne semblait guère lui plaire, les règles étaient les règles, le couple avait bien dit ‘inviter la personne de son choix’ si cette personne était un autre participant, après tout, pourquoi pas. Qu’importe le commun du pourquoi. L’homme haussa les épaules de façon un peu nonchalante, cela lui ressemblait bien après tout. Il n’était pas très satisfait de ce premier jeu organisé par ses soins et celle de son épouse. Dans l’histoire, ils avaient perdu plusieurs meubles. Il rejoignit son épouse, accompagnée par les deux individus, il adressa un regard désolé à celle-ci avant de prendre la parole en se plaçant bien au milieu du lieu.

- « Eh bien, je crois que ce premier jeu s’achève avec votre victoire ma bonne dame, comme convenu vous pouvez choisir une personne de votre choix et revenir demain. Vous aurez droit à un repas et une nuit offerte ici. Le temps pour nous… de mettre en ordre le désordre que vous avez causé ici. »

L’épouse qui jusque-là était restée silencieuse dévisagea les trois participants tour à tour, avec ce petit pincement de nez significatif de sa contrariété. La prochaine fois, elle choisirait des aliments plus horribles encore, par les trois, elle s’en faisait la promesse. Son regarde s’arrête plusieurs longues secondes sur Danae, peut-être était-elle un petit peu déçue de ne pas voir ce petit bout de femme au caractère bien affirmé ne rien remporter, personne ne le saurait vraiment. Enfin elle haussa les épaules à son tour, délaisse le petit groupe pour farfouiller derrière son comptoir. Elle sortit une multitude de bouteilles toutes aux couleurs et l’aspect étrange, puis revint avec un petit papier ou une illustration digne d’un enfant en bas âge représenté une sorte de caille. Elle tendit l’objet vers la gagnante, sans sourire :

- « Vous nous présenterez ça pour certifier de votre récompense, de même si vous souhaitez offrir le tout à deux personnes autres que vous, au moins avec ça on pourra reconnaître les gagnants ou ceux pouvant profiter du repas et de la nuit gratuits. »

L’époux s’approcha pour serrer la main de chaque participant, avec peut-être toujours ce petit goût de déception, était-il à ce point mauvais joueur ? Il prit une grande et profonde inspiration qui sembla lui coûter plus que de raison.

- « Bien, ma femme et moi on vous remercie pour votre participation. On espère que ça vous a quand même plus, malgré les ingrédients un peu déroutants à avaler… Pour la gagnante et la personne de son choix, comme ma p’tite femme vous la bien dit, on vous verra demain pour le repas et la nuit. »

Il hausse les épaules et va déverrouiller la porte qui était verrouillée. C’était définitivement la fin de ce jeu. Ni l’époux ni la jeune femme ne semblait très enjoué de cette fin, peut-être aurait-il envisagé le fait que personne ne gagne, malheureusement il fallait toujours un gagnant peut importe qui et comment.

La note de la fin :

Alors qu'elle forçait son estomac à accepter l'asticot, Cyrielle vit son partenaire revenir vers elle, proposant ce qui aurait pu passer pour des pattes de lapin, n'eussent été les griffes qui en ornaient le bout. Mais elle avait déjà avalé les trois « aliments » nécessaires, et sans pouvoir répondre à la question de sa préférence, elle entendait bien ne rien ingurgiter de plus qui ne soit un véritable aliment. Et cela ne fut guère difficile à comprendre pour l'homme, qui lui offrit sa compassion et ses compliments, nuancés d'une pointe de curiosité. Sa réponse fut brève, et accompagnée d'une expression de dégoût.

« Un ver. »

La famine ambiante, la promesse d'un repas, avaient pu la pousser bien au-delà de ce qu'elle aurait cru possible, et même si elle se disait qu'elle avait agi ainsi pour sa famille, elle n'aimait pas ce que cela disait d'elle, de sa fierté, de ce à quoi elle pouvait s'abaisser. Ce fut sans doute pour cela qu'elle ne releva pas le titre de demoiselle qui lui attribuait Ange, qui ignorait donc son mariage et son veuvage. A moins que ce ne soit parce qu'il semblait accompagné d'une estime sincère.

Le tenancier reconnut sa victoire, sans se rebeller contre cette association qu'il n'avait sans doute pas anticipée, les précédant jusqu'au comptoir où les divers concurrents se trouvaient à nouveau réunis. A nouveau, il annonça leur victoire, avant d'expliquer que la récompense prendrait place le lendemain. Elle n'eut aucun remord lorsqu'il évoqua les dégâts à réparer, car ils n'avaient rien fait pour apaiser la nervosité des participants, ni leur donner envie d'être délicats. Et puis, ils avaient dit de fouiller partout... La tenancière lui tendit de bien mauvaise grâce une illustration de médiocre qualité, représentant un oiseau brun, son visage pincé alors qu'elle expliquait que l'objet servirait à recevoir le prix. L'artisane ne fit pas d'effort pour se montrer plus chaleureuse envers la taulière, mais elle eut un sourire pour Ange, alors qu'elle se tournait vers lui.

« On fixe le rendez-vous juste avant le coucher du soleil, aux Vêpres ? Cela vous convient ? »

Il leur fallait prendre garde à n'être pas dehors durant le couvre-feu, mais heureusement, la nuit à l'auberge était incluse, et ils n'auraient ni à se risquer dehors, ni à payer la chambre. Elle n'avait pas encore réalisé que cela impliquait de dormir avec la seconde personne, qui qu'elle soit.

Le propriétaire des lieux se montrait un peu moins acerbe que sa compagne face à cette victoire qu'ils auraient pourtant dû prévoir, et serra la main de chaque participant, Cyrielle se faisant une fierté d'avoir une poignée de main aussi ferme que celle d'un homme. Mais ses remerciements n'étaient guère au goût de la blonde, dont les yeux se durcirent. Des ingrédients déroutants ? Avait-il seulement conscience d'à quel point il était insultant ? Sans quoi, il risquait de se battre, sans comprendre pourquoi, un jour où il serait allé trop loin.

Mais elle se contint, la victoire était sienne, et elle s'en réjouissait.

Petit mot pour le MJ: