Rencontre inattendue par une froide nuit d'hiver (pv Alfonso)

La séance pouvait débuter. La lumière de la pièce était volontairement faible, feutré, donnant une ambiance étrange, voir occulte. Madame s'était installée sur un fauteuil, le poids de son regard ne devait pas perturber la séance. J'utilisais rarement mon génie, alors j'espérai être encore capable de l'accomplir du mieux possible.

Morgiane, allongée sur le sofa me fit signe qu'elle était prête, je voyais sur son visage que l'arrivée de la veuve noire l'avait un peu surprise. Je lui souriais alors comme pour la rassurer, pour lui dire de ne pas s'en faire, et que tout se passerait bien. Elle était calme, apaisée, un état qui était parfait . J'ôtais ma veste sombre, et je retroussais les manches de ma chemise blanche sur lequel. Puis fouillant dans la poche intérieur de ma veste je m'emparais du pendule "enchanté" qui émettait un son léger à un rythme régulier.
Je fis glisser entre mes doigts les mailles de la chaîne fine en argent jusqu'à l'étendre totalement. Mes gestes étaient tous marqués d'une langueur fascinante, charmante.
Volontairement, je faisais durer l'instant, en prenant un verre d'eau.

-" Bien ! Si vous êtes prête, je vous demanderai simplement de vous détendre... Surtout n'ayez aucune inquiétude si vous sentez le besoin d'avaler plus fréquemment votre salive." Dis-je d'une voix flirtant avec un ton irréel. Je portait le pendule à quelques centimètres des yeux de la noble en faisant ensuite basculer le pendule de droite à gauche lentement dans un geste parfaitement réglé.
-" Ne le lâchez plus du regard, oubliez tout le reste, à partir de cet instant vous n'entendez plus que ma voix." L'induction avait débuté. Mon débit de parole était lent, volontairement.
-" Respirez profondément... Vous vous sentez bien... Vos muscles se détendent... Lentement, vous sentez vos paupières s'alourdir..." Je voyais qu'elle luttait contre ce sommeil, une lutte inutile, je savais qu'elle était déjà sous mon contrôle.
-" Ne résistez pas... Laissez les se fermer... " Lorsque ce fut fait, je poursuivis.

-" Une agréable sensation parcours votre être... Doucement, vous glissez dans un sommeil vivifiant... Lorsque le décompte tombera à zéro vous dormirez." Je cessai le mouvement du pendule et je me mis à compter.
-" Cinq... Quatre...Trois...Deux...Un...Zéro ! " Un claquement de doigt, et rapidement je portais ma main sous sa tête pour la replacer sur le sofa.

De mes yeux je scrutai son visage afin d'accomplir les vérifications d'usage. Le battement de ses paupières, sa mine pâle, son souffle court.
Ceci fait je lançai un regard en direction de Madame avec un large sourire de soulagement.
-" J'ai réussi. Souhaitons que la suite nous soit favorable, et qu'elle puisse se souvenir d'un événement passé." Dis-je d'un air triomphal.

-"

La séance était sur le point de débuter et je commençais à ressentir une pointe de nervosité ; toutefois, je fis le nécessaire pour me calmer afin de ne pas compromettre les effets de l'hypnose. Une lumière tamisée régnait dans la pièce et les légers rayons du soleil qui filtraient à travers la fenêtre lui conféraient une atmosphère pleine de mystère. J’entendis le bruissement de la robe d’Aalicia et le bruit du déplacement d’un fauteuil. Sans peine, je devinais qu’elle venait de s’y installer pour assister confortablement aux prouesses de l'hypnotiseur. Sa présence m’intimidait un peu, mais je décidais d’en faire abstraction pour me concentrer uniquement sur Alonso.

Ce dernier ôta sa veste sombre et retroussa les manches de sa chemise avant de s’emparer d’un pendule. Je l’observais du coin de l’œil avec curiosité pendant qu’il le faisait glisser le long de sa chaîne, avec des gestes d’une lenteur fascinante et savamment calculée.

Puis le jeune homme me demanda si j’étais prête d’un ton énigmatique, tout en faisant pendre son pendule devant mes yeux. Celui-ci se balançait de gauche à droite dans un mouvement régulier et hypnotisant.

De sa voix douce et irréelle, le valet me demanda de ne pas le quitter du regard, ce que je fis. Tout en l’écoutant parler, je continuais à me détendre, sentant mes muscles se relâcher et ma respiration s’apaiser. Je me sentais étonnement relaxée, comme si j’étais sur le point de m’endormir et une agréable torpeur commença à me gagner.

Alonso poursuivit, disant qu’une fois le décompte achevé, je m’endormirais. Je demeurais concentrée sur sa voix et lorsqu’il eut terminé de compter je fermais les yeux, prête à sombrer dans le sommeil tant j’étais sous l’effet de sa suggestion.

Tout avait parfaitement fonctionné. Je n'en croyais pas capable à vrai dire. Finalement, je devais véritablement avoir gravé dans ma mémoire ce talent. Moi-même n'en revenais pas. Mais le reste était encore plus dur. Encore fallait-il qu'elle soit capable de répondre, de voir des images pouvant l'aider dans ses recherches et sa quête de vérité.
Je m'étirais en pensant à la suite. Si je me souvenais bien, elle cherchait à innocenter son frère.

Je cherchais mes mots, que pouvais-je bien lui demander ? Fronçant les sourcils, je croisais les bras en l'observant, je prenais soin de vérifier le battement de ses cils, et sa respiration afin d'éviter des complications.
Lorsque j'étais certain que tout était en ordre, et qu'il ne restait plus qu'à agir je pris la parole.
-" Vous allez lentement vous relevez et prendre confortablement place sur le sofa. "

Machinalement, comme s'il s'agissait d'une poupée de cire, elle se redressa, et s'installa en croisant les jambes prenant une pose qui montrait bien qu'elle avait reçu une éducation noble.
Ses mouvements étaient souples, parfois, elle bloquait avant de poursuivre.
Je pris place à mon tour juste à côté d'elle. Ma main passa devant ses yeux qui s'ouvrirent laissant apparaître deux pupilles sur lesquelles on pouvait y lire un état hypnotique du fait que les paupières à aucun moment ne vinrent les recouvrir.

Je jetai un regard sur Madame qui observait tout cela de loin, je ne savais pas si cela l'intéressait ou si elle était là, avec la seule ambition de combattre l'ennui de cette journée. J'étais trop concentré pour la suite.
Mon regard se reporta alors que la noble déchue.
-" Bien, racontez-moi en détail, comment sont mort vos parents ? Concentrez-vous sur tous les détails."
Puis, le silence, et nous attendions sa réponse, ce n'était que le début.

A l’instant où Alonso m’ordonna de me redresser et de m’asseoir sur le sofa, je sentis mon corps s’exécuter, comme par automatisme, guidé par un indicible pouvoir. Je ressentais une étrange sensation faite de bien-être et de légèreté et la voix du jeune homme, à la fois si proche et si lointaine, résonnait d’une manière envoûtante à mon esprit. J’éprouve la surprenante impression que rien d’autre n’existait que ces mots aux intonations graves et veloutées.

Ce dernier me demanda de lui raconter en détail la mort de mes parents et de me concentrer sur les détails. Mon esprit parut s’entrouvrir et des images du passé resurgirent, défilant devant mes yeux avec une incroyable clarté, comme si je revivais à nouveau toute la scène.

Puis mes lèvres s’entrouvrirent et je me mis à décrire tout ce qui se passait autour de moi :

- Il fait nuit, je dors profondément dans mon lit. Dehors, il y a de l’orage et le vent souffle très fort. Tout d’un coup, une violente bourrasque de vent fait s’ouvrir la fenêtre de ma chambre. Réveillée par le bruit du battant qui claque, je me lève pour aller la refermer. En allant à la fenêtre, j’entends le hennissement de chevaux et j’aperçois qu’il y a un carrosse devant l’entrée de notre manoir. Il fait si noir que je ne parvins pas à bien le distinguer ni à identifier à qui il appartient. Je suis étonnée que des visiteurs puisse venir chez nous à une heure si tardive…Je ferme la fenêtre et je retourne dans mon lit en essayant de trouver le sommeil, mais je n’y parviens pas.

Le temps s’écoule, combien ? Je ne sais pas exactement, peut-être une demi-heure. Je sors à nouveau de mon lit et je décide de sortir de ma chambre. Je porte ma longue robe de nuit en soie blanche et je marche pieds nus sur le sol en bois laqué. Je vais jusqu’à l’étalier et je commence à descendre les marches lentement car il fait si sombre…Le bois grince un peu. Une fois en bas, j’entends des éclats de voix qui semblent provenir du bureau de mon père…Je ne comprends pas ce qu’elles disent, mais je perçois de la violence, beaucoup de violence, des insultes et le bruit d’un objet qui se brise sur le sol, comme du verre brisé…J’ai peur, mon cœur se met à battre à toute allure ! Que se passe-t-il ? Malgré ma peur, je continue à tâtonner dans la pénombre pour me rapprocher et mieux entendre ce qu’ils se racontent. Soudain, la porte du bureau de mon père s’ouvre à la volée et je vois un homme en sortir. Je me recroqueville contre le mur et me tapie dans l’ombre pour ne pas être vue ; la lumière tamisée qui s’échappe de la pièce me permet de discerner un peu la silhouette du visiteur de mon père, il est vêtu avec élégance et porte un long manteau noir. Il leva sa canne, ornée d’un pommeau argentée représentant une tête d’aigle et la brandit devant le visage de mon père qui vient apparaître dans l’embrasure de la porte avant de dire :

- « Puisque vous refusez de me prêter la somme que je vous demande depuis des mois. Je vous détruirez, vous et toute famille. » Cette voix je la reconnais, c’est celle de mon cousin Albéric de Sambrelune, il réclame souvent de l’argent à mon père car il a de nombreuses dettes de jeux. Mon père le regarde sans ciller du regard et d’un ton froid, il réplique :

- « sortez immédiatement de chez moi ! et n’y remettrez jamais les pieds ! »

Mon cousin se dirige vers la porte d’entrée et sort en la claquant. Tétanisée par cette scène, je reste prostrée et je vois le visage de mon père, les traits tirés par l’amertume. Il retourne dans son bureau chercher une chandelle et s’apprêtait à monter se coucher, quand en s’approchant il m’aperçoit toujours tapie contre le mur. A ma vue, il sursaute et après avoir esquissé un sourire, il me dit :

- « Allons jeune fille ! que fais-tu en bas à cette heure ! retourne vite te coucher ! »
Je me suis exécuté et je n’ai plus pensé à l’incident de cette nuit d’orage, mais deux semaines plus tard. Il…il est mort…fauché par un carrosse. Personne ne sait comment s’est arrivé, mon père est sorti comme d’habitude faire sa promenade habituelle, mais il n’est jamais rentré…

Mes émotions étaient à leur comble et j’avais du mal à rester calme, tant je revivais les événements avec intensité en raison de la transe hypnotique. Mon cœur battait à tout rompre et mon visage diaphane se couvrait d’une légère rougeur.

Elle parlait lentement, récitait tout ce qu'il y avait dans sa mémoire. J'écoutais tout avec attention, en essayant de mémoriser le plus possible. Puis Dame Caldéran était là aussi, ce qui faisait déjà une aide non négligeable pour la suite.
Mademoiselle m'avait déjà averti que son histoire n'était point réjouissante, et elle avait raison. Pourtant je ne fis pas le moindres commentaires, non, il fallait juste qu'elle s'exprime. Je restais là assis, près d'elle en veillant qu'un malaise ne vienne pas perturber son monologue.

Je vérifier également le rythme de sa respiration. Ainsi son cousin était venu menacer son père. Il y avait peut-être là une piste. Enfin, tout était encore flou. Je pris mon verre d'eau pour boire un peu, puis je jetais un coup d'oeil à la veuve pour lui signifier que tout se déroulait bien.

Je frottais mon menton lorsqu'elle acheva. Je posai ma main sur le front de la jeune femme comme pour renforcer le fluide et mon pouvoir sur son esprit.
-" Madame, voilà une histoire effrayante, un raisonnement simple nous dirait, peut-être avec raison, que son neveu est coupable n'est-ce pas ? " Dis-je avec cet air qui mimait ceux des soldats qui passent leur temps à enquêter.

Ma main glissa sur le front de Morgiane avec douceur. Son regard était encore vide, et donc je remarquai qu'elle était encore apte pour répondre à une autre question. Plus ? Je ne le savais pas. Il ne fallait pas enfermer un esprit dans cet état trop longtemps. Alors je préférai ne pas prendre de risque et agir avec la plus grande précaution.
-" C'est très bien Mademoiselle ! Maintenant, une autre question. Concentrez-vous sur ma voix... " Clamais-je avec cette voix envoûtante.
-" Et votre mère, que faisait-elle durant cette journée ? Que lui est-il arrivée ?" Demandais-je en ayant cette triste impression de devoir lui faire subir des mauvais moments, heureusement, je pourrais lui faire oublier la peine en la réveillant.

Sous l’effet de la transe hypnotique, les souvenirs refluaient à mon esprit avec une clarté étonnante et je me surpris à énoncer des détails qui semblaient avoir disparus de ma mémoire. J’éprouvais l’indicible sensation d’être présente, tout en étant absente et comme hors de moi-même, particulièrement concentrée sur mon univers intérieur et observant le moindre des méandres de mon être. Revivre ces douleurs événements suscitait en moi de vives émotions, mais d’une voix calme et apparemment détachée je narrais le déroulement des circonstances troubles qui entouraient le décès de mon père.

Lorsque j’achevais la première partie de mon récit, Alonso déposa sa main sur mon front et d’un ton calme me posa une question concernant une éventuelle culpabilité de mon cousin. De la même voix monocorde que j’employais depuis le début de cette séance d’hypnose, je m’entendis répondre :

- Je le crois coupable ou du moins impliqué dans la disparition de mon père. Il avait de bonnes raisons d’en vouloir à mon père et de bénéficier de sa mort.

Ensuite le jeune homme me questionna pour connaitre les détails de ce que faisait ma mère durant la journée précédant sa disparition. Concentrée sur cette voix aux intonations envoûtantes et les yeux agrandis par la transe hypnotique, je repris mon récit :

- Le jour où mon père est décédé, ma mère se trouvait à la maison avec moi et nous étions occupées à des tâches de broderie. L’annonce de sa mort l’a bouleversée, comme moi-même et les semaines qui ont suivi, je l’ai trouvé très soucieuse et inquiète, comme si elle craignait quelqu’un ou quelque chose. Un jour, en rentrant dans le bureau de mon père, je l’ai trouvé occupé à lire une lettre ou un papier et elle a sursauté en me voyant. Puis, elle s’est empressée de chiffonner le document et de le jeter au feu. Quelques jours plus tard, elle est tombée gravement malade, ayant des nausées et un état d’affaiblissement inexpliqué et est décédée en quelques heures sans qu’on trouve la cause de ce mal étrange qui la frappait…

Ayant achevé mon histoire et relaté les sinistres événements entourant la disparition de mes géniteurs, je demeurais silencieuse, attendant la prochaine demande ou question du valet.

Le récit sur sa mère me laissait perplexe, j'avais l'impression qu'ici, son oncle n'y était pour rien? Même s'il ne devait pas exclure l'empoisonnement. Et puis, la lettre qu'avait jeté au feu sa mère l'intriguait.
Je regardais l'heure, et je me disais qu'il valait mieux la réveiller, surtout pour une première séance, et il n'était pas dans mon intention qu'elle garde des séquelles dans son esprit.
Je regardais un instant Madame Caldéran, puis je bus un peu d'eau. Je me demandais ce qu'elle pensait de tout cela. Néanmoins, nous avions déjà la certitude qu'une querelle avec son père avait éclaté.

-" Je vais faire un décompte de cinq à zéro, à zéro, lentement tu te réveilleras...Et tu te souviendras de tout ce que tu viens de raconter." Dis-je de ce ton toujours aussi lent et fascinant en posant ma main sur le front de la jeune femme comme pour y transmettre un fluide mystique.

Je craignais que parler de cet événement ne brusque trop son inconscience, et l'empêche ensuite de dormir. En se réveillant, je savais qu'elle aurait cet sensation d'être épuisée, tout en pensant avoir dormi des heures.
Je commençai alors le décompte, doucement. Et lorsque j'arrivais à zéro, je claquais des doigts comme pour ordonner à sa conscience de sortir la tête de l'eau.

Il y avait là un autre verre d'eau, après avoir ôté ma main de son front, je la laissai revenir à elle. Son regard était plus vif ! C'était bon signe. Elle devait avoir soif, alors je lui tendis le verre.
-" Tenez Mademoiselle, buvez un peu... Et ne vous inquiétez pas, votre fatigue passera rapidement. " Dis-je pour la rassurer comme je le pouvais.
-" Comment-vous sentez vous ? Je ne pouvais pas me permettre de faire durer la séance."

Après qu’Alonso eut terminé le décompte, j’émergeais de la transe hypnotique l’esprit encore embué, comme si je sortais d’un rêve éveillé. Je me souvenais de tout ce qui s’était déroulé, mais j’éprouvais la sensation étrange et indescriptible d’avoir été « ailleurs » et « présente » à la fois. De même, je me sentais emplie de lassitude comme si j’avais dormi durant des heures. D’ailleurs combien de temps s’était écoulé depuis le début de la séance ? A cet instant, j’éprouvais le sentiment d’avoir perdu toute notion du temps…Il pouvait s’être passé des heures entières comme à peine quelques instants. Revivre ces douloureux souvenirs m’avait transporté dans un autre univers…

Je fixais le jeune valet encore un peu confuse et ce dernier, avec prévenance et gentillesse, me tendit un verre d’eau afin que je puisse me désaltérer, tout en me questionnant sur mon état. Je m’empressais de le prendre et j’avalais une gorgée d’eau avant de répondre.

- Je me sens un peu…bizarre, c’est vraiment difficile à décrire. C’est comme si je rêvais tout en étant éveillée…

Je poussais un soupir et poursuivis :

- En effet, je me sens lasse…comme vidée de toute énergie. Pourquoi ? Est-ce que l’hypnose fait toujours cet effet ?

Dans un coin de la pièce, je sentis le regard d’Aalicia peser sur nous et je tournais ma tête dans sa direction, un peu intimidée. Puis, mes prunelles bleutées se dardèrent sur le visage du valet et je le questionnais avec appréhension :

- Alors…qu’est-ce que vous pensez de mes souvenirs ? Vous…ne me croyez pas folle, n’est-ce pas ?

J'étais plus qu'attentif sur l'état de Morgiane. Je m'en serais vraiment voulu si jamais elle en retrouvait pas tout son esprit.
Elle me répondit, je soupirais, tout était normal. Heureusement. La jeune femme était confuse, mais rien de particulier.
Avec un peu de temps et de repos, elle se portera à merveille. Elle but de l'eau en m'expliquant alors ce qu'elle ressentait. Je me contentais d'esquisser des sourires pour la rassurer sans la brusquer.

Je me sentais satisfait, cela faisait un moment que je n'avais pas pratiqué, alors je ne pouvais qu'être heureux d'avoir réussi à la perfection.
Après un petit silence, dans lequel, la jeune femme semblait intimidée par le regard et la présence de Madame Calderan, elle reporta son attention sur moi.

Là, elle m'interrogea.
Dans sa voix il y avait une espèce d'inquiétude qui accompagnait sa phrase. Je me levais. Et j'aidais Morgiane à s'installer un peu mieux sur le divan en calant son dos dans le coin.
-" N'ayez-crainte, tout ce que vous ressentez est naturel et effectivement il s'agit juste du contre coup de l'hypnose. Ce n'est que passager ! " Lui dis-je pour commencer et répondre à ses doutes qui étaient naturels.
Je me dirigeais vers la fenêtre pour ouvrir les rideaux et permettre au soleil d'illuminer la pièce.

-" Même s'il ne faut jamais tirer de conclusion hâtive, il est évident que votre cousin semble être coupable, ou du moins le suspect numéro un... " Soufflais-je en me retournant pour la regarder et jeter ensuite un rapide coup d'oeil en direction de la noble déchue.
-"Avez-vous appris des choses que vous n'aviez plus en tête ?" demandais-je à Morgiane.

Après cette séance d’hypnose je me sentais encore un peu confuse, comme déboussolée par toutes ces visions du passé qui avaient assailli mon esprit. Alonso faisait preuve envers moi d’une grande sollicitude, comme à son habitude depuis notre première rencontre, aussi m’empressais-je d’accepter son verre d’eau généreusement tendu. Boire de l’eau fraîche me fit du bien et je sentis le calme me regagner peu à peu.

Certes cette séance d’hypnotisme s’était avérée éprouvante, mais au moins m’avait-elle permis de replonger dans les méandres de ma mémoire et de confirmer certains soupçons…A mes yeux, il ne faisait aucun doute que mon cousin avait quelque chose à voir avec la mort de mes parents et le bannissement de mon frère. Mais voilà, comment pourrais-je le prouver ? Car oui, une accusation aussi grave nécessitait plus que de vagues soupçons, il fallait des preuves solides…Et jusqu’à présent, je n’avais rien…

Ce dernier m’aida à m’installer confortablement dans le divan, en attendant que je reprenne entièrement mes esprits. Puis d’un ton empli de douceur et de bienveillance, il me rassura sur mon état de confusion, m’étant cela sur le compte de l’hypnose et m’assurant que ces effets se dissiperaient rapidement.

J’affichais un léger sourire et ne le quittais pas du regard tandis qu’il se dirigeait à l’autre bout de la pièce afin d’ouvrir les fenêtres, laissant entrer le soleil et un souffle d’air frais. Le valet semblait partager mes suspicions quant rôle plus que douteux qu’avait probablement joué mon cousin.

Je hochais la tête en signe d’acquiescement et répondis dans un murmure:

- Cette séance d’hypnose m’a en effet permis de me remémorer certains détails que je n’avais plus en tête et ne fait que me conforter dans ma conviction que mon cousin est bel et bien impliqué dans cette sombre histoire. A présent, je n’aurais de cesse de découvrir d’autres indices et preuves permettant de l’incriminer ainsi que d’innocenter mon frère…

En disant cela, ma voix tremblait légèrement pourtant l’éclat d’acier qui brillait dans mes prunelles céruléennes témoignait d’une détermination à toute épreuve.