[Terminé] Bal Hivernal - ouvert à tous et toutes

~ 3ème semaine de Décembre 1165~

- « Ça va être l’heure » souffle Estelle en avisant son frère
- « Tout est parfait, ne t’inquiète pas, la soirée va très bien se dérouler »

La rouquine avait pris une légère inspiration, alors que pour la énième fois avant l’ouverture officielle de ce début de soirée, elle vérifiait que tout était parfaitement en place. Exceptionnellement, l’établissement avait été fermé toute la journée et la gérante n’avait pas arrêté depuis le petit matin. L’intérieur de la chope sucrée était éclairé par de multitudes de petites bougies, offrant une atmosphère un peu tamisée, douce, agréable, la délicieuse odeur de la cuisine préparée pour l’occasion remplissait la pièce principale, ouvrant déjà l’appétit de celle qui n’avait pas pris la peine de manger aujourd’hui. Les tables rondes et carrées c’était vu rapprochée dans un coin, afin d’offrir une piste de dance somme toute convenable, des bouquets de Tanaisie, fleur blanche hivernale ornait chaque recoin, des toiles représentants les trois portant des masques avaient remplacé les représentations des divinités habituelles et de multitudes masques prêtes par de grands artisans ornaient mur, poutre, poteau et la devanture du comptoir. Les tapis semblaient avoir été tous secoués pour l’occasion. La chope sucrée s’offrait en ce début de soirée sous son plus beau jour. C’est qu’elle jouait gros Estelle, elle le savait, la jeune femme avait engagé de nombreux frais pour cet événement et si celui-ci n’avait pas la fréquentation escomptée n’aurait-elle sans doute pas l’occasion de refaire une énième tentative avant un très long moment.

Le petit salon du palier de l’étage était lui aussi décoré, avec tout autant de goût et de légèreté. Une boisson masquée, comme elle l’appelait, inventée pour ce bal bien spécifique. Un délicieux mélange de vins qu’elle avait fait chauffer avec une multitude d’épices à l’intérieur, de quoi réveiller les papilles des plus capricieux. Le repas lui serait plutôt simple, en amuse-bouche du pain fait maison évidemment recouvert d’une pâte faite de légumineuse, un brin sucrée, une soupe viendrait combler les estomacs encore affamés si besoin et en dessert, elle avait réalisé plusieurs un gâteau aux pommes, là encore, recouvert d’épice. Terminant de remplir les boissons de sa fameuse conception masquée, celle qu’elle offrirait à tous ceux jouant le jeu. Elle avait fini par revêtir son masque, non pas sans une certaine et dernière appréhension. Celle à la chevelure de feu avait complètement joué sur la teinte de sa chevelure, portait-elle un masque de renard, avec de longues et hautes oreilles sombres, des petites moustaches qui ne feraient sans aucun doute pas totalité de la soirée. Sa chevelure était attachée sur le côté, en une longue tresse légère floue dont une multitude de mèches s’échappaient déjà. Côté tenue vestimentaire, elle avait préférait jouer sur la praticité plutôt que sur la beauté. Une jupe longue sans cerceau, le tissu pourpre longeait donc plus ou moins ses jambes, se terminant sur le bas de ses pieds. Une chemise blanche collait à sa peau, recouverte par un corset tout aussi pourpre que le bas de sa tenue, qui semblait-il devait très légèrement lui comprimer la respiration. Regrettait-elle sans aucun doute de l’avoir enfilé, côté praticité elle pouvait mieux faire.

- « Estelle les musiciens sont là »
- « Installez-vous, j’arrive ! »
- « Et la petite serveuse que tu as prise pour l’occasion aussi… Les hommes pour la sécu-»
- « J’arrive !! »

Un long soupir, une brève vérification des derniers éléments dans la cuisine et voilà la tenancière qui revenait les bras chargés de chopes. Instinctivement, la petite Hélène, petite brunette portant un masque d’oiseau et une longue queue qui devait représenter la traîne d’un paon, avait récupéré le tout pour le déposer le long du comptoir. Elle opinait déjà aux explications d’Estelle qui ne s’arrêtait plus, pourtant ce n’était pas la première fois que la rouquine embauchait Hélène, la nervosité sans aucun doute. Les musiciens terminaient de se mettre en place, d’accorder les instruments. Pendant ce temps, le frère de la gérante alimentait le feu de la cheminée en bois, dégageant cette chaleur agréable, reposante. Dans le silence le crépitement du bois avait quelque chose de réconfortant, ou presque.

- « Bien tout le monde a compris ? Trois à l’intérieur, deux à l’extérieur pour la sécurité » piqua-t-elle en avisant ceux qui n’avait semble-t-il toujours pas bouger d’un millimètre « Pas d’arme, vous fouillez tous ceux qui rentre et les armes restent au niveau du râtelier. Pas de limites de consommations, si une bagarre débute vous me mettez le petit monde dehors OU vous prenez Brigitte. » devant l’air perplexe vis-à-vis du prénom, elle crut bon d’ajouter « La poêle en terre cuite, derrière le comptoir. »
- « Oooh » qu’avait fait le groupe ensemble.

Tout le monde avait fini par rire, l’équipe était prête. La musique commençait à se faire entendre et aucun doute que le monde attendant à l’extérieur signifiait que la soirée allait plutôt bien se dérouler. La porte fut donc ouverte et chaque personne qui faisait ses premiers pas dans l’établissement s’était vu retirer ses armes puis une fois à l’intérieur débarrasser si besoin de son manteau et offert la fameuse chope de vin chaud épicé. Les petits amuse-bouche étaient placés sur les tables et le prix de la soirée et chacun payé au fur à mesure ce qu’il consommait. Estelle s’était installée contre son comptoir, la boule au ventre, un peu nerveuse. La soirée pouvait débuter.

Estelle a écrit:

Informations HRP :

Comme vous l’avez compris, pour entrer vous devez montrer patte blanche. Les armes sur le râtelier. Si vraiment vous voulez essayer de passer avec en camouflant le tout, faite moi un p’tit MP avant de poster et je lancerai un dé pour savoir si vous y parvenez ou non.

Vous êtes libres d’intervenir comme bon vous semble, nous sommes bien sur un RP de groupe de configuration simple, pas de Mjitage. Je ponctuerai de temps en temps la soirée avec les animations prévue par Estelle. Mais sentez-vous libre de faire ce qui vous plaît (n’est-ce pas le thème de la soirée)

Pas de tour de passage, vous postez autant que vous voulez. Je vous demande juste d’essayer de faire une réponse par semaine, afin de ne pas ralentir vos partenaires de jeu ou de les bloquer. Sachez que même si vous ne postez pas, le sujet continuera d’avancer.

Je vous demande de poster une petite illustration de votre masque sous spoiler, afin de permettre à tout le monde d’avoir une représentation de votre masque et/ou déguisement.
Je crois que j’ai tout dit, si vous avez des questions, n’hésitez pas à me Mp \o/

Le plus important, amusez-vous

Liste des participants connus : a écrit:

• Les participants connus :

- Gisèle Messonnier
- Valentine
- Cross => sécu intérieur
- Hermine & pnj
- Sam
- Aelis
- Grayle
- Ascelin Grisregard
- Othon Zollern
- Matteu
- Rose Mcleods => Serveuse suppléante avec Hélène
-
Vous voulez rejoindre ? Venez comme vous êtes -avec un masque - hésitez pas à me le signifier sur la Cb et ou Mp aussi, même si ce n'est pas obligatoire, ça me permet de quantifier/organiser.

La dernière fois qu’Ascelin avait assisté à une fête de village, il venait tout juste d’épouser Isabel. Bien sûr, il avait officié comme domestique à bon nombre de bals, et on pouvait toujours arguer qu’un bal avait de différent que le nom, mais en vérité, les deux n’avaient absolument rien à voir. Un bal constituait un événement privé, organisé chez une population suffisamment riche et importante, aux demeures et aux salles de bal aussi somptueuses que pompeuses. Une fête de quartier, quant à elle, avait lieu dans des endroits ouverts à tous - des auberges, la plupart du temps - et n’avait aucune prétention si ce n’est celle de divertir et égayer le petit peuple.

Il y a plusieurs façons de faire la fête. L’une d’elle consiste notamment à fuir la vie. Quand la désespérance est devenue insupportable, quand les blessures de la vie sont profondes et à vif, quand l’amour n’est plus qu’un vague souvenir, on se retranche dans un bienheureux oubli aux effluves enivrantes, à essayer tous les alcools qui passent sur le comptoir. On s’adonne à des rencontres sensuelles et sans issue, dans l’espoir qu’une accumulation du plaisir viendra faire taire l’écho amer des années de tourments. Mais le problème, quand on a fait ainsi la fête, c’est que le jour finit toujours par se lever après la folle nuit précédente. On se réveille la langue pâteuse, avec le sentiment cuisant d’avoir gâché un peu plus de son honorabilité, et c’est le retour à la case départ : la même douleur est toujours là. Inaltérable.

Mais aujourd’hui, Ascelin n’allait pas noyer son chagrin. La faim n’avait tué aucun de ses enfants. Du moins, pas encore. Sa femme était de santé fragile, mais gambadait toujours allégrement dans la petite maison, à la recherche des dernières bêtises commises par Etienne. Et il avait un travail. Un travail honorable, auprès d’un homme attentif et estimable. Que pouvait-il demander de plus ?

Le pas déterminé, le vieil homme pénétra dans la petite auberge après avoir montré patte blanche. De multiples petites bougies offraient à ce lieu une atmosphère sécurisante, presque relaxante. Une délicieuse odeur s’échappait des cuisines, réveillant avec brutalité l’appétit du domestique. Il mourrait de faim, car le peu qu’il possédait encore, il l’avait donné à ses fils et filles. Comme bien d’autres familles, il devait lutter quotidiennement pour ne pas sombrer dans la misère. Ce soir, il ne ferait donc pas de folies. Il était avant tout venu ici pour s’amuser. Les consommations attendront une chance opportune.

Masque porté par Ascelin Grisregard:

Un bal masqué, une fête spéciale où chaque invité cache leur visage, où l’anonymat est au centre du jeu. Chacun cache son visage derrière un masque acheté ou de sa confection et se détend en agissant comme jamais ils oseraient auparavant. L’anonymat qu’offraient les masques permettait aux hommes mariés de séduire de nouvelle demoiselle le temps d’un soir, et au timide d’avancer enfin vers la femme de son cœur. C’est une soirée où tout est possible et accessible. Parfait pour se détendre et se relaxer malgré les dangers du monde extérieur. D’une certaine façon, entrer dans un bal masqué était comme entré dans un nouveau monde, nouvelle identité, méconnaissance des autres. En clair et pour faire cours, un immense cache-cache.

Sauf que toi, petit Cross, tu sentais juste les embrouilles arrivées. Tu pouvais déjà imaginer sans difficulté tous les crimes possibles lorsque quelqu’un se cache sous un masque. Savoir qu’on avait du mal à te reconnaitre donnait à certaines personnes les forces nécessaires pour aller voir la femme qui avait pris leur cœur, mais aussi à d’autres de prendre des objets de valeur. Forcément, des voleurs seront de la partie, mais pas uniquement cela. Des bagarres pourraient bien apparaitre chez certaines personnes en recherche de vengeance et profitant de l’anonymat… Cette fête était une arme à double tranchant. On pouvait s’y amuser, mais aussi en profiter pour y commettre des crimes. C’est pour cela, que lorsque tu as vu l’affiche du bal dans les rues, tu t’es empressé d’aller voir la rousse pour demander si tu pouvais participer la sécurité pendant la fête. Tu te souvenais le fait qu’elle avait souligné le manque de muscle qu’il y avait chez elle, et lors d’un bal comme celui-ci, des bras en plus ne pouvait pas faire de mal.

Cependant, une épreuve se dressa face à toi. Estelle avait été claire, tu devais porter un masque. Sauf que toi, tu ne cherchais pas un masque pour cacher ton visage, mais plus un masque qui ne te gênerait pas trop. Ne gâchant pas ta vue et te permettant de respirer. Tu profitas du simple fait que l’annonce du bal masqué avait forcé la main au marchant à ressortir des masques pour faire quelque bénéfice dessus. Tu fouillas alors le jour avant la soirée jusqu’à trouver le masque le plus adapté pour toi. C’était dur, mais tu trouvas un masque remplissant toutes tes attentes. Son prix troua un peu ton portefeuille mais tu devrais pouvoir récupérer l’argent en travaillant chez Estelle.

Ton masque était un simple masque noir recouvrant le visage orné de quelque dessin bleu. Le masque se séparait en eux partie. Le haut du visage jusqu’au bout d’un nez et le bas du nez jusqu’au menton. Les deux étaient reliées par une simple articulation pour permettre au bas de bouger sans gêner. Ce qui était parfait pour parler. Et la séparation entre le bas du nez et le haut du nez te permettrait de respirer sans gêne. Tu aurais pu élargir les trous pour améliorer la vue, mais étant donné le prix, ça serait un crime contre toi-même.

Spoiler:

Tu arrivas donc avant l’ouverture du bal pour recevoir les instructions. Tu étais arrivé en portant déjà ton masque… Mais Estelle devrait te reconnaitre étant donné que tu portes encore la même armure. Oui, c’est un bal masqué, t’as juste besoin d’un masque, pas d’autre chose. Sinon ça serait un bal costumé. Logique. Tu faisais partie de la sécurité avec quatre autres gars que tu ne connaissais pas du tout. Trois dedans, deux dehors, tu faisais partie du groupe intérieur. Pour prouver aux invités que contrairement à eu, tu n’étais pas là pour jouer, tu portais à ta ceinture ton épée courte. Ça dissuaderait peut-être certain à faire des crimes. Enfin, c’est ce que tu espères. La rousse expliqua les règles. Pas d’arme pour les invités, aucune limite de consommation, on sort les bagarreurs, ou on utilise Brigitte. La casserole … la poêle ? Ce n’était pas une casserole ? Tient, alors la rousse avait changé d’arme. Peut-être elle avait fini par casser l’ancienne Brigitte sur la tête d’un inconnu.

Tout le monde ria, sauf toi, comme d’habitude. Et finalement, le bal, la musique, et la fête commencèrent. Les portes s’ouvrirent. Les gardes à l’extérieur commençaient déjà à désarmer ceux qui étaient venu armer et les trois autres à l’intérieur faisaient des rondes à la recherche de fauteur de troubles. Ton regard se porta à Estelle, derrière son comptoir, ses ongles presque plantés dans le bois. Tu t’approchas d’elle sans gêne en tapotant légèrement sur la table pour la réveiller.

- « Estelle. Occupes-toi des clients et de l’ambiance, on s’occupe des problèmes. »

Des mots de réconfort ? D’encouragement ? Difficile à dire derrière ton masque, et ta voix monotone. Mais du moment qu’elle se détendait plus, ça importait peu. Tu te tournas vers la foule, et commenças à regarder chaque visage masque et tenue. À la recherche du moindre problème.

 Quand le mal ronge...  Un bal masqué... En voila une idée des plus effarantes pour notre jeune sorcière. Faut dire que ce genre de soirée elle en connaissait que trop bien les résultats. La plupart du temps, les gens repartent complètement ivres et empestant l'alcool de mauvaise qualité. Aélis avait autrefois participé à ce genre de bal quand elle vivait encore auprès de sa famille, et surtout, quand elle n'était pas encore déchue de son titre de prestige. Son père l’obligeait à sortir pratiquement tous les soirs à des soirées organisée par d'autres familles nobles, afin qu'elle y dégote un futur mari. Elle se remémorait avec détail toutes ces fois ou elle devait se forcer à sourire, à être belle et à courtiser les gentils homme, tout en espérant secrètement qu'ils ne feraient guère attention à elle.  Ses efforts étaient vains car ses yeux vairons attiraient aussitôt l'attention des hommes, et de tout les autres d'ailleurs. Aélis détestait au plus haut point ce genre d'événement, à tel point qu'elle avait tout fait pour se porter malade, quand son père venait la voir. Il arrivait parfois qu'elle s'obstine tellement à ne pas lui obéir qu'elle recevait une rafale de coup en guise d’avertissement. Tout cela pour dire qu'entre elle et les fêtes, y avait un certain gouffre qui s'installait...

Alors quand elle vit l'affiche placardée aux quatre coins de la ville, une forte envie de dégobiller le contenue de son estomac lui vint à l'esprit. Elle là-bas ? Jamais ! Plutôt faire le tour des vieux du coin pour leur donner leurs médicaments avant de dormir plutôt que de devoir y aller. Elle fuya donc comme la peste toutes les affiches qu'elle voyait, les gens qui parlaient avec candeur de l'événement  qu'elle passa la semaine à faire. Et pourtant, une petite voix en elle lui affirmait que ce n'était pas une si mauvaise idée que ça de partir, d'essayer et même de foncer tête baissée dedans. Pourquoi pas ? Elle aussi à droit à s'amuser un peu de temps en temps non ? Et cette petite voix se faisait de plus en plus présente, de plus en plus forte.  Au point qu'elle finit par se laisser tenter et à arpenter le marché en quête du masque qu'elle recherche. Et puis merde ! Elle allait y aller et contrairement à toutes les soirées précédentes, elle ferait ce qui lui plait sans avoir son géniteur derrière ses moindres actions. Et puis.... Cela lui permettrait peut être de rencontrer un gars pas trop salaud pour une fois... Contrairement aux quelques hommes qu'elle avait fréquentés, il y aurait peut être quelqu'un d'un peu moins salopard... Ou bien peut être qu'elle est devenue avec le temps un poil trop difficile ? 

Le jour j, la vaironne mit son masque et entra d'un pas décidé dans l'établissement. C'était un lieux plutôt charmant, et on voyait bien que la patronne avait beaucoup travaillé l'événement. Plusieurs personnes s'y trouvaient déjà sur place. Tous vêtus de masques en tout genre. Celui de la sorcière lui donnait pour une fois l'air de quelqu'un de délicat. Elle portait également une robe robe couleur noir élégant... Trompeur trompeur ...

Masque qu'Aélis porte à la soirée:
Masque:

 CN.JUNE, NEVER UTOPIA

Samara patrouille dans les rues de la ville avec son binôme qui cause comme pas possible, plus d’une fois elle a eu envie de l’assommer tant il jactait de trop. Elle apprit l’habitude de ne l’écouter que d’une oreille distraite, se contentant de faire de petit son pour montrer qu’elle suit ce qu’il dit -alors que c’est totalement faux, elle serait incapable de lui répéter la phrase qu’il vient pourtant de sortir- et avoir ainsi une certaine tranquillité. Au détour d’une rue, des affiches attirent le regard de la milicienne blonde, s’approchant de l’une d’elle pour la lire.

« … »

Un bal masqué, et cette fois ci qui n’est pas exclusivement réservés aux nobles et aux bourgeois, un bal masqué où le peuple peut participer. Elle trouve que c’est une très bonne idée mais ne compte pas y aller, ce genre de soirée n’est définitivement pas pour elle. La journée se passe comme d’habitude, entre entrainement, patrouilles et autres corvées si adoré par les miliciens (ou pas) et elle est bien contente de pouvoir rentrer chez elle, enfin plutôt chez sa mère adoptive. D’ailleurs, la femme d’un certain âge saute sur Samara à peine celle-ci a passé la porte.

« Mère ? »
- Oh ma petite Samara, j’ai quelque chose pour toi, je suis sûre que ça te fera plaisir !

Sans laisser le temps à la blondinette de répondre, la plus âgée des deux l’entraine à sa suite dans une autre pièce, celle dont elle se sert pour la couture, lui montrant une belle et longue robe noire aux broderies blanches.

« Elle est belle, une commande spéciale ? »
- Que nenni ma chère enfant, elle est pour toi !
« Pardon ? que vais-je faire d’une robe ? »
- La porter voyons ! Il y a un bal masqué ce soir, non ? Alors tu vas t’y rendre pour t’amuser un peu
« Non »
- Oh que si tu iras, même si je dois te trainer là-bas !

Samara regarde sa mère pendant quelques secondes, restant parfaitement silencieuse. Elle la jauge du regard puis elle soupire, s’avouant vaincue parce qu’elle sait très bien que la vieille femme serait vraiment capable de la trainer à ce bal masqué. Elle lève légèrement les deux mains en signe de reddition, montrant qu’elle accepte ce que sa mère lui demande. La vieille femme envoie la plus jeune dans la salle d’eau pendant qu’elle fait chauffer de l’eau en grande quantité pour que la jeune femme puisse se décrasser de sa journée de milicienne. Une fois propre, Samara peut enfin enfiler sa robe, n’étant pas à l’aise du tout dans cet accoutrement.

« Mère... »
- Je ne veux pas t’entendre protester, elle te va comme un gant.
« … »
- Allez, ne fais pas cette tête mon enfant, et met le masque, je suis sûre qu’il t’ira à ravir !

Samara soupire de plus belle et prend le loup en fer finement forgé qu’elle lui tend, l’examinant avant de lever un regard rempli de curiosité vers l’autre femme. Cette dernière lui fait un petit sourire avant de passer derrière elle et lui faire signe de s’asseoir pour qu’elle puisse la coiffer. Un simple chignon un peu lâche, quelques petites mèches qui encadrent son visage, et la voilà parée.

- J’ai été jeune aussi, bien avant que la Fange ne survienne, il y avait souvent des bals. Comme tu le sais, je faisais partie de la bourgeoisie, j’étais donc conviée assez souvent à ce genre de soirée.
« … »

La vieille dame rit devant le soudain mutisme de sa fille et lui prend le masque des mains pour le poser sur le visage de la jeune milicienne. Elle revient face à elle pour la contempler et elle lui sourit avec tendresse, lui disant combien elle est magnifique, chose à laquelle Samara ne croit pas vraiment, mais bon. La grande blonde peut maintenant poser sa cape épaisse sur ses épaules et quitter son logement pour se rendre à la taverne. Elle espère bien qu’aucun de ses collègues ne sera là, elle n’a pas envie d’entendre ce qu’ils pourraient dire sur elle. Arrivée devant la taverne, elle soupire quand on lui demande de donner ses armes, chose qu’elle rechigne un peu à faire mais elle finit quand même par obéir, leur tendant sa paire de dagues, recevant ensuite l’autorisation d’entrer. A l’intérieur, la première chose qu’elle fait, c’est de parcourir l’ensemble de la salle du regard, de repérer tout ce qu’elle peut par habitude et ensuite aller se mettre dans un coin, voulant passer le plus inaperçue possible, chose difficile quand on fait presque la taille d’un homme.

Masque porté par Samara:

Une autre soirée à travailler l’aurait achevée. Gisèle avait besoin de s’aérer l’esprit : la taverne la fatiguait, Barral lui manquait, et ses cauchemars l’empêchaient de dormir correctement. Lorsqu’elle avait entendu parler d’un bal masqué organisé dans une auberge du quartier de la milice, elle n’avait pas eu à réfléchir très longtemps pour se décider à y aller. Elle avait besoin de divertissement, même si elle n’avait personne pour l’y accompagner, même si elle n’avait pas les moyens de s’offrir un déguisement digne de ce nom. La soirée s’annonçait amusante et elle n’avait pas l’intention de la rater.

Se concentrer sur cet événement lui avait également permis de diriger ses pensées vers autre chose que son agression datant de l’été dernier. Elle ne passait plus le peu de temps libre qu’elle avait à se morfondre, mais plutôt à travailler sur sa robe et sur son masque. Depuis qu’elle avait entendu parler du bal, elle passait beaucoup de temps sur la plage à la recherche de coquillages échoués. Elle avait l’habitude de les utiliser pour décorer certaines de ses tenues, alors l’idée de les utiliser pour son déguisement lui était venue naturellement. Elle avait même utilisé le surplus pour décorer une couronne. Elle s’était vraiment prêtée au jeu, ce qui avait surpris ses collègues qui n’avaient pas l’habitude de la voir aussi investie dans un projet personnel.

Décoré de coquillages blancs, le masque couvrait seulement le haut de son visage (le but n’était pas vraiment de dissimuler son identité). Sa robe n’était pas d’une qualité remarquable, mais elle avait fait l’effort de l’accorder à son masque en choisissant un assortiment de tissus dans les tons blancs. Enfin, sur sa chevelure brune trônait une fine couronne tressée, où plusieurs coquillages s’entremêlaient.

« Qu’en penses-tu ? » Gisèle tournoya sur elle-même, plutôt fière du résultat.

« J’en pense que cette idée de bal masqué est stupide, ça n’intéresse que les gens laids, » répondit sa collègue Eloïse, un sourire moqueur sur les lèvres.

« Je parle de mon déguisement ! Et ça m’intéresse moi. »

« C’est bien ce que je dis. »

Gisèle tira la langue à son amie sans perdre son sourire. Elle qui était toujours partante pour s’amuser se montrait particulièrement rabat-joie ce soir. Tant pis pour elle. Déposant un baiser affectueux sur le front de la blonde, elle prit congé et s’éclipsa par la porte de derrière pour ne pas être vue par son patron.

La prostituée se dirigea vers la place des pendus pour rejoindre la Chope Sucrée, où déjà plusieurs personnes étaient présentes. Ne cachant aucune arme, elle passa le barrage d’entrée rapidement. L’ambiance à l’intérieur de l’auberge était chaleureuse, la décoration soignée et les odeurs provenant de la cuisine étaient alléchantes. Un sourire éclaira le visage de Gisèle. Elle ne regrettait pas d’être venue. Débarrassée de la cape qui couvrait ses épaules, elle se vit offrir un verre de vin chaud et épicé, mélange qu’elle découvrait avec délice. Elle tenait sa chope des deux mains afin de les réchauffer, et s’engouffra dans la pièce, se mélangeant à la foule sans paraître mal à l’aise. Le fait que tous étaient fouillés à l’entrée la rassurait. Portée par le mouvement, elle se dirigea vers le centre de la pièce où quelques personnes dansaient sur le rythme jovial de la musique. Les observant avec envie, elle n’attendait que de terminer sa chope pour les rejoindre.

Masque:

La foule dense ne cessa sa course effrénée de toute la journée, si bien que mes yeux se mirent à lancer des vagues migraineuses à travers mon crâne. Je n'avais que peu de fleurs sur mon étal ce jour là, et les rares passants qui s'arrêtaient quelques instant pour les observer, semblaient encore mon enclins à les acheter que je ne l'étais à vanter leur beauté. Aussi je finis par plier mes gaules relativement tôt. La courteur des jours en cette saison fut mon ultime justification, pour finir d'étouffer ma conscience. Il me restait encore quelques heures à tuer avant que la nuit ne pause sur la ville son plus profond voile d'ombre, je déambulai alors dans les rues, mon petit panier d'osier à la main, empli des quelques végétaux invendus. Une affiche attira mon attention, il s'agissait d'un bal organisé le soir même dans le quartier de la milice. L'idée m'amusait déjà.

*Un bal masqué, songeai-je. Je devrais bien y trouver de quoi me divertir!*

Le sourire aux lèvres, je me rendis dans la cordonnerie la plus proche et négocia une petite chute de cuir avec le tenancier. J'y perçai alors deux orifices pour les yeux et plusieurs petits trous à chaque bout. J'enfilai ensuite, un vieux cordon de mes braies que j'avais fait remplacer, à travers les deux trous les plus opposés pour former une attaque. Je récupérai mon panier et glissai dans les trous restant, quelques fleurons d’hellébore que je calai avec deux ou trois fleurette de cyclamen. Je finis par habiller le contour de divers feuillages, pour donner une unité à l'ensemble et cacher les attaches un peu grossières. Et voilà, en trois coups de cuillère à pot, j'avais redonner à ce petit bout de cuir condamné à l'oubli, un second souffle, qui durerait au moins pour une nuit.

Spoiler:

Je retournai sur la place, scrutant les étals à la recherche d'une cape pas trop onéreuse. J'y laissai un peu plus de sous que de raison, mais le jeu en vaudrait certainement la chandelle. Je rentrai déposer mon panier et mes tréteaux, me lavai le visage et me coiffai négligemment les cheveux du bout des doigts. J'enfilai mon masque et ma cape, avant de me mettre en marche vers le quartier de la milice. Sur le chemin, j'essayais d'imaginer quel genre de personnes je croiserais à ce bal... Je pensais aux masques et me mit à glousser. Rien ne me paraissait plus ridicule que d'essayer de se cacher, car pour moi, tout ceux qui se sentaient à l'abri derrière ce genre d'artifice n'étaient en réalité que plus vulnérables et ouverts. C'était ironiquement dans ces situations qu'ils laissaient tomber leurs masque habituel, pour laisser transparaître qui ils étaient vraiment. Et ça, je savais en tirer parti...la plupart du temps.

J'arrivai devant la taverne, et aussitôt un homme m'invita à lui remettre toute arme que je pouvais porter. Je lui remis ma dague, puis il fit une rapide vérification avant de me laisser entrer. L'ambiance était chaleureuse, et plusieurs personnes étaient déjà là. Les effluves qui parcouraient la salle me mirent en appétit. Je m'avançai à travers tout ces masques, impatient de découvrir chacune de leur histoire, et de m'enquérir de la choppe qui m'avait été promise. Me yeux s'envolèrent dans les hauteurs de la salle, sur toutes les décorations qui si trouvaient. Visiblement, on y avait mis du cœur à l'ouvrage. Mais ne prêtant plus attention à ce qu'il y avait devant moi, je percutai gentiment quelqu'un de l'épaule.

- " Veuillez me pardonner. C'est de ma faute ! avouai-je immédiatement pour ne pas me trouver déjà dans une situation délicate."

— Oh c’pas… Oh, joli les fleurs ! Hey Hermine ! Regarde, il a presque le même masque que toi !

Le gaillard qui venait de se faire bousculer attrapa le bras du fleuriste pour l’entraîner à sa suite, tout sourire, vers une jeune femme un peu plus loin qui se frayait un passage dans la foule avec deux grosses chopes pleines. Elle portait elle aussi un masque simple en cuir, mais sans fleurs et visiblement plus travaillé que celui du jeune homme. Les ouvertures pour ses yeux, très en amande, lui donnait un air de chat et le cuir avait été formé pour épouser le relief du nez. On l’avait teint de rouge mais il demeurait bien sobre en comparaison d’autres masques ce soir. Sans doute ce détail avait-il suffit au gaillard accompagnant Hermine pour faire le rapprochement.

Lui n’était pas très grand, quoi que plus que sa compagne, mais il avait les épaules larges et un sourire enfantin. Des taches de rousseur piquaient sa peau blanche, soulignant ses yeux bleus. Son masque a lui pendant à sa ceinture, visiblement victime d’une mauvaise attache. Face à lui, la jeune femme semblait minuscule et frêle, surtout lorsque l’on comparait sa carrure à la masse sombre et sauvage de ses cheveux. Des tresses serrées sur le côté gauche de son crâne lui permettaient de dompter un peu de cette chevelure tout en lui donnant une toute autre allure que celle des autres femmes. Contrairement à son accompagnateur, elle avait la peau bien plus brune et sans taches de rousseur.
Curieuse, elle se hissa sur la pointe des pieds en se penchant toute entière vers le pauvre fleuriste qui n’avait rien demandé à personne et examina son visage avant de se fendre d’un sourire qui lui donna l’air mutin.

— C’est pas faux ! Mais ça n’a rien de bien extraordinaire, alors lâche le garçon avant qu’il n’appelle la garde, taquina-t-elle son comparse en lui tendant une des chopes pour lui occuper les mains. Désolée qu’il t’ai traîné derrière lui, il manque un peu de manières.

Le brun aux taches de rousseur relâcha aussitôt l’inconnu et s’excusa avec un sourire.

¤¤¤

Une semaine plus tôt ~

— Hermine, regarde un peu ce que j’ai trouvé !

Abel agitait un papier sous le nez de sa cadette, visiblement surexcité. Le dessin d’une auberge et d’un masque suffisait à comprendre ce qui pouvait être écrit. Sans doute un événement organisé quelque part en ville, une bonne occasion de boire pour se réchauffer. La voleuse eut une moue.

— Oui et alors ?
— Alors merde, on pourrait y aller non ? Ça fait combien de temps qu’on a pas participé à une fête ? Ça ne te manque pas un peu la musique, les rires, l’ambiance ! Comme au bon vieux temps.

Abel avait les yeux pleins d’étoiles et Hermine ne se sentait pas le cœur à le contrarier. De plus, l’idée était effectivement tentante. Herett déclina l’invitation un peu plus tard dans la journée, ainsi que tous les autres membres de la troupe, mais les deux plus jeunes demeurèrent certains de vouloir participer aux réjouissances. Après avoir fait lire l’affiche à une personne un peu plus cultivée qu’eux dans le quartier de la Hanse, ils s’étaient empressés de retrouver dans leurs malles une tenue et un masque pour la soirée à venir.

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Un groupe de trois passa à côté d’eux, les obligeant à se pousser un peu. Hermine pointa du doigt le comptoir en s’adressant au masque avec les fleurs.

— Tu devrais aller demander ton verre gratuit ! Y a pas mieux pour se réchauffer, même s’il faut jouer un peu des coudes pour l’attraper. Commence à y avoir du monde !

Et avec un sourire, elle s’enfila une grande rasade de vin en même temps que son aîné. Ce soir ils avaient décidé d’être bien sages et de ne voler aucune bourse, mais ils s’étaient aussi promis de mettre un peu d’animation. Ce n’était pas tous les jours qu’ils avaient l’occasion de retravailler un peu leur numéro. Enfin, si Abel ne décidait pas d’aller compter fleurette à une jolie demoiselle avant. Le lascar avait déjà les yeux posés sur une jeune fille un peu plus loin, qui riait avec une amie. Incorrigible.

Le masque d'Hermine:

Planté devant cette petite femme, celui que j'avais heurté relâcha son étreinte après que cette dernière le lui ordonna. Tout deux avaient quelque chose de...familier, et la réaction à laquelle je m'attendais après cet "accident" fut loin de celle à laquelle je m'attendais...J'en étais même un peu déçu. La demoiselle semblait penser que j'eu pu appeler la garde, mais les petites gens n'appellent pas la garde, et cela me fit sourire largement. Malgré son masque, son petit sourire un peu moqueur et la lueur de son regard qui filtrait à travers son ornement de cuir, me firent comprendre que nous étions fait du même bois.

-Désolée qu’il t’ai traîné derrière lui, il manque un peu de manières. Tu devrais aller demander ton verre gratuit ! m'invita-t-elle. Y a pas mieux pour se réchauffer, même s’il faut jouer un peu des coudes pour l’attraper. Commence à y avoir du monde !

Je me mis à ricaner bêtement, c'est vrai que le mot "Bal" avait induit en moi des usages que qu'il m'aurait fallu tenir. Mais nous étions tout de même loin du fief de la bourgeoisie, et sans doute qu'il y eu quelques riches de caché sous certains masques, nous nous trouvâmes malgré tout dans un quartier en grande partie peuplé de petites gens. Les deux personnages qui semblait complices, m'avaient malgré eux donné envie de les taquiner un peu. Et puis, après tout, ce genre de festivité se prête bien à quelques drôlerie.

- Entre nous, tout ceci n'était que stratégie pour te rencontrer ma douce ! sifflai-je en caricaturant très grossièrement la noblesse.

J’espérais amuser la demoiselle, et avec de la chance, agacer son compère. Je pris délicatement l'une des fleurettes de mon apparat, et la tendis à cette dernière de façon très théâtrale avant de reprendre de plus belle.

- Une fleur pour un baiser?

Le bas de mon visage dévoilé, ne me permit pas de dissimuler un rictus enfantin, qui trahissait mon espièglerie.

« Tiens, on dirait que ça tangue, en face.
- vous avez juste bu un coup de trop, centenier.
- Ta gueule, Erwin.
- C'est vrai ça, faites donc un peu tourner, centenier!
- Ta gueule, Ewald. Quand je dis que ça tangue, je dis que ça gambille. Que ça gigue. Que guinche.
- Ah! Que ça tangue!
- Précisément. Pis que ce serait guère honnête qu'on tangue pas non plus, j'ai pas raison ?
- Aye, centenier! On s'en y va ?
- Aye. »

Ainsi retrouvions nous notre inénarrable échalas en compagnie de ses deux âmes damnées, les frères Ewald et Erwin, coutillers de leur état. Touts trois étaient cis dans la Maison Zollern, nouvelle acquisition de notre ineffable escogriffe, après que l'ancien taulier ait eu maille à partir avec quelques renégats du dehors. L'affaire s'était tassée, mais n'était encore résolue ; cette torpeur servait grandement à notre héros, qui au nom de l'enqueste et de la sécurité de la ville, avait par conséquent fait main basse sur la demeure.

Or il se trouva que celle-ci faisait face à la Chope sucrée, où l'on s'enjaillait céans. De la fenêtre, Othon avait vu y pénétrer moult convives encapuchonnés, et l'envie d'aller baguenauder dans la foule commençait à le titiller également. C'est que de ses nuits de maraude dans les bordeaux du port et autres troquets, le centenier ne ramenait que la compagnie de putains ou des porte-glaives qui constituaient sa coterie, et il lui était rare, tant l'homme avait figé dans l'airain ses petites habitudes, de faire quelque nouvelle rencontre.

Adonc, c'était maintenant l'opportunité! « Oh putain, lança notre héros alors qu'il se dressait de sa cathèdre, ça tangue ici aussi. » Il but un coup de plus pour se fouetter les sangs, avant d'ouvrir quelque malle pour en fouiller le contenu. On ne s'était guère encore soucié de débarrasser les affaires des anciens occupants, mais cela convenait très bien au centenier, qui y trouverait assurément plus vite de quoi se grimer que dans les affaires du Guet. Se saisissant de tissus ainsi que de son canif, Othon procéda à quelques rapiéçages de plus sommaires, jetant le fruit de son labeur à la tronche de ses deux coutillers. Ewald écopa d'une cagoule vaguement dégrossie, tandis qu'Erwin, lui, reçut un masque taillé dans la dentelle de l'ancienne taulière, déclenchant l'hilarité générale. « Allons en s'enjailler un peu, mes drôles » leur lança Othon en enfilant son propre masque, hâtivement taillé dans un morceau de toile de jute.

Peu de temps après, c'est à l'entrée de la Chope Sucrée qu'on retrouvait nos trois compères, tandis qu'il pénétraient dans les lieux. « Attention centenier! L'escalier, il est plein de marches! lança un Ewald plein d'esprit, avant de recevoir un taquet à l'arrière de la tête.
- T'es pas la moitié d'un con, Ewald. Si on se grime, c'est pour être taiseux des blazes de noussègues, alors garde la fermée, tu veux. »

Estelle semblait un peu nerveuse, pour cause, ce soir elle jouait plutôt gros. Depuis le décès de son défunt époux, la tenancière n’avait plus organisé ce type d’événement. La reprise lui avait semblé plus complexe que ce dont elle se souvenait et l’idée obsessionnelle que cela ne fonctionne pas commençait à la ronger. Pour autant, un sourire ornait en permanence ses lèvres et ses yeux pétillants d’énergies détaillaient chaque convive ou personne sous ses ordres, s’assurant que tout se passait particulièrement bien. La musique couvrait les murmures, les premiers convives commençaient déjà à danser et à se satisfaire de cette consommation offerte. Le feu imposant dans le fond de la salle, parfaitement abrité par la cheminée amenait cette chaleur agréable, réconfortante et ce fut une voix familière qui la détourna de sa contemplation. Cross était milicien, un homme qu’elle avait rencontré puis engager parce qu’elle était convaincue de pouvoir lui apporter un petit quelque chose, sans savoir quoi exactement. Ses prunelles émeraudes se déposèrent sur la silhouette masculine, scrutant ce masque qui trouvait-elle lui offrait un air davantage froid, aurait-elle dû choisir pour lui, c’est ce que la gérante avait dû s’autoriser à penser.

- « Merci » répondit-elle ayant l’habitude de la maladresse de Cross « J’ai confiance en vous pour la résolution d’éventuel conflit, mais en douceur n’est-ce pas ? »

Son sourire s’était agrandi encore, dévoilant ses dents plutôt bien alignées. Elle se pencha légèrement pour lui tapoter l’épaule, comme pour appuyer les mots qu’elle employait. La rouquine avait toujours eu cette dynamique d’encouragement, apporter des paroles réconfortantes, dynamisées, c’était sa ligne de conduite pour sa vie privée qu’elle appliquait également sur ses employés lorsqu’elle en avait. Attrapant trois chopes, elle déversa la fameuse consommation ouverte, le vin chaud épicé à souhait. Déposant le tout sur un plateau, elle s’échappa de derrière son comptoir pour aller servir quelques clients, non pas sans faire particulièrement attention de ne provoquer aucune collision. En s’extirpant de sa zone de confort, elle était passée devant Cross, lui offrant un joli clin d’œil qui devait à peine être visible derrière son masque de renard.

- « Allez, au boulot Cross ! N’hésite pas à profiter de la soirée aussi, si jamais tu reconnais des connaissances. J’suis pas un fangeux, j’suis une patronne plutôt sympathique. »

La rouquine s’était mise à rire afin de souligner son petit trait d’humour, elle n’était pas femme à se lancer des fleurs. La petite serveuse semblait efficace, aucun déboire n’était à signaler, pourtant Estelle la connaissait maladroite. Ses mains devaient être légère moite plus qu’à chaque fois qu’elle passer à côté de la rousse, l’employée donnait cette impression d’avoir les chopes glissantes. Rassurante, la tenancière lui avait apporté un peu de soutien, alors qu’habilement le plateau contenant plusieurs récipients tenait sur une paume de main.

- « Allons, allons Hélène, ce n’est pas ce monde entrant qui te met dans un état comme ça ? Imagine que ton futur époux se trouve là, garde le sourire, la première impression c’est toujours la bonne paraît-il. »

La mignonnette avait opiné affichant un sourire, alors qu’elle récupérait des chopes vides abandonnées déjà par-ci par-là. Estelle, repérait déjà ceux qui n’avait pas encore eu la petite boisson de la maison et ponctuait le service, quitte en cas de doute à offrir une seconde chope. La gérante était ravie de l’influence de son établissement, il fallait dire qu’en moins d’une heure, le lieu s’était rempli, ce qui ne pouvait que la soulager. La première personne qu’elle interpella fut un homme, brun, une barbe visiblement entretenue, la quarantaine, il était seul et observait curieusement les premiers danseurs.

- « Bienvenue à la chope sucrée, je peux vous offrir notre chope de bienvenue ? » celle-ci se retrouvait tendue vers lui, le plateau toujours en équilibre sur l’autre main « Si vous voulez mon avis, vous ne devriez pas hésiter à proposer une danse à une femme, un homme comme vous, je doute que qui que ce soit refusé et puis, c’est toujours mieux de passer la soirée à deux. » elle lui fit un clin d’œil « Passez une bonne soirée, si vous avez besoin de quoi que ce soit. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, la rouquine avait de nouveau disparu dans la foule, le plateau surélevé pour éviter tout choc pouvant le faire tomber. Avisant autour d’elle, cette fois-ci Estelle avait pris la direction d’une jolie blonde, toute de noire vêtue. Une fois face à elle, la tenancière afficha de nouveau ce large sourire commerçant, la surprise de la couleur différente des prunelles de sa désormais interlocutrice due être visible dans le fond de ses yeux, cependant, elle ne se laissa pas réellement déstabilisé.

- « Votre masque est très réussi madame, bienvenue à la chope sucrée, puis-je vous offrir la boisson offerte par la maison ? » tendant sagement la chope, elle ajouta « J’espère que vous passerez une bonne soirée, n’hésitez pas à approcher les différentes personnes. À la chope sucrée, les merveilleuses rencontres sont garanties. »

Un nouveau sourire et zhou, la rouquine avait de nouveau disparu entre plusieurs personnes, un peu emportée la foule, elle avait dû dialoguer avec quelques habitués, avisant cette dernière chope pleine qu’elle devait offrir. Scrutant attentivement la salle, se hissant parfois sur la pointe des pieds pour scruter l’intérieur de son établissement, sans ne jamais louper une parole de la discussion dont elle participe un peu malgré elle. S’excusant, elle avait fini par s’éclipser pour rejoindre une nouvelle blonde, installée dans un coin de la salle visiblement mal à l’aise.

- « Bonsoir madame, bienvenue à la chope sucrée, puis-je vous offrir notre boisson offerte ? » elle étire un sourire « J’espère que vous êtes satisfaite de ce début soirée, il ne faut guère hésiter à nous solliciter si vous avez besoin de quoi que ce soit. Nous sommes là pour ça et puis, la soirée n’est d’autres qui soirée ou tout est permis ou presque. »

Elle attendit un moment, offrant sa dernière chope de vin chaud épicé encore pleine. Estelle était restée potentiellement quelques minutes pour échanger quelques paroles avant de s’excuser et de disparaître. En passant entre quelques personnes, elle avisa une jolie brune au masque ornait de coquillage, Estelle avait dû le trouver original, puisqu’elle n’avait pas pu s’empêcher de complimenter la charmante jeune femme.

- « Félicitations pour l’originalité de votre masque madame et bienvenue à la chope sucrée. N’hésitez pas si vous avez besoin…. Et puis, n’oubliez pas que même les femmes peuvent inviter les hommes à danser. »

Encore ce fameux clin d’œil et ce sourire large et hop Estelle avait de nouveaux disparus, plateau contre sa poitrine pour pouvoir mieux se faufiler à droite et à gauche. Une fois une nouvelle fois derrière son comptoir, la tenancière s’autorisa à nettoyer quelques verres. Une bassine d’eau à sa droite, un torchon humide et sec de l’autre et là voilà qui astiquait sans attendre les chopes utilisaient. La gérante était satisfaite de son personnel et agréablement surprise de la petite Hélène, qui pour le coup n’avait commis encore aucune maladresse. Avisant une troupe au loin entrer, elle avait rempli quatre chopes supplémentaires, tout en retournant dans sa cuisine pour lancer une nouvelle fournée de cet alcool qui l’espérait-elle obtiendrait un peu de succès. Sortant de sa cuisine, elle avait de nouveau traversé la foule, plateau surélevé chopes en équilibres et pleines sur le dessus. Aucune catastrophe, avait-elle dû interrompre une conversation entre un homme portant un masque de fleur et une femme à la chevelure de jais. La dernière parole de la demoiselle tira un sourire et la rouquine ne s’était pas privée de glisser une chope pleine entre les mains du jeune homme.

- « Livraison express et bienvenue à la chope de sucrée, le temps d’une soirée vivait là ou tout est possible et derrière votre masque, soyez qui vous voulez. Charmant votre masque a fleur mon bon monsieur. » avisant les deux « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas ! »

Un petit sourire au reste des personnes qui semblaient constituer ce groupe et Estelle avait de nouveau disparu, pour s’approcher des hommes qui venaient de rentrer. À peine avait-il réussi à descendre les quelques marches que chacun c’était retrouvé avec une chope entre les mains, les contenants dégageant cette agréable odeur de vin chaud épicé.

- « Bienvenue à la chope sucrée messieurs, puisse celle-ci vous apporter ce que vous êtes venue chercher » détaillant les masques elle s’autorisa une petite phrase « brbrbr vos masques sont dignes de la soirée de l’horreur, j’espère qu’ils ne feront pas fuir de charmantes demoiselles. » elle étira ses lèvres en un sourire « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas et si vous avez quelques nausées, pensez à sortir prendre l’air. »

Encore ce fameux clin d’œil, la tenancière avait légèrement incliné la tête et hop avait disparue de nouveau dans la foule, son plateau une nouvelle fois vide. Faisant signe aux musiciens, ceux-ci avaient arrêté de jouer, le temps pour la gérante de grimper sur une chaise et de faire son discours de bienvenue. Elle s’était hissée sur une chaise pour mieux se faire voir, et avait forcé légèrement sur sa voix pour se faire entendre

- « Mesdames, messieurs, promis je ne vais guère attirer votre attention très longtemps. Je tenais à vous souhaiter encore une fois la bienvenue à la chope sucrée et plus particulière à ce bal masqué. Puisse cette soirée vous apportez ce que vous êtes venus chercher. Les boissons sont à votre disposition n’hésitez pas à solliciter notre petite serveuse Hélène ou moi-même, également en cas de petite faim, même si nous passerons régulièrement parmi vous. » elle fit une pause, avisant un peu autour d’elle « D’ici une trentaine de minutes nous attaquerons pour les plus courageux le concours d’alcool, par groupe tiré au sort vous devrez nous transporter dans votre imagination en créant une boisson tout droit sortie de votre inspiration. Attention, interdit de rendre malade volontaire ses coéquipiers. Si vous voulez participer, venez le signifier au charmant jeune homme qui se trouve derrière le comptoir. Il ne me reste qu’à vous souhaiter une très agréable soirée. »

La musique avait presque immédiatement repris, alors que la rouquine descendait délicatement de sa chaise. Non pas sans offrir un large sourire à son frère, qui passait discrètement une main dans sa barbe, n’appréciant guère avoir été même une fraction de seconde le centre d’attention. La soirée pouvait cette fois-ci réellement débuter. S’approchant doucement du membre de sa famille, la rouquine s’était mise à rire. L’homme à la chevelure châtain clair, coupé court et à la barbe un peu trop chargé au goût d’Estelle la dévisageait. Avait-il fait l’effort de porter un masque renard tout comme sa sœur, afin de pouvoir être identifié comme un organisateur.

Information HRP a écrit:

Les inscriptions pour le concours de réalisation alcoolisée se fait donc ce tour-ci. Un petit mot que vous allez vous inscrire auprès du monsieur au masque de Renard et hop. Précisez que vous donnez votre prénom, ou un surnom, peu importe.
Les groupes seront ensuite tiré au sort puis constitué.

Pour ceux souhaitant encore rejoindre le bal c'est possible, évidemment.

Bon jeu

Les deux comparses eurent l’air un peu médusé par la réplique très empruntée de leur vis-à-vis mais Hermine s’esclaffa rapidement tandis que son frère retenait avec peine un sourire moqueur. Mais à la question suivante, ce fut son tour d’éclater de rire en passant un bras en travers des épaules du jeune homme.

— HAHA ! Tu veux l’embrasser ELLE ? HA ! Hey, surtout compte bien tes dents après, mon gars !

Hermine pinça les lèvres dans un air faussement outré avant de lui bourrer un coup de poing dans l’épaule.

— Espèce de mufle ! C’est clair qu’avec ta sale trogne c’est pas une jolie demoiselle qui te demandait un baiser.

Les deux se mirent à rire, visiblement peu enclins à se chercher vraiment querelle. Une chope de vin chaud s’interposa alors entre les trois convives, attirant l’attention. C’est que de l’alcool qui tombe du ciel, ça n’arrive pas souvent. Cette fois il était accompagné d’une jolie rouquine avec un masque de renard qu’Hermine reconnue comme la patronne puisqu’elle était allé lui demander un verre un peu plus tôt. Elle lui rendit son sourire, amusée d’être ainsi encouragée à devenir ce qu’elle n’était pas. Puisque c’était si gentiment demandé, elle n’allait pas se priver. Profitant que leur invité involontaire ait désormais les deux mains occupées, la jeune femme lui attrapa un coin de col et se pencha vers lui pour piquer un baiser sur ses lèvres.

— Voilà pour clouer le bec à mon imbécile de frère, dit-elle avec un sourire en coin tout en acceptant la fleur, qu’elle glissa dans ses cheveux. Maintenant je vous propose de commencer à vider ces godets parce qu’il va bientôt me prendre l’envie de danser et ça tombera sur l’un de vous deux.

Abel pouffa de rire comme un enfant et libéra l’homme masqué – encore un fois – pour lever sa chope et trinquer.

Tu t’avanças légèrement pour regarder la foule, observant chaque détail, et particularité de la foule. Ton travail était la priorité, tu devais avant tout t’occuper des problèmes et t’occuper de ceux qui risquent d’arriver. Alors, que tu t’apprêtais à partir, la rousse s’adressa à toi pour te remercier et te répondre. Résoudre les problèmes en douceur, voilà qui allait être compliqué. Si des combats commençaient, tu te devais d’intervenir par la force, heureusement tu n’étais pas seul. Vous étiez trois dedans et deux dehors. Cinq au total, un groupe largement suffisant pour faire sortir les troubles fêtes. « En douceur. J’essayerais, mais je ne promets rien. »

Tu la fixas prendre son courage à deux mains, et le plateau de choppes avec. Elle repassa devant toi pour te faire un clin d’œil et te demander d’aller travailler. Expliquant que tu devais aller aussi t’amuser si tu reconnaissais certaines personnes et qu’elle n’était pas un fangeux, mais une patronne sympathique. Tu répondis encore froidement.« Si je les reconnaissais, ça ne gâcherait pas le thème de la soirée ? »Elle repartit sans donnée de réponse. Tu restas un moment en place, réfléchissant à tout cela mais enfin, la réponse t’apparut de manière évidente. Tu te fichais de l’identité de ceux que tu croisais, tu devais t’occuper des problèmes avant tout. Tu fixas alors la tête de chacun des clients, retenant avec détails chacun de leur faux visage et les détails de chacune de leurs tenues. Tu devais faire de ton mieux pour reconnaitre chaque personne ici. Un loup, deux blondes en masque léger noirs en tenue noirs, une femme avec un masque de coquillage, un homme de fleur mais pas dans la fleur de l’âge qui allait vers un masque rouge. Un en toile de jute avec un autre avec une cagoule accompagné d’un homme avec un masque de femme… Ou alors c’était une femme, mais la pauvre devait avoir des problèmes pour afficher son genre.

Pour le moment, il ne semblait y avoir aucun problème, parfait. Mais il vaut mieux prévenir que guérir. Pendant que la rousse dansait à travers la foule pour les servir, tu fis tranquillement le tour pour observer la foule. Tu étais armé, hors de question de passé au milieu de la foule. Si tu te faisais voler ton arme ça pourrait poser problème. Pour le moment, tu te devais d’être discret et faire le tour de la pièce. L’homme en fleur semblait vouloir jouer avec les dames et celle-ci jouait avec en retour. Une blond en noire se mit dans un coin… Étrange, elle attendait peut-être quelqu’un…

Alors que la rousse annonçait la première activité de la soirée, tu savais déjà bien ce que c’était. Donc aucun intérêt d’écouter. Tu t’avanças vers la femme en noir dans le coin. Estelle lui avait déjà donné une bouteille, mais … Tu sentais quelque chose d’étrange. Elle était assise dans un coin pour être le moins visible possible et avoir la meilleure vue sur la foule… C’était étrange. Tu t’avanças vers elle calmement, toujours la main droite sur la garde de ton épée. « Vous attendez quelqu’un mademoiselle ? » Tient … De plus près on pouvait voir clairement que ce masque représentait un chat. Au moins, tu pouvais différencier les deux blondes comme cela.

Un concours de création de boissons ? Quelle drôle d’idée que celle-ci ! Singulière, mais récréative, à en croire les quelques volontaires qui se dirigeaient, le pas guilleret, vers le jeune homme installé derrière le comptoir.
En général, dans ce genre d’établissement, les clients se livraient à une toute autre activité, à des concours irréfléchis et malvenus. Combien de pintes et de verres pouvaient donc avaler cul-sec un vieux truand avant de vomir et perdre le peu de ses économies, initialement destinées à nourrir femme et enfants ?
Ici, tout semblait différent. Presque plaisant. Du moins, pour le moment.

Le pas hésitant, Ascelin se mêla davantage à la foule. Il sentait l’euphorie qui régnait, mais aussi la méfiance, la crainte, et un brin de malhonnêteté. Au sein d’une telle masse, on cesse, malgré soi, d’avoir son libre arbitre. On veut ce que la foule veut. On fait ce qu’elle fait. L’odeur du pain, des légumes chauds et de la soupe embaumait l’espace. Le vieil homme, affamé, abruti par la fatigue, savourait par petites gorgées la boisson offerte, conscient que ses maigres finances ne lui permettront pas de se nourrir convenablement ce soir. Il pourrait tenter bien sûr de glaner quelques bouchées du délicieux repas...mais sa raison le poussait à ne pas commettre pareille erreur, surtout en présence de si nombreux témoins.

Le souffle court, il porta son regard sur la tenancière. L’on disait qu’elle se prénommait Estelle de Chantauvent. Ce petit brin de femme n’était pas plus grande que la plus âgée de ses filles, Adélaïde. Elle n’était pas parfaite. Mais elle dégageait quelque chose qui ne laissait pas le vieil homme insensible. Peut-être sa chevelure rousse et flamboyante, ses yeux bleus tirant vers le gris et son ravissant sourire y étaient-ils pour quelque chose. En vérité, bien qu’imparfaite, elle n’en restait pas moins magnifique.

Ascelin l'approcha, au début hésitant, puis finalement animé d’une assurance presque insolente. Un sourire aux lèvres, les derniers mots qu'Estelle lui avait adressé en mémoire, il s’inclina devant la tenancière :

- Si je dois danser, alors je préfère autant que ce soit avec vous. Madame, demanda-t-il, m’accorderez-vous cette danse ?

L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque et il dira la vérité.

C'était ma chance ! Cela faisait quelques jours que j'avais obtenue un poste à la chope sucrée, une auberge qui avait ouvert ses portes récemment. Il est vrai que j'en avais déja entendu parler quand je travaillais autrefois dans l'auberge du vieux quartier. J'y avais vu une occasion en or de sortir de là, et plus vite sera le mieux ! Je n'avais guère attendue plus longtemps pour me présenter auprès de la matrone, une grande rousse au regard pétillant et au sourire chaleureux. Elle m'avait bien accueillie, je lui fus reconnaissante de ne pas avoir posé des questions quand à la raison de mon départ de l'auberge dans lequel je travaillais avant, ni mes origines. Elle semblait fonctionner au feeling, et cela m'arrangeais bien au final. Elle m'avait ainsi prit à l'essai, et je ne comptais pas la décevoir. J'avais pas mal d'expérience dans la poche, je connaissais l'attitude imprévisibles des hommes quand ils boivent, je savais comment recadrer les plus entreprenants. Ce fut donc avec une motivation irrationnelle que j'étais venue quelques heures avant l'ouverture du bal. J'avais pris note des différentes instructions du boss, et m'étais aussitôt attelée à les respecter. Un plateau rempli dans une main, des verres vides dans l'autre. Je dansais d'un coin à l'autre tout en resservant les clients qui en avaient besoin. J'écoutais les différentes conversations d'une oreille, attentive à ce que tout le monde soit satisfait de la soirée. Car après tout, si les choses en venaient à tourner au vinaigre, j'allais en payer les pots cassés....

Tout en butinant de client en client, je remarquais les nouvelles personnes qui affluaient à l'auberge. Il y en avait pour tous les goûts et les couleurs. Des gens de rangs différents songeais-je un instant. J'avais remarqué également depuis le début de la fête le milicien qui patrouillait d'un coin à l'autre, observant avec attention chacun des invités. Il prenait son rôle à coeur. J'avançais tout en continuant à l'observer quand soudain je trébuchais sur un objet au sol et bouscula au passage un homme dont le masque semblait avoir été créé à la hâte. On aurait dit une de ces personnes dont on avait enfilé un sac à pomme de terre sur la tête, sauf que celui-là, avait fait exprès de faire des trous au niveau des yeux pour mieux y voir. Néanmoins, il ne devait pas y voir grand chose quand même ce lascars. J'étais certaine que c'était un homme, vu la carrure et les vêtements qu'il portait. Forte heureusement, je n'avais pas renversée les 3 gobelets remplis que j'avais sur mon plateau. Ce fut avec un soupir de soulagement que je repris dans l'autre main les boissons et me fondis en excuse auprès du nouveau venu :

« Veuillez m'excuser.... Je vous assure que je n'avais aucune intention de vous arroser dès votre entrée à la soirée ! Pour la peine voici de quoi vous désaltérez pour bien débuter cette fête vous et vos amis »

Elle leur tendit les boissons, un large sourire étirant ses lèvres...

Masque renard :

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