[Terminé] Bal Hivernal - ouvert à tous et toutes

Ces bals masqués auraient offert matière à réfléchir pour notre ineffable échalas, s'il n'avait point été occupé à jouir de l’anonymat de son masque pour reluquer les danselettes proches de lui. C'est que pour beaucoup, se grimer ne semblait avoir été qu'un prétexte pour s'affubler d'un bijoux supplémentaire et un peu original, mais non pour se dissimuler. Ça et là, d'accortes donzelles cachaient à grand peine leur visages avec de maigres bandes de tissus, ou mieux encore, portaient quelque déguisement qui soit complètement transparent. Ce n'était guère différent des soies dont on drapait les putains sur les étals, qui quoique cachant la chair permettaient aisément de tout voir. Adonc, la conclusion était fort simple : si certains demeuraient désireux de se dissimuler, d'autres cherchaient à s'exhiber.

Notre héros n'eut ainsi guère de mal à reconnaître la taulière, madame Estelle, lorsque celle-ci vint leur servir à lui et ses acolytes un breuvage en guise de bienvenue. Ce n'était pas tant son déguisement que sa propension à venir aborder les clients avec des chopines qui avait trahi la patronne, du reste d'ors et déjà connue du trio qui vivait désormais en face de l'édifice. « Vous êtes bien bonne, madame Estelle, répondit le centenier, ce qui dut sonner comme un ahanement étouffé, on tâchera de s'enjailler, parole. » Mais à peine avait-il prononcé ces quelques mots que la drôlesse s'en était allé pour apostropher la foule et les inciter à la consommation. Drôle de concours, en vérité, que celui poussant à créer de la boisson ; un taulier plus finaud aurait encouragé à les vider.

Cependant, avant même que notre trio ne puisse se soucier d'étancher sa soif, et de se confronter par là même à impraticabilité de leurs costumes, voila que les reîtres devaient à nouveau être dérangés, quand débarqua une drôlesse en passe de tomber. La jeunette, habile, se reprit toutefois sans trop de casse, et bientôt, pour s'excuser de la gêne, tendait à nos compères une boisson chacun, qui se regardèrent dès lors interdit. Tout trois tenaient d'ors et déjà une chopine dans la main droite, voila qu'ils se retrouvaient avec une seconde dans la gauche. Or, leurs masques leur recouvraient le gosier, et ils se trouvaient devant un problème pratique certain.

« C'est moult aymable à toi, ma belle, lança le centenier, mais tu vois bien qu'on est marron, céans. Allez, t'es bonne fille, je gage, aide moi donc, remonte moi cette calotte assez haut pour que je puisse boire. »

Visiblement, mon petit jeu n'avait pas eu l'effet escompté auprès du gaillard, qui se mit aussitôt à railler son amie. Il ne devait pas faire bon chercher des noises à cette petite drôlesse, pour que son compagnon aille jusqu'à me conseiller de prendre garde à ma dentition. Cette dernière le rabroua vivement, sans qu'il n'eut mot à dire. Ils semblaient tout deux partager une belle amitié pour se renvoyer la balle de la sorte.

Alors que le bras du plus grand m'écrasait un peu les épaules, une jolie femme rousse au masque de renard s'interposa entre nous trois. Me fichant une choppe entre les mains, elle me complimenta sur mon apparat, avant de reprendre sa course à travers la taverne en nous avisant qu'elle se tiendrait à disposition en cas de besoin. Sans doute une serveuse, devait-elle être la taulière de ces lieux. Mais brusquement, quelle ne fut pas ma surprise lorsque ma locutrice précédente pressa ses lèvres contre les miennes, pour renchérir au jeu qu'elle entretenait avec son comparse. C'était une sensation bien étrange, un peu désagréable et qui m'était totalement inconnue, que de goûter au baiser d'une femme. Un peu perturbé son action, je fendit mon visage d'un large sourie pour tenter de dissimuler ma gêne, et lorsque sous son masque rouge elle m'invita à boire avant d'aller danser, je sautai sur ce prétexte pour boire une grande rasade de ma chopine. Le goût de cette boisson épicée fut si surprenant, que je ne manquai pas de m'étrangler avec la seconde gorgée. Un peu pataud, je m’essuyai la goule d'un revers de manche sans oublier de conclure fièrement, en gardant mes manières exagérées.

- Ce n'est rien, mes braves! Demain, j'irais dans mon château faire laver cette chemise par une centaines de domestiques !

*Mais bien sûr!* songeai-je en riant au éclats. Bientôt, celle qui m'avait épargné la peine d'aller chercher de quoi étancher ma soif, grimpa sur son comptoir pour souhaiter à toute l'assistance une bonne et agréable soirée. Elle lança, par la même occasion, un départ officiel à cette fête en annonçant un jeu de création. Bien entendu, je devais y participer et il ne pouvait en être autrement.

- C'est une bonne idée, non? Avec un peu de chance, on sera dans la même équipe, et on pourra danser pour fêter la victoire !

J'adressai un clin d’œil à celle qui m'avait arraché un baiser, et époussetai l'épaule de son ami, en profitant bien de tâter ses muscles au passage. Il n'était pas déplaisant à l’œil, et si j'avais imaginer qu'il puisse débourser quelques piécettes, je n'aurais pas manqué de le courtiser. Je prit le chemin du comptoir, en les incitant à me suivre d'un geste de la main. Une fois rendu devant celui à qui il fallait mentionner notre participation, je continuai ma représentation un fois qu'il m'eu remarqué.

- JE....suis le SEUL, et l'UNIQUE....Messire de...De la Courtetige!

J'entendis quelques ricanements autour de moi, mais au moins je trouvais cette petite comédie fort divertissante.

Lanre avait bien envie d’aller à ce fameux bal hivernal mais au fond de lui, il était persuadé qu’il serait recalé à l’entrée. Et rien que pour tenter le diable; il avait très envie de s'y essayer. Il était aussi convaincu que le coup en valait la chandelle. C’est qu’il était très intéressé par les soirées de ce genre. Et pour les raisons de s’y rendre, ce n’était pas les idées qui manquaient dans son esprit. Aller fouiller les masures abandonnées, c’était bien, c’était l’assurance de trouver des objets intéressants sans le risque qu’on vous questionne de leur provenance ou qu’on vous prenne la main dans le sac. Mais hélas, c’était dangereux. Il y avait des fangeux partout. Et il savait pertinemment qu’il finirait par se faire croquer un jour. Non, il fallait penser à l’avenir. Et l’avenir était dans les poches des hautes sphères de la cité. Quoi de mieux pour un roublard que d’infiltrer la noblesse et pour cela, il fallait se faire des amis.

Aussi, la tentation était trop grande, il prit les plus beaux vêtements qu’il avait et se dirigea vers les lieux de festivités. Bon, sa chemise de lin grisâtre avait connu quelques mites et possédait quelques trous ici et là mais les gens n’y verraient que du feu ! Sans compter, le cuir de son gilet entre-ouvert qui semblait fatigué ou sa redingote de cuir qui avait connu bien trop le goût des faubourgs pour être d’une couleur uni. Seul son pantalon de cuir était à peu près correct si ce n'est cette fameuse estafilade là où le cuir moulait sa cuisse, vieux souvenir qu'il ne préférait pas ressasser. Mais bon, tout le monde n'a pas une garde-robe fournie. Et un petit coup de frottage par ci pour redonner vigueur au cuir, un coup de chiffon sale sur ses chausses de cuir et ça passerait. C’est pas comme s’il voulait séduire une princesse après tout. Il voulait juste boire quelques coupes avec la populace histoire de se faufiler dans la haute cour de la cité. Puis, il avait un outil d’attraction. Oui, cette magnifique chifoni médiévale cabossée, il l'emporterait avec lui. De quoi attirer toutes les donzelles du bal intriguées par cette drôle de boîte en bois à manivelle. Bon, il ne fallait pas quand même qu’il fasse trop fureur, la discrétion était de mise quand même. Et surtout, c'était pas un maestro.

Et c’est ainsi qu’il se présenta à l’entrée avec son instrument de musique pendant contre le bas de ses reins. Les gardes lui dirent qu’il fallait un masque et il répondit en acquiesçant qu’il savait avant de brandir un merveilleux bout de tissu blanc vestige d’un drap piqué à quelques lavandières. Pour finalement l’enrouler autour de son crâne et le nouer. Il l’avait pris en lin, car, s’il n’y avait pas trop de plis, vu que les mailles étaient espacées, il pourrait voir à travers. Ce qu’il y avait de bien c’est qu’il pourrait voir sans être vu en retour. En tout cas, si les convives voulaient savoir la couleur de ses yeux, ils pourraient essayer un autre jour !

Puis, une fois fait, les gardes lui demandèrent ce qu’il y avait dans la boite, aussi glissant l’instrument de musique sur son côté, il ouvrit le couvercle pour leur montrer qu’il n’y avait rien de spécial, pas d’armes, c’était juste une boite avec un mécanisme à l’intérieur, un clavier, une roue et une manivelle. Rassurés, les gardes le laissèrent entrer.

Soulagé, Lanre souffla, heureux d’avoir réussit à passer l’étape la plus dure : Franchir les gardes. Puis, il se mêla aux convives pour aller chercher un verre, n’importe quoi. Quelque chose à boire.

[Le bandage ne fait pas autant de tours autour de sa tête, sinon, il n'y verrait vraiment rien]

Sam reste bien dans son coin, espérant être discrète, ce qui ne marche pas, elle n’a pas échappé à l’œil de Lynx de la tavernière puisque cette dernière vient se planter devant elle en lui tendant une choppe de vin chaud épicé. La jeune femme s’en empare en la remerciant, mais elle ne dit rien de plus, hochant simplement la tête pour montrer que tout va bien de son coté, ce n’est pas comme si Sam était une grande bavarde de toute façon. Une fois seule, elle boit une gorgée de sa choppe, tournant le regard vers Estelle propose une activité qui peut être marrante, mais totalement inutile aux yeux de Samara, mais bon, elle ne sait pas s’amuser de base, donc faut pas espérer qu’elle trouve ce genre de chose amusante ou utile. Elle soupire ensuite en entendant Cross quand celui-ci la rejoint. Mouais, bon, pour la discrétion, ce soir ça ne servira pas à grand-chose faut croire.

« Non, je n’attends plus personne maintenant puisque tu es là… »

Dit-elle simplement d’un ton monocorde en le fixant à travers son masque, n'est il pas censé la coller pour pouvoir payer sa dette ? Le reconnaitre physiquement n’est pas facile, mais une fois qu’il parle, il est grillé à des kilomètres à la ronde, surtout avec sa façon de s’exprimer assez similaire à celle de la jeune milicienne.

« Peux-tu retirer ta main de la garde de ton épée, maintenant ? Je ne suis pas un danger, je n’aime juste pas être parmi la foule, Cross… »

Elle ne le quitte pas du regard pendant qu’elle prend une nouvelle gorgée de sa boisson, croisant ensuite les bras. D’un rapide coup d’œil elle regarde ce qu’il se passe dans la salle, mémorisant tout mais s’en désintéressant la seconde suivante pour se concentrer sur son comparse.

« Tu es une des rares personnes à être armée alors que les armes sont confisquées à l’entrée, je présume donc que tu t’occupes de la sécurité… »

Puisque tu es là ? Pour le coup, tu avais l’impression que la demoiselle attendait juste qu’un homme l’abord… Sauf que tu n’étais pas là pour ça, et c’est bien pour ça que tu gardais la main sur ta garde. À la fois pour être prêt en cas de problème et montrer bien que tu n’étais pas là pour plaisanter ou t’amuser. Tu la fixas, cette demoiselle à la poitrine généreuse, la robe blanche, avec un masque de chat et des cheveux que tu avais déjà vus quelque part. Cependant, pas moyen de mettre la main dessus. Pour le coup, tu pensas à Sam, mais il n’y a aucune chance que ça soit-elle. Elle était juste trop efféminée. Tu savais maintenant que c’était une femme, mais aucune chance qu’elle puisse être une telle beauté. Même si tu te fichais pas mal de la beauté et des choses superficielle, il y avait des choses si évidente que même toi tu pouvais le remarquer.

Elle te demanda alors de retirer ta main de ton épée… Est-ce qu’elle essayait vraiment de s’occuper avec toi, ou elle cherchait à t’amadouer pour mieux t’utiliser. Pour le coup, tu restas stoïque et ta main s’accrocha juste encore plus. Prêt à la sortir si elle comprenait que son plan ne marchait pas sur toi. Cependant, elle … Cita ton prénom. Elle te connaissait alors, ou bien c’est un mauvais souvenir qui revenait pour te hanter ? Tu ne la lâchas pas du regard la fouillant du regard, des pieds à la tête. Cherchant à voir une arme à travers ses vêtements. Elle n’aimait pas la foule, logique si elle restait dans son coin. Tu tournas un moment la tête vers la foule qui commençait à gonfler et s’amuser. Il fallait juste espérer que personne ne gâche la soirée.

Elle continua, faisant une autre réflexion bien pensée mais rien ne prouvait qu’elle ne te veuille pas du mal. Tu ne lâchas pas ta garde en la fixant et en vérifiant que personne ne s’approche par une autre direction. « Une réflexion logique, je suis armé et je le montre. C’est donc logique qu’on me prend pour un homme de la sécurité vu que c’est mon travail. J’aurais pu cacher ma lame et me mêler à la foule pour facilement trouver les fauteurs de troubles mais je ne sais pas m’amalgamer à la foule. Cependant j’ai une question. Comment connaissez-vous mon nom ? »

Estelle détaillait avec une affection non dissimulée son frère, sans lui, tout ceci ne serait guère possible, la rouquine en avait parfaitement conscience. Derrière son masque de renard, la tenancière avisait la salle, les couples d’un soir qui s’autorisaient une danse ou deux, ou plus, les groupes qui discutaient et les consommations qui partaient convenablement. La soirée était une réussite, du moins son lancement. Régulièrement la porte de l’établissement s’ouvrait pour laisser entrevoir une nouvelle silhouette masquée, femme, homme et même une bandelette. Le masque avait tiré un sourire à celle à la chevelure de feu, sourire qui s’efface une seconde, alors qu’un individu qu’elle avait servi peu de temps avant s’incliner devant elle, évoquant la possibilité d’une danse. Confuse, aucun mot ne s’était exfiltré de ses lèvres, le regardait-elle parfaitement camouflé, protégeait derrière ses oreilles renardes et sa tignasse rousse. Passant une main à l’arrière de sa nuque, frottant légèrement de ses doigts fins, fut-elle heureusement que ses pommettes soient invisibles pour ne pas trahir la roseur de ses joues. Ce fit la main de son frère la poussant légèrement jusqu’à l’inconnu, qui provoqua une première réaction, et ce fut la voix du charmant jeune homme qui offrit la première réponse.

- « Je vous confie ma sœur messire, prenez-en soin. Une danse ou plus, attention néanmoins à vos pieds, elle est maladroite.»

Poussée dans la gueule du loup, fallait-il bien l’admettre, la renarde était prise aux pièges. Tendant sa main, elle inclina doucement sa tête, étira le tissu de sa jupe longue de l’autre main, le tout dans une révérence convenable, signe de son habitude. Pouvait-elle réellement lui accorder ses danses. Étirant définitivement ses lèvres dans un sourire, elle glissa sa main au niveau de son bras, afin de l’entraîner vers la piste de danse.

- « Une danse alors monsieur le loup » souffla-t-elle avec délicatesse « Mais comme mon frère vous l’a signifié, vous me pardonnerez à l’avance pour vos pieds. » plaisanta-t-elle

Une fois face à lui, difficile pour elle de savoir comment se positionner, quoi faire ou simplement quoi dire. Estelle était dans l’inconnu, ne jouait-elle plus le jeu de la séduction depuis bien longtemps, trop longtemps et maintenant qu’un homme masqué se présentait-elle devant sa petite personne prêt à partager un moment agréable en sa compagnie, ou presque. Silencieuse, elle avait de nouveau fait une petite révérence, toute danse commençait de cette façon-là. Glissant sans main dans une de celle de son cavalier, la danse pouvait débuter, toujours entre juste distance et proximité, au rythme de l’ambiance musicale parfaitement réalisée. La rouquine écrasait inévitablement les pieds de son partenaire, mais toujours légèrement furtifs, signe de sa maladresse et de sa gêne légère.

- « Pourquoi un loup ? » questionna finalement la gérante « Pour l’aspect prédateur de la bête, ou pour une tout autre raison ? » l’interrogea-t-elle avec un brin d’humour

De l’autre côté, derrière son comptoir, l’homme renard, le frère regardait sa sœur faire quelques premiers pas pour essayer de profiter, de passer une bonne soirée, difficilement. Lui venait d’accueillir et d’inscrire un premier participant. L’homme fut visiblement amusé par la situation, difficile de louper cet homme visiblement guilleret et plein d’entrain.

- « Messire de la Courtetige » s’exclama-t-il « Vous êtes définitivement notre premier inscrit et pour fêter ça, puis-je vous offrir un terrible secret ? Vous gagnez de choix d’entraîner dans votre chute alcoolisé le ou la partenaire de votre choix. »

Celui qui était un Co gérant de fortune, uniquement là pour soulager sa sœur cadette, parlait d’une voix forte et pleine d’assurance. Conscient que cette première animation devait fonctionner, il avait tenté d’attirer l’attention et profitait même d’un changement de musique pour faire un rappel :

- « N’hésitez pas à venir vers moi pour vous inscrire, pensez aux récompenses surprises ! Faites marcher votre imagination et venez revoir messire Courtetige pour le battre dans ce concours de création alcoolisé ! »

L’appel était lancé, ne pouvait-il guère faire mieux, s’il s’avérait nécessaire irait-il jusqu’à aller dans la foule pour trouver ses participants. Il n’en faisait aucun doute. Sa sœur étant occupée, l’homme prenait donc volontiers le relais. Attrapant un plateau, il avait repéré un arrivant qui n’était pas encore servi, réajustant le masque de renard sur son visage, il avait rempli une chope de vin chaud et avait abandonné son comptoir. Passant derrière la blonde à l’essai, il lui adressa un sourire chaleureux pour l’encourager, Estelle avait eu un bon feeling avec cette petite jeunette, ne devait-elle pas la décevoir. Une fois face à monsieur bandelette, le gérant de substitution tendit la chope, essayant de répéter les mots que sa sœur formulait à chaque fois qu’elle saluait un nouveau client.

- « Bonsoir, bienvenue à la chope sucrée, puis-je vous offrir une chope ? » curieux, tout comme sa sœur osa-t-il le questionner « Attention à ne pas chuter, vous ne devez guère voir grand-chose derrière votre ‘masque’, non pas ? Si cela vous intéresse, un concours de création d’alcool va débuter, sinon la piste de danse est à votre disposition. »

Un sourire tout aussi furtif que le regard qu’il venait de lui lancer, l’homme n’allait sans aucun doute pas trop traîner pour retourner derrière son comptoir et prendre les inscriptions arrivant.

Informations HRP a écrit:

Les inscriptions sont toujours ouvertes pour le concours de création d'alcool si ça vous intéresse.

N'hésitez pas à vadrouiller et à donner du jeu entre vous, l'objectif c'est de croiser des personnages avec qui il ne serait pas possible normalement de jouer

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Estelle est donc dans les bras de son loup ahah
Le frère d'Estelle non loin de Lanre puis il retournera derrière son comptoir

- Le loup a mauvaise réputation, surtout en ces temps difficiles, souffla le vieil homme en guidant sa cavalière au milieu des autres danseurs. Il est le compagnon des famines, des épidémies et des guerres. Mais contrairement à ce que l’on raconte, il n’est pas seulement la bête féroce qui hante nos forêts sauvages, prêt à se délecter de la chair de l’un de nos enfants.

Son regard se perdit un instant dans le vague, avant de se reconcentrer sur Estelle.

- Le loup est aussi le symbole de la liberté. Il ne peut être ni domestiqué, ni asservi. Il est le gardien de sa meute. Il est fidèle, sincère, sans fraude ; Contrairement à l’Homme. J’ai un profond respect pour cette créature. Mais pour vous dire la vérité, mon plus jeune fils tenait absolument que je porte un masque de loup. “Parce que ça fait peur”. Je n’allais pas contrarier cet enfant !

Le rythme de la danse entraînait les clients de La Chope Sucrée dans un tourbillon incessant. Une grande agitation régnait dans le salon. Les robes s’envolaient, s’enflammaient presque sous le jeu des bougies. Les hommes faisaient tournoyer leurs cavalières avec une joyeuse insouciance. Ils virevoltaient, se tortillaient et s’amusaient autant qu’ils le pouvaient, tandis que d’autres se gavaient de tord-boyaux et d’amuse-gueules.

Ascelin n’avait jamais vraiment aimé danser. Il trouvait cela bien trop aléatoire et confus. Il préférait de loin les lignes droites, les chiffres et les informations claires que lui offraient son travail au domaine de la famille d’Auvray. Les résultats obtenus en comptabilité ou en gestion étaient corrects ou erronés. Point. Pas d’imprévu. Jamais d’aventure.
Le domestique ne laissait généralement aucune place au hasard, hormis lorsque de sa témérité dépendait la survie de ses enfants et de son épouse, affaiblie par la maladie et la faim.

La danse s’acheva, laissant le vieil homme hors d’haleine. Elle fut immédiatement suivie d’une autre, plus rythmée encore. Souhaitant mettre fin à ces réjouissances et profiter de l'effervescence du bal pour agir, Ascelin raccompagna sa cavalière un peu rapidement auprès de son personnel et prétendit qu’un bon repas ne lui ferait pas de mal après un tel effort. Il ajouta, avant de s’éloigner :

- Vos yeux sont magnifiques. Ce fut un réel plaisir de partager cette danse avec vous.

Et mes pieds s’en souviendront très certainement pour les années à venir.

Ascelin mourait de faim. Il était trop pauvre pour acheter suffisamment de nourriture pour lui et tous ses enfants. Mais il ne fallait pas se laisser aller. Surtout ne pas penser à la mort. La mort n’était pas une solution. Il était prêt à tout, désormais, pour assurer leur survie, pour ne plus voir de larmes dans leurs yeux. Travailler plus dur, plus longtemps. Voler, si nécessaire, au risque de se faire attraper.

Le coeur battant, mais gagné par une certaine assurance, le vieil homme s’approcha du buffet. Du pain fait maison, recouvert d’une pâte faite de légumineuse, des soupes encore fumantes et plusieurs gâteau aux pommes taquinaient cruellement ses papilles. Profitant de la foule et de l’agitation passagère, Ascelin glissa plusieurs pains dans sa sacoche, peu à peu gagné par l’angoisse d’être pris sur le fait. Il n’y avait de toute façon pas d’autre solution.

Il s’était déjà retrouvé dans la même situation. Mais à l’époque, un garde l’avait repéré, et leur altercation avait très mal finie.

Hector venait d'entrer. Il avait laisser sa hache de guerre à l'entrée, comme il lui avait été demandé. Plus tôt, il était passé devant la chope sucrée et avait vu des gens masqués y faire la queue. Cela avait allumé une étincelle de souvenirs dans son esprit. Quel dommage que son déguisement de sanglier était resté à Sombrebois ! - en même temps il n'avait pas reçu d'invitation pour cette soirée là ! - il n'était là que de passage. Il s'était donc évertué à trouver un déguisement le plus rapidement possible, juste pour pouvoir être de la fête. Et, dans une échoppe qui fermait, il avait trouver ceci,

Spoiler:

une perruque de sorcière ! C'était bien... sans plus, mais sans doute suffisant pour pouvoir entrer.

- Pas du tout ! lui avait rétorqué la marchande. Il faut vous raser et... vous verrez !

La dame était de d'humeur joyeuse et savait qu'elle serait grassement payé pour la perruque et le rasage. Hector lui glissa une poignée de pièces et la commerçante déposa sur ses lèvres et ses paupières quelques pigments violets afin de lui donner un air encore plus féminin. Et le résultat fut à la hauteur des attentes de la dame. Avec ses premières rides et son nez naturellement plongeant, le noble avait une parfaite allure de sorcière, d'autant qu'il avait rabattu sa cape légèrement salie par ses nombreux voyages sur ses nobles habits pour ne point exposer une richesse qui ne seyait guère avec sa nouvelle identité.

Il arriva sur la piste de danse et certains regards le dévisagèrent d'un air effrayé... ou dégoûté. Lui qui aimait séduire allait avoir fort à faire pour ne serait-ce qu'obtenir un sourire de la part d'une belle jeune femme. Mais il était homme de défi, et il relèverait celui-ci avec bonne humeur. Et puis, en ce qui concernait les belles jeunes femmes. Il semblait ici servi. Celle qui semblait la patronne était fort à son goût avec ses yeux clairs, ses cheveux roux et sa poitrine volontaire - elle lui rappelait évidemment quelqu'un... - et une autre jeune femme, une grande blonde en robe noire et loup de fer (qu'il lui semblait avoir déjà vu quelque part) lui plaisait également.

Mais pour commencer, il s'approcha de la patronne - où n'était-ce qu'un simple serveuse ? - et lui demanda d'une voix aiguë et sadique :
- Donnez moi un verre de vin chaud à la bave d'escargot sinon je vous transforme en crapaud ! Et je vous jure qu'aucun baiser ne vous rendra votre attirante apparence. Ni celui d'un prince, ni celui d'une princesse, ni celui d'une sorcière ! Ah ah ah ah ah ! Rires sardoniques

Hector était de bonne humeur et avait du mal à réprimer quelques élastiques pas de danse au son de la musique enjouée des saltimbanques. Il était heureusement encore suffisamment lucide pour jouer une arthrose au dos et une souplesse dégradée.

Lyanna avait longuement hésité, mais l'occasion était trop belle.
Les temps étaient durs, les contrats se faisaient rares pour Rubis, et le vol à l'étalage n'avait plus rien d'attirant dans le froid mordant de l'hiver. Aussi, lorsque la jeune femme entendit parler d'un bal masqué à la Chope Sucrée, dans le quartier de la milice, elle n'avait pu s'empêcher de rêver à tout ce beau monde qui risquait de s'y presser en quête d'un peu de bonheur, d'allégresse et de légèreté. Oh, ne croyez pas qu'à l'instar de beaucoup dans la jante féminine elle se prenait à espérer y rencontrer un époux à la hauteur de ses espérances, vous seriez loin du compte. Ce qui attirait Lyanna en pareille réception, c'était les merveilles que ces dames et messieurs emportaient avec eux : argent, bijoux et autres trésors de grandes valeurs, qui lui serait si facile d'écouler ensuite auprès d'un receleur. Oui... La tentation était trop grande. Aussi, malgré le risque que représentaient les miliciens pour une voleuse de son genre, se laissa-t-elle séduire par l'idée de s'y rendre.
Par chance, dans un placard du grenier dans lequel elle avait élue domicile, elle trouva une robe de soirée, soigneusement pendue. Bien sûr, le tissu était un peu usée et défraîchis, mais la jeune femme était persuadée qu'elle ferait très bien l'affaire pour la soirée qui l'attendait. La robe était composée d'un corsage resserré, laissant nu ses épaules et remontant fièrement sa poitrine. Les jupons retombaient le long de son corps, accentuant légèrement ses hanches, et remontaient par endroit pour se dévoilés l'un l'autres, dans un tombé élégant. Le tout alliait le noir avec une couleur verte, semblable à l'écume. La robe ne semblait pas être d'une valeur excessive. C'était plutôt cette jolie robe accessible que les dames s'offraient pour aller à une soirée importante, ou à un mariage. Bien sûr, elle était un peu trop longue pour Lyanna... Mais l'ensemble n'était pas déplaisant à voir, d'autant plus lorsqu'elle eut fini sa tenue par un collier noire ras-le-cou, qui allait avec avec l'ensemble.
Elle releva ses longs cheveux roux et les attacha en une coiffure mêlant tresses et chignon-banane, quelque peu négligé. Une mèche ondulée, oubliée, dégringolait sur son épaule.
Il ne lui manquait plus que le masque... Mais elle n'était pas inquiète à ce sujet.

Arrivée devant l'établissement, Lyanna n'eut aucun mal à soutirer son loup à une femme qui discutait dehors, sans se rendre compte qu'elle était la toute première victime de la voleuse, pour la soirée. Le masque finissait sa tenue, fait de dentelles emmêlées, noires, et qui laissaient voir par les fentes ses yeux bleus azurs.
Bien entendu, la jeune femme n'eut pas de traitement de faveur, et fut elle aussi fouillée à son arrivée. Elle eut un léger sourire : quelle bonne idée elle avait eut de laisser son poignard chez elle ! Aussi, c'est sans encombre qu'elle passa la porte et pénétra dans l'établissement où pas mal de monde savourait déjà leur soirée.
Lyanna adopta une attitude tranquille et assurée. Rien ne servait de se pressé. Quitte à être ici, autant profiter de la soirée ! Il y avait à manger, et il ne fallait jamais se priver de nourriture lorsqu'on en avait sous la main. Elle s'approcha donc en tout premier lieu du buffet, laissant vagabonder ses yeux avertis sur la foule, à la recherche de quelques potentielles victimes à alléger de leur fortune...

- Intéressant... murmura-t-elle pour elle-même.

D'un regard, elle nota la position de la plus part des miliciens chargés de l'ordre dans l'établissement. Ca ne serait pas facile... Mais elle n'avait pas gagné une telle renommée de voleuse sans se lancer de défis !
La soirée promettait d'être riche en émotions ! Tout du moins, espérons le...

Loup & Inspiration de la robe:

La lune tronait haut dans le ciel altière et fière comme seule savait l'ètre la gibbeuse par une nuit de ténèbres. Pressant le pas sans pour autant me défaire de la nonchalance trompeuse de mes pas martiaux, je me surpris à sourire sous le masque de nacre et d'or ne représentant en rien un animal mais bien une moitié de visage richement ornée. La soirée devait déjà avoir commencée depuis un bon moment à la Chope sucrée et pourtant je respirais l'air frais de cette nuit comme si j'avais tout le temps du monde devant moi. Dans mon sillage Francis et quelques chevaliers de ma suite arboraient masques et costumes chatoyants. Un véritable carnaval ambulant dans les rues de la ville basse voilà ce que nous étions. A cela près que la dite procession vers une soirée agréable à défaut d'ètre une de débauche était lourdement armée.

Comme si les vieux réflexes remontaient naturellement à la surface et que les spadassins au sang bleu à la querelle facile ne pouvaient s'empecher de se défier de tout ce qui ne prenait pas racine dans cet idyllique mais illusoire jardin abrité qu'était l'Esplanade. Oh, si vous leur posiez la question à ce sujet ils vous répondraient certainement qu'ils ne souhaitent qu'assurer leur devoir vis à vis de leur baron mais certains signes ne mentent pas et d'ailleurs je plaignais sincèrement le fol qui oserait s'en prendre à ma personne en dépit de ma détestable personnalité. Car tout fringuants et séducteurs qu'étaient les membres de mon escorte, il s'agissait des plus fines lames de mes survivants. Mais, l'on pourrait penser que je souhaite gacher l'ambiance alors qu'il n'en est strictement rien bien au contraire. Je n'aspire qu'à rentrer profiter de la chaleur du meilleur établissement de la cité pour y siroter l'un de ses meilleurs vins tout en félicitant chaudement la patronne pour son expertise dans le divertissement.

Nous atteignons finalement l'enseigne renommée et j'adresse un sourire canaille à l'un des vigiles à l'entrée. L'échange se prolonge quelques instants. Je n'ai pas la moindre intention de faire une esclandre et je compte bien tenir mes hommes ce soir. La Chope n'ayant rien d'un bouge miteux cependant faire suer ce bon gardien me met quelque peu en jambes. Je finis par me délester de mon acier d'abord la lame et ensuite la dague avant d'inviter mes hommes à faire de mème. Une fois nus que dis je désarmés nous pénétrons dans le saint graal. Prenant un instant pour apprécier l'ambiance dynamique et festive comme la délicieuse musique, je laisse mon regard balayer les lieux d'un air satisfait avant de me diriger vers Estelle. Comment l'ai je reconnu ? Eh bien cette rousseur habilement mariée à un masque de renard est reconnaissable entre toutes.

D'autant qu'en tant qu'habitué, j'avais passé bien du temps à cuver dans son établissement raffiné. M'inclinant courtoisement devant la tenancière ou du moins celle que j'espérais ètre la propriétaire, je saisissais délicatement sa main pour la porter à mes lèvres. Je gage que ces cheveux roux appartiennent à la plus rayonnante des femmes d'affaires de la ville. Je tiens à vous féliciter pour tout ceci madame. Tout ce que croise mon regard est un délice. Je suis persuadé qu'il en sera de mème pour mon palais. Toutes mes excuses pour ce retard des affaires m'ont retenus. Puis me tournant vers son frère, je lui lancais avec le sourire. Que me vaut ce froncement de sourcils très cher ? Votre soeur est une femme superbe. Enfin, je vais aller gouter votre vin avant que les autres clients ne se le siffllent sans moi.

Masque:

Obnubilée par la foule de danseurs, Gisèle ne vit pas la tenancière à la chevelure flamboyante s’approcher d’elle. La brune sursauta légèrement lorsqu’elle s’adressa à elle, mais retrouva vite un sourire amical lorsqu’elle réalisa qu’elle ne représentait aucune menace. Si le vin et les festivités avaient de quoi divertir, il était évident qu’elle était toujours un peu tendue : difficile d’oublier les événements de cet été, même le temps d’une soirée. Gisèle remercia la tenancière lorsque celle-ci lui souhaita la bienvenue et la complimenta sur son masque. Elle lui suggéra ensuite de prendre son courage à deux mains et d’inviter un homme à danser plutôt que d’attendre que l’un d’eux fasse le premier pas. Gisèle répondit au clin d’œil de la jeune femme par un dernier sourire, tandis qu’elle disparaissait dans la foule pour retourner derrière son comptoir. Encore un peu hésitante, Gisèle balaya l’assemblée du regard, à la recherche d’un visage sympathique, mais il était difficile d’en trouver un derrière tous ces masques. Avant qu’elle ne fasse un geste, un homme s’approcha d’elle. Sa tenue était plus travaillée que la sienne, plus sophistiquée, et le tissu était indéniablement magnifique. Contrairement à elle, il ne faisait certainement pas parti de la plèbe, et il ne s’en cachait pas. Gisèle put cependant deviner dans sa démarche et ses manières qu’il ne s’agissait pas d’un homme de la noblesse (elle les avait suffisamment côtoyés lors de ses passages à l’Effeuill’Âge pour les reconnaitre d’un coup d’œil).

« J’ai l’impression de vous connaître… dit-il, songeur. Gisèle ne put cacher sa surprise : elle s’était plutôt attendue à ce qu’il l’invite à danser. Nous nous sommes déjà rencontrés, n’est-ce pas ? »

« Marbrume n’est pas si grande, il est possible que nous nous soyons déjà croisés. Je suis sûre que je ne suis pas le seul visage familier dans cette pièce, les autres ont simplement des masques qui remplissent mieux leur rôle que le mien. » Elle n’avait pas vraiment cherché à dissimuler son identité avec ce masque, il s’agissait simplement d’un élément esthétique à ses yeux, rien de plus. Elle lui adressa un sourire poli, cherchant à mettre fin à cette conversation qui la mettait mal à l’aise sans qu’elle ne comprenne encore pourquoi.

« Non, non, je suis certain que nous nous connaissons ! »

La voix du bourgeois lui disait bien quelque chose, mais elle n’arrivait pas tout à fait à la replacer. Tandis qu’il émettait des hypothèses sur leur éventuelle rencontre, Gisèle creusait dans sa mémoire, cherchant elle aussi l’identité de son interlocuteur.

« … ou bien était-ce lors de la soirée du Baron d’Al… »

Merde, ça lui revenait ! Le bourgeois était un client de l’Effeuill’Âge et elle était sûre que, s’il la reconnaissait, elle ne pourrait s’en débarrasser. Elle n’était pas retournée dans cet établissement depuis un très long moment et elle n’avait pas du tout envie de lui expliquer pourquoi il ne l’y avait pas revue depuis si longtemps.

A la recherche d’une échappatoire, ses yeux s’arrêtèrent sur une jeune femme rousse près du buffet. Elle n’était pas accompagnée et observait la foule d’un air concentré. Peut-être attendait-elle quelqu’un ? Ayant trouvé l’excuse parfaite, Gisèle interrompit son interlocuteur et prit rapidement congé :

« Mes excuses, je dois rejoindre mon amie là-bas, la pauvre doit m’attendre depuis des heures ! Passez une bonne soirée. »

Elle lui adressa un sourire désolé, puis se dirigea vers le buffet, sous le regard confus de l’homme. Du coin de l’œil, elle remarqua que celui-ci l’observait toujours, elle n’avait de choix que de jouer le rôle qu’elle s’était imposée si elle souhaitait profiter de sa soirée.

« Lucie ! s’exclama-t-elle en s’approchant de la jeune femme, affichant un sourire exagéré. Elle ne lui laissa pas le temps de parler, craignant qu’elle ne joue pas le jeu. Je voulais pas te faire attendre aussi longtemps, désolé, mais tu me connais, j’ai pas pu m’empêcher d’aller voir les danseurs. Cette robe est très belle, le vert complimente ton t…

Elle remarqua du coin de l’œil que le bourgeois s’était désintéressé d’elle, retournant près de la piste de danse. Elle put lire la déception sur les traits exposés de son visage, mais rien qui ne puisse laisser penser qu’il l’avait reconnue. Sauvée. Elle poussa un soupir de soulagement.

Je suis désolée, elle retrouva un sourire plus sincère, j’ai pas trouvé mieux pour retrouver ma tranquillité que de perturber la vôtre, c’est un peu égoïste de ma part. J’espère que je vous ai pas dérangée. »

Désormais plus près du comptoir, elle put apercevoir quelques hommes discuter avec la tenancière, ainsi qu’un autre homme déguisé en sorcière, effectuant quelques habiles pas de danse qui ne manquèrent pas de la faire rire.

Ça et là, on l'entendait des clameurs joviales et des rires sincères et forts. L'on dansait au milieu de la piste, l'on discutait en petit groupe, l'on se délectait de vin chaud ou de quelques douceurs qui ravissaient tout à chacun.
Lyanna, elle, se sentait invisible, fondue dans la foule. Cela lui allait très bien. Etre sous les feux des projecteurs ne l'auraient aidé en rien. Elle n'était pas là pour trouver l'amour ou pour gravir l'échelle sociale. Elle était là pour affaire. Là pour démunir les plus riches de leurs exubérantes babioles, ainsi que de leur bourse emplit d'or. Pour se faire, la discrétion était toujours de vigueur.
Mais la rousse bloquait un peu. N'était il pas un peu trop ambitieux que de s'attaquer à ses larcins en un lieu si bondé, si hautement surveillé? Il y avait tant de miliciens dans la taverne qu'elle n'y avait pas un endroit calme où elle aurait été hors de la vue d'un d'entre eux. Les vols devraient donc être commis sur la place publique, sous le regard exercé des gardes... Ce n'était pas l'idéal. La jeune femme réfléchissait donc à la meilleure conduite à adoptée. Sans doute serait il préférable de se mêlé à la foule des danseurs, en compagnie d'un complice ignorant ses méfaits. Ce serait surement plus sage... Une jeune femme vagabondant seule, et qui ne semblait en rien provenant de la noblesse, attirerait trop la méfiance des miliciens. Mieux valait patienter, jusqu'à ce que la bonne opportunité croise son chemin...
Lyanna n'était là que depuis tout au plus une dizaine de minutes, et alors qu'elle se délectait d'une douceur dont la succulence ravissait ses papilles, elle vit une jeune femme, brune, vêtu de blanc et coiffée de coquillage, s'approcher d'elle un peu dans la précipitation, un sourire large et exagéré sur le visage. Lyanna l'observa avec méfiance, et comprenant qu'elle venait vers elle, regarda autour s'il n'y avait pas quelqu'un d'autre alentour qui expliquerait le pas décidé de l'inconnue. Mais non... La demoiselle se planta devant elle, et s'en perdre de temps, prit la parole :

« Lucie ! Je voulais pas te faire attendre aussi longtemps, désolé, mais tu me connais, j’ai pas pu m’empêcher d’aller voir les danseurs. Cette robe est très belle, le vert complimente ton t… »

Euh... C'était qui Lucie? Et puis d'abord, c'était qui cette fille? Se connaissaient elles? Et si oui, pourquoi s'était elle trompée sur son prénom? Le masque nacré qui ornait le visage de l'inconnue ne cachait pour ainsi dire pas son visage. Et ce visage ne lui disait rien... Et puis, la brunette parlait fort et vite, sans laissé le temps à Lyanna de protestée, la laissant là, figée, à regarder son interlocutrice avec une surprise et une stupéfaction mêlée.
Puis soudain, ça fit déclic.
Au même moment, la jeune femme retrouva une attitude moins exubérante, plus sincère. Elle lui adressa un sourire, et Lyanna comprit ce qui l'avait poussé jusqu'à elle. L'inconnue s'excusa de son intrusion. Lyanna lui adressa à son tour un petit sourire amusé. Entre femme, on finissait toujours par se comprendre.

- Un convive un peu trop collant? Ne vous en faites pas, je sais ce que c'est. Je ne faisais rien de particulier et je n'attends personne. Restez aussi longtemps qu'il vous sera nécessaire pour vous débarrassez de votre encombrant compagnon.

Même si elle avait pour habitude de mettre une barrière entre elle et les gens, Lyanna n'était pas cruelle au point de rejeter la jeune femme dans la fausse aux lions. Il fallait s'entraider entre femmes, dans ce monde d'homme.
D'un autre côté, la brune lui créait une superbe couverture. Seule, on attire moins les regards suspicieux...

- Qu'a pu bien faire ce Monsieur pour que vous vous jetiez avec tant de hâte sur moi? Etait-il d'un ennuie mortel? Trop entreprenant? Ou peut être était il simplement d'une laideur à faire peur, et ce malgré son déguisement?

Lyanna eut un petit rire et jeta un regard doux et amusée à la jeune femme.
Oh bien sûr, la voleuse savait qu'il ne serait pas utile de perdre son temps à faire les poches à son inconnu. Elle ne semblait pas être beaucoup plus riche qu'elle même. Mais un peu de compagnie, ça changeait de l'ordinaire.
La soirée continuait à battre son plein, comme si de rien n'était. Les danseurs éblouissaient la salle de leurs pas. Les convives riaient et discutaient avec joie et allégresse. Et la petite voleuse restait là, à se creuser la tête sur la marche qui lui convenait de suivre. Au moins avait elle une diversion sous la main. Par chance, elle se trouvait être agréable... Et ne pas être membre de la garde !

Estelle s’était laissée manipuler, balader d’un côté à un autre, d’un pas sur le côté, le tout en écrasant lamentablement les pieds de son partenaire. La tenancière avait écouté attentivement le discours de son interlocuteur, affichant ce qui ressemblait à un sourire sincère, ses yeux s’étaient légères écarquillés devant les paroles expliquant le choix de l’animal. Si elle ignorait qui lui faisait face, elle aurait juré soit être avec un homme particulièrement sincère, soit avec un baratineur particulièrement doué. Puis la rouquine avait fini par éclater de rire, de sa voix plutôt douce, chantante.

- « Votre fils à très bon goût » murmura la jeune femme dans un large sourire « Il faut toujours faire confiance à ses enfants, après tout, ils sont notre avenir »

Elle avait semblé se détendre, même si sa façon de se dandiner n’était pas excellente même si régulièrement le bout de ses orteils dans ses chaussures venait écrabouiller lamentablement les chaussures de son partenaire de danse. La dame Chantauvent prenait du plaisir, son visage s’était moins fermé, et ses deux prunelles détaillaient avec curiosité l’homme qui avait osé venir l’aider, elle, la tenancière de l’établissement sous le nez et la barbe de son frère. Cela lui rappelait un peu son défunt époux, l’homme lui manquait chaque jour qui passait et il avait toujours eu le don de provoquer son frangin. Puis l’instant sembla s’évaporer, laissant les joues un peu roses de la jeune femme. Il s’était éclipsé, comme ça, sans crier gare. Estelle avait tendu la main vers lui, comme pour le retenir afin de le remercier, mais il n’avait pas remarqué et c’est dans un léger soupir qu’elle l’avait vu disparaître dans un mouvement de foule. Son frère s’était autorisé à lui offrir un sourire en coin, taquin, revenant vers elle, il avait déposé une main sur son épaule pour venir ébouriffer sa crinière rousse. Un brin moqueur il lui avait murmuré à l’oreille quelques viles plaisanteries, tirant plusieurs rires à la gérante qui ne pouvait pour autant pas s’empêcher de scruter la salle. Le duo complice fut interrompu par l’apparition d’une étrange créature et si son frère dû se pincer les lèvres à de nombreuses reprises pour empêcher tout fou rire, Estelle sembla elle parfaitement maintenir l’illusion.

- « Par la trinité, vilaine sorcière ne me transformez guère en quoi que ce soit… Je vais vous chercher votre verre, le premier est offert par la maison évidemment » elle lui offrit un charmant clin d’œil avant de disparaître.

Le frère de la demoiselle en profita pour se rapprocher, tapotant gentiment l’épaule de l’inconnue, mi-femme, mi-homme, il ne savait pas trop à qui il avait à faire, mais il fallait bien avouer que l’individu avait marqué quelques points avec son costume.

- « Vous participerez bien à notre concours de boisson ? » questionna-t-il « Il faut faire le mélange le plus surprenant et bon, il faut juste vous trouver un partenaire, ou alors je vais faire les équipes par tirage ! »

Celle à la chevelure de feu n’avait pas tardé à refaire son apparition, un plateau en main avec différentes chopes de vin chaud. Le tout tenait harmonieusement en équilibre et l’ensemble fut déposé sur le comptoir pour éviter toute catastrophe, rapidement, la sorcière se retrouva avec un récipient à la chaleur agréable entre les mains.

- « Attention à ne pas perdre votre déguisement mon-ma bonne dame » fit-elle d’une voix quelque peu chantante.

Affichant un petit sourire espiègle, elle ajouta :

- « Mon cher frère cherchait justement une cavalière » elle attrapa sa main et la glissa dans celle de la ‘sorcière’ « j’ai fort hâte de vous voir danser… » fit-elle en étouffant un petit rire.

Attrapant à son tour un verre, Estelle eut du mal à retenir quelque gloussement en avisant la tête de son frère qui entraînait la brave fausse dame sur la piste de danse, bien mal à l’aise. Il ne restait cependant pas loin, avant de pouvoir surveiller sa sœur du coin de l’œil. Verre en main, la rousse n’eut que très peu de temps en solitaire, à peine avait-elle trempé ses lèvres que déjà une voix qui se voulait plus ou moins familière se fit entendre, sa main libre fut attrapée pour être baiser.

- « Nul besoin d’aller bien loin pour trouver un verre de vin » fit-elle dans un sourire tout aussi chaleureux « Laissez donc mon frère à ses jeux de sourcils, il ne semble apprécier sa danse avec notre »

Elle fit une pause, alors que déjà le frère en question revenait accompagné de sa cavalière, non pas sans un petit regard en coin, il déposa la main de Hector ‘la bonne dame’ dans celle de Ulysse, l’interlocuteur de sa sœur.

- « Madame voudrait encore danser » fit-il fièrement « n’est-ce pas ma merveilleuse cavalière ? »

Estelle avisait le tout d’un œil relativement espiègle, ses prunelles pétillants légèrement, n’était-elle pas sûr que l’inconnu masqué jouerait le jeu, mais qui ne tentait rien, ne pouvait rien avoir.

- « On ne peut guère refuser d’emmener une dame danser, non pas ? Je vous promets qu’à votre retour votre verre de vin sera toujours bien chaud. »

Elle offrit un clin d’œil autant à l’un qu’à l’autre, convaincue que ce petit incident ne porterait aucunement atteinte à la bonne ambiance de la soirée. Escaladant de nouveau son tabouret, la rousse fit entendre sa voix pour annoncer :

- « Attention, dernier appel pour participer aux concours de créations de boissons, sans quoi on passera au défilé de vos costumes et masques, nous en avons de très beaux ce soir ! À la vôtre mes chers clients et clientes à la vôtre ! »

Spoiler:

Un sourire reconnaissant éclaira le visage de Gisèle lorsque la jeune femme lui proposa de rester en sa compagnie le temps qu’il lui fallait pour se débarrasser de ce « convive un peu trop collant », comme elle l’avait si justement deviné.

« Merci, vous venez de sauver ma soirée. »

« Qu'a pu bien faire ce Monsieur pour que vous vous jetiez avec tant de hâte sur moi ? Était-il d'un ennui mortel ? Trop entreprenant ? Ou peut-être était-il simplement d'une laideur à faire peur, et ce malgré son déguisement ? »

Un léger rire lui échappa. Ignorant tout des desseins douteux de son interlocutrice, Gisèle trouvait qu’elle avait eu de la chance de tomber sur une jeune femme aussi sympathique.

« Oh, les trois à la fois je dirais, mais il en faut plus que ça pour me faire fuir, dit-elle avec franchise : dans son métier, elle avait peu affaire à des hommes charmants, intéressants et respectueux. Je connais cet homme et j’ai préféré mettre fin à notre conversation avant qu’il me reconnaisse à son tour. Je suis venue ici pour me divertir, pas pour divertir quelqu’un d’autre.

Affamée, elle jeta un coup d’œil au buffet garni d’amuse-bouche ayant l’air tous plus savoureux les uns que les autres et se servit un morceau de pain avec de la terrine. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas mangé de viande !

Je m’appelle Gisèle au fait, se reprit-elle après avoir avalé sa nourriture. Comment est-ce que je dois appeler ma sauveuse ? A moins que j’aie un talent caché pour la divination, j’imagine que Lucie n’est pas votre vrai nom. »

L’attention de tous les clients se tourna ensuite vers la tenancière qui surplombait désormais la foule à l’aide de son tabouret. Elle rappela à tous que le concours de création de boissons était toujours ouvert aux inscriptions. Gisèle n’avait absolument aucune compétence en mixologie (et donc, aucune chance de gagner, soyons honnêtes), mais cela ne semblait absolument pas entacher son désir de participer. Elle se tourna vers sa sauveuse :

« Que diriez-vous de faire équipe ? Je travaille dans une taverne : mélanger des alcools, ça ne devrait pas être bien difficile. » Elle se garda bien sûr de lui dire qu’elle y travaillait en tant que prostituée et que, bien qu’elle y jouait aussi le rôle de serveuse, elle ne touchait jamais au contenu des bouteilles.

Ascelin avait le souffle court. Il se forçait sans cesse à respirer un peu plus profondément mais, malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à expulser cette affreuse oppression qui le faisait tant suffoquer. Chaque nuit, chaque jour, ses rêves étaient plus terribles, ses insomnies plus lourdes et pesantes. Cette vie, telle qu’il la menait aujourd’hui, valait-elle vraiment la peine d’être vécue ?

Ce n’était pas la première fois que le vieux domestique volait une honnête personne. Et, au vu de l’avenir que semblait lui réserver cette sombre Cité, ce ne serait sans doute pas la dernière fois. N’y avait-il donc rien de meilleur, pour le petit déjeuner d’un sans-le-sou, que des petits pains chauds volés, accompagnés d’un peu de beurre, de confiture et d’un grand bol de lait bien chaud ? Malgré son travail, malgré le vol, ses enfants s’affaiblissaient chaque jour un peu plus. Ascelin ne pouvait rien faire de plus pour eux que d’entacher son âme par le vol, la ruse et le mensonge.

Souvent, le pain volé était plutôt difficile, récalcitrant, parfois un peu méchant : il n’arrivait à passer que grâce aux efforts farouches du mangeur. Les bouchées vous déchirent la gorge, si vous n’avalez pas un peu d’eau à chaque fois pour les enfoncer dans le fond de votre estomac. L’affamé, le crève-la-faim, est bien évidemment leurré par ce pain perfide et pauvre, qui remplit un temps l’estomac, sans jamais donner la moindre force au corps. Ce mauvais pain, ce pain amer, était souvent la nourriture honnêtement acquise des braves paysans et commerçants de la Cité. Mais le bon pain, facile à mâcher, tout en farine, chaud et d’une saveur exquise, celui-là était toujours la nourriture malhonnêtement acquise des voleurs.

Ascelin répugnait à se nourrir d’aliments volés. Ce geste n’était excusable que de la part d’un homme malade ou infirme. “Préfères-tu mourir de faim ?” lui avait un jour demandé Isabel. “Préfères-tu laisser tes enfants mourir de faim ?”. Il n’avait pas répondu. Qui donc, ayant de la nourriture à portée de main, se laisserait donc mourir de faim ? Seulement un sombre idiot. On préférait voler pour rester en vie, pour garder sa famille en vie. Il est probable que dans ces moments là, peu sont ceux qui se reconnaissent. On ne sait plus ce que l’on fait, on perd un peu la tête, on se jette sur les vivres et bienheureuses opportunités comme le loup sur un agneau esseulé. On ne distingue alors plus très bien le bien du mal. Est-ce bien agir que de s’arracher à de mortelles souffrances ?

- Attention, dernier appel pour participer aux concours de créations de boissons, sans quoi on passera au défilé de vos costumes et masques, nous en avons de très beaux ce soir ! À la vôtre mes chers clients et clientes à la vôtre !

La voix porteuse et chantante de la tenancière de la Choppe Sucrée fit sursauter le vieil homme. Le petit pain qu’il tenait en main alla s’écraser au sol comme un épais galet sur une plage de sable fin. Après un court instant d’hésitation, Ascelin s’éloigna à grands pas du buffet, le coeur battant, chaque fibre de sa peau tenaillée par un incontrôlable frisson. Il savait mieux que quiconque ce que c’était d’être terrorisé, affaibli et malheureux. Et il était clairement impardonnable d’infliger le même sort à d’autres personnes, même pour quelques bouchées de pain.

Elle était belle. Douce. Un peu mystérieuse, sous son masque de renard et sa chevelure de feu.
Et il la volait, au lieu de lui offrir ce qu'elle méritait le plus : la joie.