La traque d'une renarde PV Lyanna

Sujet: La traque d'une renarde PV Lyanna Sam 12 Jan 2019 - 0:08

En tant que sang bleu de l'Esplanade se voulant un partisan actif et loyal de la politique du duc de Sylvur vis à vis de la contribution de sa noblesse à l'effort de la lutte contre la fange, mon agenda était parfois chargé dès lors qu'une opération potentielle nous appellait mes hommes et moi en dehors des murs protecteurs de la cité. Les Griffons Moqueurs étaient une petite force professionelle sans guère d'envergure vis à vis de la milice mais ces hommes étaient mes anciens compagnons d'armes, mes féaux, mes soldats. Depuis la fange, ils étaient devenus plus que cela. Survivre au fléau avec eux avait fait de ces hommes durs et taciturnes ma famille. Celle qui remplacait celle que j'avais perdu dans l'horreur d'une nuit cauchemardesque qui bien qu'ayant fini dévorée par les flammes ne cessait de me hanter. Je passais donc le plus clair de mon temps avec mes hommes dans la caserne que j'avais pu leur procurer et lorsque je ne jouais pas mon role de commandant des passes temps de baron tels que la lecture, l'escrime, la contemplation d'oeuvres d'art ou la rédaction de poésie m'occupaient diversement. Enfin, lorsque les fètes excessives pour oublier mes tourments et noyer mes insomnies ne m'immobilisait pas au manoir. Le duc ne me condamnait pas pour mes excès. Probablement pas parce qu'il les comprenait mais parce qu'il savait que je ferais toujours ce que je devrais pour servir sa cause et celle de la cité. Cependant parmi, toutes ces activités il en était une que j'appréciais plus que de défier en duel un insolent par une nuit de beuverie. Il s'agissait de celle revenant à flaner sur la grande place marchande de la Hanse. J'appréciais particulièrement ressentir le poul de la cité, observer les marchandises sur les étals, échanger quelques mots avec les vendeurs, m'encquérir des situations, saluer des bourgeois, inspirer les fragances de mille origines, rembourser mes menus dettes mais surtout surtout écouter jouer des musiciens de rue et voir des jolies demoiselles danser devant eux. Mon coté mélomane sans doute car je pouvais rester là des heures encadré de mon escorte à contempler la vie dans ce qu'elle avait de plus sublime. Voilà pourquoi j'aimais particulièrement la Hanse parce que comme les tavernes elle était le coeur d'un monde mourant, le vestige de quelque chose de grand et de plus vaste. Adressant un signe de tète à mon meilleur ami et premier garde du corps Ser Francis de Sombrelame je laissais un sourire solaire étirer mes traits tandis qu'il jettait quelques piécettes dans le chapeau de l'un des musiciens. Me mettant soudain à danser avec les badeaux et les danseuses, je ne pouvais guère me rendre compte que j'étais filé et ce depuis un certain temps désormais. Mais, si j'avais preté une certaine attention j'aurais pu remarquer l'éclat d'une chevelure rousse à quelques pas de là. Mais, seul comptait l'instant fugace et envoutant.

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Dim 13 Jan 2019 - 18:25

Il s'était écoulé trois jours depuis que Lyanna avait fait la malencontreuse rencontre du comte de Rougelac. Trois jours où elle n'avait pas chaumé. Victor s'était montré très clair sur la situation : c'était obéir ou mourir. Dans l'amont de menaces qu'elle avait reçu, il était clair que ses méthodes pouvaient se montrer diverses et variées pour venir à bout de la petite voleuse, en cas de non respect des termes de leur accord. Aussi, voilà pourquoi si tôt sortie du manoir du noble elle s'était mis en quête d'informations pour retrouver le dénommé Ulysse de Sombreval : sa future victime.
Il ne lui avait pas fallut très longtemps pour avoir des réponses : fin bretteur et bon bagarreur, le noble était également réputé pour ses interventions à l'extérieur de la ville et ses apparitions aussi remarquable que remarquées lors des grands événements surgissant à Marbrume. On lui reporta aussi qu'il ne se mouvait jamais seul, toujours accompagné sa garde rapprochée. Autant dire qu'il ne serait pas facile à approcher...
Ne se laissant pourtant pas démontée - d'autant plus qu'elle n'avait pas vraiment le luxe d'en avoir le choix -, Lyanna prit bientôt la direction menant au repaire de sa victime : une caserne militaire, en vérité. N'étant pas très à l'aise avec toutes les personnes et bâtiments faisait figure d'autorité, la voleuse avait emprunté la voie haut perchée des toits pour observer les routines des habitants des lieux. Malgré le froid et l'humidité, elle y resta tapis, attendant le moment fatidique où Ulysse de Sombreval ferait son apparition, bien encapuchonnée sous sa cape de voyage.
Il fallut quelques heures avant que celui-ci ne se décide. Passé les portes, Lyanna eut tout loisir de le détailler, de loin, de sorte à graver son allure générale dans sa mémoire, de manière à ne pas le perdre de vue si l'envie lui prenait de se mêler à la foule. La rousse avait une bonne mémoire, il ne serait pas facile de lui filer entre les doigts. Ce qui rendait, comme elle s'y était attendu, les choses plus complexes, c'était évidement la présence de quelques gardes du corps qui lui filaient le train.
Toujours du haut de son perchoir, Lyanna traça leurs mouvements, les suivant en passant de toits en toits. Mais arrivé à la Hanse, elle n'eut d'autre choix que celui de redescendre, se mêlant à la foule tout comme eux, les suivants de son regard azur à distance.
Qu'est ce qu’espérait Victor au juste? Ce n'était pas facile de rester discrète, à bonne distance d'une personne, et de pourtant tout savoir sur tout à son sujet... D'ordinaire, lorsqu'on lui commandait un contrat d'espionnage, il y avait une chose précise, un détail à savoir. Là, la demande était tellement générale et complexe qu'elle ne savait elle même pas bien ce qu'il y avait à apprendre et savoir.
Le noble passait d'étals en étals, discutait avec quelques personnes dont elle aurait été bien incapable de connaître le nom, de choses qu'elle était bien incapable d'entendre à cette distance. Il semblait décontracté et le tout ressemblait davantage à une promenade qu'à une réelle sortie officielle. Soudain, il s'arrêta au près de musicien et sembla se laisser imprégner par la musique. Après avoir jeté quelques piécettes dans un chapeau, il se laissa emporté parmi les danseurs et saltimbanques, se mêlant avec un certain ravissement à la joie environnante. Lyanna l'observait de loin, un peu contrarié par la situation. Elle était là contre son gré, et cette mission promettait d'être bien difficile. Elle devrait sans doute l'approcher pour en apprendre plus, mais difficile de le faire alors que plusieurs hommes ne quittaient eux même pas des yeux l'homme en question. Et vu le délai qui lui était accordé... Elle n'avait plus le choix, elle devait se décider.
Le moment lui semblait opportun. Elle n'en aurait peut être pas de nouveau avant un moment. Et s'il lui prenait l'envie de retourner à la caserne, alors elle perdrait encore un temps pas possible à attendre qu'il en sorte à nouveau.
Lyanna prit une grande respiration pour se donner du courage et de la force. Puis, d'un pas décidé, alla à son tour se mêler aux danseurs, tâchant d'afficher un sourire naturellement joyeux et avenant. Elle n'était pas loin du noble, mais ne c'était pas précipité sur lui pour ne pas éveiller les soupçons de ses gardes. La danse était folle et entraînante. La chevelure de feu de la jeune femme valsait le long de son dos et sur sa poitrine. Elle s'efforçait à s'appliquer, bien qu'elle ne fut pas une fantastique danseuse. Et même s'il semblait qu'elle tournoyait sur elle au rythme de la musique, son regard bleuté ne quittait pas le noble plus de quelques secondes.
Profitant d'une petite accélération de la danse, elle feignit trébucher, se jetant en légèreté dans les bras d'Ulysse de Sombreval. Elle leva les yeux vers lui et lui adressa un petit sourire innocent et désolé.

- Oh, je vous prie de m'excuser, Messire... Je me suis laissée un peu trop emporter. Je crains être une piètre danseuse.

Elle eut un petit rire, puis avec délicatesse, elle posa ses mains sur lui. Elle fit mine de vouloir parler à voix basse, usant de sa voix suave comme si elle pouvait avoir le pouvoir de convaincre le baron, rapprochant un peu son visage - mais pas trop - de son oreille.

- Je vous en prie, épargnez moi du ridicule et faites moi danser un court instant.

Lyanna plongea à nouveau ses yeux dans ceux de son interlocuteur, priant pour que tout le monde n'ait vu que du feu dans son approche... Lui, comme ses gardes...

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Ven 18 Jan 2019 - 18:38

La mélopée entetante et envoutante des cordes mariées harmonieusement aux cuivres comme aux percussions semblait trouver une résonnance particulièrement douce en mon for intérieur. Mélomane dans l'ame à l'instar de mon bras droit ser de Sombrelame, je ne me contentais pas d'écouter et d'apprécier la mélodie d'une chanson qu'elle soit jouée comme dans le cas présent par un orchestre de rue ou les meilleurs bardes recommandés des plus fins connaisseurs. Non, je la ressentais et la vivais de sorte que ces notes animant les environs d'une symphonie pleine de vie et de rythme me donnait l'impression de vibrer au plus profond de mon ètre tandis que les voix du petit groupe de chanteurs et de musiciens s'élevaient telles des psalmodations presque sauvages parfaitement adaptées au cadre de cette grande place marchande, coeur informel de la cité médievale. Il y avait quelque chose de quasiment magique dans cette communion des esprits, des corps et des coeurs alors que nous nous laissions aller à une danse débridée. Reflet le plus pur des cordes pincées, des coups de tambour ainsi que de la gratte comme du mouvement synchronisé des cuivres.

Lorsqu'une voix suave vint se rajouter au choeur des voix et apporta par son timbre une chaleur rauque tranchant avec maestria avec la mélancolie et la tristesse des paroles du morceau joué sans que cela ne gache l'ensemble bien au contraire puisque cela réhaussait la qualité de celui-ci, je fermai les yeux l'espace de quelques instants pour me remémorer un souvenir agréable bien plus agréable que cette danse endiabliée sur ces pavés glacés et qui pourtant trouvait racine dans cette dernière et sans laquelle je n'aurais certainement pas vu le cours de mes pensées me ramener vers cette joie perdue. Un visage gracieux mais pourtant loin des canons de beauté ordinaire, une cascade de cheveux de jais aussi indisciplinés que soyeux, des yeux d'une teinte de miel et des lèvres en amande. Une autre danse plus langoureuse et lancinante. Une autre époque. Une autre vie. Un sourire particulièrement triste se peignit sur mes lippes alors que je me laissais aller sur la piste improvisée entre deux danseuses et quelques bourgeois et gens du peuple tout aussi conquis que moi par la pièce auditive offerte au vague à l'ame de tout un chacun.

Pourtant en dépit, de la mélancolie ravivée en moi je ne pouvais que constater à quel point la musique mème en des temps aussi compliqués avait ce pouvoir de l'oubli. Celui de permettre de s'extraire ne serait-ce que quelques instants d'une réalité morose et funeste. Mes pas étaient trop précis pour que l'on ne devina le danseur en moi mais cela n'était pas le cas de tout le monde dans la modeste mais consistante assemblée. Cela n'avait de toute manière aucune importance. Ce qui importait était de passer un bon moment loin des préoccupations ordinaires d'un monde en perdition. Echangeant un regard avec l'une des danseuses au joli sourire mutin, je ne remarquai pas le regard bleuté rivé sur moi appartenant à une danseuse aux cheveux de feu s'étant mélée à la troupe quelques instants plus tot. Il fallait reconnaitre que tout à l'hédonisme de l'instant, j'aurais bien eu du mal à me tirer d'un mauvais pas. Raison pour laquelle je ne me déplacais jamais sans escorte. Mes hommes connaissaient mes frasques et mes gouts pour la danse comme la musique. Aussi, je comptais sur eux pour dégainer prestement et ne pas faire de quartier fidèlement à leur tempérament au moindre signe de danger. Soudain de manière aussi brusque qu'innatendue une jeune femme se retrouva dans mes bras de manière maladroite. La renarde au joli minois m'adressa un regard contrit et un sourire innocent avant de s'excuser.

Ne vous excusez pas mademoiselle. Ce n'est nullement un crime que de savourer la douce folie d'une danse aussi endiablée. Il ne s'agit nullement d'un concours vous savez. Seulement de passer un bon moment. Un léger rire franchissait les lèvres de la jeune femme dans la foulée avant qu'elle ne murmure à voix basse près de mon oreille tout en posant une main sur mon épaule. Sa voix suave fit son effet autant que sa proximité. Mais, sentant la nervosité de mes gardes je leur adressais un léger signe de tète afin qu'ils ne s'inquiètent pas. Quelque chose me dit que vous ne sauriez avoir l'air ridicule mais avec plaisir ma chère. Tendant une main courtoisement à ma cavalière de fortune, je nous lancais dans la danse sans perdre un instant bien conscient que la chanson finirait par arriver à son terme bien trop rapidement à mon gout. Me passant de mots, je me contentais de la faire danser avec virtuosité sans la quitter du regard. La chanson s'acheva quelques instants plus tard et je me joignis aux applaudissements après avoir laché la main de la belle inconnue. Alors qu'une autre se voyait entamée tambour battant, je posais une question à la jeune femme. C'est la première fois que je vous voie ici. Vous aimez la musique ?

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Dim 20 Jan 2019 - 17:55

Même si elle n'en démontrait rien, une petite angoisse subsistait quant à sa tactique d'approche. Elle ne savait encore rien d'Ulysse, il pouvait tout aussi bien se froisser d'une pareille approche. Il pouvait également prendre peur, ou pire encore, y voir clair dans son jeu. D'une autre part, les gardes qui l'accompagnaient étaient un facteur à risque. Ils n'étaient peut être censé ne laisser personne approcher le noble, ou, eux aussi, se montrer très méfiants à l'égard de Lyanna. Par chance, il n'en fut rien.
Mieux encore, Ulysse sembla se prendre totalement dans son jeu. Il lui sourit et lui parla sans le moindre signe de nervosité, de doute ou de méchanceté. Il accepta sa proposition et toujours souriant lui saisit la main. Le contact de celle-ci acheva les craintes de la rousse. C'était plutôt bon signe. Au moins, la première partie du plan se déroulait comme prévu. Quant à la suite...
Tout deux entamèrent leur danse. Lyanna se laissait entraîner par son cavalier, le laissant l'éloigner et la ramener à lui à sa guise. Elle affichait un joli petit sourire et ne quittait pas le jeune homme des yeux. Dans une danse, le regard est très important. Il permet au couple d'être sur la même longueur d'onde. Et sans doute cherchait elle à lire, en plus de cela, dans les prunelles du noble, dans l'espoir de dénicher quelques informations utiles à son commanditaire forcé. Si elle s'appliquait dans sa danse, laissant sa longue chevelure rousse fouetter l'air au rythme de ses mouvements, laissant son corps et ses hanches onduler au bon vouloir de son cavalier, Lyanna n'en était pas moins concentrée sur sa mission. Feignant ne profiter que de l'instant présent et de l'homme qui l'accompagnait dans celui-ci, elle réfléchissait sérieusement à la suite des événements. Comment allait elle s'y prendre pour obtenir toutes les informations dont elle avait besoin? Elle naviguait un peu dans le vague... Victor n'avait pas été très clair sur ce qu'il voulait savoir : "Tout ce que vous pourrez apprendre" avait il dit... En voilà, des instructions claires et précises ! Il lui semblait néanmoins que les seules options qui s'offraient à elle étaient de le suivre dans l'ombre ou de lui rentrer dedans mine de rien, en feignant vouloir simplement faire la conversation. Elle avait choisit la deuxième option, la première ne donnant pas de résultats très concret. Mais qui lui disait que le noble ne tournerait pas les talons, la chanson à peine fini? Elle n'aurait plus qu'à tout recommencer dans ce cas. Alors comment le convaincre de la garder en sa compagnie? Question idiote... Comment intéresser un homme, selon vous, lorsqu'on est une femme? Il n'y avait plus qu'à prier pour que ce Messieur morde à l'hameçon... Et qu'il ne remarque rien de son petit manège.
La danse s'acheva, sonnant l'heure pour Lyanna d'agir. Mais elle n'eut rien à faire, car même s'il la lâcha, il lui adressa un petit sourire avant de lui demander :

- C'est la première fois que je vous voie ici. Vous aimez la musique ?

Formidable. Il discutait avec elle. Inutile de trouver un bon prétexte pour le retenir un peu. Ca se montrait plus facile qu'elle ne l'aurait imaginé. Enfin... Il y avait toujours ses gardes du corps, que Lyanna ignorait volontairement pour faire croire qu'elle n'était nullement au courant de leur présence. Encore une fois, il fallait rester vigilante.
La jeune femme lui adressa un petit sourire charmeur, montrant ouvertement tout le plaisir qu'elle avait eut à danser avec lui. Puis d'une voix toujours sensuelle, elle répondit, approchant à peine sa tête d'Ulysse pour ne pas être obligé de crier pour couvrir le battement des tambours qui reprenait déjà.

- Je ne viens pour ainsi dire jamais par ici. Je passais par hasard et la musique m'a conquise... Je ne sais pas bien ce qui m'a prit, elle m'a donné une folle envie de danser. C'est une bonne chose, sans quoi je n'aurais pas eu le plaisir de tomber sur un si bon cavalier...

Elle eut un petit rire étouffé et son regard se fit plus malicieux. En somme, ce n'était pas tout à fait un mensonge : Ulysse dansait réellement très bien. Lyanna n'avait pas souvent l'occasion de se prêter à pareilles activités, mais il fallait avouer que c'était bien là la meilleure danse qu'elle avait partagé. Elle doutait cependant que ce soit le genre d'informations que Victor attendait d'elle...
Ne voulant pas laisser un trop gros silence entre eux, histoire de ne pas donner l'envie au noble de se détourner d'elle, elle reprit :

- Et vous, Messire? Aimez vous la musique? Vous faites en tout cas un merveilleux danseur !

La musique était forte et autour d'eux tout le monde avaient reprit leur farandole, dans les rires, la joie, la bonne humeur. Elle craignait un peu que le noble ne l'entende pas... Ou pire, qu'il se détourne d'elle au profit d'une plus jolie danseuse.
Aussi décida-t-elle de gagner sa confiance. Et avec un peu de chance, elle capterait peut être son attention.

- Je ne crois pas mettre présentée... Je m'appelle Lyanna. Heureuse d'avoir croiser votre chemin, Messire. Vous m'avez préservé malgré vous de l'humiliation !

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Mer 23 Jan 2019 - 20:41

Je me fis la réflexion à posteriori que je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais lancé la conversation avec la belle inconnue maladroite qui m'était fort abruptement tombée dessus au milieu du cercle de danseurs. A dire vrai, mes hommes n'avaient pas pour habitude de laisser n'importe qui m'approcher bien au contraire. Ces derniers connaissant mes habitudes de flaneur hédoniste ne rechignaient guère sur une intimidation préventive afin de s'éviter le moindre souci. Bien que certains des Griffons soient des maitres de la lame et suffisamment belliqueux et agressifs pour ne pas rechigner sur un duel ou un combat de rue mes gardes du corps préferaient largement anticiper que réagir. A l'instar de tout bon soldat d'escorte me direz vous. D'autant que mes instructions en la matière étaient assez conformes à cette rigueur non pas que je me fasse plus de souci que cela pour ma personne. Certaines de mes actions lors de missions en dehors de Marbrume pouvaient parfois laisser mème penser franchement le contraire.

Mais, s'avérant que des chevaliers de ma maison ainsi que quelques bannerets et chatellains vassaux avaient survécus à mes cotés ces derniers ne me laissaient guère le choix quant à ce genre de détail tout comme ils m'avaient poussé à étudier avec attention la proposition de mariage du vicomte de Terresang là ou je m'en serais bien passé; La danse avait été des plus agréables ou du moins la fin de celle-ci car la pièce musicale touchait à sa fin lorsque notre duo de fortune s'étant lancé sur la piste urbaine. Mais un tète à tète aussi endiablé avec une représentante aussi superbe de la gente féminine ne pouvait que s'avérer un bon moment. L'espace d'un instant, j'avais vu Cat valser avec moi dans cet insatiable ballet de rue juste avant que les reflets enflammés de la chevelure abondante ne me ramène à la réalité et au tout aussi joli minois bien que radicalement différent de celui de feu mon épouse. Plaisir sensuel que celui d'une danse partagée de part la proximité comme le regard. Regard que la jeune femme n'avait pas déviée du mien à un seul instant et ce en dépit des nombreux enchainements complexes ayant eu le temps de fleurir sur les dalles du grand marché.

J'espérais que la danseuse avait autant appréciée cet échange que moi. Si, je me fiais à son expression cela devait ètre le cas mais nul ne pouvait affirmer qu'elle ne jouait pas la comédie ni l'infirmer. Et puis je m'en moquais quelque peu égoistement trop grisé par l'ambiance festive me rappellant bien plus les réjouissances qu'organisait souvent Cat que les festins débauchés de mon manoir sur l'Esplanade. Je n'avais pas la réponse à cette question. Peut-ètre souhaitais-je la retenir afin de lui proposer une autre danse ou peut-ètre que non ? Dans tous les cas, la conversation avait été engagé et il eut été mal aisé et discourtois de ne point la mener à bien. D'autant que la belle rousse avait des charmes à revendre et que sa présence près de l'orchestre itinérant rendait cette journée plus agréable encore. Celle-ci m'adressa un petit sourire charmeur avant de se rapprocher pour parvenir à me parler en dépit des tambours qui battaient déjà de nouveau, signe qu'une nouvelle chanson démarrait sur les chapeaux de roue pour le plus grand plaisir de la petite foule rassemblée là. Le timbre aussi suave que précedemment était teintée d'une certaine sensualité alors que je recevais de bonne grace les compliments de l'inconnue.

Oh mais ne vous justifiez pas. Je ne comprends que trop bien cette décision. C'est personellement pour cette raison que j'adore le grand marché. Difficile de croire que la Fange menace partout au milieu de tant de vie. A dire vrai mademoiselle, je ne sais pas qui est le plus chanceux de nous deux. Je dois remercier l'orchestre d'avoir su attiré votre attention en ce cas. Je vous remercie néanmoins pour ce compliment m'allant droit au coeur et puis vous assurer que vous n'ètes pas aussi mauvaise que vous le prétendiez. Un rire crystallin franchissait les lèvres de ma partenaire de danse alors que je souriais de bon coeur avant de balayer les danseurs du regard. Croisant le regard de l'un de mes hommes, je remuais du chef en guise de dénégation. Tout allait bien, il n'y avait aucun danger du moins je voyais bien mal comment une jeune femme maladroite pourrait rivaliser avec mon maniement de l'épée. Mes gardes avaient tendance à oublier que j'étais un excellent bretteur et si cela eut pu ètre vexant je ne leur en voulais que bien peu car il faisait leur travail.

Le silence eut à peine le temps de s'installer que je reportais de nouveau mon attention sur celle-ci alors qu'elle reprenait la parole. Pour ma part, j'adore littéralement la musique et pourrais passer des heures devant un orchestre tout les jours. Hélas, mes responsabilités ne m'en laisse pas la lattittude. Je suis moi-mème musicien. Cessez fi de tous ces compliments vous allez me faire rougir. Un éclat de rire rauque traversa ma gorge suite à ma remarque. Je me fis l'impression d'une chatellaine ou d'une bourgeoise comme de celle que je complimentais sur l'Esplanade quotidiennement ou dans la Hanse. J'observais de nouveau la danse joyeuse et débridée d'un air mélancolique. Hésitant à proposer à la jeune femme de repartir danser ou l'entrainer à ma suite, je restais là à encourager de ma voix la farandole amicale. Un sourire amusé étira lentement mes lèvres alors que je me retournais vers la belle rousse. Vous ne l'avez pas fait en effet mais je ne vous l'ai pas demandé. La politesse exige que je vous rende la pareille. Ulysse de Sombreval tout le plaisir est mien je vous l'assure et cessez de me remercier pour cela. C'est tout naturel. Nous n'avons que deux options rentrer dans la danse ou nous éloigner pour plus de calme afin de discuter. Que préferez vous ?

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Mer 23 Jan 2019 - 22:46

Le noble ne semblait se douter de rien. C'était plutôt bon signe. Il lui souriait, ne l'écartait pas de son chemin, ne cherchait pas à partir... Ce n'était peut être que partie remise, mais elle pouvait plus facilement se faire une idée du personnage qu'elle espionnait de près.
Elle lui trouvait d'ailleurs un certain charme. Il était très charismatique, de toute évidence, et on lui devinait une très bonne condition physique dû, sans nul doute, à beaucoup d'activités. Peut être à l'extérieur des murs de Marbrume? Allez savoir, elle ne pouvait faire que des suppositions à ce stade. Sa prestance, mêlée à son allure de noble, son aisance au parlé et sa carrure, lui donnait un air très viril. Elle ne doutait pas un seul instant qu'il serait venu à bout de bon nombre des hommes présents sur cette place à lui seul. Aussi, elle se fit à nouveau la remarque : prudence ! Elle n'avait absolument aucune chance face à lui si les choses tournaient au vinaigre. Il était bien plus fort, bénéficiait de l'appui des autorités - dont de ses gardes -, et serait sans doute plus rapide qu'elle si elle était contrainte de fuir à toutes jambes. Ce n'était vraiment pas un cadeau que lui avait fait le comte de Rougelac... Enfin, elle s'en était un peu doutée, quelques jours plus tôt, que cette histoire ne pouvait pas se faire sans peines...
Malgré son expertise, Lyanna continua d'afficher un joli sourire. Elle écouta patiemment Ulysse de Sombreval donner ses explications quant à sa présence dans ce bal improvisé. La jeune femme n'eut pas à se forcer pour conserver son sourire : le jeune homme était un vrai flatteur, d'une sorte qu'elle n'avait encore jamais croisé. Il était galant, élégant dans ses mots comme dans ses gestes, et ses compliments avaient une impact très certaine sans avoir à froisser la demoiselle qui en était la cible. Si elle n'avait pas sentit les gros nuages noirs de ses ennuis planés au dessus de sa tête, Lyanna s'en serait sans nul doute sentie très flattée. Et ça, c'était vraiment quelque chose ! Car la rousse n'avait pas pour habitude de prêter attention aux éloges des hommes à son égard.
Toujours était il que le noble semblait, de toute évidence, apprécier sa compagnie. D'un oeil expert, elle remarqua le petit geste qu'il fit - à n'en pas douter à ses compagnons d'arme - pour leur signifier qu'elle n'était pas une menace. Ca encore, c'était bon signe. Une lueur malicieuse passa dans ses yeux : elle était vraiment douée à ce jeu. Un jeu qu'elle adorait tout bonnement. Et Ulysse semblait être l'une de ses plus belles victimes !
Il ria, d'un gros rire rauque, très masculin. Elle en eut un léger un léger frisson. Jouant le jeu, elle gloussa à son tour, à la manière des jeunes filles innocentes en galante compagnie.
C'est alors qu'arriva l'heure de faire un choix. C'est Ulysse qui le souligna : danser ou partir discuter? C'était une question plus compliquée que ce qu'on aurait pu croire. Bien sûr, pour les besoins de sa mission, Lyanna devrait bien trouver le moyen d'avoir une véritable conversation avec le noble. Or, pour deux raisons, elle ne choisirait pas dans l'immédiat cette option :
D'abords, parce que le noble semblait avoir encore l'envie de danser. Lui faire plaisir revenait à gagner sa sympathie. La danse étant, en plus de cela, une activité susceptible de les rapprocher davantage, elle pourrait sans doute charmer un peu le noble pour brouiller un peu plus ses soupçons.
De plus, et c'était la raison la plus évidente, partir maintenant aurait été plus que suspect. Une jeune femme, seule, rencontrant tout juste un homme tel qu'Ulysse, se laissant entraîner au bout d'une danse à peine, ça aurait été louche. Et les sbires étaient très certainement toujours sur leur garde.
Aussi, Lyanna adressa un regard aussi charmé que charmeur à son compagnon de danse, avant de reprendre à voix basse, non loin de son oreille, sans changer de ton.

- Promis, je ne m'excuserai plus de rien. Je ne peux rien promettre sur d'éventuels compliments en revanche ! Je suis enchantée de vous connaître, Ulysse de Sombrebois.

Elle lui fit un regard des plus doux.

- Je serais ravie de partager une autre danse avec vous, si tel est votre souhait. Mais si vous préférez que l'on aille discuter plus loin, alors je vous suis.

La rousse laissa légèrement traîner sa voix, de manière sensuelle. Elle posa délicatement sa main sur l'avant bras du jeune homme, sans briser le contact visuel avec lui.
Malgré cela, Lyanna devait s'avouée un peu honteuse des méthodes qu'elle employait pour arriver à ses fins, d'autant qu'Ulysse semblait être une gentille personne, bel homme et sans doute très habitué aux jeunes filles telle qu'elle. Le rouge lui monta au visage, teintant ses pommettes blêmes de quelques couleurs timides...

Spoiler:

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Mer 30 Jan 2019 - 20:55

Quelques instants de flottement passèrent alors que j'avais proposé à la jeune femme une nouvelle danse ou une discussion plus poussée dans un coin que nous qualifierions de moins animé. Pour autant que la plus grande place marchande et poumon économique de la cité puisse abriter ce genre d'endroit. Instants durant lesquels je ne fis pas grand cas de son hésitation de nouveau tourné vers le ballet sauvage et virevoltant des danseurs se déhanchant au rythme de la mélodie entetante des tambourins et des cordes tirées. La voix suave s'élevant une fois de plus dans l'air frais de cet hiver naissant semblait vouloir entrainer l'assemblée dans un élan plein de mysticisme tant elle pénétrait jusqu'à votre ame. Détournant un instant le regard pour le porter sur mes gardes du coprs aux mines résolumment patibulaires j'esquissais un sourire amusé. Sam le Rouge, Enzo que nous surnommions affectueusement gueule d'ange au vu de sa réputation auprès de ces dames comme ser George le boucher n'étaient guère porté sur les plaisirs de la musique.

Quoi que le second se débrouillait passablement lorsque l'on lui collait un luth dans les pattes. Bien utile pour jouer les tombeurs se plaisait à clamer ce maitre des dagues. Mes hommes se déridèrent un instant au cours du croisement de regard mais reprirent bien vite leur facies de soldats. Je me fis la réflexion que j'apprécierais énormément que la belle inconnue accepte de valser une fois de plus sur la piste urbaine. Et alors que je reportais courtoisement mon attention sur la femme aux cheveux flamboyants je me trouvai face à un regard charmeur aussi bien que charmé qui me tirai un sourire canaille. De ceux dont j'avais le secret depuis mon plus jeune age. Bien qu'Achille s'était montré tout aussi doué à ce dernier. Le genre de sourire qui avait fait poussé bien des soupirs à Cat. Une douleur pointa en moi alors que je me rendais compte que je trouvais la présence de la jolie renarde bien agréable pour des raisons évidentes.

"Mais j'espère bien que le temps des excuses est terminé mademoiselle. Vous ne pourriez pas me dépasser à ce niveau. Vous me semblez une source d'inspiration permanente pour en créer de nouveaux."

La douceur dans son regard fut étrangement réconfortante bien que je n'eus nul besoin de réconfort. Enfin, si l'on faisait abstraction de Cat et de tout ce que sa hantise m'infligeait.
"Eh bien si vous m'en laissez le choix alors j'apprécierais énormément vous faire danser de nouveau. Vous ètes bien meilleure que vous ne le pensez."

Une main se posa sur mon avant bras avec délicatesse et décontraction tandis que le timbre sensuel de la belle inconnue résonnait dans mes oreilles. Nos regards entrecroisés je notais les rougeurs à ses pommettes et bien evidemment en l'état j'interprétais cela d'une manière erroné. Saisissant la main offerte avec délicatesse je la portais à mes lèvres dans un baisemain plein de respect sans la quitter du regard avant de l'entrainer dans mon sillage sur la piste de danse. La chorégraphie étant ce qu'elle était au vu du style musical ce contact physique ne fut pas rompu. Alors que ma cavalière revenait dans mes bras suite à un mouvement habile, je lui demandais finalement.

"Vous vous améliorez un peu plus à chaque danse. A moins que je ne sois un bon professeur. Mais à qui ai-je l'honneur madame ?"

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Mer 30 Jan 2019 - 23:09

Lyanna saisissait au vol le regard qu'Ulysse lançait à ses gardes. Mauvais signe. Le noble se doutait il de quelques choses d'anormal? Ou peut être était ce les trois chevaliers qui s'impatientaient à les voir ainsi, statiques un peu plus loin, sans se prêter aucunement aux festivités de la Hanse. Ils finiraient peut être par intervenir, rappelant au noble qu'il y avait mieux à faire que de faire danser les parfaites inconnues, et elle perdrait de ce fait toute possibilité de cuisiner Ulysse... Il lui fallait absolument "conquérir" le jeune homme, de sorte qu'il désire rester au près d'elle, au cas où une situation pareille venait à se produire.
Ramenant son attention sur elle, Ulysse sourit. Et ce sourire était des plus particulier. Elle ne savait pas bien pourquoi, mais il avait quelque chose de... Non, impossible à décrire. Elle restait perplexe devant celui-ci, carrément déroutée. S'en suivit quelques phrases qui n'arrangèrent rien à ce tout nouvel état dans lequel elle était plongée. Rouge face à tant de flatterie, Lyanna n'eut pas à feindre sa gêne ravie. Pure fierté : toutes les femmes, même les voleuses, aiment se sentir belles et regardées. Les petits élans poétiques, c'était bien la première fois qu'elle en était la cible. Et c'était bien loin d'être déplaisant... Le baise-main, en prime... Là encore, grande première... Elle en resta étourdie... Pour peu, la rousse en aurait presque perdu le fil de sa mission.
Ulysse l'entraîna alors sur la piste de danse, à nouveau. Il tenait la main de la sienne et lui imposait par celle-ci le tempo et les mouvements qu'elle avait à suivre. La jeune femme se laissait guider à sa guise, tout sourire. Son corps s'en allait et venait, se déhanchait, ondulait. Elle se laissait enivrer par la musique, se laissait gagner par l’allégresse, s'abandonnait au sourire et aux yeux du noble qui la faisait danser... Comme si de rien n'était... Comme si rien d'autre n'existait... Comme si rien ne risquait de lui tomber sur la tête à flâner ainsi avec la victime qu'on lui avait désignée... Lyanna n'avait pas beaucoup de moment de plaisir. Pourtant, elle se rappellerait sans doute longtemps de cette parenthèse où ce cher baron de Sombreval l'avait fait danser en pleine rue de manière si prodigieuse et grisante, et où il l'avait traité comme n'importe laquelle de ces jeunes filles respectables et respectées, avec une galanterie des plus charmante.
Ulysse la fit tournoyer. Sa longue chevelure rousse dansaient dans son dos et contre son visage. Elle ne put retenir un petit rire de joie, tant elle était étrangère à tout ces petits bonheurs qui forment la vie des gens normaux. Il la ramena à elle et elle atterrit dans ses bras. C'est là qu'il en profita pour lui demander qu'elle était, en fait, son identité. Sans briser son expression de plaisir, ni son petit côté charmeur, elle approcha à nouveau son visage de son oreille pour qu'il puisse l'entendre, malgré la musique.

- Je ne suis personne que vous connaissez et sans doute personne que vous ne connaîtrez un jour. Mon nom est Lyanna Desroses et je suis une fille des plus ordinaires...

La jeune femme restait volontairement vague. Pas question d'en dire de trop... Sans quoi, ce serait bien lui, le mettre de ce petit jeu. Et puis, qu'aurait elle dit de toute façon ? "Je suis une voleuse et espionne très recherchée, et justement, j'ai un contrat à votre nom !" Ca n'aurait pas été très fin...
Continuant de son timbre de voix suave et charmeur, elle posa brièvement une main sur son torse, pour ne pas perdre l'équilibre, puisqu'ils continuaient tout deux à danser alors qu'elle parlait - bien que se fut de manière moins mouvementée -.

- Sans doute êtes vous bon professeur, sans quoi je ne saurais expliquer mes progrès. Dites moi donc, quel est votre secret? Etes vous musicien, ou quelque chose de ce genre?

Toujours très banale... Elle n'irait pas bien loin avec un interrogatoire de ce genre...
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Et peut être qu'une petite information intéressante viendrait se glisser dans sa réponse.
Elle lui lança un petit regard malicieux, se disant que le moment était peut être opportun pour une question un peu plus personnelle... Et de ce fait, pour une réponse qui aurait sans l'ombre d'un doute plus d'intérêt aux yeux de son commanditaire. Il fallait avouer aussi que Lyanna était du genre curieuse, une vilaine nature qui lui permettait au moins d'être efficace dans son domaine. Et ce charmant noble, contre laquelle elle était appuyée, attisait chez elle une forte curiosité...

- Ou peut être pratiquez vous souvent ce genre d'exercices, avec Madame de Sombreval...?

A nouveau - et un peu malgré elle - sa mine se fit innocente, et elle fuit brièvement le regard bienveillant de son cavalier...

Sujet: Re: La traque d'une renarde PV Lyanna Jeu 31 Jan 2019 - 20:58

La Fange n'avait pas gagnée. Non, ce fléau abominable n'avait pas vaincu ce qu'il restait de l'humanité. Ce constat simple mais frappant m'apparaissait en ces instants bien plus comme une évidence que lorsque je menais des soldats en dehors des murs protecteurs de la cité pour aller lutter contre les affres de la mort qui marche. Car si la guerre contre le détraquement de la mort et de tout ce que cela entrainait avait quelque chose d'héroique comme le soulignaient certains nobles de l'Esplanade ce n'était néanmoins pas dans ce conflit inégal que les derniers vivants de ce monde illustraient le mieux ce pied de nez à une fin presque déjà écrite et nous narguant de son irrémediable puissance nécromancienne et macabre. L'humanité ne cesserait de se battre contre la Fange pour des motifs nobles ou moins nobles parce qu'elle avait cette soif de vivre intrinsèquement dévorante. Mais, ce qui prouvait le plus qu'en dépit du fléau celle-ci ne reculait pas, celle-ci continuait à exister et par ce simple fait inversait les choses. Faisant passer les nargués au rang de moqueurs. C'était une chose aussi anodine que cette modeste foule rassemblée devant un orchestre de rue en plein coeur de la cité malgré les conditions climatiques relativement détestables. Chaleur humaine face à de sombres perspectives.

Foyers mouvants retrouvant l'insouciance douce et que l'on eut pu croire condamnée. Marbrume dansait et si la cité dansait en son coeur c'était que la Fange n'était pas victorieuse. Mais en ces instants précis, j'étais bien loin de ces considérations philosophiques encensant le pouvoir de l'art précisemment parce que je me sentais moi-mème transcandé presque dépassé par la ronde des danseurs, le chant des instruments maniés avec brio et des voix suaves et puissantes qui marquaient la cadence de leur timbre et plongeaient les gens présents dans une fièvre qui balayait aisément la fraicheur hivernale. Chassés semblaient les souvenirs, la mélancolie, la douleur, les nuits de cauchemar et leurs mélanges d'alcool et d'herbes. Seuls restaient le plaisir de danser en rythme, en communion presque avec la belle inconnue comme la joie des jours perdus condensée dans ces mouvements et ce petit coin d'eden au milieu d'une place marchande. Je dansais en me laissant aller grisé tant par mon amour de la danse que la volonté d'échapper le plus longtemps possible à la nostalgie lancinante. Je m'abandonnais à une certaine férocité dans ce ballet de fortune comme si je luttais contre le crépuscule à venir, mon crépuscule.

Et ce fut une incontestable victoire tant grace à la présence gracieuse et virevoltante de ma cavalière dont les cheveux de feu voletaient en tout sens que la magie mystique d'un moment agréable. Mes yeux brillaient et un large sourire éclairait mes traits alors que je faisais tourner la jeune femme sur elle-mème et le faisaient toujours tandis que je l'attirais dans mes bras d'un geste habile. Le rire crystallin de la jolie rousse résonna comme une cascade chatoyante dans mes oreilles et mon sourire se fit encore plus éclatant devant cette preuve de son plaisir quant à cette valse sauvage. Son visage ravissant toujours teinté d'une expression charmeuse s'approcha de mon oreille alors qu'elle se maintenait contre mon torse. Un éclat de rire s'échappa de mes lèvres closes alors qu'elle murmurait doucement à mon oreille. "Vous ne sauriez jamais n'ètre personne puisque je viens de vous rencontrer mademoiselle Desroses. Lyanna ce prénom vous va bien. L'extraordinaire se cache bien souvent dans ce que l'ordinaire a de plus modeste vous savez."

La danse reprit ses droits de manière plus tempérée alors qu'elle posait une main sur mon torse afin de ne pas perdre l'équilibre. Sa voix restait chargée de suavité comme de charme tandis qu'elle reprenait la parole et je reportais mon attention sur la foule de danseurs tout en l'écoutant. Mes yeux se posèrent finalement de nouveau sur ma cavalière.

"C'est parce que j'ai eu moi même d'excellents professeurs. Vous vous dénigrez bien trop Lyanna. Mais, merci si jamais je devais me reconvertir je saurais dans quel domaine enseigner."

Un léger rire fusa de mes lippes car je savais que cela n'arriverait jamais. J'étais un homme de guerre tout autant que de paix mais sans la première je ne me sentais pas pleinement entier. La Fange avait au moins ce mérite de constituer une cible permanente et bien trop ambitieuse pour ètre véritablement mise en danger.

"Eh bien disons que le secret est la passion véritable. Je joue de la harpe depuis que je suis en age de le faire. J'aime profondément la musique depuis toujours et je crois que la Fange n'a fait qu'accentuer cette passion."

Un regard malicieux ceuillit ma réponse mais si la question suivante aurait pu ètre naturelle et donc se fracasser face au rempart de bien ètre dont j'étais entouré il n'en fut rien et je perdis ma concentration et ratais par la mème le mouvement suivant. Lyanna avait porté son attention sur les environs alors que je flottais dans le vide quelques instants. L'habitude du danseur avait pris le pas sur ma personne et mon corps devint mécanique tandis que mon sourire s'amenuisait pour aboutir sur un vestige circulaire empreint de mesure. Mes yeux eux ne brillaient plus comme si la simple évocation de Catherine avait suffi à briser l'enchantement. La mélancolie reprit ses aises tandis que je répondais d'une voix étrangement paisible.

"Il n'y a plus de madame de Sombreval j'en ai bien peur. La Fange me l'a arrachée de manière bien cruelle."

Ils continuèrent à danser, plus proche l'un de l'autre depuis que Lyanna s'était légèrement appuyé sur le torse de son cavalier pour ne pas perdre l'équilibre et risquer de tomber. Ulysse semblait être de bonne humeur, et même de prendre du plaisir dans l'ambiance euphorique de la place, en ce malgré la compagnie de la rousse qui entamait déjà, à son insu, sa petite enquête sur le personnage qu'il incarnait. Il riait de ses propos et répondait avec une gentillesse telle qu'elle en n'avait que trop peu souvent connu. Il était vraiment agréable de passé un moment avec cet homme, dommage que ce fut en pareilles circonstances ! En même temps, sans cette mission, il était peu probable qu'elle soit amenée à rencontrer le noble et à danser en plein milieu de la Hanse en sa compagnie... Lyanna souriait en l'écoutant parler, et à nouveau, elle ne put retenir un petit rire s'échapper de ses lèvres.
Sa passion pour la musique, ainsi que sa connaissance au jeu de la harpe, était certes très intéressant pour elle. Elle aurait aimé l'entendre jouer. Elle ne doutait pas instant qu'il fut très doué, et le son de la harpe - il ne lui était arrivé que très rarement d'avoir l'occasion de l'entendre - mais avait des vertus apaisantes et vous pénétrait l'âme comme aucun autre instrument. Toute fois, elle doutait une fois de plus de la pertinence de l'information, lorsqu'elle ferait face à son commanditaire. Malgré tout, elle en prenait bonne note, sait on jamais...

- Je suis certaine que vous brillez aussi dans ce domaine ! Peut être aurais-je la chance de vous entendre jouer un jour... C'est une bien jolie passion que vous avez en tout cas ! Je ne peux que me demander ce que vous exercer comme métier, vu que vous n'êtes ni musicien ni danseur professionnel !

Elle lui adressait déjà un petit sourire malicieux.
Mais déjà, elle venait de commettre une erreur. Une grosse erreur. Du genre qui peut foutre en l'air tout ce qu'elle avait commencer, toute cette petite mise en place et ce rapprochement qu'elle avait créé. Un coup d'oeil le lui appris alors qu'elle venait d'achever sa toute dernière question...
Si Ulysse continuait de danser, ses pas se faisaient avec moins d'entrain que précédemment. Ses yeux s'étaient rembrunis et son sourire amincit au point qu'il n'existait pratiquement plus. A sa mine, on devinait la souffrance et la tristesse qu'il éprouvait alors. Lyanna venait de faire jaillir des souvenirs et des souffrances que le noble se serait bien passé de ressentir en pareil instant. Elle même sentait sa bonne humeur s’effilocher alors qu'elle apprenait enfin une information pertinente pour son rapport. Elle écouta la brève réponse du jeune homme, qui lui appris qu'il était veuf, et que sa femme avait périe à cause de la Fange. Il resta vague... Néanmoins, la jeune femme devinait la pénible vérité qu'il se taisait de formuler. Elle sentit aussitôt un frisson glaciale courir le long de son corps alors qu'elle réalisait la peine qu'elle venait de provoquer. Elle compatissait à sa douleur et elle baissa les yeux, honteuse.
Ne sachant comment s'y prendre et pour l'apaiser et pour réussir à regagner la sympathie de son cavalier, Lyanna stoppa leur danse. Elle libéra la main qu'Ulysse tenait encore et la posa avec délicatesse sur la joue de celui-ci. Un mince sourire désolé étirait ses lèvres. La joue du jeune homme était chaude, comparée à sa main glacée. Cela faisait bien plus longtemps que lui qu'elle était au dehors, scrutant son arrivée pour passer à l'action. Sa voix se fit tendre.

- Je suis désolée de l'apprendre, Ulysse. Je ne voulais pas vous blesser en posant cette question. La curiosité est un vilain défaut... J'en suis navrée. Si je peux faire quoi que ce soit pour me racheter ou simplement pour alléger vos tourments, n'hésitez surtout pas...

La rousse détourna un bref instant le regard, découvrant que les gardes du jeune homme s'agitaient nerveusement en découvrant que les deux personnes ne dansaient à présent plus, et que leur maître semblait pour le moins chagriné. Un nouvel ennui de plus semblait sur le point de tomber sur coin du nez de la voleuse, et elle voulait à tout prix redonner le sourire à son cavalier avant que ses sbires ne viennent s'emmêler...
Et puis, le sourire lui allait bien mieux que l'air boudeur...
La jeune femme chercha le regard d'Ulysse du sien, et d'une voix toujours aussi douce et apaisante, reprit :

- Voulez vous qu'on continue de danser...? Ou peut être que le coeur ne vous y est plus...? Peut être... Préférez vous que je parte et que je vous laisse tranquille...?

La dernière question était risquée... Mais après tout, s'il s'était replié sur lui même et qu'il se braquait, cela ne servait plus à rien de s'acharner à le cuisiner... Là encore, elle espérait sincèrement que ce ne soit pas le cas...

Nous continuions de danser avec une complicité certaine au milieu de la foule elle aussi emportée par le rythme entetant des mélopées estivales pleines de sensualité comme de chaleur en dépit du timbre mélancolique de la chanteuse. Les paroles étaient tristes mais la mélodie joyeuse et ce contraste n'aurait guère pu ètre plus approprié qu'en de pareilles circonstances. Mes habitudes de danseur me permettait de faire valser Lyanna avec une aisance non feinte sans faux pas sur le marbre rendu pourtant glissant par le verglas fin mais bien présent sous les bottes. Il existait des moments ou le corps prenait le controle de lui-mème tandis que l'esprit n'était plus à mème d'assurer sa fonction. C'était parfois le cas au milieu d'une situation dangereuse au cours de laquelle la peur contraignait à un détachement des choses pour assurer l'efficacité nécessaire à la survie. Il semblait bien plus rare que cela soit le cas au milieu d'une telle ephervescence euphorique communicative. J'eus l'impression de ne plus me trouver à ma place au milieu de ces gens capables de se laisser transporter loin de la Fange par le talent d'un groupe de musiciens de rue. Capables de faire un pied de nez au fléau par leurs rires, sourires, cris de joie et mouvements enfiévrés en dépit du froid un brin mordant. Capables de communier à travers la symphonie leur amour de la vie.

Non, je ne me sentais absolument plus à ma place dans la ronde des amoureux de musique clamant celui-ci à travers l'ardeur de leurs mouvements comme le rayonnement de leur visage. Bien que populaire, la danse se parait d'une certaine grace et l'on ne distinguait guère les différences d'origine ni de niveau entre les hommes et les femmes lancés sur la piste improvisée. Je faisais tourner Lyanna, enchainais les pas et sentais la chaleur de sa main dans la mienne mais si mes yeux se portaient sur elle de temps en temps le regard dans ceux-ci ne laissait point de place au doute. La passion dévorante du coeur n'était plus. Le brasier n'était plus que braises et l'air hagard sur mon visage se doublait d'une douleur bien réelle. Je replongeais brusquement sans ménagement dans ce qui hantait mes nuits et éreintait mes jours depuis plus d'une année désormais. Fermer les yeux ne servit à rien car je revoyais au contraire avec plus d'acuité la lame de ma dague s'enfoncer dans le crane putréfié de celle que j'aurais toujours dans la peau. L'expression de la créature qui avait été mon épouse. Cette lueur dans ses yeux. Je devais avoir révé. La danse prit soudainement fin alors que mes prunelles se posaient de nouveau sur le monde. Ma partenaire de danse me contemplait avec un sourire triste et peiné.

Celle-ci retira sa main de la mienne et la posant sur ma joue m'en fit sentir le contact glacé. Une certaine tendresse transparaissait dans son timbre alors qu'elle brisait le silence. Je répondais d'une voix blanche. "Ne le soyez pas. Ce n'est absolument pas de votre faute. Vous ne pouviez pas savoir. Nul besoin de vous tourmenter... Cela va aller ne vous en faites pas." Mes yeux se portèrent sur l'orchestre dont l'escarcelle s'était déjà bien remplie. J'observais les gestes experts des musiciens sur les cordes et les tambours, les visages des chanteurs ainsi que leurs mouvements lancinants. Je ne remarquais pas l'agitation secouant mon escorte. Sam avait donné un coup de coude à Enzo afin d'indiquer à ce dernier que j'avais fini de danser et que mon expression avait changé du tout au coup. Je finissais par recroiser le regard de la belle rousse qui reprit la paarole d'une voix douce et apaisante. Un sourire triste se peignit sur mes lippes alors que je répondais. "A dire vrai le coeur n'y est plus en effet. Non, ne partez pas je vous en prie. Laissons ces mornes souvenirs sur la piste de danse et poursuivons cette conversation dans un endroit plus chaud. Du moins, si je puis vous offrir un vin chaud ?"

Le noble avait perdu toute étincelle qui flambait jusqu'ici dans ses yeux. Vraiment... Lyanna n'avait pas été très brillante, sur ce coup... Autant dire qu'elle s'était sabotée elle-même. L'instant d'avant, il était tout guilleret en sa compagnie, et elle pensait que son charme avait fait effet. Elle s'était senti pousser des ailes, capable de soutirer toutes les informations qu'elle désirait au beau jeune homme en sa compagnie. Et voilà qu'elle commettait une grave erreur, comme une débutante ! Elle n'était pas sûr de pouvoir recréer l'ambiance bonne enfant et charmeuse qu'elle avait instauré jusqu'ici, à nouveau... Pire encore, elle n'était même pas sûr de pouvoir poursuivre une conversation et de continuer à mener son enquête. Elle avait comme brisée Ulysse... Et la rousse commençait déjà à imaginer les tristes châtiments que lui réserverait le comte, lorsqu'elle reviendrait avec seulement quelques broutilles à lui raconter...
Si le noble s'exprima, affirmant que ce n'était pas grave, qu'elle n'y pouvait rien et qu'il allait bien, sa voix elle trahissait la douleur qu'il ressentait à l'instant présent. En prise à une réelle panique, tant pour le déroulement de sa mission que par sa culpabilité, la jeune femme se mordit la lèvre inférieur, en l'attente de ce que déciderait de faire son cavalier. Celui-ci détourna un moment le regard, dévisageant d'abord l'orchestre, puis -elle le devina- ses gardes qui s'agitaient déjà, se demandant ce qu'il se passait pour qu'il est subitement une mine si déconfite. Ce n'est qu'après cela qu'il reporta son attention sur elle. Il s'essaya à un sourire, mais il était évident que le coeur n'y était plus.
Bravo Lyanna ! On peut dire que tu brilles dans l'art du charme...
Néanmoins, Ulysse ne la chassa pas. Au contraire, il l'invita à rester en sa présence et à venir avec lui déguster un vin chaud.
Ouf... Tout n'était pas perdu, tout compte fait...
La jeune femme laissa retomber doucement sa main de la joue du noble, provoquant une faible caresse au passage. Elle lui adressa un petit sourire innocent et bienveillant, tout en réfléchissant vivement à la tournure qu'elle devait donner à la suite des événements. Il faudrait du temps pour qu'il s'ouvre à nouveau à elle... Et elle était certaine que ses deux accompagnateurs resteraient avec eux, où qu'ils aillent. Ca rendrait les choses bien compliquées... Pourtant, il fallait s'y tenter. La jeune femme n'avait pas vraiment le choix. Une chose était sûr pourtant : elle devait rester le plus insoupçonnable possible aux yeux du noble. Et pour cela, elle ne connaissait pas trente-six milles méthodes...
D'une voix chaude, elle tenta à nouveau de séduire son cavalier :

- Je ne partirais pas, je vous le promet. J'apprécie votre compagnie et ne souhaite pas voir notre échange se terminer ainsi. Et puis, je vous le dois bien, vu que vous m'avez fait danser et passer un si agréable moment !

D'une main un peu hésitante, elle saisit délicatement le bras d'Ulysse.

- J'accepte avec le plus grand des plaisirs, Monsieur Ulysse de Sombreval. Un peu de chaleur nous fera le plus grand bien. Et je brûle d'impatience à l'idée de faire plus ample connaissance avec vous !

...Le vin serait certainement d'un grand secours, pour le coup...
Ca lui délierait sûrement la langue. Et puis, Lyanna n'avait jamais rien contre un petit verre de vin chaud. Surtout qu'elle campait depuis longtemps déjà et qu'elle était glacée jusqu'aux os, bien que la danse l'eut réchauffé un peu, ainsi que la présence rapprochée d'Ulysse.

- Où voudriez vous allez? Je ne connais pas bien le quartier... Et vous? Nous irons où vous le jugerez bon. Je vous fait confiance !

Le geste délicat de la jeune femme aux cheveux de feu se conclua par une infime caresse d'une douceur infinie en cela qu'elle ne fit que retirer sa main tout en cherchant à se rattraper de m'avoir plongé dans une humeur aussi maussade que sombre alors que nous nagions dans la félicité insouciante d'un bal enfiévré. Du moins, fut ce mon cas. Le fait était que je n'en voulais absolument pas à la belle rousse d'avoir rouvert la plaie béante de mon deuil malencontreusement car sa question n'avait rien eu de déplacé ou d'odieux. Non, au contraire cette simple phrase se trouvait d'ordinaire drapée de l'anodine saveur de la courtoisie chaleureuse bien que policée. Ou alors le signe d'un certain interessement. Cela n'avait aucune espèce d'importance. Non, ce qui en avait s'avérait ètre que je ne pouvais pas entendre évoquer ma situation de veuf sans basculer dans la mélancolie la plus morbide. Celle dont mes nuits étaient pavées, celle dont mes fètes étaient souillées, dont mes sourires étaient masqués et mes moments de joie gâchées.

Le pire se trouvait certainement ètre que dans un fol élan j'en venais parfois à apprécier cette noirceur de la tristesse car elle m'ancrait dans la souffrance d'une perte inestimable. Un brin masochiste que de finir par apprécier le mal qui vous rongeait. Mais comment pouvait-il en aller autrement. Cat avait été le soleil et la lune, le jour et la nuit, la lumière comme l'ombre... Et la Fange m'avait arraché cela ! Une fois de plus, je me fis la réflexion que Lyanna n'avait rien à voir là dedans et qu'elle avait elle mème probablement payé un lourd tribut des griffes du fléau mais lorsqu'ils avaient créés les hommes, les dieux ne devaient pas avoir jugé bon de les rendre rationnels sur certains sujets. Alors, autant fuir cette peine déchirante car je ne pouvais la vaincre. Ne le voulais peut-ètre pas. Oui, autant abandonner cette place de rires et de chants. Ce parterre de bonheur fugace qui venait de me devenir insupportable alors mème qu'il avait incarné un modeste arpent de paradis musical quelques instants plus tôt.

Le sourire bienveillant de ma partenaire de danse ne fit que me conforter dans mon choix. Si nous restions ici, je risquais de devenir exécrable bien malgré moi et la perspective de passer encore un peu de temps avec la jolie rouquine s'estomperait. Lyanna n'avait point à subir mon changement d'humeur. Mes hommes quant à eux y étant plus que rompus, je ne m'étonnais guère de les voir se rapprocher d'une allure martiale le regard méfiant et la main sur le pommeau. La chaleur dans la voix de la jeune femme me rassurai un instant si bien qu'un infime sourire se plaqua sur le masque facial attristé. Sourire un brin incongru car d'évidence tout sauf de connivence avec le reste de l'ensemble. "Vous m'en voyez plus que soulagé Lyanna. Cela m'aurait également attristé madame. Vous ne me devez rien. Car vous m'avez également fait passé un agréable moment."

Lyanna me prit doucement le bras d'une main hésitante au moment mème ou mes hommes émergèrent de la cohue. Un simple signe de tète suffit à Sam, Enzo et ser George pour se stopper. Je reportais mon attention sur la jeune femme. "Vous me comblez madame Desroses. En effet, un bon feu de cheminée assorti d'une coupe ne font jamais de mal. J'ai tout autant envie d'en apprendre plus sur vous. Vous me semblez bien mystérieuse." La main de Lyanna sur mon bras, je m'éloignais de la place mes protecteurs mutins dans le sillage. Je ne cherchais guère à faire compliqué. La Chope étant trop éloignée à mon gout la première taverne sur le chemin ferait l'affaire. "Je suis un habitué de la Hanse mais ne saurais me targuer d'en connaitre toutes les tavernes. Mais, j'imagine que la première fera parfaitement l'affaire. Parlez moi un peu de vous sur le chemin. Cela n'est que justice."

Les gardes s'étaient approchés d'eux, elle les voyait du coin de l'oeil. Elle remarqua aussi le petit signe de tête que fit Ulysse en direction de ceux-ci. Il semblait dire que tout était sous contrôle. Bon, voila une bonne chose, déjà.
Il retrouva un certain sourire, bien que son visage demeurait assombri par la tristesse qui ressentait sans aucun doute possible. Ils prirent alors doucement la route de la taverne la plus proche, à la guise du noble. Il la laissait lui tenir le bras, et elle se laissait entraîner, se calant sur son rythme de marche. Un frêle sourire aux lèvres, elle écoutait les dire d'Ulysse, qui se désignait lui même comme un habitué de la Hanse. Pas de grandes surprises jusque là, mais ce serait sans doute une information intéressante pour le comte de Rougelac, qui aimerait sans doute connaître les routines et habitudes de ses personnalités surveillées. Puis, finalement, il l'insista à en dire un peu plus sur elle.
C'était délicat... Bien sûr, elle ne pouvait pas dévoilée sa véritable vie et identité. Le noble aurait immédiatement compris son petit manège et l'aurait peut être même fait enfermé pour ses crimes passés comme actifs. Ca aurait également très vite attisé des soupçons de sa part à l'encontre de Victor, qui se serait chargé d'elle personnellement. Et à cela, elle préférait encore la prison. Mais à la fois, elle ne pouvait pas se réinventer une vie, comme ça, sans rien avoir de bien solide à lui fournir. Heureusement, elle avait prit le temps d'y réfléchir un peu, lors de son attente, comme lors de leur échanges. Il semblait évident qu'elle ne devait pas plus attiré l'attention sur elle, ne pas en faire des tonnes, mais être dévoilé sous un jour suffisamment intéressant pour qu'Ulysse continue de s'intéresser à elle. Elle ne devait pas en dire trop, pour ne pas se griller au près de lui, mais en dire suffisamment pour gagner sa confiance et sa sympathie, pour qu'il s'ouvre finalement à elle.
Marchant toujours l'un à côté de l'autre, Lyanna à son bras, elle prit une voix tendre, par moment ponctuée d'un peu de tristesse, alors qu'elle entamait son bref récit :

- Mystérieuse? Moi? Je ne vois pas bien pourquoi vous dites cela. Je vous l'ai dis, je ne suis personne de très important. Mes parents ont toujours vécu à Marbrume, et moi également. Nous vivions sur le port, et j'y demeure encore, bien que mes parents soient morts depuis quelques années déjà. Je suis serveuse dans une taverne... Vous voyez, rien de très intéressant. Et je me balade dans la ville lors de mes jours de congés. Et c'est comme ça que je suis tombée sur vous !

La rousse lui adressa un joli sourire. Cela lui semblait amplement suffisant, et elle priait pour que l'homme ne chercha pas à creuser plus loin son histoire... Basique. Mais ça se voulait efficace.
Lyanna jeta un petit regard en arrière, constatant que les gardes d'Ulysse continuaient de les suivre. Comme ce geste n'avait rien de très discret, et qu'elle voulait reporté l'attention du garçon sur autre chose, elle demanda :

- Je crois que nous sommes suivit, Monsieur de Sombreval... Connaissez vous ces hommes, qui nous emboîtent le pas?

Elle lui afficha une mine anxieuse, qui lui semblait de mise pour être innocentée.
Ils arrivaient tout deux devant la taverne et elle s'arrêta. L'endroit semblait bien. Pas des plus raffinés et distinguées, mais pour Lyanna ce n'était vraiment pas un problème. Prenant toujours son air soucieux, elle regarda les deux chevaliers s'approcher doucement d'eux.

- A vrai dire, ils me rendent nerveuses...

La Hanse était particulièrement animée en cette morne journée d'hiver cependant il n'y eut nul besoin de se frayer un chemin parmi une foule de badauds ou de marchands courant à leurs affaires. Commis et apprentis prenant des pauses entre deux phases d'un dur labeur semblaient préferer se tenir relativement près de leurs établissements respectifs comme pour ne pas se couper de la chaleur bienveillante émanant de ces derniers. Par ailleurs, la Hanse était rarement déserte mais la fraicheur devait pourtant avoir dissuadé un certain nombre de plaisants et de flaneurs qui d'ordinaire traversaient les lieux sans destination précise en prenant le temps d'admirer les dernières oeuvres des artisans ou de négocier les prix pour la forme et le simple plaisir d'ergoter. Je ne le savais que trop bien pour avoir contemplé un tel spectacle social des centaines de fois depuis mon arrivée dans la cité ainsi qu'y avoir participé un autre nombre de fois. Cela me plut de ne pas devoir jouer des coudes vis à vis de corpulents personnages ou n'importe quel individu. Non, pas que cela m'ait jamais posé le moindre problème de forcer un passage dans une foule d'autant que mes hommes s'en chargeaient souvent pour moi avec une absence de délicatesse typique des soldats mais dans mon ètre la mélancolie et la tristesse flirtaient souvent avec la rancoeur et la colère.

Or, il eut été à mes yeux malséant de m'emporter pour une broutille devant ma charmante connaissance et tout juste partenaire de danse. Je n'en n'étais pas non plus à dégainer la lame de mes aieux pour si peu en défiant en duel l'impudent néanmoins tous mes hommes de mon cercle rapproché d'officiers, vassaux, chevaliers et amis à mes fantassins et autres Griffons savaient pertinnement que je n'étais jamais aussi redoutable que lorsque l'ombre de Cat planait sur mon coeur. Fort heureusement pour moi, la chaleur de la main de la dénommée Lyanna sur mon bras m'apaisait fort suffisamment pour que je me fasse violence pour aller de l'avant. Il faudrait bien que j'apprenne à vivre avec la mort de Catherine et ses circonstances. Si Sydonnie était là elle m'aurait secoué comme un prunnelier sans ménagement pour me forcer à réagir. Cette pensée m'arracha un sourire imperceptible et un brin amusé. Tandis que mes gardes du corps nous emboitaient le pas à une allure respectable, je décidais d'interroger la jolie rousse dont je ne savais au demeurant strictement rien. Quelques instants défilèrent avant que la jeune femme ne me répondit d'une voix tendre nimbée d'une certaine tristesse.

Tournant la tète en direction de mon interlocutrice, je l'écoutais avec attention. Supputant une histoire marquée du sceau de la tragédie comme tant d'autres depuis l'arrivée de la Fange. Un sourire amical sur les lippes je répondais. "Oh si vous ètes bien mystérieuse mademoiselle Desroses. Chaque inconnu est mystérieux à la personne qu'elle rencontre. Ne dites pas que vous n'ètes pas importante. Vous ètes importante pour quelqu'un. Vous ètes originaire de la cité donc. Une chance inestimable eu égard à la Fange. Mes condoléances pour vos parents. Il s'avère que je connais bien le quartier du port car la caserne de mes hommes s'y trouve. Par contre, je ne vous ai jamais vu dans une taverne. Il faut dire que je passe plus de temps dans celles de la Hanse. Vous me voyez ravi que vous ayez cette habitude sans quoi je n'aurais pu vous croiser. Il faut reconnaitre que vous m'ètes tombé dessus au sens littéral du terme mais cette maladresse a du ètre une simple conséquence du givre car vous m'avez l'air bien habile." En effet, une serveuse se devait d'avoir un certain équilibre d'une part et d'autre part les mouvements de danseuse de Lyanna avaient dénotés un talent certain pour le maintien. Mais, ma dernière remarque pouvait ètre interprétée d'un autre sens. Après tout, elle se trouvait au bras d'un sang bleu par un étrange concours de circonstance. Si cela n'était pas une autre sorte d'habileté je ne savais pas ce que c'était.

Le sourire de la belle rousse semblait tel un modeste soleil contrebalancant la mélancolie de ses propos. Alors que nous approchions de la première taverne venue sans prétention malgré une bien belle enseigne dans laquelle j'avais déjà bu une coupe ou deux je notais le regard en arrière de la jeune femme sur mes trois gardes du corps nous suivant à une allure respectable. Etrange comme réflexe mais compréhensible pour qui n'était pas habitué à se faire escorter. Un léger rire amusé flotta devant mes lippes avant que je ne répondis. "Je vous accorde qu'ils ont des tètes de tueurs. Et ils en sont mais vous n'avez rien à craindre de Ser George, Sam ou Enzo. Ce sont mes gardes du corps. Des membres de ma compagnie mercenaire. Rang noble oblige, mes vassaux tiennent à me voir protégé dans la ville basse. Ne faites pas attention à eux ma dame." La mine anxieuse de Lyanna me poussa à jeter un coup d'oeil en biais vers mes hommes et le chevalier se fendit d'un haussement d'épaule indifférent alors qu'Enzo souriait cranement tandis que Sam restait placide. Nous arrivames finalement devant le Cygne Rieur et alors que je m'appretais à rentrer la remarque de la jeune femme m'interpellait. Sa mine soucieuse de mème aussi j'attendais que les trois hommes nous rejoignent pour lancer. "Eh bien messieurs vous rendez la demoiselle nerveuse. Surement ta sale gueule Sam. Comment lui en vouloir ?"

Mes hommes sourirent grassement alors que je reprenais. "Bon si vous jurez que vous ne comptez pas tenter de m'assassiner avec une coupe de vin chaud ou une miche de pain peut-ètre que mes hommes seront tranquilisés." J'éclatais d'un rire franc avant de donner ordre aux trois Griffons Moqueurs de se fondre dans la masse loin de la table que je choisirais. Je ne pouvais décemment pas les laisser dehors dans un froid pareil mais si Lyanna était intimidée notre discussion serait sans saveur. Je pus lire le déplaisir dans les yeux des trois membres de la compagnie mais je savais qu'ils obtempereraient. Nous rentrames dans la foulée dans la taverne et je commandais au comptoir. "Que souhaitez vous boire Lyanna ?"