Marbrume


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 Ceux qu'il faut instruire

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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyMer 16 Jan 2019 - 13:34
Ceux qu'il faut instruire


Il y a des semaines comme celles dont jouissait maintenant l’érudite. Des jours avec un peu moins de labeur. Un peu moins de besogne et, par miracle, elle gardait le ventre plein. Depuis que le voisin se proposait de prendre soin du petit, elle ne portait plus le poids de sa triste position seule. Pour la première fois depuis qu’elle avait atterri à Marbrume, elle se sentait sortir un peu la tête de l’eau.

Les journées à l’étude pouvaient se faire plus longues. Quelques-unes de ses dernières rencontres l’emplissaient d’un espoir nouveau : il y avait encore des femmes et des hommes qui pensaient encore pouvoir trouver une explication rationnelle à la Fange. Malgré ses apparences de pauvresse, il y avait quelques gens de lettres pour prêter une attention discrète aux recherches de l’immigrée venue de l’Ouest.

Si l’hiver n’était pas tombé sur les bronches de l’enfant et que son état ne s’était pas autant détérioré ces derniers temps, l’érudite aurait nagé dans un semi-bonheur. Ce sentiment presque oublié qu’offrait la combinaison d’un ventre plein, d’un toit et d’une sensation de sécurité oubliée.

Pourtant, il n’était guère sage de penser que le dernier rempart de l’humanité la mettrait à l’abri. Chez les damnés, les enflures se faufilent toujours entre les âmes perdues.

C’était un jour presque comme les autres. Une journée de pluie. Assez d’eau était tombée pour faire déborder les caniveaux. Sur le chemin qui la séparait de la bibliothèque, elle s’était faufilée sous son manteau troué, dans la nuque ponctuée de vertèbres de la jeune mère. Penchée sur les manuscrits dont elle cherchait toujours une traduction satisfaisante, elle soufflait par intermittence sur ses doigts dans l’espoir que la chaleur qui s’échappait de ses lèvres bleuies réchauffe ses phalanges grelottantes.

Elle était trop concentrée pour les entendre venir. Et l’érudite sursauta lorsque les hommes s’assirent en face d’elle dans un fracas d’armure cliquetante. Elle ferma prestement les ouvrages qu’elle consultait de peur qu’on lui reproche une lecture indécente. Et elle leva les yeux sur ces parfaits inconnus. Deux gars d’une bonne carrure. L’un un peu plus rondouillard et rougeaud que l’autre. Avec des mains immenses qui auraient aisément broyé la nuque d’un chevreau. Il devait être plus vieux que le second même si elle ne pouvait pas en être certaine : la calvitie précoce du second homme jetait le doute.

Des armes à la ceinture. Des grand manteaux de peaux qui ruisselaient sur le parquet. Pour le peu qu’elle en voyait, ils n’avaient pas l’air lettrés pour un sous.

Euh… Comment puis-je vous aider, messieurs ? Dois-je demander à un clerc de vous aiguiller ? proposa-t-elle d’une voix douce, calme pour le moment.
On veut pas parler à des grattes papiers, lança le premier.
‘Faut que vous nous suiviez m’dame, précisa l’autre.

L’érudite écarquilla les yeux, sans comprendre. Les suivre ? Où ça ? Elle écarta un peu les papiers sur lesquels elle travaillait pour ne pas se tâcher avec l’encre fraîche.

— Je ne comprends pas, dit-elle pas rassurée.
Alors vous refusez ? s’offusqua celui avec les énormes paluches.
Refusez quoi ?
Bah de nous suivre.

Ils parlaient de ça comme si c’était déjà convenu et qu’elle rompait une promesse donnée il y a longtemps. Mais, Ventre-Diable, elle ne les avait jamais vu auparavant !

La lettrée fronça les sourcils, croisa ses bras maigrelets sur sa poitrine et se recula au fond de son siège pour les jauger avec perplexité. D’où sortaient-ils ces deux-là ?

Que me voulez-vous ?
C’est nous qu’on pose les question, ronchonna le plus balèze.
Vous nous suivez. Ou vous nous suivez pas. Voilà.

Parce qu’elle avait l’impression de communiquer avec des attardés, l’érudite finit par vouloir tenter de se débarrasser de cette compagnie limitée. Elle tenta poliment décliner la position parce qu’elle ne saisissait pas encore bien l’ampleur de la menace qui pesait sur elle :

Euh bah, c’est très charmant à vous, hein, mais je vais passez, messieurs. Bonne journée. Puisse la paix être avec vous.

Un sourire courtois de circonstance. Et, en les voyant se lever, elle se crut débarrassée des compères. Elle ne prêta pas attention à leur sourires goguenards et rouvrit le livre pour parfaire sa traduction.

D’un coup et d’un seul, on l’empoigna par la taille. Avant qu’elle n’ait réalisé ce qu’il se passait, elle fut jetée sur une épaule comme si elle ne pesait rien. Elle voulut crier mais son cri fut étouffé dans la paume de l’immense main.

Allez, hop, poulette ! Si tu nous suis pas, alors on t’emmène. C’est ce qu’il a dit le vicomte.

Hein ? Quoi ? Vicomte ? Quel vicomte ? Où est-ce qu’ils pouvaient l’emmener par les Trois ?

L’érudite s’agita mollement pour donner l’alerte mais son corps trop fluet aurait cassé à la moindre volonté de celui qui la portait comme un sac de farine. Avant qu’on les ait remarqués, les ravisseurs avaient quitté la Bibliothèque avec leur gigot de science sur le dos.

Il pleuvait toujours et le pauvre bout de femme fut bientôt trempée de la tête au pieds. Comme les rues étaient presque vide, on la laissa s’époumoner, elle qui, de coutume, ne haussait jamais la voix :

LÂCHEZ MOI TOUT DE SUITE ! VOUS FAITES ERREUR ! NOM D’UN CHIEN, JE NE VEUX PAS VOUS SUIVRE ! ÔTEZ VOS SALES PATTES DE LA, BANDE DE PALTOQUETS ! ESPECE DE FIFRELIN, NE ME TOUCHE PAS !

Bien sûr, personne ne lui vint en aide. La faute au blason que portait les deux individus et que la savante n’avait pas pris la peine d’observer, probablement. Et, ballotée sur un bout d’épaule, on la traina jusqu’aux beaux quartiers.

Le bruit d’un loquet qui s’ouvre. La traversée d’une petite cours. Les murs d’un manoir. L’impression d’entrer dans une cage à rats.

L’érudite regardait partout et c’était comme si personne ne la voyait. Comme si cela avait été chose courante que l’on traine de la sorte des gens dans ces murs. Quand ils entrèrent enfin, les gros bras qui l’enlaçaient la posèrent sur une chaise dans un couloir. Complètement perdue, elle tremblota, les mèches de cheveux collées sur son visage humide, recroquevillée et les yeux dans le vague.

Toi, tu ne bouges pas, c’est bien clair ? on lui ordonna.

Obéissante, l’érudite hocha la tête pour assurer que c’est ce qu’elle ferait. Elle ne savait ni ce qu’elle ne faisait là, ni pourquoi on l’avait emmené mais elle ne voulait pas mourir pour un signe d’insubordination futile. Au pire, ils verraient qu’ils avaient commis une erreur. On la relâcherait. Oui, oui, ce n’était qu’une petite méprise et tout rentrerait vite dans l’ordre.

Les hommes se retirèrent brièvement. Déglutissant pour ravaler son mélange de rage et de peur, le bout de femme se décida à lever un peu les yeux. Instinctivement, elle leva les yeux pour se trouver face à face avec un portrait d’un noble en majesté. Des yeux d’un vert dur, cinglant. Une armure juste ce qu’il faut d’inquiétant. Et un crâne chauve surmonté d’une brûlure hideuse.

L’immigrée avait atterri depuis assez longtemps à Marbrume pour connaître ce nom emprunt de la mémoire d’une longue lignée de tyrannie. Il y avait dans le sang de cet homme quelques souvenirs de grands massacres. Des immondices qu’elle avait lues dans les livres. Elle frissonna devant le portrait.

Une porte s’ouvrit sur deux silhouettes. Et la jeune mère voulut immédiatement disparaitre au fond d’un trou de souris tant bien même ce fut dans un coupe gorge dans le Goulot. Ses poings se resserrèrent sur les accoudoirs de son siège jusqu’à ce que ses phalanges blanchissent.

Une seule question en tête : qu’est-ce qu’un sire de Terresang pouvait bien lui vouloir à elle, le rat de bibliothèque ?


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Alexandre de TerresangVicomte
Alexandre de Terresang



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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyJeu 17 Jan 2019 - 18:55
"Je ne veux pas."
"Je ne te demande pas ton avis, mon garçon."

Tonna la voix grave d'un Vicomte de Terresang assis derrière un bureau de chêne à écrire une missive.

"Je me fous que tu ne demande pas mon avis, il s'agit de ma vie tout de même !"
"Ta vie ne t'appartient plus depuis que tu as signé ce parchemin, mon garçon... elle m'appartient..." Il releva la tête de sa missive avec un léger sourire."Alors, tu vas recevoir cette instruction et tu fermera gentiment ta grande bouche, mon fils."

Le jeune homme regarda le Vicomte de Terresang avec un air de défi, ses yeux, eux semblaient avoir envie de l'empaler sur une épée mais il ne dit rien et il se retourna vers la porte qui était gardé par un guerrier de Terresang.

"Seigneur de Montbard, je vous en prie ! Vous n'allez pas me dire que j'ai besoin de ça,
Je suis déjà bon à l'épée, je n'ai pas besoin d'une instruction !"


Le vieil homme à la porte se mit à sourire et croisa ses bras sur sa poitrine.

"Je suis ton Maître d'Armes, jeune Joris, je n'ai pas à décider de ton éducation..."
"En effet, le Sieur de Montbard n'a pas son mot à dire quant à ses questions, mon fils." Dit-il en souriant tout en cachetant la missive de son sceau.

Il eut une expression de recul lorsqu'il entendit des cris du bas de sa Résidence privée mais qu'est-ce qui se passé. Il se leva et entreprit d'aller aux nouvelles en regardant par l'immense fenêtre derrière lui... une jeune femme sur une épaule d'un des gaillards qu'il avait envoyé fait quérir la demoiselle en question... euh... bon... il se retourna, mit sa main valide sous son menton et regarda son bureau tout en s'adressant à Montbard.

"Dîtes moi, Bertrand ... j'ai demandé de faire quérir la dénommée Louise Ochaison, non ?"
"Oui, vous avez envoyé les Gangresang pour cela ..."
"Je leur ai demandé d'y aller doucement, il me semble ... de ne pas la brusquer et si elle refusait, qu'ils la laisse tranquille."
"C'est ce que vous avez dit ... pourquoi ?"
"Je viens de l'apercevoir sur l'épaule de Podrick ... entrain de se débattre ..." Il regarda son jeune fils qui était sur le point de vouloir lui sauter à la gorge. "Il semble que ta perceptrice vient d'arriver."

Il partit alors hors du bureau avec son jeune fils et son homme de confiance alors que la jeune femme avait était déposée dans le petit salon du rez de chaussé pendant que Podrick et Godrick allèrent voir leur supérieur pour rendre compte de la réussite de la mission, ils furent accueilli par le regard noir du noble Vicomte et par les mots durs du Baron de Montbard pendant que le jeune Joris et que le Vieux Alexandre partirent rejoindre leur invité.

"Je ne veux pas suivre les cours de cette femme."
"Tu le feras et c'est un ordre de ton seigneur."

Dit-il alors qu'il ouvrit les portes du petit salon, sur le chemin il avait demandé à une servante ainsi qu'un serviteur de les suivre. L'une déposait un plateau composait d'une épaisse miche de pain, du fromage de chèvre, d'un oignon et de deux pichets, l'un contenant de l'eau et l'autre du vin accompagné de trois verres, quant au serviteur, il alluma la cheminée surmonté du portrait d'Alexandre en mettant des petites buches.

Joris allait s'asseoir dans un fauteuil au fond de la pièce à côté du petit secrétaire tout en observant la demoiselle d'un oeil noir et Alexandre eut un demi-sourire à son encontre tout en se positionnant face à elle. Il était habillé d'une simple tunique de lin blanche, il ne portait pas d'épée ni même de signe distinctif de sa noblesse ... en fait, si on n'était pas chez lui on se serait cru devant un banal paysan. Il porta sa main prothétique gantée à son menton et prit la parole.

"Mademoiselle Ochaison, je présume. Je suis le Vicomte de Terresang mais appelez moi Alexandre ..."
"Ben voyons..."
Il regarda le jeune nigaud d'un oeil noir et reporta son attention sur Louise.
"Et voici mon boulanger de fils..."
"Bâtard légitimé pour être exact, appelez moi Maître-Boulanger Joris." Dit-il sur un ton pince-sans rire qui provoqua l'agacement de son paternel.
"Au nom de ma Maison et de mes hommes veuillez les excuser de leur brutalité ... j'ai parfois l'impression qu'ils se pensent chez eux dans cette cité et qu'ils ont tout les droits."
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyVen 18 Jan 2019 - 0:06
Les hommes se plantèrent devant elle. Contrairement à son image sanctifiée dans le cadre, le noble ne portait guère d’armure ou de parure.

Mademoiselle Ochaison, je présume. Je suis le Vicomte de Terresang mais appelez-moi Alexandre ...
Ben voyons... ironisa l’autre.

Hein ? Que ? Quoi ?

En plus de cette familiarité dérangeante, le sang bleu l’avait appelé par le patronyme d’une famille qui s’éteindrait probablement avec elle. Une chose rare dans cette ville où elle avait presque perdu jusqu’à son nom. Il avait été avalé avec la hordes d’âmes damnées par la Fange.

Trempée de la tête aux pieds et frigorifiée dans ses vêtements gaugés, l’érudite laissait ses yeux aller de l’homme plus âgé à celui à qui il manquait quelques printemps. Elle ne comprenait pas ce qu’elle faisait là, pourquoi on l’avait trainé ici devant des gens dont elle ne connaissait pas les intentions.

Et voici mon boulanger de fils… présenta le père avant que le fils ne le reprenne.
Bâtard légitimé pour être exact, appelez-moi Maître-Boulanger Joris.

Perdue, l’érudite hocha prestement de la tête. Ventre Diable, elle ferait tout ce qu’on attendait d’elle mais qu’on lui dise vite ce qu’elle faisait là !

Du reste, elle avait déjà entendu les langues bavardes siffloter bien des rumeurs sur ce vicomte et son héritier légitimé par la force des choses. Un homme de noblesse et un autre du peuple. Aucun dont elle se sentait véritablement proche. Et, si elle ne se sentait pas retenue tacitement dans ces murs, elle aurait probablement pris ses jambes à son cou.

Au nom de ma Maison et de mes hommes veuillez les excuser de leur brutalité ... j'ai parfois l'impression qu'ils se pensent chez eux dans cette cité et qu'ils ont tous les droits.

La jeune mère déglutit bruyamment. Oh bah si elle avait des excuses, tout était excusé, n’est-ce pas ? Les traits anguleux de son visages étaient tirés, emprunt d’une envie de fuir. Comme les hommes paraissaient en rire entre eux elle se sentit obligée de les imiter. Mais non, rien – absolument rien – de tout ça ne la faisait sourire.

Dehors, elle se voilait la face. A l’intérieur, elle était terrorisée. Par les lieux, par les noms de ceux qu’elle rencontrait et par la raison de sa présence encore inconnue.

En… Enchantée, balbutia-t-elle.

Bien sûre qu'elle n'était pas ravie. C'était de la fausse politesse pour cacher qu'elle n'avait nulle envie de se trouver là, même pour tout l'or du monde...

Elle rangea la mèche de cheveux humide qui collait sur son front derrière son oreille. Se ressaisir. Il fallait se ressaisir et, qu’importe ce qu’ils avaient pu entendre sur elle, elle devait leur dire que ce n’était probablement que folie furieuse.

Je… Je suis navrée. Je ne comprends pas bien ce que je fais ici. Il doit y avoir une erreur, messieurs…

Elle essaya de lever les yeux mes son regard se cloua tout de suite sur le bout de ses pieds. Elle avait terriblement froid.
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyVen 18 Jan 2019 - 16:37
"Tu ne vois pas que tu lui fais peur ?"

Tonna Joris dans son coin pendant que Alexandre remarqua son erreur ... il l'avait fait quérir par des brutes épaisses, sous la pluie ... on se croirait dans un mauvais conte où une jeune demoiselle se faisait kidnapper pour un quelconque rituel. Alexandre se mit à sourire tout en observant Joris auparavant de son regard noir.

"Je vous rassure ... je ne suis pas un kidnappeur, vous n'êtes pas au menu ce soir et je n'ai pas besoin de votre sang ... quoi qu'en pense mes ancêtres." Dit-il sur un ton plaisantin.

"Ce que mon père veut vous dire, c'est qu'il a besoin de vous... pour me torturer."
"Mon fils exagère encore !" Il se tourna pour prendre les verres de vin que la servante lui tendait pendant qu'elle mettait le plateau contenant la bectance sur la petite table basse."Mais pour l'heure ... vous voulez peut être vous réchauffer au coin du feu et vous restaurer ?"
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyVen 18 Jan 2019 - 18:02
Tu ne vois pas que tu lui fais peur ? lança le plus jeune.

Foutaises ! C’était pas du tout intimidant de se trouver recroquevillée dans ses frusques gelée devant ce couple de sang bleu à la réputation ténébreuse. L’érudite qu’on avait trainée ici était par-fai-te-ment en confiance…

Je vous rassure : je ne suis pas un kidnappeur. Vous n'êtes pas au menu ce soir et je n'ai pas besoin de votre sang ... quoi qu'en pense mes ancêtres.

Non, non, non, ça ne la rassurait pas du tout. Justement, il avait évoqué des ancêtre et, si la jeune femme ne croyait pas aux Trois, elle croyait par contre à ce que le sang pouvait transmettre. Les gènes comme les humeurs dévastatrices. Elle n'arrivait pas à se calmer et se forçait à respirer profondément pour ne pas perdre la face.

Ce que mon père veut vous dire, c'est qu'il a besoin de vous... pour me torturer.

Hein ? Comment ça ? Torturer ? Il avait vraiment besoin de dire le mot « torturer » dans cette situation ? Sans rire ?

Le visage de la jeune femme se crispa dans un sourire terrifié avant que le sire ne se mette à détailler davantage :

Mon fils exagère encore ! Mais pour l'heure ... vous voulez peut-être vous réchauffer au coin du feu et vous restaurer ?

Une serveuse venait vers eux avec du vin et de quoi ripailler sur un jolie plateau. La vaisselle n’était pas des plus raffinée mais elle avait son charme. Elle n’avait pas faim mais savait qu’elle n’avait pas le droite de dire non. La servante lui tendit un verre et elle le prit en essayant de ne pas trembler de tous ses membres.

Elle se réchauffait doucement même si son manteau lui manquait et essayait de se montrer disposée à détricoter les raisons de sa présence dans cette noble maison.

Que puis-je faire pour vous et monsieur votre fils, sire ? questionna-t-elle à nouveau en tentant de garder la parfaite maîtrise de ses cordes vocales.

Ses yeux allaient du père au fils. Quelqu’un allait-il se dévouer pour lui expliquer les raisons de sa présence ?
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyDim 20 Jan 2019 - 18:47
Alexandre était un peu satisfait que la jeune demoiselle se détendit un peu ... certes ce n'était peut qu'une façade mais au moins cela promettait d'être un peu moins fastidieux. Le noble vit que la demoiselle prit le verre que la jeune servante lui tendit et Alexandre se mit à sourire.

"Comme mon fils l'a si mal expliqué ... j'ai besoin de vous."


"Il a besoin de vous." Répéta le jeune Joris avec un petit sourire malicieux entre ses lèvres.

Alexandre se mit à soupirer de plus belle ... que ferait-il de celui-ci ... heureusement qu'il avait besoin de sa personne pour la pérennité de sa lignée ... et pour cela, il avait besoin que cette demoiselle l'instruise là où il s'était arrêté ... c'est à dire à presque la moitié d'un apprentissage normale. 

"Voyez vous ..."

Il but alors une gorgée de vin dont son verre contenait et il reprit la parole après quelques secondes.

"Mon fils sera quelqu'un d'important d'ici que je passe l'arme à gauche, il doit être instruit mais ce garnement a arrêté son instruction lorsqu'il a apprit qu'il était mon fils ... D'après ce que les Clairval , sa famille d'accueil, m'a dit, il s'est arrêté à la généalogie et l'histoire de Marbrume et du duché du Morguestanc ... j'ai donc besoin de vous pour lui apprendre son histoire."

Il se tourna alors pour regarder le tableau au dessus de la cheminée, il représentait le Vicomte lorsqu'il avait encore deux mains et qu'il était peut être un peu plus jeune de 10 ans ... cet Alexandre là rirait bien de la situation de l'actuel, il se détourna de cette vision du passé et reprit son discours en scrutant la jeune femme.

"Il doit également revoir les bases de lecture, d'écriture, d'arithmétique.... de tout quoi !"

Joris se mit à sourire puis leva les yeux au ciel comme si ce que disait son père était absurde.
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyLun 21 Jan 2019 - 17:09
Ils avaient besoin d’elle. Enfin. Le vieux semblait y tenir bien plus que le jeune qui accueillait chaque parole du paternel par un trait d’effronterie. Nulle doute qu’il lui fallait quelques classes : jamais l’érudite ne se serait imaginée répondre à ses feus géniteurs.

Etonnée par l’impertinence de ce sang bleu sans panache, l’ancienne bourgeoise s’accrocha davantage aux lèvre du paternel qui parlait un jargon qu’elle saisissait davantage :

Mon fils sera quelqu'un d'important d'ici que je passe l'arme à gauche, affirma le sire de Terresang, considérant froidement l’idée d’un décès. Il doit être instruit mais ce garnement a arrêté son instruction lorsqu'il a appris qu'il était mon fils ... D'après ce que les Clairval, sa famille d'accueil, m'ont dit, il s'est arrêté à la généalogie et l'histoire de Marbrume et du duché du Morguestanc. J'ai donc besoin de vous pour lui apprendre son histoire.

Un sourire un peu décontenancé barra le visage décharné de celle que l’on considérait comme une digne préceptrice. C’est qu’elle n’était pas de Marbrume et tout ce qu’elle pouvait apprendre à ce jeune homme, elle devrait d’abord le puiser dans les livres. Rien d’incommensurable, mais elle se demandait pourquoi ce noble personnage venait la quérir elle et pas un autre clerc de la cité, plus à même de réciter ce qui avait modelé son passé.

Les racines de la jeune mère ne puisaient pas dans ces pavés gris mais bien plus à l’Ouest où tout était mort avec la venue de la Fange.

Son hôte se tourna vers un autre tableau le représentant probablement avec quelques années en moins et des doigts en plus sur les mains. Dessus, il devait avoir le même âge que son rejeton. Mais elle trouvait dans cette image plus de fierté que ce que présentait le jeune homme pour le moment.

Il doit également revoir les bases de lecture, d'écriture, d'arithmétique.... de tout quoi ! précisa le noble.

Tout. Ce n’était pas large comme champs d’études ça… D’autant plus si l’élève se montrait aussi peu réceptif qu’il était ironique devant cette conversation.

D’abord, l’érudite voulut décliner l’offre. Parce qu’elle avait la peur au ventre de ne pas réussir. Jusqu’ici, elle avait surtout eu affaire à des adultes, des gens qui mesuraient la richesse de ce qu’elle avait à offrir même si les temps ne jouaient pas en sa faveur ; alors pourquoi vouloir se battre avec un homme-enfant qui se fichait des lettres ?

Je… tenta-t-elle avant de prendre un temps pour réfléchir à la formulation la plus adéquate : Je ne pense pas être la personne la plus désignée pour ce travail, messieurs.

Ce n’était pas de la mauvaise volonté. Mais au vu du regard froid que lui lançait le père, elle trouva de bon ton de nuancer son propos. Elle but une gorgée du breuvage qu’on lui avait gracieusement servit pour trouver du courage et s'adressa au père, seul interlocuteur digne d'une conversation mesurée :

Je veux bien apprendre à monsieur votre fils ce que je sais des lettres, des mathématiques, ce n’est pas là la complication. Mais je crains de ne pas…

Comment formuler poliment sans froisser l’héritier ?

Bien que passionnée, je ne suis pas certaine d’être assez persuasive pour partager l’importance de mon art.

Ventre Diable, que le mot était mal choisi…

Tout ce qu’elle voulait dire, c’était que ce jeune homme semblait requérir une certaine poigner. Et rien dans l’érudite ne laissant transparaitre une force incroyable. Trop facile pour le garçon de la submergée.

Elle était de ces force de caractères qui se montre que si on prend le temps de l’écouter ; ce à quoi le jeune Terresang ne semblait guère enclin.
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Alexandre de TerresangVicomte
Alexandre de Terresang



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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyMar 22 Jan 2019 - 21:26
Alexandre regarda Louise de son regard sans émotion dont il n'avait pas le secret, car, l'homme était plutôt émotif, il était un guerrier et non un mondain, on lui avait apprit à utiliser ses émotions mais là ... il semblait déçu ... 'fin peut être. Il se mit à soupirer une nouvelle fois et cette fois ce fut le fils Terresanguin qui prit la parole.

"Soit. ça me va, je peux y aller ?" Demanda t-il avec un grand sourire qui ne fit pas mine de partir lorsque son père lui adressa un regard noir... Alexandre lui montra la porte de toute sa main gauche artificielle.

"Pars voir Montbard ... je veux te voir l'épée à la main quand je redescend."
"Vaut mieux ça qu'une plume à la main." Dit-il en claquant les portes derrière lui.

Alexandre attendit un instant pour reprendre la parole, peut être attendait-il que Joris soit assez loin ou alors il avait un sixième sens qui lui disait qu'une servante passait par là pour écouter à la porte ... notamment la servante d'une certaine Baronne mais qu'importe, lorsqu'il fut prêt à parler, il ouvrit la bouche.

"Je comprend votre sentiment ... Mes hommes vous ont brutalisé pour vous faire venir ici, je vous demande la bouche en coeur d'éduquer mon fils et cela sans prendre en compte vos sentiments."

Il se mit à s'asseoir face à elle puis tourna la tête légérement vers le tableau au dessus de l'âtre de la cheminée.

"Je devais avoir 21 ans ... oui, je parais plus vieux sur ce tableau sûrement dû à la vilaine blessure qu'un archer m'a accordé sur ordre de mon père. Savez-vous comment j'ai reçu cette blessure ? Je crois me souvenir que c'est dans l'un des livres d'histoire du Morguestanc."
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyMer 23 Jan 2019 - 14:12
Le jeunot trouva un moyen de s’extirper de cette étrange entrevue. L’odieux jeune homme quitta la pièce en claquant les portes derrières lui. Le corps de la femme tressauta comme si le bruit des battant avait sonné comme une déflagration.

Mieux valait aller l’arme au poing que la plume à la main pour l’héritier de Terresang. Et les temps obscures qu’ils traversaient n’auraient su le contredire, malheureusement.

Elle n’aimait pas le regard froid que le père avait pour elle. Après le départ du fils, ils restèrent tous deux dans ce silence de cimetières. L’érudite n’aurait su dire s’il cherchait à l’ignorer ou une solution pour la punir ou la faire déguerpir. Elle se mordit l’intérieur de ses joues décharnées et, sans qu’elle y ait pensé, ses ongles commençaient à s’enfoncer dans les accoudoirs de son fauteuil.

Quand il reprit la parole, il n’y avait plus un bruit dans le couloir et c’était presque comme si tout le manoir avait retenu son souffle :

Je comprends votre sentiment ... lâcha-t-il sans la regarder. Mes hommes vous ont brutalisée pour vous faire venir ici, je vous demande la bouche en cœur d'éduquer mon fils et cela sans prendre en compte vos sentiments.

Bien que fragile, la jeune femme n’était pas en sucre. Elle était encore un morceau et, si elle avait cru en un seigneur, elle lui aurait été reconnaissante. La terreur passée, il ne lui restait que ce faux mépris de ce noble.

Elle n’aurait rien trouvé à dire, alors elle fut soulager de voir l’homme passer du coq à l’âne en parlant du tableau positionné au-dessus de l’âtre autours duquel il se réconfortait de la morsure de l’hiver :

Je devais avoir 21 ans ... précisa-t-il, presque songeur. Oui, je parais plus vieux sur ce tableau sûrement dû à la vilaine blessure qu'un archer m'a accordé sur ordre de mon père.

Les yeux allèrent du tableau à l’homme en chair et en os qui se tenaient face à elle. Le temps n’épargne personne et elle mesurait le dommage qu’il avait eu sur la trogne rustre et sèche de l’homme sans un mot.

Il aurait pu s’arrêter ici, mais ce n’était pas là l’intérêt de la manœuvre.

Savez-vous comment j'ai reçu cette blessure ? Je crois me souvenir que c'est dans l'un des livres d'histoire du Morguestanc.

Allons donc ! Il s’agissait bel et bien d’une consultation sur son érudition !

La jeune mère baissa les yeux. Au fond de son palais mental où elle classait les livres qu’elle avait lu, elle chercha tout ce qu’elle avait lu sur le sujet. Parce que l’enjeux planait cruellement, et par crainte de ne pas vexer le seigneur, son esprit tétanisait quelque peu.

Elle déglutit et articula ses quelques connaissances comme retranscrit ce qu’on se souvint d’un poème appris il y a longtemps :

C’est un épisode que des copistes mieux placés que moi se sont chargés de renseigner, il est vrai.

Les nouvelles se propageaient grâce l’œuvre des trouvères quand la Fange ne les empêchait pas d’aller et venir entre les contrée. L’incident c’était produit il y a plus de deux décennie et le bout de femme ne devait même pas être, à l’époque. Les clercs, eux, avaient concilié la tragédie dans les registres reprenant l’histoire tortueuse qu’était celle de Morguestanc. Il n'y avait pas un livre mais une multitude, tentaculaire, qui se contredisait parfois d'ailleurs.

Très subtilement, la jeune femme résuma l’évènement tel qu’on lui avait exposé dans cette contrée lointaine d’où elle venait :

Une histoire de flèche enflammée, si mes souvenirs sont bons, n’est-ce pas ?

Quelque part, il était étrange de converser de la sorte avec un tel personnage. Elle aurait préféré qu’il reste entre les pages et qu’elle n’ait pas à lui tenir palabre en connaissance de son affreuse réputation.

Une attaque commandité par feu votre vicomte père, avant que vous lui succédiez. Assassiné par le commandant de Nouet, chef de la garde de Sang.

Elle se tut ici parce qu’elle ne voulait rien ajouter de peur de se tromper à ce petit jeu où il aurait été si aisé pour lui de lui prendre la vie.

C’était bien là un exercice om les noble se complaisaient : faire discourir les petites gens sur les faits qui ont fait la réputation de leur nom sans même se pencher sur la personnalité de ses sujets. Parce que l'érudite venait de loin et était étrangère à tous ces ragots et potins de la capitale. A trop passer du temps à lire les lignes de morts, elle parlait de moins en moins aux vivants.
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Alexandre de TerresangVicomte
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyJeu 24 Jan 2019 - 18:31
Alexandre écouta alors les réponses de la demoiselle à côté de lui ... elle avait semble t-il bien appris ses leçons. En effet, c'était un archer sur les ordres de son père qui avait commandité cela pour le punir de son insurbordination quelques années plus tôt ... néanmoins, ce n'était pas Nouet qui avait assassiné le Vicomte mais bien son propre fils, de sa propre main.

Il regarda sur le côté pendant un instant et eut une vision, son père se trouvait là devant le bureau en tenue blanche ... il ferma les yeux pendant une seconde et la vision disparut. Bon, il se racla la gorge et fit mine de ne rien montrer de sa gêne, depuis sa confession au Père de Tourres, il le voyait quelques fois ... il avait fait acte de rédemption durant toute la période de sa confession, il aidait le peuple et il avait même perdu une main, peut être lui apparaissait-il pour lui rappeler son erreur mais qu'importe.

"Pour une personne qui refuse d'éduquer un fils de noble à l'histoire de la noblesse du Morguestanc vous semblez bien vous y connaître, mademoiselle Ochaison." Il regarda une nouvelle fois le tableau puis reprit la parole. "En effet, feu mon père a commandité l'attaque des Terres de Terresang ... il a prit toute nos troupes des villages et vassaux pour aller se battre face à un seigneur qui s'était rebellé contre le Duc ... bien sûr ce n'était qu'un prétexte." Il leva sa main artificielle pour mieux l'observer."Il ne restait que des recrues avec moi, j'étais le commandant des armées frontalières du Duché ... et ... c'est là que mes terres furent envahis par des petits seigneurs commandés par un baron sous les ordres de mon père attaquèrent les villages, tuant sur le passage femmes, enfants et vieillards."

Il se leva alors de son siège et entreprit de se servir une nouvelle coupe de vin puis reprit.

"Ils arrivèrent alors à la Forteresse Sang-Froid, la capitale du Vicomté ... ils nous assiégèrent durant des semaines jusqu'à ce que je décide d'échaffauder un plan pour nous permettre de nous en sortir ... ce que nous firent mais ... la question à 2 écus, pourquoi feu mon père a t-il fait cela ?"
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Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyLun 28 Jan 2019 - 17:21
Pour une personne qui refuse d'éduquer un fils de noble à l'histoire de la noblesse du Morguestanc vous semblez bien vous y connaître, mademoiselle Ochaison, lâcha l’homme.

Et les yeux de l’érudite filèrent tout de suite sur le bout de ses pieds. Il allait très vite voir qu’il se trompait fort sur son compte.

Le sire de Terresang reprit l’histoire là où l’érudite l’avait arrêté, la corrigeant pour mieux raconter l’histoire selon ses termes. En prenant soin de rehausser la valeur de ses exploits.

La jeune femme écouta parce que c’est tout ce qu’on lui demandait de faire. Le récit était teinté d’écarlate : c’était une histoire bien sanglante que celle de cette famille et du géniteur de son interlocuteur et elle ne la mettait guère à l’aise.

La question à deux écus : pourquoi feu mon père a-t-il fait cela ? demanda soudain le noble en se resservant un peu de vin.

L’érudite déglutit. Elle ne venait pas de cette région du monde et, même si elle aurait pu tenter de lister toutes les potentielles raison qui aurait pu motiver un homme à exterminer des petites gens, selon les règles que se trouvaient les hommes pour aller au massacre, elle ignorait totalement la réponse à cette question. Tant bien même elle en aurait fait bien des choses avec les deux écus promis.

C’était bien un comportement de sang bleu de s’attendre à ce que leurs sujets les connaissent par cœur. Ces mêmes seigneurs qui ignorent jusqu’au nom de leur serviteurs.

Je l’ignore,finit par articuler la jeune mère quand son silence fut sembla trop long.

Pour elle, il y avait bien des choses plus passionnante à connaître. Les loi du vivant, celle des étoiles et les langues que plus personne ne parlait entre autres. Elle qui savait tout aurait peut-être dû savoir aussi ce qu’elle prenait pour futilité de cours parce qu’elle avait l’impression que c’est ce qui lui couterait la vie pour l’heure.

Du temps où elle avait appartenu à une certaine bourgeoisie, elle n’avait jamais prêté attention aux bavardages et rumeurs qui touchaient ceux qui étaient nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Alors pourquoi s’intéresser à ceux qui l’avaient bien vite oubliée maintenant qu’elle n’était plus rien ?
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyMer 30 Jan 2019 - 8:35
 « Vous l'ignorez ? »

Il but une gorgée de son vin et entreprit d'aller vers le petit bureau se trouvant au fond de la pièce, il prit la peine de s'asseoir à demi sur celui-ci et eut un léger sourire.

 « La lignée des Terresang est parsemée de complots sanglants, chacun de mes aïeux est mort soit sur un champ de bataille de la main de leur propre homme, soit dans l'intimité une dague dans le dos. Les livres d'histoires relatent la tyrannie de ces derniers après leur soulèvement contre celle des Volaigle, nos suzerains d'origines … l'ironie de la chose c'est qu'à peine ces tyrans morts, ils ont prit leur place. »

Il regarda la jeune Louise sans un sourire, ces histoires étaient vraies, du moins Alexandre le supposait étant donné que le prêtre qu'il avait comme professeur lui avait révélé … sans en subir les conséquences.

 « Mon père faisait partie de ces tyrans … il n'aimait son peuple que pour les taxes, soit, vous vous dîtes que le sang appelle le sang mais que nenni ! Lorsque mon père était en voyage et même sans qu'il le soit, j'aidais comme le pouvais nos sujets financièrement et physiquement, j'étais aimé de notre peuple mais ce n'était guère au goût de mon père. »

Il se releva alors de son bureau et alla alors vers les portes du salon pour ensuite revenir vers son bureau tout en parlant à Louise avec les gestes de sa main artificielle qui allaient avec, il fit cela plusieurs fois.

 « Un jour, il revint de l'un de ses voyages … il me convoqua pour me houspiller, il n'aimait pas que son autorité soit sapé et que son unique héritier travaille dans les champs comme un paysan, il ne pouvait me tuer étant l'unique enfant de son union avec ma mère … savez vous ce qu'il a fait ? »

Il but une seconde petite gorgée de son vin … décidément le vieux noble avait une petite soif en parlant ainsi.

 « Il a pendu dix hommes, dix femmes, dix enfants pour me punir d'aider ces gens mais … le meurtre de ces personnes, car c'était un meurtre de sang-froid. » Alexandre disait cela sur un ton grinçant tout en serrant sa coupe jusqu'en avoir les jointures blanches.
 « Malgré cela, je continua ma charité envers ceux qui deviendront mes gens … et il ne l'accepta pas donc … il fit ce que je vous ai relaté. »

Il regarda la jeune femme et son sourire n'était plus visible, il avait une mine sérieuse.

 « Ma question est la suivante: pourquoi avoir fait cela ? »
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyJeu 31 Jan 2019 - 11:02
Le seigneur se leva pour raconter sa funeste histoire adossé contre la tranche d’un bureau massif et fort encombré. Il lui conta les histoires de sa lignée marquée par l’écarlate. Des despotes après d’autres despotes se succédant comme de vieux refrains oppresseurs.

Il n’y avait pas de tendresse dans la bouche de l’homme quand il évoquait son géniteur. Les raisons qu’il avait données plus tôt suffisaient à expliquer cette attitude détachée, froide comme le marbre de la tombe. En parlant de leur rivalité pour l’amour de sujets, l’érudite se retint d’une pique amère. Voilà bien un sang bleu : il n’y avait que cette espèce pour se préoccuper de leur image dans le besoin de s’attirer reconnaissance et allégeance.

Dans sa famille de bourgeois, elle ne se souvenait pas qu’on s’embarrassât de tant de futilité. Pas au poing d’en venir aux armes, du moins. Peut-être l’absence d’autorité leur évitait quelques coup de sang mal placés qui aboutissait à la pendaison d’une floppée d’innocent.

L’anecdote donna un haut le cœur à la jeune réfugiée qui avait toujours détesté la gratuité des monstruosité des nobles gonflés d’autorité.

Et l’autre parlait ainsi de sa charité : en évoquant tous les abominations conjointes à son sang. Et l’érudite n’avait pas envie de trouver de raison à cela. Pour le reste, elle ne trouva que des banalités à souffler quand il revint vers elle pour lui demander des explications sur cette ligne de conduite :

Je suppose que vous préférez avoir à votre disposition des sujets bien prompts à vous accorder digne confiance…

En tout cas, l’érudite n’y était pas encore, à cette forme de « confiance ». Même si elle séchait doucement, profitant de l’âtre de la pièce, sa robe gorgée de pluie goutait toujours sur le beau parquet.

De son mieux, elle fit en sorte de ne pas croiser le regard de ce sire. Elle ne savait pas bien pourquoi ils avaient cette conversation – autrement que pour gâter l’ego de ce seigneur bouffi d’un orgueil particulier, si fait – et elle ne trouvait pas de solution pour écouter cette entrevue qu’on lui avait bien étrangement imposée.
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptyJeu 31 Jan 2019 - 15:20
Alexandre se demandait pourquoi il ne l'avait pas encore fait partir mais elle avait sans doute besoin d'aide pour se vêtir, pour manger … le noble se disait que si il convainquait la demoiselle d'éduquer son fils, il pourrait certainement lui donner de quoi faire tout cela … bien sûr c'était une érudite mais même une érudit avait besoin de manger et de se vêtir, peut être avait-elle des enfants … peut être qu'elle avait besoin d'aide et Alexandre en avait besoin aussi.

Il se mit à soupirer et but la dernière gorgée de son vin, cette conversation n'allait aboutir à rien et il perdait son temps … quoique … avoir une conversation intelligente pour une fois, cela ne faisait pas de mal à personne même si il avait autre chose à faire… il la regarda avec un demi sourire.

 « Bon … vous pouvez partir si vous le souhaitez mais je souhaite que vous réfléchissiez à ma demande … je suis prêt à tout faire pour que vous éduquiez ce garnement … je peux vous fournir en vêtement gratuitement voire vous donner de l'argent si vous le souhaitez … je n'attends rien en retour mis à part ce que je vous ai demandé. »
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MessageSujet: Re: Ceux qu'il faut instruire   Ceux qu'il faut instruire EmptySam 23 Fév 2019 - 19:25
La réponse de l’érudite devait être mauvaise parce que le seigneur poussa un long soupire qui s’écrasa finalement au fond de son verre. L’homme bu une gorgée de vin rouge comme le sang que ses prédécesseurs se plaisaient à faire couler.

Avait-il lui aussi le sentiment que rien ne ressortirait de cette conversation creuse ?

Bon … vous pouvez partir si vous le souhaitez mais je souhaite que vous réfléchissiez à ma demande … je suis prêt à tout faire pour que vous éduquiez ce garnement … je peux vous fournir en vêtement gratuitement voire vous donner de l'argent si vous le souhaitez … je n'attends rien en retour mis à part ce que je vous ai demandé.

Lentement, l’érudite hocha la tête. Elle voulait bien essayer. Tenter au moins une fois d’instruire l’enfant désintéressé de cet homme qui lui semblait avoir un bon fond.

Je … Je peux essayer d’au moins m’occuper de ses lettres. De ça, de quelques leçon de stratégie et de mathématiques si cela vous convient, mon sire.

Il lui dirait quand et où.

Encore trempée, la robe gorgée d’eau à cause de la pluie torrentielle qui lui était tombé au coin du nez, elle se leva et tendit la main de l’homme pour la serrer, dans ce geste qu’on les gens lorsqu’ils concluent une affaire. Elle comprendrait toutefois si l’homme ne se pliait pas à cette politesse spontanée. C’était là une manière d’homme et elle n’était qu’un brin de femme fébrile. Pourtant c’était tout ce qu’elle avait trouvé pour déguerpir dignement.
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