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| Piège et poulailler | Mathilde & Lance | |
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InvitéInvité
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Dim 3 Fév 2019 - 15:20 | | | « …accord… »
Répéta alors la petite d’un air peu convaincu. C’est que même pour une enfant de son âge, tout cela ne paraissait pas très équitable. Elle avait tout à fait conscience que ce qu’elle avait fait était mal et qu’elle devrait être punie. D’un autre côté, elle ne regrettait pas. C’était normal de prendre de la nourriture, de la voler là où il y en avait. Ce n’était pas comme si elle avait le choix. Toujours est-il que Mélusine finit par s’accrocher à ce maigre espoir, faisant de son mieux pour seconder le dresseur à sa tâche.
Aussi, lorsque ce dernier déclara que tout était bon et alla jusqu’à la féliciter, un rare sentiment de fierté envahit la petite. Miraculeusement, Mélusine se mit à afficher un sourire, le sourire pur et radieux d’une enfant remplie de fierté. Cela faisait bien longtemps que la petite n’avait pas démontré qu’elle était une simple gamine. Naturellement, ce moment ne dura qu’un instant, pas assez pour que son interlocuteur puisse réellement en profiter.
Malgré tout, ses yeux se remplirent légèrement d’étoile lorsque ce dernier fit allusion à ses nombreux chevaux. C’était comme ce héros dont elle avait depuis oublié le nom, celui que sa mère s’était amusée à raconter les aventures encore et encore… juste avant de s’endormir. D’un coup, la petite put sentir son cœur se resserrer en se remémorant la chaleur et la douceur de sa mère. Toute joie disparut à nouveau de son visage crasseux et le silence pesant reprit le dessus.
Lentement, la petite descendit du toit avant de suivre simplement l’homme à ses côtés la tête basse, semblant avoir perdu toute motivation. Stoppée à la porte d’entrée, la petite fixa un long moment l’intérieur sans oser s’y avancer. Pratiquement aucune cabane, aucune maison, aucun abri n’étaient aussi chaleureux dans le village des bannis. Et cela lui faisait peur. Oui, elle avait peur de connaître à nouveau ce qui n’existait plus.
Son ventre en revanche lui rappela rapidement à l’ordre lorsque ses narines sentir le doux parfum l’appeler à entrer. Criant de toutes ses forces, la petite Mélusine apporta rapidement ses petites mains abîmées à son estomac, semblait presque embarrassée par le son qu’il produisait.
« mhn… »
Si ses joues n’étaient pas couvertes de boue et cachées par ses cheveux emmêlés, sans doute que ses hôtes pourraient apercevoir la couleur rosée qu’elles prirent à ce moment-là. Mélusine s’avança alors timidement, à petits pas, et toujours prête à bondir, dans la demeure de la fermière. Ses yeux bleus détaillèrent longuement chacune des pièces, chacun des meubles et chaque objet qui s’offrait à elle. Comme on pouvait s’y attendre, elle n’était décidément pas à l’aise, encore moins en sentant l’homme à son dos.
Assez rapidement, elle préféra se mettre dans un coin de la pièce afin d’avoir une meilleure vision d’ensemble et pouvoir continuer de surveiller les deux vivants. Sa langue humidifiait discrètement ses lèvres à l’image d’un loup affamé lorsque ses yeux purent finalement se poser sur le poulet si délicieusement préparé.
« …bon….sent…bon… »
Tenta-t-elle de formuler à l’encontre de la fermière, visiblement impatiente de pouvoir déguster le repas.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Lun 4 Fév 2019 - 3:51 | | | Mathilde sortit à nouveau de la maison.
- A table!
Elle traversa la cour d'un pas rapide. Avec tout ça elle avait oublié les chevaux qui, bien loin des tracas causés par la poule morte et l'arrivée d'une sauvageonne, broutaient sur le bord du chemin. Le temps de les ramener près de l'écurie, où ils auraient de l'eau fraîche et du foin. Elle brosserait sa grosse jument plus tard.
La fermière courut pour regagner sa maison tandis que Lance et Mélusine descendaient du toit. La table était mise, le feu crépitait dans l'âtre, le lait était chaud, la maison sentait bon. Elle se retourna lorsque la porte s'ouvrit sur les travailleurs du jour. Mathilde cachait sa nervosité derrière un sourire.
- Lavez-vous les mains et installez-vous à table!
Mathilde regarda Mélusine entrer dans sa maison. Ses grands yeux bleus se posèrent sur les quelques meubles de la pièce de vie, visiblement fabriqués par un homme soigneux et méticuleux. Ils s'arrêtèrent aussi vers le passage menant à la seconde pièce, derrière la cheminée. Elle avait certainement vu l'échelle qui menait au grenier, où elle avait installé sa chambre, à l'abri des fangeux une fois que l'échelle était tirée. Mathilde ne quitta pas Mélusine des yeux, qui se comportait comme un animal apeuré, tiraillée entre la faim et l'envie de partir.
« …bon….sent…bon… »
De toute évidence, Mélusine garderait ses secrets pendant un moment. Elle parlait à peine. Avait-elle oublié? Depuis combien de temps le langage ne lui était-il plus nécessaire?
- Je suis certaine que vous aimeriez un bon lait bien chaud. Mélusine, je dépose un linge humide sur la table, tu peux le passer sur ton visage pour te débarbouiller, d'accord?
Elle lui sourit, comme une mère aurait sourit à sa fille. Mathilde était la soeur de plusieurs enfants, aujourd'hui devenus grands, pour ceux qui avaient survécu, et avait été, pour eux, une seconde mère. Elle n'aurait probablement jamais d'enfants, mais elle semblait retrouver de vieux réflexes avec un certain naturel.
- Lance, tu t'installeras ici. dit-elle en indiquant la place faisant dos à la fenêtre. Mélusine, tu pourras t'installer là, quand tu seras prête. Elle désigna la place la plus proche de la fenêtre, avant de désigner la troisième, dos à l'âtre. Je vais m'installer ici.
De la sorte, Mélusine était proche de la sortie. Lance et Mathilde ne constitueraient pas un obstacle si elle voulait fuir. Mathilde fit le service, le lait d'abord, puis la nourriture, et s'installa à table. Elle était toujours nerveuse, mais ne laissait rien transparaître, pour ne pas effrayer Mélusine plus qu'elle ne l'était.
- J'espère que ça n'a pas été compliqué là-haut? Merci pour votre aide à tous les deux, j'ai le vertige...
Elle commença à manger. La gamine avait faim, elle ne voulait pas la faire patienter plus. |
| | | Lance DamboiseÉleveur
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Mar 5 Fév 2019 - 22:12 | | | Un sourire, ça n’avait pas duré longtemps, mais Mélusine lui avait fait un vrai sourire. Comme quoi il y avait bien une petite fille derrière ces cheveux emmêlés et ce visage couvert de boue. Sans y faire attention, Lance lui sourit aussi, et c’est sur cette petite victoire qu’il descendit du toit. La gamine avait cependant vite repris son attitude méfiante, ce fut particulièrement visible lorsqu’il lui ouvrit la porte de la maison. Mélusine regardait l’intérieur comme si elle s’attendait à tomber dans un nouveau piège, mais le fumet qui s’échappait de la cuisine ne manqua pas de faire gargouiller son estomac. Lance la laissa prendre son temps pour entrer, et apprivoiser ce nouvel environnement, la suivant de loin. Une fois à l’intérieur, il se lava les mains pour continuer à montrer l’exemple.
« Je ne dirais pas non à un bon verre de lait, en effet. »
À part les carottes, le jeune homme n’avait rien avalé. C’était habituel, il n’avait jamais faim au réveil, mais la matinée était maintenant bien avancée, et son estomac à lui aussi était titillé par les odeurs de cuisine. Cependant, ce qu’il chercha d’abord instinctivement, c’était sa fille. Mathilde, ne portait plus le bébé contre elle, et il lui fallut jeter un coup d’œil circulaire à la pièce pour la retrouver endormie dans un panier, près de la cheminée. Après seulement il s’intéressa à nouveau à son amie, et ne put que sourire en voyant son attitude très maternelle. Mathilde aurait fait une bonne mère si Serus l’avait gratifié d’une grossesse, avec ses nombreux frères et sœurs, ce n’était pas étonnant. Il ne s’était jamais demandé avant ce jour pourquoi elle n’avait pas eu d’enfants, car après tout, lui-même avait passé presque dix ans de mariage sans en avoir. Mais c’était différent, ses rapports avec Ariane sur ce sujet-là étaient… compliqués, c’était le moins qu’on puisse dire. Était-ce vraiment différent ? Peut-être pas, finalement. Il n’en savait rien, et ne se voyait pas poser des questions sur Philibert aujourd'hui.
Sagement, Lance s’assit à la place qu’on lui avait désignée, et c’est avec un regard un brin taquin qu’il leva son verre de lait en direction de la petite sauvageonne, avant d’en boire quelques gorgées. Ça faisait du bien de boire un bon lait chaud après le travail. Mathilde ne fit pas de cérémonies non plus et commença à manger. Il prenait une galette d’avoine quand elle prit la parole.
« Non, ça allait, Mélusine m’a bien aidé. Je repasserais sûrement pour bien tout fignoler, mais il n’y aura plus de fuites, c’est déjà ça. »
Lance rapprocha ensuite son écuelle du plat pour se servir un peu de poule aux lentilles, et après avoir englouti la moitié de l’assiette, il sourit à la jeune femme.
« C’est vraiment délicieux, Mathilde, comme toujours j’ai envie de dire. Par contre, ça me rappelle que je n’ai plus une seule poule chez moi, elles ont toutes disparues pendant que j’étais à Marbrume avec Ariane. » Son regard se voila un peu alors qu’il prononçait ce nom, mais il se reprit vite, souriant faiblement. « Si un jour, tu en as quelques-unes à échanger, tu sais où me trouver. » Son regard se tourna ensuite vers Mélusine. « Tu vois ? Ça valait le coup de faire ce petit travail. C’est comme ça qu’il faut fonctionner, on est tous gagnants. »
Bon, en vrai, il n’était pas certain que la petite fille ait vraiment compris la leçon. Allait-elle arrêter de venir les voler, après ça ? C’était difficile à dire. Mais en tout cas, elle se comportait de façon plutôt correcte, par rapport à ce que son apparence pouvait laisser croire. Si elle décidait de revenir les voir, peut-être allaient-ils pouvoir la sortir progressivement de sa misère, aussi bien matérielle que sociale. Lance, en tout cas, était prêt à faire des efforts, du moment qu’elle en faisait aussi. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Mer 6 Fév 2019 - 18:23 | | | La scène qui se déroulait sous les yeux de la petite avait quelque chose d’irréel et nostalgique. Comme autrefois, comme si tout ce qu’elle avait vu et vécu n’était qu’un cauchemar, elle assistait à un dîner presque gourmand et o combien chaleureux. Oh début, elle n’osa pas interrompre, rejoindre et peut-être tacher cette si belle atmosphère. C’est qu’elle ne s’y sentait plus à sa place, plus maintenant.
Elle laissa alors la conversation, le repas, continuer sans elle, comme si elle ne s’était jamais aventurée dans cette ferme, qu’elle n’avait jamais existé. Peut-être certains auraient pensé que cela la renfermerait davantage, mais pourtant, cela eut tous l’effet inverse. C’est en se sentant presque oubliée, que Mélusine finit par oser s’avancer. Sans rien dire, elle se lava discrètement les mains avant de les rejoindre à table et utiliser le linge prêté par la fermière. Grâce à cela, la petite commençait à avoir un visage presque humain.
Timidement assise à la place qu’on lui avait attribuée et rassurée par la fenêtre à son dos, ses yeux se mirent à contempler toute l’immensité de la table et de son contenu. A nouveau, son corps sembla plus honnête que son attitude, criant de famine et de désir face à tous ces mets. Lorsque l’homme s’adressa à nouveau à elle, elle put sentir à nouveau les larmes lui monter aux yeux. Réalisaient-ils seulement comme tout cela semblait être un rêve fou ?
Ravalant ses larmes, Mélusine vint lentement, avec grande hésitation, s’emparait d’une galette d’avoine avant de la picorer discrètement. Naturellement, elle était encore craintive, elle n’osait pas faire trop de mouvements. Elle dut d’ailleurs reprendre son courage à deux mains pour tenter de se servir de ce fameux poulet.
Elle devait se faire violence pour ne pas tout engloutir telle une sauvage et manger poliment. Mais la peur l’aidait grandement à se retenir. Ses larmes coulèrent silencieusement lorsqu’enfin ses papilles firent la rencontre avec la poule cuisinée. C’était bon, délicieux et certainement le meilleur repas de sa vie.
« …. merci… »
Murmura-t-elle difficilement avant de simplement manger, déguster, dévorer tout ce qu’elle pouvait sans un mot supplémentaire. Malheureusement, la déception la rattrapa bien vite. Son estomac n’était pas bien grand et fut bien vite rempli. La gamine en ressentit une certaine frustration ainsi qu’une colère sans nom. Un tel repas ne se représenterait pas avant des lustres, peut-être même qu’il était son dernier. Alors, il était hors de question de s’arrêter non ! Déterminée à finir son assiette, la petite força son ventre à adopter toute cette délicieuse nourriture, peu importe les conséquences.
« Encore ! »
Lança-t-elle subitement en relevant son assiette à l’encontre de la jeune femme, emportée par ses émotions. Elle-même surprise, Mélusine se mit à rougir et reposer immédiatement son plat lorsqu’elle réalisa son geste. Tête baissée et extrêmement mal à l’aise, elle marmonna.
« …par..don… »
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Dim 10 Fév 2019 - 3:10 | | | Dans son panier, le bébé grogna. Cela n'alarma pas la fermière, les bébés avaient tendance à faire de drôles de bruits dans leur sommeil. Elle fut soulagée de savoir son toit relativement étanche. Une inquiétude de moins, elle dormirait au sec dès cette nuit, et n'aurait pas à payer pour des travaux de grande envergure. Elle n'en aurait jamais eu les moyens.
Plus de poule? Elle sourit. Ça, c'était un service qui était dans ses cordes. Il lui suffirait de veiller à faire couver quelques oeufs, et les poules seraient prêtes dans quelques semaines. Elle choisirait les blanches, qui étaient excellentes à cuisiner en plus d'être des pondeuses relativement fiables. Les rousses, elles, ne se cuisinaient pas autrement qu'en ragoût longuement mijoté. Sauf quand on était réellement dans le besoin. Mathilde espérait secrètement ne jamais en arriver là.
- Je peux t'en préparer. Si les blanches ne sont pas trop dérangées dans leur couvée, je pourrais t'en fournir dans quelques semaines.
A moins qu'un renard -ou Mélusine- ne traumatise définitivement le poulailler. Mélusine qu'elle ne perdait pas de vue. Au moindre geste brusque, à la moindre attaque, Mathilde sortirait sa dague. Aider une petite, c'était une chose, mais elle ne donnerait pas sa vie pour elle. Sa générosité avait des limites, et sa première préoccupation était la survie de la ferme, qui dépendait de sa survie à elle.
La petite faisait un effort quasi surhumain pour se contenir. Son estomac trahissait sa faim, mais elle tentait de rester de marbre. Mathilde la vit se débarbouiller sommairement, s'attabler, picorer puis dévorer. Elle vit ses larmes, et réalisa à quel point un simple repas avec deux étrangers pouvait faire remonter des souvenirs et des émotions enfouies aussi loin que sa mémoire le lui permettait.
« Encore ! » s'était-elle écriée. La demande était pressante, urgente. Pourtant, sa première portion aurait dû lui suffire. Mathilde lança un regard interrogateur à Lance, et revint à Mélusine qui semblait profondément mal à l'aise. Elle lui rappelait Jocelyn, qui avait passé la soirée à tout faire pour ne pas se faire mettre dehors à cause d'un impair, l'automne dernier. Mélusine devait être dans ce même état d'esprit. Elle devait certainement vouloir prolonger ce moment, complètement irréel et si éloigné de son quotidien, et savourer le repas et le sentiment de sécurité qui allait avec. Enfin si elle ne les percevait pas comme des menaces.
- Tu es sure? Si tu manges trop, tu vas vomir. Et si je te préparais plutôt une autre portion que tu emmèneras pour manger plus tard?
Plus tard, mais quand? Pourrait-elle seulement la réchauffer? Où vivait-elle, et dans quelles conditions? La fermière, qui n'avait jamais eu à s'inquiéter de si elle aurait un toit au dessus de sa tête ou non pour dormir, avait peine à imaginer qu'une enfant puisse survivre seule dans la forêt.
- Tu vis toute seule, Mélusine? |
| | | Lance DamboiseÉleveur
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Jeu 14 Fév 2019 - 18:08 | | | Lance essayait d’agir le plus naturellement possible, comme si la petite sauvageonne était une gamine ordinaire, comme si elle était parfaitement à sa place dans ce décor qui lui semblait si totalement étranger. C’est donc tranquillement qu’il se mit à parler à Mathilde, de son repas, des poules qu’il aimerait avoir. Son visage s’éclaira quand elle lui répondit positivement, elle pourrait lui en fournir, dans quelques semaines ?
« Ce serait parfait, Mathilde ! Je ne sais pas ce que je pourrais te donner en échange, mais je suis sûr qu’on peut trouver un arrangement. »
Puis il s’était adressé à Mélusine, et avait vu dans son regard à quel point elle était troublée. Elle avait beau se faire toute petite, il ne manqua pas de remarquer les larmes qui emplissaient ses yeux alors qu’elle picorait sa galette. Elle était toujours aussi silencieuse, mais les mots étaient inutiles, son visage la trahissait, tout comme sa posture ou sa façon de manger. Elle n’avait pas l’air de croire ce qu’elle avait devant les yeux, elle semblait avoir peur qu’un geste déplacé brise la petite bulle dans laquelle ils étaient tous les trois. Et puis, il y eut ce « Encore », prononcé avec force, comme si toute la retenue qu’elle avait conservée jusque-là avait finalement cédée d’un coup. Le regard de Lance croisa celui de Mathilde, qui eut à nouveau une réaction très maternelle. Lui n’aurait pas pensé à tout ça et se serait contenté de la resservir, mais effectivement, elle risquerait de tomber malade si elle n’est pas habituée à de tels repas.
L’interrogation de Mathilde lui fit tourner la tête vers la petite, lui aussi se posait pas mal de questions à son sujet. Comment faisait-elle pour survivre, et depuis combien de temps ? Elle en avait presque perdu l’usage de la parole, ce n’était quand même pas rien. Du coup, il l’imaginait mal comme quelqu’un de très entourée, peut-être connaissait-elle une personne ou deux, mais pas plus, à son avis. Est-ce qu’elle avait de la famille quelque part ? Ça aurait pu être une bonne chose pour elle d’être confiée à quelqu’un, de retrouver un semblant de normalité dans sa vie. Bien sûr, la fange serait toujours là, mais tout de même, il y avait survie, et survie. Lance trouvait un peu criminel de laisser cette gosse repartir comme ça, avec un repas emballé qu’elle mangerait bien vite, et après ? La faim, à nouveau ? En même temps, ils ne pouvaient pas la retenir non plus, tout ce qu’il pouvait faire, il l’avait déjà fait. Lui parler de sa maison, du fait qu’elle pouvait s’y rendre en cas de besoin, ou juste si elle le souhaitait. Allait-elle lui faire suffisamment confiance pour oser venir le voir ? C’était toute la question.
« Hum… Tu te souviens d’où tu viens, Mélusine ? Une ville, un village ? »
Lance n’avait pas très envie de la noyer sous les questions, surtout au vu de ses difficultés, mais c’était pour l’aider qu’il s’intéressait à elle. Il espérait qu’elle puisse comprendre qu’ils n’étaient pas ses ennemis. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Sam 16 Fév 2019 - 14:05 | | | Plus tard. Deux mots, mais des mots si importants et significatifs pour la petite. Non seulement ces mots promettaient une vie légèrement prolongée et la rassuraient donc sur le sort qui lui était réservé, mais surtout lui donnait l’occasion d’espérer un second repas, une seconde fois, un second morceau. Les yeux écarquillés, ses petites joues se mirent à rosir légèrement par la joie incontrôlée qui l’envahissait à cette perspective. « D’accord. »
D’accord, oui, mais tout de même avec une pointe de regret. Si son estomac minuscule était déjà au bord de l’explosion, sa gourmandise était infinie et ses papilles pleuraient déjà en sentant la fin du repas. Mais Mélusine était sage, devait être sage. Maman lui avait appris à bien se tenir à table et même si tout cela lui paraissait loin, elle avait l’impression de pouvoir la sentir, l’entendre, la voir à travers les gestes et l’autorité de la fermière.
« Oui. »
Avait-elle répondu après une longue réflexion à la question de celle-ci. C’était troublant et pourtant la réponse était des plus honnêtes. Aiglemont avait bien traversé son esprit, et si au début elle pensait répondre par la négative, elle se dit qu’elle ne vivait pas réellement avec. C’était son seul refuge, mais elle n’y passer par ses journées et même pas toutes ses nuits. Captant néanmoins la stupeur et peut-être l’inquiétude des deux vivants, elle tenta maladroitement de les rassurer en se corrigeant.
« Avec Aiglemont. »
Sa tête se tourna alors dans la direction de l’homme, l’observant longuement de son air impassible et presque terrifiant. Et pour cause, Mélusine n’était pas sûre de comment y répondre et une pointe de méfiance se faisait vis-à-vis de cette question un peu taboue.
« Non, pas le village… la forêt. Village dangereux… pas pour toi, seulement la marque. Tu dois pas y aller. »
Fit-elle les sourcils légèrement froncés croyant que ce dernier cherchait à se rendre au village des bannis tant que son esprit refusait de trop repenser à ses racines. Aiglemont lui avait expliqué et elle savait que le Monsieur ne serait pas le bienvenu, au contraire…
« Ils te tueront. »
Ses paroles se faisaient étrangement plus fluides, même si sa voix restait rauque et déformée. Sans doute qu'elle se sentait désormais légèrement plus à l'aise en leur compagnie.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance Lun 18 Fév 2019 - 2:40 | | | D'accord. Bien, il allait falloir trouver une façon d'emballer une portion correcte dans un contenant facile à emporter. Si elle vivait comme une nomade, elle ne pouvait pas se permettre de déballer de la vaisselle pour se faire mijoter une popote durant toute une journée.
- Tu viendras m'aider pour les semailles, ça vaudra bien quelques poules!
Le premier printemps en solitaire sur la ferme. Mathilde appréhendait un peu la quantité de travail à abattre seule. La moindre aide serait généreusement accueillie. Si au moins elle avait eu le temps de prendre des accords avec les voisins pour organiser des corvées.
Mathilde se leva, et préleva une généreuse portion du ragoût, à laquelle elle ajouta un morceau de pain sec. Celui-ci se laisserait imbiber par la sauce, retrouvant son moelleux, et il ne lui resterait alors plus qu'à placer le tout dans... voyons... Bon. Elle sacrifierait un morceau de peau de chèvre. Bien plié et bien cousu, il ne laisserait pas filer le repas.
- Aiglemont? C'est un beau nom ça!
Elle regarda Lance. Jamais entendu ce nom-là. Est-ce que ça éveillait un souvenir chez lui? Puis la petite parla du village à Lance. LE village. Le village des bannis, c'était évident. Naturellement, il était dangereux de vouloir s'y aventurer. Mathilde ne savait pas où il se trouvait. Son père lui avait toujours dit qu'il était loin de la ferme. Jocelyn avait laissé sous-entendre que c'était une longue marche. Mais des rumeurs au sujet de la présence de bannis au Labret couraient, et voici que la gamine en parlait comme s'ils étaient ses voisins.
- C'est Aiglemont qui t'apprend à vivre dans la forêt?
L'enfant grogna un peu plus fort dans son panier. Bon. Elle lâcha tout pour se pencher sur le bébé et l'extirper de sa couverture pour la prendre contre elle. Elle grimaça.
- Mais tu pues! Aaaark! Comment une si petite chose peut-être sentir aussi mauvais?! Excusez-moi, il y a urgence.
Elle s'éclipsa dans l'autre pièce, de l'autre côté de la cheminée centrale, et changea l'enfant à grands coups de Ark!, de Par les Trois! et de Jusqu'au milieu du dos! Petite crapaudine, tu caches bien ton jeu! Mathilde revint quelques minutes plus tard, un bébé propre dans les bras. Visiblement elle avait beaucoup ri, sans doute parce que ce genre d'aventure n'était pas son quotidien. |
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| Sujet: Re: Piège et poulailler | Mathilde & Lance | | | |
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