A grande maladresse, petite estime [PV Logan de Sylvecastel]

A grande maladresse, petite estime

Madelyne LaFemelle feat Logan de Sylvecastel

« Bonjour mazelier, voici les lapins comme nous avions convenu », je déclare peu après être entrée dans la mazellerie.
C’est que j’ai eu du mal à les avoir avec le peu de temps dont je dispose lorsque je ne suis pas à la caserne ou en mission à l’extérieur ! L’homme s’approche et récupère les trois prises que je lui tends après s’être essuyé vite fait les mains sur ses vêtements dans un reniflement. Il y a du monde et il est assez pressé et me remet rapidement quelques pièces que je range dans ma bourse. Je le remercie donc et me retourne pour sortir, marchant avec précaution pour éviter de glisser sur le sol humide de sang. Il y en a un peu partout et des mouches volent ça et là autour de la viande. C’est répugnant.

Mais à faire trop attention à où je mets les pieds, je ne vois pas devant moi et rentre dans un homme qui était juste à la sortie.
Il était en train de boire et lâche son outre lors du heurt. Son vêtement d’une blancheur liliale est taché de vin sur toute la longueur et bien vite, son outre se vide au sol... Il porte un mantel de cuir orné de fourrure, et il a une certaine prestance. Ses cheveux sont noirs et propres.

Chiabrena… je suis rentrée dans un noble… il a fallu que je sois rentrée juste dans un noble…
« Je suis vraiment confuse seigneur, veuillez m’excuser... » , je lui présente mes excuses en me baissant pour ramasser son outre et lui la tendre.
Je ne sais plus où me mettre. Il n’a pas l’air commode en plus et j’ai l’impression que tout le monde me regarde. Ah, que diantre ! Pourquoi est-ce que ça m'arrive toujours à moi ce genre de mésaventures ? Je n'ai déjà pas beaucoup d'argent, je ne sais pas comment je vais le dédommager. Son vin et ses vêtements doivent coûter une fortune...

Pécore inutile. Crétin dégénéré. Probable prostitué. Ivrogne invétéré.

Logan avait ce "jeu" depuis qu'il était sortit de chez lui. Chaque personne qu'il croisait avait quelque chose à se faire reprocher, c'était certain. Les habitants de cette ville, tous autant qu'ils étaient, méritaient sûrement de se faire poignarder plusieurs fois.
Logan n'exceptait évidemment pas à la règle, lui qui cocufiait le comte de Rougelac. Et pourtant, jusqu'à maintenant, ses petites machinations semblaient plutôt discrètes, inoffensives et hors des jeux des très puissants nobles dont il ne faisait pas partie. Lui se laissait porter comme le vent du temps le laissait faire.

Sa vie avait prit un nouveau tournant lorsque son amante lui avait apprit qu'ils allaient être parents.
Lui? Père? Il ne l'avait jamais envisagé, pas même avec sa première femme, mais alors que ça venait à lui sans qu'il ai le choix, ça lui semblait une évidence d'accepter ce présent des dieux.

Évidemment, ça posait tout un lot de contraintes et d'ennuis politiques, mais ils ne pourraient en sortir que grandis.

Enfin, c'était ce qu'il pensait. Ce matin, aux aurores, une servante d'Adélaïde était venue le trouver pour lui annoncer que sa chère et tendre était aux portes de l'agonie, elle perdait le bébé. Cette dernière l'avait chargée de rajouter qu'elle savait qui était responsable et que ce n'était pas naturel. Rougelac...

Il aurait aimé pouvoir prendre son arc et aller immédiatement larder de flèches ce félon, mais il était plus urgent de tout faire pour garder son aimée en vie. La vengeance viendrait bien plus tard.
D'après ce qu'il savait, elle avait perdu de grandes quantités de sang et seule la viande saurait lui permettre de s'en remettre un peu plus rapidement.
Il avait aussi acheté une outre d'un vin qui n'était plus produit car les vignobles étaient maintenant aux mains de la Fange. Un vin donc rare, précieux, et cher surtout mais dont les vertus curatives étaient sans contestations possibles.

Il déboucha légèrement l'outre pour en sentir les effluves raffinées, se souvenant de l'époque où son goût sucré lui enchantait les papilles quotidiennement et fût soudain aspergé du liquide rubis.
Un regard fou de colère parcouru la scène devant lui pour retrouver le coupable qui ne fut pas difficile à identifier.

Une femme, d'environ 1m75, avec le regard apeuré d'un enfant qui vient de faire une bourde. Probablement la pire de sa vie si on en référait à l'humeur du noble. Sa tenue était fichue, et son outre éventrée, gisait au sol.

Il attrapa la jeune femme par le bras et l'amena dans une ruelle attenante en la plaquant contre le mur:

-J'espère que tu as conscience de ce que tu viens de faire sale gueuse !

Il leva sa main et lui mit une gifle mémorable.

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Madelyne LaFemelle feat Logan de Sylvecastel

Alors que je lui ai présenté mes excuses, voilà que l’homme furieux m’attrape par le bras pour me traîner dans la venelle la plus proche où il me plaque contre le mur avant de m’injurier puis de m’envoyer un violent soufflet au visage. Il ne rigole pas… Il a dit qu’il espérait que j’avais conscience de ce que je venais de faire. Mais j’ai juste renversé son outre... C’est si grave que ça... ?

La tête baissée et légèrement inclinée suite à la mandale, je reste le regard rivé au sol. Si mon premier réflexe serait de me couvrir le visage de mes bras pour me protéger, ce serait une bien piètre image de moi que je renverrais, et les Trois savent bien à quel point elle est déjà bien pitoyable. Je garde donc les bras ballant le long du corps. S’il lui prend l’envie de me mettre d’autres coups, tant pis, j’encaisserai. De toute façon cela m’est égal. Je sais bien que je les mérite.

« Je vais vous dédommager, seigneur... » que je lance intimidée, même si je n’ai aucune idée de quelle manière je pourrais seulement trouver de quoi le dédommager. M’est avis que je n’aurais jamais assez d’argent pour payer le vin que je viens de renverser et les vêtements que j’ai tâchés.
Mais je n’ai pas le choix, je dois assumer ma maladresse… Même si cela risque de me prendre plusieurs lunaisons à le rembourser. Même si je n’aurais plus une seule pièce à donner à mes sœurs qui en ont tellement besoin… Mes sœurs que je n’ai toujours pas revues depuis que je me suis enrôlée. Depuis à peu près… deux lunaisons. J’espère pouvoir aller les voir avant la prochaine lune, mais avec ce qu’il est encore en train de m’arriver, j’ai bien peur de m’attirer de nouveaux ennuis. Si jamais il se plaint de moi auprès de la milice, je risque de recevoir encore le fouet… et de me faire renvoyer.

Et ça je ne veux pas ! Je dois trouver quelque chose, vite. Que lui proposer comme arrangement ? Je ne sais même pas… Lui attraper des animaux pour lui fournir de la viande jusqu’à la fin de mes jours ? Je ne saurais même pas équarrir ni désosser le moindre gibier… Et puis, en voudrait-il seulement ? Quoi d’autre alors ? Je ne sais rien faire de mes pauvres doigts à part tenir une fronde et attraper du gibier dans des pièges…
Peut-être pourrais-je demander à Estelle si elle n’a pas du vin de bonne qualité à lui donner et en échange je m’arrangerais avec elle. Pourra-t-elle et voudra-t-elle, telle est la question...

La femme se laisse faire, baissant le regard, honteuse. Si au moins elle avait riposté, hurlé, s'était énervé. Mais non, il a fallu que le noble tombe sur une paysanne ne soutenant même pas son regard glacial.

Logan leva une seconde fois et laissa son poing s'abattre avec fracas contre le mur en bois de la boucherie, laissant la faible structure trembler sous sa fureur abattue.
Il prit une caisse non loin de là, recouverte de mousse par les récentes pluies, et l'envoya s'écraser au loin avec un hurlement de fou avant de rattraper la femme par le col pour la frapper plusieurs fois contre le mur derrière elle.

-Ah oui? Me rembourser? Et comment tu comptes faire? Avec ton allure de paysanne, je devine sans problème que même en te prostituant toute ta vie, tu n'arriverais même pas à rembourser ne serait-ce que l'outre!

Il l'envoya une fois encore contre le mur avant de la relâcher. Violenter cette imbécile ne le ferait pas recouvrir son breuvage. Voilà qu'il avait perdu de précieuses heures au chevet de sa bien-aimée pour rien.

Il se retourna et pointa un doigt accusateur sur la femme:

-Toi, donne moi ton nom et ton occupation dans cette ville, immédiatement! Si tu ne peux me rembourser, alors j'irais voir tes maîtres pour qu'ils s'en chargent!

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Le noble lève alors le bras de nouveau et je me recroqueville contre l’arrière de la mazellerie en fermant les yeux et crispant chaque muscle de mon visage. Il va me tuer… mais son poing s’abat à côté de moi sur la devanture en bois, la faisant trembler vigoureusement. Je sursaute. Il est entré dans une crise de rage incompréhensible et commence à attraper une vieille caisse vermoulue pour la lancer en hurlant puis, comme si ça n’avait toujours pas été suffisant, il revient se précipiter sur moi pour m’attraper par le haut de mon gambison pour me repousser à nouveau contre le mur sur lequel il me secoue sans la moindre retenue en disant que même si je me prostituais toute ma vie, avec ma dégaine de paysanne, je ne pourrais même pas rembourser sa putain d’outre !

Il me tire pour me renvoyer à nouveau valdinguer contre le mur et me lâche, avant de me demander ce que je fais dans la ville et d’ajouter qu’il va aller chercher le remboursement à mes maîtres…
Il va vraiment me tuer !!! Oh non, il va pas aller se plaindre à la caserne c’est pas possible, c’est un cauchemar ! Si c’est pas lui qui me tue, ça sera donc la sergente d’Algrange qui va encore me flageller de je ne sais combien de coups de fouet encore !
« Je vous en conjure, calmez vous ! » je m’écrie terrifiée.

Je n’arrive plus à respirer, ça recommence… ma respiration s’emballe et prend un rythme inutilement rapide et je fonds en sanglot en me laissant glisser le long du mur, ma tête derrière les avant bras. Putain…
C’est un cauchemar ! Je suis tombée sur un fol dingo complètement enragé…
Mais pourquoi Rikni s’acharne sur moi comme ça à la fin ?!

Que se passait-il? La femme se laissait traîner contre le mur, tombant dans la boue. Elle se mit soudainement à lui hurler de se calmer avant de se cacher comme une enfant, en sanglot.

Ses lamentations allaient finir par attirer du monde de la ruelle et avaient un autre effet indésirable, enfin surtout pour elle: elles renforçaient la rage du châtelain, la décuplaient même. Cette femme atteignait de plus en plus aux yeux du noble le statut d'être indésirable pour le vivant.

Si il la frappait encore, il y avait fort à parier qu'elle se protégerait plus et hurlerait d'avantage...il devait la faire taire, et un seul moyen se présentait à son esprit.

En forçant sur ses bras, il réussit à lui faire relever la tête assez pour la saisir au cou et la souleva pour la remettre droite devant lui. Dans son élan, sa deuxième main se rajouta et le deux serrèrent de concert. Ses biceps se contractèrent pour la soulever. Sa rage l'aida fortement à soulever la milicienne à une dizaine de centimètres du sol.

Le silence était enfin revenu dans la ruelle, presque une mélodie divine aux oreilles de Logan, qui n'entendait plus qu'en fond la femme se débattre et étouffer en des gargouillis asphyxiés.
Son esprit tout entier brûlait de haine qu'il tentait de défouler sur cette femme. Et pourtant, l'objet principal de cette haine n'était autre que lui-même. Il s'en voulait de n'être pas là pour sa bien-aimée, d'avoir laissé son enfant mourir.

Les ténèbres qui brouillaient sa vision lui laissèrent entrapercevoir le visage en pleurs de la femme, ses yeux fous cherchant une échappatoire tandis que ses forces la quittaient. Était-il ce genre d'homme?

Il la lâcha alors, la laissant s'effondrer de son long sur le sol trempé et se détourna pour prendre une grande respiration, camouflant au plus vite ses larmes avant de dire à la femme:

-Fais encore un brouhaha comme précédemment, et j'irais jusqu'à la fin de mon geste.

Rapidement calmé, il se retourna pour lui lancer un regard dur et alla s'asseoir sur une caisse en face d'elle.
Il lui laissa quelques minutes pour reprendre sa respiration. La force dont il avait usé pour appuyer sur sa trachée et son larynx lui laisserait sans doute une voix enrouée et une marque sévère pendant un long moment.

-Alors...? Qui es tu?

La question n'était plus hargneuse ou lancée avec colère, elle était froide. Tout dans son attitude, regard ou son ton faisait comprendre qu'il ne la répèterait plus. Si il n'avait pas de réponse, plus personne après lui n'aurait besoin de poser la question.

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Madelyne LaFemelle feat Logan de Sylvecastel

Je ne parviens pas à reprendre le contrôle de ma respiration entrecoupée de sanglots et je tremble comme une feuille au vent, toujours cachée derrière la ridicule protection que je recherche de par mes bras. Je ne comprends plus rien. Quand tout cela prendra-t-il donc fin ? Le sol est étrangement froid. Je sens des mains relever ma tête pour se refermer sur mon cou et je sens une douleur sourde darder mon gosier lorsque l’homme me soulève. La douleur irradie jusque dans ma nuque et j’essaie d’enfoncer mes ongles sous les doigts de l’homme qui semble

s’être juré d’avoir ma peau coûte que coûte, pour desserrer sa poigne mais rien n’y fait et je secoue vainement mes jambes dans le vide. Je déplace vainement mes mains plusieurs fois pour tenter d’avoir une meilleure prise. J’étouffe et rapidement, tout devient blanc et léger. Je ne sens plus rien. C’est comme ça que je vais mourir ? Juste pour une outre renversée ? Quelle sottise ! C’est tellement stupide. Je ne reverrai jamais mes sœurs. Qu’elles me pardonnent ! Je ne reverrai jamais mon chevalier...
Je dérive vers l’inconscience et je sens mes mains se décrisper et mes jambes cessent de remuer. Mon corps ne réponds plus et je m’endors doucement. Le bruit ambiant devient dissonant et j’entends un cours d’eau et des rires d’enfants, c’est... apaisant.

Je tousse et bave. Je suis allongée par terre sur le sol boueux et je n’arrive plus à déglutir. Je sens une boule douloureuse dans mon gosier et j’ai du mal à respirer. Mais je suis toujours vivante. Ma vision revient progressivement.

La voix du fol dingo me paraît lointaine mais je comprends qu’il me redemande qui je suis. Je suis incapable de lui répondre tant mon gosier me paraît enfle. Je crache par terre et me redresse difficilement pour m’asseoir. A chaque fois que j’essaie de déglutir, c’est comme si l’on me plantait un poignard dans le gosier. L’homme en face de moi est à présent assis sur une caisse et me regarde avec un calme déterminé. Ma respiration s’est calmée, lente et plus longue que tout à l’heure, mais je tremble toujours un peu. Je m’essuie la bouche de ma manche puis je montre mes vêtements au noble. C’est quand même évident, non, que je suis milicienne ?
Je tente de parler, mais chaque mot me faisant un mal de chien, j’écourte au plus possible.
« Je… s… milicienne... », lui réponds-je en ayant pratiquement contracté le mot « suis ».

Je me sens terriblement vidée et indolente. J’ai envie de m’allonger et de dormir...
S’il va se plaindre à la caserne, je ne sais pas ce que je vais devenir. C’était une maladresse, j’ai pas fait exprès ! Pourquoi s’est-il mis dans cet état ?! Je crois que je vais arrêter de m’acharner. Si Rikni a décider que je devais mourir, alors je mourrai. Comment pourrais-je lutter contre une Déesse ?

J’enroule mes bras autours de mes genoux repliés contre mon torse et j’enfouis ma tête dedans. Quelle merde de vie… J’espère que pas trop de badauds n’ont été attirés par le raffut.

Logan soupira en observant la larve qui était censée être une milicienne. Cette loque était censée assurer la sécurité des habitants de Marbrume? Eh ben, l'Humanité était mal partie pour sa reconquête du monde.

-Lève la tête, ça libérera tes voies respiratoires et fera partir la douleur plus vite.

Si il s'était calmé et lui donnait des conseils, ce n'était pas gratuitement. D'ailleurs, elle devrait plutôt se méfier du fait qu'il s'était si facilement calmé, ça ne signifiait qu'une chose, il pouvait repartir encore plus vite. Et si lever la tête l'aidera à mieux respirer, ça pourrait aussi l'aider à la ressaisir avec plus de facilité, bien que dans cet état, elle n’opposerait sûrement pas vraiment de résistance.

Sur le côté, un type s'était arrêté pour voir ce qu'il se passait. Il regard "amical" de Logan et sa main se déposant sur le pommeau de sa dague suffirent à le faire déguerpir au plus vite. Personne ici ne se souciait des autres. Tous ne cherchaient qu'à vivre leur vie comme avant, en faisant le moins de vague et en cherchant à en prendre le plus aux autres.

Bref, ils seraient tranquilles ici.

-Pour une milicienne, tu n'es pas très combative. J'aimerais dire que tu as eu de la chance de tomber sur moi et pas sur une personne plus détraquée encore, mais bon, ce serait quand même exagérer la situation.

Un vilain sourire mesquin s'était dessiné sur son visage. Oh, non pas qu'il l'avait fait exprès, mais il profitait un peu de sa position. Ça lui permettait d'oublier pour un temps les malheurs qui l'accablaient.

-Ton nom et ton prénom. Tu dépends de quel coutillier?

Allait-il la dénoncer? Il n'en savait encore rien. La femme était ici toute à lui, mais il n'allait pas abuser d'elle, ce n'était pas lui...mais il n'était pas lui actuellement. Après tout, se serait-il si vite énervé habituellement?

A grande maladresse, petite estime

Madelyne LaFemelle feat Logan de Sylvecastel

L’homme à présent redevenu calme me dit de relever la tête pour que je puisse avoir moins mal et respirer convenablement, comme si après avoir manqué me tuer, il pouvait seulement souhaiter m’aider à aller mieux. Ne souhaitant pas le contrarier plus que ce n’est déjà le cas, je fais donc ce qu’il me dit et je le regarde silencieusement. Il se moque de moi sans grande surprise à présent, disant que je ne suis pas très combative pour une milicienne.

Ce n’est pourtant pas comme si je pouvais m’offrir le luxe de rendre les coups lorsque j’ai un noble en face de moi, mais j’imagine que s’il joue les idiots, il le sait très bien et s’en amuse même comme le témoigne son sourire. Et puis même si ce n’était qu’un roturier, j’aurais eu tout intérêt à attendre qu’il se calme comme c’est le cas dorénavant ; question de bon sens et de sécurité.
Je n’ai jamais aimé la violence et j’ai toujours souhaité l’éviter et même si j’avais eu un physique un peu plus massif, je n’aurais pas aimé mieux me battre pour autant.

Mais c’est pas grave. J’ai toujours mal au gosier qui me paraît noué et j’espère arriver à trouver une solution rapidement pour me sortir de ce bourbier alors je ne fais que hausser les épaules.

Après avoir chassé un badaud par l’esquisse d’un geste qui en menace d’un autre, il se réadresse à moi pour me demander mon nom, mon prénom et mon coutiller.

« LaFemelle Madelyne, je lui réponds donc. Le coutiller Alart… »

C’est la première fois qu’on me demande mon nom. Ce nom ridicule que j’ai reçu à la milice et qui m’agace à chaque fois que je l’entends.

Je ne sais pas ce que je vais devenir. S’il se plaint, j’aurai assurément une autre sanction. Je pourrais bien me faire virer de la milice aussi en passant. Si je survie au fouet déjà. Mais je ne peux rien faire, pas même l’apitoyer sur mon sort vu le fol dingo que c’est. Non, je ne sais vraiment pas ce que je vais faire.

« Je vais avoir des ennuis, je rajoute seulement en baissant les yeux. J’en ai déjà tellement... »

Tant pis, c’est la vie.
Une vie de merde.