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 [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]

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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyMar 26 Mar 2019 - 23:36


-- Mi-février, très tôt le matin --
"Balance ton quoi...
Si j'pouvais te le dire... Je te dirais d'aller te faire en...
"
Pensée d'Adrien.


Estelle était une lève-tôt, depuis toujours, du moins du plus loin qu’elle était en mesure de se souvenir. Elle avait toujours été à l’encontre des règles, des protocoles qu’elle n’avait jamais affectionnés et vivait avec la délicieuse illusion qu’elle était seule à savoir ce qui était bon ou non pour elle. Dans cette merveilleuse bulle rousse la dame de Chantauvent avait décidé d’apprendre à vivre pour elle et quoi de mieux que de vivre caché pour protéger sa vie privée et son intimité. Certainement pas grand-chose. Cependant, certains signes ne pouvaient guère mentir, ou être simulés, elle rayonnait. Son sourire était beaucoup plus large et sincère, ses yeux brillaient d’une absence de fatigue qui en était presque inquiétante. En effet, cela faisait déjà plusieurs nuits que la chope sucrée fermait tôt, que la tenancière quittait l’abri de sa demeure pour rejoindre une autre auberge, afin de se glisser à l’étage et retrouver Merrick Lorren. SON milicien. La tenancière n’en avait parlé à personne, hormis le responsable de l’établissement qu’elle jugeait de confiance. Ami de feu son mari, ne pouvait-il guère la trahir.

Aujourd’hui, elle prit conscience presque immédiatement conscience que quelque chose clochait, sans parvenir à identifier quoi. Levée tôt, elle fut surprise d’entendre du mouvement à l’étage inférieur alors qu’elle n’abritait aucun client potentiel depuis qu’elle découchait. Se tirant du lit maladroitement, enfilant jupons, chemise, corset qu’elle terminait de nouer en descendant précipitamment les marches craignant d’y découvrir quelconque brigand, ses yeux s’étaient écarquillés devant la silhouette fraternelle d’Adrien. Hésitante, elle s’arrêta donc à quatre marches de sa destination, ralentissement soudainement alors que ses sourcils se fronçaient légèrement. Lui qui aimait traîner au lit des heures durant, était là, à l’aurore.

- « Il est arrivé quelque chose à ta femme, à ton enfant ? » ce fut la première phrase qui émergea dans son esprit
- « Non, regarde, j’ai préparé la mise en place, tout est propre et l’eau chauffe, n’ai-je pas le droit de venir aider ma très chère et précieuse sœur ? »

Ce fut un silence encore, différent cette fois-ci. Si Estelle était une femme intelligence, elle n’en restait pas moins naïve, surtout lorsqu’il s’agissait de son frère, au comportement parfois plus que discutable. Étirant ses lèvres dans un sourire, elle s’avança davantage, venant simplement se glisser dans ses bras pour le saluer, le remercier aussi et profiter d’un baiser sur son front, geste qu’il faisait depuis qu’elle était enfant. Abandonnant Adrien, elle ne put que sourire devant l’aménagement parfait de l’établissement, ce n’était pas son anniversaire, ni une fête quelconque aussi ne put-elle que plaisanter en rétorquant :

- « Qu’est-ce que tu cherches à te faire pardonner ou à obtenir, Adrien ? »
- « Allons, allons, je suis ton frère, dernier membre de ta famille, ne puis-je pas chouchouter un peu ma petite sœur ? Tiens, installe-toi. Je vais te servir une infusion. »

Celle à la chevelure de feu n’avait pas cherché davantage, prenant place là où il le lui avait indiqué, observant avec intérêt le moindre déplacement, alors que très rapidement se retrouvaient devant elle une infusion et un morceau de pain. L’eau était chaude, provoquant ce nuage de vapeur importante, que la tenancière aimait, exactement comme lorsqu’elle était petite, souffler avec force provoquant quelques petites gouttelettes sur la table. La conversation perdura un long moment, dans des rires, dans des sourires, oui, sans qu’elle ne comprenne le pourquoi du comment, sans qu’elle ne se doute de quoi que ce soit, retrouvant simplement l’espoir de l’innocence de son frère et du bonheur qu’il pouvait éprouver de la voir dernièrement si heureuse.

- « Je voudrais que tu me laisses préparer un dîner, juste pour toi et moi, ferme ce soir Estelle, s’il te plaît… Tu ne peux pas refuser un moment avec ton frère ? »
- « Je ne peux pas non… D’accord, mais tu me promets de me dire à quoi rime tout ça Adrien, tu m’inquiètes ! »
- « Promis, je te dis tout ce soir, mais en échange, tu te fais belle, comme toujours et tu accordes un peu de temps à ton frère aîné ! Je trouve qu’on se voit de moins en moins, ton défunt mari te le dirait. »

Point sensible, comme toujours. La rousse avait simplement pincer ses lèvres un peu douloureusement, avant de le voir disparaître d’un geste de la main, lui faisant répéter que ce soit, elle serait fermée et qu’il s’occupait de tout, absolument tout. Bien, évidemment, Estelle avait promis, comment aurait-elle pu faire autrement devant ce lien de sang qui semblait soudainement plein d’entrain et de nouveau proche de sa cadette ? Pas le temps d’y songer ni de boire que la clochette indiquait qu’un client venait déjà d’entrer et que la journée démarrait beaucoup plus tôt que prévu, qu’à cela ne tienne, elle était de très bonne humeur.





-- Plus tard dans la matinée, avant que le soleil ne se lève - -

Adrien semblait plutôt fier de son coup, culpabilisait-il légèrement de ne pas annoncer clairement à sa sœur ce qu’il avait en tête, mais les effets de surprises, il aimait ça, surtout quand il était convaincu d’avoir trouver LA solution à son problème de taille : Merrick Lorren. Prenant le chemin de la caserne, passant par les petites portes que personnes n’empruntaient jamais et dont l’existence devait être méconnu du plus grand nombre, il rejoint sagement la cour intérieure afin de faire signe à un type qui nettoyait l’ensemble, certainement un milicien sanctionné et qui était visiblement content d’être sollicité à autre chose qu’à compter les cailloux du terrain d’entraînement. S’approchant d’un pas rapidement, le petit gars à la barbe non entretenue, fouillis et frissonnant, élargie sa mâchoire pour étirer un sourire afin de dévoiler des dents abîmées qui ne donnèrent qu’une envie à Adrien, celle de lui dire fermer la bouche et de la garder bien fermée.

- « B’jour m’sieur, qu’est ce que j’peux moi faire pour un gars comme vous d’si bonne heure ? »
- « Merrick Lorren, ça vous parle ? »
- « Lorren… Lorren, Ooohh l’ivrogne ? »
- « Celui là même » grogna Adrien avant de s’éclaircir la gorge « A la bonne heure, nous parlons du même. Ecoutez, je suis confus, ma sœur veut le convier à dîner ce soir, mais elle a oublié de le lui dire… »
- « OOOh que j’dois lui dire quoi ? »
- « Dites-lui qu’Estelle est venue, une rousse, avec des jupons, souriante, la voix chantante, une petite marque sur la joue visiblement récente. Dites-lui qu’elle l’attend ce soir à son auberge pour une soirée rien que pour eux. »

L’homme ne bougea pas, silencieux, ce ne fut que lorsqu’Adrien sortit une petite bourse, s’assurant que le milicien était en mesure de faire une description d’Estelle réaliste et actuelle –qui pourrait connaître cette petite marque sur sa joue qu’elle avait fait en glissant d’une chaise, si il ne l’avait pas vu récemment ?-, qu’il partit. Satisfait. Trop heureux d’avoir gagné une somme astronomique pour si peu, aucun doute que le brave homme à la barbe velu allait respecter l’ensemble et prétendre qu’Estelle elle-même était venue convier Merrick Lorren à une soirée juste à deux. Adrien ne doutait pas une seconde que le milicien alcoolique tomberait dans le piège, qui résisterait à sa petite sœur ? Pas lui en tout cas.





- Beaucoup plus tard dans la matinée –

- « Eeeeeeeeeh LORREN ! » qu’il hurla avec une force qu’il ne se connaissait pas lui-même.

Faisant de grands gestes de la main, dévoilant sa dentition abîmée et noircie, étirant les poils de sa barbe dans un sourire qu’Arti, milicien sanctionné depuis plusieurs jours à devoir ramasser les cailloux du terrain d’entraînement ce précipita vers celui qu’il connaissait. Un compagnon d’ivresse sans aucun doute, ou un admirateur secret, difficile à dire, toujours était-il qu’Arti savait exactement qui était Merrick.

- « Piou qu’tai loin. » cracha-t-il en vidant son air, manquant de s’étouffant dans une quinte de toux, main sur les genoux.

C’est qu’il avait couru le bougre pour rattraper très vite le milicien de l’interne qui semblait occuper. Se redressant, passant une main dans sa barbe pour en étirer le moindre poil qui finissait par rebiquer il s’élança.

- « Y a qu’une femme qu’est venue… Qu’jsais plus trop son nom… Ermette, Alumette, Elle… Blanquet… Ermelle… bref… On s’en fou. Tu retiens jamais les noms t’façon ahahah » il fait une pause, cherche à attraper le regard de son compère « Elle était rousse, une chevelure improbable, que même toi tu t’y perdrais d’dans. Des p’tits tâches de rousseurs tout là » il mime sur son visage « Une p’tite marque rouge là » il montre la joue « Et des yeux, des yeux… Si tu t’les pas faites celle là, moi qu’je veux bien hein ahah t’partage mec ? Hein ? »

Avait-il s’embrouiller encore dans davantage de description précise, très fidèle et réaliste, non sans rajouter quelque allusion graveleuse, vers un fessier qu’il visiterait bien si il voulait bien voir là où il voulait en venir non pas. Après certainement une quelconque pression de Merrick, il avait fini par arriver au but.

- « S’qu’elle quoi ? Ah elle voulait. J’sais plus. » fit-il soudainement, c’est que déjà se souvenir de la description c’était pas évident… « Ah si, te voir ce soir, à la chope sucrée ! Ouais c’est ça, elle m’a donné une belle somme pour que je ferme ma bouche et que j’te le dise qu’à toi. Elle a dit qu’elle t’préparai un p’tit plat ! » il c’était mis à rire « Elle sait que une fois entre ses cuisses t’y reviendras pas hein ? Elle sait ? Ahahah. Tu me d'donneras ton truc' qu'un jour. » un rire gras encore une tape sur l’épaule et voilà que sa mission était réalisée.





- Début de soirée –

Si il y a bien une chose qu’on ne pouvait pas reprocher à Estelle, c’était bien le fait de respecter ses engagements. Comme elle l’avait promis à Adrien, elle avait fermé l’établissement, la chope sucrée était donc vide, comme jamais elle ne l’avait été. Une table était tirée au centre de la pièce, tout était installé pour un repas à deux. Le feu crépitait de cette manière agréable dans la cheminée, attendait-elle sagement son frère afin de savoir à quoi était dû toute cette vilaine affaire. Prenant un soupçon d’inspiration, elle avait fini de se préparer glissant une broche dans sa chevelure, portant une robe pourpre qui l’a mettait soigneusement en valeur, épousé ses courbes agréablement, un décolleté léger, mais présent tout de même et un bijou autour du cou qui venait se glisser dans sa poitrine et s’y perdre pour se dissimuler aux regards indiscrets. Portait-elle des chaussures un peu plus hautes que d’habitude, faisant honneur à la demande de son frère.

Estelle était convaincue qu’il allait lui annoncer que sa femme était enceinte, ou qu’il avait acheté un nouveau commerce, bref une nouvelle importante qu’il avait envie de fêter, quelque chose le concernant lui, mais très certainement pas elle. Comment pourrait-il se douter ? Quand la clochette avait fait un léger bruit, que les bruits de pas avaient fait grincer le plancher du sol, la rouquine avait pivoté pour découvrir non pas Adrien, mais Merrick Lorren. Ce fut un premier choque, sans que celui-ci n’amène à la compréhension. Elle était heureuse de le voir, oui, mais si Adrien le voyait ici ? Ses lèvres se pincèrent immédiatement.


- « Merrick ?! Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » souffla-t-elle dubitative s’approchant à petit pas « Adrien va venir, tu ferais mieux de repartir par la petite porte, je te retrouve comme d’habitude à notre endroit… D’acc- ? »

Ce fut de nouveau le bruit de la clochette, trop tard, c’est ce qu’elle s’était dit certainement de pouvoir encore trouver une solution, un semblant de quelque chose, le sauver lui, elle, ne pas se retrouver dans une situation houleuse, non. Comment pourrait-elle choisir entre un lien de sang et une relation qui n’était peut-être même pas une relation ?

- « Ne le chasse pas tout de suite, petite sœur, il est ici de mon fait. Va donc rajouter un couvert à ta table, nous avons à parler, tous les trois. »

Ce fut comme prendre le ciel sur la tête, comme se retrouver secoué, cribler de lames, comme… Comme quelque chose d’inexplicable, d’impensable. Ce fut un silence, un lourd silence alors qu’elle cherchait du regard une réponse à des questions, alors qu’elle avisait Merrick, alors qu’elle ne comprenait tout simplement pas ce qui allait se passer.

- « Allons, allons ne faites pas cette tête, je voulais vous dire que j’étais d’accord ! Pour votre mariage, votre histoire, ma femme a eu raison de moi, j’étais stupide… Je pensais qu’un milicien… Allez Estelle, file donc chercher de quoi, nous allons fêter ça. »

Ce fut un silence, encore, comme une deuxième gifle, une deuxième pluie de lames, comme un je ne sais quoi inexplicable, encore. Toujours était-il qu’Estelle rejoignit sa cuisine pour essayer de trouver un semblant de compréhension. Seul à seul avec Merrick, Adrien continua sur sa lancée, certain d’avoir trouvé le point faible du milicien.

- « Allons, mon ami, prend une chaise, regarde, j’ai fait préparer exprès un bon plat ! Je suis désolée pour la petite histoire-là, la sanction… On n’oublie pas vrai ? Ouais, allez ! » une tape amicale sur l’épaule, alors qu’il commence à remplir les assiettes d’un plat copieux et très odorant –agréablement – « Tu sais, Estelle, elle a souffert avec son ancien mari, elle en parle pas, il était milicien, coureur de jupons, je ne serais pas surpris qu’on lui découvre un bâtard à droite à gauche. Bref, il est mort et elle a pleuré si fort que j’me suis promis de la protéger, tu comprends ? Je suis son frère après tout. » un grand sourire, il tire la chaise s’installe, déverse du vin dans les verres « Mais, bon, ma femme à raison, et tu sais ce qu'on dit, derrière tout grand homme se cache une bonne femme alors... je ne peux pas m’opposer à votre mariage, Estelle est dans le bon âge, si elle veut des enfants, refaire sa vie, c’est maintenant, alors j’attends votre date. Je vous donne mon accord. »

C’est le moment où Estelle avait fini par revenir, sans forcément comprendre le reste de la conversation. Tirant une chaise, s’installant, elle osa formuler la question alors qu’Adrien remplissait son assiette et lui servait du vin :

- « De quoi parlez-vous, alors ? »
- « C’est une très bonne question, de quoi parlions-nous monsieur Lorren ? »

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyMer 27 Mar 2019 - 3:28
Merrick Lorren franchissait on ne peut plus rapidement le terrain d'entraînement de la caserne. Allongeant la foulée, accélérant le pas, le regard fixe et résolu sur l'horizon, le milicien semblait occupé et en charge d'une mission d'importance capitale. Du moins, en apparence, tandis que c'est ce qu'il tentait de laisser transparaître. Or, la réalité était bien évidemment toute autre... De fait, l'irréductible ivrogne ne cherchait qu'à paraître occupé, alors qu'il n'était point afféré à une quelconque besogne. Cette façon de se mouvoir et d'agir lui permettait d'éviter qu'un gradé ne vienne l'admonester pour son laxisme, ou bien lui ordonner de remplir son devoir. Cette confiance d'être intouchable simplement et seulement parce qu'il était à la vu de tous frisait l'outrecuidance. Mais, Merrick Lorren était ainsi fait, convaincu que son plan était infaillible, certain que son masque ne saurait être percé à jour par le premier quidam à faire son apparition.

Pour autant, sous ce faciès sérieux qui n'était qu'un leurre, le jeune homme était probablement l'un des miliciens les plus joyeux de la caserne. À tel point que parfois, l'acteur arrêtait d'acter, sortant du strict cadre dévolu par son rôle. Ainsi, ses sourcils résolument froncés, à cause d'un faux ''impératif qui se devait d'être promptement réglé'', se détendaient par intermittence, retrouvant leur place habituel alors que son esprit s'égarait au loin. Puis, c'était au tour de sa bouche, qui tantôt résolument pincé à cause d'une soi-disant ''urgence aussi sérieuse que rigoureuse'', s'entrouvrait sur un grand sourire. Dès lors, il était évident que le stratagème avait des failles. Mais quand bien même il en aurait eu conscience, Merrick ne pouvait lutter face à cet élan de bonheur qui le frappait corps et âme.

La raison de cette béatitude n’était nulle autre qu'Estelle de Chantauvent. Capable de souffler aussi bien un vent de félicité que de calamité sur son existence, la jeune femme avait été pour Lorren la source d'une douleur et d'une sourde colère quelques jours plus tôt, tandis qu'il pensait, avec erreur, qu'elle l'avait écarté de sa vie. Or, sachant que tout cela n'était que mésentente et incompréhension, le beau fixe était revenu sur leur relation qui n'en était pas officiellement une. Dès lors, c'est heureux et amoureux, bien qu'il ne l'admettait pas, que le beau salopard s'adonnait à ne pas s'adonner à la moindre tâche.

Eeeeeeeeeh LORREN ! »

Cette vocifération eut le mérite de lui faire arrêter de siffler. Grognant aussi bien à cause de l'apparition de l'immonde collègue qui s'approchait de lui, que du fait qu'il n'avait pas remarqué qu'il sifflotait gaiement alors qu'il devait avoir l'air aussi préoccupé qu'occupé, le jeune homme accéléra le pas sans se retourner. Son frère d'armes avait-il remarqué son manège, lui apportant une corvée dont il ne voulait pas ? Malheureusement pour lui, Merrick ne se permit pas de s'enfuir en courant. À ses yeux, les apparences étaient trop importantes pour qu'il s'abaisse à fuir la présence de la crapule qui n'avait, quant à lui, pas hésité à se jeter ventre à terre en sa direction.

Soupirant en se retournant, Merrick croisa les bras avant de prendre la parole. ''Que veux-tu, Arti ?'' Le regardant reprendre son souffle, l'ivrogne ne put que se damner de ne pas avoir continuer à avancer encore durant quelques instants. Avec un peu de chance, son homologue serait mort de fatigue avant de le rejoindre... Retrouvant le sourire à cette idée, bien que cette marque d'amusement morbide ressemblait plus à une grimace qu'autre chose, Lorren poursuivit en réponse aux dires de son collègue. '' J'ai des affaires urgentes à régler. Pourrais-tu faire vite ?''

L'écoutant commencer son babillage intempestif, les sourcils du brun se froncèrent toujours plus, n'arrivant guère à comprendre de quelle femme il voulait parler. Une ancienne conquête, peut-être ? Aucune ne portait un nom aussi incongru qu'inhabituel... Soudain, lorsque le milicien fit mention d'une crinière rousse, et de moult détails que seul quelqu'un connaissant Estelle aurait pu lui fournir, les traits de son visage, qui avait été de plus en plus crispé, se détendirent jusqu'à l'étonnement. ''Ferme ta gueule, Arti.'' C'était excessivement rare que Merrick Lorren se montre aussi outrancier. À ses yeux, ce genre de répartie manquait de saveur, tandis que d'autres mots plus grandiloquent et moins inculte pouvaient faire beaucoup plus de ravage. Or, il avait réagi au quart de tour, n'appréciant que modérément les commentaires de son vis-à-vis concernant sa tenancière. Et puis, il fallait bien reconnaître que le crétin qui se trouvait en face de lui ne comprenait que ce genre de langage aussi grossier que coloré...

-''Viens en aux faits, l'ami. Que voulait-elle ?'' Tenta Lorren en retrouvant le contrôle et la maîtrise de lui-même.

Pendant quelques instants, ledit ''ami'' avait été brusqué par la repartie méprisante et agressive de Merrick. Or, le qualitatif amical qui lui fut offert et décerné eu le mérite de le ragaillardir et de l'enjouer. Après tout, Arti manquait singulièrement d'ami... Écoutant la fin du message, l'ivrogne ne put s'empêcher de soupirer à gros renfort de négation de la tête, lorsque son frère d'armes prétendit qu'il ne reviendrait pas une fois ses sens auprès de la rouquine assouvis. Décidément, il avait une réputation beaucoup trop ''positive'' auprès de ses collègues d'aussi mauvaises engeances et fréquentations que lui. Cela dit, Merrick Lorren ne l'avait pas vraiment volé...

-''Merci, Arti.'' Ces mots lui avaient coûté cher, tandis que tout ce qu'il aurait voulu c'est de déverser des palabres empreintes du fiel de son opinion méprisante envers le quidam. ''Je compte sur toi pour garder ça pour toi...'' Un sourire taquin et lubrique, suivi de deux clins d'œil. Cela devrait parler et satisfaire l'idiot. ''Si je peux avoir confiance en toi, et que tu te montres silencieux, je t'expliquerais ma technique, l'ami.'' Déposant le bout de ses doigts -et non la main- sur l'épaule de son ''camarade'', Lorren hocha la tête avec bonhomie. Le rire gras et la tape sur l'épaule, aussi malhabile que futile, fut la réponse satisfaite qu'il reçut. Sans demander son reste, Arti reparti -enfin- en direction de sa tâche, faisant promettre au jeune homme qu'il lui offrirait ses stratagèmes à même de faire s'éprendre la gueuse de sa trogne. Hochant la tête rapidement, faisant un geste de la main pour chasser l'inopportun, Merrick se retrouva finalement seul.

-''Ah, Lorren. Vous êtes là ! '' Se retournant, Merrick vit Arthur, son coutilier, qui venait de le trouver complètement statique, fixe et arrêté. Dès lors, il était impossible de prétendre à une quelconque tâche d'importance. Cela signifiait donc que le laxiste, le paresseux et l'indolent de Merrick Lorren devraient trimer et travailler... Pour autant, c'est en haussant les épaules, et sifflotant qu'il se dirigea vers son supérieur qui allait le mettre à la tâche. Après tout, ce n'était pas cher payer une journée d'effort pour une soirée de réconfort avec Estelle de Chantauvent...

Par la Trinité; est-ce que Merrick Lorren était en train de changer ?!


-----


- Début de soirée –


Décidément, cet air aussi guilleret qu'allègre ne voulait point quitter son esprit ! De fait, c'est en sifflant que Merrick traversait la place du pendu, le regard fixé vers sa destination; la Chope Sucrée. Bien que Lorren s'assurait toujours d'être à son meilleur, cette fois-ci, celui-ci était particulièrement fier de son allure. La cause en était évidente; une nouvelle chemise aussi noire que son pantalon et ses bottes fraîchement cirés. Évidemment, l'ivrogne n'avait pas dépensé pour cette nouvelle pièce de vêtement, qui venait rejoindre son arsenal et la pléthore de charme qu'il avait -ou pensait avoir-. Après tout, son argent allait à la consommation d'alcool, à la recherche de l'ivresse, et non pas à l'ajout d'une broutille que son sourire éclipsait sans la moindre difficulté, pensait-il. Non, il avait gagné cette dernière aux cartes. En trichant, bien entendu ! Un jour, il se ferait prendre et probablement rosser. Mais en cette heure, c'est victorieux, heureux et charmant à souhait qu'il déambulait en direction de sa destination.

Arrivé devant l'établissement, le milicien hésita durant quelques instants. Fronçant les sourcils, il chercha à mettre la main sur l'émotion qui le vrillait. C'était comme si... comme s’il était nerveux. Allons ! C'était impossible pour lui... non ? Secouant la tête de droite à gauche, haussant les épaules et rehaussant la superbe de son sourire, l'ivrogne reporta cette préoccupation au loin. Se passant une main dans la chevelure, il ouvrit la porte, franchissant le seuil en direction de la soirée qui s'annonçait... particulière.

-''Je... et bien...'' En rentrant, il avait été interpellé par nul autre que la propriétaire des lieux. Perdant autant ses mots à cause de cet accueil quelque peu inattendu qu'à cause de l'accoutrement de la dame de Chantauvent qui lui allait à ravir, le milicien se passa une main dans les cheveux avant de se racler la gorge. Ses yeux allèrent rapidement se perdre à la naissance de sa gorge, puis en direction de son décolleté, avant d'aller suivre les courbes de son corps, mise en valeur par sa robe. L'œil avisé et aguerri de l'ivrogne remarqua la broche dans la chevelure flamboyante, ainsi que les quelques pouces qui la rendait plus grande que généralement. Son inspection avait-elle été subtile ? Aucunement. Un peu comme à leur première rencontre, où le ''chasseur'' avait exploré du regard celle qu'il pensait être sa ''proie'' d'un soir...

Puis, ce fut le désenchantement le plus total lorsqu'elle lui mentionna son frère. Tout juste avant l'apparition d'Adrien, Merrick Lorren comprit l'ensemble de la manœuvre... c'était un guet-apens. Ses yeux s'illuminèrent: ''Le salop...'' trop tard.

Dos à l'entrée, entendant les mots de son potentiel bourreau, les épaules de Merrick s'affaissèrent, sa bouche se referma et sa mâchoire se crispa. Écoutant les premières paroles de celui qui avait fomenté avec brio son coup pendable, le milicien se retourna lentement pour faire face au nouvel arrivant; Adrien de Miratour. Lorren était généralement fier de sa capacité à répondre par des bravades en toutes circonstances. Or, cette fois-ci il fallait le reconnaître; c'était un silence mortuaire qu'il offrait, tandis que son esprit était assommé, encore aux prises avec la surprise de voir rappliquer le frère surprotecteur à l'intérieur de la Chope Sucrée. ''Notre...quoi...?'' Fut tout ce qu'il réussit à prononcer après la tirade de l'aîné.

Alors qu'Estelle était sur le point de disparaître en cuisine, Merrick la retint en l'attrapant par la main, la rapprochant d'un geste de lui. Déposant ses doigts sur la hanche de la rouquine, Lorren se permit de lui sourire, et de la regarder dans les yeux. ''Tu es sublime.'' Déposant un baiser sur la main qu'il avait capturé, il la laissa partir par la suite. Cette action n'était pas dénuée de sens. Tout d'abord, il n'avait pas menti; elle était resplendissante. Puis, cette prise de parole et cet agissement étaient aussi pour tenter de signifier qu'ils étaient ensemble dans ce piège qui s'était refermé pour eux. Enfin et surtout, c'était aussi le cheval de bataille qu'avait choisi Merrick Lorren; éveiller la jalousie et la surprotectivité d'Adrien jusqu'à ce qu'il commette un impair. Y arriverait-il ? Est-ce qu'Estelle allait participer à ce stratagème, ou croyait-elle que son frère était sérieux dans ses dires ?

Car, pour l'ivrogne, une chose était certaine; Adrien tentait de le mettre à nouveau au pied du mur, de le pousser à repousser sa sœur. Les agissements de celui-ci, les quelques brèves conversations houleuses qu'ils avaient échangées, et le fait fondamental que Merrick voyait toujours le négatif avant de prétendre au positif le poussaient à ne pas croire un traître mot des dires de son homologue. Dès lors, la question était maintenant de savoir qui allait flancher le premier. Et aussi, où se positionnerait Estelle de Chantauvent dans cette trame qu'ils tissaient à trois...

-''Évidemment, c'est derrière nous cette petite... blague, l'ami.'' Répondit un Lorren encore vacillant à cause de la surprise. Le regard pétillant d'Adrien lui permit de percevoir qu'il avait vu au travers du mensonge. Ajoutant une chaise à la table, le milicien s'assit face au frère, alors que la dernière place vacante se trouvait en quelque sorte entre les deux. Le regardant servir le repas, qui avait l'air particulièrement appétissant bien qu'il aille perdu tout appétit, le jeune homme écouta attentivement la suite des dires de son opposant, histoire de savoir à quel déboire ils allaient faire face. Silencieux, analysant chaque mot, chaque tournure de phrase, son esprit buta à nouveau sur la question du mariage. Se rongeant la lèvre inférieure, arrêtant rapidement lorsqu'il remarqua la manœuvre naturelle qui c'était opéré sans qu'il n'en aille conscience, Merrick se passa une main dans les cheveux.

En effet, la question du mariage était un coup qui portait et qui mordait profondément. Tout se jouait autour de cela. Lorren ne pouvait réfuter cet élément qui offrait la bénédiction d'Adrien à leur relation. Bien que fictive, ladite bénédiction était ce que devait gagner le duo. À repousser l'idée d'un mariage, l'homme marié n'aurait qu'à souligner que le milicien n'était pas assez attaché à Estelle, qu'il n'était là que pour assouvir ses sens plutôt que donner un sens à cette histoire. De plus, potentiellement que cela risquait de blesser la jeune femme... Et ça, l'ivrogne c'était fait la promesse de n'être plus la source de son malheur. Dès lors, la seule alternative qu'il voyait, c'était de faire dévoiler son jeu à l'aîné de Miratour, le faire se positionner contre le lien qui l'unissait à la dame de Chantauvent.

C'est sur ces réflexions qu'Estelle revint, posant une question qui fut détournée par le bourgeois en direction du milicien. S'appuyant à son assise, n'ayant aucunement commencé à se sustenter, tandis que la rouquine n'était pas là, le brun commença à parler. ''Nous parlions de notre...mariage. Ton frère semblait dire qu'il nous donnait sa bénédiction.'' L'hésitation ne pouvait manquer d'être perçue.

-''Très juste ! Mais vous ne dites pas tout, monsieur Lorren...'' Commença un Adrien affable à souhait, ponctuant le début de ses mots d'un clin d'œil amical. ''Je disais aussi que j'attendais de savoir la date de votre union.'' Se retournant vers sa sœur, il déposa une main sur celle de la jeune femme. ''Tu dois avoir hâte, non ?'' Puis avec un ton compatissant, penchant la tête sur le côté il poursuivit. ''Je suis content que tu sois passé à autre chose et que tu sois heureuse, Estelle.''

Le salopard, il jouait contre les deux avec brio... Se levant d'un bond, Merrick cacha le coup de sang qui l'avait pris, et qui ne lui ressemblait guère, en offrant un sourire à ses deux partenaires, avant de se diriger vers le bar. La jeune femme avait complètement le temps de répondre si c'est ce qu'elle souhaitait. Sans attendre, se glissant derrière ce dernier, Lorren sélectionna la bouteille de vin préféré de la dame de Chantauvent, revenant en portant deux et non trois coupes. Déposant le tout et restant debout, le milicien se permit d'embrasser la chevelure de celle qui avait probablement pris place autour de la table. Mettant une main sur son épaule, il prit la parole. '' Merci pour le repas, Estelle.'' Tout au long de son action, les yeux du milicien n'avaient pas quitté ceux du frère, à la recherche d'un éclat de protectivité. L'avait-il aperçu ? Dur à dire... Débouchant le vin, remplissant sa coupe, mais laissant Estelle faire ce qu'elle désirerait, il s'attabla de nouveau une fois que tout le monde fut servi.

-''Pourquoi changer de bouteille et de verre, monsieur Lorren ?''
-''Je sais que c'est la bouteille préférée de votre sœur, tout simplement.'' Dit-il en haussant les épaules. ''Bon appétit.''
-''Je vois que vous la connaissez bien. Le connais-tu aussi bien, Estelle ? Je dois dire que sa réputation le précède !''

Cette fois-ci, Merrick n'offrit aucune réaction, piochant distraitement dans son plat, laissant le temps à sa tenancière de répondre à cette question qui s'attaquait directement à sa renommée d'ivrogne, de fêtard et de coureur de jupon. Sur la défensive, le brun ne tentait aucune attaque, préférant recevoir et réagir à cette conversation qui semblait plutôt être un interrogatoire.

-''Mmh...C'est succulent ! Vous aurez l'avantage de toujours bien manger, après votre mariage, monsieur Lorren.''

-''Vous pouvez m'appeler Merrick, Adrien.'' Répondit-il, évitant soigneusement la question du mariage qui risquait de le faire se fourvoyer. Mieux valait faire preuve de civilité et de politesse, plutôt que de rester à nouveau silencieux.

Hochant la tête avec enthousiasme, le sourire sur les lèvres, Adrien termina de mastiquer lentement sa bouché avant de passer à l'attaquer de nouveau. ''Alors Estelle, à quand l'officialisation de votre future union ? En l'occurrence, annoncer vos fiançailles serait un premier pas idéal, non ? Et puis, il faut bien avouer que la Trinité ne voit guère d'un bon œil une relation hors des liens du mariage...''

Le bougre connaissait sa sœur, sachant où appuyer pour l'accabler, non pas de reproche, mais plus probablement de doute. Après avoir ramené le défunt époux dans le décor, celui-ci s'attaquait maintenant à la religion pour faire vaciller Estelle de Chantauvent. Par ailleurs, Adrien de Miratour avait aussi très bien cerné Merrick Lorren, s'attaquant à ce dernier en parlant de mariage. C'est complètement coincé, que le milicien attendit lui aussi la réponse de celle qui devait être écartelée entre les liens du sang et du cœur.

Dès lors, il ne restait qu'à savoir où se positionnait Estelle de Chantauvent.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptySam 30 Mar 2019 - 11:21


C’était comme un piège qui venait de se refermer, comme une cible qui venait d’être touchée en plein cœur. Estelle avisait Merrick, lui offrant ce sourire qui se voulait rassurant puis détaillant ce frère qui venait de passer le seuil de la porte. Les yeux brillants de cette étincelle qu’elle ne connaissait que trop bien, les lèvres top étirées pour que ce soit naturel, la rouquine comprenait, du moins, commençait à se faire à l’idée que toute cette supercherie, toutes les actions du matin n’avaient d’autre source que cette finalité si particulière. Là encore, celui qui partageait son sang avait une longueur d’avance, plus qu’elle ne comprenait pas encore où il voulait en venir. Fronçant légèrement les sourcils à l’évocation d’un potentiel mariage, elle n’en restait pas moins dubitative alors qu’Adrien formulait son accord, sa non-opposition à cette relation. Immobile, ne sachant réellement comment réagir et pour une fois, visiblement plutôt ‘victime’ de la manipulation la rousse avait tourné lentement les talons pour rejoindre sa cuisine.

Son mouvement fut stoppé par la main se glissant dans la sienne, par ce corps qu’elle connaissait soudainement plus proche d’elle, par des paroles agréables à l’oreille, puis un baiser provoquant cette multitude de frissons suivis de cette gêne un peu particulière vis-à-vis de la présence du dernier membre de sa famille. Déglutissant, elle offrit un sourire sincère à son milicien, sans trop savoir comment se positionner dans cet étrange diner. Percevait-il son malaise, son hésitation ? Ou ne verrait-il que ce masque de bonne conduite parfaitement maîtrisé par la tenancière ? Avec la sensation d’être dans une mer immense qui ne connaissait aucune plage ou morceau de bois pour se maintenir à la surface, la dame de Chantauvant avait disparu dans la cuisine.

Dos à la porte, incapable de percevoir la discussion, la jeune femme n’avait pas pu s’empêcher de prendre une grande inspiration, d’essayer de chercher à se reprendre, à trouver rapidement une solution à son problème. Pour autant, le doute, ou plutôt l’espoir de vouloir y croire avait fini par la faire se questionner sur la sincérité de son frère. Pouvait-il réellement accepter Merrick ? Était-ce vraiment ce qu’il était venu annoncer au couple ? Où projetait-il toute autre chose ? Difficile à dire. Assiette entre les mains, expression bienveillante collée à la peau, la rousse avait refait son apparition dans la salle. Avisant tour à tour les deux hommes, prenant une place qui ne la mettait que davantage mal à l’aise, Estelle tâchait de conserver une posture neutre et plutôt observatrice. A ses yeux, il fallait déjà écouter pour se faire une idée et certainement pas se jeter trop rapidement dans la gueule du loup. Questionnant sur l’origine de la conversation, elle n’en fut pas moins davantage déstabilisée.

Le premier coup fut donc porté, un mariage, ce n’était pas sans sens dans le fond, devait-il s’inquiéter de sa réputation, était-ce son rôle de frère aîné après tout… Avisant Merrick et son hésitation sur le sujet, la rousse ne put que ressentir un petit pincement au cœur, puis un second en pensant à son mari. Un peu malmenée par ses pensées et ses émotions contradictoires, elle avait attrapé le plat pour se servir, avisant l’ensemble avec un appétit inexistant. La boule au ventre, elle sursauta légèrement en sentant la main de son frère sur la sienne, évoquant feu son époux et son contentement vis-à-vis du tournage de la page. Si seulement, pensa-t-elle en se mordant avec force l’intérieur de la joue. Une date, il voulait une date et plus son esprit y réfléchissait, plus son visage devait pâlir, plus elle ressentait ce besoin de se retrouver dans un trou de souri.


- « Eh bien, je.. » débuta-t-elle avant d’être coupée par le comportement de son milicien.

Merrick s’était relevé brutalement, soudainement, avait-elle cru le voir déguerpir et passer la porte, l’abandonnant à ses craintes et la compagnie d’Adrien. Pour autant, l’homme d’armes avait simplement fait le tour, récupérant une bonne bouteille de vin qu’elle affectionnait particulièrement pour revenir avec l’ensemble et deux verres. Deux verres. Ses sourcils s’étaient froncés légèrement alors que son regard se positionnait sur le premier, puis le second et le verre déjà présent d’Adrien. Si Merrick voulait se le mettre définitivement à dos, prenait-il la bonne direction. Du moins, c’est ce qu’elle n’avait eu de cesse de se répéter alors que le liquide pourpre venait remplir son récipient, puis celui de Merrick. Avait-elle récupéré la bouteille pour servir Adrien également. Merrick avait déposé ses lèvres dans sa chevelure, avait elle fermé les yeux, sentant cette vague de frissons désagréable la parcourir. Le noble n’avait pas pu s’empêcher de fusiller des yeux son opposant, sous le regard presque désabusé de la dame de Chantauvent. Sans attendre une proposition du moindre toast, elle avait attrapé son verre, le portant à ses lèvres pour en avaler une longue gorgée, alors que son frère attaquait déjà, questionnant sur l’origine de cette soudaine envie de vin.

- « Je n’ai pas pour habitude de m’attarder sur les rumeurs…. » murmura-t-elle dans un soupir presque las « Je préfère me faire ma propre opinion sur les personnes, devrais-tu le savoir mon frère »
- « Est-ce la tienne que je demande, Estelle. » Répondit-il en vrillant son regard dans le sien « Je ne veux que ce qui a de meilleur pour toi, tu le sais. »

Ce fut ce silence, presque malsain, presque dérangeant, alors que les deux membres de la famille semblaient communiquer sans formuler le moindre mot. La carapace de la dame avait semblé se fragiliser un instant, alors que cela lui semblait insurmontable de rentrer en conflit ouvert avec Adrien. Tout comme il lui était simplement beaucoup trop douloureux d’abandonner celui qui commençait à lui redonner goût au plaisir de la vie. Les deux étaient-ils réellement incompatibles ? C’est son frère qui avait fini par briser le silence, la complimentant sur ses talents culinaires à travers des propos adressés à Merrick, appuyant une nouvelle fois sur ce mot qui lui donnait la nausée : mariage. Elle était l’épouse de quelqu’un déjà, semblait-il l’oublier, aussi mort soit-il, il était beaucoup trop tôt pour elle pour envisager un remariage.

Piochant dans son assiette, ou plutôt remuant les aliments pour donner l’illusion de s’alimenter, Estelle attendait avec la certitude que tout allait finir par lui exploser au visage, à moins que ce ne soit elle qui éclate devant ce jeu dérangeant dans lequel les deux hommes semblaient se plaire. Avalant une première bouchée, elle manqua de s’étoffer alors que son cher frère revenait à l’attaque, alors qu’elle sentait Merrick compter sur elle pour réagir, réajuster, recadrer sans aucun doute. Se rendait-il compte qu’elle était pied et main lié ? Qu’il était l’homme le plus proche et donc le preneur de décision ? Qu’elle aurait beau crier, hurler, supplier, cela ne changerait rien aux idées d’Adrien. Toussant encore un peu, mains sur ses lèvres, elle se resservit du vin, toujours silencieuse avant de finalement prendre la parole.


- « C’est très gentil de te soucier de nous, Adrien et nous apporter ta bénédiction pour notre relation. » fit-elle dans un premier temps « Pour tout te dire, nous n’avons pas encore pris le temps d’y réfléchir » ajouta-t-elle honnêtement « Notre relation étant pour l’heure dans les prémices des fréquentations, puisque, rappelons-le, pour une raison encore inconnue à mes yeux, nous nous sommes retrouvés à ne plus pouvoir nous voir d’une manière bien étrange. »

Ses deux prunelles grises s’étaient faites glaciales, alors qu’elles se déposaient sur la silhouette de son frère. Attendait-elle une explication, cherchait-elle à détourner simplement l’ensemble, à gagner un peu de temps, un peu d’air, un semblant de survie encore.

- « Ooooh Estelle, je me suis excusé auprès de Merrick, accepte-t-il même déjà mes excuses, tout ça c’est du passé. Si ton futur époux accepte de me pardonner, dois-tu en faire autant n’est-ce pas ? »

Lâchant un soupir, son attention ce porta vers Merrick, avait-il réellement dit qu’il lui pardonnait, avait-il réellement lâché ce levier si facilement ? La carte de la faute commune était donc à retirer, à abandonner. Attendant peut-être une confirmation, même silencieuse, elle détourna son attention de celui qui provoquait ses sentiments si opposés dans son esprit. Comprenant le doute et l’hésitation de sa sœur, Adrien se faufila lentement dans la brèche ouverte

- « Comprenez bien, je ne voudrais surtout pas vous brusquer, mais si je suis moi-même au courant de cette histoire, c’est à cause des rumeurs… »
- « Des rumeurs ?! » s’offusqua Estelle immédiatement
- « Eh bien oui, je pensais que Merrick t’en aurait parlé, ou que tu en avais entendu parler l’un ou l’autre, c’est que c’est un membre du clergé qui est venu me féliciter pour votre relation… Je ne voulais pas vous mettre dans une mauvaise posture, alors je lui ai promis que vous iriez le rencontrer pour lui annoncer la date de votre mariage. Je ne voulais pas entacher votre réputation, enfin même si pour vous Merrick… Vous le faites déjà bien tout seul. »
- « ADRIEN » grogna immédiatement la rousse
- « Je plaisante, je plaisante » souffla-t-il un fin sourire victorieux sur ses lèvres.

Il ne plaisantait pas du tout, tout le monde autour de la table en avait bien conscience, mais les apparences étaient obligatoires dans ce type de conversation. Ne fallait-il pas le froisser, ne fallait-il pas froisser Merrick au risque de le voir détaler comme un lapin, mais pensaient-ils l’un comme l’autre à ne pas trop déstabiliser la dame de Chantauvent dont le masque ne semblait pas aussi parfait qu’au tout début de la conversation.

- « Pourrions-nous converser honnêtement ? » fit-elle soudainement « Adrien, qu’est-ce que tu veux ? Merrick, qu’est-ce que tu veux ? » et elle, ça serait pour plus tard.

- « Je ne peux pas accepter que mon unique sœur, fréquente quelqu’un en dehors du cadre de notre Sainte Trinité. Je ne veux pas que ton âme se retrouve condamnée à l’errance. Il faut être responsable » insista-t-il en croisant les bras « Vous n’êtes pas d’accord Merrick ? Vous n’envisagez pas du tout le mariage, une relation officielle ? »

Estelle avisa un instant Merrick, tout en prenant conscience ou tout du moins en étant certaine que non, il ne voulait rien d’officiel, ni même entendre parler de Mariage, serait-il surpris de l’entendre elle aussi refuser ce fait, incapable de se détacher du souvenir de son mari.

- « Non. » répondit-elle presque spontanément « En réalité, c’est moi qui ne veux pas » fit-elle tout aussi étrangement « Je ne suis pas prête, alors je voulais proposer à Merrick, mais comme tu me brusques dans ma démarche, de nous fréquenter un temps discrètement, voir si j’étais en mesure d’envisager une nouvelle relation ou non. »

Cette fois-ci, Adrien en fut surprit, se retrouvait-il dans une posture délicate, car en refusant, ce n’était plus à Merrick qu’il s’attaquait, mais bien à sa sœur directement. Conservait-il un espoir de voir l’ego du milicien de son côté, comment un homme pourrait-il accepter d’être sur une place particulièrement instable.

- « Et cela vous conviendrez, Merrick ? De conserver une relation discrète pour un temps, au risque qu’Estelle vous délaisse soudainement si elle ne se sentait pas en mesure de s’engager davantage ? »

Ce n’était pas réellement ça qu’elle avait dit, arrangeait-il évidemment l’ensemble à sa manière, sous le regard toujours aussi incrédule de la rousse. Les cartes étaient un peu différentes, mais toujours dans le même objectif, parvenir à se coincer mutuellement, à faire dire à l’autre son opposition. Il était évident que si la guerre devenait un peu trop ouverte, Estelle interviendrait.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyLun 1 Avr 2019 - 16:47
Merrick Lorren était prêt à partir en guerre ouverte avec Adrien de Miratour, tant et aussi longtemps que cette lutte ferait l'usage des mots à titre d'arme, plutôt que d'une quelconque violence à même de créer des maux envers et contre les différents belligérants. Pourquoi me demanderez-vous ? Simplement parce que le courage n'était pas un trait de caractère qui avait sa place dans l'arsenal du milicien. La couardise était nettement plus développée chez celui qui avait pourtant fait des armes et de la prétendue bravoure sa profession. Dès lors, aucun accès de rage ou de violence physique ne découlerait de l'ivrogne, préférant articuler sa défense et la contre-offensive qu'il fomentait autour de propos mielleux qui ne cachait que bien mal le fiel qui en découlait. le brun était prêt à ne retenir aucun coup, tandis qu'à ses yeux, cette situation était un guet-apens, une immondice aussi infâme que le frère qui venait de les prendre sur le fait, de les faire tomber directement dans son piège ignominieux.

Pour autant, bien que Merrick soit prêt à la lutte sans fioritures ni mascarades pour la camoufler, il ne s'y risquait pas. Car comme Adrien, il savait que ce genre d'affrontement tendrait, non pas à les blesser eux, mais bien plus celle qui devait se trouver déchirée entre les deux antagonistes qui se faisaient face; Estelle de Chantauvent. Ainsi, porté par son affection envers la rouquine, le jeune homme ne pouvait déclencher les hostilités, se devant de continuer à agir et réagir sous le couvert de la civilité. Or, est-ce que cela durerait sur le temps long ? Rien n'était moins sûr...

À l'arrivée de l'aîné, Lorren avait été trop abasourdi et trop concentré à analyser le lascar en question pour percevoir la nervosité, le malaise ou les autres élans émotionnels qui sévissaient chez sa tenancière. Le masque de paraître et de bonne conduite qu'elle arborait était à même de renvoyer une image admirable, si ce n'est parfaite, du contrôle et de la contenance qu'elle actait. Dès lors, Merrick était passé, par erreur, outre les affres qui devaient vriller Estelle, la vouant à lutter contre vent et marée pour trouver un moyen de ne pas chavirer et sombrer dans l'étrange et difficile réunion qui s'opérait. Après tout, elle était celle qui ne devait plus savoir qui supporter ni où se positionner. Quant à eux, pour les deux hommes, l'adversaire était bien facile à définir.

Pour autant, Merrick Lorren, aussi aveugle qu'il fut des prémices de cet état des faits, finis enfin par le remarquer. Tout d'abord, goûtant avec concupiscence au regard amer d'Adrien lorsqu'il déposa ses lèvres dans la chevelure de la dame de Chantauvent, le milicien perçut aussi la moue désabusée de la principale concernée, puis les soupirs et enfin la conversation qui se passait de mot, alors que les deux personnes du même sang s'échangeaient des regards qui voulaient tout dire. Réalisant qu'Estelle ne voudrait, ou ne pouvait être capable d'en venir à la rivalité ouverte avec son frère, il se contint. Jamais plus, Merrick Lorren ne voulait être la source d'un quelconque mal chez celle qui prenait plus en plus d'importance dans son existence. Ainsi, ce n'était pas à lui d'abattre l'ensemble de son jeu le premier, de laisser tomber les masques et les civilités.

Lorsque Lorren entendit Estelle dire qu'elle ne s'attardait pas sur les rumeurs, il ne put retenir un maigre sourire de venir peinturer son faciès. Merrick ne s'était jamais caché de sa réputation de coureur de jupon et d'ivrogne qui n'était guère volé. Pourtant, à mainte reprise, le milicien s'était demandé l'impact que cette réalité pouvait avoir sur la tenancière de la Chope Sucrée. Est-ce que cette célébrité désuète et négative pouvait être un frein au développement de quelque chose ? La réponse n'était pas encore aujourd'hui très claire, tandis que cette dernière n'était actée que pour repousser les assauts d'Adrien. Or, cela était tout de même mieux que le flou nébuleux du non dit, qui n'aurait point trouvé réponse, alors que Merrick avait trop peur de questionner Estelle sur le sujet, tandis qu'il était trop effrayé de recevoir une réaction négative.

Enfin, Estelle de Chantauvent se positionna dans un entre-deux aussi honnête qu'évasif, tandis qu'elle devait offrir des réponses. Soufflant le chaud et le froid, elle souligna la gentillesse d'Adrien, mot qui fit s'étouffer Merrick avec son breuvage, pour son ''inquiétude'' envers le duo. Hochant la tête à la suite de la répartie de sa tenancière, tout à fait d'accord avec ce qu'elle disait; qu'ils en étaient aux prémices d'une fréquentation et que rien n'avait été réfléchi concernant le mariage, il sourit avec amusement à la suite, lorsqu'elle souligna qu'ils n'avaient plus eu la chance de se voir pour un temps, accusant à demi-mot l'aîné de la famille. Or, la réponse d'Adrien et le regard d'Estelle lui firent perdre de sa superbe. Avait-il fait une erreur ?

-'' Je ne voulais pas rentrer en conflit avec ton frère.'' Commença-t-il lentement, se perdant dans le regard scrutateur qui lui était envoyé, cherchant à comprendre ce qu'il avait potentiellement fait de mal. Puis, réorientant son attention vers le frère; '' J'imagine que vos excuses doivent être aussi honnêtes que notre conversation en cette heure, non ? Après tout, ayant fait preuve de remords, je ne peux que croire que vous ne vous risquerez plus à récidiver ce genre de... comportement qui n'est pas digne des personnes civilisées que nous sommes tous.'' Dit-il, goûtant sans l'ombre d'un doute le fait de se présenter comme ''civilisé'' et de mentionner ''l'honnêteté'' du moment malhonnête.

-''Des remords aussi honnêtes que notre discussion en ce moment, Merrick.'' Ponctua Adrien, un sourire en coin, levant son verre comme pour porter un toast à ces mots.

Suivant le mouvement, le milicien ne fit que tremper ses lèvres dans son breuvage. Aux yeux de l'ivrogne, tout le monde savait que la conversation autour de la table n'avait rien de bien honnête ou de louable en soi. Ce n'était qu'une tentative de mettre en place un piège, un traquenard. Ainsi, est-ce que les excuses précédentes étaient tout aussi déloyales, fourbes et mensongères que la situation ? Si tel était le cas, le duo devait-il s'attendre à une récidive, comme lorsqu'Adrien avait fait croire au deux qu'il ne voulait plus se voir l'un et l'autre ? Si ce ''somptueux'' repas ne se soldait pas par ce que recherchait l'homme de Miratour, tenterait-il une autre vile action pour les séparer ?

Croisant les bras sous les ''plaisanteries'' du frère qui s'attaquèrent à sa réputation, Merrick ne fit que hausser les épaules, sans chercher à réajuster l'incartade. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid que ce fieffé quidam tente de le discréditer. Or, le sourire ''victorieux'' qui inonda les traits de l'opposant eut le mérite de lui faire sortir de ses gonds. Retenant de justesse des propos vilipendant, tandis qu'il découvrait cette fierté sur le faciès de ce dernier, Lorren épancha sa soif de répartie dans sa coupe de vin. Contenu qui descendait d'ailleurs rapidement, tandis que le breuvage rubis était le refuge de l'ivrogne face à cette lutte et la retenue qu'il devait s'imposer.

Enfin, écoutant les paroles d'Adrien, découvrant se que ce dernier désirait après le questionnement de la rousse, il avait été sur le point de répondre, bien qu'hésitant, tandis qu'il se questionnait encore lui-même. Que voulait Merrick Lorren ? Or, avant qu'il n'aille put desserrer les lèvres, ce fut Estelle de Chantauvent qui prit la parole, présentant sa propre volonté des choses. Écoutant, découvrant, ce que pensait la jeune femme, Lorren en fut tout d'abord mitigé avant de se raviser. De fait, la spontanéité de la réponse avait de quoi blesser son amour-propre. Si rapidement proférée, la négation semblait ne souffrir d'aucune contestation possible. Puis, présentant le fait que c'était elle qui ne voulait pas d'un quelconque mariage, le doute s'immisça de prime abord dans l'esprit du milicien. Non pas que lui-même désirait s'unir sous les auspices salvateurs de la Trinité. Or, le refus semblait si... catégorique, que cela en était blessant. Hochant lentement la tête, perdant son regard sur son assiette, et écoutant d'une oreille distraite la fin de la prise de parole de sa tenancière, l'ivrogne eut le mérite d'entendre la question posée par Adrien. Relevant les yeux, il sonda le regard de celui qui s'opposait à eux. Tout d'abord quelque peu hésitant après les dires d'Estelle, c'est étrangement les mots du frère qui lui permirent de retrouver contenance et de redevenir le beau salopard qu'il était. Sans le savoir, de Miratour venait de lui redonner le sourire. Il pensait qu'en présentant la possible position instable de l'ivrogne, celui-ci se découragerait ? C'était plutôt le contraire !

Croisant les jambes, se passant une main dans les cheveux, Merrick rehaussa la marque d'amusement qui trônait naturellement et habituellement sur ses lèvres avant de prendre la parole. '' Cela me convient parfaitement, Adrien. Je n'ai aucun problème à me retrouver dans une position instable, comme vous dites, tandis que je suis convaincu que la finalité de tout cela sera en ma faveur.'' Était-ce prétentieux ? Complètement ! Mais, en un sens, n'était-ce pas la marque de commerce de Merrick Lorren ? '' Je laisse Estelle faire ses choix, alors que je fais les miens. J'imagine que nous verrons où cela nous mène.'' Aucune promesse, aucun besoin de plus que ce qu'ils avaient déjà. C'était ce que présentait Merrick, acceptant complètement les mots de la dame de Chantauvent.

Puis, se penchant vers l'avant, offrant son attention à la sœur et non plus au frère. ''Et pour tout te dire, je suis pour le moment très bien dans cette situation.'' Stricte vérité, alors qu'il nageait dans le bonheur depuis leurs retrouvailles. C'était étonnant pour celui qui n'avait pas encore gagné ce qu'il cherchait de prime abord, à savoir l'épanchement de son désir envers la rouquine, et probablement que la magie du moment finisse par décliner un peu, mais en cette heure, c'était la vérité sous toutes ses coutures.

-''Content de voir que vous êtes les deux sur la même longueur d'onde.'' Répondit Adrien, se perdant à son tour dans sa coupe de vin. Décidément, est-ce que tout le monde autour de cette table s'épanchait dans le breuvage écarlate lorsqu'il perdait la main mise sur la discussion, ainsi que leur aplomb ? Si tel était le cas, juger de la consommation permettrait de savoir rapidement qui était dans la position la plus précaire. À ce moment, ce fut Adrien qui se rapprocha le plus de la vérité, perdant quelque peu le masque de bonhomie qu'il avait dressé. Sans dévoiler son jeu complètement ni hausser le ton pour en devenir outrancier, le frère partit en quête de réponse qui était à ses yeux prépondérante sur le reste.

-''Combien de temps ?'' Poursuivit-il sans le moindre sourire.
-''...Quoi ?''
Vrillant son regard dans les yeux du milicien, le bourgeois continua. ''Cela va prendre combien de temps, de cette fréquentation... avant d'avoir une réponse claire et précise de ce qu'il en est ? ''
-''Ce n'est pas quelque chose de quantifiable !'' S'outra quelque peu Merrick, n'arrivant pas à croire ce qu'il entendait.

Soupirant, Adrien répondit rapidement, perdant un peu, mais pas outrageusement, de la patience qu'il avait arborée depuis son arrivée. '' Réveillez-vous, Lorren. Plus longtemps que cette situation durera, plus longtemps les rumeurs enfleront. Déjà, les clients de la Chope parlent et murmurent, commençant à se questionner sur la fermeture de plus en plus tôt de l'établissement. ''Où est la tenancière'', ''elle est encore disparue durant une soirée...'' Les ragots et racontars vont bon train dans ce genre de milieu. Vous devez le savoir, vous qui les côtoyez aussi régulièrement ! Et dès lors, je n'accepterais pas qu'on impute une petite vertu à Estelle ! ''

Autour de la table, plus aucun sourire n'était dressé. Le regard enflammé et meurtrier de Merrick plongeait directement dans les yeux froid et glacial d'Adrien. Au moins, cette tirade de l'aîné avait fait prendre conscience d'une chose au milicien; ce n'était pas seulement parce qu'il ne l'aimait pas lui, que de Miratour agissait. Il s'inquiétait surtout pour celle qui avait son sang. Louable en soit, cette inquiétude venait tout de même se dresser entre le milicien et la tenancière. Et ça, c'était inacceptable pour le jeune homme.

Adrien reporta son attention vers Estelle, parlant pour elle et non plus pour le duo. ''Estelle, écoute-moi, je t'en prie. Plus longtemps cela durera, plus que te remarier sera difficile. Je suis ton frère, et je ne peux accepter que tu restes seule ou mal accompagnée hors des liens du mariage. Je ne t'ai jamais brusqué pour que tu retrouves rapidement un époux, mais...'' Dit-il sans réellement finir sa phrase, mais pointant d'une main évasif l'ivrogne qui se trouvait en face de lui, balançant la tête de droite à gauche en signe de négation. '' Ce n'est pas une solution. Alors, je te le redemande; combien de temps penses-tu que tu as besoin pour te faire une évidence ?''

Adrien n'avait pas spécifié de quelle évidence il faisait mention. Mais en un sens, il était clair qu'il s'attendait à ce que la rouquine en vienne à réaliser que Merrick Lorren n'était clairement pas un homme à côtoyer. Par ailleurs, l'homme en question devait avoir une pléthore de prétendant à présenter à sa sœur. Après tout, Estelle était dans la fleur de l'âge et sa situation était on ne peut plus intéressante, tandis qu'elle faisait tourner son propre commerce. Comment pouvait rivaliser un futile ivrogne et un simple milicien ? Quand se lasserait-elle du milicien, troquant l'ivrogne pour un bien nanti ? Pour de Miratour, ce n'était qu'une question de temps. Et si le temps ne suffisait pas, il pourrait toujours lui donner un petit coup de pouce...
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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyLun 1 Avr 2019 - 19:53


Estelle écoutait, oui, elle écoutait sans réellement toucher à l’ensemble de son plat, laissait doucement ses couverts trier les aliments, répartir l’ensemble dans son assiette sans jamais le toucher réellement, la déguster. Estelle était proie au doute, réelle, même si elle n’en disait rien, avait-elle développé cet attachement sincère pour Merrick Lorren, ne pouvait-elle pas s’imaginer le perdre, ou le voir disparaître de sa vie. Pour autant, parler mariage, l’imaginer face à elle prononcer dans le temple les paroles qu’elle avait prononcées vis-à-vis de son ancien époux lui vrillait le cœur, l’âme, les nerfs, tout. Absolument tout. Attrapant son verre pour en avaler une longue gorgée du liquide pourpre, celle à la chevelure rousse cherchait à comprendre, comprendre où voulait-en venir son frère, où voulait-en venir Merrick aussi et comment allait se terminer cette atroce réunion qui n’avait que pour être origine d’un concours de taille ridicule. Déposant le récipient sur le bois de la table, elle avait dû laisser quelques soupirs lui échapper. Ses deux prunelles grises vagabondaient d’une silhouette à une autre, d’une affection à une autre, avec la sensation de couler, de se noyer dans la dérive des sentiments. Trahissait-elle Adrien en allant à son encontre ? Trahissait-elle Merrick en acceptant de se ranger au côté d’Adrien ?

Son regard s’était accroché avec un peu plus d’intensité dans celui de son milicien, alors qu’il évoquait pourquoi il avait accepté ses excuses. Ses lèvres s’étaient étirées dans un sourire, rassurant, douce, pleine de douceur, il était hors de questions de le brusquer, ou de le perdre pour une incompréhension, la moindre maladresse. Malheureusement, l’ensemble fut de nouveau saupoudré de provocation, l’un espérant ne plus se retrouver dans ce type de situation, l’autre soulignant avec humour que la situation était aussi sérieuse que la conversation. À comprendre, fausse, manipulatrice, dérangeante, à vomir. La conversation se retourna néanmoins contre elle, sans que la tenancière ne puisse lutter, ou avancer à contre-courant contre cet état de fait. Chacun attendant sagement qu’elle réponde enfin à la question qu’elle n’osait pas se poser : quand allait être prononcé le mariage. Quand ?

Un jour, demain, jamais ? Elle n’en savait rien dans le fond, elle ne voulait peut-être pas le savoir non plus. Attrapant son verre, avalant une longue gorgée du précieux nectar, Estelle cherchait à gagner un peu de temps, mais surtout à se positionner elle-même réellement. Adrien précipitait les choses en agissant ainsi, elle qui commençait à peine à réaliser son attachement, à le tolérer, tout en poursuivant ce petit jeu entre elle et le milicien. Suis moi je te fuis, fuis-moi je te suis, une douloureuse réalité que l’un comme l’autre avait mis en place d’abord volontairement, puis entièrement involontairement. Un peu nerveusement, elle avait fait tourner l’ensemble du contenu de son verre, avant de le reposer pour finalement prendre la parole. Avouer maladroitement sans en être elle-même convaincu que Merrick n’était pas le problème, mais bien sa pensée, sa manière de voir les choses et que peut-être n’était-elle pas encore prête pour un quelconque mariage. Peut-être.

Ce n’est que quand Adrien insista sur le ressenti de Merrick Lorren sur cette affaire qu’elle fronça les sourcils, consciente qu’elle avait été maladroite, que cela pouvait être vexant. Aurait-elle pu lui prendre la main, lui sourire, venir déposer ses lèvres sur ses joues, mais elle n’en fit préférant jouer nerveusement sous la table avant les morceaux du tissu de sa robe. Vrillant son regard dans celui du milicien, de son milicien, Estelle espérait y être rassurée, percevoir des indices qui dévoilaient qu’il ne s’offusquait pas. Dans un premier temps, ce fut toute autre chose qui se dessina dans son esprit, l’avait-elle blessé ? Puis ce fut des paroles, des paroles qui auraient dû lui permettre de souffler, mais qui lui laissait un doux sentiment de chaud-froid. Comme si lui-même n’y croyait pas alors qu’il semblait sincère.

Semi-rassurée, elle étira ses lèvres dans un sourire, glissant sa main sous la dame, sur la cuisse de celui qui venait de lui retirer une immense épine du pied. Il lui disait qu’il était heureux comme ça et celui qui avait pour habitude de forcer sur l’alcool ne pouvait pas savoir, comprendre à quel point le sentiment était réciproque. Surtout depuis que le presque couple vivait caché et particulièrement heureux. Serrant doucement ses doigts sur sa cuisse, ou sur sa main si celle-ci avait rejoint la sienne. Celle à la chevelure de feu avait fini par s’attarder sur son frère qui semblait satisfait que le couple soit sur la même longueur d’onde, ce qui fallait-il bien l’avouer avait de quoi être surprenant. Pour autant, son comportement laisser transparaître son désarroi et sa déception, provoquant un léger pincement dans le cœur de la rouquine. Naïve, Estelle avait néanmoins espéré que la conversation se termine ainsi, c’était sans compter sur le brave Miratour qui revenait déjà à l’attaque, évoquant le temps nécessaire qu’il devait accorder au jeune couple.

Les prunelles de la dame de Chantauvent avaient dû s’écarquiller légèrement, alors qu’elle réalisait davantage à quel point il ne lâcherait pas, à quel point, peu importe ce que le couple allait pouvoir dire ou faire, cela ne suffirait jamais. Le débat avait été beaucoup plus violent verbalement, l’un s’offusquant de la question, l’autre se raccordant de nouveau sur cette idiotie de réputation, celle-là qu’elle avait elle-même mise en avant à plusieurs reprises depuis qu’elle côtoyait Merrick. Ce fut cette guerre silencieuse, alors que les sourires avaient disparu, ce fut cette guerre visuelle alors que l’un et l’autre s’offraient cette manière de s’observer le plus froidement et colérique possible. Oubliaient-ils sa présence ? Oubliaient-ils qu’elle était juste là, entre eux et qu’elle était suffisamment grande pour prendre ce genre de décision. Certainement, puisque ce fut sans un regard de l’un ou de l’autre qu’elle termina son verre, jusqu’à se retrouver avec son frère qui s’adressait directement à elle. Depuis combien de temps ?

- « Je ne sais pas » fit-elle dans un premier temps « Laisse-nous un mois » rétorqua-t-elle « Cela me semble bien raisonnable, si nous n’avons plus besoin de nous cacher, nous allons pouvoir voir si l’entente est toujours d’actualité » conclut-elle en offrant un sourire à Merrick « Après tout, un couple a le droit de se fréquenter un peu avant d’officialiser réellement. Ce n’est qu’une question de manière de faire. »

Son frère la détaillait avec cette drôle d’intensité, un peu dépassé par l’entêtement de sa sœur, convaincu qu’elle faisait une grave, très grave erreur, mais il n’était pas possible pour lui de se positionner ouvertement contre sans la perdre ou la voir se mettre dans une colère folle.

- « Très bien, si Merrick est d’accord cela me convient et dans un mois, tu demanderas sa main Lorren, du moins, si tu es toujours attiré par ma sœur, évidemment, sait-on jamais » une nouvelle rencontre et si vite arrivée pensa-t-il très fortement « En revanche, une condition, pas de temps supplémentaire, peu importe ce qui se passe ce mois-ci, dans un mois jour pour jour vous devrez prendre une décision. »

De nouvelle idée se glisser lentement dans l’esprit du dernier homme de la famille. Pouvaient-ils prouver à l’un et l’autre, via une multitude de rencontres qu’ils n’étaient pas fait pour être ensemble. Comment Estelle réagirait si Merrick avait une autre conquête et inversement ? Après tout, les apparences pouvaient être trompeuse, était-il aussi envisageable d’éloigner Merrick Lorren via des missions vers l’extérieur, un service pour un rendu vis-à-vis de ses amis gradés. Mh, oui des solutions restaient possibles et envisageables. Très loin de ce type de pensée et ne voyant pas ce qui pourrait arriver dans ce sens, la rouquine opina simplement, affichant un sourire plus rassuré, plus agréable, un peu moins crispé.

- « Eh bien, cela me convient, si cela convient à Merrick, je ne vois pas où est le problème… Si notre fréquentation devient une relation, alors le mariage sera une étape plutôt logique » elle coula un regard un peu inquiet vers Merrick « Non ? [/color]»

Adrien regardait sagement l’échange, restant là où il se trouvait convaincu que tout n’était pas encore perdu. Merrick était un ivrogne, un homme à femmes, il n’allait pas changer ainsi du jour au lendemain sous presque qu’il avait fait la rencontre de la rouquine, il n’aimait pas se tremper dans les affaires complexes, n’allait-il pas apprécier de voir des hommes tourner autour d’Estelle sans oser forcement se positionner.

- « Bien et puis qui sait » ajouta-t-il dans un large sourire « Vous continuez à vivre, peut-être que la trinité vous montrera le bon chemin » ne précisa-t-il pas quel était le bon chemin « Je vous propose que nous portions donc un toast à votre rencontre et votre découverte. »

Une défaite ? Possible, mais n’était-ce que pour mieux gagner la guerre, fallait-il déjà obtenir la confiance de l’un et l’autre, sagement, lentement. Attrapant la bouteille il remplit de nouveau les verres, avisant avec une certaine lueur dans le fond des yeux Merrick Lorren.

- « Alors, Merrick, je connais ma sœur par cœur, aussi oserais-je essayer d’apprendre un peu à vous connaître, parler-moi de vous, de vos aspirations. Visez-vous un grade dans la milice, je pourrais vous appuyer vous savez, avec quelques efforts de comportements évidemment. » évidemment.

Comme pour atténuer la chose, Estelle décida de jouer un petit jeu dangereux, était-ce le verre de vin, son stress, ou toute autre chose, qui l’a fit agir de la sorte, toujours était-il qu’elle avait glissé son pied contre celui de Merrick, remontant doucement, gentiment, sans lui adresser un petit regard. Attrapant son verre pour le porter à ses lèvres, elle avala une gorgée alors qu’Adrien l’avisait, soudainement, elle crut qu’elle c’était trompé de pied, mais il n’en fut rien, avait-t-elle vérifié en faisant mine de faire tomber sa serviette sur le sol. Ouf. Se redressant elle poursuivit lentement son acte, laissant la conversation se poursuivre, Adrien laissait Merrick répondre, tout en en aiguillant toujours ses questions d’une certaine manière.

- « Oh Merrick, suis-je bien trop curieux, je sais, mais à votre âge, vous avez déjà été marié ? Ou vous avez déjà eu une compagne, enfin plusieurs je sais, mais une un peu plus importante que les autres ? »

Estelle déchanta un peu, elle n’avait pas forcément envie de communiquer sur ce sujet-là, pour autant continuait-elle malicieusement son petit jeu du pied, montant un peu plus haut, descendant un peu plus, un petit sourire en coin.

- « Voyons Adrien, je n’ai pas envie de savoir ce genre de chose » fit-elle simplement « Je préfère qu’on parle des bons souvenirs… »
- « Oh, qu’est-ce que vos parents font dans la vie ? Ou faisaient ? »

Le sujet lui semblait un peu plus convenable cette fois, aussi, lui laissa-t-elle l’opportunité de répondre, attaquant enfin son assiette.

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyLun 1 Avr 2019 - 22:29
Merrick Lorren goûta le contact de la main d'Estelle de Chantauvent sur sa cuisse, alors qu'il présentait le fait avéré que la situation actuelle lui convenait parfaitement. Lentement mais sûrement, ses propres doigts étaient venus rejoindre ceux de sa tenancière, entrelaçant ces derniers entre eux et savourant la petite pression qui fut opérée par l'instigatrice de ladite manœuvre. Souriant sans aucune raison apparente, le milicien se concentra pour garder son regard en direction d'Adrien Miratour, bien que son intérêt se trouvait dans le jeu qui se déroulait en dessous de la table. Loin de savoir que ce n'était que des prémices à d'autres forfanteries plus audacieuses, le milicien appréciait l'appui silencieux et le réconfort que la gestuelle apportait.

Or, bien que les mots et la manœuvre qui unissaient le duo s'articulaient autour d'un certain bien-être, ce dernier ne pouvait supplanter et se confondre avec le climat tendu qui n'avait pas encore disparu et qui les attendaient au tournant. Le frère n'avait pas encore abandonné, prêt à combattre jusqu'à la victoire ou jusqu'à son trépas. La suite avait eu le mérite de surprendre et d'énerver Lorren. L'aîné ne pouvait-il abandonner, reculer et leur laisser le champ libre ? Que ne comprenait-il pas, que voulait-il entendre de plus ? Préférant se murer dans un silence aussi ardent que son amertume envers ce dernier et la situation, Merrick n'en décolérait pas. Toujours est-il, qu'au fond de lui, l'ivrogne savait qu'il y avait autre chose qui expliquait l'emportement qui prenait le contrôle de son esprit et de ses sens. En quelque sorte, il était d'accord avec l'inquiétude du frère, la comprenant et réalisant l'image avilissante qu'il pouvait envoyer à celui qui ne faisait que du souci pour sa jeune sœur. Qui voudrait de Merrick Lorren comme beau-frère ? Peu de gens, si ce n'était personne. Mais, bien qu'il en aille conscience, ce ne serait pas lui qui reculerait. Advienne que pourra, il ne lâchera pas à cause de potentiels remords de conscience.

La dame de Chantauvent finit par demander un mois. Une date butoir qui risquait d'arriver bien vite, mais qui avait le mérite de leur offrir un sursis, la chance de continuer à vivre une idylle qu'il fallait le reconnaître, semblait se diriger vers une situation empreinte de quiproquo, tandis que le statu quo ne pourrait être maintenu indéfiniment. Hochant la tête suite au propos qui semblait empreint de justesse, comme si Merrick savait ce qui était ''normal'' pour un couple, le milicien resta silencieux, attendant la répartie du frère.

-''J'accepte.'' Ni plus ni moins. Il aurait été fou de refuser cette idée, la mise en place d'une date butoir. Cela n'aurait offert que d'autres moyens de pression au vilipendant bourgeois. Pour autant, Merrick ne pouvait dire qu'il appréciait l'idée d'être forcé dans le temps. D'ailleurs, même dans un mois, il ne s'imaginait pas être capable de se prononcer en faveur d'un mariage, mais pas plus d'abandonner la jeune femme à la chevelure de feu. Comme concilier ces deux impératifs qui ne concordaient aucunement et qui semblait ne pouvoir s'accorder ? Secouant la tête pour lui-même, le milicien repoussa ces questions. Pour l'heure, là n'était pas l'important. ''Vous aimeriez tellement cela, qu'il y aille un bémol et un dénouement négatif à cette histoire, hein?'' Se rendant compte que ce n'était peut-être pas très approprié, qu'il se dirigeait vers une ouverture peut-être trop dénigrante et accusatrice, Lorren ne proféra rien de plus, préférant se perdre dans sa coupe. Son regard ne perdit pour autant aucunement la trace de l'amertume qui le vrillait. Sans s'en rendre compte, sa main avait serré encore un peu plus fortement les doigts d'Estelle. En réponse à cette bévue et incartade, Adrien ne lui offrit qu'un sourire énigmatique.

-'' En effet, cela me semble particulièrement logique.'' Répondit-il en souriant avec douceur à sa tenancière. Décidément, le milicien passait d'un état d'âme à un autre aussi excessivement que rapidement. Il était étonnant de voir à quel point deux personnes du même sang pouvaient faire ballotter ses émotions dans deux directions complètement différentes. L'une était à même de le transpercer d'un désir aussi pressant qu'irrésistible, tandis que l'autre pouvait le faire s'emporter et perdre contenance aussi rapidement que hâtivement. ''Va donc pour un mois...'' C'était en quelque sorte une victoire. Maigre, mais tout de même. La guerre était loin d'être terminée, mais mieux valait commencer le conflit par un triomphe que par une déroute. Au regard inquiet d'Estelle, alors qu'elle était allée chercher son assentiment sur la question, Lorren lui renvoya un clin d'œil. Pour un mois supplémentaire, pour un allongement de leur situation, il aurait été prêt à jouer gros. Dès lors, oui il était satisfait du compromis, bien qu'il sache qu'au bout de cette période, le questionnement et la lutte n'en seraient que plus âpres.

Souriant à l'idée que la Trinité lui montre le ''bon chemin'', Merrick ne se fit pas prier pour soulever sa coupe, trinquant à ces fadaises que présentait Adrien. Écoutant la suite de la prise de parole du bourgeois, Lorren fut en quelque sorte satisfait de voir la conversation se diriger vers un chemin moins dangereux pour le couple. Par contre, il ne pouvait dire qu'il appréciait l'idée d'un avancement grâce à l'apport du frère, tandis qu'il n'avait aucune confiance en lui. Soupirant, prenant le temps de réfléchir à l'idée qui ne lui avait que très peu traversé l'esprit, le milicien offrit une réponse. '' Je ne suis pas spécialement carriériste, Adrien. Dès lors, je n'aurais pas besoin de votre aide pour atteindre un grade quelconque.'' Le jeune homme se retint de parler d'une ''aide empoisonnée''. ''Pour autant, je serais idiot de ne vouloir chercher un point de chute plus haut dans la hiérarchie.'' Puis haussant les épaules, un sourire en coin. ''Être coutilier pourrait être pas mal. J'ai la fâcheuse impression que certains de ces gradés ont tendance à vouloir être trop bon envers les gens voulant faire jouer de leur contact. Je pourrais m'assurer qu'il n'y aille aucune...''corruption'', dans le milieu.''

Évidement, Merrick parlait de son coutilier Arthur et de l'apport qu'il avait amené au stratagème d'Adrien pour séparer le duo, pour leur faire croire que l'un et l'autre ne voulaient respectivement plus se voir. Petite attaque voilée, petite pique qu'il n'avait pu contenir. Toujours est-il que les paroles de l'homme d'armes n'étaient pas dénuées de vérité. Le rang de coutilier l'intéressait pour plusieurs raisons depuis peu. La première était qu'il n'aimait guère n'être qu'un soldat de la masse, tandis qu'Estelle était plus proche de la noblesse, à ses yeux, que de l'avilissante plèbe dont il était originaire. Et puis, un sourire rêveur ne manquait jamais de peinturer son faciès, tandis qu'il rêvait d'un jour atteindre le poste de sergent. Planqué derrière un bureau, n'ayant point à affronter ses peurs... le rêve !

-'' Je vois, je vois....''

Le plus honnêtement du monde, Merrick Lorren ne put dire si Adrien proféra plus de paroles. Bien que ces yeux restaient rivés vers ce dernier, l'audace de la dame de Chantauvent oblitéra tout le reste. Après la main qui était venue rejoindre sa cuisse, celle-ci se risquait à lui faire du pied sous la table. Tout d'abord, l'incongruité du moment eu le mérite de l'étonner, car il n'aurait pas cru la jeune femme fomenter ce genre de manœuvre en présence de son frère. Pour autant, joueur comme il était, et à dire vrai, aguiché par le jeu auxquelles elle s'adonnait, Lorren goûta avec délice à ce ''supplice''. Décidément, Estelle de Chantauvent était une tortionnaire tout à fait exemplaire....Le petit sourire en coin de la rousse ne passa pas inaperçu. Se mordant la lèvre inférieure, l'ivrogne ne fit comme si de rien n'était, bien qu'il comptait préparer sa revanche. L'idée de répondre à cette action fut décuplée lorsque sa tenancière commença à monter un peu plus haut. Son sang bouillait, mais il se contenait encore.

Lorsqu'Adrien amena la conversation sur le sujet des anciennes conquêtes, Merrick n'en fut guère étonné ni outré. À dire vrai, cela ne l'émouvait guère d'en parler, d'en glisser un bref mot, sans pour autant s'épancher dans une longue description de l'ensemble des femmes qu'il avait côtoyé. Or, la propriétaire des lieux préféra faire dévier d'elle même la discussion vers quelque chose de moins lourd, vers de ''bons souvenirs''. À dire vrai, il pouvait comprendre cette esquive du sujet. Or, bien qu'aux yeux d'Estelle ce sujet était frileux, pour lui, le suivant fut comme une claque au visage. Parler de son passé et de sa parenté était la seule et unique chose qu'il ne pouvait faire.

Son visage blêmit, ses yeux allèrent sur la paroi située derrière Adrien, fixant plutôt le vide qu'un quelconque élément. Soulevant très -trop?- lentement sa coupe, Merrick porta le contenant à sa bouche, prenant une longue gorgé de vin, vidant ce qu'il restait dudit liquide. Déposant et desserrant sa prise sur le verre, le jeune homme prit le temps de se resservir avant de répondre... ou plutôt avant d'éviter le questionnement. '' Faisaient. Ils avaient une ferme.'' Cinq mots. Cinq petits mots qui s'adjoignaient les uns aux autres pour le ramener en arrière, lui faisant visualiser sa couardise, son échec, l'abandon qu'il avait fait. Glissant un regard vers sa tenancière, sans réellement la regarder, il ne put empêcher un questionnement de poindre à l'horizon; méritait-il de créer un quelconque attachement avec celle-ci ? Lui qui abandonnait tout les gens qu'il aimait ?

-''Vous m'en voyez navré.'' Le ton n'était pas nécessairement outrancier. Adrien n'était après tout pas un salopard de la pire espèce. L'objectif n'était pas de faire souffrir son opposant pour un quelconque plaisir de la chose, mais simplement de l'éloigner de sa sœur.

Levant une main en direction de sa chevelure, Lorren passa ses doigts chevrotants au travers de sa tignasse, histoire de replacer un ensemble qui n'en avait aucunement besoin. Se sachant sur un terrain particulièrement instable, Merrick prit sur lui de pousser la réflexion pour trouver une échappatoire. Ce n'était pas le temps de s'épancher sur le sujet, tandis qu'il risquait gros, à articuler la conversation vers son passé et sa famille. '' Qu'en est-il des vôtres ?'' Relança Lorren, questionnant à la fois Adrien et Estelle. Merrick ne savait pas de qui proviendrait la réponse, pour autant, il tenta de se montrer attentif à la suite.

Par ailleurs, son mal-être avait dû être perçu par les deux observateurs trônant devant lui. Cette brève période de faiblesse avait peut-être fait arrêter le manège d'Estelle. Pour autant, Merrick s'apprêtait à fomenter sa contre-attaque, que la gestuelle de la jeune femme aille connut son dénouement ou non... Or, peut-être que le beau salopard était encore vacillant à cause du dernier sujet de conversation qui l'avait miné. Où alors, il était aussi possible que la faute en incombait à Estelle, tandis que cette dernière avait changé de position sur sa chaise. Toujours est-il qu'importe la raison, la manœuvre fut un échec. Un échec retentissant amenant une finalité... bien étonnante et ô combien incongrue.

C'est ainsi, que Merrick Lorren partit en quête de la jambe d'Estelle, pour jouer au même jeu que ce qu'elle avait -ou continuait à- faire. Or, par une habileté qui frisait avec l'incompétence, couplé à une étourderie qui prit racine au pire instant, le milicien finit par faire du pied en dessous de la table... au frère plutôt qu'à la sœur. Regardant la rouquine, s'étonnant de ne voir aucune réaction se lire sur son visage, et commençant à saluer sa retenue qui était digne des meilleures actrices, le milicien comprit rapidement sa bévue, lorsque ses yeux croisèrent ceux d'Adrien.

-''...Que ?! ''

Arrêtant la manœuvre, suspendant son geste sans pour autant rapatrier sa jambe, complètement abasourdie par son erreur monumentale, Merrick resta figé, l'esprit aussi vide que le néant. Le regard mi-outré, mi-interloqué d'Adrien était toujours perdu et enfoncé dans les yeux de Lorren, à la recherche de quelque chose qui lui dirait que ce n'était pas ce qu'il pensait. Après tout, c'était impensable ! Or, ne trouvant pas cette brève lueur dans les iris de l'ivrogne, le bourgeois s'appuya à la table d'une main pour se pencher en dessous. ''C'est une blague ?!'' Évidemment, l'homme d'armes resta silencieux. ''C'est une plaisanterie ?!''

-''Je ne visais pas votre jambe, vous savez...'' Tenta un Lorren qui ne savait guère où se positionner. Est-ce qu'Estelle comprendrait ce qui venait d'arriver ? Le regard suppliant du milicien à sa rencontre, en quête d'une possible aide, devait potentiellement la mettre sur le chemin...

Adrien n'avait pas manqué de voir les deux mains jointes en dessous de la table. Couplé à ce qu'il avait ''senti'', il était évident qu'il n'était guère de bonne humeur. '' C'est indécent ! Ma sœur n'est pas qu'une... qu'une ''fille de taverne''. Vous ne pouvez pas simplement vous laisser-aller à ce genre de... de manœuvre !''

Retrouvant son sourire, Merrick poursuivit. ''Allons, Adrien, ne venez pas me dire que vous n'avez jamais fait du jeu de pied sous la table à une femme...'' Voyant que le visage de son interlocuteur restait tout aussi crispé, l'amusement disparut de ses traits. ''Jamais ?!''. Le silence était équivoque et était une réponse excessivement claire. Lorren ne put s'empêcher de penser que la cadette était décidément bien plus aguicheuse que son frère. Après tout, c'était elle qui avait commencé cela... En ayant cette réflexion, il la revit en état d'ébriété au hérisson mélomane. Que penserait le bourgeois si le plébéien lui parlait des agissements de la rouquine ? À cette idée, l'homme d'armes ne put retenir un petit ricanement.

-'' Vous vous moquez de moi ?!'' Le ton se faisait plus fort, plus outré
-''Non, non ! Pas le moins du monde !'' Tenta Merrick, en relevant une main en signe d'apaisement.

Interdit et indécis, Adrien ne savait plus quoi dire, n'arrivant pas à concevoir que le milicien pouvait s'adonner à ce genre de pratique. Comment sa sœur pouvait accepter cela ? La regardant, la bouche entrouverte, il se mit à la questionner. ''Toi, tu acceptes cela ?'' Merrick se fit la promesse qu'il ne devrait jamais avouer à l'aîné les premiers échanges qu'il avait eus avec sa tenancière. Celui-ci ne risquait guère d'apprécier ses phrases d'accroches, si ce dernier s'emportait pour son jeu de jambes si bénin... '' Par la Trinité Estelle, tu le laisses faire ?'' Restant encore à nouveau muet, contenant au mieux son amusement, l'ivrogne évita de justesse d'avouer que c'était elle l'instigatrice de tout cela. Lui ne faisait que réagir et répondre au même geste, après tout...

Laissant Adrien se hérisser quant à son action, continuer à s'enflammer, Merrick resta silencieux, préférant laisser la chance à Estelle de glisser un mot. Bien que cette situation était un fiasco, elle avait le mérite de présenter un avantage; le milicien n'était plus perdu dans les réminiscences de son passé, ramené à la réalité par son échec et sa bévue...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyMer 3 Avr 2019 - 0:15


Soulagement fut le mot parfait pour qualifier l’émotion qui traversa Estelle de Chantauvent de long en large. La jeune femme se pinça les lèvres, offrant un sourire sincère vers celui qui venait de confirmer son acceptation de son idée. Soulagé, oui, elle avait laissé ses deux prunelles courir sur la silhouette de son frère qui semblait un peu déçu, néanmoins était-il obligé d’aller dans le sens du couple en devenir puisque la demande n’était pas particulièrement loufoque. Pour autant, la tenancière semblait un peu inquiète, même si elle n’en disait rien, connaissait-elle particulièrement bien son frère et percevant la petite tension régnant entre lui et Merrick, ne pouvait-elle que s’attendre au pire. Repoussant cette mauvaise pensée, préférant se concentrer sur la résolution de la problématique, ignorant ce petit mouvement étrange dans son ventre qui ne faisait que traduire son inquiétude non pas se ternissant, mais naissant.

La conversation avait fini par se poursuivre de la plus simple des manières. Les verres étaient venus à la rencontre des uns et des autres, les aliments s’étaient retrouvés quelque peu mâchés avant que les mots ne viennent de nouveau flotter dans l’air autour du thème de la carrière. Adrien s’amusant visiblement à mener la danse de l’échanger, alors qu’une nouvelle fois, Estelle se mettait en retrait pour détailler, analyser et comprendre vers quoi tout ceci pouvait déboucher. Avalant une énième gorgée de sa coupe, laissant le liquide pourpre imbibe sa bouche, ses lèvres, descendre le long de sa gorge de cette manière qu’elle appréciait tant. Elle avait par la suite repris son jeu de triage dans son assiette, visiblement perplexe. La rouquine n’avait jamais pris le temps de questionner Merrick sur cette envie, un défaut finalement, un manque de temps, ou simple une absence de situation s’y prêtant. Fut-elle surprise d’apprendre qu’il n’aimerait pas particulièrement monter dans la hiérarchie, sans être réellement étonnée non plus, cela lui ressemblait bien finalement. Relevant le menton de son plat, alternant tour à tour ses deux prunelles de son frère ou de celui qu’elle commençait à appréhender comme son ‘compagnon’, future relation. Elle ne put s’empêcher d’avaler une nouvelle gorgée de vin lorsque Merrick piqua gentiment Adrien, avec cette envie de lui écraser le pied. Ne pouvait-il pas éviter tout combat maintenant que la question du mariage était évitée ?

Ce fut une tout autre idée beaucoup plus malicieuse qui avait finalement germé dans l’esprit de la responsable de l’établissement. Son pied venant à la rencontre de celui de Merrick, pour remonter lentement mais sûrement avec une douceur non feinte. Pas la moindre hésitation, pas la moindre gêne, faisait-elle ce dont elle était convaincue le détendrait, bien à l’abri du moindre regard d’Adrien. Ainsi la conversation pouvait simplement se poursuivre, alors qu’un petit sourire en coin prenait naissance sur ses lèvres, alors que son regard croisait celui de Merrick et le plaisir qu’elle crut percevoir, ou cette envie de jouer un peu, lui aussi. Son pincement de lèvre n’était pas passé inaperçu, bien qu’elle ne lui fit pas souligner, alors qu’elle se concentrait sur un frère qui poursuivait sur l’importance de monter dans la milice, cherchant certainement à donner envie à un Merrick Lorren qui était bien loin, dans l’immédiat, d’avoir ce genre de préoccupation. Visiblement amusée, Estelle ne put retenir un plus large sourire, alors qu’elle cessait finalement ses agissements, se promettant de réattaquer si son milicien s’aventurait à d’autres piques.

Soudainement mal à l’aise vis-à-vis du nouveau sujet de conversation, Adrien proposant de parler des conquêtes –qu’elle savait être nombreuse, ou l’imaginait au moins-, préféra éloigner simplement la conversation, la détourner vers un tout autre sujet, un sujet plus doux, des souvenirs heureux, oui, cela ne pouvait être qu’intéressant. Naturellement, la parenté étant quelque chose d’important fut proposée et à la tête de Merrick, la rouquine compris son erreur, se maudissant presque aussitôt. Se mordillant la lèvre de cette manière désagréable, presque anxieuse, elle avisa son milicien, puis son frère sagement, attendant la suite, espérant qu’Adrien ne commette pas d’impair. Respectueux, celui qui partageait son sang avait semblé sincère, l’était-il même très certainement. Avisant un long moment sa sœur, espérant certainement la voir relancer la conversation, elle qui avait toujours eu un don pour rendre une situation plus légère.


- « Eh bien mère et père ont hérité de leur famille respective, néanmoins mère avait ouvert une boutique de couture spécifique pour les besoins de la noblesse et père avait investi dans une des forges de Marbrume, qu’Adrien a donc repris naturellement… »
- « Estelle n’a pas voulu reprendre la boutique de couture, alors je gère son héritage en attendant qu’elle retrouve un mari, y compris les revenus de la chope, même si je lui laisse grandement la main »

La conversation c’était presque fait naturellement et aussi surprenant que celui puisse paraître, Adrien n’avait pas imaginé encore faire une quelconque pression financière sur sa sœur pour la contraindre à aller dans sa direction. L’aimait-il sincèrement, aussi fort qu’un frère pouvait aimer sa sœur, aussi bien que convaincu d’être le plus apte à choisir pour elle et l’amener dans le bon chemin, ne voulait-il pas la trahir complètement non plus. Irait-il jusque-là un jour ? Peut-être si il pensait ne pas avoir le choix, peut-être pas, rien n’était moins sûr. Enfin, bon, à peine avait-elle réfléchi à la suite de la conversation qu’elle sombra dans l’incompréhension. Ce fut un premier regard insistant de Merrick, puis une parole particulièrement expressive d’Adrien qui lui fit comprendre que quelque chose clochait, sans qu’elle n’identifie immédiatement quoi. Ce fut un silence, un échange de regard avant qu’elle ne comprenne enfin de quoi il retournait, Merrick avait fait du pied à son frère et c’est un sourire amusé qu’elle peinât à retenir qui avait pris naissance sur ses lèvres.
Évidemment, son frère ne pouvait guère comprendre ce type de pratique, lui l’homme parfait qui respecter les règles de la bonne conduite, de la séduction de la noblesse ou rien que l’effleurement d’une main pouvait provoquer cette gêne quelconque, alors imaginer juste une fois accepter de faire du bien ou que sa sœur soit sujette à ce genre de comportement, ce n’était même pas envisageable. Merrick amorça une justification qui provoqua un petit pouffement d’Estelle, qui s’attira évidemment un regard noir de chez noir de son frère qui semblait prêt à sévir avec fermeté. Merrick c’était mis à rire, sans qu’elle n’identifie pourquoi, mais ça l’a fit sourire elle, pas Adrien qui s’offusqua avec une sévérité et une colère qu’elle n’avait plus vue depuis bien longtemps.


- « Tu me fais chier Adrien » ce fut brutal, terriblement pour celui qui ne s’attendait pas à voir sa sœur faire preuve d’autant de vulgarité
- « Que… quoi ?! »
- « Tu as très bien compris » fit-elle en plissant le nez comme lorsqu’elle était contrariée « Il n’y pas mort d’homme et puis tu sais quoi des morts y en a partout, partout autour de nous, on va tous crever et revenir en truc immonde et on bouffera même les autres. »

Ce fut un silence, lourd, l’homme clignait des yeux, s’était reculé dans sa chaise, la mâchoire ouverte, avisant Merrick avec l’espoir de voir un des deux rattraper la situation. Lui, oui, lui malgré son comportement ne pouvait pas la laisser parler ainsi n’est-ce pas ? Il ne pouvait pas ? Non ? Non…. Le silence persista ainsi un long moment, alors que la rousse avait adopté une posture boudeuse, complètement fermée. Adrien l’observait avec la sensation de ne pas la reconnaître, de ne pas être en mesure de comprendre comment ils en étaient arrivés là… Avait-il trop laissé couler ? Oui, cela ne pouvait être que ça, jamais ses parents ne l’auraient ainsi laissé perdre pied.

- « Estelle, ça suffit, tu vas réajuster tout de suite ton comportement jeune fille, je suis ton frère c’est moi qui commande et il est hors de questions que tu me parles comme ça ! ET VOUS » fit-il en regardant Merrick « Vous allez apprendre à bien vous comporter avec ma sœur, sinon croyez-moi, je vous fais jeter par les remparts ! »

Brusquement Estelle s’était relevée, retenant son verre de vin entre ses mains, serrant fortement son récipient. Elle était visiblement en colère, avait-il lui aussi dépasser les limites et au lieu de se calmer, de calmer le jeu, Adrien sembla achever la rouquine.

- « Tu ne peux pas déshonorer ainsi nos parents, un peu de respecter pour notre famille et le nom que tu n’as plus. Tu en es réellement à ça ? Écarter les cuisses devant le premier venu ? Ou es ta fierté, le respect de la trinité, le respect pour toi ? Tu te laisses embrigader par… par… ça ?!» il fait un geste de la tête vers Merrick
Estelle fit une telle pression sur son verre qu’il éclata, entaillant sa main faisant sursauter Adrien qui n’en revenait pas.
- « Laisse-moi te dire une chose Adrien. Laisse-moi te dire d’aller te faire mh. Ça te fera le plus grand bien… Et maintenant tu sors de chez moi. Parce que tu es ici chez moi, et que là maintenant, je ne veux pas voir ton visage face au mien et que si tu oses NON » fit-elle alors qu’il avait tenté de reprendre la parole « Je ne veux rien savoir, rien. Tu as dépassé les limites, largement, alors tu prends ton p’tit cul et tu t’en vas. »
- « Estelle de Miratour »
- « CHANTAUVENT »

Les mains d’Estelle tremblaient, Adrien en était arrivé à faire silence, avisant avec ce regard plein d’incompréhension vers Merrick, cherchait-il un peu de soutien vers celui qui était un ennemi encore il y a peu. Déglutissant, avisant la main de sa sœur qui était en sang et dont le liquide goûtait sur le sol.

- « UN MOIS » fit-il brusquement « un mois pas un de plus et après ça, c’est soit vous vous mariez soit je te file un homme moche, vieux et pervers dans les pieds puisque tu aimes ça, qui te fera avoir la vie dur et te traitera comme une simple femme ce que tu mérites largement. »

L’homme parti là, sur ses paroles, claquant la porte de l’établissement qui trembla, laissant le milicien et la rouquine seul à seul. Le souffle de la tenancière était irrégulier, lourd, son ventre se gonflait et se dégonflait douloureusement, brusquement. Se rendait-elle compte des paroles qu’elle avait prononcées, percevait-elle les limites qu’elle avait franchies elle aussi, n’avait-elle pas réussi à se contrôler, tout lui avait échappé, soudainement, violemment, atrocement là comme ça. Son regard semblait perdu entre sa main ensanglantée, le repas et les assiettes encore présentes sur la table… Ses mains tremblaient encore, ne savait-elle pas comment réagir, quoi faire, coula-t-elle après un très long moment un regard vers Merrick.

- « Désolée… » souffla-t-elle « je ne voulais pas… Je pensais que cela se passerait bien… » était-elle un peu abattue par la situation, sous le choc de ses multiples émotions, incapable de prendre une décision de réagir « Je.. Je vais ranger un peu. »

Même la douleur de la paume de sa main ne la ramenait pas à la réalité. Merrick était-il intervenu, avait-il dit quelque chose durant l’échange ? Elle ne se souvenait plus, non plus vraiment.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyMer 3 Avr 2019 - 17:57
Merrick Lorren avait tenté de se montrer attentif, mais pour être tout à fait honnête, cette concentration n'était qu'une façade, qu'un masque de paraître qu'il dressait entre ses émotions chamboulées et ses deux homologues; Estelle de Chantauvent et Adrien de Miratour. Le jeune homme réussit tout de même à comprendre l'essentiel, apprenant que les parents du frère et de la sœur était eu aussi décédé et que l'aîné avait repris la forge paternelle. En amenant la conversation sur leur situation familiale plutôt que sur la sienne, Merrick avait cru être capable de s'éloigner du ressentiment qui le vrillait encore aujourd'hui, de reprendre contenance et de retrouver l'allant qui le caractérisait généralement. Or, submergé par le flot des tourments qu'il s'imputait à lui-même, l'ivrogne n'arrivait pas à redresser la barre, à redevenir le beau salopard plutôt que le simple couard.

Ce genre de situation s'était déjà présenté une fois en compagnie de sa tenancière. Lors de leur rencontre, un élément bénin lui avait remémoré son père. Lorren s'était alors esquivé et muré dans un silence tout aussi étonnant que dérangeant. Il avait réussi à surmonter ce marasme et cette apathie culpabilisatrice grâce à l'apport de la rouquine, qui d'une attaque de Brigitte sur un quidam quelconque, lui avait complètement changé les idées. Mais, cette fois-ci, Merrick se doutait qu'il ne pourrait trouver une échappatoire aussi efficace. La situation était trop sérieuse, trop tendue, pour qu'un élément aussi étonnant qu' ahurissant ne se produise. Dès lors, convaincu de devoir faire face sans pouvoir s'en sortir grâce à l'alcool, tandis qu'il devait rester maître de lui-même face à son bourreau, et ne pouvant compter sur un événement impromptu, Lorren croyait véritablement qu'il n'arriverait pas, en cette heure, à surmonter son passé qui le vrillait et le déchirait.

Or, c'était sans compter sur son talent pour se mettre dans des situations tout aussi loufoques que saugrenues...

De fait, l'homme d'armes avait tenté de fomenter une contre-attaque envers la rouquine, qui quelques instants plus tôt, était allée lui faire du pied en dessous de la table. Cette offensive qui avait tout eu pour lui plaire et l'aguicher ne l'avait pas laissé de marbre, bien au contraire. Contrôlant sa réaction sur le moment, le milicien s'était promis de lui rendre la monnaie de sa pièce, de lui faire goûter à sa propre médecine. Bien que le cœur y était moins, principalement à cause des affres susmentionnées, c'était aussi une manière de faire comprendre à la dame de Chantauvent qu'il allait bien. Merrick n'avait après tout pas manqué de remarquer sa mine inquiète. Cet émoi lui avait mis un baume sur ses blessures qui était encore aussi vivace qu'au premier jour.

Mais, avec son habileté qui frisait l'incompétence, il finit non pas par trouver de son pied la jambe de sa tenancière, mais plutôt celle de son frère. Dès lors, la situation dégénéra quelque peu sous l'énervement de l'aîné, qui aux yeux de Lorren, s'emportait pour un rien. Toutes les défenses que tenta de dresser le milicien ne suffirent pas pour racheter sa conduite aux yeux du bourgeois qui était un modèle de vertus, et qui était un gentilhomme aussi pudibonde qu'exemplaire. Loin de cette triste et morne existence, le beau salopard de Lorren ne savait plus quoi faire pour ramener le calme sur le débat, pour faire amende honorable. Après tout, ayant enfin réussi à plus ou moins s'entendre tous les trois pour la fréquentation du duo, Merrick trouvait cela dommage que la première crise de nerfs survienne après, tandis que le pire semblait être passé. Complètement dépassé par les événements, le milicien glissa un regard à la dame de Chantauvent, en quête d'un support. Lui avait épuisé toutes ses cartes. Arriverait-elle à calmer l'ahurissement et les propos outrés d'Adrien ?

Convaincu que oui, faisait pleinement confiance à Estelle de Chantauvent, le milicien resta muet lorsque le frère interrogea sa sœur. S'enfonçant dans sa chaise, le sourire aux lèvres, et se passant une main dans les cheveux, Merrick commença à hocher la tête avec conviction au premier mot de sa tenancière, sans analyser ceux-ci. Tout à fait, Adrien faisait chier...Quoi ? Pardon ? Les doigts de Lorren s'étaient arrêtés avant de compléter la gestuelle habituelle, tandis que sa bouche s'entrouvrait sous l'étonnement. Il ne s'était pas attendu à... ça. Il ne pouvait dire qu'il n'était pas d'accord avec Estelle, loin de là d'ailleurs. Mais, jamais il n'aurait cru que celle-ci attaquerait de front, tandis qu'ils avaient tous tenté de rester civilisés. Lui le premier, bien que cela lui avait coûté énormément.

-''En effet...'' Répondit doucement Merrick, lorsque la rouquine mentionna qu'il n'y avait pas mort d'homme. Or, la suite de sa prise de parole, aussi morbide que négative, lui fit froncer les sourcils. Était-elle réellement aussi désillusionnée que cela par l'avenir ? Encore là, c'était... étonnant.

Préférant rester muet au possible, Lorren haussa un sourcil lorsqu'il croisa le regard d'Adrien. S'attendait-il réellement à ce que Merrick lui offre son support ? Aucune chance qu'il se positionne du côté de son bourreau, qu'il s'allie contre celle qu'il n'arrivait plus à quitter. Puis, lorsque la jeune femme s'enferma dans une posture boudeuse, le milicien sut que la meilleure solution aurait été d'arrêter tout cela ici, de tenter de changer de sujet. L'ayant déjà vu exploser, Merrick commençait à se douter que la confrontation directe n'était pas le meilleur moyen de la faire changer d'idée. Encore moins lorsqu'elle arborait cette mine farouche. Aux yeux de l'homme d'armes, Adrien avait de la chance que Brigitte ne soit pas sur la table...

Or, ledit lascar ne l'entendait pas de la sorte, préférant ne pas lâcher le morceau. Entendant le début de sa tirade, Merrick se pencha vers l'avant appuyant son coude sur la table et déposant son front dans sa paume. Quelle erreur... maintenant, il tentait de faire preuve d'autorité sur celle qui ne s'en laissait pas conter ? ''Pour le moment, je suis celui des deux qui se comporte le mieux avec elle, Adrien.'' Commença-t-il, un maigre sourire en coin. Ce dernier n'était aucunement empreint de sarcasme, mais plutôt de compassion envers celui qui se dirigeait vers une finalité plus qu'explosive. Toujours est-il, que par la suite, Lorren ne put résister à l'envie d'en placer une... après tout, même dans cette situation, il restait le même ! '' Pourquoi pas, j'ai bien aimé ma dernière promenade sur les remparts...''. Murmura-t-il plus bas.

Voyant la jeune femme se lever, Merrick suivit la manœuvre en faisant de même. La colère qui inondait ses traits, bien que pour une fois celle-ci n'était pas dirigée vers lui-même, l'emplissait d'un désarroi profond, tandis qu'il ne savait pas comment réagir ou agir. Levant une main, ouvrant la bouche avant de la refermer, le jeune homme resta au final muet, ne trouvant pas ce qu'il aurait pu faire. La suite des paroles d'Adrien s'attaqua directement à la réputation et à l'image de sa sœur, la présentant finalement comme une femme de petite vertu. Image qu'elle détestait endosser, représentation bien loin de la réalité. ''Vous allez trop loin...'' les paroles étaient excessivement blessante et vil. Puis lorsque le frère s'attaqua à lui, Lorren prit une mine outrée. Personne ne pouvait simplement le qualifier de... ''ça'' ! Ouvrant la bouche, prêt à partir en guerre pour de bon, l'homme d'armes resta de nouveau enfermé dans un mutisme qui voguait de surprise en colère, lorsque la coupe d'Estelle explosa entre ses doigts. La destruction de ce contenant symbolisait en quelque sorte la rupture du barrage qui retenait l'ensemble des émotions de la Chantauvent. Le flot de l'âpreté, de la rancœur et de la colère se déversèrent sur celui qui les avait fait grandir encore et toujours plus. Lorsque le coupable tenta de porter un nouveau regard vers lui, Merrick se contenta de secouer la tête avec un regard qui était cette fois-ci dénigrant et accusateur. Il avait dépassé les bornes.

L'écoutant dresser et livrer sa dernière bravade, Lorren resta silencieux, préférant ne rien dire et éviter de jeter de l'huile sur le feu qui était de toute façon, déjà un brasier plus que conséquent. Regardant le bourgeois partir, jusqu'à ce que la porte claque et tremble, Merrick resta silencieux durant quelques secondes tandis qu'il se retrouvait à nouveau seul avec Estelle. Ramenant son attention sur celle-ci, comprenant le mal-être qui devait dorénavant l'habiter, tandis que la fougue du courroux s'évaporait peu à peu au profit d'une morne amertume. L'homme d'armes était indécis et interdit quant à la marche à suivre. Que pouvait-il dire, que pouvait-il faire pour essayer de redresser le tort ? Par la Trinité, l'ivrogne était tellement mauvais dans ce genre de situation, incapable de ne pas proférer un discours chevrotant et emprunté ! Bon, une chose à la fois.

Sans rien dire, le jeune homme se dirigea derrière le comptoir, récupérant un tissu propre qu'il humidifia avant de revenir vers celle qui était blessée. ''Non, tu vas t'asseoir.'' Répondit-il avec un petit sourire, lorsqu'elle mentionna qu'elle allait ranger. Merrick était du genre à se passer une main dans les cheveux, lorsqu'il était aux prises avec ses émotions. Est-ce que l'échappatoire de la dame de Chantauvent, dans ce genre de moment, était le ménage ? Toujours est-il qu'il ne lui laissa pas vraiment le choix, la plaçant devant l'assise qu'elle avait quittée, puis appuyant sur ses épaules pour la faire ployer -si besoin est- et trouver la chaise. Tirant son propre support, Lorren se plaça devant elle, les coudes sur les genoux. Attrapant doucement la main blessée d'Estelle, Merrick ouvrit lentement les doigts de la rouquine.

-'' Je ne sais pas si je dois voir cela d'un bon œil d'être qualifié de pervers par ton frère.'' Dit-il en tentant un petit coup d'œil vers les yeux de sa tenancière. ''J'imagine que c'est mieux que d'être qualifié de vieux et moche...'' Merrick tentait maladroitement de ramener un climat un peu plus calme sur le moment, en usant de parole un peu plus légère. Se concentrant sur la blessure, à la recherche d'éclat de verre autour de la fine balafre, Lorren continua à parler doucement et tranquillement. ''Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait de mal. Et puis, c'est un peu de ma faute, alors que je me suis trompé de jambe. J'aurais dû réaliser plus rapidement mon erreur, je la trouvais nettement moins douce et fine qu'habituellement...''

Enlevant avec précaution les fins morceaux épars du contenant qui restait dans la paume de la blessée, le regard de Lorren ne lâcha plus la blessure. À ses yeux, ce n'était pas un support adéquat qu'il lui offrait... Se mordant la lèvre, à la recherche des mots qui éloigneraient les maux, il prit sur lui-même pour tenter quelque chose. Cela risquait d'être bancal, mais au moins cela aurait le mérite d'être honnête.

-'' Lorsque j'étais jeune, mon pè... mon père, avait aussi essayé de me faire accepter quelque chose que je ne voulais pas. Il voulait que je travaille au champ av...avec tout le monde. Paresseux et flegmatique comme je suis, ce n'était aucunement une option. C'est à ce moment que j'ai décidé de devenir milicien, de gagner ma pitance grâce à mes propres moyens.'' Se passant une main dans la chevelure, sans relever le regard, commençant à s'attaquer à la blessure en elle-même, Lorren souffrait en quelque sorte lui aussi, tandis qu'il plongeait dans son passé. '' Au départ, je me trouvais intelligent d'avoir réussi à faire le contraire de ce qu'il voulait, de m'être émancipé. Mais aujourd'hui...'' Poursuivit-il dans un soupir. ''Mais aujourd'hui, je regrette que nos derniers échanges furent guidés par des élans de colère et d'amertume, alors qu'il ne faisait que s'inquiéter pour moi.'' Relevant les yeux, croisant ceux de la rouquine, il les redescendit aussitôt. ''Ce...ce que j'essaye de te dire, c'est que pour ton frère, c'est identique. Il s'inquiète pour toi, il ne cherche pas vraiment ton malheur. Alors...'' Poursuivit-il en haussant les épaules, avant d'offrir un rire nerveux. Merrick tentait de mentionner que l'attitude d'Adrien partait d'une bonne intention. Personnellement, l'homme d'armes ne lui pardonnait aucunement ses agissements. Or, il n'était pas de son sang, il n'était pas sa sœur. Merrick Lorren ne voulait pas que la relation entre l'aîné et la cadette, qui semblait être au beau fixe avant son apparition, soit entachée et disloquée à cause de lui. Ce n'était pas le rôle d'Estelle de détester le bourgeois, mais le sien.

- ''Je ne suis pas très bon avec ce genre de conversation. Désolé...'' C'était honnête. ''Toujours est-il que je ne laisserais pas un vieux, un moche et un pervers t'enlever à moi, Estelle de Chantauvent. Pour ça, il n'y a pas d'inquiétude à avoir !'' Cela avait été dit sous un ton humoristique, mais avec une parcelle de vérité qui était perceptible dans sa voix qui c'était fait quelque peux chevrotante. Déposant ses lèvres sur l'extrémité des doigts de sa rouquine, Merrick se releva, tendant une main en direction de celle valide de la jeune femme. ''Tu dois bien avoir des pansements quelques parts, non ? '' Puis penchant la tête sur le côté, le regard pétillant de malice et son sourire canaille habituel sur les lèvres: ''Je suis à votre service sans restriction possible ou potentielle durant un mois, mademoiselle de Chantauvent. Par quoi commençons-nous ?''

Les affres et les relents de la dernière conversation et du repas avec Adrien n'étaient pas complètement évaporés, c'était une évidence. Il aurait été trop simple de repousser cela dans un coin, d'oublier les derniers événements. Or, Merrick prenait sur lui de passer outre cela, préférant offrir un support plutôt que se torturer lui. D'ailleurs, même la brève ouverture qu'il avait eue sur son passé ne l'avait guère torturé. Était-ce à cause de son inquiétude pour Estelle de Chantauvent ? Est-ce que le présent commençait à l'impacter plus profondément que le passé ? En cette heure, peut-être. Mais pour l'avenir, c'était dur à dire...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyJeu 4 Avr 2019 - 18:18


Immobile, debout, la main encore suspendue en l’air contenant le restant de sa coupe dont les morceaux de verres et du liquide pourpre s’étaient retrouvés un peu partout autour d’elle. La paume entaillée, gouttant de son propre sang, la rouquine semblait sous le choc, comme privée soudainement de respiration, de moyen de compréhension. Son regard se déplaçait sur la porte de son établissement, avisant l’encadrement, revivant le bruit du claquement, de la colère, de la rancune, de l’incompréhension. Un mur invisible venait soudainement de se dresser entre Adrien et elle, un mur qu’elle ne parvenait pas à tolérer, à franchir ou même à clairement visualiser. Pourquoi. Questionnement simple, cohérent et logique, dont le clignement de ses cils ne lui permettait clair d’avoir une vision plus claire sur l’ensemble de la situation. Son frère pensait-il ses mots ? Était-elle réellement devenue cette femme de petite vertu ? Puis soudainement, toujours sans le moindre mouvement, elle réalisa sans doute qu’elle n’était pas seule, que Merrick était là, que son milicien était là ? Était-il réellement à elle, était-elle à lui ? Ce n’était pas évident de répondre à cette question, pas évident de se glisser dans l’esprit de celui qui –d’après ses yeux- ne cherchait finalement pas grand-chose, hormis un peu d’amusement et d’égarement.

Coulant un regard vers Merrick, le détaillant de ce regard incertain, teinté de doute, d’incertitude, d’un restant de colère et d’une peur peu courante pour la tenancière, elle finit par tenter de se ressaisir, de se rattraper à une branche. S’excusant dans un premier temps, pour cette première intégration familiale quelque peu dynamique, elle avait fini par faire ce qu’elle faisait particulièrement bien lorsqu’elle avait besoin de ne plus penser : ranger. Sur l’instant, devait-elle paraître bien désabusée, perdue, désorienter, ne sachant pas vraiment par où commencer, quoi faire. Ne réalisa-t-elle que lorsqu’il se trouva face à elle avec un tissu que l’homme d’armes avait bougé passant du comptoir à la table, sa voix s’était faite à la voix douce et directive, alors qui lui expliquait qu’elle n’allait rien faire. Si ? Si elle devait ranger, il fallait qu’elle range. Ses prunelles grises bleutées s’orientèrent vers ses yeux à lui, cherchant des réponses, un semblant de renoncement et ce fut comme unique réponse, le contact de ses mains sur sa silhouette l’aidant à s’asseoir qui lui indiquèrent qu’il n’allait pas changer d’avis.

De nouveau sur la chaise qu’elle avait quittée, restant du verre toujours parfaitement maintenu par sa main blessée, elle avisa Merrick, sans réellement sourire, sans réellement réinstaurer ce masque pourtant si protecteur pour elle. Tirant une chaise à son tour, le milicien s’installa sur celle-ci déposant ses coudes sur ses genoux, attrapant sa main de la sienne, ouvrant doucement ses doigts et retirant le récipient, l’homme faisait preuve d’une douceur que la rouquine ne lui connaissait pas forcément. Il avait pris la parole, s’essayant à de l’humour pour détendre la conversation. Instinctivement, elle avait relevé les yeux vers lui, abandonnant l’observation de sa main pour ses yeux. Tentant d’étirer ses lèvres dans un semblant de sourire –qui ne devait pas paraître réaliste-, elle se contenta d’hausser les épaules vis-à-vis de sa remarque quant à sa condition de pervers. N’avait-il pas tort, était-il mieux d’être un pervers, qu’un vieux et moche, enfin, le pensait-elle.


- « Tu aurais pu être comparé à un vil manipulateur ressemblant à un fangeux » souffla-t-elle en douceur, tâchant de s’appliquer à répondre « Je devrais t’en vouloir aussi, de ne pas avoir reconnu ma jambe » tenta-t-elle un brin maladroitement « Surtout que tu as la chance de pouvoir les voir, tu n’as aucune excuse. »

Cette fois-ci, son sourire fut un peu plus sincère, ses lèvres s’étirèrent plus largement, alors qu’elle avait presque laissé échapper un petit rire, presque, parce que seul un souffle avait réussi à s’échapper. Rapidement, elle laissa apparaître une petite grimace, alors que la douillette rouquine observait Merrick retirer les petits morceaux de verres incrustés. Aie. Elle émit ce petit ‘mh’ douloureux, comme un enfant aurait pu le faire alors qu’il n’y avait en soit pas grand-chose, se concentrant par la suite sur son visage, son expression, sa chevelure et le son de sa voix. Sa voix, ce fut peut-être la première fois qu’elle réalisa qu’il avait un don pour l’apaiser, qu’il était parvenu sans trop de mal à l’apprivoiser, à faire redescendre sa colère. Que celui qui se faisait passer pour le plus beau des salopards était resté, sans fuir, qu’il prenait soin de sa blessure et pire, qu’il s’ouvrait. Merrick Lorren s’ouvrait, ne cherchait pas à détaler, à l’abandonner, il était bien là, face à elle, sa main dans la sienne, à la soigner, à s’inquiéter ?

Lorren aborda avec elle la raison de son métier, parlant de son père, lui qui avait semblé si déstabilisé à évoquer son passé. Passant sa main libre dans sa chevelure, la rouquine ne put s’empêcher de l’intercepter au sommet de sa tête, laissant ses doigts se mélanger à ses cheveux, mais également attraper sa main, l’effleurer un instant, avant de le laisser terminer son geste, replaçant sa propre main sur sa cuisse. Encore empreint à une multitude d’émotion, la rousse sembla néanmoins touchée, peut-être plus que de raison par le pas qu’il venait de faire vers elle. Avouant qu’il regrettait les derniers échanges qu’il avait eus avec son père, allant jusqu’à parler de regret, Estelle était restée muette, déstabilisée sincèrement par l’ensemble des dire, par les événements, par cette soirée. Les regards c’était croisé, avait-il détourné son attention de ses yeux clairs, concluants en une défense bien amenée d’Adrien qui provoqua un petit pincement au cœur de la tenancière. Il était de son côté alors ? Pensait-il réellement qu’elle devait se ranger, épouser un homme, sous prétexte que son frère était inquiet pour elle ? Ce n’était pas la première dispute, certainement pas la dernière non plus qu’elle avait avec son aîné. Néanmoins, Estelle ne comprenait pas ce revirement de Merrick, ce besoin de l’informer des risques des regrets ne parvenait pas à identifier ce que lui pensait, ce que lui désirait. Un mois, c’était long et très court à la fois, après ça, que pourrait-il bien se passer ? Que déciderait Merrick, elle, Adrien ?


- « Tu as raison, ne le laisses pas, cela serait fort dommage de perdre face à un si charmant personnage… Merrick Lorren, battu par un ancien, incapable de se déplacer sans une canne, sans cheveux, avec des dents en moins… Une cruelle défaite de Merrick Lorren, le séducteur qui ne perd jamais… »

Une nouvelle fois ses lèvres s’étaient étirées dans un sourire, un peu amusée, un peu inquiète aussi, même si elle n’en dirait rien, même si elle n’évoquerait pas avec lui ses inquiétudes. Estelle restait touchée, peut-être même un peu ému par l’attention qu’il venait de lui montrer. La rouquine n’avait pu que sourire davantage lorsqu’il déposa ses lèvres sur ses doigts, avant de l’inviter à se lever en lui tendant une main en direction de celle valide. Sans trop grande hésitation, la dirigeante de la chope sucrée s’était relevée, glissant sa main dans la sienne, le tirant simplement jusqu’à elle pour venir l’embrasser. Elle ne s’était pas fait attendre, elle n’avait pas réfléchir, elle n’avait pas cherché à le faire languir, c’était une réaction spontanée, terriblement humaine et émotive. Là, elle s’était retrouvée contre lui, soit parce qu’il était venu jusqu’à elle sous son impulsion, soit parce qu’elle était venue retrouver ses bras d’elle-même. Se glissant dans ses bras, glissant ses mains dans son dos, venant chercher ses lèvres des siennes, émettant cette pression que le moment avait imposée, ne cherchant pas à se retenir ou se contenir, cherchant de sa langue la sienne. Cherchant à se rassurer, le rassurer aussi, a trouvé du réconfort dont elle semblait avoir tant besoin. Estelle n’avait plus envie de parler, plus envie de débattre, de s’articuler autour de la perte, de la peur de le voir disparaître, prendre la fuite. Oui Estelle commençait à prendre conscience de son attachement et ce baiser en était la preuve, le témoignage physique, la spontanéité de ses sentiments. Après avoir laissé l’échange perdurer, avec cette envie de plus, de tellement plus, balayant, occultant tout le reste de ses pensées, elle détacha ses lèvres de celle de son homme d’armes, murmurant avec une douceur importante :

- « Merci… » simple mais tellement significatif, elle avait vrillé son regard dans le sien, laissant sa main saine venir se perdre su son visage, puis dans sa chevelure « Je.. » elle secoua doucement la tête, les joues teintées de rose « Tâche de survivre à ta belle famille pour le mois de sursis » murmura-t-elle dans un petit sourire « Si tu réussis à survivre à ça, je pense que tu ne pourras plus te faire passer pour un lâche Merrick… »

Percevait-il lui-même à quel point il fallait avoir du courage pour rester, pour supporter de se faire ainsi dénigrer ouvertement, pour accepter, encaisser sans s’énerver, pour l’apaiser elle, pour chercher à atténuer juste derrière la dispute le conflit entre le frère et la sœur ? Était-il soit suicidaire, soit inconscient, soit… Elle déposa sa tête sur son épaule, laissant ses doigts s’infiltrer sous sa chemise dans le bas de son dos, ressentant le besoin de sentir sa peau, quitte à tacher de quelques taches rougeâtres le tissu.

- « j’étais toujours en conflit avec mes parents… Je n’aimais pas la couture, j’aimais le bruit de la forge, mais une fille n’avait rien à faire là-dedans… » elle restait dans ses bras, immobile, sa gorge légèrement tremblante « Merrick, est-ce que tu fuirais si je te disais que je voudrais bien essayer, vraiment… » elle laissa un petit silence changeant finalement de sujet « Je suis certaine que ton père ne t’en veut plus… Les parents ne font pas des enfants pour qu’ils deviennent comme eux, le plus important c’est que les petits soient heureux… Tu l’as dit, ton père était inquiet pour toi, mais regarde-toi aujourd’hui… Un milicien de l’intérieur, survivant de la fange… »

Elle était restée encore un peu dans ses bras, laissant ses lèvres effleurant son cou, son souffle caresser la moindre parcelle de peau visible, respirant son odeur, s’imprégnant de ses bras, de son réconfort, de ce vent agréable qu’il parvenait à lui faire ressentir. Puis s’éloignant, un peu à contrecœur, un peu de cette manière raisonnable, un peu chamboulé aussi encore par les récents événements, elle rajouta un gonflant un peu les joues.

- « Mais je retiens que tu préfères te glisser du côté d’Adrien. » taquinait-elle un peu le milicien « Donc tu voudrais dans un mois te débarrasser de moi et m’imposer la présence d’un hideux presque fangeux. » elle plissa un peu le nez « Attention, pourrais-je moi aussi te trouver une veille bique croupie qui survit par un miracle de la trinité » ses lèvres s’étirèrent légèrement provocatrice, avant de reprendre leur forma naturelle, plus sérieuse « On s’est toujours beaucoup disputé, ce soir je vais continuer à le détester un peu, demain aussi et après-demain reviendra-t-il certainement ou m’enverra-t-il son épouse… Tu aurais agi comme lui à sa place ? Si un homme comme toi s’approchait de ta très chère sœur ? »

Elle s’était éloignée encore, avançant vers la cheminée, la détaillant, se pinçant la lèvre, avisant les flammes crépitant dans l’astre. Elle délaissa sa place pour récupérer un tissu dans son comptoir pour enrouler sa paume, faire un petit pansement de fortune. Retrouvant rapidement sa place proche de la cheminée, l’avisant longuement, elle ajouta :

- « Mhhhhhh et si tu tiens vraiment à être à mon service durant une durée déterminée, peut-être pourrais-tu commencer par m’aider à ranger ? Puis on savoura une infusion, tu pourras m’embrasser avec mon accord et passer la nuit ici ? »

Croisant les bras sous sa poitrine, le regard clair fixant le moindre mouvement des flammes, la rousse semblait encore un peu perdue, un peu incertaine.

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyVen 5 Avr 2019 - 4:50
C'est tout d'abord par les facéties et l'humour aussi débridé que décalé que Merrick Lorren tenta de ramener la bonne humeur et l'allant positif coutumier chez Estelle de Chantauvent. Était-ce le meilleur moyen d'y parvenir ? Probablement pas. Or, est-ce que le milicien pouvait offrir autre chose, un discours différent à la tenancière ? À ses yeux, ce n'était guère possible. Après tout, aussi proche qu'il pouvait être de la rouquine et inquiet au possible pour cette dernière, Merrick restait celui qu'il était. Dès lors, il avait peur que des paroles plus formelles et compatissantes sonnent aussi creuses que vide de sens, tandis que ce genre de discussion n'était en aucun cas quelque chose qu'il maîtrisait, qui faisait partie de son registre. L'homme d'armes avait après tout toujours évité les conversations houleuses, les paroles lourdes de sens, s'enfuyant ou détournant le flot tumultueux des mots lorsque ceux-ci se rapprochaient des tourments. Ainsi, que pouvait-il faire en cette heure ? Bien qu'il voulait aider la dame de Chantauvent, était-il assez outillé et équipé pour réellement la sortir des affres des dernières péripéties qu'elle venait de vivre ?

Le semblant de sourire qu'il reçut à titre de réponse, aussi irréaliste que vacillant, eut le mérite de lui faire prendre conscience que ce n'était pas la bonne solution. Cette fausse joie lui fit mal. Mais que faire dans ce cas ? Incapable d'arriver à un constat évident, il continua tout de même encore sur le même registre un peu plus léger. Mieux valait ça que restez silencieux. Du moins à ses yeux... Pour autant, bien que ses paroles s'arrimaient et s'articulaient encore et toujours autour de l'amusement, son esprit cavalait à une allure frénétique, à la recherche de parole non pas creuse et vide, mais pleine de bon sens.

Ce fut à son tour d'étirer ses lèvres en un faible sourire, tandis qu'il écoutait Estelle tenter de le rejoindre au détour des paroles joyeuses. Maigre réussite, alors que le constat était évident; le cœur n'y était guère. Pour autant, Lorren s'appliqua à répondre. '' Un vil manipulateur, peut-être. Mais qui ressemble à un fangeux ? Allons, tu ne trouveras aucun homme à même d'être plus charmant que moi dans tout Marbrume !'' Aussi éhonté que cela puisse paraître, Merrick n'était pas loin de quasiment croire ce qu'il avançait. Irrécupérable ? Que voulez-vous... '' Je te ferais remarquer que je n'ai pas si souvent que ça la chance de les voir. Lorsque c'est possible, je dois généralement me contenir ou m'assurer que tu ne termines pas dans un coma éthylique, alors...'' Poursuivit-il avec une fausse mine de chien battu, secouant la tête de droite à gauche par dépit, bien qu'une lueur amusée et pétillante aille prit racine au plus profonde de ses iris qu'il qualifiait d'un bleu glacial.

Puis continuant à œuvrer sur l'estafilade de sa tenancière, Merrick Lorren releva la tête, lui offrait un petit sourire moqueur lorsqu'il l'entendit geindre de la douleur que la manœuvre lui faisait ressentir. Préférant rester muet plutôt que l'attaquer amicalement sur le sujet, le milicien se contenta de continuer, faisant encore plus lentement et doucement ses soins. Il pouvait bien se moquer d'elle, lui n'était guère mieux, tandis qu'il se pliait en quatre pour éviter qu'elle souffre d'une blessure aussi bénigne. Bien entendu, cette pensée ne lui traversa aucunement l'esprit. À ses yeux, il était toujours fier de se présenter comme un beau salopard, comme un individu au flegme aussi développé que son ivrognerie. Or, auprès d'Estelle de Chantauvent, le ''salopard'' qu'il aimait être se transformait plutôt en doux ''agneaux''...

Toujours est-il que l'être, dont son désir envers la rouquine se transformait, était toujours à la recherche de juste parole pour complètement éclipser le vent d'amertume qui avait soufflé, laissant ici et là des relents de chagrin et de colère. Sans qu'il n'y réfléchisse plus longuement, il s'ouvrit sur son passé, histoire d'offrir un cadre de réflexion sur des événements somme tout identique. Loin d'être fait avec un détachement effectif, les mots furent vacillants, difficilement conciliable les uns aux autres. Comprendrait-elle où il voulait en venir ? Verrait-elle qu'il tentait quelque chose, prenant sur lui pour outrepasser la peur de la peur elle-même ? Dans sa prise de parole, Merrick ne put manquer la capture que fit Estelle de ses doigts lorsque ceux-ci rejoignirent les siens dans sa chevelure. Ce geste lui donna le courage de continuer, de parachever des mots quelque peu discordants. En quelque sorte, elle lui avait offert un support adéquat, brisant sa gestuelle, son tic nerveux qui l'étreignait à chaque fois qu'il tentait de contenir ou de résister à ses propres émotions. Pour autant, il ne put affronter son regard. Pas aujourd'hui, pas encore...

-'' Tu viens justement de le dire, de l'énoncer: «Merrick Lorren, le séducteur qui ne perd jamais». Alors, pourquoi en serait-il différent maintenant ? Jeune ou moins jeune, riche ou pauvre, je ne perdrais face à quiconque, Estelle de Chantauvent.'' Est-ce que lui-même voyait cela comme une promesse ? Allez savoir. Toujours est-il que ces paroles n'étaient pas creuses ou dénuées de sens. En cette heure...

Enfin, déposant ses lèvres sur les doigts de sa tenancière, satisfait de son travail et l'invitant à se lever en quête de pansement, le milicien se laissa finalement tirer vers celle qui avait agrippé ses doigts. Ne résistant pas à l'attraction, opéré par sa gestuelle, mais aussi par l'attrait et le désir qui le vrillait encore et toujours plus, Merrick captura de ses bras celle qui arborait une crinière aussi flamboyante qu'attrayante. Ne résistant pas plus au contact de ses lèvres sur les siennes, puis de sa langue avec la sienne, l'homme d'armes s'épancha dans cette promiscuité, dans ce rapprochement à la fois tout en douceur et vrillé par les flammes de l'attirance et de l'envie. Se perdant dans le baiser, oblitérant et oubliant tout le reste, Lorren n'exista que pour vivre le moment présent, loin des affres du passé et ne pensant pas aux tourments de l'avenir. Après tout, comment s'éloigner de cet instant, tandis que son esprit était complètement alpagué et happé par les secondes qui s'égrenaient à la fois trop lentement et trop rapidement ? Les mains du milicien n'étaient pas restées muettes de tout mouvement. Tout d'abord, celle-ci s'était contentée d'enserrer sa tenancière dans ses bras, avant de peu à peu descendre le long de son corps, alors que l'échange se poursuivait, pour terminer leur course au niveau de ses hanches. Ni plus bas, ni plus haut... Or, toutes les bonnes choses ont une fin. C'est ainsi que leurs lèvres se décollèrent, laissant de nouveau place à la réflexion, mais aussi à l'air dans leur poumon.

Aux premiers mots d'Estelle, Merrick se retint de répondre une plaisanterie; le remerciait-elle pour ses talents à embrasser ? L'idée se fraya excessivement rapidement un passage dans son esprit. Or le sérieux du moment, additionné à la suite du discours, eut le mérite de lui faire garder la remarque pour lui-même. Parfois, mieux valait savoir se contenir et se retenir. Même lui en avait conscience. '' Je ne fais que ce que je désire. Je n'ai aucun besoin de remerciement.'' Logique aussi farouche qu'exacte. Rien n'était un sacrifice ou un effort. Tout était dicté par sa seule et unique volonté. S’il était encore là, c'est qu'il le voulait, c'est qu'il la désirait. Fermant les yeux durant un infime instant, sur le passage de cette main qui effleura son visage et qui se perdit dans sa chevelure, les doigts de Lorren se crispèrent sur les hanches de la jeune femme. '' Je tâcherais dès lors de survivre.'' Bien que cela ne soit pas apte à faire de moi quelqu'un de courageux... ne termina-t-il point, mais le pensant fortement.

Percevait-elle à quel point ce n'était en aucun cas une question de courage en ce moment, alors que tout se jouerait à la fin, durant l'épilogue et la finalité de ce mois ? Ne voyait-elle pas qu'en quelque sorte, les mots ne coûtaient et ne goûtait rien, tandis que les actions valaient tout ? Discernait-elle que cette once d'attachement, ce besoin en ce moment d'être avec elle, d'être la pour elle, n'était ni de l'inconscience, ni de la folie, ni une envie suicidaire, mais..... Bref... La laissant venir installer sa tête sur son épaule, Lorren alla quant à lui perdre son visage dans sa crinière, se perdant dans les effluves et la douceur de sa chevelure, fermant à nouveau les yeux lorsque le contact de ses doigts se fit ressentir sur sa peau. Merrick ne put retenir un frisson de parcourir son échine. Mais, ces yeux retrouvèrent contact avec le décor de la Chope Sucrée, tandis que ce fut au tour de la dame de Chantauvent de commencer à déblatérer sur sa jeunesse, sur son passé.

-''Je n'en suis guère étonné...''Les premiers mots ne furent pas difficiles à prononcer pour le milicien. Après tout, Lorren commençait à bien concevoir le caractère flamboyant de la rouquine, à cerner les tenants et aboutissants de sa façon d'agir. Logiquement, il pouvait comprendre comment les confrontations avec ses parents avaient pu s'enchaîner. Après tout, lui-même était fait du même moule. Or, la suite fut quelque peu plus... ardue. Difficile d'y répondre, tandis qu'elle présentait l'idée d'essayer. Puis, sans qu'il ne s'y attende, la suite de la suite fut encore plus difficile à entendre. Son père ne lui en voulant plus ? Oh non, Estelle ne comprenait, ne savait ce qu'il avait fait. Celle-ci n'avait pas vu le regard de son paternel alors que Merrick avait tourné les talons, abandonnant sa famille complète à son sort.

Ses doigts se crispèrent, sa mâchoire crissa. Son pouls s'accéléra, son souffle décèlera. Son esprit se figea dans une conque comateuse, ses sens s'enflammèrent dans un brasier de culpabilité.

-''Je serais incapable de fuir de toi pendant ce mois. C'est une évidence, une promesse''. Si simple à dire, si simple à faire. Or, qu'allait offrir le futur, l'avenir après cette date butoir ? Comment avouer et s'avouer qu'il désirait plus que cette brève période qui leur était dévolue, sans pour autant pouvoir accepter de la mérité elle ? Comment passer outre le fléau, les maux qu'il était pour ceux qui étaient proches de lui ?

Continuant à l'enfermer de ses bras, ses yeux et son esprit était pourtant loin de la belle réalité, engoncée et cloisonnée plutôt vers la tristesse du passé. Les mots de la Chantauvent concernant son père tournaient encore et toujours dans son esprit, revenant sans cesse le meurtrir.

«Le plus important ? Son père inquiet pour lui ? Un survivant de la fange ? »

Le plus important c'était qu'il avait abandonné sa famille. Le plus inquiétant c'était qu'il soit encore capable de sourire. Le pire c'était qu'il était un survivant de la fange...


Incapable de formuler le moindre mot, Merrick laissa Estelle de Chantauvent quitter son étreinte et s'éloigner en direction de la cheminée. Incapable de la laisser créer une distance, tandis qu'il était happé par le ressentiment de sa condition et qu'il se trouvait en quête de support, il la suivit à la trace. Pouvait-il s'ouvrir complètement ? Pourrait-il dire ce qu'il avait fait ou plutôt ce qu'il n'avait pas fait ? Perdrait-elle son estime pour lui, voudrait-elle mettre un frein à cette relation -car c'est ainsi qu'il voyait la chose désormais- ? Est-ce que Merrick Lorren devait rester silencieux, souffrir et créer un vide incompréhensible, ou s'ouvrir et risquer de perdre sa tenancière ? Bien qu'en proie au déchirement interne -le verrait-elle ou non ?- Merrick réussit à poursuivre l'échange, à surenchérir sur la suite des mots. Après tout, le baratin et le babillage intempestif étaient sa marque de commerce. Même au plus mal, l'homme d'armes se faisait une fierté d'être capable de tenir une conversation. Alcool ou non, douleurs et réminiscence du passé ou non.

-'' Aucune chance qu'une vieille bique soit capable de te remplacer. Mais si tu trouves une charmante et jeune tenancière... pourquoi pas ? Par ailleurs, je ne peux dire que je sois du côté de ton frère. J'ai tenté de lui faire du pied, et il n'a pas aimé alors... alors je vais garder sa sœur à la place !'' Termina-t-il en offrant un clin d'œil pour éviter tout quiproquo. ''Je suis content de savoir que ce n'est pas la première fois.'' S'entendit-il dire de loin, lorsqu'elle mentionna que ce n'était pas la première fois qu'elle se disputait. En disant cela, Merrick Lorren se détesta lui-même d'être capable de sourire. Comment pouvait-il oblitérer et ignorer ses propres maux pour continuer à parler sur un ton anodin ? Pourquoi, pourquoi et pourquoi ? '' Si un homme comme moi s'approchait de ma sœur ? J'irais vers la sienne pour commettre le même méfait, pour fomenter la même manœuvre.'' Disant ces mots, il revoyait ses sœurs Catherine et Alicia. Des hommes s'étaient approchés des deux. Ils étaient transformés en créature, en mangeux. Et lui qu'avait-il réellement fait ? Il avait tourné les talons... Comment pouvait-il dire qu'il irait se liguer contre des présumés prétendants ? Comment, comment et comment ?

-''Avec plaisir !'' répondit-il avec entrain, lorsqu'elle lui demanda son aide pour ranger. Merrick Lorren en train de ranger ? Il n'avait jamais aidé sa mère pour les taches ménagères. Comment pouvait-il offrir son aide maintenant, dorénavant ? Pourquoi n'avait-il jamais eu conscience de son manque de constance dans ses relations familiales ? ''Devrais-je toujours attendre ton accord pour t'embrasser ? '' poursuivit-il sur un ton faussement bougon. ''N'as-tu pas peur de ce que je pourrais te faire, en restant toute la nuit ici ? Je ne suis pas certain de pouvoir me contenir...'' Paracheva-t-il dans un clin d'œil et son sempiternel sourire en coin. C'était les premières paroles honnêtes. Arriverait-il à se contenir, à rester les pieds arrimés au présent ?

-''Je... je reviens !'' Où partait-il ? Il ne le savait pas. En quête de quoi s'éloignait-il ? Qu'importe. Le masque tombait, les façades de son paraître n'étaient plus suffisantes pour contenir les réminiscences. Merrick... pourquoi même son nom ne lui appartenait plus ? Pourquoi se devait-il de partager le même diminutif que son paternel, pourquoi lorsqu'il entendait son prénom, il revoyait l'image de son vieux qui le regardait avec dégoût fuir et tourner les talons ?

C'est à mi-chemin de la cuisine que les digues de la contenance se rompirent sous le déversement et le déferlement de ce qui ne pouvait plus être contenu. Il avait envie de vomir. S'appuyant à la première table qui se trouvait proche de lui, une main sur la bouche, son teint vira au blanc, son souffle s'accéléra. ''Je...je n'en peux plus.'' Le beau salopard n'était plus là, il ne restait que Merrick Lorren. Se laissant glisser au sol, le milicien appuya sa tête sur la table qui lui offrait son support. Relevant les genoux vers son visage, il appuya ses coudes sur ses derniers, perdant sa tête dans ses paumes, ses doigts dans sa chevelure, agrippant les cheveux avec force et tremblement.

-''Comment ne pourrait-il plus m'en vouloir, alors que je les ai tous abandonnés du premier au dernier jour ?'' Comprendrait-elle de quoi il voulait parler, qu'il répondait enfin à ce qu'elle avait dit sur son père ? '' Comment pourraient-ils tous me pardonner, tandis que je les ai laissés mourir devant la fange, alors que c'était mon devoir de frère et de milicien de les protéger ? Comment puis-je réellement vivre aujourd'hui, être satisfait d'être un survivant tandis qu'ils sont tous morts alors que je tournais les talons sans tirer l'épée ? Comment puis-je entendre mon prénom, qui appartient à mon père, et réussir à sourire ? Pourquoi aurais-je le droit d'être heureux, alors que je suis le peureux qui leur coûta la vie ?'' Ses mots gagnèrent en vitesse, en force. ''Pourquoi aurais-je le droit d'être heureux, joyeux, d'aimer ou de me lier d'amitié ? Qui suis-je pour vouloir tout cela et à la fois ne rien mériter de cela ?''

Les yeux trempés de larme si difficile à contenir, le milicien leva le poing gauche, l'abattant avec force sur le sol, encore et encore. Perdu, esseulé, tel un enfant en proie à son pire cauchemar, Merrick Lorren venait en quelque sorte d'exploser sous la pression de ses émotions.Venait-il de perdre Estelle de Chantauvent, tandis qu'elle réalisait enfin qu'il n'était qu'un monstre plutôt qu'un beau salopard ? Jamais il n'aurait du s'ouvrir, jamais !
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptySam 6 Avr 2019 - 0:03


- « Devrais-je peut-être essayer quand même » tenta-t-elle dans un petit sourire lorsqu’il évoqua le fait qu’elle ne trouvait aucun homme aussi charmant que lui dans tout Marbrume. « C’est vrai que je crois que quelqu’un à une mauvaise influence sur moi au niveau de l’alcool, de là à dire que tu dois toujours me surveiller… Je ne vois pas de quoi tu veux parler »

Un nouveau sourire bref, une petite étincelle au fond des yeux signe qu’elle voyait parfaitement de quoi parlait monsieur Lorren. Si ce n’était pas lui, si la relation avait été différente aurait-elle très certainement vu ses joues se teinter de roses, se serait-elle confondue en une multitude d’excuse et de gêne, mais elle n’en fit rien, non. C’était différent avec Merrick, tout était si différent. Son regard dut se perdre sur la silhouette du milicien qui œuvrait pour retirer les morceaux de verres, pour soulager sa plaie, alors que des petites grimaces se dessinaient sur le visage de la rouquine. Douillette, elle s’était mise à gesticuler un peu sur sa chaise, alors que la question du fond de ses yeux semblait bien différente. Avait-elle la sensation de tromper Eude, où craignait-elle de l’oublier en laissant une place trop importante à Merrick, avait-elle peur de cette relation, de cet attachement, de ce besoin de le voir régulièrement, si régulièrement. Était-ce peut-être plus effrayé que celui qui se trouvait en face d’elle sans oser le formuler, sans jamais le démontrer. Arrêtant son observation sur le petit sourire moqueur de son homme d’armes, elle gonfla légèrement les gens, faisant entendre un petit grognement, un brin amusé, un brin attristé encore par les anciens événements.

- « Merrick Lorren, serais-tu en train de te moquer silencieusement de moi ?! » fit elle sans oser le pousser doucement de sa main libre.

Elle lui offrit un sourire plus doux, moins incertain, moins coléreux sans doute aussi. Son visage avait fini par s’adoucir un peu, retirant la crispation qui s’était infiltrée sur ses traits. Ce fut aussi le changement de conversation et les premières révélations de Merrick qui la fit basculer dans une autre émotion. Les deux jeunes gens n’étaient jamais rentrés dans les détails, restant toujours très flous dans leur pensée, dans leur sentiment, dans leur vécu. Aucun ne s’était véritablement confié à l’autre et Merrick avait toujours dévoilé une carapace particulière dure à percer, à traverser. Ce fut donc une tenancière particulièrement attentive et surtout véritablement touchée par cette marque de confiance qui l’avisait, qui écoutait, qui découvrait des mots qu’elle n’identifiait sans doute pas réellement sur l’instant. La dame de Chantauvent n’avait pas pu s’empêcher de venir effleurer la main qui dans un réflexe était venue se glisser dans la chevelure de son prétendant, sans avoir la certitude qu’il l’était vraiment. L’avisant, penchant légèrement la tête, s’autorisant à se livrer elle aussi un peu vis-à-vis du conflit qu’elle avait pu vivre avec ses parents, s’avançant peut-être maladroitement sur les ressentis que pouvait avoir son père vis-à-vis de son fils. Estelle était allée jusqu’à faire un semblant de proposition, avant de fuir, de renoncer de s’apeurer. Évoquant un peut-être, souhaitant au plus profond d’elle-même ne pas le voir s’échapper ou s’enfuir. La conversation avait fini par s’éteindre alors qu’il l’aidait à se relever, alors qu’il évoquait le fait de ne pas vouloir perdre. Était-ce seulement un jeu ou plus que ça ?

L’attirant jusqu’à lui, elle était venue se glisser dans ses bras, laissant sa bouche apprivoiser la sienne de cette manière plus tendre, plus amoureuse sans doute. Comment aurait-il pu en être autrement alors que celui qui ne la laissait définitivement pas indifférente avait fini par faire un pas vers elle, s’était occupé d’elle, n’avait pas fui, non. Contre lui, elle avait pu sentir son cœur sous ses vêtements, pu laisser ses doigts glisser sous sa chemise pour sentir la chaleur de sa peau, partager son goût avec lui, laisser les langues danser ensemble, un peu, juste un peu. Elle avait senti ses mains longer ses courbes pour s’arrêter dans le bas de son dos, elle avait laissé le baiser perdurer un peu, s’oubliant, oubliant, savourant pleinement l’instant et cette proximité réconfortante. Son palpitant s’était immédiatement emballé, tambourinant avec force dans sa poitrine, son souffle était venu à lui manquer, sans que cela ne semble la déranger, puis elle avait fini par s’éloigner un peu stoppant l’échange sans brusquerie, dans des gestes naturels, tout aussi doux que le moment qui venait de se terminer.

Encore contre lui, Estelle n’avait pas pu s’empêcher de lui ronronner un merci, simple, efficace, particulièrement sincère. Elle avait senti les doigts de Merrick se crisper sur ses hanches alors qu’il lui faisait la promesse d’essayer de survivre, alors qu’il expliquait que les remerciements n’étaient pas nécessaires, qu’il ne faisait que ce qui lui plaisait, que ce qu’il désirait. Elle étira ses lèvres, alors qu’elle évoquait les disputes et qui lui répondait qu’il n’était pas étonné, elle n’avait pas pu s’empêcher de lui pincer la peau, là où se trouvait encore ses doigts. Aurait-il pu faire l’effort de faire semblant de prétendre qu’Estelle n’était qu’une douce brise marine et non une tempête des mers les plus hostiles. Les paroles de Merrick avaient fini par la rassurer, tout en l’inquiétant presque immédiatement, il évoquer être là durant ce mois, oui, mais après ? Après ? Elle sentit son cœur se pincer, se crisper entièrement, manquer un battement. Elle s’était éloignée cette fois-ci, passant par le comptoir pour récupérer un tissu qu’elle avait transformé dans un bandage, avant de se poster devant la cheminée pour aviser les flammes, le mouvement, l’intensité des braises crépitant sous le bois. Merrick l’avait suivi sans qu’elle ne s’en offusque, au contraire, sa présence avait toujours le don de lui apporter ce léger apaisement.


- « Oh, dois-je comprendre que si Adrien avait été ouvert à ce genre d’odieuse proposition, je me serais retrouvée à la seconde place » fit-elle malicieuse sans entrevoir immédiatement le trouble chez son milicien, pivotant légèrement vers lui « Eeeh tu ne devrais pas être content, tu as bien une piètre image de moi, suis-je si caractérielle ? » elle fit une pause lui fit un clin d’œil « Attention à ta réponse Merrick Lorren. » ce fut peut-être à ce moment alors qu’elle lui offrait un large sourire et qu’il évoquait son comportement vis-à-vis des sœurs qu’elle sembla percevoir quelques choses au fond de ses prunelles.

Comme pour fuir ce qui lui avait semblé voir sans vraiment y croire, elle avait proposé à l’homme d’armes de l’aider à ranger, évoquant une suite de soirée beaucoup plus douce, plus calme, une infusion, des échanges salivaires, une nuit à deux, oui Estelle aspirait à ce type de finalité pour cette soirée trop mouvementée. Fut-elle surprise de le voir accepter sans aucune forme de négociation, sans échanger, sans carotte, sans belle parole, ce qui la conforta dans son observation première, tenta-t-elle encore de mettre sa crainte de côté alors qu’il la questionnait vis-à-vis de son besoin d’autorisation pour l’embrasser, puis dans un clin d’œil sur le fait qu’il ne parviendrait pas à se retenir si il restait là, elle s’apprêtait à lui répondre, ses lèvres s’étaient entrouvertes quand l’homme prétexta un besoin de s’éclipser.

- « Merrick ? » fit-elle en avisant son dos s’éloigner en direction de la cuisine

La rouquine crut percevoir une parole qu’elle n’identifia pas pleinement, ce qui la poussa sans attendre à le suivre, pour découvrir une situation qu’elle n’aurait jamais pensé percevoir avec Merrick. L’homme était là, sur le sol, contre une table, la tête entre ses bras, la table, les mains dans les cheveux, les genoux repliés. Immobile la tenancière du laisser couler quelques secondes avant de réaliser, avant de se laisser tomber juste à côté de lui, de le prendre simplement dans ses bras de l’enlacer, sans chercher à relever son visage, ou à l’obliger à s’adapter à sa présence, non Estelle était juste là, enlaçant ses épaules, déposant ses lèvres sur le haut de sa tête. Merrick commença à s’expliquer, dans cette voix qu’elle ne lui connaissait pas, sans que la rousse ne comprenne immédiatement de quoi il retournait, le milicien s’expliqua, avança un ensemble de faits, de paroles, qui fut donc traduit lentement par la tenancière de la chope sucrée.

- « J’aurais donné n’importe quoi pour que Eude prenne la décision de fuir plutôt que de se battre contre les créatures » murmura-t-elle doucement « N’importe quoi… Et je donnerai aujourd’hui n’importe quoi Merrick pour que tu reprennes la décision que tu as prise à l’époque, aussi cruelle soit-elle… Sans ça, tu ne serais plus là… »

Sa voix c’était serré, sa réponse était égoïste, en avait-elle conscience, elle qui avait connu la perte douloureuse de l’être aimé, de l’être qui avait choisi de protéger les autres plutôt que la famille qu’il était en train de construire. Celui dont elle n’avait même pas pu voir le corps partir en fumée autour d’une cérémonie funéraire, celui à qui elle n’avait jamais pu dire adieu, jamais. Le serrant davantage contre elle, la gorge nouée, les lèvres plus pincées alors qu’elle ne savait quoi dire, quoi faire face à celui qui venait de la faire sombrer dans des émotions qu’elle s’était interdit de ressentir de nouveau. S’était ouvert, complètement, involontaire, craquant, dévoilant cette sensation étrange chez la rouquine d’avoir envie de le protéger, de ressentir, de prendre un peu cette peine qu’elle n’imaginait pas si importante, si grande, comment faisait-il pour camoufler ce gouffre ? Comment faisait-il ?

- « Viens là… » murmura-t-elle en cherchant à le faire basculer contre elle, proche d’elle, ne répondant pas immédiatement à des questions qui n’avaient pas forcement de réponses « Je suis là… Je ne vais pas partir » fit-elle en passant une main dans son dos « Je ne vais pas partir » répéta-t-elle doucement.

C’était comme une évidence pour la gérante de commencer par-là, de débuter par lui dire que malgré l’aveu qu’il venait de faire, malgré l’abandon de sa famille aux griffes de la fange, elle était là, elle restait là et qu’il était libre lui, de fuir, de rester, de partir. Il était libre oui, de lui briser le cœur alors qu’elle essayait sans même le savoir de recoller le sien.

- « Tu es coupable d’une seule chose Merrick… d’être humain. » Susurra-t-elle lentement, cherchant à glisser une main sur son visage, à retirer les larmes du bout de ses doigts « Juste d’être humain. » Souffla-t-elle en appuyant sa tête contre la sienne « Nous sommes égoïste, tous à notre façon, nous avons tous nos peurs et qui sait comment je réagirais entre sauver la vie d’Adrien ou sauver ma propre vie ? Qui sait comment j’aurais pu réagir si j’avais eu le choix de prendre la place de mon mari ? »

Personne, personne ne pouvait le savoir, surtout pas elle, ni lui, si lui parce qu’il l’avait vécu. Estelle était lucide, la mort, la perte la douleur et cette réalité persistante qui s’était installée dans son esprit ne pouvait que la confronter dans ce choix. La vie était précieuse, mais jamais elle n’accepterait que qui que ce soit sacrifie sa propre vie pour sauver la sienne.

- « Tu sais Merrick, je n’ai pas eu la chance de devenir mère ni celle d’une grande sœur… » murmura-t-elle « Je ne me suis jamais réellement entendu avec mes parents, mais.. Ils me répétaient sans cesse que le rôle des parents ce n’étaient pas.. » c’était douloureux de réaliser que ses propres parents l’avaient amené vers sa propre indépendance « Un parent vit toujours à travers son enfant, pour lui, mais l’enfant ne vit pas pour les parents… Je ne connaissais pas ta famille… Mais si j’avais le choix Merrick, si Adrien avait le choix de vivre ou de me sauver, je voudrais qu’il vive… La trinité, elle a un chemin pour chacun de ses enfants, parfois il est court, parfois long avec plein d’embûches… Et parfois, peut-être qu’elle-même ne sait pas trop ce qu’elle doit faire… »

Elle fit silence, un instant, sans savoir si ce qu’elle formulait, si ce qu’elle disait, si elle ses paroles avaient du sens, si ce n’était pas très maladroit, très présomptueux de s’avancer sur un pardon de sa famille, un choix. Tenant encore Merrick dans ses bras, une main dans son dos, une autre cherchant à écarte les mains de son visage, à venir relever son menton, à chercher à le détailler pour lui faire voir à travers son regard qu’il n’y avait pas de jugement, pas de rancune, pas de peur.

- « Je t’aime Merrick Lorren, pour un mois et jusqu’à que tu te lasses… Que tu décides de fuir ou de rester, de briser mon cœur ou de le consolider, de me faire épouser un vieux chauve dégarni sans dent. Une bouteille à la main ou sans, une main dans les cheveux ou sans, avec tes larmes ou ton sourire de séducteur… Avec ton masque, ou sans ton masque… » elle laissa un silence, cherchant un peu de courage alors que son regard –si il l’acceptait- ne quittait pas le sien « Je voudrais trouver les mots, prendre ta peine, mais je crois que peu importe ce que je pourrais dire, ça ne t’enlèvera pas ce que tu as au fond de toi, ce n’est pas eux qui doivent te pardonner, mais toi qui doit te pardonner… »

Elle laissa ses doigts glisser le long de sa joue, déposant ses lèvres sur son front, sur son nez, sur ses lèvres, un instant juste un long moment. Goûter à l’humidité salée qui s’était écoulée sur son visage, ne cherchant pas à le noyer davantage dans un méli-mélo de parole, elle se contenta de conclure avec simplicité, prête déjà à pardonner la fuite, le départ et le poignard qui s’enfoncerait directement dans une plaie déjà ouverte de son cœur.

- « Je me fiche que tu puisses m’abandonner un jour et je ne sais pas si ça te rassure, mais ce qui me fait peur, c’est de ne juste pas te voir te laisser une chance, de ne pas vivre et non plus survivre… De nos jours, tout est trop court pour s’infliger tant de peine… »

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Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptySam 6 Avr 2019 - 6:01
Merrick Lorren était au fond du gouffre du ressentiment et du dégoût envers lui-même. Sur le bord de la crise de nerfs, sur le point de ne plus être capable de se contenir et d'enchaîner plaisanterie et bravade, l'homme d'armes savait que sa salvation passait par la fuite. Il devait fuir la présence d'Estelle de Chantauvent, quitter la Chope Sucrée avant que son masque ne s'effondre, avant que le passé ne rattrape le présent. Or, bien qu'il ait conscience de cet impératif, le jeune homme était incapable de fomenter sa retraite, de prendre la tangente. De fait, Merrick n'était pas en mesure de s'enfuir de la présence de sa tenancière, tandis que cette dernière était devenue en quelque sorte la geôlière de son cœur. Meurtri entre son besoin de s'esquiver et son désir de rester sur place, Lorren avait pris sa décision. Il affronterait silencieusement ses tourments qui avait été éveillé par le discours de la rouquine, tentant de conserver son paraître et les habitudes qui le caractérisait continuellement.

Ainsi, il continuait à dresser les mots pour repousser les maux, enchaînant les sourires et les commentaires taquins, tandis que son esprit était à la recherche d'un support et que son âme criait au désespoir. Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas s'ouvrir sur ce qui le tourmentait ? Parce qu'il avait peur. Peur de perdre la jeune femme qui risquait de s'offusquer de ses actions avilissantes, peur de voir le ressentiment strier les iris gris-bleu de celle qui devenait plus qu'une simple conquête. Ainsi, le mutisme devenait le seul moyen de conserver cette relation en l'état. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, il semblait qu'Estelle de Chantauvent pouvait être intéressée par le beau salopard qu'il était. Or à ses yeux, c'était une évidence qu'il n'y avait aucune chance que la tenancière s'intéresse au monstre qu'il se figurait véritablement être. Elle ne devait dès lors jamais l'apprendre.

-'' Cela aurait été une bien belle conquête, un homme marié !'' Palabrer, encore et toujours plus. S'éloigner de la noirceur de ses pensées...'' Tu es prompt à l'emportement Estelle de Chantauvent et ce, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. C'est quelque chose que j'aim... j'apprécie particulièrement chez toi. Il n'y a aucun faux semblant. Et puis, il faut aussi dire que ta moue frustrée est adorable.'' Restez silencieux, conserver son masque dressé...

Or, toute la volonté du monde ne pouvait suffire à acter un bien-être inexistant. Sur le bord de la rupture qu'il n'avait point réussi à contenir, Merrick Lorren décida d'acter un entre-deux, une brève disparition en cuisine pour retrouver contenance. S'excusant, espérant qu'elle ne verrait pas tout de suite sa détresse, Merrick commença à se replier en direction de l'arrière-salle. Mais, il était trop tard. Les digues rompirent et ce qu'il tentait de cacher et de conserver pour lui explosa. Incapable de rester muet plus longtemps, affaissé et prostré au sol, Lorren s'ouvrit, décrivant finalement tout ce qu'il avait fait, ou plutôt ce qu'il n'avait pas fait. C'était un sentiment doux-amer qui l'étreignait, alors que d'en parler lui faisait du bien, mais tandis qu'il avait conscience que cela signifierait probablement le glas de cette idylle naissante. Adrien n'aurait point besoin d'agir pour les séparer, les révélations s'occuperaient de le faire. De toute façon, le milicien le savait et l'avait toujours su; il ne la méritait pas.

Tant et aussi longtemps qu'il parla, l'homme d'armes n'eut pas réellement conscience de la promiscuité de celle qui se devait pourtant de l'abandonner. C'était comme s'il flottait au-dessus de son corps, tandis que sa conscience était oblitérée par le repentir de ses mots. Or, son monologue ne pouvait continuer, alors que sa prise de parole devenait de plus en plus saccadée, entrecoupée par un chagrin empreint de remords. Redevenant muet, incapable de savoir si l'ouverture l'avait soulagé d'un poids ou plutôt alourdi d'un autre, Merrick Lorren entendit Estelle de Chantauvent commencer à lui offrir sa réponse. Il s'accrocha à ses mots comme un naufragé s'agrippait à un morceau épars d'un esquif qui venait d'être broyé par la houle d'une tempête. C'est sur ces entrefaites que la jeune femme avait la possibilité de le noyer ou de lui éviter de sombrer pour de bon. Quelle direction prendraient ses mots ?

-'' Tu ne comprends pas ? J'ai abandonné ma famille au complet ! J'ai laissé mourir ceux que j'aimais. Comment pourrais-je...'' Vivre ? Aimer de nouveau ? ''Avoir le droit de renouer des liens, tandis que je risque d'abandonner ceux qui comptent pour moi ?'' Merrick ne le disait pas ouvertement, mais sa plus grande crainte c'était la récidive de l'abandon de se lier à Estelle et de se voir tourner les talons lorsqu'elle aurait besoin de lui. Il avait peur de sa propre couardise, aussi incongru que cela puisse être.

Ses mots sortaient toujours aussi rapidement, butant sur les traces d'émotions qui altéraient sa voix. Depuis que sa tenancière l'avait approché, il avait arrêté de se morfondre avec violence en attaquant le sol de son poing. Ses yeux rougis laissaient s'écouler des larmes silencieuses, tandis que son regard hagard était perdu sur le sol, au plus loin des pupilles de la rouquine.

-''Non.'' Répondit-il tout d'abord dans un murmure obstiné lorsqu'elle l'invita à se rapprocher d'elle. ''Tu devrais.'' Enchaîna-t-il lorsqu'elle dit qu'elle ne partirait pas. ''Tu devrais...'' S'entendit-il répéter avec un peu moins d'affirmations dans le timbre de sa voix. Pour autant, lorsqu'Estelle amena une main vers son visage, Merrick ne se fendit d'aucune esquive ni d'une quelconque fuite. Pour autant, il se tendit, comme si la manœuvre risquait d'être violente et de le blesser. Se murant dans un silence, il continua à écouter les phrases de la dame de Chantauvent.

-'' Je suis coupable d'être un monstre. Co...comment peux-tu sous-entendre que c'est ''moral'' ou ''normal'' ce que j'ai fait ?'' Ses yeux étaient enfin venus au contact de ceux de la rouquine. Aurait-il préféré entendre des critiques acerbes ? Au moins, le milicien s'était préparé à cela. Pas à ce discours, si... déroutant et sombre. '' Tu n'as pas vu le regard de dégoût de mon père, alors que je tournais les talons.'' L'avait-il vraiment vu, ou se confortait-il dans cette idée pour se tourmenter et expier ses péchés ? Dur à dire... '' C'était mon devoir. Mon devoir de fils, de milicien ou de frère, que sais-je. Mais j'aurais dû agir. Ou du moins tenter. Oui, j'aurais dû.'' Lorren se confortait dans son erreur. Il ne pouvait faire abnégation de sa faute. Comment accepter d'être non coupable ? Sur ces mots, il enserra de nouveau sa tête de ses mains, agrippant sa chevelure. Que faire, que faire, que faire ?

La suite des mots d'Estelle ne l'atteignit pas. Or, sa tentative de le sortir de l'emprisonnement de ses propres doigts eut le mérite de le tirer de ses tourments durant un infime instant. Se laissant faire de nouveau, relevant le regard toujours aussi éploré qu'implorant, Merrick entendit distinctement la suite des paroles d'Estelle de Chantauvent. De plus, c'est les yeux dans les yeux que la suite des mots s'articula.''...Que ?''

Merrick Lorren n'était pas seulement estomaqué. Non, il était aussi ahuri, qu'abasourdi, aussi ébahi qu'interdit. Venait-elle vraiment de dire qu'elle l'aimait ? Comment le pouvait-elle ? Il ne pouvait l'accepter... mais il était tout aussi incapable de le refuser. Immobile, il la laissa parler et agir jusqu'à la fin. Incapable de se détacher de ses yeux, en quête d'une lueur d'hésitation ou de mensonge qu'il ne trouvait pas, Merrick se laissa embrasser sans réagir, goûtant tout de même à la gestuelle empreinte de tendresse. ''Je...'' Pouvait-il réellement lui dire que lui aussi il l'aim... l'appréciait ? De quel droit le pourrait-il ? Non. Il ne la méritait toujours pas. Se mordant la lèvre inférieure, tentant de retenir un déversement plus conséquent de larme de venir prendre le contrôle, Merrick laissa sa tête retomber vers le sol. ''Me pardonner, hein ?'' Répéta-t-il dans un soupir chevrotant et vacillant.

En cette heure, le milicien ne pouvait s'offrir le luxe du pardon. De plus, il n'acceptait pas non plus l'ensemble des paroles d'Estelle de Chantauvent, incapable de concilier sa vision des choses avec la sienne. Il la trouvait trop bonne, trop porté vers l'excuse de ses actions. C'était une absolution de ses péchés qu'il ne méritait aucunement. Or, Lorren ne pouvait se résoudre à tout réfuter, à tout refuser. Oui, c'était son choix à lui de se pardonner ou non, mais la décision de rester auprès de lui appartenait à sa tenancière uniquement... Non ? Tandis qu'il avait cru la voir l'abandonner, celle-ci lui offrait un support qu'il ne méritait pas. Dès lors, comment pouvait-il concilier la vision dégradante qu'il avait de lui-même, et l'attachement qu'il pressentait que ressentait la jeune femme ?

- '' J'ai peur de t'abandonner.'' Stricte vérité, sans fioriture ni faux semblants. ''J'ai peur de m'engager. Je suis effrayé de vivre et de créer des liens, de me voir les briser et fuir à nouveau. Comment peux-tu m'offrir ton pardon et ta compréhension alors que j'en suis incapable ? Qu'as-tu bien vu en moi, qui mérite tous ces efforts, tous ces sacrifices ?'' En disant cela, il releva la tête vers le plafond de l'établissement. S'il était incapable de contenir ses larmes par la force, il s'aiderait de la gravité pour empêcher l'eau d'inonder son visage. ''Tu mérites tellement mieux que moi, mais...'' Non il ne pouvait lui dire. Merrick ne pouvait lui mentionner qu'il était incapable de se détacher d'elle. Ses mots risquaient de sonner le glas pour sa tenancière. Elle ne voulait pas le lâcher, l'abandonner ? Il le ferait pour elle. La rousse méritait mieux que l'infâme monstre qu'il était.

''...''. C'était un bref effort à faire. Couper les ponts ici et maintenant, mettre un frein à tout ce qu'ils vivaient avant qu'ils ne le regrettent tout deux, lorsque le moment où il fuirait arriverait. ''Estelle...'' Il ne la regardait pas. Il en était incapable. ''C'est impossible.'' Il devait être plus clair. Courage, Lorren ! ''Tout est termin...''.


Savez-vous quel est le problème avec les ultimatums ? Il faut du courage. Savez-vous quel est le problème de Merrick Lorren ? Il manque de courage.


-''Term...'' Un mot. Le milicien était à un mot de son objectif... Mais, n'avait-il pas aussi été à un pas d'aller prêter main-forte à son père face à la fange ? Y était-il allé ? ''Je ne te mérite pas.'' Encore là, c'était un fait avéré. ''Je suis un salopard si ce n'est un monstre. Je suis un ivrogne. Je suis paresseux, laxiste, lâche et couard. Je suis pauvre, illettré, je ne sais pas bien me tenir et je ne suis même pas capable de te dire si je vais fuir ou non après ce mois...'' Était-ce réellement Merrick qui parlait ? Celui qui avait une si haute estime de lui-même généralement ? Moment de faiblesse passager, ou éclair de lucidité ?

-''Tu es belle à en mourir, aussi intelligente que généreuse. Tu n'hésites pas à aider ton prochain, que ce soit les nécessiteux des bas-fonds ou bien un ivrogne comme moi. Tu es une bourgeoise, tu as une auberge et une foule de prétendants. Tu as une force de caractère incroyable et...et...'' L'émotion, la tristesse, la colère et les affres de l'ensemble des maux et des péripéties lui volaient la suite de son discours. Par ailleurs, potentiellement qu'une once de gêne venait aussi s'immiscer entre lui et son éloquence habituelle. ''Tu mérites tellement mieux que moi, mais je ne peux l'accepter.'' Oh non, il ne le pourrait jamais. Car même au plus mal, Merrick Lorren restait Merrick Lorren; un beau salopard dont la jalousie était le pire défaut.

Son regard croisa enfin celui de celle qu'il ne cherchait plus à sauver de lui-même. Était-ce une erreur de jugement, de la couardise ou un égoïsme profond ? Toujours est-il que Merrick acceptait de la condamner à potentiellement vivre cette déchirure qu'il risquait de lui apporter. Il acceptait de la faire souffrir bien qu'il l'aim...Il acceptait de se lier, de continuer et d'achever ce mois de liberté qui leur était offert. Bien que nul ne savait encore comment leur histoire se terminerait, il ne doutait plus d'une chose, alors que le calme était peu à peu venu reprendre le contrôle de ses états d'âme;


-''Estelle de Chantauvent, je t'aime.''
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptySam 6 Avr 2019 - 15:21


- « Je comprends » répondit-elle simplement « Je comprends et tu as le droit » répéta-t-elle certainement maladroitement.

Laissant ses doigts chercher à donner du réconfort, serrant davantage cette emprise qu’elle pouvait avoir genoux à terre, l’enlaçant, cherchant à le protéger comme l’œuf protégeant un poussin. Estelle n’était pas très douée pour ce genre de choses, avait-elle l’habitude d’écouter, de plaisanter, de se cacher derrière un masque, mais certainement pas d’être ainsi touché, certainement pas d’avoir peur soudainement de tout voir se volatiliser dans un nuage de poussière. La boule au ventre, la sensation de ne pas utiliser les bons mots, le besoin de parler pour le rassurer, pour lui montrer d’être là, sans savoir véritablement quoi faire… La rousse avait fini par ne plus bouger, cherchant déjà à se montrer physiquement présentement, physiquement à l’écouter via des gestes pleins de douceurs, d’incertitudes et de craintes. Merrick Lorren était un beau salopard, c’était une évidence, mais il était surtout un beau salopard humain à ses yeux et particulièrement touchant. Il ne la regardait pas, la fuyait, laissant ses joues être un chemin pour les perles salées, laissant le sol se tacher des quelques larmes qui parvenaient à s’évader.

L’avisant, encore et encore, comprenant que cette proximité ne suffisait pas, elle avait fini par venir s’installer à côté de lui, glissant une main dans son dos, pivotant légèrement vers lui pour pouvoir l’observer et laisser sa main libre la possibilité de vagabonder, pour l’inviter à venir trouver son épaule, pour l’inviter à venir contre elle. Contre elle, oui, puisque plus que jamais Estelle avait la sensation que l’un et l’autre avaient besoin de se sentir, de se toucher, de rendre concret des promesses sous-entendues, une affection effrayante.

Non. Qu’il avait dit « Si, viens là » qu’elle avait répondu tu devrais qu’il avait murmuré « Non » qu’elle avait soufflé, tu devrais qu’il avait répété « Non » qu’elle avait formulé une nouvelle fois en l’attirant jusqu’à elle.

Lentement, elle avait amené une main vers son visage, cherchant à essuyer les larmes visibles, à caresser du bout des doigts les parcelles de peau accessible, il n’était pas l’heure de le brusquer, pas l’heure de le blesser, pour autant craignait-elle de le faire, de mal agir, de ne pas adopter la bonne position celle dont lui il avait besoin et non celle qu’égoïstement la tenancière avait besoin de prendre. Elle s’était exprimée, évoquant sa pensée, aussi particulière soit-elle, aussi douloureuse fut-elle pour celle qui avait tout perdu à cause de la fange. Celui à qui elle avait tenu plus que n’importe qui était mort, mort parce qu’il avait voulu faire preuve de courage, parce qu’il avait voulu défendre la veuve et l’orphelin au détriment de la souffrance de ses proches, de sa femme. Comment pourrait-elle de ce fait en vouloir à un homme qui n’avait à ses yeux, fait que sauver sa propre vie.

- « Tu es coupable d’être humain » murmura-t-elle la gorge nouée par ses souvenirs « Je ne l’ai pas vu non, mais toi est-ce que tu l’a vraiment vu où n’est-ce que le fruit de ta culpabilité » le questionna-t-elle lentement, avec une voix douce et faible à la fois « Et tu serais certainement mort Merrick, peut-être que tu te serais fangeux aujourd’hui, peut-être… Ou bien peut-être que toi, homme, serais-tu parvenu à faire ce qu’une armée entièrement à échouer de faire, anéantir les créatures. »

La dame de Chantauvent l’avait vu se fermer, raffermir sa prise dans ses cheveux, sur son visage. Avait-elle agi sans réfléchir, laissant sa main venir doucement écarter ses doigts, retirant ses mains pour venir glisser un doigt sous son menton, pour émettre cette légère pression pour le faire se relever, pour l’obliger à la regarder. Yeux dans les yeux, la suite des paroles semblèrent lui échapper, laissait-elle parler son cœur sans être certaine d’assumer ses propos par la suite. L’émotion, le trouble, les souvenirs, la douleur de la soirée, le supplice de voir celui à qui elle s’était définitivement attaché dans un état de détresse si important sont autant d’éléments qui l’avaient poussé à s’ouvrir. Lentement, avec des pauses, avec des hésitations, Estelle avait fini par offrir à Merrick la dague pour la poignarder. Convaincu qu’il partirait, qu’il n’était pas prêt pour entendre ce genre de choses, même si elle était tout aussi convaincue qu’il avait besoin de savoir que quelqu’un pouvait être là pour l’homme qu’il était, dans sa globalité. Terminant cette déclaration aussi surprenante que terriblement sincère, Estelle était venue l’embrasser sur le front, le nez, puis les lèvres, avec une douceur infinie, avec une tendresse qui la dépassait elle-même, avec un léger tremblement au bout des doigts. N’attendait-elle pas de retour, serait elle-même incapable d’encaisser une réponse positive ou négative. Restait-elle là alors, en douceur, dans un large petit sourire teinté de ce voile de regret, de tristesse, mais aussi d’espérance.

Au moment où il répéta sa question, où il évoqua le pardon, Estelle comprit qu’elle n’avait pas su trouver les mots, qu’elle n’avait pas su lui ouvrir la porte de l’acceptation. N’était-elle pas prêtresse après tout. Ce fut douloureux, d’accepter d’être incapable de lui venir en aide, accablant presque de réaliser que malgré toute sa bonne volonté elle devait rester en arrière, le laisser faire son propre chemin vers l’avancement. Allait-elle le perdre ? Ce fut le cœur déchiré dans cette incertitude, les dents rongeant un instant sa lèvre inférieure, alors qu’elle tentait à son tour de se contenir. Alors que les mots commençaient à devenir des maux pour celle qui tentait d’être forte pour deux.
Merrick évoquait sa crainte de l’abandonner et elle secoua doucement la tête, elle était seule à devoir décider si elle prenait le risque, seule, il n’avait pas le droit de choisir pour elle.


- « Alors, ne t’engage pas, ne crée pas de lien, restons comme ça » souffla-t-elle « Comme ça, d’accord ? Et si tu pars, tu pars, cela ne fait rien, mais essayons, essayons »

Aurait-elle pu le supplier sur l’instant, l’implorer de tenter au moins, d’avancer, de faire un pas en avant et non six en arrière. Sa main était venue récupérer la sienne, aurait-elle réellement voulu y croire elle aussi, aurait-elle réellement voulu que cela fonctionne, que le temps les rapproche, une fois, une minuscule fois.

- « Tu le découvriras toi-même, ce que j’ai vu en toi, quand tu accepteras de te voir avec mes yeux et non le voile de reproche que tu t’infliges continuellement » murmura-t-elle simplement « Mais ? »

Elle le regarda, sentant son cœur accélérer dans sa poitrine, alors que le poignard qu’elle lui avait fourni en pleine conscience semblait menacer de s’abattre dans sa poitrine, alors qu’elle se sentit défaillir, qu’elle y la sensation que le sol sous ses pieds sous fesses s’ouvrait pour l’avaler, pour l’ensevelir. Alors qu’elle sentit au fur à mesure de ses paroles et de ce mot qu’il ne parvenait pas à terminer, que justement, tout était fini, qu’elle avait perdu, qu’elle l’avait perdu. Pour autant, celle à la chevelure flamboyante n’avait pas lâché sa main, même si celle-ci devait s’animer de léger tremblement provoqué par ce trouble et la sensation que son cœur venait d’obtenir une nouvelle cicatrice. Aurait-il dû se taire finalement, aurait-elle préféré qu’il se taise à jamais, ne formule pas les mots si dur à son égard, mais qu’elle percevait comme une rupture, comme un renoncement, comme un abandon.

Déglutissant, ne sachant si elle allait encore parvenir longtemps à encaisser les coups, les marques et cette envie de hurler, de pleurer autant qu’elle le pouvait. Estelle ne bougeait pas, écoutant, écoutant sans le regarder, c’était à son tour de fuir, à son tour alors qu’elle avait la sensation de prendre de multiples coups de Brigitte sur la tête. Comme assommée, comme en perte de connaissance, la dame de Chantauvent avait légèrement relevé la tête pour détailler le plafond. Encaissant encore, comme elle avait encaissé face à celui qui était venu lui annoncer la mort de son mari. Renifla-t-elle, tenta-t-elle de serrer sa gorge, de déglutir pour empêcher les larmes de couler, tenta-t-elle de cesser de se haïr pour son incompétence à lui faire voir ce qu’elle voyait en lui. Enfonçait-elle ses ongles dans son bandage, cherchant certainement à s’infliger une douleur physique qu’elle avancerait pour justifier sa tristesse.

Il avait poursuivi avec cette vision si erronée qu’il pouvait avoir d’elle, prétextant son niveau de vie, son établissement, ses prétendants, aurait-elle voulu le secouer, lui dire d’ouvrir les yeux, de voir au-delà des apparences, oui aurait-elle voulu qu’il comprenne qu’elle n’était pas cette femme si douce, si joyeuse, si pleine de vie et de dynamisme, ne pouvait-il pas comprendre, ne pouvait-il pas accepter l’idée qu’elle porte un masque elle aussi.


- « Et c’est toi que je veux » souffla-t-elle, incapable de lui dire le reste, incapable de lui parler de ses doutes, de ses troubles de ses angoisses « je me moque bien des autres, un mois Merrick, un mois, c’est la chance que je te demande… »

Avisant le plafond, elle avait fini par laisser un soupir fruit ses lèvres, alors qu’elle était parvenue à maintenir un semblant d’illusion, alors qu’aucune larme n’avait dévalé ses jours, alors que rien absolument rien ne pouvait lui faire plus mal que l’instant présent. Trifouillant davantage son bandage de fortune, cherchant un moyen de fuir tout en restant, elle avait fini par jeter un regard vers celui dont le visage était humide, rouge, et dont les yeux semblaient remplis de doute et d’angoisse. Ne put-elle s’empêcher de venir laisser courir ses doigts sur sa joue, conscience désormais, ou n’ayant pas compris convenablement les paroles de Merrick, pensait-elle que tout serait terminé après cette soirée. Puis ce fut cette vague, cette tempête, cette claque monumentale qui s’était abattue sur la totalité de son être. Merrick venait de lui dire qu’il l’aimait et son visage dut soudain blanchir, devenir si pâle qu’on aurait cru pouvoir prétendre qu’elle avait vu un fantôme.

Si elle c’était senti prêtre à formuler les mêmes paroles dans un contexte précis, recevoir un retour n’était pas quelque chose qu’elle avait envisagé et se retrouvait-elle bien incapable de formuler quoi que ce soit. Ce fut comme le coup de droit, les hauts et les bas de cette discussion ne trouvant plus le moindre sens dans son esprit. L’avait-il quitté, ou sous-entendu, avait-il dit qu’il ne la méritait pas, qu’elle devait trouver mieux, avait-il prétendu… Puis ça, ça, non, ce n’était pas envisageable, pas entendable pour celle qui ne parvenait pas à articuler le moindre mot et qui laissait son regard vagabonder sur le visage de Merrick Lorren à la recherche d’explication de compréhension.

Cette fois-ci, les larmes avaient fini par dévaler ses joues, alors qui lui semblait insurmontable de ne pas réagir, elle s’était décalée pour se placer face à lui, attrapant de ses deux mains ses jours pour venir l’embrasser. Mélange de douceur et de passion, d’angoisse et de tristesse, de désir et d’incompréhension, ce baiser devait avoir une saveur particulière, bien que la tendresse semblait être au rendez-vous, bien que les sentiments semblaient être tout aussi présent. Estelle n’avait pas pu empêcher de laisser ses doigts réaliser cette légère pression, alors qu’elle abandonnait ses joues pour laisser une main glisser dans son cou et l’autre dans son dos, l’obliger à se rapprocher, l’obliger à se coller, à se rassurer dans un moment tendre, dans un élan de tendresse autant réconfortante que douloureuse. Le serrant contre elle, laissant si il acceptait l’échange perdurer jusqu’à devenir plus intime, jusqu’à laisser les langues danser ensemble, les salives se mélanger dans une valse particulièrement, jusqu’à laisser ses doigts se glisser sous ses vêtements, jusqu’à avoir le goût de lui, le goût des larmes, alors que les siennes ne cesser de couler sans qu’elle ne puisse cette fois-ci les retenir.

Un instant elle se détacha murmurant son prénom, juste son prénom, avant de venir une nouvelle fois l’embrasser, avant d’abandonner à parler alors que les questions se bousculaient dans son esprit. Pourrait-elle s’abandonner, se sentait-elle capable de s’abandonner, s’imaginait-elle attraper sa main, l’emmener à l’étage, ouvrir la porte de sa porte et le pousser contre celle-ci… Elle dut faire un effort surhumain pour y renoncer, pour ne pas le brusquer, pour ne pas oser. L’échange se termina sans qu’elle s’éloigne, sans qu’elle ne le brusque, ignorait-elle quoi faire, quoi dire, quoi murmurer, quoi supplier, Estelle était entièrement perdue et ce fut finalement cet aveu douloureux.


- « Je ne suis pas heureuse dans ma vie » un souffle, un murmure, un soupir, une larme « Plus depuis qu’il n’est pas là… plus là… » elle avoua maladroitement « Je n’aide pas les gens pour faire une bonne action… J’aide les gens pour oublier, ne pas penser et pour faire augmenter la réputation de la chope sucrée… Je ne suis pas si bonne que tu le penses Merrick, vraiment pas… Moi aussi ai-je des mauvaises pensées, moi aussi… »

Elle ne disait pas tout, évidemment, cela viendrait avec le temps, mais voulait-elle qu’il comprenne, qu’il soit en mesure d’entendre qu’elle n’était pas si belle, si parfaite, si désirable, qu’elle n’avait pas tant le cœur sur la main que ça, que la richesse ne faisait pas tout et que peut-être, peut-être qu’elle aussi portait souvent un masque, les apparences étaient trompeuses, le réalisait-elle avec lui, mais lui, le réaliserait-il avec elle ?

- « Pardon de ne pas avoir vu ou compris Merrick… Tu es libre, de choisir ce que tu veux, partir, rester… Tu es libre d’essayer ou de renoncer, d’abandonner ou non… Tu es libre d’essayer de te pardonner ou de continuer à t’enfermer dans cette culpabilité, tu es le seul à pouvoir décider pour toi, comme je suis là seule à pouvoir décider pour moi… Tu m’as promis de ne plus me faire de mal… Alors s’il te plaît, ne me laisse pas avant la fin de ce mois.. Laisse-moi, laisse-toi, laisse-nous une chance… » une chance de quoi, de se détruire, de se faire du mal ? « Après ça tu seras libéré de cette promesse et même si tu disparaissais je ne t’en voudrais pas… »

Faisant silence, toujours face à lui, conscience que cette discussion devenait trop sérieuse, trop triste, trop pleine d’émotion aussi positive que négative, Estelle décida de tenter de réajuster, d’alléger la situation.

- « Et puis, devenir un riche bourgeois avec une sorcière à la chevelure des démons pour épouse… N’est-ce pas une bonne finalité ? Tu auras même le droit d’utiliser Brigitte, je t’offrirais Jean Paul… Brigitte et Jean Paul les casseroles terrorisant la population… Ça ne se refuse pas n’est-ce pas ? » elle étira doucement ses lèvres, reniflant un peu les lèvres tremblantes « Et puis après si tu préfères Bernatte, arrière-grand-mère ne parvenant même plus à faire un pas en moins d’une heure, à la chevelure dégarnie ne restant plus qu’une mèche à droite à gauche, incapable d’articuler ton prénom sans s’essouffler, ça me donnera une occasion d’essayer de te tuer… Ou de te prendre en pitié, moi je resterais avec Roger, homme chauve sans le moindre poil sur le caillou… A m’imaginer une manière de le faire tomber dans les escaliers tout en faisant passer ça pour un accident… Qu’est-ce que tu en penses ? »

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyDim 7 Avr 2019 - 7:50
Merrick Lorren avait été ballotté de tout bord tous côtés par le ressac houleux du ressentiment qu'il vivait contre lui-même. En proie à une émotivité qui ne lui était guère coutumière, à des tourments qui prenaient racine et s'arrimaient dans son passé, le milicien avait explosé, se laissant aller à ce moment de faiblesse qui l'avait fait s'ouvrir. Il avait eu peur de voir Estelle de Chantauvent l'abandonner, tandis qu'elle découvrait son inaction face à la mort de ceux qu'ils aimaient. Or, contre toutes attentes, cette dernière s'était dressée comme la protectrice de ses états d'âmes, comme la planche de salut qui lui permit de ne pas sombrer dans la mer agitée qu'étaient ses émotions chevrotante et vacillante.

Pour autant, le pire restait à venir, alors qu'il était incapable de comprendre comment sa tenancière pouvait encore accepter sa présence et vouloir de lui. De fait, ce support empreint et empli de tendresse qu'elle lui offrait se transforma plutôt en prison. Car oui, voir la rouquine l'abandonner aurait été excessivement souffrant, mais il aurait compris. Or, la voir rester le plongeait dans l'incompréhension la plus totale, tandis qu'il savait ne pas mériter sa présence. Ainsi, découvrant cette nouvelle réalité, réalisant qu'elle risquait d'en souffrir à cause de lui, Merrick avait pris sa décision pour préserver la dame de Chantauvent. Elle ne voulait pas l'abandonner ? Lui le ferait pour elle.

La volonté derrière cette prise de position était de la protéger contre lui-même. Tandis qu'Estelle semblait vouloir embrasser le risque de le voir la blesser, lui ne pouvait l'accepter. Incapable de lui promettre d'être là pour elle et de ne jamais fuir, tandis que le jeune homme n'avait aucune confiance quant à son courage, il ne pouvait faire qu'une seule et unique chose; mettre un frein à tout cela. Lorren n'avait rien à lui promettre, rien à lui offrir. Il n'était qu'un salopard, qu'un ivrogne qui savait que tout risquait de mal se terminer, alors qu'il n'était pas certain de pouvoir s'engager et sachant pertinemment qu'elle méritait mieux que lui, quelqu'un de plus sérieux, de plus fidèle et de plus fiable...

Ainsi, Merrick Lorren commença son discours, pour mettre un terme à leur histoire naissante. Se faisant, les affres en provenance du passé s'éclipsèrent devant les maux du présent, face à la difficulté de l'action qu'il s'apprêtait à commettre. En quelque sorte, cette nouvelle difficulté fut ce qui le tira des réminiscences douloureuses de ce qu'il avait vécu jadis.

Que c'était dur ! Les mots que Merrick tentait de proférer le faisaient souffrir. Mais, il était évident qu'il n'était pas le seul à ressentir leur morsure. De fait, la rouquine semblait comprendre où il voulait en venir, goûtant difficilement à la suite qui ne saurait tarder. Le milicien sentait la main de sa tenancière trembler dans la sienne. Avec plus de courage, il aurait lâché ses doigts, la laissant aussi seule et esseulée, que lui-même pouvait l'être, pour appréhender la finalité de leur relation naissante. Or, il en était incapable. De peu, il réussit à se retenir de lui offrir une pression encourageante et réconfortante. Après tout, le milicien ne devait pas l'oublier; il se positionnait comme le bourreau qui trancherait leurs liens. Dès lors, aucun élan de tendresse ne devait interférer entre Estelle, lui, et cette finalité inéluctable.

Leur regard s'évitait, tandis que l'homme d'armes n'était pas armé pour ce genre de discours, incapable de finaliser sa sentence qui tomberait comme le couperet. Du coin de l'œil, il vit la jeune femme relever son regard vers la voûte de son établissement. Tournant autour du pot, rendant probablement cela plus souffrant que nécessaire, Lorren esquiva encore l'ultimatum, essayant d'expliquer à quel point il ne la méritait pas, dressant ses défauts, avant de hisser la dame de Chantauvent sous une pluie de compliment. L'entendre dire que c'était lui qu'elle voulait et qu'elle désirait ce mois ne l'aida aucunement. Les doigts qui revinrent se perdre sur son visage ne firent que lui faire perdre l'infime parcelle de courage dans laquelle il se drapait.

Merrick Lorren était un salopard de la pire espèce, un être aussi narcissique que condescendant. L'idée de s'éloigner d'Estelle de Chantauvent, pour la protéger elle, était une action certes difficile, mais à tout le moins désintéressée et empreinte d'une bienveillance emplie de tendresse qui ne lui ressemblait guère. Mais, bien que son affection pour la jeune femme le transformait de plus en plus, Merrick restait celui qu'il était. Ainsi, il ne put se résoudre à mettre en œuvre la finalité de son action, à abandonner pour préserver sa tenancière. En même temps qu'il s'en voulut pour son manque de courage, l'abandon de cette idée de la quitter fut vécu comme une salvation. Articulé autour de ce sentiment doux-amer d'un échec salvateur, Merrick laissa les derniers relents de réflexions douloureuses quitter son esprit qui avait été trop longtemps arrimé aux blessures du passé, du présent et potentiellement du futur. Ce faisant, sans aucune pensée néfaste, l'esprit aussi clair que vide, Merrick Lorren lâcha une énormité, qui bien que véridique et exact, qu'il n'avait pas prévus.

-''Estelle de Chantauvent, je t'aime.''

Elle était devenue pâle, lui était devenu rouge, alors que la gêne était venue prendre le contrôle et les rênes de son faciès. Lorren du faire un effort surhumain pour ne pas détourner les yeux et pour continuer à contempler ceux de celle a qui il venait de faire en une déclaration d'amour. Lorsqu'il vit les larmes commencer à s'écouler des yeux d'Estelle, la mine sérieuse du milicien fondit comme neige au soleil. ''...Hein ?'' L'incompréhension venait de prendre la main mise sur son visage. Avait-il fait une erreur en lui disant ces mots ? Il ne voulait pas la faire souffrir ! '' Désolé ! Je ne voulais pas... je retire ce qu...'' Ses mots avaient été dits avec une rapidité excessive. Or, il ne put jamais terminer sa phrase, tandis que la dame de Chantauvent vint trouver de ses mains ses joues, de ses lèvres sa bouche.

Comment qualifier cet échange ? Ce fut un mélange de douceur et d'ardeur, de tendresse et d'un désir aussi incisif que vrillant. À la fois constitué des relents de la tristesse et de l'angoisse qui les avait impactés tous deux, ce rapprochement était aussi vécu comme une profonde passion transportée par les flammes des sentiments, de l'attirance et de l'envie. Voulant supplanter les derniers stigmates douloureux de leur conversation, l'échange gagnait encore et toujours plus en vigueur. Suivant la courbe ascendante, la retenue s'amenuisait au rythme du contact qui s'opérait encore et encore entre leurs lèvres et leurs langues. Aussi fébrilement que fiévreusement, ses mains partaient se perdre sur le corps de sa tenancière, commençant leur course dans son dos pour aller se perdre sur sa nuque et dans sa chevelure. Ne se faisant aucunement prier pour se presser encore plus au corps qui l'attirait, les sens du milicien s'embrasèrent comme jamais, vrillés et ballottés en tout sens. Lorsque les doigts d'Estelle se faufilèrent en dessous de sa chemise, Merrick répondit à cette conquête de la même façon, envoyant l'une de ses mains à la découverte de la cuisse de la jeune femme.

Durant un infime instant, le baiser prit momentanément fin, lorsqu'elle s'éloigna de lui pour proférer son nom. Reprenant contact avec la réalité, Lorren remarqua qu'elle pleurait encore. En proie aux remords à cause de ses larmes qu'il avait créées, incapable de percevoir si c'était de douleur, de joie ou d'un savant mélange des deux, Merrick s'appliqua à les gommer en revenant au contact de ses lèvres. Si ses mots précédents ne suffisaient pas à effacer tous les maux, ses actions prendraient la relève.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le rapprochement et la promiscuité qui les unissaient de nouveau ne venaient aucunement prendre racine dans l'impératif d'un ébat et de l'épanchement de son désir charnel. Oui, ses sens s'enflammaient aussi vite que sa retenue s'amenuisait. Pour autant, l'important à ce moment pour le jeune homme était plutôt d'effacer les derniers relents et stigmates de peine et de douleur. Il culpabilisait et souffrait d'avoir fait ressentir des émotions aussi vives à celle qui se trouvait devant lui. Lorren avait promis qu'il ne la ferait plus souffrir. Avait-il déjà échoué, tandis qu'elle pleurait ?

Dès lors, ce fut à son tour d'être à l'écoute, de tenter de se présenter comme le support adéquat. Y parviendrait-il, réussirait-il ? Leurs lèvres venaient de se quitter, Estelle avait commencé à parler. ''Je ne suis pas plus heureux dans la mienne. Si ce n'est quand je me retrouve avec toi.'' Aussi exact qu'avéré. Depuis combien de temps le milicien n'avait pas été joyeux de son existence ? L'alcool était un refuge, non pas un plaisir. Sa profession était un gagne-pain plutôt qu'une passion. L'unique chose qu'il faisait pour lui, par désir et intérêt, c'était de passer du temps avec sa tenancière. ''Peu importe les raisons. Le fait est que tu aides ton prochain. Intéressé ou non, cet apport positif faisait le plus grand bien autour de toi.'' Lui-même pouvait en faire mention, alors qu'il avait goûté son secours à leur rencontre. Peu importe ce qu'elle dirait. À ses yeux, Estelle de Chantauvent était aussi belle que désirable et parfaite. S'aveuglait-il ? Probablement. Mais, ne l'avait-elle pas fait elle non plus précédemment avec lui ?

Du pouce, Merrick vint empêcher une perle saline de venir s'écouler le long du visage de sa tenancière. '' Je vais essayer. C'est ce que j'ai fait en te disant...'' Il ne le répéterait pas. Du moins, pas encore. Son visage s'empourpra de nouveau, bien que fugacement et brièvement.'' Je nous laisse une chance...'' L'hésitation était perceptible, facilement discernable dans son regard qui se fit fuyant un instant, dans son ton qui se fit hésitant dans son débit de voix qui vacilla. ''Mais j'ai peur de te blesser.'' Poursuivit-il, en allant appuyer son front sur l'épaule de la dame de Chantauvent. '' Je m'en voudrais de te fuir.'' Commença-t-il dans un soupir. ''Je m'en veux autant d'être incapable de te promettre quoi que ce soit, que de ne pas être capable de mettre un terme ici et maintenant à tout cela.'' C'était peut-être un peu contradictoire. Mais, Merrick Lorren était un homme de contradiction, encore plus en cette heure. Après tout, il est très rare qu'un salopard soit beau...

Relevant la tête, il attrapa le menton d'Estelle de sa main, plongeant ses yeux dans ceux de la rouquine. '' Pour le meilleur et pour le pire Estelle de Chantauvent, je serais là pour ce mois.'' C'était une promesse si fugace sur la durée, si bénigne sur le temps long. Or, en ce jour, le milicien ne pouvait promettre plus. Le pourrait-il un jour ? Allez savoir. Toujours est-il qu'il voulait le croire, qu'il espérait se donner la chance. La chance de rêver, l'espoir d'être heureux. Pour sceller cette promesse qu'il lui faisait, l'ivrogne vint embrasser aussi doucement que tendrement celle qui se retrouvait attachée à son être durant les 31 prochains jours.

Souriant à la suite de ses mots, Merrick Lorren embrassa avec plaisir la légèreté du discours en devenir. Ce dernier revenait s'articuler autour de leur habitude des phrases espiègles, amusée et taquine. ''Cela devient vraiment tentant...'' Dit-il en faisant semblant de réfléchir, passant un bras autour des épaules de la rouquine en restant assis au sol et elle près de lui. '' Décidément, je serais choyé de pouvoir user de Brigitte, sans que je n'aille jamais eu à goûter son attaque !'' Puis d'une moue amusée, bien qu'encore un peu marquée par les derniers stigmates des conversations précédentes. ''Jean-Paul, hein ? Pourquoi pas, pourquoi pas... mais tu sais quoi ?'' Concéda-t-il tout d'abord comme quelque chose qui était impossible à réfuter et refuser. '' Je crois que j'apprécierais aussi l'idée que la Chope Sucrée devienne, la Chope Sucrée de Lorren.'' Finalisa-t-il avoir son sourire en coin. ''Avec ça, dur d'aller voir ailleurs !''

Le timide sourire qui était redevenu une trace d'amusement plus prononcé laissa place à un petit rire. Peu à peu, il était évident que les nuages des affres douloureuses s'estompaient. Du moins, pour l'ivrogne qu'il était. '' Bernate, hein ? Je ne dis pas non si elle est rousse, jeune, fringante et aussi belle qu'une certaine de mes connaissances. Et puis, au besoin, je t'aiderais aussi à faire tomber ton vieux dans un escalier. Tu pourrais ainsi m'offrir une douce récompense pour mon effort !'' Puis après quelques instants de fausse réflexion: ''Mmh... je commence à me questionner à savoir ce que je préférerais. La rousse épouse, ou bien la récompense pour m'avoir débarrassé d'un vieillard. Crois-tu qu'il y ait moyen de concilier les deux ?'' La lueur qui inondait ses pupilles ne laissait que très peu de doute sur la teneur de la ''récompense'' que le fieffé ivrogne espérait acquérir.

Se relevant enfin, tendant une main en direction de sa tenancière, Merrick lui offrit un nouveau sourire. L'homme d'armes était heureux de quitter sa position prostré au sol. Ce mouvement était comme une renaissance, un moyen de s'éloigner de cet épisode douloureux. ''Désolé pour ça.'' Dit-il en pointant le sol du menton et se passant -enfin depuis le temps- une main dans la chevelure. Nerveux, dansant d'un pied sur l'autre, le milicien reprit le contrôle de lui-même. '' Si je ne m'abuse, nous avions parlé de ranger, d'une infusion, de s'embrasser et que nous passions la nuit ensemble, non ?'' Oui, Merrick ne perdait pas le nord. La fin de sa tirade n'avait pas été présentée ainsi par la dame de Chantauvent. Or, Lorren s'était permis une bien minime digression...

-''Je m'occupe des infusions, Princesse.'' Déposant un baiser sur la main valide de la jeune femme et lui offrant un clin d'œil, le milicien parti en cuisine pour mettre de l'eau sur le feu. Ce petit instant de solitude, devant le liquide qui se dirigeait vers l'ébullition lui était nécessaire, histoire d'arrimer et de conforter tout ce qui s'était joué et déroulé. C'était quelque peu gênant, il fallait l'admettre... Aussi bien son moment de faiblesse que lorsqu'il lui avait dit qu'il l'aimait. Frottant son visage de ses deux mains, l'homme d'armes repoussa au loin ces pensées et les couleurs qui risquaient de revenir au galop sur son visage. Il en survivrait.

Revenant dans la pièce principale, Merrick déposa les deux tasses fumantes sur le comptoir du bar. Regardant sa tenancière, s'appuyant au support de bois, il prit la parole. ''Tu devrais faire le service dans cette tenue.'' Dit-il avec un sourire espiègle en coin, la détaillant des pieds jusqu'au visage sans la moindre gêne. Un peu comme lors de leur rencontre. À la différence que cette fois-ci, son regard n'était pas uniquement lubrique, mais aussi bien plus tendre... Tendant une tasse à Estelle, Lorren se saisit de la seconde.''Finalement, oublie ce que je viens de dire. Je ne préfère pas. Trop d'ivrognes te tourneraient autour ! '' Pour faire bonne mesure à ses paroles, le jeune homme souleva l'infusion en direction de ses lèvres, enserrant le contenant de ses deux mains pour savourer la chaleur qui se dégageait du breuvage.

-'' Alors Estelle de Chantauvent. À quoi en sommes-nous rendus ?''

De quoi Merrick Lorren voulait-il bien parler ? De la soirée, de leur relation, du mois à venir ? Dur à dire, difficile à discerner. Pour autant, la lueur farouchement amusée de son regard bleu démontrait bien que lui-même n'en avait pas la moindre idée. Était-ce un mal ? Pas le moins du monde...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] EmptyDim 7 Avr 2019 - 16:02


Ce fut un baiser, comme un premier véritable baiser, comme une promesse, comme-ci c’était la première fois que les lèvres se touchaient, s’effleuraient, se dévoraient. Il n’y avait rien de chaste dans cet échange, mais beaucoup de pureté, de sentiments, d’attirance, de mélancolie teintée de ce soulagement presque inexplicable. Estelle avait ressenti ce besoin, cette nécessité de clôturer la discussion de cette façon, de sentir sa langue contre la sienne, sa bouche dévorant ses lèvres, goûter sa salive, mélanger ce désir et ce besoin de réconfort immédiat. Plongée dans le moment présent, comme enchaîné à celui qui venait de la tourmenter dans une mer bien trop agitée et incertaine pour elle, la rousse était tout simplement incapable de l’abandonner, de le laisser et l’échange c’était très rapidement transformé en quelque chose de plus passionnel, fusionnel. Ses doigts avaient abandonné son visage, ses joues, pour descendre le long de son cou, de ses épaules, de ses bras, pour arriver finalement lentement mais sûrement à ce besoin de chaleur, glissant sous sa chemise, goûtant à la sensation de sa peau sous la paume de sa main. Les paroles de son milicien ricochaient dans son esprit, lui avait-il dit qu’il l’aimait, juste après avoir amené une possible rupture, une possible fin à cette histoire.

C’est les joues humides de larmes qu’elle s’était promis de ne plus jamais faire couler, des doigts légèrement tremblants, mais pleins de douceur et de curiosité, c’est dans un souffle plus saccadé, dans une fièvre nouvelle que l’échange salivaire c’était poursuivi, teintée de ce désir presque innocent de se consoler, de s’apprivoiser physiquement, de s’abandonner pour mieux se réconcilier, mieux se retrouver. La main vagabonde de Merrick sur sa cuisse, osant se glisser sous ses quelques jupons ne sembla pas la déranger, lui offrant bien au contraire, cette multitude de frissons mi agréable, mi-désagréable. Toute bonne chose devait néanmoins connaître une fin et ce fut le gars de cet échange, de ce désir, de cette sensation de se consommer sur place à chaque fois qu’elle sentait les doigts de son séducteur progresser sur sa cuisse, ou sa langue se faire un peu plus intrusive. Son cœur battait la chamade, dans des percussions qu’elle ne se connaissait plus depuis longtemps, sa respiration presque difficile n’en était pas moins ni douloureuse ni dérangeante, bien au contraire. Aurait-elle voulu que le temps s’arrête là, immédiatement, aurait-elle voulu que rien ni personne ne puisse stopper ce moment, ce premier véritable baiser du couple alors que tout deux semblaient accepter de ne plus uniquement jouer pour un temps.

C’était-elle finalement éloigné, le temps de respirer, le temps de détacher ses lèvres des siennes, le temps d’essayer de stopper la fontaine de ses yeux qui ne semblaient plus vouloir s’arrêter. Respirant plus lentement, bien qu’à un rythme toujours irrégulier, ayant toujours cette sensation d’enivrement alors que ses prunelles devaient hurler ce fameux mot ‘encore’, alors que ses doigts se sentaient soudainement inutiles bien loin de la peau brûlante de Merrick, alors qu’elle aurait voulu tellement plus, beaucoup plus. S’ouvrant essayant, évoquant des faits bien trop réalistes pour elle, elle qui tentait de s’abandonner derrière un personnage qu’elle c’était inventé presque de toute pièce : la rayonnante Estelle de Chantauvent. Percevait-il son émotion, percevait-il se qu’il provoquait chez elle alors qu’il évoquait être heureux avec elle, alors qu’il en peignait un portrait bien trop parfait à ses yeux. Avait-elles manqué de glisser ses mains sur ses orbites pour le traiter d’aveugle, mais ses mains s’étaient arrêtés sur celle de son milicien, avec l’espoir de sentir leur doigt s’entrelacer longuement pour peut-être ne plus se séparer.

Se perdant dans son visage, dans son regard, Estelle essayait tant bien que mal de déterminer ses craintes, ses doutes, ses peurs, ses besoins. Son cœur tambourinant plus fort, si fort qu’elle était certaine qu’il devait l’entendre. Boum, boum. Boum, boum. La rouquine était quant à elle convaincue que son cœur devenait musicien pour ainsi offrir un rythme qu’elle ne connaissait pas, avait elle-même déplacé sa main blessée au niveau de l’emplacement –qu’elle pensait connaître- de son palpitant, pour l’empêcher de s’échapper. Il acceptait de laisser une chance. Boom, boum, le rythme s’accentuait, il avait peur de la blesser, boum,boum c’était encore pire. Il avait peur de fuir, BOUM, il sembla s’arrêter soudainement, alors que ses prunelles s’écarquillaient légèrement et qu’elle essayait de se convaincre que ce n’était pas bien grave. Il évoquait s’en vouloir de ne pas être capable de mettre une fin à cette histoire maintenant et là ce fut son souffle qui sembla lui manquer, qu’elle tenta de dissimuler aussi bien que possible.


- « Pour ce mois alors » répéta-t-elle sans grande conviction cette fois « Et puis, peut-être que c’est moi qui prendrais la fuite et que je serais une belle saloparde » avait-elle tenté de mettre au féminin sans être convaincu que ce soit ça.

Secouant finalement doucement sa crinière, ce fut la dame de Chantauvent qui s’appliqua pour une fois à tenter de teinter la conversation d’une nouvelle légèreté. Il avait glissé un bras autour de ses épaules, elle était venue se blottir presque naturellement sans douleur, laissant cette respiration irrégulière caresser la naissance de son cou. Merrick était redevenu Merrick et la conversation avait fini par presque retrouver un peu de banalité –du moins pour eux-, alors qu’Estelle étirait ses lèvres dans un sourire tendre, plus sincère, l’observant s’imaginer ne plus recevoir de coup de Brigitte.

- « Enfin pour Brigitte, je ne peux rien te promettre, j’ai encore quelques mauvais réflexes » tenta-t-elle de sous-entendre, glissant un baiser juste dans son cou

Puis son visage dû de nouveau blanchir, presque soudainement alors qu’il imaginait renommer le nom de l’établissement par son propre nom. La chope sucrée de Lorren. Ce fut un demi-choc pour celle qui avait tout monté avec son mari, tout crée, tout mis en place, comment pourrait-elle lui faire ça à lui ? S’était-elle pincé la lèvre, laissant transparaître une certaine crispation alors qu’elle faisait tous les efforts du monde pour ne pas le laisser paraître, pour ne pas faire retomber cette ambiance qui s’était enfin calmée.


- « Ça ne va pas non » fit-elle finalement « Parce que qu’est-ce qui m’empêcherait moi d’aller voir ailleurs en ce cas hein ? Ou alors il faut que cela se nomme la chope sucrée DES Lorren. »

Ce fut un petit silence alors qui lui fallait elle-même temps un petit peu de temps pour assimiler l’idée qu’elle avait lancée en essayant de s’accrocher à une branche pour ne pas sombrer. C’est d’ailleurs dans le but d’étouffer cette proposition qu’elle enchaîna sur de nouveau l’improbabilité d’un mariage arrangé avec des anciens revenus des morts sans dents et sans cheveux.

- « Je ne crois pas non » ronronna-t-elle presque « A son âge elle n’aura plus de cheveux, donc pas rousse épouse, je resterai la seule et unique rousse de cet établissement » fanfaronna-t-elle presque « Et mon vieux, une fois en bas des escaliers, il faudrait le cacher, on n’aura pas le temps de réaliser une quelconque récompense, il faudra essayer de l’avoir avant. »

Elle avait glissé un doigt sur son nez, pour appuyer doucement à l’extrémité avant de rire discrètement, comme si elle avait un peu honte des paroles qu’elle formulait. Toujours contre lui, les angoisses semblaient peu à peu disparaître, lentement, sûrement, bien qu’une petite boule sombre restait dans le fond de son cœur, un petit murmure qui n’avait de cesse de lui rappeler qu’elle trahissait à la fois Eude, même aussi elle-même en continuant une relation qui irait certainement droit dans le mur. Il avait fini par rompre en douceur le rapprochement et la proximité, se relevant puis l’aidant à se relever, avant de reformuler les projets qui s’étaient dessinés avant que la tempête ne s’abatte sur le couple.

- « Tarata » avait-elle dit en glissant une main sur ses hanches « De dormir ensemble, dor-mir » tenta-t-elle en le dévisageant un instant il avait passé une main dans ses cheveux prétextant s’occuper des infusions « Je me fais rouler en ce cas » dit-elle en riant un peu « A la base tu devais m’aider à ranger, vil coquin»

L’avisant s’éloigner après avoir embrassé ses lèvres, Estelle secoua doucement la tête, passant à son tour dans le même geste que Merrick pouvait avoir, une main dans sa chevelure, avait-il quelque peu déteint sur elle à ce niveau. Se déplaçant jusqu’à la table, la rousse resta un moment immobile, le silence avait fini par revenir et seule, elle réalisait seulement et pleinement tout ce qui venait de se jouer, de se dire en si peu de temps. Honteuse, peut-être même déstabilisée par tout ça, la tenancière avait dû sembler un peu perdue, attrapant les assiettes rassemblant tout en se perdant dans une multitude de pensées.

Sursautant à l’entente de la voix de Merrick qu’elle n’avait pas entendu arriver, elle pivota légèrement en lui tirant la langue, avant d’aviser sa propre tenue pour comprendre.


- « Serais-tu jaloux, Merrick Lorren ? peut-être devrais-je en ce cas, servir dans cette tenue » répondit-elle pleine d’espièglerie au fond des yeux, s’approchant les bras chargés des assiettes pour la plupart encore pleines et des petits récipients de sauces.

Déposant l’ensemble sur le bord du comptoir, elle avait attrapé la tasse qui lui était réservée pour y tremper les lèvres, avalant une gorgée de l’eau brûlante, mais pourtant agréable. Ses deux prunelles vertes avaient détaillés le visage de son milicien, cherchant à savoir de quel sujet parlait-il, préféra-t-elle répondre presque innocemment.

- « Si je suis bien le plan que nous avions fait ensemble, nous avons les infusions, le rangement est presque terminé, il restera donc le bain et la nuit ensemble à dormir, dor-mir Merrick hein. » Tenta-t-elle de plaisanter sagement. « Tu peux toujours commencer à remplir la bassine à l’étage si tu le désires… À moins que tu ne préfères ranger. »

Avisant l’établissement, il restait en effet encore un peu de travail pour le rangement, fallait-il remettre les tables en place, relancer le feu de la pièce principale, passer un coup de balai, faire le nettoyage rapide des ustensiles de cuisine, la petite vaisselle et puis cela devrait être bon, réellement. À moins qu’une tout autre idée venait de se glisser dans l’esprit de la dame de Chantauvent qui camoufla un sourire derrière une nouvelle gorgée de son infusion.

- « Et puis tu as dit que tu étais mon serviteur pour un mois et ça, ça c’est important… » elle glissa derrière le comptoir tasse en main pour venir se positionner à côté de lui, déposant le récipient pour éviter toute forme d’accident « Je suis tentée d’en profiter » fit-elle un sourire et un regard joueur sur les traits de son visage, déposant un doigt sur la torse de Merrick « Qu’est-ce que ça peut faire un serviteur ? » questionna-t-elle le plus innocemment du monde.

La rouquine restait joueuse, particulièrement maintenant que toute la tension était retombée, maintenant qu’elle sentait son cœur avoir cessé de tambouriner, que sa respiration était devenue plus régulièrement moins défaillante. Glissant une main dans son dos, trempant, discrètement ses doigts dans la sauce froide qui se trouvait dans les récipients qu’elle avait abandonnés là quelque minute plus tôt, elle vint ensuite approcher son visage de Merrick, lentement, venant déposer ses lèvres sur les siennes, laisser un chaste baisé s’installer entre eux, alors que sa main venait étaler lâchement l’alimenter sur les deux joues de Merrick. Fièrement la dame s’était reculé un large sourire sur les lèvres :

- « C’est les traces de notre première bataille » expliqua-t-elle « Ça te va très bien » conclut-elle simplement prête à s’armer pour une guerre enfantine et irrespectueuse pour les plus démunis, mais tellement plaisante dans son insouciance.

Espérant empêcher toute contre-offensive en revenant l’embrasser sagement, ayant préalablement glissé une petite pierre décorative dans la paume de sa main, qu’elle avait glissée derrière son cou.

- « Je crois que tu me rends un peu folle Merrick Lorren » souffla-t-elle dans un sourire en venant l’embrasser un peu plus longuement.

Main derrière sa nuque, elle avait glissé la petite pierre décorative et froide juste dans son dos, entre le tissu de sa chemise et sa peau, avant de s’écarte l’air de rien de récupérer les nombreux plats pour s’échapper dans la cuisine. Fuite stratégique, évidemment.

- « Bon, je vais vite nettoyer tout ça, n’est-ce pas… hein… Puis l’infusion est un peu chaude de toute façon »
Et hop tentait-elle de s’échapper l’air de rien.

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