Marbrume


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 [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyLun 8 Avr 2019 - 5:40
-''Pour ce mois, alors.'' Répéta Merrick Lorren, usant des mêmes mots que ceux d'Estelle de Chantauvent pour sceller cette promesse, ce pacte, une bonne fois pour toutes.

Sa tenancière s'appliqua par la suite à présenter le fait que c'est peut-être elle qui fuirait, qui ne voudrait s'engager, arguant qu'elle pourrait être au moment des comptes, à l'heure de la finalité, la ''belle saloparde'' de l'histoire. Bien que cette représentation de la rouquine comme la potentielle fripouille et infâme créature qu'il se plaisait lui-même à être aurait pu lui arracher un sourire, aucune marque d'amusement ne vint prendre le contrôle de son visage. De fait, Merrick était convaincu du potentiel de la chose. La dame de Chantauvent pouvait encore très bien réaliser la vile ordure qu'il était et comprendre qu'elle méritait mieux que lui. Si cela arrivait, alors oui, cette dernière pourrait être celle qui prendrait la fuite, qui s'éloignerait de lui, qui le laisserait sur place.

Car il ne fallait pas oublier que rien n'était encore acté, alors que rien n'avait encore été décidé. L'attachement que vivait Lorren était fort et puissant, il en avait enfin pris conscience et l'avait même déclamé lorsqu'il avait dit de vive voix qu'il l'aimait. Or, est-ce que ses sentiments sauraient se maintenir au beau fixe et vaincre sa frayeur de s'engager ? Est-ce que la jeune femme ne se lasserait pas de lui en trouvant un meilleur partenaire ? En ce jour où il avait été frappé par des maux émotionnels, il voulait croire au meilleur de l'avenir, ainsi qu'au bonheur du futur. Mais, le méritait-il et le pouvait-il réellement ?

C'est autour de ces interrogations qui n'avaient pas encore trouvé réponse que la suite commença peu à peu à s'articuler. Estelle se permit de ramener ce vent de légèreté sur leur échange, renouant avec l'amusement des mots espiègle. Au fur et à mesure que la conversation s'allongeait, les douloureux souvenirs s'éloignaient. Était-ce réellement les plaisanteries qui avaient cet effet sur les émotions du milicien, ou bien était-ce simplement la rousse qui arrivait à le calmer et l'apaiser de sa seule présence ? Probablement un mélange des deux.

Offrant tout d'abord une mine faussement outrée lorsque la dame de Chantauvent mentionna qu'elle pouvait encore se laisser aller à l'attaquer à l'aide de sa poêle de combat, à cause de mauvais réflexe qui avait la vie dure, le masque de contrariété ne put survivre alors que cette dernière ponctuait sa tirade par un baiser dans son cou. Un frisson de délice lui parcourut l'échine. Déjà que son souffle venait lentement mais sûrement saper sa retenue, alors que celui-ci caressait son épiderme, cette attaque ne l'aidait pas à conserver toute sa contenance. '' De toute façon, je n'ai pas peur de Brigitte !'' Tenta-t-il bien que ce ne soit aucunement vrai. Après tout, il fallait réellement être un fou pour ne pas craindre la morsure de l'arme lorsqu'on voyait la force et la vitesse que pouvait lui imprimer sa propriétaire au moment de l'attaque. En proférant ces mots, Merrick leva une main en direction de sa chevelure, avant de suspendre son geste puis d'aller perdre ses doigts dans sa barbe. Estelle commençait à le connaître. Elle verrait au travers de sa petite forfanterie s'il continuait à acter cette même gestuelle. Or, ce qu'elle ne savait peut-être pas, c'est que sa barbe pouvait être un refuge tout aussi salvateur pour ses émotions. ''Je n'ai jamais reculé à cause de cette menace, je ne commencerais pas aujourd'hui !'' Termina-t-il en hochant la tête, satisfait de lui-même.

Puis, la suite fut vécue tel un entre-deux aussi bien pour le milicien que la tenancière. De fait, Merrick Lorren fit une erreur, s'en rendant compte au moment où il proféra l'idée qui s'arrimait à l'idéal de renommer la Chope Sucrée en y ajoutant son nom. Même sans voir son visage qui blêmit, il l'aurait réalisé. Or, encore un peu perdu à cause des derniers relents négatifs qui s'estompaient, l'homme d'armes n'avait pas réalisé le terrain glissant et difficile sur lequel il amenait la conversation. Les premiers mots de la propriétaire de l'établissement lui donnèrent tout d'abord raison. Loin d'en prendre ombrage, réalisant sa bévue, Lorren hocha par deux fois de la tête pour lui donne raison. S'apprêtant à excuser sa maladresse, il resta muet lorsqu'elle continua finalement à articuler son discours. La suite lui arracha un maigre sourire.

-''Ça ne sonne vraiment pas mal...'' Mais, le milicien ne pouvait réellement s'en réjouir. Oui, l'idée était belle, même sublime et excessivement avenante. Or, il fallait aussi réaliser que cela n'effaçait pas les stigmates des mots qu'il avait proféré par mégarde. Sa tenancière faisait l'effort de continuer à acter leur réconciliation par le jeu, lui ne commettrait pas l'étourderie de poursuivre dans ce registre à même de la blesser et il n'irait pas à se réjouir de cette potentielle nouvelle nomination de la Chope Sucrée. ''Mais au final, je crois que le nom de la Chope Sucrée se suffit à lui-même, tout simplement.'' En terminant par cette phrase, Merrick envoya une de ses mains se perdre sur sa nuque.

Il fallait le reconnaître, c'était hautement étrange de lutter pour le cœur d'Estelle de Chantauvent face à un décédé. Cet opposant invisible n'en pesait pas moins lourd dans la balance, empêchant parfois du relent de sa présence et de son existence le développement de quelque chose. Parfois, c'était une dérobade qui était fomentée par la rouquine lorsqu'un souvenir plus mordant et vivace de son passé de femme mariée revenait à son esprit. À d'autres moments, comme celui-ci, ce n'était qu'un voile de tristesse et possiblement d'amertume qui venait fausser et fracasser la discussion qu'il partageait. Ainsi, Merrick Lorren savait; à tous les coups, celui qui avait été prénommé Eude avait du être un foutu de beau salopard pour encore marquer de sa présence la Chope Sucrée et le cœur d'Estelle de Chantauvent. Cette conviction intrinsèque de la qualité de son adversaire le rendait à la fois amer et fier. Fier de savoir que le grand Merrick affrontait en quelque sorte le non moins grand ex-époux, amer de ne pouvoir triompher de ce belligérant qui avait encore l'ascendant.

Car oui, l'homme d'armes se présentait comme un séducteur incomparable, comme un être porté vers le triomphe et non pas la défaite avilissante lorsqu'il était question de charme. Or, Lorren n'était pas certain d'être capable de supplanter le défunt, sachant pertinemment qu'en cette heure, il était toujours défait par ce dernier. Dès lors, certainement qu'il était réellement à même de vaincre un adversaire lambda et bien vivant. Mais que faire contre les regrets, face à celui qui était décédé et qui avait l'avantage de se présenter conne un martyr garant d'un amour doux-amer et idyllique ?

Un sourire indéchiffrable sur le visage, le regard perdu dans les méandres de ses réflexions, le milicien ne fit pas un effort pour crever le maigre silence qui s'était instauré. Hochant la tête pour et par les pensées qui l'assaillaient, Merrick réalisa que l'attachement d'Estelle pour son établissement devait probablement surtout prendre racine dans son ancienne relation. L'endroit avait dû être un rêve partagé à deux et vécut par le couple. Dès lors, la Chope Sucrée représentait probablement en quelque sorte le dernier souvenir vivace de son mariage. Réalisant -ou pensant comprendre- cela, le sentiment qui s'abattit sur lui fut à la fois plaisant et déplaisant. Lorren comprenait dès lors que l'acceptation de sa présence en ce lieu signifiait gros, mais le dévouement pour que le statu quo continue à se pérenniser jusqu'à péricliter de la part d'Estelle présentait aussi le fait qu'elle ne pouvait couper les ponts, se laisser aller complètement.

Toujours est-il qu'il fut tiré de sa rêvasserie par les élucubrations de sa tenancière, qui alla s'épancher autour du potentiel couple que tous deux pourraient former avec des vieillards. Embarquant dans le jeu avec entrain, reléguant ses pensées plus loin, sans pour autant les oublier complètement, Lorren se prêta à l'amusement de bon cœur. ''Ni rousse ni récompense, hein ? C'est fâcheux tout cela ! Mieux vaudrait éviter de finir en relation avec ces personnes âgées dans ce cas...'' Lorsqu'elle glissa un doigt sur son nez, Merrick tenta de le mordre tandis que celui-ci parachevait sa retraite en sûreté. Le regard aussi joueur que les mots qu'il proférait et que le sourire qu'il dressait, l'ivrogne continua ses palabres en guise de réponse aux bravades qui lui était dite, actant le commencement d'une manœuvre qui les éloigneraient de leur position cloîtrée et prostrée au sol.

-''Dor-mir...?'' Répéta-t-il en mimant l'incompréhension la plus complète, puis secouant la tête. ''Désolé, je ne connais pas ce mot. Heureusement... heum, je veux dire malheureusement, évidemment !'' Poursuivit-il en se ''corrigeant'' rapidement. Ne lui laissant guère le temps de rebondir sur ces paroles, Merrick présenta le fait qu'il s'occupait des infusions et elle du ramassage. Piteusement, il haussa les épaules. '' C'est plutôt moi qui me fais rouler !'' Mentit-il. ''En échange de passer la nuit avec toi, le ménage était un maigre effort que j'étais prêt à consentir. Mais, s’il n'est question que de sommeil...'' Termina-t-il en relevant les mains de part et d'autre de son corps pour se dédouaner.

S'enfuyant sans demander son reste en cuisine, ne manquant tout de même pas de saluer cette brève séparation du doux contact de leurs lèvres, Merrick Lorren revint auprès d'Estelle de Chantauvent quelques instants plus tard, une fois les infusions prêtes et bien en main, une fois qu'il avait complètement repris pied dans le présent et retrouvé le contrôle parfait de lui-même. Saluant la tenue de sa tenancière à son retour en la déshabillant méthodiquement du regard, l'ivrogne tendit l'un des deux breuvages en direction de la jeune femme. La voyant tirer la langue devant son inspection en règle, il ne put s'empêcher de pouffer avant d'enchaîner. '' Je suis le pire jaloux de Marbrume.'' Il avait déjà eu la chance de le réaliser avec Lissandre et la fausse idylle qu'il avait cru exister entre Marius et Estelle. ''Tu n'oserais tout de même pas me faire souffrir avec ça, Estelle ?!'' Tenta-t-il piteusement, le regard fuyant et ''blessé'', bien que teinté d'un amusement impossible à cacher.

-''Le plan que tu as fait tout seul...'' Commença-t-il en se rebiffant. Or, complètement pris par surprise devant la suite, il se ravisa. ''...Oh ! Oui, oui. Se plan dont nous étions TOUS DEUX d'accord. Oui, c'est parfait. Parfait !'' termina-t-il de corriger ses premiers mots. De fait, c'était la première fois qu'il entendait parler du bain. Déjà, son esprit était allé vagabonder dans l'idée de partager l'eau chaude en compagnie d'Estelle. Après leur première rencontre, cette dernière s'était éclipsée au lieu de partager ledit réconfort avec lui. Loin de s'en formaliser, le séducteur qu'il était avait tout de même noté que la bassine était assez grande pour deux. Peut-être que cette information serait finalement utile en ce jour ? Ardemment, il désirait le croire.... ''Je peux m'occuper de l'eau chaude.'' Tenta-t-il d'un ton complètement badin et désintéressé, bien que son regard flambait de désir à l'idée.

La regardant se mouvoir vers lui derrière le comptoir, ne bougeant pas d'un pouce et écoutant ses mots, Lorren lui laissa le temps de finir. '' Il peut faire ce que tu veux... presque !'' Ne put-il s'empêcher d'ajouter, histoire qu'Estelle ne profite pas trop de lui. ''Comme te savonner le dos. Ce n'est qu'un exemple, évidemment...'' Proféra-t-il sur le ton de la conversation.

La voyant se diriger vers lui pour l'embrasser, le jeune homme crut que ce rapprochement était fomenté pour articuler l'accord d'Estelle. Or, en même temps qu'il sentit les lèvres de la rouquine venir à la rencontre des siennes, il perçut les deux mains de la dame de Chantauvent venir peinturer son visage des restants de sauce qui traînait dans les plats. Ouvrant les yeux avec vivacité, laissant sa mâchoire tomber sous le coup de l'étonnement, tandis que ses lèvres s'étiraient sur un sourire, le jeune homme vrilla de son regard les iris bleu-gris de son bourreau. '' C'est bon, je m'avoue vaincu...'' Dit-il lorsqu'elle revint vers lui pour l'embrasser de nouveau. En disant cela, Lorren avait essuyé de ses mains les marques sur son visage. Loin d'être stupide, Merrick prenait sur lui pour lui offrir son pardon ainsi, il pouvait à la fois goûter le contact de ses lèvres et les rapprocher de ce bain à deux qu'il croyait percevoir. L'acceptation de cette petite défaite était le moyen le plus sûr pour gagner la guerre. Du moins, le pensait-il de prime abord...

Car oui, prêt à lui pardonner la première incartade et boutade, l'homme d'armes ne pouvait accepter la seconde. Il avait déjà pris sur lui-même de perdre une fois. Cela ne serait pas le cas pour lors de la deuxième récidive, se promit-il, lorsqu'il sentit la pierre décorative se glisser dans sa chemise et venir refroidir son échine de sa fraîcheur. Cambrant le dos aussi bien par le froid dudit corps inconnu que pour la faire tomber sur le sol, Lorren vrilla son regard empreint de vengeance amusée dans celui d'Estelle de Chantauvent.

-''À qui le dis-tu !'' répondit-il quelques instants plus tard lorsqu'elle mentionna qu'il la rendait folle. Ses mots finir sur un nouveau baiser.

La voyant tenter de prendre la tangente, Merrick l'attrapa par la main, la tirant de nouveau vers lui et la capturant de l'un de ses bras qui la maintenant contre son corps en appuyant dans le bas de son dos. L'idée du bain avait disparu de son esprit. Du moins, pour le moment. ''Pas si vite, Estelle de Chantauvent...'' argua-t-il lentement, très lentement. Glissant un regard à Brigitte qui trônait derrière le comptoir, pour être toujours à porté de main de la rousse lors d'une soirée trop avinée et festive, Merrick s'en saisit, soupesant la poêle. ''C'est une belle arme...'' Dit-il comme s'il était un fin connaisseur de ce genre d'outil. Glissant un coup d'œil en coin à Estelle, il laissa le silence s'égrener durant un infime instant avant de déposer ladite arme au plus haut des étagères qui se trouvaient derrière le bar. ''Voilà qui est mieux et plus sécuritaire pour la suite.''

Satisfait de ne plus voir Brigitte à porter de main de la guerrière à la crinière rousse, Merrick resserra sa prise dans le dos de la dame de Chantauvent. Il ne la laisserait pas fuir sans combattre ! À son tour, trempant un doigt dans la sauce, il partit à l'attaque de la joue gauche de la jeune femme, marquant d'une éclaboussure son visage. Riant de son geste, Lorren alla rapidement perdre sa bouche de l'autre côté pour mordre le cou d'Estelle. ''T'avoues-tu vaincu ?''

Ne prenant pas réellement acte de ses paroles, que celle-ci signifie sa reddition ou non, Merrick souleva lentement le petit contenant de sauce avec un sourire joueur et taquin dressé sur les lèvres. Or à cet instant, ce fut le drame. Que ce soit à cause d'un manque d'habileté ou bien à cause des tentatives de fuite fomentée par Estelle, alors que Merrick tentait de la retenir, le milicien finit par lâcher prise. Mais, ce dernier le lâcha pas la jeune femme, mais plutôt le récipient de sauce...

Tentant de le rattraper avec un retard trop conséquent, celui-ci se vida aussi bien sur le devant de la robe de la dame de Chantauvent que sur sa chemise, alors qu'il était collé l'un à l'autre. Lâchant finalement son opposante, puis entendant le bruit du récipient en terre cuite qui rencontrait le sol, un silence vint prendre le contrôle de l'échange, mettant un frein à l'affrontement auquel ils s'étaient livrés.

-''Bon.'' Commença-t-il lentement. ''Je crois que je vais m'occuper de l'eau chaude pour le bain.'' Poursuivit-il comme si de rien n’était et bien que leurs vêtements soient marqués de résidus de nourriture. Tentant de retenir son hilarité, Merrick Lorren ne put finalement empêcher un rire de passer la barrière de ses lèvres. Reprenant contenance aussi rapidement qu'il l'eût perdu, il termina sa tirade, avec amusement. '' Peut-être que le ménage peut attendre demain, non ? Je crois qu'il faudrait mieux aller se laver....''

Déjà, le beau salopard revenait à ce qui était le plus important à ses yeux. Qu'importe la décision de la dame de Chantauvent, Merrick partit rapidement en direction du second étage, à la fois pour préparer la bassine d'eau chaude et éviter toute volonté de velléité qu'aurait pu avoir Estelle de Chantauvent pour son étourderie. Ponctuant sa fuite par un clin d'œil, Merrick Lorren se mit à l'œuvre pour acheminer l'eau à l'étage, la faire chauffer puis la transvaser dans la bassine.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 13 Avr 2019 - 19:53


- « C’est mieux d’éviter oui, je suis tenancière, pas meurtrière » souffla-t-elle en s’éloignant

Sous-entendait-elle qu’elle pouvait être jalouse ? Potentiellement. N’était-elle pour autant pas convaincue d’en être arrivée à là dans cette relation nouvelle. Estelle s’appliquait à apprivoiser Merrick, peut-être que dans le fond, elle répétait une histoire qu’elle avait déjà connue, ou bien était-elle simplement attachée à cet homme, ce salopard comme il aimait se nommer lui-même. Avisant ce mouvement enfantin, lui essayer de croquer son doigt, elle le retirant en s’esclaffant d’un rire, elle ne put que se satisfaire de ses choix. Estelle était croyante, ce n’était un secret pour personne, estimait-elle très certainement que la Trinité ne faisait jamais rien pour rien et que si Merrick Lorren c’était retrouvé sur son chemin, si les deux jeunes gens s’appréciaient, alors peut-être qu’il y avait une raison derrière tout ça.

S’éloignant sagement pour s’attaquer à son rangement, elle lui rappela néanmoins qu’elle lui avait promis de dormir ensemble et rien d’autre. Un sourire néanmoins en coin ornant ses lèvres, conscientes que la tentation qui pouvait régner de temps à autre entre eux finirait bien par devenir beaucoup trop forte. Gardait-elle néanmoins l’espoir d’y rester encore, pour son bien à lui, mais aussi à elle. Évidemment l’homme d’armes ne l’entendait pas de cette oreille, prétextant avec sa mine boudeuse que s’il ne s’agissait que de sommeil, il était inutile de s’atteler à un quelconque entretien. Ca l’avait fait sourire la rouquine, fortement, n’avait elle-même pas pu répondre, puisqu’il avait osé fomenter la pire des attaques fatales en venant l’embrasser avant de disparaître dans la cuisine. C’était cruel, horriblement, elle aurait voulu le retenir, retrouvant ce désir dans un simple et bref contact. Secouant doucement son visage de droite à gauche, elle avait fui à son tour pour se concentrer sur le rangement.

Légèrement dans ses pensées, alternant entre le moment présent et des souvenirs passés encore bien douloureux, la dame de Chantauvent avait rassemblé les assiettes, les petits récipients de sauce, les couverts et même les verres, non pas sans avaler un restant de vin qui traînait dans un des récipients encore en vie. La rousse avait avisé les morceaux de verres sur le sol, laissant un soupir fuir ses lèvres, avant d’être ramené par le moment présent par son milicien, à qui elle ne résista guère à l’envie de lui tirer la langue. Merrick évoquait le fait d’être jaloux, la questionnait sur ce qu’elle oserait faire ou ne pas faire et ce fut dans un sourire malicieux et un regard plein de jeu qu’elle lui avait répondu.

- « Qui sait » fit-elle guillerette « Peut-être suis-je la pire des séductrices moi aussi ? Une croqueuse d’hommes» elle n’en croyait elle-même évidemment pas un mot, mais qui sait, peut-être que Merrick douterait.

Retournant à son comptoir, les bras chargés, la jeune femme lui avait rappelé le plan à venir, sans trop insister, détaillant l’homme d’armes s’offusquer dans un premier temps, avant de confirmer l’ensemble en comprenant qu’il y avait possiblement un bain à la clé. Cela tira un sourire à la responsable du lieu, qui ne sembla guère s’offusquer de la situation, ne voulait-elle pas immédiatement contrarier Merrick en évoquant que le bain serait solitaire et non en duo. Se pinçant les lèvres, la rousse déposa l’ensemble des éléments qu’elle tenait entre les mains sur le comptoir. S’approchant d’un pas malicieux, continuant à s’exprimer, s’amusant sur les paroles qu’il avait pu tenir et cette mise à disposition de ce charmant minois, elle avait fini par se positionner devant lui, opinant sagement répétant son évidemment, comme pour souligner un semblant de naïveté absolument pas sincèrement, avant de déposer ses lèvres sur les siennes et de tartiner généreuse le visage de son futur peut-être amant de sauce. Merrick avait ouvert les yeux, avait ouvert la bouche, mais n’avait semble-t-il aucune envie de réagir, acceptant sa défaite en revenant trouver les lèvres de la jeune femme de sa bouche. Surprise, Estelle ne put qu’accepter d’offrir ce nouvel échange avec une certainement douceur.

Douceur qui n’en resta pas moins teintée de provocation, puisqu’elle glisse habillement dans son dos, une pierre décorative un peu froide, qui se retrouva rapidement sur le sol à cause des mouvements de Merrick. Répondant à sa dernière phrase, il avait fini par vriller son regard dans le sien, jouant ainsi tout deux d’une persuasion visuelle et particulièrement provocatrice. Difficile de savoir qui pourrait gagner ce combat et si ce petit jeu, somme tout enfantin, ne se transformerait pas rapidement dans un véritable carnage.

Ni vu ni connu, la dame de Chantauvent tentait de s’échapper, prendre la fuite et rester sur deux belles victoires, qui d’après elle, semblaient largement méritées, un petit sourire en coin. Néanmoins, l’homme semblait apte à réagir, glissant sa main dans la sienne afin de la ramener jusqu’à lui et de l’emprisonner de ses bras, ses mains faisant pression sur le bas de son dos, l’empêchant de réaliser la moindre fuite stratégique et ceux malgré ses tentatives désespérées de tortillage en tous sens.


- « Je suis innocente » tenta-t-elle de protester « Merrick lâche moi… Et je promets que…. » souffla-t-elle amusée, toujours en se tortillant. « Très belle arme » répéta-t-elle en le détaillant dubitative, il n’allait tout de même pas utiliser Brigitte contre elle ?! Lâchant un bref soupir en la voyant bien trop haut pour elle, elle ajouta « Tu penseras à la redescendre, sinon je serais faible face à la totalité des clients qui comme toi tenteront d’arriver à des fins que la trinité n’approuve pas » souffla-t-elle en essayant de jouer sur la corde de sa jalousie.

La suite fut tout aussi bon enfant que le début, Merrick menaçant d’un doigt plein de sauce le visage de la rouquine qui tentait de se débattre ou de se pencher le plus possible en arrière sans grand succès, un large sourire inondait son visage, tout comme de multitude d’amusements dans le fond de ses yeux.

- « Merrick Lorren, si tu fais ça je… HAN alors là LA » fit-elle alors qu’une trace venait d’être faite sur sa joue « Jamais » ronronna-t-elle alors que le souffle de l’homme s’était perdu dans son cou pour venir la mordre, provoquant cette vague de frisson importante « Jamais » répéta-t-elle plus faiblement pas franchement convaincu par ses propres dires.

Fallait-il l’avouer, Merrick avait une forme d’emprise sur la tenancière, qui a son simple contact semblait perdre ses moyens, se faire dévorer toute entière par ce désir qu’elle n’avait de cesse de repousser, la proximité, le jeu, n’était en rien des choses très saines pour celle qui luttait encore et encore pour éviter de succomber. Ce fut néanmoins le drame, le véritable drame, alors que le récipient suspendu juste au-dessus d’eux se déversa sur le duo, avant de venir se rependre et éclater sur le sol. La tenue d’Estelle fut soudainement inondée, tout comme la chemise de Merrick, la texture était particulière et ce fut la bouche entrouverte, les yeux pleinement surpris et quelques pas en arrière, qu’elle le regarda fuir, prétextant s’occuper de l’eau chaude avant de rire.

- « Peut-être » répondit-elle simplement retenant un petit rire devant le ridicule de la situation « Fuis Merrick Lorren, fui donc, je vais m’occuper de nettoyer tes bêtises… » murmura-t-elle en le regardant monter puis faire ses aller et retour.

Si la maladresse aurait pu être un frein définitif au jeu, il n’en fit rien, Estelle n’était plus en tête de cette guerre nouvelle, puisque les deux adversaires étaient plus ou moins à deux points. Fallait-il forcément un dernier point pour départager le duo et ce fameux sésame ne serait remporté par nulle autre que personne qu’Estelle de Chantauvent. La patience était maître mot dans ce genre d’affrontement et bien consciente de cela, la rouquine se contenta d’astiquer le sol pour réparer la bêtise commune, réfléchissant à l’attaque ultime qu’elle pourrait réaliser pour obtenir ce dernier et précieux point. Ce fut finalement plutôt rapide, vidant le récipient qui lui avait servi pour nettoyer l’ensemble de la table et du sol, elle ne put se retenir à le re-remplir pour se diriger vers la pièce principale ou elle croisa Merrick, effectuant très certainement sa dernière descente pour compléter le bain. Ce fut comme un réflexe, l’eau dans son récipient fut propulsée vers Merrick qui se retrouva sans doute trempée avant de voir la demoiselle de Chantauvent prendre la fuite à vitesse grand V. Montant l’escalier rapidement dans un rire parfaitement audible, elle s’écria :

- « J’ai gagné Merrick, j’ai gagné trois points, c’est finiiiiii hein ? Fini ! »

Fonçant dans la salle d’eau à l’en-tête des pas de Merrick Lorren, Estelle contourna la bassine de manière à être relativement à l’abri de l’ensemble, surtout de lui, tout du moins qu’il soit dans l’obligation de faire le tour pour l’attraper ou la rejoindre, ce qui s’annonçait être déjà un véritable tour de manège qui attendait le couple. Immobile, elle observait celui qui venait de passer la porte un large sourire sur les lèvres, des étoiles dans les yeux elle cherchait à comprendre si il allait poursuivre l’attaque ou s’avouer une nouvelle fois vaincu, ce ne fut que lorsqu’il s’approcha un sourire en coin qu’elle comprit et qu’elle se précipita du côté opposé, toujours la bassine entre eux l’un et l’autre s’éclaboussant allégrement en oubliant le brave plancher juste sous leur pied. Le rire d’Estelle semblait sincère, et se poursuivait au fur à mesure que le petit manège s’intensifiait, rapidement fut-elle tout aussi trempée que Merrick, cheveux, vêtement, la formule semblait être tout compris.

L’ensemble s’accentua encore, jusqu’à ce que Merrick finisse par capture la rousse, à moins que ce ne soit le contraire et que cette bataille finalement sans gagnant –hormis les deux, pour qui, le rangement s’annonçait éprouvant-, ce fut un baiser qui termina la guerre, puisque rappelons-le, l’amour est toujours plus présent que la moindre bataille. Laissant couler ses doigts le long de la chemise de Merrick, elle lui fit un bisou sur la joue, le nez, le coin des lèvres, puis les lèvres avant de l’enlacer véritablement, partageant ainsi l’humidité et le restant de sauce.


- « Bon, je suppose que le bain devient en effet obligatoire » fit-elle en passant une main dans sa chevelure, elle déposa ses lèvres dans son cou en ajoutant « Je te laisse débuter tout nettoyage, je vais éponger mes bêtises… » murmura-t-elle presque envoûtée par cette proximité, la fin de ce petit jeu et des envies qu’elle peinait à repousser, mais dont elle refusait de cédé, trop craintive de le voir s’évaporer dans la nature ensuite.

Laissant ses doigts courir le long de son dos, elle lui laissait le temps de comprendre, d’entendre cette réalité qui devait paraître bien abstraite pour lui. Estelle ne semblait pas encore réellement décidée à franchir cette étape et ceux malgré tous les signaux positifs qu’elle devait lui envoyer et qui devait se faire sentir dans le moindre de ses mouvements ou regard. Déposant un nouveau baiser dans son cou elle avait fini par se reculer s’il l’acceptait évidemment. Sinon, elle resterait encore dans ses bras, jusqu’à ce qu’il accepte de la voir s’éloigner un peu de lui et de cette proximité fort dangereuse.

- « Tu sais Merrick, je pense que tu es adversaire trop redoutable » fit-elle en détaillant l’état de la salle d’eau, qui pour le coup était réellement une salle d’eau « Je t’accorde la victoire, tu es l’heureux vainqueur de cette première bataille, mais tu sais ce qu’on dit… » fit-elle en laissant sa phrase suspendre dans l’air « Tu gagnes donc le droit de te baigner en premier » elle lui offrit un clin d’œil un bisou sur la joue et zhou. « Je te rapporte une serviette, le temps de récupérer tout ça »

Elle lui offrit un nouveau clin d’œil espérant que cette promesse de retour lui suffise à ne pas trop s’offusquer de cette décision, pour laquelle, elle n’avait de cesse de le répéter mentalement, elle ne dérogerait pas. Fermant la porte pour le laisser –l’espérait-elle en tout cas- se glisser dans l’eau et camoufler de ce fait, des éléments qu’elle ne devrait pas pouvoir voir en dehors du mariage. Elle revint plutôt rapidement avec une grande serviette, et une deuxième pour elle lorsqu’elle trouvera le courage d’elle aussi se glisser dans l’eau –une fois qu’il aurait terminé évidemment-. Glissant une main sur ses yeux, frappant à la porte avant d’entrer, elle ne put pas s’empêcher d’écarquiller les doigts avant de s’adosser à la porte.

- « J’ai des serviettes » fit-elle simplement conservant le tout proche d’elle, mais pas contre d’elle « J’ai réfléchi » finit-elle par conclure soudainement « Je veux bien me glisser dans le bain, mais à la condition que tu me promettes qu’il ne se passera rien du tout » ultime tentation, ultime presque stupidité.

C’était difficile autant pour lui, que pour elle, comment pourrait être dans le bain avec lui, sans céder ? Ce fut presque naturellement qu’elle renonça à cette idée :

- « C’est stupide » admit-elle oralement « je vais te déposer tout ça juste là, et débuter le rangement en bas, enfin essuyer l’eau… Tu n’auras cas descendre ou crier quand tu as terminé, je t’ai laissé des vêtements secs aussi. » Conclut-elle en déposant le tout sur une chaise non loin de la bassine pour ensuite prendre la direction de la porte « Frotte bien » plaisanta-t-elle doucement avant de pivoter vers la sortie.

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Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 13 Avr 2019 - 22:38
-''Innocente. Rien que ça, hein ?'' De ses doigts, Merrick Lorren était venu capturer Estelle de Chantauvent. L'enfermant dans une étreinte qui ne lui laissait aucune échappatoire possible, il la regarda tenter de dresser des mots comme objet de sa défense. Additionnée à son plaidoyer, elle remuait et se tortillait en tout sens, tentant de s'enfuir de la prison de ses bras. Or, l'ivrogne restait aussi immuable que de marbre devant ce déchaînement de force. L'unique résultat qui en découla fut qu'il resserra sa prise et son emprise dans le bas de son dos, la faisant se rapprocher au plus près de lui. Dès lors, la promiscuité qui les unissait était aussi bien teintée de tendresse que du désir vaillant de jouer et de se venger. Drôle de dualité s’il en est, mais guère étonnante pour le duo qui après tout, avait continuellement agi de la sorte, tels deux enfants incapables de garder leur sérieux plus que quelques instants.

Dans la poursuite de ses truculences et de son plan machiavélique qui prenait forme, l'homme d'armes souleva l'outil de combat de sa tenancière. Soupesant Brigitte, laissant pendant un infime instant le doute s'installer dans l'esprit de la rousse quant à l'utilisation qu'il escomptait en faire, Lorren finit par la mettre hors de porter de la propriétaire des lieux. Le combat qui les unissait était un duel, une lutte qui se devait d'être un face à face sans apport extérieur. Ainsi, le milicien s'assurait qu'Estelle ne puisse avoir recours à sa plus fidèle alliée dans la course à la victoire. Non pas qu'il pensait véritablement qu'elle en use contre lui, mais la possible menace d'adjoindre la poêle de combat à leur bataille avait de quoi pouvoir le mettre dans une fâcheuse posture. ''Je la redescendrais, c'est promis. Une fois que j'aurais triomphé !''

C'est sur ses dernières paroles que Merrick partit en conquête du cou de son opposante, tandis que son doigt suivait la manœuvre en s'articulant dans un mouvement de prise en tenaille. Se lançant à corps perdu dans la bataille, allant s'écraser sur la joue de la victime, la sauce vint se rependre sur le visage de celle qui avait démarré les hostilités. Loin de s'émouvoir de sa tentative ou de lui faire freiner l'ardeur qu'il déployait à vaincre, les mots de la jeune femme lui arrachèrent un bref rire qu'il ponctua d'une morsure joueuse, attendant qu'elle abandonne. Les ''jamais'' qui suivirent fut à la fois convaincu et vacillant. Elle n'abandonnait pas, mais il était certain qu'il la vouait au supplice. Comment le savait-il ? Car lui même avait du mal à se contenir et se retenir. Le jeu les brûlait tous les deux de la flamme dévorante du désir, de l'envie avide d'une tentation qui n'était guère pieuse.

Était-ce à cause de cette ardeur qui avait pris le contrôle de ses sentiments que la suite fut un retentissant échec ? Le contenant de sauce qu'il avait pris en main pour en rajouter une couche, aussi littéralement que métaphoriquement parlant, lui échappa de sa poigne, allant se répandre aussi bien sur sa tenue que sur celle d'Estelle. Silencieux durant un bref moment, Merrick Lorren brisa le silence en annonçant inopinément qu'il partait s'occuper de l'eau chaude. Ne put-il retenir un rire et un doux sourire de venir orner ses traits. ''Ce n'est pas vraiment une fuite !'' S'évertua-t-il tout de même à expliquer avant de disparaître pendant quelque temps à l'étage. Dans les faits, s'en était complètement une de fuite. Mais encore, fallait-il l'avouer...

Dès lors, était-ce la fin ? Oh, non. Le combat n'était pas terminé. Ce n'était qu'un interlude, qu'une brève sécession des hostilités. Les deux opposants s'étaient regardés, présentant la fin de l'affrontement comme un traité de paix commuer. Or, dans l'ombre, les plans machiavéliques de vengeance s'ourdissaient déjà. Les sourires et les regards teintés de douceurs n'étaient qu'une couverture aux bassesses qui prenait lentement forme et racine. Car au détour du calme apparent, la tempête battait toujours son plein dans leurs cœurs. Qui prendrait de vitesse l'ennemi, qui se liguerait comme l'attaquant et passerait à nouveau à l'offensive en premier ? C'est aussi bien interdit qu'indécis, qu'ils réfléchissaient de leur côté, percevant probablement tous deux où tout cela se dirigeait; vers une reprise des hostilités. Pour autant, cette lutte n'était pas commuée et partagée dans la douleur et le ressentiment. Tout n'était qu'une question d'amusement et de sentiment vrillant. Jouer n'était pas dangereux, le combat n'en était pas blessant.

Or, était-ce une raison pour ne pas vouloir vaincre ? Aucunement pour Merrick Lorren. Le jeu trouvait tout son sens et son plaisir dans la volonté de triompher, dans le désir de piller son opposante pour aller quémander sa récompense. Sa tenancière lui offrirait-elle la concupiscence qu'il désirait s'il sortait vainqueur ? Dur à dire, difficile à définir. Mais ça, c'était une autre histoire. Car oui, il devait encore sortir de tout cela couronné des lauriers pour pouvoir s'adjoindre et s'accaparer la consécration de la victoire. Et en cette heure, la dame de Chantauvent était bien partie pour sortir triomphante de l'échange plutôt que le beau salopard de Lorren... Car oui, la rouquine qui était aussi fourbe que vile contre-attaqua la première.

Merrick avait commencé à faire des aller-retour entre l'étage supérieur et inférieur, histoire de faire chauffer l'eau et de la transvaser dans la bassine, qu'il pensait, les accueillerait tous deux. À chaque fois qu'il retrouvait la salle principale de la Chope Sucrée, son regard partait en quête de la rousse crinière, non pas pour se gorger dans un instant de béatitude en la contemplant, bien qu'il se le permette aussi, mais avant tout et surtout pour éviter qu'un piège ne soit fomenté lorsqu'il arrivait sur les lieux de la précédente bataille. Concentré à ne pas se faire avoir, Lorren était certain de ne laisser aucune ouverture pour la reprise et la récidive des combats. Or, le duelliste perdit de son attention lors du dernier chargement d'eau. De fait, le présent s'évapora de son esprit quelques instants au profit du futur, alors qu'il pensait plutôt à ce qu'il croyait que l'avenir lui réservait; un bain à deux.

C'est ainsi qu'il fut attaqué au moment où sa garde n'était que mégarde. L'eau s'abattit sur sa tête, telle une douche froide sur le brasier de son désir. Sa chevelure qui était toujours rabattue parfaitement sur le côté fut aplatie par les trombes d'eau déferlantes, venant écraser sa tignasse sur son front. Imbibée du liquide, plaqué sur son visage, l'eau s'échappait de ses cheveux par intermittence, alors que la bouche du milicien s'ouvrit sous la surprise, avant de se refermer pour éviter de se noyer par le déversement des flots. Soufflant, puis se secouant tel un chien mouillé, quelques fines gouttelettes allèrent se perdre sur celle qui venait de fomenter la manœuvre. Loin d'être suffisante pour la faire s'éloigner ou se reculer, la voir en partie touchée par l'eau eut le mérite de consoler quelque peu l'homme d'armes. ''C'est déloyal.'' Commença-t-il d'une voix à la fois peiné et amusé de la tournure des événements. ''Si tous les coups sont permis...'' Termina-t-il enfin dans un non-dit qui promettait monts et merveilles à titre de vengeance.

Laissant le silence se perdurer pendant un infime instant, Lorren se passa une main dans les cheveux, avant de déclencher pour de bon la troisième et dernière manche de la soirée. '' Pas encore, Estelle. Je viens de décider que tout cela se jouait en quatre manches !'' Dit-il plus fortement, alors qu'il partait en course sur les talons de la dame de Chantauvent. Ce n'était guère juste qu'il décide de cela tout seul. Or, depuis quand pouvait-on lui imputer ne serais-ce qu'une once de justice et de droiture ? C'est en ça que résidait l'avantage d'être un beau salopard !

Grimpant quatre à quatre les marches, s'aidant même de ses mains lorsqu'il perdait son équilibre, l'ivrogne était sur le point de rattraper la rouquine lorsqu'ils débouchèrent dans la salle d'eau. Intelligemment, Estelle alla se placer de l'autre côté de la bassine qu'il s'était évertué à remplir. Venant se positionner devant, les doigts appuyés au rebord du bain, soufflant alors qu'un grand sourire enfantin peinturait ses traits, Lorren prit la parole. ''Tu ne t'échapperas pas. Tu es à moi !'' Drôle de choix de mot, entendons-le. Or, un double sens existait potentiellement dans cette prise de parole. Qu'importe, tandis que tout dégénéra et explosa, pour le meilleur ou pour le pire.

L'eau qui avait été apportée à la sueur de son front au second étage fut utilisée à titre d'armes. S'inondant tous deux à coup de grand jet dudit liquide, le sol en devint bien vite recouvert. Les appuis étaient de plus en plus glissants, sans pour autant que l'un ou l'autre ne succombe à la glissade et tombe sur le sol. Riant à chaque nouvelle gerbe d'eau qui l'éclaboussait ou qui touchait sa cible, le milicien perdit de sa superbe lorsqu'une attaque savamment placée vint en partie l'étouffer. Toussant et crachotant sous le contrecoup de cette morsure, Lorren ne resta tout de même pas en place. Se jetant éperdument vers l'avant, flirtant aussi bien avec la possibilité de se retrouver étalé au sol que d'attraper la rouquine, Merrick fut en cette heure chanceux, tandis que ses bras attrapaient sa ''victime''.

Se passant une main sur le visage pour y faire tomber les gouttes d'eau qui le marquait, puis glissant ses doigts dans sa chevelure pour lui redonner de l'allure et de l'allant, Lorren se pencha naturellement vers Estelle pour l'embrasser. Le baiser fut tendre et doux, quoique rapide, tandis que la commissure de ses lèvres n'avait pas encore perdu de leur amusement. Puis, comme à l'habitude, ce qui avait été si chaste et pur se transforma quelque peu sous l'apanage de l'attirance. Les baisers, puis la morsure, le vrillèrent, le faisant resserrer son étreinte, encore et toujours plus. Leur vêtement imbibé et mouillé se collait aussi bien que leur corps. Merrick pouvait quasiment sentir parfaitement les corps de la jeune femme, alors que les tenues n'étaient plus garantes d'une certaine distance, elles qui embrassaient les vallons et courbes de sa tenancière. Aguiché au plus haut point par cette réalité qui lui faisait peu à peu sombrer et perdre contenance, l'ivrogne était sur le point de craquer.

-''...Hein ?'' les mots suivants furent pourtant à même de ralentir l'ardeur qui le consumait. Le laisser commencer ? Lui, seul, tout seul ? Pardon ?! Interdit et indécis, l'homme d'armes l'avait laissé se retirer de son étreinte, goûtant tout de même à la dernière marque d'affection qui se perdit sur son cou. Une moue déçue et enfantine dressée sur le visage, Lorren haussa les épaules avec fatalité. '' Très bien...'' Soupira-t-il, vaincu. Écoutant la suite de l'élocution d'Estelle, le jeune homme lui sourit sans grande conviction. Il aurait préféré perdre et se retrouver à deux dans la bassine. ''Je suis bien heureux d'être nommé vainqueur. Mais alors, pourquoi est-ce que je me sens comme le perdant de l'histoire ?'' Son ton laissait plutôt présenter une certaine déception puérile alors que sa bouche oscillait entre un maigre sourire et une moue déconvenue.

Son sourire devint un peu plus honnête lorsque la dame de Chantauvent lui offrit un clin d'œil avant de partir en quête d'une serviette. Pendant quelques instants, Merrick Lorren resta sur place, sans bouger. Puis, se secouant, il haussa à nouveau les épaules avant de se diriger vers la bassine. C'était son erreur d'avoir potentiellement cru discerner plus. Et puis, elle avait fait mention qu'elle reviendrait. Ça, ce n'était pas si mal. Se tortillant difficilement pour sortir de ses vêtements humides, Merrick réussit enfin à se retrouver dans son plus simple appareil, au bout de quelque temps d'effort. Dos à la porte, passant un pied par-dessus, puis l'autre, il commença à se glisser dans l'eau qui avait nettement diminué à cause de leur gaminerie. C'est en pleine action de ladite manœuvre qu'il entendit la porte s'ouvrir. Loin de s'en émouvoir, mais sans se retourner -il ne voulait pas faire fuir celle qui venait de faire son retour- Lorren continua à s'immerger lentement. ''Parfait.'' Dit-il lorsque la jeune femme lui mentionna qu'elle avait ce qu'elle était partie chercher. S'appuyant au rebord de la bassine, soupirant d'aise, aussi bien par le bienfait de l'eau chaude que pour tenter celle qui refusait de venir le rejoindre, Merrick lui adressa un petit sourire avant de fermer les yeux de contentement. Or, cet apaisement qui venait le prendre disparu aussi vite qu'il était venu.

-'' Rien du tout !'' Enchaîna-t-il bien trop vivement, se redressant rapidement et ouvrant à nouveau ses yeux en grand, lorsque la dame de Chantauvent présenta l'idée qu'elle pourrait peut-être le rejoindre. Interpellé par l'idée qui se dressait comme un idéal dans son esprit, Merrick avait mordu à l'appât de la potentielle réunion du duo. Transporté par ce possible et potentiel gain, le stupide milicien s'était littéralement redressé debout, quittant durant un bref instant le couvert que lui offrait à la fois le rebord de bois et l'eau. Réalisant son erreur digne des plus grands crétins de Marbrume, Lorren se laissa rapidement retomber sous la couverture que lui offrait le liquide. Une gerbe d'eau éclaboussa le sol dans la manœuvre. Par chance, ce dernier était déjà imbibé de leur précédent affrontement.

Se raclant la gorge, en proie à un certain malaise qui venait teinter son visage d'une couleur aussi rouge que la chevelure de sa partenaire, Lorren se passa une main dans sa tignasse avant d'essayer de corriger le tout. Il venait de lui promettre qu'il ne se passerait rien et à la fois de se dévoiler complètement... Avant qu'il ne puisse reprendre la parole, Estelle continua et souffla bien rapidement la bise mordante sur sa dernière prise de parole. '' Ce n'était pas stupide !'' Commença-t-il rapidement en guise de réponse, espérant la retenir avant qu'elle ne s'éclipse. Pour ajouter à sa prise de parole, le milicien tendit sa main en direction de sa tenancière, comme s'il pouvait la retenir par sa simple volonté.

-'' Il ne se passera jamais quelque chose, Estelle.'' Dit-il en hochant la tête, convaincu de ce qu'il disait. Puis, réalisant le double sens quelque peu stupide de sa phrase, il corrigea rapidement. '' Enfin, tant que tu ne le voudras pas ! Parce que si tu le veux, et bien là je vais vouloir, hein. C'est normal, de toute façon moi je veux même si toi tu ne veux pas. Mais je ne veux pas te forcer !'' C'était incompréhensible. Même lui s'en rendait compte. Choqué par sa propre incohérence, Lorren frappa l'eau du plat de sa main et fronça les sourcils de manière caricaturale. Fermant les yeux un bref instant, prenant une profonde respiration, il tenta de se corriger à nouveau, encore. ''Ce que j'essaie de dire, c'est que je ne te forcerais jamais la main. J'attendrais ton accord, ou bien le mariage.'' Dit-il avec un petit sourire encore hésitant sur ce sujet et cette question. '' Alors, si tu veux venir tremper, profiter de cette eau si chaude, qui ne le sera plus si tu préfères ne pas me rejoindre, et bien il ne se passera rien... sans ton consentement.''

Retournant calmement s'appuyer contre le dossier de la bassine, Merrick Lorren tenta de présenter une image calme et sereine de lui-même, tandis qu'il ressentait toute autre chose. Entre la gêne qui ne s'était pas évaporé -ce n'était pas son genre pourtant!-, ses mots incompréhensibles et l'attente à la fois douloureuse et convaincue de voir la rouquine disparaître, l'ivrogne ferma les yeux. ''Tu me fais perdre la tête, Estelle de Chantauvent.'' Dit-il en soupirant, avant qu'un calme sourire ne vienne se dresser. '' J'en perds mes mots et ça, c'est quelque chose de rare !'' Ouvrant à un œil, il la regarda comme à son habitude. '' Je ne te retiens plus, princesse...'' Sa seule pupille entrouverte pétillait de malice, alors que c'était tel un défi qu'il venait de lui dresser ce simple constat. Dès lors, que ferait la tenancière de la Chope Sucrée ?
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyDim 14 Avr 2019 - 1:56


- « Je suis à toi » répéta-t-elle simplement dans un écho et un rire joueur « Pour un mois »

Elle l’avait rajouté comme pour se rassurer, pour se rattacher lâchement à une branche, avant de voir ses pensées balayées par son amusement. Estelle c’était mis à rire, oubliant tout le reste, laissant de côté la totalité de ses doutes, de ses craintes, il ne restait que Merrick Lorren et ses cheveux humides, sa tenue qui lui collait à la peau et cette envie de sortir victorieuse de cette bataille. Sa main était venue jouer avec la surface de l’eau l’éclaboussant allégrement sans aucune retenue, oubliant la voix de la raison et l’état de son plancher. Courant autour de la bassine, manquant parfois de chuter à cause de l’humidité, elle n’en restait pas moins joyeuse, riant aux éclats, pinçant ses lèvres, s’oubliant parfois à lui tirer la langue, comme une enfant qu’elle était finalement encore. Merrick avait fini par succomber entièrement à ce jeu, lui rendant la moindre de ses attaques, ne renonçant jamais à essayer de l’attraper et malgré quelques glissades ni l’un ni l’autre n’avait fini par se retrouver le nez sur le sol.

Puis ce fut cette main s’agrippant à son avant-bras, cette facilité pour les deux corps à se retrouver. L’un contre l’eau, dans un état particulièrement proche, les tissus collant à la peau, les cheveux collant au visage, ou bouclant davantage pour ceux de la rousse. Elle n’en restait pas moins heureuse de se faire capturer, acceptant finalement facilement sa défaite alors que les lèvres se retrouvaient pour un échanger intense, d’abord doux et plein de retenu, puis beaucoup plus désireux, plus aventureux. Fermant les yeux, laissant ses doigts se perdre derrière la nuque de Lorren, s’abandonner dans le bas de sa tignasse pour remonter légèrement avant de redescendre pour venir l’enlacer, n’avait-elle que cette envie de ne plus le quitter, d’en découvrir plus, d’en voir plus. Sentait-elle ses mains se perdre le long de ses courbes, sentait-elle son propre cœur tambouriner avec force, son souffle manqué alors qu’elle n’avait aucune envie de détacher sa bouche de la sienne. Succombant, ce ne fut que cette once de raison qui lui insuffla de prendre la fuite, de se reculer quelque peu.

Détaillant celui qui semblait déçu, la dame de Chantauvent ne put que retenir ce petit pincement au cœur, cette envie de rester là, alors que tout chez elle lui murmurait d’aller ailleurs, de ne surtout pas succomber. Étirant ses lèvres dans un petit sourire, elle lui offrit un clin d’œil qui se voulait rassurant, chercher à réinstaurer un climat de jeu entre eux et non ce besoin de succomber à cette attirance de plus en plus présente. Une fois à l’extérieur de la pièce, elle ne put que s’adosser à la porte, lâchant un long soupir, était-elle parvenue à résister au grand Merrick Lorren, mais pour combien de temps ? Laissant ses émotions redescendre elle prit un peu plus de temps pour récupérer les serviettes et les vêtements secs dans sa grande armoire, avisa –t-elle un instant la couche qu’elle partageait autre fois avec son mari, avec cette étrange sensation de mal agir, de manquer de respecter à un défunt qui ne voudrait certainement que la voir de nouveau heureuse.

Revenant sur ses pas pour retrouver la chaleur de la pièce d’eau, la tenancière ne put s’empêcher de toquer, glissant une main sur ses yeux en écarquillant les doigts avant d’entrer. Fermant rapidement le tout en découvrant un Merrick nu, se glissant dans la bassine d’eau. S’adossant contre la porte, conservant l’ensemble des éléments pas tout à fait contre elle pour ne pas humidifier et salir le tout, elle dut paraître un peu gênée. Les joues roses, elle évoquait simplement le fait d’avoir récupéré ce qu’il fallait pour l’homme d’armes, de quoi se sécher, s’habiller, ne lui accorda-t-il qu’un parfait tout en soupirant de confort au contact de l’eau encore chaude sur sa peau. Estelle avait presque immédiatement senti cette vague de frissons alors qu’elle s’approchait, toujours une main les doigts écartés sur ses yeux pour déposer au plus proche du milicien, les différents éléments. S’embrouillant dans ses pensées, elle avait finir par évoquer ce discourt incohérent, celui de venir le rejoindre, mais sans vraiment le rejoindre, cette envie d’être là, mais sans aller plus loin. Était-il possible de ne pas succomber à la tentation en y plongeant si fortement ? Difficile à dire toujours était-il qu’il avait stoppé l’argumentaire de la jeune femme en se relevant soudainement de la bassine.

Celle qui était déjà confuse, n’en fut que davantage, fermant presque immédiatement les yeux, alors que ses doigts ne l’avaient guère protégé de la vision un peu trop entière du corps de Merrick et qui curiosité obligea avait fini par laisser ses prunelles vagabonder une fraction de seconde sur la partie interdite en dehors des liens sacrés du mariage. Désormais aussi rouge qu’elle pouvait l’être, elle avait attendu d’entendre le bruit de l’eau et du corps de Merrick y replongeant pour oser ouvrir un œil, juste un seul, alors qu’il reprenait la parole de cette manière bien maladroite.

- « Que » fit-elle dans un premier temps alors qu’il évoquait le fait qu’il ne se passerait jamais rien, devait-être être rassurée par cet état de fait ou soudainement paniquer ? « Je… » fit-elle un peu plus confuse alors qu’elle n’était pas certaine de voir ou son représentant du duc voulait en venir. Il avait fini par frapper l’eau à plat, l’éclaboussant au passage avant de reprendre la parole.

Ce fut un nouveau silence, alors qu’elle laissait glisser sa main de son visage, pour aviser celui de Merrick, la bouche légèrement ouverte sous la surprise. Était-ce la première fois qu’il semblait véritablement sincère, ne pas jouer, ne pas tricher, ne pas s’amuser avec les mots. Dubitative, peut-être même un peu perturbé par des paroles qui avaient eu le don de lui mettre le doute sur cette certitude que rentrer dans le bain n’était aucunement une bonne idée.

- « Toi aussi, Merrick… Tu me fais perdre la tête » l’observant lui et son œil ouvert lui et sa capacité de lui faire perdre toute notion de raison elle finit par ajouter « ferme ton œil, chevalier Lorren »

Pivotant pour être dos à lui, Estelle débuta à défaire les liens de son corset, laissant glisser le long de ses courbes le moindre morceau de tissu, jusqu’à retirer ses chausses. Était-elle hésitante, encore, retenait-elle parfois un peu le tissu avec ce doute persistant que tout ceci n’était pas une bonne idée, réellement pas une bonne idée, mais n’avait-il pas promis ? Ne pouvait-elle pas lui faire confiance ?

- « Garde bien les yeux fermés Merrick, sinon je te noie, je te préviens ! Je n’hésiterai pas une seule petite seconde. » tenta-t-elle de le mettre en garde « Je te le promets pour de vrai, de vrai » ajouta-t-elle.

Les derniers remparts de tissus avait fini par se retrouver sur le sol, dévoilant l’entièreté de sa silhouette aux courbes féminines, possédait-elle quelques agréables rondeurs, sans que cela ne soit une agression pour l’œil, mais n’avait-elle pas dans l’idée –aussi contradictoire soit-il- que Merrick la détaille. Surveillant que l’homme ne l’avise aucunement, elle eut cette nouvelle demande un peu enfantine, un peu étrange, mais visiblement sincère :

- « Glisse donc tes mains sur tes yeux, comme ça je suis certaine que tu ne triches pas. » Fronçant les sourcils vérifiant qu’il s’appliquait « Sinon je bouge plus.»

Ce fut finalement avec une conviction toute relative que la dame avait fini par venir glisser une jambe, puis une seconde dans la bassine ou Merrick reposait déjà. Hésitante elle avait dû rester quelques secondes debout à se demander si elle faisait le bon choix avant de finalement se tourner pour être dos à lui, se glissant dans l’eau pour venir s’installer contre l’homme d’armes. Ce fut un premier véritable physique, aussi surprenant soit-il, aussi improbable soit-il. Estelle s’était retrouvée entre les jambes de Merrick, le dos contre son torse, sentait-elle autant sa chaleur que ses mouvements, que la moindre de ses respirations, que son rythme cardiaque. Percevait-il, lui, l’homme d’armes à quel point elle était soudainement nerveuse, à quel point son palpitant tambourinait avec force, à quel point elle ne savait pas réellement comment se positionner, si elle devait complètement se détendre et mettre son poids, ou au contraire se retenir comme elle le faisait là. Ce fut peut-être seulement à ce moment-là, alors qu’elle percevait une multitude de frissons l’envahir qu’elle comprit que non, ce n’était pas franchement une très bonne idée.

- « Tu as ouvert les yeux ? » questionna-t-elle naïvement « Je ne sais pas si c’était une bonne idée » poursuivit-elle la voix un peu anxieuse « Merrick… » souffla-t-elle avant de lâcher un soupir.

Ce fut dans ce trouble grandissant, alternant entre satisfaction d’être dans un moment de rapprochement avec le représentant de la milice, elle hésita cependant à complètement s’installer, avant de finalement laisser l’arrière de sa tête reposer sur le haut du torse de Merrick, laissant ses courbes épouses la posture de l’homme d’armes, sans trop bouger pour ne pas l’écraser ou avoir un mouvement qui pourrait s’avérer douloureux. Comme lorsqu’elle avait besoin de ne pas penser, ou parce qu’elle se refusait de penser, la dame de Chantauvent avait fini par tenter de converser, de profiter de ce moment de calme pour échanger sincèrement.

- « Tu sais, je pense que le nom de la chope pourrait changer si tu le voulais vraiment, enfin je veux dire, après ce mois… Si tu avais envie, j’veux dire tu vois… Tu pourrais, enfin… La chope sucrée des Lorrens, enfin… » Enfin, c’était brouillon un peu trop « Ce que je veux dire, c’est que je veux bien te faire une place. » Ce n’était pas forcement mieux « Enfin pas qu’une place, tu vois, c’pas comme te laisser un tiroir pour mettre tes vêtements, je veux bien… » elle fit silence.

Ce fut un nouveau soupir qui avait fui ses lèvres alors qu’elle fermait les yeux, laissant ses doigts plonger sous l’eau pour venir effleurer le mollet de celui qui se trouvait juste derrière elle. C’était comme l’apprivoiser d’une autre façon, comme ressentir le stress de la première fois, comme combler une hésitation qui n’avait pas lieu d’être.

- « C’était une drôle de soirée, tu ne trouves pas ? Je voulais te dire… Tu sais pour Adrien, merci pour ce que tu as dit… Je sais que tu ne le portes pas dans ton cœur, mais que tu me pousses à renouer contact c’est… courageux. » elle avait laissé ses doigts remonter un peu jusqu’à son genou « J’irais le voir demain pour m’excuser… De toute façon, une parole est une parole, on ne risque pas grand-chose, je suppose… Mais, au cas où, je te fais la promesse de passer par toi en cas de doute, je n’ai pas envie de revivre notre première dispute… »

Notre première dispute, c’était étrange d’amener les choses ainsi, du-t-elle penser fortement, ses mouvements avaient même dû se stopper un instant, avant de reprendre, commençait-elle à se détendre un peu, sans parvenir à complètement lâcher prise.

- « Tu veux bien rester pour la nuit alors ? Ça me ferait plaisir… Je n’aime pas être seule, surtout quand je me dispute avec Adrien… » elle avait bougé un peu les épaules « Tu sais… Il n’est pas si méchant, tu as raison quand tu dis qu’il me protège, avec mes parents ils ont toujours voulu le meilleur pour moi et j’ai toujours aspiré à la simplicité… » elle poursuivit le mouvement de ses doigts autour de son genou, puis sur la cuisse avant de retourner sur le genou « Tu as raison, quand tu me fais sentir que je suis une privilégiée, c’est un peu vrai… Hormis la perte de mes parents et celle de mon mari, je n’ai pas connu l’horreur de ceux de l’extérieur, j’essaie de me rattraper, d’être présente, je voudrais aller au Labret un jour, rencontrer les producteurs, passer des contrats… Et puis peut-être qu’une deuxième chope sucrée pourrait ouvrir à jour ? »

Estelle avait toujours eu envie d’avoir des projets, elle s’obligeait à en avoir, toujours, pour ne pas sombrer.

- « Tu sais tout à l’heure, tu disais à Adrien que tu n’avais pas forcément envie de monter en grade, cela ne te plairait vraiment pas ? De quoi tu as envie toi, Merrick Lorren ? » elle se pinça les lèvres, alors qu’elle fixait un point imaginaire plus loin, se refusant d’intégrer qu’elle était nue contre lui « Je vais prendre des jours, enfin, embaucher quelqu’un, je pense, pour m’aider ici… Comme ça, enfin… Si tu veux… On pourra sortir, je veux dire, découvrir la ville, pleinement, et je ne parle pas des tavernes concurrentes hein ! » sentant un frisson parcourir le long de son dos, elle changea finalement de sujet « Tu me rends folle, Merrick Lorren… Jamais je n’aurais cru me retrouver dans un bain, ici, avec toi… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyDim 14 Avr 2019 - 7:23
-''Si tu es à moi, Estelle de Chantauvent, pour me fuis-tu ainsi ?''

Après tout, celle-ci avait mentionné explicitement à Merrick Lorren qu'elle lui appartenait. Du moins, pour ce mois-ci. Mais si tel était le cas, pourquoi s'enfuyait-elle de lui ? Et bien, cela devait être le résultat et la constante de leur lutte, de la rixe qui allait sous peu inonder la salle d'eau. De fait, sa tenancière devait se méfier de la vengeance qu'il escomptait fomenter. Elle avait raison de s'enfuir et de ne pas le rejoindre tout de suite. Si tel avait été le cas, l'homme d'armes l'aurait probablement jeté dans la bassine pour assurer sa domination et sa victoire. Ou alors, cette fuite et ses esquives à répétition de la rouquine pouvaient aussi s'expliquer si tout cela se trouvait n'être qu'une énième manche de leur drôle de relation, où l'un et l'autre sentaient et pressentaient une attirance, sans pour autant s'engager complètement. Car il était vrai que tous deux avaient bien avancé depuis leur rencontre.

Passant rapidement d'une simple relation de client et marchand à un rapport de courtisan et courtisée, le duo était devenu ennemis tout aussi rapidement. Loin d'être le même genre d'opposant qu'ils étaient présentement, cette étape de l'évolution de leur sentiment, où le ressentiment avait pris le contrôle de leur sens, avait été en quelque sorte bénéfique. Car bien que ce qui les avait attachés avait été fugace, le sentiment de traîtrise et d'abandon qui les avaient mordus avec une forte âpreté avait fait réaliser une chose au couple, ou à tout le moins à Lorren; son attachement pour la dame de Chantauvent. Incapable de passer à autre chose, inapte à couper les ponts et retourner courir les jupons, le fieffé charmeur avait été pris à son propre jeu.

Celui qui passait d'une conquête à l'autre, voltigeant de réussite en échec sans s'émouvoir ou s'arrêter un moindre instant, n'était plus capable de le faire, alors même qu'il croyait avoir été repoussé. Cet état des faits avait été perçu comme une faiblesse par la part de salopard qui constituait Merrick Lorren. Où était le beau parleur, le pendard qui résistait et tenait la draguée haute à la gent féminine ? Disparu dans un relent d'amertume, dans l'acrimonie et l'aigreur des affres que lui imposait la disparition inopinée de sa tenancière. Toujours est-il, que le duo s'était retrouvé, commuant leur réconciliation de la plus belle des manières. Enfin, presque... Bref. Cette étape avait été une nouvelle évolution de leur relation, où d'adversaire ils étaient devenus en quelque sorte partenaire, ou en clair; un couple inavoué et ce, aussi bien à la face du monde qu'à eux-mêmes.

Aujourd'hui, ce duo était toujours le même. Or en plus, autour d'eux flottait la potentielle obligation d'un mariage. Cette réalité apportait à la fois son lot de bonheur et de malheur. En cet instant, bien qu'il ne se l'avoua pas sur le moment, Merrick Lorren aurait accepté sans rechigner de passer le restant de ses jours à ses côtés. Pourquoi ? Et bien, il suffisait de voir l'amusement qui les étreignait, le plaisir qu'ils avaient à s'affronter aussi puérilement pour se dire qu'une vie à deux, ce ne devait pas être si mal.

Or, tout cela ne finit aucunement sur cette belle demande. Après tout, son esprit était bien loin de cette réalité, bien que son cœur tangue en cette direction. Ainsi, l'attrapant, se rapprochant jusqu'à ne plus pouvoir le faire, Lorren avait conservé sa tenancière au plus près, échangeant caresse et tendresse jusqu'à ce que la fatalité du glas ne résonne sur ses espoirs de voir plus se concrétiser. De fait, apprenant que celle-ci comptait s'esquiver pour aller chercher des serviettes, les rêves qu'escomptait le milicien de la voir le rejoindre dans la bassine disparurent en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire. Réussissant difficilement à accepter sa déconvenue, Merrick finit par se glisser dans l'eau chaude, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

C'est à cet instant qu'Estelle de Chantauvent fit son retour, les yeux cachés derrière des doigts entrouverts. Malicieux, l'ivrogne n'eut pas la force de lui dire que sa mascarade de pudibonderie était éventée. De plus, le visage cramoisi de la jeune femme ne mentait guère sur ce qu'elle avait vu ou cru entrapercevoir. Loin de s'en offusquer, mais ne voulant pas non plus la faire fuir, le milicien resta silencieux, se congratulant tout de même silencieusement pour les tourments qu'il lui faisait vivre. Ne restant pas en place, la propriétaire des lieux, et potentiellement de son cœur et de son avenir, se rapprocha pour venir déposer au plus près la serviette qui avait couvert d'une raison sa fuite de ses bras. C'est là qu'elle avait réussi à décontenancer l'homme d'armes, lui proposant innocemment de pouvoir peut-être le rejoindre si rien n'arrivait.

Dès lors, la surprise et l'envie avaient fait se redresser le jeune homme de la bassine, venant à son tour colorer son faciès d'une couleur rougeâtre par la gêne que sa manœuvre venait de lui occasionner. Il eut tout de même l'obligeance et la satisfaction de remarquer que cela ne laissa pas de marbre la jeune femme qui se trouvaient devant lui. ''Désolé ! Je ne voulais pas...'' le terrain était trop glissant. Préféra-t-il ainsi se rabattre sur la volonté de la voir accepter, de lui faire comprendre que l'idée n'était pas mauvaise. Mais par un manque de tact, impacté à la fois par sa gêne, par le désir et la volonté de lui faire convenablement comprendre qu'il ne profiterait jamais d'elle même sans son accord, alors que leur relation avait évolué à un stade supérieur que le simple désir charnel, Lorren s'embrouilla dans ses mots. Rageant contre lui-même, il réussit enfin à s'expliquer convenablement, finissant par rendre les armes de son argumentaire, laissant la balle dans le camp de la rouquine. Dorénavant, c'était à elle de faire ce qu'elle désirait. C'est ainsi qu'un œil ouvert, l'ivrogne attendit les tenants et aboutissants de sa prise de parole.

-''Si aucun de nous n'a plus sa tête en présence de l'autre, qu'allons-nous faire ?'' Tenta-t-il un peu maladroitement, essayant de rapporter l'amusement au premier plan. Mais, la suite eut le mérite de le décontenancer et d'à nouveau le faire espérer. ''Tout pour vous plaire, ma dame.'' Continua-t-il dans le même registre, bien que sa voix soit nettement moins assurée et que son sourire ait oscillé quelques instants. Sans tricher, il ferma sa paupière, se retrouvant dès lors plongé dans l'obscurité. Pour autant, bien qu'aveugle, l'ensemble de ses autres sens fonctionnaient à plein régime, alors qu'il pensait entrapercevoir ce que cet ordre signifiait. Son ouïe était notamment concentrée à essayer d'entendre le bruissement des vêtements qui partait choir au sol.

-''Je ne tricherais pl...pas ! Je ne tricherais pas.'' Répéta-t-il aussi rapidement qu'il se corrigea, alors qu'avec la prise de parole d'Estelle, Merrick avait ouvert un œil. Dos à lui, le milicien avait tout de même pu laisser son regard vagabonder le long des courbes et des vallons que constituaient le corps de celle qui le tentait follement. Se rongeant la lèvre inférieure, le jeune homme était retourné dans ce monde obscur qui l'empêchait d'apercevoir l'objet de ses désirs. Pourquoi acceptait-il de s'aveugler de la sorte ? Tout simplement pour ne pas la faire fuir, pour ne pas qu'elle puisse se rétracter et reculer de ce qu'elle venait d'acter et de commencer. La suite eut le mérite à la fois de l'amuser et de l'attendrir. ''Tes désirs sont des ordres.'' Levant les deux mains au niveau de son visage, il cacha de ses paumes ses globes oculaires, ne laissant aucun interstice et aucune chance à son regard de se frayer un chemin pour reluquer le sublime physique qu'il avait eu la chance d'apercevoir. Vrillé entre sa volonté de bien faire et son désir grandissant, Merrick continuait à triturer sa lèvre de ses dents, tentant coûte que coûte de ne pas tricher. Après tout, il avait déjà eu la chance d'entrapercevoir cette silhouette qui le faisait frémir. Et puis, en outre, le milicien ne voulait pas être au comble du désir lorsqu'Estelle se glisserait dans l'eau. Son corps ne devait pas le trahir. Coûte que coûte, il devait réussir à se contenir et rester maître des signes physiques qui ne mentaient pas quant à ses envies. Pour s'aider, mieux valait-il ne rien voir de plus...

- ''Si tu ne bouges plus, je pourrais t'admirer sans discontinuer !'' Ponctua-t-il finalement avec petit rire nerveux quant à la suite. Il tentait d'alléger aussi bien son désir que l'atmosphère. Bien que ses mots pouvaient être une rebuffade à même de faire hésiter la rouquine, Merrick tourna ostensiblement la tête vers le fond de la pièce, permettant à sa tenancière de se retrouver dans son angle mort, sans qu'il ne descende les mains de son faciès. Ainsi, il voulait lui montrer que sa remarque n'était pas à prendre au premier degré.

Bien vite, son cou permit à sa tête de revenir sur son axe de départ, alors qu'il sentait et entendit la jambe -qu'il savait douce- venir crever la surface de l'eau. Ses mains ne bougèrent point de son visage, bien que ceux-ci se crispèrent sous l'appréhension du moment. Passant du mordillement de ses lèvres à leur humidification à l'aide de sa langue, Lorren resta tout de même silencieux. La sachant enfin complètement immergée dans l'eau, Merrick resta pour autant bien sagement caché derrière ses doigts qui obstruaient sa vue. Dès lors, il fut complètement surpris de la sentir venir s'installer contre lui. Se redressant rapidement, laissant ses mains tomber et ses yeux s'ouvrir, il put s'épancher de la vision du dos dénudé et de la nuque de la dame de Chantauvent, alors que le beau salopard continuait à s'évertuer à se contenir et ne pas laisser son corps le trahir. Et pour tout vous dire, c'était une mission affreusement difficile. Tuer un fangeux semblait si simple en comparaison...

-''Ou..hum.'' Commença-t-il en se raclant la gorge. ''Oui j'ai ouvert les yeux.'' Sans la barrière du tissu, c'était la première fois que leur corps rentrait en contact l'un avec l'autre. Autant que Lorren voulait que cela perdure indéfiniment, autant qu'il trouvait lui aussi, en quelque sorte, que c'était une mauvaise idée. Non pas qu'il ne trouvait pas son compte dans cette promiscuité qui l'élançait autant qu'il la désirait. Or, il avait promis de ne rien tenter, tant et aussi longtemps qu'elle ne se serait pas positionnée en faveur d'une quelconque action. Pour autant, sa retenue s'amenuisait aussi rapidement qu'il était possible de l'escompter. Se voyait-il déjà la retourner, l'embrasser et laisser ses mains vagabonder, puis descendre jusqu'à... Non ! il ne devait pas avoir ces images à l'esprit. Tout sauf ça. Sinon, son corps allait réagir et... soufflant, se faisant violence pour détourner ses pensées de cette possible action qui le vrillait, l'homme d'armes mentit à sa tenancière. ''Mais non. Ce n'est pas une si mauvaise idée.'' Puis plus concerné et sérieux, se penchant un peut vers l'avant il vint lui murmurer dans l'oreille. ''Ne viens pas me dire que c'est si souffrant que cela, hein ?'' Humant la fragrance de sa chevelure, fermant les yeux et appuyant sa joue contre la crinière encore humide de leur combat, Lorren resta ainsi quelques instants, avant d'offrir un baiser sur l'oreille d'Estelle et de retourner s'appuyer vers l'arrière. Était-ce ses paroles, ou bien une décision individuelle ? Qu'importe, mais sa tenancière vint reposer sa tête sur son torse. Leurs corps suivaient dès lors l'un et l'autre la même courbe. Serrant des dents à s'en faire crisser la mâchoire, le jeune homme réussit encore une fois à se contenir. Cela devenait insoutenable, impossible. Déjà, sa retenue physique vacillait.

Pour autant, il ne tenta pas de se dérober, enserrant plutôt de son étreinte Estelle de Chantauvent. De fait, ses bras sortirent d'en dessous des profondeurs de l'eau, histoire de s'enrouler autour des épaules de celle qui s'appuyait contre lui. En remontant, ses doigts avaient ''malencontreusement'' frôlé le corps et surtout les côtes de la rouquine. Ne s'excusa-t-il pas le moins du monde pour ce fugace contact, enclenché sans qu'il n'en prenne réellement conscience. Son désir avait pris la décision pour lui, en quelque sorte... La suite des paroles de la jeune femme eut le mérite de l'attendrir. L'écoutant parler, ne brisant pas sa prise de parole, il essayait du mieux possible de lui répondre, sans fioriture à même de dénaturer le sentiment qu'avait fait naître ces mots. Décidément, ce bain était prometteur, lui qui rapprochait aussi bien leurs corps que leurs cœurs...

-'' Merci.'' Peut-être que le mot peut vous sembler bien simple. Or, le grain de la voix enrouée, le ton vibrant de reconnaissance et d'amo...de passion et la lenteur de l'articulation ne mentaient pas. Merrick Lorren goûtait réellement à cette prise de parole qui était une offrande plus que conséquente de la part de la jeune femme. Reniflant, il poursuivit. '' Aussi longtemps que les Lorren peuvent se retrouver ensemble en ce lieu, l'endroit n'a pas besoin de changer véritablement de nom...'' Merrick essayait de lui faire comprendre qu'il ne serait pas jaloux de son défunt époux, qu'elle n'avait pas besoin de vouloir oblitérer l'ensemble de ses souvenirs qui les unissaient, elle et son mari, pour acquérir le stupide et insipide milicien qu'il était. La jalousie était un vilain défaut chez l'homme d'armes, mais autant qu'il savait devoir supplanter le macchabée, il ne pouvait être étreint de ressentiment à son égard. Lui avait la chance de pouvoir compétitionner et tenter de charmer sa ''victime'' jour après jour...

Sur ces pensées et entrefaites, le beau salopard sentit la main de la rouquine venir à la rencontre de son mollet. Électrisé par le contact, aussi bien à cause de la proximité de ses doigts que par la surprise de la manœuvre qu'il n'avait vue, un frisson lui courra le long de l'échine. Resserrant son emprise sur les épaules de sa tenancière, ses bras perdirent un peu de leur hauteur. Dès lors, ses avant-bras rentrèrent en contact avec l'eau, tandis que ses mains s'appuyaient désormais sur le haut des bras d'Estelle, plutôt que sur ses épaules. '' En effet, ce fut assez détonant et étonnant comme nuit. Mais tu sais quoi ? Ce n'est pas si mal que ça finisse ainsi. Au départ, nous n'étions pas censés nous retrouver si tôt. Grâce à ton frère, nous avons pu passer plus de temps ensemble. Je ne m'en plaindrais pas.'' Haussant les épaules, bien qu'elle ne puisse le voir, mais potentiellement le sentir, le milicien poursuivit. '' Je ne l'aime pas spécialement, mais je comprends ses motivations.'' Puis pouffant avec amertume: ''Ce n'est pas une question de courage... ce n'est que des mots, des paroles sans conséquence pour moi.'' Puis appuyant sa tête sur celle de sa tenancière, laissant son regard se perdre vers le fond de la salle et permettant à un sourire d'orner ses lèvres. '' Je n'hésiterais pas non plus à venir te voir pour te parler en cas de doute. Ça m'a fait assez mal et assez peur de te perdre pour que je ne veuille plus revivre notre dispute moi aussi.'' Puis en prenant une profonde respiration. ''Tu sais Estelle, je ne te cacherais jamais rien. Je... tu sais déjà le pire de moi, alors... bref. Je te fais confiance pour tout te dire.''

Le sérieux des mots lui avait fait perdre, pendant un infime instant, la proximité physique qui les unissait. Mais, ayant terminé de s'épancher dans les mots qu'il voulait aussi passionnés que véritables, Merrick Lorren sentit les doigts de la jeune femme sur son genou. Contenance, retenue, se contraindre. Oui, se retenir, ne pas flancher, ne pas laisser son corps le trahir. Soufflant par deux fois, l'homme d'armes repoussa encore une fois la dureté qui ne mentirait pas sur ce qu'elle lui faisait ressentir. À tous les coups, ce n'était pas une réussite parfaite, mais cela avait le mérite de ne pas être complètement outrancier et tendancieux.

''Même si je le voulais, je serais incapable de me soustraire à tes charmes pour la nuit. Arrê...'' Il avait voulu lui dire d'arrêter de bouger, mais il se ravisa. Le délice, qui était à la fois supplice, était trop conséquent. ''Toi, Estelle de Chantauvent qui aspire à la simplicité ?'' Il ne put s'empêcher de rire. ''Ouvrir une auberge au lieu de reprendre la boutique de couture de ta mère. Te marier avec un homme qui semblait ne pas être dans les bonnes grâces de ta famille. Te retrouver dans un bain avec le plus vil, quoiqu’ excessivement charmant, des miliciens. Pourrais-tu me montrer où est la simplicité là-dedans ?'' Enchaîna-t-il avec une pointe d'amusement immanquable.

Lorsqu'il sentit ses doigts sur sa cuisse, ce fut le point de rupture et de non-retour. Comment contenir son corps de le trahir, de ne pas démontrer l'ensemble du désir qui le vrillait dangereusement, qu'Estelle de Chantauvent soit vêtue ou non, dans la bassine avec lui ou à l'extérieur de celle-ci ? Comment pouvait-il rester de marbre à l'objet de ses désirs, qui le tentait dangereusement en venant perdre sa main à une infime distance de sa virilité ? Impossible, tout bonnement impossible. À ses yeux, sa retenue avait été exemplaire, féroce et forcenée. D'elle-même, sa tenancière avait fait survenir la réaction en chaîne qui n'avait pu être évitée plus longtemps. Avec leur position, cela était immanquable. Mais, il ne fit rien de plus, ou ne proféra aucun son pendant quelques instants. La gêne, le désir, le sérieux de la conversation, puis le désir et de nouveau la gêne. Lorren ne savait plus que penser, comment penser, ou que dire. Inconsciemment, ses bras se desserrèrent et descendirent plus bas. Ses doigts vinrent dangereusement frôler les côtes de la jeune femme.

Bref, le raclement de gorge qu'il proféra fut l'unique signe distinctif de la malencontreuse contenance qui s'était évaporé. Ça, et la trahison de sa masculinité... '' Ta situation n'est pas une carence que tu peux t'imputer à toi-même. As-tu eu la chance de naître dans une bonne famille, tout simplement. Et puis, je ne pense pas que tu fus réellement exempt de douleur. La perte d'un être cher, c'est toujours très... difficile. Non. L'unique privilège que tu as, c'est de pouvoir me côtoyer de si près.'' Termina-t-il sur le même ton, complètement innocemment. '' Le Labret, hein ? Pourquoi pas... je pourrais t'accompagner. Pour t'offrir protection, évidemment. Et puis, aurais-je probablement enfin le droit de te proposer de se rapprocher pour qu'on puisse se réchauffer l'un et l'autre le soir ? Ce pourrait être pas mal.'' Enchaîna-t-il avec un ton faussement rêveur.

-''À dire vrai, j'aimerais monter en grade. Qui ne rêverait pas de se retrouver à un plus haut échelon qu'il n'est ? Mais, je ne veux pas le devoir à ton frère, et je ne veux pas avoir à faire plus d'effort.'' N'osa-t-il pas dire qu'il en faisait déjà très peu. Le savait-elle probablement déjà.'' Je ne pense pas être le plus méritant pour devenir plus que je ne suis déjà. Mais si jamais au détour je peux me hisser plus haut... pourquoi pas ?'' Merrick Lorren n'était pas carriériste et n'allait pas faire d'effort conséquent pour le devenir. La pureté d'âme, le preux chevalier, la foi, l'ardeur et l'effort n'étaient pas des faits qui le définissaient. Lui était un ivrogne, un salopard, un couard, un paresseux, un beau parleur et un croyant flirtant avec l'indécence. Dès lors, qui voudrait réellement le hisser plus haut que son rang de milicien ? Si cela arrivait, il en serait fort aise, tentant bien médiocrement de faire son devoir au mieux de ses minces capacités.

-''Mais ce que dont j'ai envie c'est...'' De toi, de nous ? '' Passer du temps avec toi, tout simplement.'' Au moins, cela était honnête. Comme pour lui répondre, sa tenancière était allée parler de jour de repos, d'une aide d'une tierce personne. Bien que leur conversation soit teintée de sérieux, l'homme d'armes n'oubliait pas sa proximité, ses doigts sur sa peau, ses propres mains sur ses côtes... '' Je le veux ! Taverne concurrente, ou non, comme possible lieu de notre perdition. Pr...prenons le temps de se connaître, de voir si nous pourrions...enfin, tu sais. Voir si nous pourrions...concorder et s'accorder avec harmonie ?''

Aussi inopinément que depuis leur début de discussion, la jeune femme changea de sujet, mentionnant qu'elle n'aurait jamais imaginé se retrouver dans un bain avec lui et qu'il la rendait folle.''Moi je n'en ai jamais douté que ce jour arriverait, Estelle de Chantauvent. Et puis, je t'avais déjà averti à notre rencontre que tu succomberais et que tu finirais par me rejoindre dans ce bain...''

Pour couronner sa prise de parole, Merrick Lorren vint se pencher sur le côté du visage d'Estelle. Le faciès à moitié à l'envers, il partit en conquête de ses lèvres, venant embrasser délicatement celle qui faisait battre son cœur de plus en plus fort. Bien vite, la douceur s'éclipsa au profit d'une ardeur tentatrice, tandis que le milicien ouvrait la bouche pour permettre à sa langue de repartir à la découverte de celle de sa tenancière. La désirant, Merrick était fiévreux à la fois de leur dernier échange de mots qui mêlait sérieux et tendresse, ainsi que de la situation physique en elle-même. Il ne se contenait plus, laissant son corps trahir les tourments de l'envie qui le dévorait. L'ivrogne restait un homme, incapable de cacher et circoncire plus longtemps son envie. En outre, ses mains n'étaient pas restées calmes et sereines. L'une des deux continua à descendre lentement, partant des côtes pour atterrir sur la cuisse de la jeune femme, à l'exacte position où les propres doigts de la rouquine avaient fait sauter la digue de sa contenance. Ses autres doigts restèrent postés où ils étaient, resserrant simplement la pression qu'ils exerçaient. Sur le point de les guider vers un lieu moins chaste, le jeune homme mit fin au baiser qui lui faisait tourner la tête. Encore un peu plus, et il ne pourrait plus conserver sa promesse de ne pas fomenter plus. Il se devait d'agir en conséquence de ses paroles, de faire concorder ses actes à sa promesse.

Déposant son front sur l'épaule d'Estelle de Chantauvent, Merrick Lorren partit d'un soupir, non pas douloureux, mais plutôt rêveur. '' Est-ce moi où l'eau n'a de cesse de se réchauffer ?'' Indéniablement, c'était plutôt son sang qui bouillait de ce contact physique qui les unissait. ''Au départ, je la trouvais grande cette bassine. Mais au final, elle n'a que la taille parfaite.'' Tournant son visage vers le bas, il se permit éhontément de mordiller l'épaule de sa tenancière, avant de revenir perdre son regard dans les yeux bleu-gris qui l'emprisonnait. '' Trouves-tu toujours que c'était une mauvaise idée, ce bain à deux ?'' En proférant ces mots, ses mains avaient quitté leur position à risque, sans pour autant s'éloigner de trop loin. De fait, ses bras s'enroulèrent autour de la taille de la jeune femme, laissant ses doigts courir le long des hanches dénudées de la propriétaire des lieux et de son abdomen. Si près et à la fois si loin de la concupiscence complètement avouée qui le torturait...

Son désir était toujours aussi tenace, perceptible physiquement et ardent. Pour autant, il ne franchirait pas la limite immuable qu'il avait dressée à l'aune de sa promesse; celle d'attendre l'accord d'Estelle de Chantauvent pour quémander et partir en quête de plus. Un simple mot, un unique ''oui'', aussi ténu soit-il, le libérerait des affres de cet engagement. Et si ce terme franchissait les lèvres de celle à la chevelure de feu, Merrick Lorren ne répondrait plus de lui-même...

-''Puisse ce moment ne jamais s'arrêter.''
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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- « Pas grand-chose je le crains » souffla-t-elle à la fois amusée et atrocement réaliste « Monsieur est trop bon » avait-elle fini par compléter un brin hésitante.

Lui tournant le dos, elle avait dû paraître un peu hésitante, beaucoup même, son cœur se serrait dans sa poitrine à de nombreuses reprises, son rythme était irrégulier et lui donnait la sensation de venir tambouriner jusqu’à ses oreilles. Ses mains tremblantes venaient dénouer bouton par bouton le haut de sa tenue, puis retirer les lacets d’un corset qui lui donnait la sensation d’étouffer, était-ce bien lui le responsable ou toute autre chose ? Petit à petit, les morceaux de tissus se retrouvaient sur le sol, dévoilant dans le même dynamisme la peau pâle de la tenancière de la chope sucrée. Pan après pan, mouvement après mouvement, tremblement hésitant et respiration un peu saccadée, la rousse avait fini par se retrouver entièrement nue, dos à celui qui se trouvait dans l’eau et dont elle ne pouvait s’empêcher de proliférer une quelconque menace pour toute éventuelle tricherie. Merrick s’était empressée de lui répondre qu’il ne tricherait plus et ce fut presque naturellement qu’elle lui lança un coup d’œil pour s’assurer qu’il résidait bien dans une obscurité et non dans une séance d’observation interdite.

Rassurée, elle étira ses lèvres dans un premier sourire, se pinçant celle inférieure avec un peu plus de force, alors qu’elle exigeait désormais qu’il dépose ses mains sur ses yeux. La dame de Chantauvent cherchait un peu de courage, un peu de détermination, alors qu’elle tremblait comme une feuille morte de la totalité de son être. Hésitante, peu rassurée vis-à-vis de ses choix, mais également de ce corps qu’elle pouvait découvrir en s’approchant, puisque la situation était pour la première fois bien inégale. L’homme d’armes n’ayant plus le droit à la vue, alors que celle qui dirigeait l’établissement était entièrement libre de sa vision et du moindre de ses mouvements. S’approchant finalement, la rousse dont la chevelure humide perlait quelque peu le long de son dos avait fini par s’immobiliser, le menaçant une nouvelle fois de ne plus jamais, plissant le nez et prenant sa petite moue enfantine lorsqu’il évoquait de pouvoir l’observer sans discontinuer.

- « Faudrait-il déjà ouvrir les yeux pour ça et c’est interdits » fit-elle en se pinçant les lèvres.

Une nouvelle fois, ce fut son cœur qui se comprima le premier, manquant un battement, à moins que ce ne soit sa respiration qui fut beaucoup plus difficile, alors qu’elle glissait une jambe dans l’eau chaude, ce qui la fit frissonner, alors que son regard descendait dangereusement vers le torse dévoilé de Merrick, puis quelques centimètres plus bas. Ce fut une réaction cutanée presque immédiate, alors qu’elle lâché un soupir parfaitement audible pour évacuer sa gêne. Par la trinité, qu’est-ce que je fais. C’est bien la phrase qu’elle devait se répéter justement sans discontinuer réellement cette fois-ci. Relevant la tête, se refusant à aviser celui qui pourtant conservait bien ses mains sur ses yeux, Estelle ne parvenait pas à se détendre, pas du tout. Ce fut finalement plutôt naturellement et tout aussi nerveusement qu’elle avait glissé la deuxième jambe dans la grande bassine, debout, immobile, elle observait une nouvelle fois la nudité de Merrick Lorren. Tricheur un peu dans l’âme, avait-elle sans même s’en apercevoir un avantage de la vision, qui pour le coup, ne lui permettait pas d’oublier ou de mettre de côté cette vague de désir qu’elle ressentait de plus en plus présente.

Lui tournant le dos, soit pour camoufler sa poitrine ou sa fleur réservée et préservée, soit pour une raison inconnue qui lui permettait de se dire que c’était moins pire ainsi, elle avait fini par s’immerger lentement, jusqu’à venir se glisser entre ses jambes et contre lui, ou tout du moins à proximité de celui qui semblait peut-être aussi tendu que sa propre personne. Ce fut ce moment où il sembla se redresser qu’elle dû paraître encore plus anxieuse, alors que soudainement et sans que ce ne soit un geste qu’elle avait anticipé son dos rentra en contact avec le torse de son milicien, son fessier avec un élément qu’elle n’avait naïvement pas anticipé et ce fut une certaine crispation qui dû être perceptible autant de son côté que de celui du milicien. Prenant une respiration, soufflant pour laisser filer l’air qu’elle avait pu accumuler en hyper ventilant, Estelle tâchait de se détendre, oui elle tâchait.

L’homme d’armes avait fini par avouer avoir ouvert les yeux, ce qui provoqua un nouveau vent de paniquer dans l’esprit de la rousse, qui cherchait à se détendre, qui essayer de lâcher-prise, mais difficile de lâcher prise entièrement nue, dans une bassine d’eau contre un homme qu’elle désirait, mais dont elle s’interdisait le moindre rapport, le moindre rapprochement intime par le voir disparaître, mais aussi par crainte de trahir la trinité elle-même. La dame de Chantauvent avait fini par conclure que c’était une mauvaise idée, s’imaginait-elle se relever s’enrouler dans la serviette et prendre la fuite, honteuse d’agir comme une vulgaire femme de petite vertu, était-ce une femme de petite vertu ? Fort heureusement, le représentant de la milice tentait de la rassurer, venant accentuer, maintenir cette tentation permanence en la questionnant à l’oreille vis-à-vis de la souffrance que pouvait lui imposer le moment ?

- « Sou-sou-souffrance ? Non.. Non… C’est, que.. Juste. Mh. »

Sa voix c’était fait un peu plus vibrante, maladroite, les mots ne semblaient pas sortir dans le bon sens, alors qu’elle évacuait de nouveau cette pression en soufflant, s’installant contre lui, laissant le haut de son crane reposer sur le haut de son torse. Les deux corps s’épousèrent presque immédiatement convenablement, comme-ci l’instant était naturel, normal, comme si le physique se posait beaucoup moins de questions que le psychique. Avait-elle sentie ses lèvres se déposer sur son oreille, fermant les yeux, sentant cette vague de chaleur l’envahir alors qu’elle percevait sa mâchoire à lui se crisper, avait-elle peut-être même perçu un grincement de dent. Se pinçant les lèvres, ressentait-elle le besoin de s’essayer à détendre l’atmosphère, répétant cette phrase qui lui avait murmuré si peu de temps avant :

- « Ne viens pas me dire que c'est si souffrant que cela, hein ? »

Comme unique réponse, ce fut ses bras sortant de l’eau s’abattant autour de ses épaules qui lui répondit et la réaction de la rousse due être hautement perceptibles. Frissonnant, se détendant un instant en s’abandonnant un peu vis-à-vis de la maîtrise du poids de son corps, elle avait dû ouvrir cette forme d’expression de confort, de bien-être, alors qu’elle s’appuyait réellement contre lui. Imaginait-elle volontiers là, sentir des baisers se perdre dans sa nuque, imaginait-elle tourner la tête, cherchant à rencontrer sa bouche de la sienne, oui s’imaginait-elle… Ce fut les mains de cet homme qui réveillait en elle des sentiments oubliés depuis bien longtemps qu’elle revint dans le même présent, bougeant légèrement en cherchant à fuir ses doigts qui avaient effleuré ses côtés, laissant percevoir peut-être soit une sensibilité importante, soit un état de sensibilité aux chatouilles tout aussi importante. Ne cherchant pas à fuir, restant parfaitement dans sa prison qu’elle ne trouvait aucunement désagréable, s’imprégnant des sensations, des odeurs, de la peau contre la peau, des corps qui s’emboîtent sans barrière de tissu, sans aucune barrière aucune.

Était-ce cette proximité, ce sentiment d’avoir un semblant de place, ou tout simplement le trouble grandissant en son âme qui faisait s’ouvrir davantage la tenancière, toujours était-il qu’elle essayait, oui, essayait de lui faire comprendre qu’elle pouvait lui laisser un peu de place. Peut-être d’abord un petit coin dans son armoire, puis une entière, jusqu’à changer le nom de l’établissement. Peut-être pouvaient-ils, ensemble, trouver un nous, des nouvelles habitudes, un nouveau quotidien, inventer une nouvelle symphonie. Le merci qu’il formula eu ce goût particulier, manqua de la faire complètement chavirer, avait-il perçu sa légèrement crispation, cette hésitation à se retourner ? Avait-il senti ou sentait-il son rythme cardiaque si rapidement en sa présence, ce souffle si irrégulier, si désireux et apeuré ?


- « Les lorrens » répéta-t-elle lentement, avec cette voix ressemblant à la sienne, pleine d’émotion, la gorge nouée. Les lorrens, c’était à la fois trop et pas suffisant pour l’esprit de la rousse.

Un peu perdue, un peu nerveuse, alternant entre prises de conscience et s’accrochant à cette idée fixe de résister à la tentation, puis étant à la limite de succomber l’instant d’après, Estelle laissait ses doigts vagabonder sur le mollet de son milicien, effectuant des petits ronds, laissant la pulpe de ses doigts remonter, puis redescendre, lentement, très lentement. Effleurant le genou, s’arrêtant à ce niveau, percevant le mouvement de celui qui devenait un être bien trop important à ses yeux, elle soupira d’aise, satisfaite de cette proximité, de se contact, de la position, mais aussi de cette conversation, de l’ensemble du moment. Résistant à cette envie de rabattre ses propres jambes contre sa poitrine, Estelle s’immobilisa, évoquant son frère, la soirée ce qui eut le mérite de refaire descendre un peu – du moins pour elle- cette tentation de plus en plus présente. Sentant le mouvement d’épaule, elle ne put s’empêcher de sourire, tentant de l’éclabousser un peu maladroitement –s’éclaboussant plus elle-même que lui d’ailleurs-.

- « Eh ! » fit-elle sans poursuivre, le laissant poursuivre.

La dame n’était pas toujours en accord avec les propos de son presque amant, le percevait-elle comme courageux, même s’il refusait de voir la possibilité. Était-elle convaincue qu’il ne fallait pas être si égoïste que ça pour amener une sœur à se réconcilier avec son frère, alors que la présence de ce dernier pourrait finir par parvenir à mettre un frein ou même une finalité à cette relation naissante. La suite la toucha, d’ailleurs dut-elle se forcer à toussoter un peu pour camoufler sa gêne, il lui disait lui faire confiance, tout vouloir lui dire, ne rien lui cacher et ça, ça, oui ça, ça manqua de la faire complètement succomber. Ses gestes avaient évolué alors qu’elle laissait ses doigts s’attarder sur son genou, puis remonter au niveau de sa cuisse, conservant un silence, se sentant simplement incapable de parler, craignant de dévoiler à quel point il avait pu la toucher. Manqua-t-elle néanmoins de formuler une étrange demande, manqua-t-elle de briser l’instant, en lui demandant de lui parler de ses conquêtes, les anciennes et celle à venir, certaine encore, que tout comme son mari, le beau salopard comme il aimait se nommer, ne parviendrait pas à ne pas succomber à la tentation féminine. Percevait-elle son désir, ses soupirs, ses souffles, percevait-elle cette tension, celle identique à la sienne, bien qu’elle avait la chance d’être de dos et de ne pas dévoiler ce désir qui progressait, qui se faisait plus complexe à repousser.

La conversation s’était poursuivie naturellement, évoquant avec simplicité ce qu’il lui semblait être, ce besoin de naturel, de simplicité et non de bien, de fortune ou de tout lien avec la noblesse ou la haute bourgeoisie, avait-elle peut-être un peu trop bouger avant de s’immobiliser à la fin de sa phrase, même s’il n’avait pas terminé son mot, avait-elle bien compris de quoi il retournait. Puis elle l’avait de nouveau éclaboussé, essayant tout du moins, réellement, alors qu’elle gonflait les joues, un brin vexé par cette moquerie somme toute gentillette ou il sous-entendait qu’elle n’était pas une femme appréciant tant que ça la simplicité, boudeuse, légèrement, ou joueuse, tout dépendait le point de vue elle ajouta.


- « Je ne vois rien d’excessivement charmant dans ce bain » protesta-t-elle « Peut-être que le charme n’est pas suffisamment simple pour me plaire, puisque je suis si compliqué. » oooh si elle avait pu lui tirer la langue aucun doute qu’elle l’aurait fait « Tu comprends que ce que tu veux comprendre Merrick Lorren » un brin de mauvaise foi ? Certainement. « je suis très simple moi, monsieur, très simple oui. Et si c’est être complexe de m’écouter plutôt que de choisir le chemin tout tracé, si c’est… » complexe d’aimer celui qui la ferait souffrir.. Elle se pinça la lèvre « Je le suis peut-être un peu »

Elle avait conclu en haussant les épaules, préférant se taire, préférant faire taire les doutes, les craintes, les murmures de raisons. Eude l’avait fait souffrir, avait été un coureur de jupons lui aussi, avait-elle accepté, longuement, pleurant souvent, même si la finalité avait été en son sens, que l’amour avait fini par être réciproque tout comme la finalité, la souffrance n’en restait pas moindre. Alors pourquoi recommençait-elle ce qui semblait être plus ou moins le même schéma à quelques exceptions ? La tenancière avait senti les bras de Merrick se desserrer, ses mains descendre jusqu’à venir se positionner au niveau de sa taille de ses côtes, avait-elle bougé légèrement, se tortillant avant de s’immobiliser. Avait-elle cessé de respirer en sentant ses doigts si bas, si proche, mais si loin à la fois. Avait elle-même cessé de respirer, gonflant sa poitrine, avant de laisser l’air fuir ses lèvres, avant d’essayer de se détendre un peu, de lui faire confiance, il avait promis, elle n’avait de cesse de se répéter qu’elle ne céderait pas, alors elle ne céderait pas n’est-ce pas ?

Ce fut un premier éclat de rire sincère, pour deux raisons, la première parce que Merrick avait ce don de toujours tout ramené à lui, la seconde parce qu’il prétendait vouloir la protéger si elle allait au Labret et même si elle ne voulait absolument pas l’offenser, elle avait conscience qu’il n’était pas en première ligne.


- « Merrick Lorren, tu es impossible » souffla-t-elle un brin amusé « Je promets de te prêter Brigitte, au cas où, juste au cas où. Je ne sais pas qui défendrait réellement qui. »

La suite, elle fut tout aussi agréable à l’oreille, tout aussi légère, la conversation s’attarda sur Merrick et ses envies dans la milice. Ne retenait-elle que ce qu’elle avait envie, comprenant qu’à condition que tout ne soit pas trop brusque, il avait bien envie de progresser un peu.

- « Pourquoi pas alors » répéta-t-elle dans un large sourire, se blottissant davantage dans les bras qui ne lui semblaient soudainement plus si hostiles.

Une nouvelle fois Merrick sembla parvenir à toucher la jeune femme, non pas physiquement, ça c’était déjà fait, ne semblait elle-même pu trop réagir ou s’offusquer à ses doigts sur sa taille, sur ses côtés, non, émotionnellement tout semblait prendre soudainement une tournure différente, plus forte, plus intense, plus douloureuse aussi. Relevant légèrement le nez, sans pouvoir voir pour autant le visage de Merrick, était-elle un brin perturbée. Incapable de dévoiler, de démontrer son ressenti alors que sa gorge se nouait de cette drôle de façon. Ce fut naturellement qu’elle avait changé de sujet, prétextant le fait qu’il devait la rendre folle, complètement folle, mais ne mesurait-il pas encore à quel point il avait une influence sur elle. Ce fut la dégringolade ou plutôt l’escalade, Merrick approchant son visage dû sien, avait-elle légèrement pivoté vers lui, abandonnant ses mains sur son ventre à lui pour venir l’embrasser, pour laisser les bouches se découvrir d’abord chastement, puis beaucoup moins chaste. La fièvre s’était emparée d’elle, de lui peut-être, avait-elle sentie ses doigts se raffermir sur sa taille avait-elle eu peut être envie de le voir s’aventurer plus loin sans le formuler. Estelle avait mordillé sa lèvre, avant de l’embrasser avec un peu plus de fougue, de passion, de désir, quémandant toujours plus, un peu plus, beaucoup plus. Ses doigts avaient fini par découvrir son torse, ses côtes, sans jamais oser descendre dans vers une zone qui lui semblait soudainement hostile.

Front, contre front, alors qu’elle avait finalement pivoté complètement vers lui afin d’être face à face, faisant prudemment attention à ne pas écraser toute zone sensible avec ses genoux et à laisser un espace vital à Merrick. La dame semblait en avoir oublié sa pudeur, elle avait chaud elle aussi et ce n’était en rien la température du bain. Était-elle haletante de cette envie particulière, désireuse de plus, tellement plus tout en refusant de céder encore, sans réellement savoir pourquoi ni comment. Sa croyance, la trinité, non, ils ne pouvaient pas. Était-ce lui ? Lui le tentateur ou elle l’inconsciente ? Allait-il fuir, se réveillerait-elle au petit matin dans un lit vide ? oserait-il ? Ce fut ses questions, cette angoisse soudainement grandissante et cette voix qui lui susurrait qu’elle n’était qu’une idiote qui l’empêcha de sombrer dans cette tentation bien trop grande pour elle.


- « Merrick…. » ronronna-t-elle de cette voix à la fois fiévreuse et pleine de tendresse, teintée de cette hésitation.

Elle était venue retrouver ses lèvres, sa bouche, oubliant cette promesse un instant, oubliant sa raison un instant et même tout le reste ; Ses doigts étaient venus s’agripper le long de sa taille, ses ongles titiller sa peau, ses lèvres se perdre sur sa joue, le coin de ses lèvres son cou, lui avait-elle offert un large sourire. Avant de déposer à son tour son front, contre le sien, cessant cet échange un peu trop intense, légèrement affecté, déstabilisé.

- « Il va s’arrêter et il en recommencera plein d’autres tu sais, pendant un mois… » elle lui offrit un nouveau sourire « J’ai…enfin… tu sais. » tenta-t-elle en nageant dans cette incompréhension « Je veux bien… Mais pas comme ça, je voudrais… Enfin ne crois pas… Ne crois pas que »..

Elle fit silence, silence alors qu’elle lutait alors que tout chez elle devait trahir ce besoin, cette envie, ce trouble… Comment faisait-elle pour résister encore ?

- « Oh tu m’énerves » conclut-elle en gonflant les joues « Tu es qu’un vil tentateur, tu me dis que tu comprends, que tu attends mon signal mais tu fais tout tout tout tout pour me faire céder… MERRiCK Lorren » tenta-t-elle maladroitement en déposant ses lèvres sur son front « JE SORS. »

Ce ne fut que lorsqu’elle se releva soudainement, qu’elle comprit à sa position que ça allait poser problème, ou plutôt que ce n’était pas une bonne idée, encore moins que lorsqu’elle était venue se glisser dans le bain, immédiatement elle avait glissé ses mains sur ses yeux, immédiatement elle s’était mise à se dandiner de gêne, à s’empourprer plus que de raison, à refuser de retirer ses mains des yeux de Merrick, s’était-elle penché un peu.

- « OH par la trinité, Merrrick regarde pas, ne regarde pas, MERRICK LORREN c’est de ta faute, c’est de faute ! Je t’avais dit que ce n’était pas une bonne idée je t’avais dit, ferme les yeux, tu fermes hein, tu fermes, jures, promets ! Sur les trois, sur ta bouteille préférée sur tout ! »

Immobile, légèrement penché en avant elle attendait, qu’il ferme tout. Hésitante, elle n’osait même pas passer une jambe de l’autre côté de la bassine, c’était une fuite, une semi-fuite, une drôle de fuite.

- « [color=#ff99ff] Tu fermes les yeux ?[:color] » elle écarquilla doucement les doigts « Tu fermes hein ? Promets ! »

Sentant ou pas ses yeux se fermer elle se déplaça doucement, lentement, une jambe après une, retirant ses doigts finalement pour le laisser contempler, ou respecter sa nouvelle demande improbable et ce ne fut que debout derrière la bassine une serviette s’enroulant autour de son corps tout en rondeur et non dans une finesse importante.

- « Je te désire Merrick, c’est ça… Réellement, mais.. si, tu… enfin disparais… Et puis… Je… Enfin… On ne va pas.. La trinité.. Et.. Et… ET ZUT. » en réalité c’était tout autre chose, une autre inquiétude, mais qu’elle n’osait pas dire. « oh tu m’énerves » pesta-t-elle alors que le pauvre était innocente de tout « Et puis, ça devrait être interdit d’être comme toi, là, avec ton corps-là qui hurle viens me voir, viens là hein, INTERDIT. Je ne viens pas. »

Croisant les bras sous sa poitrine, soufflant, maintenant difficile la serviette autour de son corps qui devait être soit trop court soit pas suffisamment long pour camoufler ses jambes et sa poitrine, fallait-il choisir. Prenant une grande inspiration, elle cessa de parler parler et encore parler, les joues roses, le regard pétillant, les lèvres rosés par ses mordillages incessant.

- « Je n’ai jamais eu personne hormis mon mari Merrick… » souffla-t-elle à demi-mot comme honteuse « Je ne suis pas une ville séductrice et je n’ai aucun talent particulier dans l’art des relations… Alors… Ne soit pas trop déçu ? »

Elle lui tendit une main, comme pour l’inviter à sortir lui aussi, attrapant la deuxième serviette pour le lui tendre.

- « Et je ne veux pas nous maudire face à la trinité… Mais ce n’est pas du tout parce que je ne veux pas, oh non, si tu savais ce que tu provoques chez moi… Et vraiment ce n’est pas humain Merrick, ce n’est pas humain de me faire résister comme ça alors… Alors… alors je te propose qu’on aille se coucher et demain sera un nouveau jour avec beaucoup de nettoyage, d’accord ? »

D’accord ? L’était-elle, réellement, avait-elle l’habitude de ne pas être si confuse, mais c’était si rapidement entrechoqué avait-elle failli succomber, avait-elle toujours envie de lui succomber, vraiment durement, intensément, ses yeux devaient le crier, le hurler, avait-elle des imagines si loin des préceptes de la trinité. Mais non, non, le condamner devant les trois, se condamner et manquer de le voir disparaître, craindre de le voir disparaître semblaient des épreuves bien trop importantes pour elle sur l’instant.


- « Je t’ai dit que tu me rendais folle… »

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Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyLun 15 Avr 2019 - 17:10
Ce qu'avait ardemment voulu Merrick Lorren était sur le point de se réaliser et de se concrétiser, tandis qu'Estelle de Chantauvent semblait prête à prendre le risque de venir le rejoindre. Car oui, bien que l'homme d'armes ait mentionné qu'il ne fomenterait rien sans son accord explicite, le désir pouvait être la source d'une infâme traîtrise qui le livrerait à devenir parjure. Dès lors, bien qu'il ne voulait aucunement trahir sa promesse et se transformer en félon, l'ivrogne doutait de sa résilience devant le corps dénudé de sa tenancière. Ainsi, lui aussi était à moitié convaincu que cette promiscuité dénuée et dénudée de vêtement soit une si bonne idée. Or, la tentation restait tout de même trop forte et effervescente pour qu'il puisse se résigner à sous-entendre qu'il ne pourrait peut-être pas assurer sa contenance. C'est donc en gardant cette lueur de doute pour lui-même qu'il se livra aux impératifs des élucubrations de la dame de Chantauvent.

Sous ses ordres, ses yeux s'étaient fermés. Puis, ses mains étaient venues les couvrir pour assurer à la jeune femme qu'il lui était réellement impossible de voir quoi que ce soit. Concentré à ne pas la faire fuir ou reculer par inadvertance, Merrick n'avait pas pris conscience qu'alors que lui était aveugle, qu'elle était à même de le détailler dans son intégralité et son plus simple appareil. De toute façon, même si cette pensée avait franchi les barrières de son esprit vrillé par les tourments de l'attirance, le milicien n'aurait pas rechigné et n'aurait dressé aucune rebuffade ou bravade intempestive. Ce n'était qu'un maigre effort pour ce qui allait suivre, pour la possibilité qui découlerait de cette proximité.

-''Oui, oui. Je sais...'' Dit-il en bougonnant, alors qu'elle lui rappelait qu'il lui était interdit d'ouvrir les yeux. Pour autant, Merrick ne put retenir un petit sourire vacillant entre l'amusement et le doute de venir se dresser. Bien vite, cette marque de bonhomie fugace disparut, laissant plutôt place à un mordillement de sa lèvre inférieure, qui renvoyait directement aux tourments et aux affres du supplice que le désir lui faisait ressentir. Puis, ce fut le silence. Lui qui était enfermé dans l'obscurité goûtait ce non-bruit deux fois plus fortement, tandis que l'ensemble de son esprit était concentré vers ses autres sens. Ainsi, sa propre respiration lui semblait être aussi lourde et puissante que le soufflet d'une forge, alors que son cœur tambourinait avec assez de puissance pour lui faire craindre une crise cardiaque. Le silence n'était pas vécu comme une accalmie, mais plutôt comme une véritable tempête, tandis que Lorren ne savait pas où en était rendue Estelle de Chantauvent, ni ce qu'elle portait ou ne portait plus. Rapidement, bien que cela lui sembla avoir été une éternité, il eut sa réponse lorsqu'il sentit un corps étranger crever la surface de l'eau. Son souffle se coupa, devant cette promesse qui prenait forme, et pour faire bonne mesure, son cœur accéléra. Le soupir qu'il entendit très nettement lui fit pincer les lèvres. Que signifiait-il ? Une envie de reculer, de s'enfuir et de s'éclipser ? Il espérait qu'Estelle ne se rétracte pas maintenant, pas si près du but. Ouvrant la bouche puis la fermant, ne trouvant pas quoi que ce soit d'adéquat à formuler, l'homme qui ne perdait jamais ses mots ne savait pas que faire ou que dire en cet instant. Dès lors, Merrick Lorren ne put que laisser la dame de Chantauvent seule face à ses tergiversions et hésitations. Finalement, -par chance- cette expiration ne vint point commuer la finalité de ce qui ne s'était pas encore produit.

Car oui, sa tenancière était venue s'installer contre lui, faisant tout d'abord attention à ne pas trop s'appuyer. Cette action qu'il n'avait pas prévue le fit connaître à la fois le délice du supplice et la surprise de l'acte. Loin de s'en trouver perdant, la stupeur lui fit tout de même se redresser, puis ouvrir les yeux. Impossible de ne pas sentir ce corps qui se pressait, quoiqu’encore modérément, au sien. Impossible de ne pas ressentir une bouffé de chaleur venir le prendre à bras le corps. Impossible de ne pas laisser son regard vagabonder sur ce dos dénudé, ou bien sur cette nuque qui lui semblait aussi voluptueuse que n'importe quelle partie plus sensuelle de la silhouette de la rouquine. Déjà, en moins de temps qu'il n'avait fallu pour le dire, ses iris gravèrent cette vision dans son esprit, tentant de la retenir aussi fermement qu'un ivrogne s'accaparait la dernière bouteille d'une soirée festive et abrutissante.

Le cœur enflammé par cette vision, l'espiègle joueur parti murmurer à l'oreille de celle qui le torturait bien inconsciemment. Aguicheur, laissant aussi bien son souffle que ses paroles caresser l'épiderme de la propriétaire des lieux, Lorren termina sa prise de parole en déposant ses lèvres sur le lobe de son oreille. La réponse toute en difficulté et en indécision qu'Estelle lui offrit lui donna le sourire. Ainsi, Merrick sut qu'il n'était pas le seul à goûter à ce rapprochement, à ne pas savoir où se placer et comment se positionner face à tout cela. Pour couronner ces mots quelque peu vacillants et hachés, le soupir qu'elle proféra fut vécu comme la preuve irréfutable de cette pensée. Tous deux étaient en proie aux mêmes douces difficultés. Mais l'une avait l'avantage d'être libre de ses actions, tandis que l'autre se devait de circonvenir à ses désirs et d'assurer que sa résilience ne flanche point... Plus facile à dire qu'à faire !

Puis, ce fut à son tour d'être frappé par une déconvenue et une décontenance perceptible par le crissement de ses dents et de sa mâchoire. De fait, la jeune femme était venue appuyer sa tête contre son torse, ne faisant que rapprocher leurs deux corps l'un de l'autre. Suivant la même courbe, leur physique s'épousait avec harmonie sans qu'aucune barrière ne soit à même de les séparer ou de les empêcher de s'épancher dans cette promiscuité. Estelle lui offrit la même phrase qu'il lui avait dite, l'utilisant cette fois-ci à son encontre. L'unique chose qu'il fit fut de venir l'enlacer et la capturer de ses bras. Merrick sentit le petit fourmillement qui s'empara de sa tenancière alors que ses doigts effleurèrent ses côtes. Loin d'en profiter pour la torturer de ce genre de caresse, préférant plutôt tenir et retenir tout son être de ses bras, le milicien ne laissa pour autant pas cette découverte disparaître, en prenant plutôt note et la rangeant dans un coin de son esprit. Plus tard ou un autre jour, cela pouvait s'avérer utile.

La suite de leur interaction fut commuée par une discussion et un échange qui s'articulait autour d'un sérieux et d'une profondeur qui ne leur ressemblait guère. À dire vrai, cette soirée avait été remplie de ce genre de conversation, plutôt que de leur tendance habituelle au jeu et à l'amusement. Entre l'ultimatum du frère, les tourments de son passé et la conversation qu'il échangeait présentement, aujourd'hui ils avaient peut-être franchi une nouvelle étape. Merrick Lorren voulait le croire et croire en Estelle de Chantauvent. Ainsi, ses mots tentaient d'être le plus honnêtes et profonds possible. Dès lors, celui-ci évitait les paroles dérisoires et le ton badin qui le caractérisait habituellement, au profit d'un ton et d'une tournure de phrase plus sérieuse et moins colorée. Évidemment, au détour d'une réponse honnête, une plaisanterie pouvait de temps à autre se glisser dans l'interaction. Après tout, Merrick Lorren restait Merrick Lorren ! Et puis, bien que tout cela était fait avec le plus grand sérieux, le milicien n'oubliait pas sa position et le corps de sa tenancière. Après tout, comment ne pas le sentir et goûter avec concupiscence cette relation quasi fusionnelle qui étreignait leur corps, et potentiellement leur cœur ?

En outre, l'homme d'armes ne pouvait que percevoir l'ensemble des petits mouvements de la jeune femme, lorsque celle-ci avait l'audace ou l'affront de bouger. Chaque soubresaut l'embrasait, chaque respiration le vouait à un désir flamboyant. Lorsqu'Estelle commença à jouer avec son mollet, puis son genou, l'ivrogne réussit à se contenir et se retenir. Son corps ne le trahit pas tout de suite, pas encore. C'était un effort, un défi excessivement difficile, ardu et compliqué. Mais il ne voulait pas flancher, pensant ne pas le pouvoir, alors qu'il avait encore peur de la faire fuir. Naturellement, la conversation s'était poursuivie, comme s'ils n'étaient pas réellement collés l'un à l'autre sans la barrière de leur vêtement. Cette discussion lui permettait de se concentrer ailleurs, de ne pas laisser l'ensemble de ses sens vagabonder sur le corps de la dame de Chantauvent. Par chance pour son cœur et ses sens qui était tels des martyrs voué à la torture, alors que ton son être était sur le point de faillir et défaillir.

-'' Rien de bien charmant dans ce bain ? C'est que vous ne vous voyez pas, ma dame...'' Dit-il en riant, esquivant au mieux l'arrosage qu'elle tentait de lui envoyer au visage. Chose qui fut somme toute particulièrement aisée, tandis que celle qui ne voulait pas se retourner reçut en grande partie sa propre offensive au visage. '' Ah, tu voulais parler de moi !'' Continua-t-il comme s'il ne l'avait pas compris dès le premier instant. Toujours aussi souriant, raffermissant sa prise pour qu'elle ne puisse point s'enfuir, il fut sur le point de poursuivre dans le même registre, avant qu'Estelle n'en termine et parachève sa prise de parole. Pinçant la bouche, incapable de réellement savoir ou concevoir ce qu'elle avait essayé de sous-entendre, le milicien préféra faire attention à la suite de ses mots. Il ne fallait pas que ceux-ci soient mal compris et se liguent par la suite contre lui. ''J'aime tout particulièrement ton côté complexe, Estelle.'' Puis tergiversant quelque peu, ne sachant pas s'il devait en rajouter une couche ou non, il préféra demeurer silencieux sur le sujet.

La suite fut aussi naturelle et illogique que les paroles qu'ils proféreraient et échangeaient. Les mains de sa tenancière remontaient le long de sa jambe, tandis que les siennes descendaient le long de son corps. Ne se retenant plus à ses épaules ou ses avant-bras, ces doigts effleuraient désormais les côtes de la jeune femme à la chevelure de feu. Cette attaque fomentée était à double tranchant. Sa retenue s'amoindrissait et s'amenuisait à mesure qu'il partait à la conquête de ces monts et vallées qui définissaient le physique de sa tenancière. Pour autant, Merrick Lorren était incapable de ne pas laisser ses mains vagabonder sur une infime parcelle de cette silhouette qui l'appâtait. Difficile dualité, sans le moindre doute !

-''Tu ne l'avais pas encore remarqué que j'étais impossible ?'' Poursuivit-il avec truculence, goûtant au rire de sa tenancière avec délice. Puis, faussement éhonté : '' Remettrais-tu en doute mes capacités à te protéger, Estelle de Chantauvent ? Veux-tu que je te fasse la démonstration de ma force à vaincre ?'' Poursuivit-il en faisant lentement et lascivement bouger ses doigts le long des côtes de la jeune femme, la vouant à des chatouillements encore bien bénins. Mais, si elle voulait qu'il en arrive là pour prouver sa ''force'' et bien, il n'hésiterait pas à aggraver ce doux fourmillement auquel il la livrait ! Finalement, la suite s'articula autour de la mention du Labret. De fait, l'homme d'armes ne trouvait pas cela être une mauvaise idée. Inconsciemment et bien stupidement, il ne se rendait guère compte de la précarité de la situation sur les routes de cette région. En outre, Lorren n'avait pas conscience des risques nettement plus tenaces que fugaces qui existaient en campagne. Comparativement à Marbrume, le Labret n'était pas un lieu bien sécuritaire. L'avoir sut, ou plutôt y avoir réfléchi, le couard se serait montré un peu plus hésitant. Mais en cette heure, il voyait uniquement cela comme la possibilité de partir en voyage avec Estelle de Chantauvent. Et ça, ça avait le mérite de l'intéresser au plus haut point. Passer du temps avec celle-ci, c'était tout ce qu'il désirait en ce moment.

Toujours est-il que même le sérieux de leur conversation et des dialogues qu'ils échangeaient ne put supplanter le désir et le tâtonnement encore balbutiant des sentiments qui les liaient. Se penchant vers la jeune femme, l'ivrogne alla à la rencontre de ses lèvres, laissant ses mains descendre encore plus bas. Il la rendait folle ? Elle, elle l'étourdissait de ses charmes. Il était impossible ? Elle, elle était excessivement dure en affaire. Dès lors, tout cela était de bonne guerre, non ? Doucement, tendrement, puis fiévreusement et fébrilement, l'échange continua à gagner perpétuellement en ardeur. S'arrêteraient-ils ? Pour l'heure, il semblait loin de cela, tandis qu'Estelle de Chantauvent pivota complètement pour lui faire face. Perdant de son contrôle, Merrick Lorren se fit un peu plus apathique dans le baiser durant quelques instants, tandis que ses yeux s'abreuvaient de ce portrait qui lui était offert sans plus aucun frein. Son corps trahissait son attirance, tendue et à la limite de la rupture. Frissonnant de délice en sentant les mains de la femme à la chevelure de feu se perdre le long de son torse, puis sur ses côtes. Redressant inconsciemment la tête sous la caresse de ses doigts, le milicien raffermit sa concentration sur l'instant, partant à son tour en conquête. Ainsi, les griffes du séducteur partirent se perdre sur la peau pâle de sa victime, de celle qui pouvait encore se penser innocente, mais qui était tout autant coupable de le faire languir de la sorte. L'une s'enroula à l'arrière de sa nuque, tandis que l'autre partit tenir fermement de ses serres la hanche de la rouquine. Hésitant à faire plus, il ne commit pas son forfait, alors qu'un éclat de conscience le poussa à rester sage. Repoussant l'infâme créature de l'impatience et de la convoitise, Merrick Lorren se fit violence, encore.

Son sang ne devait plus être très loin de son point d'ébullition. Son épiderme commençait même à laisser perler quelques gouttes de sueur. À cause de l'eau, du désir ou un savant mélange des deux ? Son souffle était aussi haché que ravagés. L'air qui rentrait dans ses poumons ne semblait pas suffisant. Front contre front, le doux murmure qu'elle lui offrit de son propre nom ne l'aida guère. ''Estelle...'' C'était logique de répondre de la même façon. Et puis, même si le milicien l'avait voulu, celui-ci n'aurait pas réussi à s'épancher dans une prise de parole plus conséquente. Ses sens étaient noyés et apathiques face au désir tout aussi vrillant que lancinant. Ce fut l'heure de la récidive, et à nouveau, leurs lèvres et leurs mains partirent à la rencontre l'une de l'autre. Cette fois-ci, Merrick Lorren ne bougea aucunement ses doigts. Il n'était pas convaincu d'être capable de les circoncire et de les circonvenir à des zones non érogènes.

Enfin, à la finalité de ce rapprochement, Merrick répondit au grand sourire d'Estelle d'un petit rire niais et rêveur. Les premières paroles de la dame de Chantauvent ne permirent guère de sortir l'ivrogne de sa torpeur. Ce fut plutôt son débit entrecoupé, son hésitation et son indécision qui lui firent de nouveau se concentrer sur le sens de ses mots plutôt que sur la vision qui s'offrait à lui... Et pourtant, bien qu'enfin son attention était tournée vers ce qu'elle disait, ce qui pour le fieffé salopard était un effort plus que conséquent, ce dernier ne comprenait quasiment rien. Pardon ?!'' Ne put-il que réagir lorsqu'après quelques instants de silence Estelle lui dit qu'elle l'énervait. ''As-tu bu, Estelle de Chantauvent ?'' Poursuivit-il avec une lueur de doute dans les yeux, craignant que ce soit l'alcool qui l'aille guidé ici. Après tout, l'unique fois où ''le pauvre et innocent'' homme d'armes n'avait rien compris de la sorte, c'était lorsqu'elle avait été en état d'ivresse, alors... Bon, ce n'était probablement pas la meilleure des choses de sous-entendre qu'elle était peut-être en état d'ébriété. Cela ne risquait guère de la calmer, mais s'était sorti tout seul, sous la surprise de l'attaque que la rousse lui avait expédiée...

Puis comprenant enfin les tenants et aboutissants de tout cela, Merrick Lorren partit d'un grand rire lorsqu'elle mentionna qu'elle sortait et qu'il était le vil coupable et elle l'innocente victime. Se passant une main dans les cheveux, souriant à pleines dents, ''le bourreau'' commença sa réplique ''Je ne pense pas que ce soit très honnête, Est...''. Très honnêtement, même si Merrick tentait d'essayer de se remémorer ce qu'il avait voulu lui dire, il n'y parviendrait guère. Son esprit fut oblitéré par la vision que la bévue d'Estelle de Chantauvent lui offrit. C'était une chose d'entrapercevoir ce physique au travers d'une eau remuante de leur mouvement, s'en était une autre de l'avoir livré juste sous ses yeux, à une distance bien moindre. En outre assis comme il l'était, ses pupilles pouvaient voltiger allègrement de leur position en contre-pas. ''...stelle.''

-'' Aie...!'' Se fut le noir total. La jeune femme était venue plaquer ses mains sur les yeux de l'ivrogne, lui coupant la vue d'une manière quelque peu brusque. Bien qu'il pouvait comprendre le geste, Lorren grommela son insatisfaction, sans pour autant essayer de s'esquiver de la prise de sa tenancière. ''Même si je voulais regarder, ce serait difficile de le faire avec tes doigts devant mes yeux ! Enfin, de le faire plus...'' Poursuivit-il, innocemment tandis que ses pensées recréaient le portrait dans son esprit. Un sourire niais vint dresser ses lèvres. L'imaginaire ne valait pas la réalité, mais cela restait mieux que rien ! '' Ma faute ?! Je ne me rappelle pas t'avoir forcé à te lever pour me montrer...ENFIN !'' Il n'allait pas mettre en mots où ses pupilles s'étaient dirigées, après tout. Même le beau salopard pouvait parfois avoir une certaine retenue. '' D'accord, d'accord. Je te le promets sur ce que tu veux !'' tenta-t-il de l'apaiser. ''Je viens de le dire que je le promettais. Ne me fais-tu pas confiance, Estelle ?'' Demanda-t-il innocemment, ne réussissant pas à retenir un petit sourire taquin et espiègle. Cette gestuelle ne devait pas être perçue comme une grande source de confiance...

Très honnêtement, Merrick Lorren n'est pas un menteur. Enfin, pas souvent... Bref, le milicien avait réellement voulu tenir sa promesse. Après tout, ce n'avait pas été des paroles en l'air ou faites sur des choses dénuées d'intérêts. Mais, il fallait aussi se positionner à sa place et dans le contexte dans lequel il baignait aussi littéralement que métaphoriquement parlant. Tout au long de leur proximité, la tentation avait gagné en ardeur. Puis, tout s'était terminé sous une vision complète de l'objet de son désir. Dès lors, comment rester sagement cloîtré dans l'obscurité ? Impossible. Lorsqu'il la sentit complètement sortie de la bassine, le beau salopard ouvrit un œil rapidement. S'abreuvant de tout ce que sa rétine pouvait capter en l'espace d'un instant, il referma aussitôt sa paupière dans un hochement de tête. Il avait capté quelques images supplémentaires pour assurer un portrait le plus fidèle possible à sa mémoire. Cela avait été un risque payant. Mais est-ce que Estelle de Chantauvent avait perçu son manège...?

Lorsqu'elle commença à parler, l'homme d'armes se permit d'ouvrir les yeux. Venant s'appuyer de ses bras sur le rebord du bain, Merrick déposa sa tête sur ses mains, écoutant attentivement les dires qui lui étaient adressés en souriant avec tendresse, autant aux paroles qu'aux hésitations et indécisions qu'elles véhiculaient. ''Et zut.'' Répéta-t-il en hochant la tête comme si tout ce qu'elle venait de dire était parfaitement limpide. '' C'est déjà la seconde fois que tu me dis ça, que je t'énerve. Dois-je le voir comme un bon ou un mauvais signe ?'' Dit-il avec un clin d'œil. Il ne se formalisait guère de ses paroles, comprenant quelque peu le déchirement qu'elle vivait, entre la retenue et l'envie de se laisser aller. Pour autant, restant celui qu'il était, Lorren ne faisait rien pour l'apaiser et se rétracter. Il s'amusait gentiment de cette indécision. Il valait mieux cela que tout prendre au pied de la lettre ! ''Moi, tu ne m'énerves pas le moins du monde. Tu ne fais que me rendre fou...'' Ajouta-t-il doucement. Puis, il ne put retenir de pouffer, se redressant vivement dans une gerbe d'eau. Encore assis, le haut de son corps était pourtant dès lors livré au regard, '' Tu es mal placé pour me parler de tentation, Estelle de Chantauvent ! Tu tentes de camoufler le tien à mon regard, ne me laissant observer que par intermittence cette beauté sublime que tu es. Ce devrait être interdit de me faire souffrir de la sorte !'' L'ivrogne trouva plus judicieux de ne pas revenir sur la vision complète qu'elle lui avait offerte...

Écoutant ses dernières paroles dans leurs intégralités avant de prendre une décision, Merrick hocha de la tête, encore tout sourire, avant de se lever tranquillement et lentement de la bassine. Tendant ''innocemment'' la main vers la serviette, la prenant, il commença par se frotter les cheveux avec, ne masquant aucunement le reste de son corps. Il n'était pas pudique, et puis il observait avec une profonde concentration les réactions que cela éveillerait sur le visage de sa tenancière. Bien que le jeune homme ne puisse empêcher ses yeux de venir se perdre de temps à autre sur les jambes dénudées de celle qui lui faisait perdre la tête... '' Je comprends ce que tu vis, Estelle. En quelque sorte, je vis un peu la même chose. Dur de résister à...'' Dit-il en la pointant du menton.'' Bref, je ne te forcerais jamais, mais une infime -plutôt une énorme- partie de mon être espère te voir flancher un jour ou l'autre. Advienne que pourra, comme on dit. '' Riant à l'idée du ménage le lendemain, Merrick Lorren haussa les épaules, sortant enfin de la bassine, déposant la serviette sur son épaule et s'approchant de la dame de Chantauvent.

Au plus près d'elle, la supplantant par la taille, il l'attrapa dans ses bras, laissant son regard se perdre dans la mer bleutée de ses yeux. L'unique barrière qui les désunissait se trouvait être la serviette qu'elle avait elle-même autour d'elle. Ce morceau de tissu semblait être excessivement de trop pour le jeune homme, qui venait d'avoir eu la chance de goûter à un rapprochement dénué de toute limite. '' Je pense que, pour l'ensemble du plaisir que ma procuré la soirée, je peux bien t'aider à faire le ménage demain.'' Conclut-il dans un sourire. Puis, jetant rapidement un coup d'œil à son entrejambe, il s'empourpra quelque peu. ''Enfin, je parle du plaisir du jeu, hein ! De...de la bataille et de notre affrontement qui a transformé la salle d'eau en mer. De rien d'autre !'' Déposant un fugace baiser sur le front de la propriétaire de la Chope Sucrée, Lorren se détacha rapidement, le visage encore rouge. Cette fois-ci, il noua la serviette à sa taille, avec une fébrilité qui n elui était guère coutumière...

Soufflant et se passant une main dans la chevelure, il reprit contenance. '' Va pour le sommeil, dans ce cas. Mais, j'imagine qu'il n'y a aucune règle qui oblige un sommeil habillé, non ?'' Demanda-t-il innocemment, bien que son sourire démontrait le manque d'innocence de sa remarque. Récupérant le linge qui avait été déposé à son attention, Lorren tendit sa main encore libre à Estelle. Qu'elle la prenne ou non - chose qui pouvait potentiellement s'avérer difficile avec la retenue de sa propre serviette- le jeune homme prit la direction de la chambre de la rouquine. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il s'y rendait. Ouvrant la porte, il lui céda le passage. ''Après vous, princesse.'' La laissant passer, il permit à son regard de lorgner la croupe de la jeune femme. La serviette était plutôt courte pour couvrir l'ensemble de sa silhouette, mais cette dernière semblait à même d'empêcher son regard de se perdre sur cette partie... dommage.

-'' La tanière de la dame de Chantauvent...'' Commença-t-il en rentrant et refermant le battant. Souriant et hochant la tête, déposant ses mains sur ses hanches il continua. ''Ça n'a guère changé depuis ma dernière visite !'' À dire vrai, probablement que certaines choses avaient bougé. Or, le capharnaüm qui régnait en ce lieu de repos était assez conséquent pour que Merrick ne puisse remarquer le mouvement de quelque chose au travers de ce désordre. Faisant attention où il posait les pieds, Merrick Lorren alla s'installer confortablement sur le lit. Toujours uniquement enroulé dans sa serviette. Ses yeux ne lâchèrent pas un seul instant Estelle. La lueur qui imprégnait ses iris ne mentait pas sur l'ardeur de son désir, qui restait encore plus que présent. Par chance, son corps avait pour autant perdu en tension. '' Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux être à ce point à cheval sur le ménage dans la Chope, et laisser ta chambre ressembler à un champ de bataille. Ça me dépasse !''

À moitié essuyé et encore mouillé, le milicien humidifiait quelque peu le lit en dessous de son corps. Cela ne l'importait guère, lui qui était si rapidement favorable au laisser-aller. S'étirant le haut du corps en levant les bras vers le ciel, le milicien soupira d'aise. À dire vrai, il n'en menait pas aussi large qu'il voulait le faire présager. Souvent, par nervosité et face au désir, sa langue venait humidifier ses lèvres. Rapidement, ses mains allaient se perdre à un rythme soutenu dans sa tignasse humide ou dans sa barbe, lorsqu'il réalisait la manœuvre qu'il opérait dans sa chevelure. Bien que Merrick arrivait facilement et indéniablement à comprendre l'émoi et la cause de son désir, sa nervosité lui semblait incompréhensible, tandis qu'elle était aussi incontrôlable. Difficulté à revenir à la ''normale'' après tout cet épisode des bains ? Apprêté à garder son contrôle et le ton badin après une soirée aussi... chamboulé ? Qu'importe. Le fait était que Lorren n'était pas calme et serein. Ce n'était pas douloureux ou souffrant, mais étrange à tout le moins.

-'' Nous en sommes réellement rendus au sommeil, Estelle de Chantauvent ?'' Dit-il en observant la moindre de ses manœuvres.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 20 Avr 2019 - 1:39


Estelle découvrait petit à petit à quel point le jeu pouvait être dangereux, à quel point céder à la tentation pouvait être simple, à quel point Merrick Lorren pouvait avoir une influence sur elle. Ainsi installée dans le bain, contre lui, savourant le contact de sa peau sur la sienne, du mouvement de l’eau sur son corps, mais aussi sur le sien, appréciant cet échange de proximité qui dévoilait par moment un désir prononcé autant chez l’un que chez l’autre, la dame avait dû se redécouvrir le sentiment du désir. Comment résister, comment ne pas succomber à cette chaleur qu’il dégageait, à ses soupirs qu’elle percevait, à ses doigts qui apprivoisaient cette peau pâle, se glissant parfois à la limite du raisonnable, de cette envie de succomber. La responsable des lieux, n’avait pas pu empêcher ses lèvres de se pincer, de ses dents de venir mordiller sa lèvre inférieure, alors qu’elle semblait se consumer petit à petit sur place, alors que l’inconscience et la conscience semblaient enfin d’accord sur un seul et même point : l’homme était devenu bien plus qu’une distraction. Douloureusement, irrégulièrement son palpitant était venu se faire entendre jusque dans sa tête, susurrant un prénom dans un soupir de plaisir et de désir sans pareil, était-il lui aussi une raison de plus à succomber, à se laisser aller, une fois, une toute petite fois.

Les yeux de celle à la chevelure de feu avaient dû se fermer un instant, alors qu’elle cherchait à mémoriser pleinement la sensation de son souffle sur sa peau, de ses doigts appuyant légèrement à des endroits de son cops, à la sonorité de sa voix, à ce corps contre le sien, épousant parfaitement les courbes féminines, annonçant multiple promesse alors que par moment, lui semblait-il percevoir le fruit du désir de l’homme d’armes. Comment ne pas rester insensible, comment ne pas céder, comment résister encore, juste un peu ? Ce bain n’avait jamais été une bonne idée, jamais, et aussi menteur avaient-ils pu l’être envers eux-mêmes et envers l’autre, tous deux en avaient eu parfaitement conscience dès le départ.


- « Tu n’oserais pas faire preuve de force face à moi, mon chevalier » plaisanta-t-elle doucement « Cela serait vil de ta pars, n’est-ce pas ? »

Ce fut un premier rire, un premier gigotement alors qu’elle avait senti ses doigts effleurer ses côtes, alors qu’elle s’était tortillée du côté opposé à la pression, alors qu’elle s’était essayée bien involontairement à se frottement des courbes, des corps, des désirs. La rousse n’avait pas pu s’empêcher de rire, murmurant bien des mots accusateurs sous couvert de la plaisanterie sincère envers son milicien. Tricheur, profiteur et bien d’autres avaient dû franchir la barrière de ses lèvres, alors qu’elle luttait pour ne pas offrir le précieux point, alors qu’elle s’entêtait à rester sur cette étrange position de ne pas s’avouer vaincu.

- « J’aime les choses impossibles de toute façon Lorren, toi compris » avait-elle laissé échapper alors qu’il avait dû poursuivre son attaque sous-marine.

Ce fut sans aucun doute ce moment de détente, cette absence de frontière, de barrière, ce besoin et cette osmose finalement qui régnait entre eux quand les cerveaux rendaient les armes qui provoquèrent cette première dérive, cette première vague presque inévitable. Le représentant de la milice avait fini par l’embrasser, se rapprochement et si l’échange fut dans un premier temps plutôt chaste, si elle était restée dans cette position ou elle sentait les mains de Merrick frôler avec les frontières de l’interdit, ce ne fut que lorsqu’elle céda, que lorsqu’elle pivota que l’échange salivaire pris une tout autre tournure, une tout autre intensité. À ce moment précis, Estelle ne Chantauvent n’était plus en mesure de penser, de réfléchir, non, plus rien n’avait de sens ou d’importance hormis cette idée fixe de s’abandonner à son ivrogne préférée, à son beau salopard, à son chevalier sans titre. Sa langue était venue à la rencontre de celle de son amant, sa bouche avait émis cette pression si singulière sur la sienne, cette onde de frissons avait fini par traverser l’entièreté de son corps et même ses mains habituellement hésitantes avaient fini par trouver une occupation d’exploration tout à fait palpitante.

Ce ne fut que lorsque l’idée fixe lui vrilla complètement l’esprit que la dame sembla réaliser à quel point elle était si proche de s’abandonner, à quel point elle pouvait en avoir envie aussi, s’était imaginé glisser entièrement sur lui, venir déposer ses lèvres dans son cou, sur le haut de son torse, découvrir la force de son buste, puis descendre jusqu’à pourquoi pas tenter une apnée bien maladroite, oui avait-elle parfaitement visualisé les choses, avait-elle manqué de réaliser l’ensemble avant de se prendre de plein fouet la claque de la réalité. Merrick Lorren allait fuir, première certitude, première déception, première angoisse, l’homme allait disparaître de sa vie et ce simple état de fait ne lui permettrait aucunement de donner tort à son frère. Estelle, contraire à lui était une grande novice dans la matière, n’avait-elle connu qu’un seul homme qu’elle avait épousé, qui était mort et qui était parti à de nombreuses reprises en missions à l’extérieur. Si son inexpérience devenait trop grossière, si elle lui faisait mal, si elle le décevait, pire, s’il se mettait à rire ? Puis le dernier point, qui fut plutôt surprenant pour elle d’arriver en dernière position fut son mari et ce sentiment de culpabilité, qui bien, qu’affaibli n’en restait pas moindre, ce fut cet amas de réflexion qui amorça une angoisse, un besoin de fuir, de fuir, mais pas rapidement pas stupidement.

Elle avait commencé par souffler son prénom, cherchant à prendre suffisamment de recul pour amener ça avec douceur, avant de lui expliquer que ce délicieux moment allait s’arrêter. Cependant l’accumulation des éléments, des événements, ses lèvres ayant retrouvé les siennes pour tenter d’apaiser l’ensemble et l’échec de la tentative qui n’avait fait que raviver le brasier de la flamboyante tenancière l’avaient amené à cet état de confusion important. Ce ne fut pas une, mais deux, ou trois erreurs qu’elle formula, mais en ensemble et un regard froid vis-à-vis de celui qui l’accusait d’être ivre. Cela serait triste si elle avait besoin d’être complètement épave pour s’abandonner dans les bras de l’homme d’armes, n’était-ce pas complètement flatteur pour lui. Toujours était-il que la tenancière avait réellement essayé de lui expliquer, de lui faire comprendre, mais était-ce trop dure de se livrer, d’avouer de parler de choses à la fois si intimes et normales dans un couple. Encore fallait-il s’identifier comme tel pour y parvenir.

Ce ne fut que dans un trouble plus profond qu’elle avait fini par prendre la décision –un brin précipité et stupide fallait-il l’accorder- de se relever. Ce ne fut qu’une fois debout et immobile durant une poignée de seconde, dans une proximité à faire pâlir les trois eux même, détaillant le regard et la suspension de paroles de Lorren, qu’Estelle comprit que sa spontanéité venait de se retourner contre elle. Plaquant ses mains sur les yeux de Lorren, s’empourprant davantage dans son état alternant entre amusement, détresse, panique et envie de prendre ses jambes à son cou pour s’enfoncer dans un trou de souris, la dame avait fini par on ne sait pas trop comment sortir, tout en continuant à creuser l’incompréhension en tentant des quelconques explications. Devrait-elle apprendre parfois à se taire, plutôt que de tenter d’expliquer ce qui n’était peut-être pas forcément obligatoire d’être explicable. Main toujours sur les yeux, écoutant et Merrick et percevant son sourire, elle ne manqua pas évidemment de le relever.

- « N’imagine pas Merrick, n’imagine pas, tu exagères ! Merrick’heuuuuuuu » fit-elle en se tortillant les jambes toujours dans l’eau « C’est de ta faute, si tu n’avais pas enfin, toi, là ! TENTATEUR » pesta-t-elle semi-amusée, semi-gênée « Bien, je te fais confiance, mais attention Lorren, je ne plaisante pas, je vais te noyer si tu essayes quoi que ce soit »

Et puis finalement plutôt miraculeusement que la tignasse rousse s’était retrouvée en dehors de la bassine, se débattant autant que possible avec sa serviette tout en baragouinant des paroles qui se voulaient à la fois rassurantes et précises, mais qui n’était que davantage confus. Son visage devait être rouge, ses mains légèrement tremblantes et la sensation de ne pas savoir ou se mettre particulièrement présente. Si son milicien ne disparaissait pas ainsi après tout ça, n’était-il peut-être pas aussi fuyard que ce qu’il pouvait bien penser. Ce ne fut que lorsque son regard croisa celui de Merrick qui aurait dû conserver les yeux fermés, qu’elle abandonna ce qu’elle tentait de nouer autour de son corps pour venir l’assommer à coup de tissu. Puis retrouvant un semblant de calme, elle avait fini par parvenir à camoufler une grande partie de sa silhouette, reprenant plus posément la parole, alors que le milicien ouvrait les yeux pour participer à la conversation.

Ce que la dame de Chantauvent avait néanmoins lâchement oublié, bien trop concentré sur son propre corps entièrement nu, était que lui aussi, lui aussi avait un corps, un corps qu’elle désirait avec une envie non feinte et que lui aussi pouvait en jouer, à la différence qu’il savait parfaitement y faire contrairement à la douce et innocente tenancière.


- « C’est le principe même de la… » débuta-t-elle coupé par la vision qui lui offrait, vision qui ne sembla guère la laisser indifférence, ses prunelles bleutés vagabondant sur le torse ainsi offert « tentation, le principe même, c’est que pour qu’elle n’existe pas il ne faut pas montrer » reprit-elle néanmoins en trouvant une force invisible en elle.

Puis ce fut le drame de la journée d’Estelle, le coureur de jupons ou ancien coureur de jupons lui offrant ce coup fourbe et parfaitement bien amené. Se redressant entièrement, se dévoilant de ce fait tout aussi entièrement, la rouquine n’avait guère pu retenir ses prunelles de s’illuminer, ou de descendre le long des courbes masculines qui lui faisaient tourner la tête, son cœur s’était empressé de reprendre un rythme irrégulier, alors que ses lèvres s’étaient entrouvertes pour laisser un petit filet d’air s’échapper de sa bouche. Déjà rouges, ses joues n’avaient pu que davantage s’illuminer, alors qu’incapable de détacher son regard de lui, elle ne parvenait même plus à suivre la conversation. Son corps avait dû dévoiler cette hésitation, ce besoin d’aller jusqu’à lui, puisqu’elle dû se repositionner tant elle avait légèrement penché en avant. Ne perçut-elle que la fin de sa phrase, sans avoir la possibilité de remonter ses pensées pour obtenir autre chose que des images du corps de Merrick Lorren de tous les côtés, de tous les angles et dans des positions parfois bien peu chastes que son esprit quelque peu malmené avaient commencé à mettre en place.


- « Comme tu dis oui » murmura-t-elle en se faisant violence pour enfin détourner les yeux.

Fort heureusement l’idée du ménage, le rire de Merrick eurent finalement raison de sa déstabilisation, lui permettant de prendre une respiration bien méritée alors que son souffle devenait à son tour lui aussi particulièrement irrégulier. Merrick avait fini par la rejoindre, l’enlaçant pour déposer un baiser sur son front avant de plonger quelques instants son regard dans le sien et ce ne fut que ce simple moment de réconfort, pour autant banal, qui réussit à enfin apaiser entièrement la responsable de la demeure. Ce fut néanmoins une pointe de déception provoquée par sa propre serviette, aurait-elle voulu sentir une nouvelle fois la chaleur de son corps –corps qu’elle s’appliquait à ne surtout pas effleurer une petite seconde du regard-, ce ne fut que lorsqu’elle sentit sa gêne vis-à-vis du plaisir qu’elle comprit, descendant inévitablement ses yeux vers l’unique représentant de tous les interdits, retrouvant forcement, une couleur complètement écarlate. Détournant rapidement les yeux le temps pour son chevalier visiblement bien armé de nouer sa propre serviette autour de sa taille, ce ne fut qu’une fois fait, qu’elle s’autorisa à retenir ses gestes pour venir déposer chastement ses lèvres sur les siennes, une forme d’excuse sans aucun doute.

- « Même si je te réclamai de porter des vêtements, tu n’en aurais cure n’est-ce pas ? » plaisanta-t-elle.

Secouant sa tête pour indiquer son refus de lui prendre la main, bougeant ses doigts maintenant sagement et durement sa propre serviette, elle l’avait suivi, sans pouvoir s’empêcher de laisser son regard descendre le long de son dos, pour s’arrêter sur un fessier camoufler par le tissu qu’il portait autour de la taille et qui ne semblait guère convenir à la tenancière.

- « Ce n’est pas une tanière » reprit-elle « Et ce n’est pas… Ça a changé ! » fit-elle d’un air qui se voulait mi-outré, mi-amusé.

Refermant la porte, l’écoutant sagement, elle ne put que stopper ses mouvements quand son regard croisa celui de son chevalier, alors qu’il évoquait le fait qu’il ne comprenait pas comment elle pouvait être aussi bordélique dans sa propre chambre. Haussant simplement les épaules, la réponse ne sembla guère évidente à formuler, même pour elle.

- « Je m’y retrouve moi dans ma chambre » affirma-t-elle « Tu n’as cas la ranger si ça te fait plaisir et je te fais la promesse solennellement » fit-elle en levant une main, ce qui déclencha inévitablement la chute de sa serviette « En ordre… »

Même si elle ne savait guère comment réagir à cette nouvelle étape, cette nouvelle maladresse peut-être pas si involontaire que ça finalement, Estelle n’avait fait aucun mouvement pour venir ramasser le tissu. Absolument aucun, elle était restée là, immobile à fixer son chevalier, à chercher des réactions qu’elle connaissait déjà. Consciente que lui-même avait conscience qu’elle luttait avec violence contre ses propres désirs. Il serait simplement de le rejoindre ainsi, si simple, mais l’acte lui sembla si loin, alors que ses prunelles fixaient ses lèvres, cette langue y passant régulièrement, puis ses doigts se perdant à la fois dans ses cheveux ou dans sa barbe. Si lui était nerveux, son propre stress ne lui permettait pas de le remarquer, ou pas suffisamment, se penchant finalement, elle avait attrapé ce qui traînait au sol pour l’abandonner au dos d’une chaise, avant de venir faire glisser la tenue de nuit blanche qui trônait là. Son corps fut rapidement recouvert, bien qu’avec l’humidité de son corps, l’ensemble avait tendance à coller à ses courbes et à rendre le blanc un peu transparent, ce qui étonnamment ne sembla pas ainsi la déranger. Procédant par étape, la dame était venue s’installer au bord du lit, visualisant celui qui était allongé non loin, sans même avoir besoin de le regarder.

- « Nous en sommes rendus au sommeil, Merrick Lorren »

Percevait-il son trouble, son désir encore présent, parvenait-il à le comprendre réellement ? Que la réponse soit positive ou non, Estelle avait fini par venir s’installer contre lui, lentement, soufflant au préalable la bougie, unique source de lumière du lieu. Là, dans cette obscurité réconfortante elle était venue retrouver son corps, déposant sa tête sur son épaule, restant sur un côté, laissant une jambe venir chevaucher celle de Merrick pour s’étaler un peu et prendre un maximum de place. Ses doigts étaient venus pianoter de la pulpe sur son torse, à la recherche d’éventuelle cicatrice ou marque dont ils pourraient faire le pourtour, alors que son menton s’était légèrement surélevé pour venir simplement embrasser puis mordiller sa lèvre. Puis, comme Estelle était une adepte involontaire de refroidir les ambiances, elle avait fini par laisser échapper une question, qu’elle regretta presque aussitôt.

- « Combien ? » ce fut d’abord un long silence, celui de l’attente d’une réponse, réponse qui ne pouvait guère être fourni sans davantage d’explication « Combien de femmes ? » là encore, bien que plus précise, elle comprit, ou cru comprendre à une possible hésitation de Merrick de la non-précision de son interrogation « Avec combien de femmes as-tu partagé une nuit ? »

Ce fut comme un éclair la traversant de part en part, alors que la totalité de son désir avait semblé s’évaporer à cette simple évidence, alors que son esprit s’acharnait déjà à imaginer des chiffres plus faramineux les uns que les autres, alors qu’elle le visualisait s’abandonner dans les bras d’une autre, alors que. Son cœur se pinça, tout comme ses lèvres, et son souffle qui cessa une poignée de seconde de souffler son air chaud sur la peau de son milicien. Il y avait des règles, des règles évidentes pour le début d’une relation, l’évocation des anciennes n’était jamais une bonne solution, avait-il pu sentir sa crispation durant le dîner à ce sujet, cependant, Estelle semblait ressentir ce besoin de savoir. Le qui ne viendrait jamais, puisque l’identité des demoiselles ne l’intéressait, ce n’était pas de ça dont elle essayait de se rassurer, mais d’un tout autre point. Peut-être lui mentirait-elle finalement ? S’il lui évoquait un nombre trop important, ou peut-être s’enfermerait-elle dans un silence ? S’imaginait-elle déjà –chose complètement folle quand on la connaissait un peu-, se rendre des établissements de luxure pour obtenir des conseils, pour ne pas le décevoir, pour apprendre, pour savoir-faire, pour… C’était stupide, complètement, presque autant que ce rythme cardiaque qui redevenait fou, de sa respiration qui devait caresser la naissance de son cou de cette manière tout aussi improbable. N’avait-il pas parlé de dormir ? Peut-être était-ce là, la solution ?

- « Je ne te demande pas de compter les hommes, ai-je cru voir ce soir que mon frère était bien à ton goût » tenta-t-elle de plaisanter un peu en refermant les yeux.

Les doigts qui s’étaient retrouvés au milieu de son torse avaient fini par descendre lentement, jouant avec la frontière de l’interdit, de là cette serviette qui à sa grande surprise se trouvait toujours là. La jambe de la rouquine avait fini par fuir la proximité de Merrick, pour longer simplement ses jambes, alors que finalement, elle tentait de dénouer l’ensemble qui semblait la gêner. Dans le noir, ne pouvait-elle pas voir véritablement, malgré l’acclimatation de ses yeux, aussi se sentait-elle un peu plus libre de ses mouvements. Prenant une nouvelle inspiration, venant blottir finalement une partie de son visage dans le creux du cou de son milicien, elle reprit simplement la parole, d’une voix peut-être un peu fatiguée, un peu endormie, comme si elle faisait le choix volontaire de sombrer petit à petit.

- « Merrick, tu me pardonneras un jour mes incertitudes ? Mais tu sais, cela devrait être interdit par le duché de devenir dépendant à quelqu’un… » ce fut un murmure, un simple murmure alors qu’une main hésitante s’était reculée suite à l’effleurement de ce qu’elle ne pouvait voir « Si tu devais faire un vœu Merrick ? N’importe lequel, peu importe sur quoi, un vœu qui se réaliserait obligatoirement, ça serait quoi ? »

Qu’il prenne la peine de répondre ou non, avait-il dû sentir la rouquine perdre petit à petit conscience, avait-il dû sentir ses doigts se détendre tout comme la totalité de son être, peut-être même percevait-il davantage son poids contre lui, alors que malgré un sommeil visiblement présent –ou débutant-, elle avait murmuré un semblant de mot, un semblant de je t’aime, à moins que ce ne soit tout autre chose, alors que ses lèvres avaient de nouveau effleuré sa peau, puis ce fut tout, un étrange tout, une étrange fin sur une frustration peut être un peu mutuelle, sur une découverte étrange, sur une soirée tout aussi étrange.




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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 20 Avr 2019 - 6:30
Merrick Lorren était dans le noir complet. Pour autant, cette perte de vision n'était aucunement vécue avec un profond chagrin, ou bien dans une tristesse absolue. Oui, le milicien aurait sans l'ombre d'un doute préféré avoir la possibilité et la chance de s'épancher dans l'admiration continue et perpétuelle des formes et des courbes qui définissaient la silhouette d'Estelle de Chantauvent. Car malencontreusement pour elle, et heureusement pour lui, cette dernière s'était littéralement dévoilée à son regard sans la moindre barrière pour oblitérer son analyse. Dès lors, loin d'en être outré, le jeune homme avait aussi rapidement que fugacement laissé ses yeux se perdre sur le sujet de son désir, vers celle qui appâtait à la fois son corps et tout aussi sûrement son cœur. En outre, devant pareil spectacle, impossible d'en être repu jusqu'à satiété. Son esprit avait perdu toute main mise sur ses actions, lui qui semblait lui souffler lointainement d'en profiter, de se lever et d'enserrer de ses bras sa tenancière. Et puis, incapable d'agir, ou de réagir, indécis et interdit quant à la marche à suivre, Merrick n'avait put que perdre la vue, alors que de ses griffes, sa partenaire était venue lui cacher la vue et tempérer son ardeur à commettre ce qu'il avait promis de ne point faire sans son accord explicite.

Mais tel que susmentionné, Lorren ne goûta pas à cette noirceur avec affliction et désolation. De fait, son esprit fonctionnait à nouveau à plein régime, tentant de dresser un portrait exhaustif et idyllique de ce qui était pour lui une véritable œuvre d'art. ''Impossible de m'en empêcher !'' Répondit-il lorsqu'elle lui demanda d'arrêter d'imaginer. ''Il faudra littéralement m'assassiner pour me faire oublier cette sublime vision.'' Paracheva-t-il dans un sourire qui en disait long sur ses pensées. Puis, riant à la façon dont son nom fut prononcé, l'ivrogne poursuivit dans le même registre, à la fois mi-sérieux et mi-amusé. '' Moi le tentateur ? Je te trouve bien mal placé pour parler de tentation !'' Dit-il en faisant référence à la vision qu'elle lui avait offerte. Puis, plus doucement, ne poussant qu'un bref murmure. ''Je vais te montrer, moi, ce que c'est d'être un ''tentateur''...''

Puis, Merrick Lorren avait fait la promesse de rester cloîtré et enfermé dans l'obscurité, bien que la dame de Chantauvent enlève ses mains de son visage. Sur le coup, l'homme d'armes n'avait pas donné sa parole en l'air. Après tout, ce dernier ne voulait aucunement faire fuir la rouquine, ou bien la choquer et leur faire perdre cet élan d'intimité qui les unissait encore et toujours plus. Dès lors, convaincu de pouvoir se retenir, le milicien avait promis de rester sage et aveugle. Or, il fallait se faire à l'évidence; en une situation normale, possiblement qu'il aurait réussi à tenir sa parole. Mais, tandis que toutes leurs actions n'avaient servi qu'à faire accroître le brasier ardent et flamboyant de l'envie et du désir, comment pouvait-il se cloisonner à respecter les mots qu'il venait de proférer ? Impossible. Même la menace d'une noyade ne lui faisait pas peur. Estelle aurait bien pu le menacer de dormir seul, il n'aurait pas reculé et ne se serait pas réfréné.

Parfois, la tentation est plus forte que tout le reste. Et ça, le duo commençait, sans l'ombre d'un doute, à le comprendre parfaitement...

C'est ainsi que sans qu'il ne cherche plus longtemps à résister, ses yeux s'ouvrirent à nouveau, partant à la vitesse de l'éclair en quête du corps de sa rousse compagne. Gravant avec une concentration non feinte le plus d'éléments possible dans son esprit, histoire d'en garder un portrait aussi fidèle que possible, Merrick croisa le regard d'Estelle, alors que ses yeux remontaient de sa poitrine vers son visage. Restant silencieux quelques instants, le jeune homme creva le non-dit d'une brève onomatopée ''...Oups ?''. Cette prise de parole était excessivement loin de sa répartie habituelle, généralement aussi tranchante que brillante. Or, il fallait aussi comprendre que son esprit restait aux prises avec son admiration continue, plutôt qu'avec la mise sur pied d'un solide plaidoyer. Après tout, Merrick Lorren connaissait ses priorités.

Se mordant la lèvre inférieur, non pas à cause d'une quelconque gêne, mais plutôt pour essayer de retenir un sourire taquin et espiègle de prendre le contrôle de sa bouche, Lorren souleva un bras au-dessus de sa tête pour tenter de se protéger des attaques de serviette qui pleuvait sur lui en réponse à son incartade. Riant aux éclats, essayant tant bien que mal d'esquiver plutôt que d'essuyer le gros des attaques, le fieffé salopard n'oublia pas d'en profiter pour parachever son inspection en règle, tandis que l'arme du crime se trouvait aussi être l'unique instrument à même de couvrir le corps de sa tenancière et de protéger sa pudeur. Finalement, sa punition sembla se parachever, tandis que le bourreau de Chantauvent se drapait à la fois dans sa fierté et dans la serviette pour lui voiler sa peau claire qui était aussi attrayante qu'attractive.

-'' Et bien en ce moment, nous sommes tous deux bien loin de ne rien montrer. Dois-je comprendre que l'un comme l'autre nous sommes de vil et ô combien perfide tentateur et tentatrice ?'' Demanda sournoisement un Merrick Lorren qui s'amusait beaucoup de la direction de l'échange. ''Personnellement, je ne suis pas contre ce que cela implique. Alors, pour respecter mon nouveau titre...'' Quelques instants plus tôt, tandis qu'Estelle lui avait obscurci la vue et qu'elle lui avait donné ce titre, le milicien avait fait la promesse, dans un murmure, qu'il lui prouverait ce que c'était de véritablement faire souffrir l'autre de la tentation. De fait, il était bien placé pour connaître le meilleur moyen de vriller de désir son opposante, tandis qu'elle venait tout juste de fomenter, bien qu'involontairement, l'action qui l'avait amené sur le bord de la rupture.

Se soulevant de la bassine dans une gerbe d'eau, ne cherchant aucunement à cacher une quelconque parcelle ou bien partie de son corps, Merrick resta de marbre, son regard rivé dans celui d'Estelle, partant en quête des signes distinctifs qui lui montrerait que son action impactait celle qui faisait encore preuve d'une trop grande retenue à son encontre. L'ivrogne ne put manquer de voir le regard de la propriétaire des lieux partir à l'exploration et à la découverte de sa silhouette. Loin d'en être gêné outre mesure, le jeune homme s'en trouvait plutôt fort aise. Cela voulait signifier beaucoup et pouvait aussi représenter le seuil de rupture contre lequel la jeune femme tentait de résister le plus fermement possible depuis leur rencontre. Tandis que le visage de la dame de Chantauvent prenait de la couleur, encore et toujours plus, le milicien restait maître de ses expressions, retenant sa main d'aller se perdre dans sa tignasse à de nombreuse reprise.

Sortant du bain, comme si de rien était, venant à la rencontre et au plus près de celle à la chevelure de feu, l'échange perdit en ardeur alors que les mots et la concentration nécessaire à la prise de parole venaient renforcer et raffermir le contrôle qu'ils s'imposaient tout deux. Pour autant, le jeune homme était mordu par une pointe de déception à l'encontre de la serviette qui les séparait encore, ou plutôt à nouveau. Que ne donnerait-il pas pour la voir s'affaisser, pour retrouver la chaleur de la peau et la douceur de l'épiderme d'Estelle de Chantauvent ? En cet instant, il aurait tout offert pour renouer avec ce simple contact qui l'avait électrisé et qui continuait à le tourmenter et l'aguicher.

C'est probablement à cause de ce genre d'élucubration que Lorren fit une erreur de discours. En effet, celui-ci opta pour parler de ''plaisir'' lorsqu'il fit mention de l'aide qu'il pourrait apporter pour le ménage le lendemain. Seul problème à ses yeux, c'était le double sens de ses mots. De fait, son corps était littéralement tendu de plaisir. Ce n'était point de cela qu'il avait voulu parler, mais l'évidence même était que cela pouvait prêter à confusion. Stupidement, son regard vint en quelque sorte corroborer ses dires. L'écarlate qui reprit l'ascendant sur le visage d'Estelle eut le mérite de l'impacter lui aussi, le faisant tout aussi fortement rougir. S'évadant de leur promiscuité, s'enfuyant au plus loin de sa gêne, Merrick noua sa serviette autour de sa taille pour clôturer le sujet sans prononcer la moindre parole.

Pour autant, sa tenancière vint déposer un chaste baiser sur ses lèvres, l'assurant, en quelque sorte, silencieusement que ses paroles n'avaient pas été mal interprétées, ou à tout le moins pas au pied de la lettre. Lui en étant grés, Lorren s'empressa de répondre à l'échange, lui offrant aussi un sourire, certes comme il en avait l'habitude, mais qui prenait aussi de plus en plus une forme différente, unique et bien plus tendre pour celle qui accaparait ses pensées. Oui, son expression était toujours aussi joyeuse et espiègle, mais un relent d'affection farouche était aussi perceptible depuis peu au travers de cette marque d'amusement. '' En effet, je ne le ferais pas. Mais la question suivante est aussi de savoir si tu me demanderais vraiment de porter des vêtements, non ?'' Répondit-il avec malice, se questionnant lui-même à savoir si la rouquine le préférerait vêtu ou dévêtu.

Claquant de la langue et ponctuant ce bruit d'un haussement d'épaules, à titre de gestuelle, lorsqu'elle secoua la tête devant sa main tendue, Merrick prit les devants pour se diriger vers la chambre où tous deux allaient -probablement- dormir. Intelligemment et logiquement, Lorren s'effaça pour laisser passer la propriétaire des lieux en première une fois que le battant fut ouvert. Non pas à cause d'une quelconque politesse, mais bien simplement pour laisser son regard traîner sur les jambes et la croupe de la jeune femme à la chevelure de feu. À moitié satisfait par le spectacle, tandis que le morceau de tissu cachait trop à son goût, le milicien la suivit enfin à l'intérieur.

-'' Ah, autant pour moi. Pardon !'' Dit-il lorsqu'elle mentionna que ce n'était pas une tanière. Pour autant, aux yeux de l'ivrogne, c'était le terme parfait pour définir l'endroit. ''Ah, oui ?'' Ne put-il s'empêcher de demander lorsqu'elle mit de l'avant que cela avait changé. Il en doutait, mais préférait ne pas trop s'épancher sur ce terrain glissant. Allant confortablement s'installer sur le lit, surveillant le moindre des faits et geste de la jeune femme du regard, Lorren poussa la conversation sur l'amusement que la chambre d'Estelle éveillait chez lui. Cette fois-ci, il s'attaqua au capharnaüm qui avait la main mise sur l'endroit, comparativement au reste de la Chope qui était excessivement bien ordonné. ''Je ne me plaignais guère de cela ! J'aime bien ce côté un peu désordonné. Et puis, je crois que j'aime tout ce que je découvre de toi.'' Dit-il en évitant le regard bleu-gris d'Estelle de Chantauvent.

Merrick venait de s'ouvrir d'un élan de tendresse qui lui était peu commun, encore plus alors que les réminiscences et les affres du désir n'étaient pas encore évaporées. Pour autant, comme si leur rôle venait d'être échangé, ce fut à son tour de goûter inopinément à la manœuvre aussi vile que machiavélique de la fourbe tentatrice. Dès lors, toute trace de parole doucereuse se volatilisèrent avec fracas de son esprit embrumé par le spectacle qui se récidivait, là, sous ses yeux. De fait, Estelle venait de lever innocemment une main pour mimer une prétendue promesse de tout garder en ordre si l'homme d'armes se laissait aller au ménage. La gorge sèche, les yeux ronds et la bouche entrouverte, l'idée de rangement était au plus loin de ses pensées, alors que sa conscience embrassait et s'embrasait à la vue des monts et des vallées qu'il découvrait.

-''C'est... difficile de se retenir devant pareil spectacle.'' Réussit-il à proférer sur le ton de la conversation, bien que sa voix enrouée ne se prête guère à déblatérer de la pluie et du beau temps. Il aurait été si simple de se lever, de la prendre et la soulever pour l'appuyer contre la paroi pour s'unir l'un à l'autre. Lorren pouvait le sentir, quasiment convaincu qu'il n'était pas dans l'erreur. Elle aussi désirait la même chose. Mais alors, pourquoi résistait-elle aussi farouchement et férocement ? Dur à dire, difficile à expliquer, mais sans son accord, il ne tenterait pas... encore. La couardise restait maître de ses sens et de ses actions, alors qu'il avait peur de la brusquer et de la perdre définitivement et indéfiniment. ''Estelle de Chantauvent, tu es sublime.'' Ce qualificatif était à la fois véridique, mais loin de ce qu'il voulait transmettre. À ses yeux, la rouquine était une véritable ode à la beauté. Épris de celle-ci, ses paroles pouvaient avoir un parti pris plus que conséquent. Or, pour Merrick Lorren, cela n'était pas un mensonge. À ses yeux, la beauté de sa tenancière oblitérait toutes les femmes de Marbrume et d'ailleurs, et ce qu'il se voile la face ou non.

Mais ce fut l'heure de la finalité de cette vison, alors que la jeune femme récupérait une tenue de nuit blanche pour se couvrir le corps. Loin d'être réellement opaque, cette dernière venait même épouser avec délicatesse les courbes de sa propriétaire, alors que l'humidité venait faire coller la tenue à sa peau. Cette même humidité rendait aussi le vêtement éphémère et transparent en certains endroits. Dès lors, l'esprit du milicien se suffisait à lui-même pour s'imaginer le tableau dans son intégralité. En quelque sorte, cela en était que plus aguicheur. ''Vraiment ?'' Ne trouva-t-il que le courage de dire, lorsqu'elle lui mentionna qu'il était l'heure du sommeil. La déception et la torture étaient-elles perceptibles dans sa voix ? Ce n'était pas lui qui pouvait le dire...

À nouveau, Lorren fut plongé dans le noir. Or cette fois-ci, il ne fut pas le seul à être happé par ladite obscurité. Estelle, qui venait de souffler la dernière source de lumière, vint renouer avec leur proximité, allant appuyer sa tête contre son épaule et déposant sa jambe par-dessus les siennes. Naturellement, Merrick entoura les épaules de sa tenancière d'un bras, et déposa son autre main sur la cuisse de sa compagne. Tournant la tête vers elle lorsqu'il sentit le mouvement de son propre visage, Lorren se perdit dans le doux contact de leur baiser, ne retenant aucunement un petit soupir de se faire audible, alors qu'elle lui mordillait la lèvre inférieure. Déjà, ses pensées étaient de nouveau assujetties à sa volonté de l'embrasser encore et encore. Loin de réfléchir sciemment à cet état de fait, le premier mot de la propriétaire de la Chope Sucrée le tira difficilement de cet engouement. ''P...pardon ?'' Demanda-t-il tout d'abord après quelques instants de silence, à la fois pour tenter de comprendre la question et de raffermir son contrôle sur ses pensées et élucubrations.

La suite fut en quelque sorte aussi inattendue qu'attendue. De fait, Merrick Lorren comprit parfaitement la question à partir du premier éclaircissement. En effet, il n'eut besoin que de l'entendre ajouter au questionnement le mot ''femme'' pour que le beau salopard comprenne ce qu'elle voulait savoir. Pour autant, le milicien resta muet, la laissant développer de nouveau, pour se donner le temps adéquat pour réfléchir. Soupirant, il tenta évasivement de s'échapper de cette question qui lui avait toujours posé problème. '' À quoi bon savoir ? Qu'est-ce que cela changerait entre nous ? '' La question n'était pas dénuée d'intérêt ou bien de sens pour l'homme d'armes. Merrick s'était crispé sans qu'il ne s'en rende compte. Ses doigts avaient abandonné la cuisse de la rouquine pour venir plutôt se déposer sur son propre front. Quelques soupirs venaient parfois ponctuer ses réflexions qui entretenaient le silence, alors que des tortillements présentaient son malaise. Car oui, la question le prenait de court.

Ce n'était pas la première fois que cette dernière lui était envoyée à la figure, qui plus est alors qu'il était étendu dans un lit avec une femme. Généralement, celle-ci arrivait plutôt après l'acte qu'avant la consommation de l'ébat charnelle. À chaque fois, Lorren se montrait évasif sur le sujet, désamorçant la situation d'une prise de parole empreinte d'espièglerie. Or à chaque fois, ces mots faisaient résonner un cri d'alarme dans son esprit. Habituellement et souvent, lorsque cette interrogation apparaissait dans l'esprit de l'une de ses conquêtes d'un soir, cela était inévitablement à cause que celle-ci s'attachait et ne voulait point être un nom de plus à rejoindre la déjà longue liste et la pléthore de concubine si rapidement oubliée.

Cette fois-ci, c'était pourtant différent. Le malaise qui le prenait à bras le corps devant le questionnement d'Estelle était plutôt à cause qu'il ne savait pas comment agir ni que dire. Il ne voulait pas s'épancher sur le sujet qui n’était guère reluisant, mais l'ivrogne ne désirait pas non plus esquiver la question à l'aide de parole creuse qui pourrait blesser. De toute façon, ce n'était pas comme s'il dressait un registre de son nombre de conquêtes ! '' Je...je ne sais pas combien. Je n'ai jamais compté, mais il est probablement possible de dire beaucoup.'' C'était honnête. Grimaçant et soupirant de nouveau, il se passa une main dans les cheveux. '' Je n'ai côtoyé personne depuis que je te connais, cela dit. Même...même lorsque nous étions en froid à cause de ton frère.''

Même à ses oreilles, ses paroles sonnaient creux. De fait, Estelle était pour lui un modèle de femme vertueuse. Il ne pouvait pas véritablement dire que cette farouche décence, et ce respect plus que zélé de la Trinité, lui plaise à tous les coups. Lorren aurait après tout bien apprécié que la jeune femme soit un peu moins imperméable à ses avances. Or, bien que cela soit le cas, il fallait aussi reconnaître que c'était bien la première fois que l'ivrogne luttait contre une opposante aussi honnête et portée sur la bienséance. De ce fait, son passé houleux de coureur de jupons était, à ses yeux, beaucoup plus une difficulté qu'un avantage conséquent dans ses tentatives de charmes et de séductions intempestives. Ainsi, en s'épanchant sur le sujet de ses conquêtes et en essayant d'excuser sa conduite débonnaire, Lorren pensait qu'il creusait sa propre tombe.

Se redressant dans le lit, s'asseyant et s'appuyant au mur, il tenta de sonder le regard de la dame de Chantauvent, prêt à commencer un véritable plaidoyer pour ne pas succomber à cause de sa réputation méritée. Mais, au moment de dresser et de liguer des mots pour le défendre lui-même, Merrick perdit contenance, et donc logiquement, le contenu de ses pensées. '' Désolé.'' Se passant une main sur la nuque, il tenta de poursuivre après un long instant de silence. ''Je sais que ce n'est pas vraiment attrayant de côtoyer un... quelqu'un comme moi. Couplé à mes autres défauts, cela ne fait pas une très belle somme, je te l'accorde.'' Un triste et bien maigre sourire prit le contrôle de son faciès. Décidément, c'était peut-être la première fois que ses antécédents de séducteur lui coûtaient plus qu'ils ne l'aidaient. '' Pour autant...'' Que dire pour se racheter ? Il fallait se faire une évidence, il n'y avait rien à dire pour se dédouaner et pour ne plus culpabiliser. Après tout, ce n'était pas comme si l'homme d'armes pouvait lui promettre la fidélité et plus aucune errance, alors qu'ils n'étaient même pas officiellement un couple...

-''Désolé.''

Merrick Lorren était celui qu'il était. Avec son passé tourmenté, avec sa façon d'agir aguicheuse et ses nombres ex-conquêtes. Il ne pouvait tout effacer d'une simple prise de parole, ou bien promettre mont et merveille à celle qui prenait de plus en plus d'importance dans son existence. Il était un beau salopard, qui certes, était en train de s'éprendre, mais qui restait tout de même aussi lâche, laxiste et infâme sur de nombreux autres points. Il en avait conscience et il avait la décence de ne pas mentir ou de plaisanter avec ce qui pouvait éveiller des possibles tourments chez sa tenancière. Pour autant, cette impossibilité de faire, de dire ou de promettre plus lui coûtait énormément aussi. Car il aurait voulu pouvoir souffler ce vent de maux qui se liguait entre eux avec la prise de parole d'Estelle. Il aurait voulu n'être qu'un normal quidam qui aurait réussi à charmer la rouquine, sans traîner son lourd passé et ses erreurs derrière lui. Mais il fallait aussi s'interroger sur autre chose ; est-ce qu'un simple badaud avait, ne serait-ce qu'une infime chance de réussir ?

S'était tout ce qu'il proférerait sur le sujet. Il s'était à la fois ouvert beaucoup et si peu. ''Aucun homme, aucun homme.'' Tenta-t-il de proférer avec amusement, mais le cœur n'y était pas. Puis sentant les doigts d'Estelle tenter de lui enlever la serviette, il en fut quelque peu interdit, en proie à l'incompréhension, alors qu'elle le faisait littéralement valser d'un état d'âme à l'autre. Toujours est-il qu'il se laissa dénuder sans se plaindre, évidemment. '' Si tu pardonnes les miennes, je ne pourrais t'en vouloir pour tes incertitudes.'' Pour tous deux, cela était quasiment un impératif. Après tout, ils baignaient chacun d'entre eux dans l'incertitude de leur relation, en proie au doute quant à l'avenir qu'ils pourraient peut-être partager. Ce n'était pas simplement Estelle de Chantauvent qui était mordue par cela. Merrick Lorren lui aussi était en proie aux mêmes relents d'indécision qui le minait encore et toujours plus.

Puis, le milicien crut sentir un effleurement qui le vrilla aussi rapidement que fugacement aux âpres affres de la tentation. Son corps réagit au quart de tour, alors que les doigts de la jeune femme s'éloignaient de la zone érogène. Avait-il rêvé ? Possible. Du moins, son corps criait que non et son esprit que oui. La houle des derniers questionnements d'Estelle repoussa au loin la possibilité d'un épanchement dans le désir. Réagir à ce geste malencontreux reviendrait à le définir comme le coureur de jupon qu'il s'était évertué à s'excuser d'être. Dès lors, à ses yeux, il devait rester silencieux sur cette situation, comme si cela suffirait pour prouver son repentir pour une vie de débauche et d'excès. Pour autant, bien que sa volonté, aussi bonne que futile, soit véritable, la crispation de tout son corps ne pouvait que le trahir.

-''Mon souhait, hein ?'' Il avait au moins conscience que son vœu s'articulait autour de la présence d'Estelle de Chantauvent. Or, cette question était véritablement à doubles tranchants. Souhaiter une insanité ne serait guère flatteur et plutôt réducteur. Désirer quelque chose de trop mièvre et mielleux, ne lui ressemblait pas et ne lui irait guère. Dès lors, exit les idées de simplement quémander l'ébat charnel. Il ne pouvait pas non plus demander une vie ou bien l'éternité à ses côtés, tandis qu'il était encore complètement incertain sur le sujet du mariage. Alors, oui, il ne restait qu'une chose à répondre...

-''Je voudrais que ce mois dur indéfiniment.''Peut-être que Merrick Lorren réfléchissait trop depuis que la bougie s'était éteinte. Pour autant, cette prise de parole était la vérité même. L'ivrogne voulait passer son temps avec la jeune femme, sans pour autant être prisonnier des liens du mariage. En outre, ce n'était plus une simple envie de seulement partir à la découverte de son corps et de s'épancher dans ses bras. Oui, ce mois d'entre-deux, de relation n'en étant pas officiellement une, était ce qui satisfaisait le mieux l'homme d'armes. Ni trop, ou trop peu. Un lieu nébuleux d'indécision et de promesse alléchante et prometteuse. Croire que cela durerait pouvait être hautement puéril. Mais s'était son vœu à lui et lui seuls.

Se recouchant sur le dos, retournant se coller au plus près d'Estelle, et retrouvant un apaisement au fur et à mesure que le contact perdurait et se prolongeait, il tenta de lui renvoyer la réponse, aucunement convaincu qu'elle l'entendrait ou répondrait. ''Que désires-tu par-dessus tout, Estelle de Chantauvent ?'' Murmura-t-il tout bas, aussi bien pour elle que pour lui. Le milicien tentait de ne pas le montrer, que ce soit dans sa voix ou bien dans sa façon d'agir, mais il avait peur de la réponse. Non pas pour lui-même, parce que la volonté de la rousse pouvait l'impacter. Mais plutôt, parce qu'il estimait juste et avéré que la veuve veuille potentiellement retrouver son mari. Et si tel était le cas, l'ivrogne n'était pas certain d'être à même de disputer ce genre de volonté et d'amour d'outre-tombe.

Est-ce qu'elle lui répondit, où dormait-elle déjà ? Qu'importe, Merrick était véritablement torturé par ses pensées depuis qu'il s'était couché. De fait, le sommeil fut long à arriver. Très long...

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Lendemain matin, heure indéfinie


Si ce n'était pas Estelle de Chantauvent qui le réveillait, Merrick Lorren dormit plus longtemps que d'habitude. De fait, le sommeil avait été difficile à trouver et guère reposant. Oui, la présence aguichante de sa tenancière était une cause logique de cette conséquence. Or, il fallait aussi y assujettir les remous que les derniers questionnements de la soirée d'hier avaient fait naître dans son esprit. Entre l'interrogation sur les conquêtes, sur son passé et son vœu le plus cher, la conscience du milicien avait voltigé jusqu'à atteindre des profondeurs d'amertumes abyssales. Finalement, ce fut l'épuisement qui l'envoya trouver le sommeil. Or, les cauchemars prirent la suite. Étonnement, ce fut aussi la première fois que ceux-ci s'articulaient dans le présent, avec Estelle comme personnage principal plutôt que sa famille. Celle-ci semblait se révulser de ses agissements passés et le repousser à tout jamais. De ces nouveaux tourments nocturnes, Lorren ne savait comment le prendre. Devait-il être heureux d'avoir une nouvelle source de souffrance, ou bien devait-il vivre cela comme l'abandon des remords qu'il devait avoir pour abandonner sa famille ?

-''Bon matin...'' Bougonna-t-il, que ce soit réveillé par Estelle, ou bien la réveillant alors qu'elle se trouvait encore à ses côtés. L'attrapant de ses deux bras, ne la laissant pas s'enfuir et enfouissant sa tête dans la crinière de la jeune femme, il soupira de contentement. '' Bien dormi, princesse ?'' Demanda-t-il un peu plus réveillé, s'étirant d'un bras et retenant toujours de l'autre la principale concernée par l'interrogation. ''Il fait clair, aujourd'hui...'' Ajouta-t-il en déposant ses lèvres à la naissance du cou de la dame de Chantauvent. Puis, se fut le désastre dans l'esprit du milicien. ''...Quelle heure est-il ? '' Merrick Lorren était censé rejoindre sa coutelerie pour partir en patrouille, aujourd'hui. Les yeux ronds, interdit et indécis, il espérait ardemment que la tenancière de la Chope Sucrée ne lui apprenne pas le pire...

Que la réponse vienne d'elle ou non, Lorren ne put que concevoir qu'il était déjà en retard. '' Eh merde...'' Se débâtant pour sortir des couvertures, dans son plus simple appareil, l'ivrogne commença à franchir la distance qui le séparait de l'ouverture avant de revenir sur ses pas et de déposer ses lèvres sur le front, puis d'embrasser sa tenancière. ''Puis-je revenir ce soir...?'' Demanda-t-il avec un petit sourire en coin, et se passant une main dans la chevelure. ''...Ce soir et les trente suivants ?'' Paracheva-t-il dans un plus grand sourire.


Qu'importe la réponse, Merrick Lorren s'éclipsa de la pièce en lui offrant un baiser du bout des doigts. Récupérant rapidement ses habits dans la pièce d'eau, s'évertuant à les enfiler, le milicien descendit l'escalier quatre à quatre avant de s'arrêter sur le seuil de la porte. Main sur la poignée, il prit le temps de regarder par-dessus son épaule, que ce soit pour discerner une crinière rousse qui lui manquait déjà, ou simplement observer le lieu et se remémorer la folle soirée. Qu'importe sa dernière réponse. Merrick savait pertinemment qu'il reviendrait durant trente jours consécutifs, qu'elle lui ait offert sa bénédiction ou non. C'est sur cette entrefaite qu'il partit en direction de son affectation, sachant pertinemment où il finirait la soirée. Là où il venait de commencer la journée...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



[Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 20 Avr 2019 - 12:15


- « Tu as une mauvaise influence sur moi, voilà tout » conclut-elle dans un large sourire « Tu es donc plus un tentateur que moi, une tentatrice c’est… » une nouvelle fois sa phrase n’eut pas la chance de se terminer devant les manœuvres de son représentant de la milice « prouvé. » Ajouta-t-elle en déglutissant.

Merrick Lorren avait fait ce qu’il avait fait, pour honorer son soi-disant nouveau titre, même si fallait-il bien l’avouer, tous les deux avaient parfaitement conscience que même sans cela, il se serait extirpé de la bassine de la même façon. Ce qui devait arriva tout aussi naturellement, alors que la maîtresse de maison se retrouver dans cette étrange posture, alternant entre désir ardent et renoncement. Jamais du plus loin qu’elle ne s’en souvienne elle avait retenu un besoin si prononcé, jamais du plus loin qu’elle ne s’en souvienne elle ne s’était non plus retrouvé entièrement nu devant un homme qui n’était pas son mari et jamais, de ce fait, elle n’avait eu l’étrange plaisir de laisser ses prunelles vagabonder sur une silhouette qui était loin de la laisser indifférente. Comme toujours, ce fut les premiers signes de la gêne qui avait dû être parfaitement perceptible sur les traits de son visage, les rougeurs de ses joues, un léger tremblement, peut-être avait-elle dû paraître plus hésitante sur sa prise de parole, oui, certainement, sans aucun doute. Néanmoins, la pure et innocente Estelle de Chantauvent n’avait guère pu s’empêcher d’observer, laissant ses deux perles bleutées, grisés se distraire et s’abreuver de cette vision qui ne semblait pas le moins du royaume lui déplaire.

Sans le moindre doute à ce moment précis de la conversation, le beau salopard comme il aimait se nommer avec un avantage considérable sur la tenancière, qui bien qu’elle fasse preuve d’une maîtrise à toute épreuve, ne s’imaginait pas pouvoir résister encore bien longtemps. Son ventre la tiraillé, son corps exprimait un désir qui fut bien trop longtemps oublié, si bien, que des pensées bien peu validées par la trinité elle-même s’inséraient dans l’esprit de la rousse. Ce ne fut que lors de bref échange, que lorsque Merrick usa d’un mot bien maladroit qui avait valu une vérification d’un coup d’œil de la tenancière, que lorsqu’il s’enroula à son tour dans un tissu qui était soudainement de trop, qu’elle sembla retrouver une certaine maîtrise d’elle-même. Un bref contact de lèvres à lèvres avait également fini par être retrouvé, sans que cela ne dérive, sans que cela ne s’aggrave, sans que cela plonge la jeune femme dans un trouble davantage profond, davantage important.

Les sourires échangés, les regards, tous semblaient avoir pris une tournure différente, c’était à la fois les mêmes, mais en même temps complètement différents. La tendresse, l’affection sont des éléments qu’on ne peut guère retenir, en un regard, en un sourire, ce que même les principaux intéressés ne parvenaient pas encore à formuler transparaissaient parfaitement dans les gestes, les coups d’œil, les étirements de lèvres. Laissant échapper un petit rire, la rouquine avait secoué doucement la tête, visiblement amusée par cette question qu’elle n’avait presque pas vue venir.


- « Qui sait Merrick, qui sait, il y a certaine question dont les réponses resteront un mystère à tout jamais, n’est-ce pas ? »

Il n’y avait pas grand doute sur la question en vérité, sa tête lui aurait murmuré de lui imposer des vêtements, alors que son regard, son mordillement de lèvre lui aurait indiqué toute autre chose. Difficile de savoir qui de la raison ou du soupçon de désir aurait eu le dernier mot. Le couple avait finalement abandonné l’inondation qui se trouvait désormais derrière eux, quoiqu’une autre devait être encore visible en bas des marches menant à la grande salle. Suivant le milicien, ou plutôt se faisant suivre, elle avait fini par rendre dans son domaine, son environnement qui dénotait entièrement de la chope sucrée. Ici le rangement était précaire pour ne pas dire incertain, même si l’hygiène semblait tout aussi appliquée. Des piles de vêtements, des gribouillis, des objets, tout semblait ne pas avoir réellement le moindre sens. Difficile de savoir si tout était ordonné dans son esprit, ou si ce n’était que le reflet de son désarroi, d’une pièce qu’elle avait toujours fui devant la perte de son défunt mari et qui finalement n’était que caché pour ne pas dévoiler une profonde tristesse.

Depuis l’arrivée de Merrick Lorren dans sa vie, les choses évoluaient, doucement, lentement, mais y pensait-elle un peu moins, avançait-elle un peu plus dans la direction du milicien, prenant des risques certainement trop gros pour son cœur et son âme. Pour autant, percevait-elle en lui, toute autre chose que ce qu’il s’appliquait à décrire, le beau salopard était inconnu à ses yeux, le fuyard aussi, ne restait que l’homme, l’homme dont le regard venait de se déposer sur sa silhouette de nouveau dévêtue, dont la serviette venait d’abandonner les courbes. Même si Estelle de Chantauvent n’était pas excessivement gênée, comme elle avait pu l’être au début, elle n’en restait pas moins un peu incertaine dans ses actions. Le corps ainsi dévoilé fut rapidement découvert, alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de rouler simplement des yeux aux réflexions de celui qui lui faisait ressentir bien des éléments.


- « As-tu bu, Merrick Lorren ? » plaisanta-t-elle pour faire un clin d’œil à ce qu’il avait pu lui dire peu de temps avant « Tu me sembles un peu incohérent dans tes paroles ! » ajouta-t-elle le regard plein de malice

Ce ne fut qu’une fois recouverte de chemise de nuit longue, blanche et quelque peu transparente à cause du restant de gouttelette pouvant encore longer son corps. La gérante de l’établissement avait doucement soufflé sur la bougie, plongeant les deux principaux concernés dans une obscurité complète, la dame s’était ensuite glissé aux côtés de Merrick, savourant pleinement se rapprochement et la satisfaction de se coucher à deux et non seule, comme elle avait pu le faire à de nombreuses reprises depuis une année. Roucoulant un « vraiment » à son oreille, alors qu’elle laissait ses doigts venir apprivoiser le fruit de ses désirs, mémorisant sa peau, ses marques, tout ce qu’elle pouvait, écoutant d’une oreille attentive le cœur qu’elle semblait percevoir ainsi installé contre lui. Estelle aurait apprécié à ce moment précis être une sorcière, pouvant traduire le moindre battement, pouvoir se glisser dans l’esprit de Merrick Lorren. Oui, elle aurait apprécié comprendre, peut-être que cela aurait pu lui éviter de doute soudain et ce questionnement. Ce ne fut qu’autour d’un nouvel échange, d’un mordillement et des soupirs audibles qui la rendaient de nouveau fiévreuse que la réalité frappe une nouvelle fois Estelle. Débutante. Ce fut ce mot sans doute un peu fort lui fit peur et bien loin de s’offusquer du nombre de conquêtes qui révélait un fait qu’elle savait déjà, c’était bien le nombre de femmes plus expérimenté qu’elle qui l’intéressait et qui la mettait à mal. Pourquoi Merrick Lorren resterait avec une femme comme elle, alors qu’il pouvait fréquenter des femmes pouvant lui faire vivre des sensations ultimes à tous les coups ?

Un peu malgré elle, l’interrogation lui avait échappé, ce besoin de chiffrer, de comprendre, bien qu’elle soit convaincue qu’il ne comprendrait pas la principale raison. Immobile, non loin de ses lèvres, sa bouche avait pourtant articulé le fameux mot, elle avait dû froncer les sourcils alors que son amant ne semblait pas comprendre la question, l’obligeant à préciser sa pensée. La première réponse fut une vague de silence, poussant la dame à approfondir davantage son interrogation, ce qui l’obligea à se faire un peu plus précise aussi. Haussant doucement les épaules à sa remarque, elle s’était écartée sans prendre la peine de lui répondre. À son tour, elle laissa fuir un soupir, un peu plus long, un peu plus incertain. N’oserait-elle pas lui dire que cela changerait, tout. Tout non pas dans le sens où il serait en effet un beau salopard coureur de jupons, ne lui avait-il jamais caché son amour des femmes, de la chair, de la séduction. Pour Estelle cela signifierait simplement qu’elle était bien loin d’être à la hauteur et que de ce fait, elle allait devoir trouver des solutions pour y remédier si elle voulait lui donner envie de rester, encore un peu, juste un peu.

La tenancière avait senti Merrick se crisper, se déplacer, fuir en quelque sorte la proximité installée et ce simple fait lui fit comprendre à quel point, oui à quel point le chiffre devait être important. Mentalement tentait-elle d’augmenter le nombre de ses propres conquêtes, mais fallait-il bien l’avouer, un plus zéro, cela faisait toujours un, peu importe le sens ou la manière de faire, la finalité restait la même. Roulant des épaules une nouvelle fois, s’enfonçant dans un profond silence, Estelle s’enfonçait dans les doutes, dans cette certitude qu’elle ne devait pas s’abandonner, qu’elle serait sans aucun doute ridicule et que jamais avec cette absence de compétence Merrick Lorren ne resterait avec elle. Tentait-il de la rassurer, évoquant le fait qu’il n’avait eu personne depuis qu’il la fréquentait et cela ne sembla pas avoir autant d’importance que cela finalement, pouvait-il le dire sans que ce ne soit la réalité, pouvait-il simplement finir par se lasser ?

Prenant une légère inspiration, puis une seconde, la dame semblait soudainement absente. Ne lui en voulait-elle aucunement de son passé, qu’elle respectait étrangement, ne trouvait elle-même pas cela particulièrement honteux. C’était bien sa propre expérience qui la dérangeait et cette certitude de plus en plus présente qu’elle ne faisait pas le poids, qu’elle n’était pas à la hauteur, ce qui finalement devenait plutôt douloureux. Avait-elle réussi à faire rester son mari, avait-elle réussi à le séduire, malgré un profil à Merrick Lorren, mais les conditions étaient néanmoins en sa faveur. Hors là, elle avait un mois, un mois sans filet, sans mariage, un seul petit mois pour lui donner envie de rester et comment être celle qui y parviendrait alors que lui-même avait eu l’occasion d’essayer bon nombre de profils.

L’homme d’armes avait fini par s’installer contre le mur et les regards, malgré la noirceur régnant avait fini par se croiser, avait-elle eu envie de lui dire le fond de sa pensée, d’expliquer qu’elle était terrifiée à l’idée de le décevoir, terrifiée à l’idée même qu’il puisse disparaître, terrifiée de ne pas être à la hauteur de cette image qu’il semblait avoir d’elle, terrifiée pour tellement de choses stupides, mais si prégnantes et lourdes à porter. Avait-il compris, avait-il perçu ce doute, non, certainement pas puisqu’il s’excusait sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Fronçant les sourcils, les lèvres de nouveau entrouvertes elle avait fini par le couper, ou plutôt par reprendre à son dernier désolé.


- « Je m’en fiche » commença-t-elle un peu trop brusquement « Tu es libre, tu fais bien ce que tu veux » ajouta-t-elle très maladroitement « Tu ne m’as jamais menti sur ton passé, je ne vois pas pourquoi pas il serait un problème maintenant… Je t’ai connue plus fière de ce que tu es, mon chevalier » tentait-elle de l’apaiser lui, alors que son esprit à elle sombrait véritablement « Nous ne sommes rien, n’est-ce pas de toute façon ? » s’auto-blessa-t-elle « Alors tu ne me dois pas t’explication, et puis tu es grand, tu fais bien ce que tu veux. »

Cette dernière phrase fut dite dans un soupir, phrase à double sens que bon nombre devait identifier comme la bête noire. Pouvait-on réellement faire ce qu’on voulait sous couvert de ses belles paroles ? Il fallait en douter et ce fut à cause de ses propres blessures, de ses propres pensées et de son propre comportement qu’Estelle avait fini par se renfermer. Oooh il ne fallait pas douter qu’elle aurait été capable de retrouver ladite conquête, de l’assommer à coup de Brigitte avec une force redoutable, ne fallait-il pas douter de sa capacité à faire comme-ci de rien n’était alors qu’elle était en miette, ni même de sa capacité à se venger, mais le pire dans tout ça, le pire, c’est que contrairement à Merrick, Estelle avait eu conscience dès le départ que cette histoire risquait de lui provoquer quelques nouvelles cicatrices. Avait-elle cherché à changer de sujet finalement, avait-elle eu besoin que le changer change de conversation instaurant néanmoins ce doute, cette phrase balançait sans qu’elle ne sage réellement si elle le pensait vraiment :

- « Et puis cela me laisse de la marge pour te rattraper, même si je dois bien avouer que tu mets l’objectif plutôt haut, mais bon, rien n’est impossible, Merrick Lorren n’est-ce pas ? »

Si il avait sondé son regard, aucun doute qu’il avait dû y voir une certaine sincérité, Estelle se refusant d’être celle qui décevrait Merrick, d’être la responsable de l’échec du couple, aucun doute qu’elle s’aventurerait vers des terres inconnues, des lieux ou jamais elle n’aurait mise un orteil auparavant, tout du moins, sur l’instant, c’est ce qu’elle s’imaginait volontiers, oui. La réalité pouvait cependant être bien différente, bien déroutante. Ce fut dans ce climat différent, mais néanmoins parfaitement teinté de ses sentiments naissants qu’elle avait fini par apporter un peu de légèreté, bien que la perche tendu ne fût pas forcement prise par le milicien. Néanmoins, la rouquine avait fini par laisser ses doigts découvrir toute autre chose, dénouer la serviette qu’elle trouvait dérangeante, avant de s’arrêter lorsqu’il lui évoqua le fait que si elle lui pardonnait ses incertitudes, pourrait-il lui aussi pardonner les siennes. S’immobilisant la dame se demanda si ce n’était que ça, si c’était si simple et si finalement les règles du jeu qui avait débuté entre eux il y a un petit temps n’étaient toujours pas particulièrement d’actualité ? Le premier qui tomberait amoureux, qui s’offrirait, qui avouerait l’état de dépendance augmentant serait le douloureux perdant, du moins le pensait-elle et sur l’instant, fut-elle presque certaine de sa propre défaite.

- « Je ne te pardonne pas Merrick, la question ne se pose même pas, puisqu’à mes yeux il n’y a rien à pardonner. » elle releva le visage vers lui, détaillant ses prunelles « N’est-ce pas normal d’avoir peur, de douter quand on vadrouille en territoire inconnu ? » elle fit une légère pause « Je veux juste que ce territoire on le découvre ensemble, pour le reste… On verra »

On verra, oui et ce fut dans la même ordre d’idée, dans la crainte de l’approfondir qu’elle laissa simplement planer le doute quant à la finalité, elle-même ignorait comment tout ceci se déroulerait. La serviette fut défaite, la gêne d’effleurer ce qu’elle n’aurait jamais dû effleurer avant le mariage et ce fut finalement une rouquine qui s’installa de nouveau contre Merrick, cherchant à trouver une position convenable pour s’endormir. Le poids de la journée, des changements, le poids des discussions tout semblait l’avoir épuisé, même si elle aurait souhaité que cette soirée ne s’arrêtât jamais. La nouvelle question fut beaucoup plus légère, alors qu’elle l’interrogeait sur son souhait, ne s’attendant pas forcément à se retrouver à l’intérieur. Un souhait pouvant être tout et n’importe quoi, aurait-il pu très bien souhaiter de voir la fange disparaître, le roi revenir, sa famille n’avoir jamais disparu, tout était si faste, que non, Estelle n’avait pas eu la prétention d’imaginer que Merrick Lorren aurait pu avoir l’envie de la lier à ce souhait.

Les yeux fermés, n’avait-elle qu’à peine perçu la réponse, ce qui lui tira un sourire, finalement aurait-elle pu s’en douter en prenant un peu la peine de réfléchir, bien qu’en y réfléchissant tout autant, cela aurait pu être tout et n’importe quoi, peut-être même surtout n’importe quoi. Semi-endormie, alors qu’elle avait retrouvé une position contre son milicien, elle avait néanmoins répondu, tout du moins, offert une forme de réponse.


- « Que tu te pardonnes »

Le passé était le passé et la mort de son mari n’aurait pas pu être évité, la disparition de la fange non plus, non, Estelle voulait apprendre à aimer cette vie, à vivre véritablement, elle voulait que Merrick reste, être à la hauteur, à sa hauteur, elle voulait parvenir à le séduire à lui donner envie d’aimer une vie à deux, oui, elle voulait tout ça évidemment, mais tout ça était égoïste, puisqu’à ses yeux, tout ça ne serait pas possible si Merrick Lorren ne se pardonnait pas, si il n’apprenait pas à s’apprécier, réellement et pas uniquement derrière des faux semblants. Ce fut peut-être à ce moment qu’elle s’installa dans sa toute première position, une jambe au-dessus des siennes, un bras autour de son ventre, une tête sur son épaule et sa chevelure en vrac un peu partout autour d’eux. Avait-elle dû laisser échapper un petit grognement semi-endormi, avait-elle dû lui murmurer une bonne nuit teintée de tendresse, peut-être même avait-elle été beaucoup plus loin, peut-être que son esprit embrumé lui avait fait formuler un je t’aime, ou bien n’était-ce finalement que dans son rêve, elle ne le savait pas, elle ne savait guère, puisqu’elle avait fini par s’endormir, là, contre lui, puisqu’elle avait eu envie de beaucoup plus, puisque peut-être ne tiendrait-elle pas ce mois de raison et qu’elle lui céderait à cette pulsion que l’un et l’autre ressentaient.

◈ ◈ ◈

Le réveil n’en fut que plus agréable, bien que fallait-il l’admettre, avec ou sans lui, Estelle n’était pas du matin. Bougonnant aux mouvements de son milicien, se réappliquant à se repositionner contre lui tout en piquant évidemment le drap pour se recouvrir, Estelle ne semblait pas avoir dans l’idée d’ouvrir le moindre œil. Sa nuit ne fut pas agitée, malgré les mouvements de Merrick, elle avait fini par prendre l’habitude, revenant à chaque fois contre lui, se réinstallant dans cette proximité qu’elle ne voulait plus quitter. La rousse avait donc finalement bien dormi et même ce fait ne lui permettait pas d’avoir envie d’émerger, ne s’inquiétait-elle ni de l’heure ni de ce que devait faire Merrick, ni de l’état de l’établissement et le ménage qui s’annonçait intense. Pour toutes réponses à ses questions l’homme d’armes ne dut avoir que pour unique réponse des « mhhhhh » une fois doux, une fois ronchonnant, une fois plus bougon, rien d’autre n’était parvenu à sortir des lèvres de la tenancière qui ne semblait toujours pas avoir envie de s’extirper de son sommeil.

- « Il fait toujours clair la journée Merrick » bougonna-t-elle en frissonnant au bisou qui venait de se déposer dans son cou « Je ne sais pas, pour l’heure, vil séducteur » souffla-t-elle en se hissant jusqu’aux lèvres de son amant pour l’embrasser, osant enfin ouvrir un œil « Que.. »

Elle fut néanmoins brusquée dans ce réveil en douceur, par un soudain sursaut de Merrick qui prenait conscience qu’il était en retard, se retrouvant sous une multitude de couvertures de draps, la rouquine, repoussa le tout dans des grognements de mécontentement quelque peu parfaitement audible. Elle qui n’était pas du matin, n’allait pas l’être davantage si chaque départ de son milicien se faisait aussi rapidement. N’avait-elle qu’à peine réussi à sortir sa tête de la montagne de drap qu’elle sentit les lèvres de Merrick se déposer sur son front, puis sur ses lèvres, sorti-t-elle immédiatement ses bras de dessous les couvertures pour l’attraper et venir lui voler un deuxième baiser.

- « Oui, pas la peine de demander… » murmura-t-elle simplement « MAIS » fit-elle en le retenant encore un peu alors que ses yeux s’ouvraient un peu « Ne m’avais-tu pas promis de m’aider à ranger ? » la question resta un peu en suspens alors qu’elle le libérait enfin « A ce soir alors… »

Elle l’avait entendu descendre, n’avait pas trouvé le courage de s’extirper du lit alors que son esprit était encore embrouillé par l’ensemble des événements de la veille. Estelle ne savait guère quoi en penser ni quoi dire, ce fut qu’après une réalité alarmante qu’elle sortit tout aussi rapidement que son milicien.

- « Comment ça il fait clair ?! merde, merde, merde… » rouspeta-t-elle en tombant de son lit pour venir rapidement s’habiller et remonter sa chevelure en un chignon haut.

Si Merrick était en retard, elle aussi, drastiquement et le ménage allait devoir être réalisé rapidement, entrant dans la salle d’eau, avisant le véritable massacre, elle laissa tout en l’état avant de descendre pour découvrir le tout autant massacre.

- « Merde. » répéta-t-elle

Ce fut armé de tout ce dont elle avait besoin, et laissant sa chambre dans un état tout aussi bordélique, peut-être même plus qu’avant le départ du milicien qu’elle s’attaque à l’entretien, ne relevant le nez en descendant les marches une fois le nettoyage de l’étage terminé pour découvrir son frère sur le bas de la porte.

- « Bonjour, ma sœur, je peux entrer ? »

Silencieuse, elle opina simplement, alors que l’ambiance semblait soudainement s’alourdir. L’homme avait les bras chargés d’achat réalisé au marché, avait-il même pris la peine de lui ramener du pain et une infusion dans un récipient fermé. Déposant l’ensemble sur le comptoir avant d’aller en cuisine, inspectant bien malgré lui à la fois le physique de sa cadette, mais aussi l’état de la chope qui sentait un de manière un peu trop prononcée le propre pour une heure aussi matinale.

- « Tu n’as pas pu faire ton ménage hier soir ? »
- « Je ne savais pas que mon ménage t’intéressait, Adrien. »

L’homme haussa simplement les épaules lui indiquant brièvement d’un signe de tête une table, déposant les deux infusions qu’il avait pris le temps de déverser dans une tasse.

- « On doit discuter, je crois. » tirant une chaise, il laissa sa sœur faire de même « Écoute, j’ai pris une décision et je sais que celle-ci ne va pas te plaire, cependant tu dois respecter le fait que je sois ton frère et le seul véritable décisionnaire. »

Sa voix n’était pas colérique, pas teinté d’une quelconque rancune, ce qui sembla surprendre un peu la rousse, qui le laissa poursuivre, sans prendre position, du moins sur l’instant.

- « Je vous laisse deux mois avec Merrick »
- « Monsieur est trop bon » ironisa-t-elle « Et pourquoi ce changement ?»
- « Parce que dans deux mois Estelle, tu seras marié avec Merrick ou avec un autre, mais c’est la date de ton mariage et ceux peu importe ce qui se passe. »

Ce fut comme un coup de massue, une claque d’une violence irréaliste avait-elle l’impression qu’il venait de la poignarder en plein cœur, ou qu’il sauter joyeusement sur tout son être. Ne put-elle s’empêcher de déglutir, plusieurs fois, de gesticuler sur sa chaise, de froncer les sourcils devant l’incompréhension, devant… Et puis ce fut un drame, un nouveau drame, alors qu’elle allait prendre la parole, il la coupa et réajusta.

- « Ce n’est pas négociable, tu pourras crier, hurler, te rouler par terre même si tu le désires, c’est comme ça. J’ai vu la façon dont tu le regardes, la façon dont tu te comportes et si moi je ne peux pas te juger, les trois le feront. Qu’arrivera-t-il si tu tombes enceinte et qu’il s’en va, Estelle ? Non. Je me refuse de voir ma sœur devenir une dépravée, une vulgaire femme de petite vertu, tu vaux beaucoup plus que ça. » ce fut un nouveau silence, une nouvelle claque « Je vais rencontrer plusieurs prétendant, souhaites-tu faire leur rencontre pour choisir avec moi ? »
- « Non. »
- « Souhaites-tu que j’évoque les noms et les différents profils au cas où ? »
- « Non. »
- « Souhaites-tu que j’informe Merrick de ce changement ? »
- « Non. »

Le frère regarda sa sœur dont le visage venait de pâlir, s’inquiétant de ne pas la voir glisser dans une colère folle, était-elle trop sous le choc, était-elle trop sous un flot d’émotion si différent.

- « Et si c’est lui ? »
- « Merrick ? »
- « Oui ? »
- « Eh bien si en effet à la fin de ce mois et demi il me demande ta main, je respecterai votre décision, je pense que ça serait une grave erreur Estelle, mais je la respecterai. Et je te demande de respecter la mienne aussi et l’autre possible mariage, si tu n’acceptes pas cette condition, de toute façon, notre contrat s’arrêtera ici et je ne vous laisserai pas la moindre chance. »

Ce fut un silence, encore, Estelle sentit sa gorge se nouer, du avoir l’impression d’étouffer. Comment avait-elle pu se retrouver dans ce type de situation, comment avait-elle pu… Comment pouvait-il lui faire ça ? À elle ? Sa propre sœur ? Adrien avisait sa cadette, cherchant à trouver des mots qui ne viendraient pas, y avait-il quelque chose à dire quand on glissait une corde au cou de sa propre sœur et qu’on commençait à serrer si fort afin de la regarder agoniser sans avoir le moyen de se débattre. Non, rien ne pourrait la consoler, rien ne pourrait effacer le désarroi qui se lisait sur son visage, des larmes qui menaçaient de s’échapper de ses prunelles bleu-gris.

- « Il va fuir… » souffla-t-elle suffocante
- « S’il tient réellement à toi, il ne fuira pas, Estelle. »
- « Mais tu vas lui imposer une pression… Qui ne prendrait pas… »
- « Un homme bien Estelle, un homme bien ne se comporterait pas comme le pire des salopards. » elle fit une pause « J’irais lui parler si.. »
- « Non. Non. Ne lui dis rien. J’ai… j’ai du travail Adrien… Beaucoup…»

L’homme ne chercha pas à demander son reste, déposa un baiser sur le front de sa sœur avant de disparaître. Estelle dut rester un très long moment, un très très long moment immobile sur cette chaise, alors que cette fois-ci, elle avait la certitude que le royaume entier venait de s’effondrer sous ses pieds. Aucun doute qu’Adrien informerait le petit changement de situation, aucun doute qu’il irait le voir et c’est d’ailleurs, la direction de la caserne qu’il emprunta à peine la chope sucrée quittée.

D’un pas plutôt lent, l’aîné semblait néanmoins un peu perturber lui aussi, jamais il n’avait eu l’occasion de voir sa sœur dans cet état, hormis lorsqu’on lui avait pris le deuil de son époux. Jamais Estelle n’avait dévoilé un visage si fermé et l’idée même de faire disparaître Merrick plutôt que de lui imposer une nouvelle déception avait filtré dans l’esprit du jeune homme. Ce fut une voix s’élevant qui lui fit relever les yeux, et ce fut dans un sourire de façade qu’il détailla la coutillerie de Lorren, dont le coutilier semblait en avoir après le fameux personnage. S’approchant de quelques pas, le silence s’imposa presque naturellement lorsque tous détaillèrent le nouvel arrivant :


- « Si vous le sermonnez pour son retard, sachez que c’est de ma faute, lui ai-je demandé d’effectuer un quelconque détail pour ma sœur, coutilier, veuillez accepter mes excuses. » tenta un Adrien qui voulait s’assurer que Merrick accepte de lui parler « Puis-je vous l’emprunter encore un peu, je vous promets de vous le rendre pour votre petit tour de ronde. » ajouta-t-il.

Serrant la main du responsable, puis tendant sa main vers le milicien, espérant que celui-ci vienne lui serrer pour éviter toute malencontreuse tâche à sa réputation, Adrien s’écarta un peu plus loin, prenant une profonde inspiration. Lui fallait-il dû courage pour ne pas étriper sur-le-champ celui qui provoquait bien des problèmes dans sa famille.

- « Je suis navré pour hier soir Lorren, je suis venu vous informer que je n’avais pas changé d’avis vis-à-vis de notre petit contrat. » poursuivit-il « Néanmoins, celui-ci a connu quelques modifications. Je vous laisse deux mois, pas un jour de plus. Puisque dans deux mois, Estelle épousera forcément quelqu’un que ce soit vous, ou un prétendant que j’ai choisi. Je ne lui ai rien dit, je voulais éviter qu’elle n’anéantisse la chope sucrée, vous êtes libres de le faire ou non. Pensez bien de moi ce que vous voulez, mais je ne fais ça que pour protéger ma sœur des types comme vous et après tout, si vous êtes aussi sincère que ce qu’elle pense, ce sera vous l’heureux élu, non pas ? »

Adrien avait évidemment usé d’une nouvelle technique, mettre l’un et l’autre dans la confidence en laissant les deux penser qu’ils avaient eux même la lourde tâche de s’informer de la chose. Convaincu que cette responsabilité entacherait le lien et l’ambiance qui avait pu naître en eux, le noble ne put que s’en satisfaire, sans pour autant rien dévoiler. Tout était une question de méthode, absolument tout et puis qui sait, une mission vers l’extérieur pouvait bien tomber sur le nez du milicien, l’éloignant ainsi durant plusieurs jours, alors que le temps était déjà compté.

◈ ◈ ◈

De son côté, Estelle avait fini par laisser la journée passer, avait-elle dû paraître moins dynamique, beaucoup plus perturbée, avait-elle-même décidé de ne surtout pas parler à Merrick des changements. Consciente que la pression serait trop forte, trop complexe. Elle était sortie en début d’après midi pour embaucher une petite serveuse, pour embaucher une femme qui allait travailler désormais à plein temps à ses côtés, l’objectif étant de justement se libérer du temps pour Merrick Lorren. La brune avait l’habitude de la chope, venait-elle de temps en temps l’aider, ce qui lui permit de commencer l’après-midi même et pour le restant de la soirée. Ce fut une Estelle couverte d’une longue robe pourpre, toute en finesse et simplicité, une cape noir sur les épaules qui attendit Merrick Lorren à l’entrée de la chope sucrée. Un panier, de quoi grignoter, une bouteille de vin et deux verres c’était tout ce qu’elle avait préparé et emporter avec elle, ceci fait, elle se contenta de lui offrir un large sourire cachant sa peine, se précipitant vers lui pour l’enlacer un instant, faisant bien fit des rumeurs et des quand dira-t-on, Estelle avait eu besoin de cette proximité, de ce réconfort, de cet étrange réconfort, j’extirpant néanmoins de ses bras, elle lui offrir un nouveau sourie de façade, alors que tout son être hurlait la douleur des informations qu’elle avait reçues dans la journée.

- « Tu m’as manqué aujourd’hui, tu as de la chance, la totalité du ménage est fait, mais crois-moi, tu ne pourras pas toujours y échapper. » elle tenta de rire un peu « Et j’ai même une petite serveuse, du coup, j’ai pensé que nous pourrions marcher un peu ? » elle le détailla, cherchant à déterminer sa pensée « Tu as passé une bonne journée ? Je pensais longer les faubourgs, je sais que de nuit ce n’est pas très prudent, mais on devrait pouvoir monter sur les hauteurs et avoir une merveilleuse vue sur la mer, qu’est-ce que tu en penses ? »


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Merrick Lorren



[Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptySam 20 Avr 2019 - 17:52
Merrick Lorren avait la chance d'être installé au plus près d'Estelle de Chantauvent, littéralement étendu de tout son long à ses côtés. L'humidité du vêtement de sa tenancière venait lui coller à la peau, notamment le long de son corps, là où elle s'appuyait. Sa crinière fauve et flamboyante l'aveuglait en partie, tandis que des cheveux épars et échevelés se retrouvaient dispersés autour d'eux. Loin de s'en formaliser plus que nécessaire, le milicien restait silencieux. De fait, il aurait pu affronter bien d'autres maux et inconforts tout en restant silencieux. Car à cet instant, l'homme d'armes était heureux. Oui, il n'avait pas concrétisé l'enivrement qu'appelait sa chaire, mais tout viendrait en son temps. Ce soir, la présence de la Chantauvent était suffisante pour le combler. Cette nuit, les bras d'Estelle seraient la prison dans laquelle il voulait être, sans rien quémander ou commander de plus. Pour le moment, rien d'autre n'avait d'importance, pensait-il, fort aise de la tournure des événements.

Mais comme à son habitude concernant sa tenancière, l'homme d'armes était dans l'erreur. De fait, un autre élément semblait prendre une grande source d'intérêt, là, alors que tous deux se trouvaient quasiment l'un par-dessus l'autre dans le lit. Ses conquêtes. Sujet de conversation aussi fâcheux que houleux. L'ivrogne ne savait aucunement sur quel pied danser, quel mot dresser pour assurer un plaidoyer efficace et légitime. Jamais Merrick n'aurait cru que cette interrogation, que ce questionnement, prenait racine à cause du doute étreignant Estelle par rapport à ses compétences à le satisfaire. Le jeune homme croyait plutôt que la problématique était son butinage chronique et mainte fois répété. Loin d'être un sujet très valorisant auprès de la gent féminine, alors que ses frères d'armes les plus débonnaires et débauchés le congratulaient vertement pour ses ''faits d'armes'', l'homme ne savait plus trop que penser de cette interrogation.

Empreint d'une hésitation non feinte, Lorren avait tenté d'expliquer, de répondre en donnant une quantité plutôt qu'un chiffre qu'il ne s'était jamais évertué à compter. Merrick aimait la présence féminine dans toute sa splendeur, et son plus simple apparat et ça, c'était une évidence. Mais, il ne collectionnait pas ces dernières comme des trophées, rêvassant sur une ancienne concubine la larme à l'œil, ou bien les ajoutant à un prétendu cheptel au fur et à mesure qu'il égrenait les conquêtes. Dès lors, l'ivrogne trouvait cela ardu de donner un ordre de grandeur. Que pouvait bien signifier beaucoup pour Estelle de Chantauvent ? 20, 30 ? Cette propre incertitude lui arracha un énième soupir.

Et puis, bien qu'il tente de se montrer le plus franc possible, le sujet ne lui plaisait aucunement. Il avait de ce fait retrouvé une position assise, appuyée à la tête du lit, tandis que la jeune femme s'était quelque peu éloignée de lui par son mouvement. Leur regard se croisa à la fin de sa bien piètre excuse, se disant et se pensant être la source de tous les maux et de la nouvelle problématique qu'il n'avait pas aperçus poindre à l'horizon. La question avait eu le mérite de le désarçonner complètement. Déjà qu'il était un mauvais cavalier dans tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à une relation... '' Si ce n'est pas un problème, si tu t'en fiches, alors pourquoi...'' pourquoi le demander, pourquoi le questionner sur cela ? Où se situait l'intérêt de cet âpre questionnement ? Lorren aurait préféré s'éloigner à tout jamais, et ce le plus rapidement possible, de ce sujet de conversation. Mais le pouvait-il réellement sans en connaître l'ensemble des tenants et aboutissant ? Ouvrant la bouche pour parachever ses dires, ce fut plutôt les mots de la Chantauvent qui l'achevèrent.

Ainsi donc, il n'était rien l'un pour l'autre. Aussi véritable et avéré que cela fût, c'était dit de manière si... directe et crue. Il était grand et il faisait ce qu'il voulait ? Alors, pourquoi tenter de le sonder sur le nombre de femmes qu'il avait côtoyé ? Par la Trinité. Ça n'avait aucun sens ! Merrick Lorren avait été tenté de lui envoyer une quelconque répartie incisive et fulgurante, à même de mettre un baume sur les blessures que les mots d'Estelle avaient creusé. Sillon profond et douloureux, ces balafres émotionnelles n'étaient pas mortelles en eux-mêmes. Ce n'était plutôt qu'une énième attaque qui le vrillait à la surface. Mais en un sens, ne dit-on pas que ce sont les plus petites plaies qui font le plus mal ? Toujours est-il qu'il resta muet durant un instant, contenant et se retenant de partir dans des élucubrations vilipendant et véhémente. Hochant lentement la tête à de nombreuses reprises, le regard perdu dans le vague et l'obscurité de la pièce, le jeune homme intégrait les paroles qui avaient été proférées. Il ne les oublierait pas de sitôt.

-''Rien n'est impossible, en effet.'' Dit-il en ayant l'impression d'avoir du plomb sur la langue. S'adressait-il à elle ou plutôt à lui ? Dur à dire, tandis qu'il fixait toujours droit devant lui, sans que la fugacité d'une quelconque émotivité ne prenne racine sur son visage. Cette façon d'agir prouvait à lui-même les relents d'amertume qui s'accrochait aux mots épars qui avaient été proférés et contre lesquels il luttait toujours. '' Bien que nous ne soyons rien l'un pour l'autre...'' Nouvelle brève pause dans son élocution, goûtant la saveur aigre et difficilement conciliable de ces mots qui formait des phrases qui prenaient la forment de lourdes chaînes excessivement restreignantes. ''C'est vrai, je vais donc pouvoir faire ce que je veux sans la moindre retenue. Comme tu l'as... ''si bien dit'', difficile de s'imputer un quelconque impératif l'un envers l'autre. Mais...'' Il avait une foule de choses à dire ou ajouter. Des multitudes de façons de le faire ou de réagir. Laquelle serait la plus juste et efficace ? Que désirait-elle vraiment ? Lui-même avait tellement de mal à se comprendre. '' Mais je refuse. Je refuse d'avoir le droit de faire ce que je veux, je refuse que toi aussi je...'' Soufflant et soupirant, il la regarda de nouveau. ''Non, je ne veux pas que tu me rattrapes, ou que j'aggrave l'écart existant.'' Était-ce clair ? Il n'en était pas certain, mais il avait été honnête.

Le dialogue reprit un peu de légèreté, lorsqu'Estelle tenta d'y adjoindre une pointe de facétie et d'amusement avec le sous-entendu graveleux concernant Merrick et Adrien. Loin de mordre à l'hameçon goulûment, l'homme d'armes fit tout de même un effort pour se laisser bien sagement guidé au loin des récifs et du fracas de leur dernier sujet de discussion. L'affection et la tendresse revint aussi rapidement reprendre sa place dans leur échange, sans pour autant que la teinte d'amertume et que les relents d'indécision et de doute ne disparaissent complètement. Engoncé dans un climat aussi étonnant qu'incongru, le duo était à la recherche d'une planche de salut, d'une échappatoire à ce début de mésentente. Au final, c'est sa tenancière qui le délivra des vicissitudes et des tourments des mots en présentant qu'elle voulait faire le voyage à deux, partir à la découverte de l'inconnu ensemble. '' Je t'accompagne sans la moindre hésitation possible, Estelle.'' Comme elle, il ne s'épancha pas autour de la finalité de l'expédition. Là n'était pas l'important pour le moment. Et puis, ne dit-on pas que le voyage compte plus que la destination ?

Pour continuer et parachever ces actions et phrases qui s'articulaient autour d'une situation pouvant être qualifiée aussi bien de douce que d'amère, la dame de Chantauvent vint le dénuder complètement, effleurant sa virilité et le faisant de nouveau se crisper physiquement, tandis qu'aussi rapidement, il était de nouveau voué à la tentation ardente, naufragés perdus sur une mer houleuse de son désir. Faisant un effort monstre et conséquent pour ne pas relever et s'abandonner, l'homme d'armes fit comme si de rien n'était. Pour autant, la crispation de sa mâchoire, son souffle qui s'était arrêté et ses doigts se refermant pour former un poing ne mentaient guère sur les aléas que cela éveillait en lui. Puis, enfin, Estelle revint renouer la promiscuité qui les unissait quelques instants plus tôt. L'accueillant littéralement à bras ouvert, heureux et reconnaissant de la voir revenir, Merrick déposa ses lèvres sur le haut du crâne de la principale intéressée. Ce fut à cet instant qu'elle l'interrogea sur son souhait le plus cher.

Certes, il aurait été possible et simple de répondre une volonté simple, aussi empreinte de fadaise qu'emplie de futilité. Mais très honnêtement, Merrick ne désirait que peu de choses. De fait, il n'avait pas de rêve de splendeur, de grandeur ou de gloire. La richesse ne l'intéressait pas outre mesure, et il était trop narcissique et égoïste pour ne pas proférer un vœu qui l'impacterait directement. Ici, exit l'idée de penser au plus grand bien commun. C'est donc logiquement que l'ivrogne y incorpora Estelle de Chantauvent, sans pour autant désirer plus que ce qu'il avait déjà. Ni moins, cela dit. Cela lui sembla naturel de vouloir conserver le statu quo de leur relation, avec les avantages et les désavantages en découlant, qu'ils connaissaient tout deux. En un sens, satisfait de sa réponse, Lorren hocha la tête pour lui-même, puis tenta de renvoyer le questionnement à son expéditrice.

Hésitant, proférant dans un murmure et lentement les mots qui pourraient le vriller d'incertitude et d'indécision si Estelle faisait mention ou référence à son défunt époux, l'homme d'armes fit tout de même l'effort de formuler l'interrogation. Alors que lui avait été puéril au point de ne concevoir qu'un rêve où il aurait lui-même sa place, sa tenancière fit toute autre en présentant le fait qu'elle voulait qu'il se pardonne. De fait, cela fut vécu sous les auspices du bonheur, mais aussi de l'amertume. Cela lui faisait réaliser la bonté et la grandeur d'âme de la rouquine, alors que lui ne pensait presque qu'exclusivement à lui-même. Or, d'être le sujet de son voeu l'attendrit inexplicablement. Toujours est-il qu'il n'était pas prêt à exaucer son souhait. Et puis, de réaliser avoir la possibilité de lui offrir son désir lui fit incroyablement peur. Comme si tout reposait sur ses épaules à lui, le beau salopard de Merrick Lorren. Un peu plus et il aurait pris la fuite. Mais, le visage assoupi de sa dame de Chantauvent eut le mérite de lui sortir les truculences houleuses et éphémères qui mordait son esprit. Dressant un bref sourire qu'il trouvait parfaitement de mise, Merrick regarda Estelle s'endormir sans la retenir, ayant bien conscience que son propre sommeil ne serait pas aussi simple à trouver...

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Lendemain matin,

Le milicien était à l'accoutumée un lève-tôt. Du moins, quand il en avait la force. En effet, aussi rare que cela puisse être, quoique c'était plus habituel depuis qu'il connaissait sa tenancière, lorsqu'il se couchait sans être ivre, Lorren se réveillait quasiment à l'aurore, suivant la course ascendante de l'astre solaire pour sortir des limbes du sommeil. Or, cette fois-ci tout fut différent. Oui, il n'était pas imbibé des spiritueux de la veille. Mais, déchirer en de multiple questionnement, et aussi à cause de la présence et de la proximité de la jeune femme, qu'il pouvait toucher, mais pas réellement s'accaparer complètement, sa nuit avait été courte, difficile et mouvementé. D'ailleurs, certains cauchemars avaient étreint son assoupissement.

Toujours est-il que, bien qu'il soit probablement celui qui ait connu la moins bonne nuit des deux, Merrick fut le premier à ouvrir les yeux. Indécis durant quelques instants, se demandant où il se trouvait et qu'est-ce qu'il avait bu la veille, l'esprit de Lorren finit de s'extirper de la conque de torpeur dans lequel il baignait. Apercevant le visage d'Estelle, souriant bêtement et béatement, il se laissait porter à la contemplation durant quelques instants. Or, fourbe et machiavélique, comme à son accoutumé, il ne put résister à l'envie de la réveiller pour échanger une étreinte. En outre, il fallait aussi mettre en évidence qu'il commençait à avoir froid... La dame de Chantauvent semblait une adversaire aussi féroce que forcenée pour ce qui concernait la conquête du drap. Merrick se trouvait littéralement privé de la chaleur de la couette, esseulé sur le matelas, seul et complètement dénudé.

S'approchant au plus près, partant à la conquête de la naissance de son cou, alors que la tenue de nuit de sa victime s'échancrait dangereusement pour ses sens, l'ivrogne ne se laissa pas démonter par la résistance farouche que déployait la jeune femme. Laissant son sourire prendre de l'ampleur à chaque grognement, Lorren continua à dresser des mots, puis à l'embrasser dans le cou jusqu'à ce qu'elle émerge. Devant pareille résistance, ce laissa-t-il même aller à la mordre pour vaincre. ''Votre logique est sans faille, madame de Chantauvent. En effet, il fait toujours clair le jour ! Et puis, je ne suis pas un vil séducteur, mais simplement un pauvre pêcheur appâté par la plus belle des tentations...'' Commença-t-il en se moquant gentiment de sa partenaire. Puis, se fut l'hécatombe de son bagout, alors que l'ivrogne se rappelait qu'il était aussi milicien.

Faisant fit des grognements de mécontentement de celle qui semblait encore être une -sublime- bête en hibernation, Lorren tenta de se dépêtrer des draps qu'il avait retrouvés en vitesse. De nouveau sur pied, s'excusant, et sur le point de déguerpir ''accomplir'' son devoir, ou plutôt faire semblant, l'homme d'armes revint sur ses pas pour embrasser sa tenancière sur le front puis sur les lèvres. Capturé par des bras sortis des profondeurs abyssales du méandre de couverture, Merrick ne put s'empêcher de rire doucement, se laissant logiquement faire et aller à un second baiser sans plus se faire prier. Satisfait d'avoir le droit de revenir, tout sourire et voulant rapidement s'éclipser, il fut de nouveau retenu par un ''mais'' plus haut placé que le reste des mots proférés. '' Je n'ai jamais dit quand je t'aiderais...'' Tenta-t-il ''innocemment'' d'un petit sourire enjôleur. L'enserrant de ses deux bras rapidement, il continua avec un peu plus de sérieux. ''Navré, je ne pensais pas dormir aussi longtemps.'' C'était honnête et cruellement véritable. ''À ce soir !'' Ponctua-t-il en disparaissant dans une nudité complète, puis enfin habillée, en dehors de la Chope Sucrée puis vers la caserne.

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-''Mmmmerrick Lllllloren !'' S'époumonait, rouge de colère, son supérieur.
-''Bon matin, Arthur ! Les gars.'' Ponctua le laxiste milicien en débouchant sur le lieu de rendez-vous en bouclant son ceinturon et en offrant des hochements de tête à son entourage.
-''Puis-je savoir où vous étiez, Lorren ?''

Ouvrant la bouche, puis la refermant aussitôt, le milicien chercha du support auprès du reste de la troupe. Ici et là, quelques regards amusés attendaient la suite, sans pour autan voler à sa rescousse. Tout se gaussait déjà intérieurement de la suite de l'échange. Avaient-ils, après tout, tous l'habitude de ce genre de scène entre le coutilier et le beau salopard. ''Frères d'armes'' étaient une notion qui se perdait si rapidement devant l'emportement de la hiérarchie, ne put s'empêcher de penser sombrement en soupirant Merrick.

-''J'étais...'' Dansant d'un pied sur l'autre, cherchant la répartie parfaite, mais ne la trouvant pas, le milicien hésitait, alors qu'Arthur avait les bras croisés, les sourcils froncés et tapait du pied au sol. Se passant une main dans la crinière, Lorren reprit. ''Enfin, vous savez ce que sais, n'est-ce pas Arthur ? Les br...''

En ce jour, surtout après la veille, jamais Merrick Lorren n’aurait cru être sauvé par Adrien de Miratour. Entendant la voix du frère avant de l'apercevoir, le jeune homme se crispa naturellement en entendant le début des élucubrations dudit scélérat. Que venait-il faire ici ? Indécis quant aux raisons de sa présence, il craignait le pire. Une nouvelle tentative pour le séparer de sa sœur ? Le faire couler à nouveau pour une quelconque bévue, le forçant à trimer et travailler deux fois plus ? À cause de sa dernière apparition auprès de son coutilier, Merrick avait dû par deux fois se rendre en mission dans le goulot. L'une avait même failli lui coûter la tête... il n'accepterait pas ce genre de traitement à nouveau. Pas alors qu'il n'avait qu'un mois avec Estelle de Chantauvent !

Le regard aussi meurtrier, qu'incisif et flamboyant, l'homme d'armes resta tout de même silencieux, attendant la suite pour réagir. Lorsqu'il entendit l'aîné prendre à son compte son retard, toute trace de ses volontés et velléité d'assassinat disparurent de son regard. À quoi jouait-il ? Toujours méfiant, mais moins sur la défensive, Merrick offrit un bref et lent hochement de tête à son sauveur, ayant conscience que ce n'était potentiellement et probablement qu'une façon de le noyer autre part. ''Tout le plaisir fut pour moi de venir en aide à votre sœur, vous le savez bien, Adrien.'' Ne put s'empêcher de glisser savamment un Merrick Lorren tout sourire, s'empressant de venir serrer ''amicalement'' la main de son ''sauveur''. Puis se retournant vers Arthur, décidant que s'était potentiellement le meilleur moment de marquer quelques points avec son coutilier qui l'avait pris en grippe avec raison. ''Mes excuses, Arthur. Je croyais bien faire cette fois-ci... devrais-je me retenir d'aider la sœur de monsieur de Miratour la prochaine fois, chef ?'' Poursuivit innocemment le fieffé quidam.

Les lèvres pincées, le coutilier prit sur lui de répondre. Pour une fois, il ne pouvait pas réellement imputer des mots aux actions de son sous-fifre. Ah, si seulement il savait... ''Ça va pour cette fois, Lorren. Mais la prochaine fois, avisez-moi d'avance de ce genre d'impératif. Adrien.'' Ponctua-t-il d'un hochement de tête, à la fois pour saluer le bourgeois que pour lui offrir la chance de s'entretenir avec le jeune homme.

Tout sourire, suivant le frère de la dame de Chantauvent qui s'éloignait, Merrick croisa le regard de Marius, qui tout sourire, mima, sans rien dire, un ''salopard'' du bout des lèvres. Haussant les épaules et détournant le regard toujours souriant, l'ivrogne se concentra sur Adrien. De fait, sa relation avec Marius avait regagné une certaine camaraderie. Non pas comme avant, alors qu'il se sentait toujours trahi par son silence et non-dit, mais il comprenait en quelque sorte les agissements de son frère d'armes. Dès lors, c'était suffisant pour tenter maladroitement de renouer des liens. Bien que ce ne serait plus jamais comme avant, il va s'en dire...

-''Alors, qu'attendez-vous de moi pour m'avoir aidé ?'' Demanda bien directement Merrick en croisant les bras et en s'appuyant nonchalamment à la devanture d'une bâtisse. Son paraître était savamment maîtrisé, laissant seulement transparaître son indolence. Or, ses sens étaient complètement éveillés, son esprit bouillonnait de doute et écumait d'impétuosité. Écoutant d'une oreille plus qu'attentive ce qui lui était livré, Lorren fronça des sourcils à mesure que les mots venaient l'enfermer dans des maux inexpugnables. Se rapprochant d'un pas de Miratour, le fusillant du regard, Merrick prit la parole d'un ton bas, profond et colérique qui ne lui ressemblait guère.

-''Vous êtes un foutu salopard, Adrien.'' Et cette fois-ci, le ''salopard'' proféré se voulait excessivement réducteur et négatif. Tout le fiel qu'il ressentait pour le frère vint s'additionner au mot dans la prononciation intempestive qui fut faite. ''Passez la corde au cou de la sorte à votre sœur, c'est aussi immonde et abject que l'être que vous êtes.''

Mais il fallait se faire une évidence. Merrick n'avait aucunement le monopole de la haine et des propos houleux. '' Comme j'ai dit, pensez ce que vous voulez de moi, Lorren. Mais c'est vous l'abject salopard de l'histoire, pas moi.'' Dressa l'aîné en pointant le milicien d'un doigt accusateur et rageur. '' Je tente de la sauver, et notamment de la préserver de vous et de vos bassesses. Vous ne la méritez pas et si vous aviez un minimum de manière, vous abandonneriez avant de la faire souffrir plus longuement.''

-''Qui êtes-vous pour décider pour elle ? Qui êtes-vous pour...''

-''JE suis son frère. Vous n'êtes rien qu'un fugace crétin qui décampera à la fin du mois.'' Coupé dans sa tirade, Merrick Lorren resta silencieux, interdit. Retrouvant le sourire, Adrien continua : ''N'ai-je pas raison ? Allez, prouvez-moi le contraire, je n'attends que ça !'' Termina-t-il dans un reniflement dédaigneux, tirant sur le bas de sa tunique pour replacer son vêtement qui n'avait pas le moins du monde bougé. Pensant clôturer ainsi l'échange. ''Passez une agréable journée, Lorren. Au plaisir de ne pas se croiser.'' Dit-il en commençant à s'en retourner.

Dos à lui, Merrick l'apostropha, sans se retourner de prime abord. '' Un mois et demi, Adrien'' La démarche dudit frère s'était arrêté, alors qu'il offrait un regard désabusé et interrogateur à l'ivrogne. Lorren se retourna pour lui faire face, le visage fermé et résolu. '' Vous avez dit que je disparaîtrais dans un mois. Or, moi et votre sœur avons un mois et demi à deux. Je tenais simplement à vous le rappeler.''

Reniflant et haussant les épaules, de Miratour mit fin à l'échange. ''Jouez avec les mots si vous le désirez. Bientôt, vous ne pourrez plus vous amuser des sentiments de ma soeur.''

Ainsi, Merrick Lorren se retrouva de nouveau seul avec lui-même.

Que dire de cette journée perdue à la tâche ? Peu de change s'il en est. La coutelerie avait œuvré tranquillement à la limite du quartier de l'esplanade. Cette zone n'en étant pas une réellement à rixe d'un quelconque méfait, Lorren avait pu laisser son esprit vagabonder dans cette mer d'incertitude qui l'étreignait aussi férocement que farouchement. Sa moue désabusée, affligée et amère ne manquait pas de recevoir des coups d'œil de la part de ses compatriotes. Marius avait même tenté de le sortir de son marasme en ouvrant la bouche, mais d'un regard, le jeune homme lui avait imposé le silence. Le reste de la troupe restait loin de cette morosité, comme si celle-ci était contagieuse. Même Arthur ne passait pas trop de commentaires, n'arrivant pas à cerner si cela était bon signe, si Merrick Lorren était proche du bourgeois de Miratour, ou bien en port a faux avec celui-ci. Et puis, à partir du moment que l'ivrogne faisait son devoir, le gradé n'en avait cure de ses états d'âme.

De fait, le ressentiment qui le vrillait quant à la finalité de ce mois et demi était la première raison de cette mélancolie vengeresse. Bien qu'il ne se l'était pas véritablement avoué de prime abord, Merrick percevait la différence monstre qui existait entre fiançailles et mariage. Selon le dernier accord, au bout d'un mois de relation plus ou moins honnête, il aurait pu accepter d'être fiancé à la dame de Chantauvent, sans pour autant sauter rapidement dans l'état matrimonial. Oui, il n'aurait pas accepté cela sans réellement croire en la possibilité de passer sa vie avec Estelle. Mais au moins, aurait-il eu le temps de se faire à l'idée... Là, tout cela était complètement différent. Adrien venait de le vouer à tout prendre ou tout laisser. L'énergumène qui était un habitué de l'entre-deux, du trop et du pas assez, devait se diriger vers un extrême. Chose qui l'anéantissait complètement.

De plus, le milicien se questionnait sur le besoin d'informer Estelle ou non. Il ne voulait pas avoir à passer le mois et demi les unissant perpétuellement enfermé autour des difficultés qui les étreignaient. La soirée d'hier avait suffisamment été lourde en la matière pour ne pas commettre la récidive. Pour autant, il ne voulait pas lui cacher cette information, alors qu'elle-même était une protagoniste de cette situation. Et puis, il fallait l'admettre que Lorren avait besoin de l'entendre elle aussi, de connaître son sentiment sur la chose. La clarté d'esprit de la dame de Chantauvent lui avait mainte fois été salvatrice. Devait-il lui faire confiance à nouveau et s'ouvrir sur le sujet ?

C'est n'ayant trouvé aucune réponse à l'ensemble de ses questionnements que sa journée de travail connut son dénouement. Sans se faire prier, ne restant pas plus longtemps auprès de ses compatriotes qui se préparaient à se diriger vers une quelconque taverne, Merrick prit inconsciemment et directement la route de la Chope Sucrée, sans repasser par la caserne. Les yeux fixés sur ses pieds et non pas sur sa destination, alors que le chemin avait déjà mainte fois été fait, notamment en des situations plus avinées et abruties, le milicien s'arrêta sur le seuil de la porte, alors que son regard venait d'être interpellé par une présence sur sa gauche.

Relevant la tête, il ne put qu'être étonné de la présence d'Estelle de Chantauvent sur le pas de son établissement. Son étonnement laissa bien vite place à un doux sourire, puis à une joie qui se diffusait dans tout son être, véhiculé à l'oreille de tout un chacun passant par là dans un rire. Attrapant celle qui venait de venir l'enlacer, Merrick la souleva un bref instant du sol, la faisant tourner avant de la redéposer. Décidément, sa tenancière avait le don pour l'arracher à son marasme boudeur. Quoiqu'elle avait aussi le talent de l'y enfoncer à plein pieds, mais qu'importe...

-'' Moi aussi.'' Trouva-t-il la force de lui répondre lorsqu'elle fit mention qu'il l'avait manqué. '' Promis, je t'aiderai la prochaine fois.'' Dit-il en levant la main, un peu comme elle l'avait fait la veille en faisant tomber sa serviette. Ce souvenir lui fit étirer un sourire espiègle et mutin. Pour autant, ses yeux ne participaient pas à l'amusement qui prenait le contrôle de son visage. Après tout, son esprit restait aux prises des mots d'Adrien. '' Très bonne idée, allons-y !'' Répondit d'un hochement de tête le milicien, tendant son bras droit à Estelle pour qu'elle le prenne et en se retournant.

Ce mouvement eut le mérite de lui rappeler qu'il avait encore son épée et son ceinturon d'arme autour de la taille, tandis que le fourreau de la lame crissa le long de la devanture de la Chope Sucrée. Généralement, Merrick ne trimbalait pas son arme, laissant simplement sa dague en place et allant accrocher son baudrier à la caserne. Regardant cet oubli en entrouvrant la bouche, il releva ses pupilles et offrit un lent mouvement d'épaule débonnaire à Estelle. ''J'ai oublié de repasser à la caserne. Je devais avoir trop hâte de te rejoindre.'' Dit-il en se passant une main dans la chevelure. En quelque sorte, bien que cela soit vrai, il fallait mettre de l'avant et admettre que la principale raison de cet oubli était bien plus le frère que la sœur.

Commençant à avancer, qu'elle aille prit son bras ou non, Lorren imprima un rythme très lent à leur démarche. Comme s'il ne savait pas vraiment ou aller. En l'occurrence, comme son esprit qui ne savait que faire de la nouvelle information qu'il pensait être le seul à avoir... ''Tu es très belle. Enfin, tu l'es toujours, mais je préfère autant le souligner à chaque fois que cela me traverse l'esprit, alors...'' Dit-il en lui offrant un clin d'œil.

Sans qu'il ne s'en rende compte, Merrick jouait avec son épée de sa main gauche, libérant de sa conque de cuir sa lame de quelques centimètres, avant de la laisser retomber de nouveau dans le fourreau. La gestuelle et le bruit parfaitement audible ne pouvaient être manqués. D'ailleurs, quelques curieux lui lançaient des regards interloqués sur leur passage. '' Ma journée ne fut pas à la hauteur du réveil, mais au moins eut-elle le mérite d'être tranquille.'' Si ce n'est de l'apparition de l'aîné de Miratour, pensa-t-il pour lui-même. '' Et toi, pas trop surchargé par le ménage et le travail à la Chope Sucrée ?'' Demanda-t-il malicieusement. ''Ce ne fut pas trop difficile de laisser l'établissement entre les mains d'une autre personne pour la soirée ?'' Poursuivit-il le plus sérieusement du monde, ayant conscience que la taverne représentait beaucoup et énormément pour sa tenancière.''...Merci. Je suis content que tu aies pris une serveuse, Estelle. Sincèrement.'' Commença-t-il tout d'abord et complètement honnêtement. ''Cela sera parfait pour notre mois et dem... et demi.'' Termina-t-il, sachant pertinemment qu'il venait de se fourvoyer.

Soupirant, regardant à droite puis à gauche, il prit la main d'Estelle en évitant son regard. ''Viens avec moi.'' Se glissant dans une ruelle adjacente, Lorren déboucha sur une rue relativement plus calme que les artères qui les guidaient sur la route en direction des faubourgs. La rue n'était point un lieu commerçant, ou d'un intérêt quelconque. Ne traînaient ici et là que quelques badauds devant résider dans le quartier de la milice et qui rentrait tranquillement chez eux. Avisant un petit muret de pierre qui délimitait une mensur de plus grande envergure, Merrick s'appuya à ce dernier, lâchant les doigts d'Estelle une fois que celle-ci se trouva devant lui. Se passant les deux mains dans la chevelure, l'ivrogne soupira à la recherche du courage nécessaire à raconter ce qu'il croyait être un fait inédit.

-'' Ton frère est venu me voir ce matin...'' Commença-t-il doucement, grimaçant devant les souvenirs de l'échange qui avait viré en incartade houleuse. Pour autant, Merrick Lorren n'essayait pas d'éviter le regard de la dame de Chantauvent, allant même jusqu'à le chercher pour deviner les états d'âme de sa tenancière. '' Il m'a averti qu'ils nous laissaient un mois et demi au lieu d'un mois.'' Mieux valait commencer avec les bonnes nouvelles, pensait-il... '' Par contre il a ajouté que... qu'après ce mois tu serais marié. Que ce soit à moi ou bien à un autre.'' Rapidement, la suite avait été proférée. '' Je...j'ai hésité à te le dire. Mais tu es aussi la principale concernée.'' Se mettant à faire les cent pas devant Estelle il poursuivit ses élucubrations, comme s'il ne pouvait pas s'arrêter, une main en support de son coude, l'autre triturant ses lèvres. '' Je ne sais pas quoi faire ou quoi te dire je... cela ne change rien pour moi. Enfin, pour ce mois et demi. Mathématiquement, nous ne faisons que gagner une quinzaine de jours supplémentaires. Mais, j'ai réfléchis toute la journée durant et...'' S'arrêtant, se figeant il releva la tête, ce faisant violence et partant en quête du courage qui lui manquait. Soufflant, il prit la parole.

-''Je crois que c'est injuste pour nous, mais surtout pour toi.'' À dire vrai, Merrick n'avait qu'à faire un choix, aussi difficile soit-il, tandis qu'Estelle allait forcément se retrouver mariée, que ce soit avec lui ou non. Par ailleurs, même s'il acceptait de l'épouser, est-ce réellement ce qu'elle voudrait elle ? '' Ton frère me déteste. Probablement suffisamment pour qu'il accepte d'abandonner ses plans, pour te forcer à épouser quelqu'un si tu romps tout contact avec moi. Je ne veux pas que cela soit mal compris, Estelle...'' finit-il par dire en attrapant ses deux mains, les tenants fermement. ''Je ne cherche pas à m'enfuir, mais je peux comprendre si tu préfères mettre un terme à cette histoire en échange de ta liberté.'' Lorren, n'ayant pas conscience que le frère avait parlé à sa sœur, ne pouvait savoir qu'il l'avait déjà menacé et que peu importe ce qu'il arriverait, elle se retrouverait mariée à l'échéance, à la fin de la nouvelle date butoir. ''Au final, peu importe ce qui arrive, je ne veux pas que tu te retrouves forcé à épouser quelqu'un, que ce soit moi ou non, alors que ce n'est probablement pas ce que tu désires.'' Dit-il dans un maigre sourire, le teint blême et en faisant la grimace.


Car, il avait de quoi être blême. À cet instant, Estelle de Chantauvent avait la possibilité de mettre un terme à tout. Le ferait-elle ? En un sens, il préférait que non. Mais de l'autre, il pouvait le comprendre... en quelque sorte. Pour autant, bien que Merrick Lorren ait mentionné qu'il était prêt à lâcher prise pour qu'elle conserve sa liberté, celui-ci était incapable de lâcher ses doigts. Triste dualité, alors que son subconscient prenait l'ascendant sur sa conscience de par cette gestuelle...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyLun 22 Avr 2019 - 21:34


Si Estelle avait attendu si impatiemment son milicien, ce n’était pas uniquement parce qu’il lui avait terriblement manqué, mais parce qu’elle savait qu’elle se devait de lui parler, elle savait, ou tout du moins était convaincue que cette conversation ne finirait pas bien. Ce fut donc une tenancière un brin anxieuse, mais surtout hésitante vis-à-vis de la marche à suivre qui se tenait devant son établissement, le cœur tambourinant avec ce doute persistant : si Merrick Lorren ne venait pas ? Ses craintes furent rapidement balayées d’un battement de cils, alors que devant-elle se dessinait la silhouette oh combien agréable de son homme d’armes. Affichant un large sourire, la rouquine n’avait pas pu s’empêcher de venir se glisser dans ses bras, de l’enlacer et lui roucouler oh combien il avait pu lui manquer. Son sourire n’avait pu que s’étirer davantage alors qu’il l’avait fait tourner en la soulevant, avant de confirmer qu’elle aussi lui avait quelque peu manqué. Une fois au sol, la conversation reprit simplement, bien loin d’aborder le sujet épineux, préférant le taquiner sur l’entretien et ce fut sans grande surprise qu’elle avait roulé des yeux quand il lui promettait de l’aider à ranger la prochaine fois.

- « Merrick Lorren, ne fais guère de promesses que tu ne pourras pas à tenir » fit-elle en glissant une main sur ses hanches, un pétillement au fond des yeux « Allons y alors, avant que ma serveuse ne se rende compte dans quelle atrocité elle s’engage. »

Cherchant à instaurer un climat agréable, bien loin de ses pensées, bien loin de ses doutes, Estelle s’essayait à l’humour, la dérision, fort heureusement pour Merrick elle ne tentait pas encore de formuler les pires blagues qu’elle avait pu entendre, mais l’idée était presque là. Glissant une main autour du bras de Merrick, ses deux prunelles grises à cette heure tardive ne purent s’empêcher de détailler l’épée qui trônait à sa ceinture, ce n’était pas quelque chose qu’elle appréciait réellement, lui rappelant à quel point le métier du milicien pouvait être dangereux. Roulant doucement des épaules, la rousse ne put retenir un petit mouvement de tête pour accompagner l’ensemble avant de se pincer les lèvres. Même si elle ignorait que la vérité était tout autre, elle fut néanmoins flattée de déstabiliser à ce point-là son presque amant.

- « Attention, si je te fais déjà perdre la tête au début de notre… » relation, avait-elle failli le dire réellement « à ce point-là, qu’est-ce que cela sera par la suite ? »

Amusée, elle lui offrit un petit clin d’œil, détaillant toujours du coin de l’œil celui qui lui faisait bien plus que perdre la raison. Difficile de savoir même pour elle, comment elle avait pu à ce point-là s’attacher à cet homme, comment elle pouvait accepter de repartir dans des dérives qui l’avait pourtant tant marqué. Pourquoi son cœur choisissait-il encore un milicien, un coureur de jupons, un salopard comme il aimait se nommer ? Non elle n’en savait rien, absolument rien, mais à ce moment précis tout ça n’avait guère d’importance, seuls son bien-être et le bien-être qui lui procurait semblé avoir encore de l’importance. Dans deux mois tout serait terminé, définitivement, serait-elle marié à un homme qu’elle n’aime pas, à devoir se soumettre à celui-ci, à le laisser assouvir ses besoins sans qu’elle ne puisse jamais offrir le moindre non, jamais… Ce fut cette douleur, cette révolte intérieure et cette triste fatalité qui dû lui donner cette mine absente, eut-elle dû mal à revenir dans le moment présent et dans les compliments que le représentant de la milice venait de formuler. Preuve de son absence, n’eut-elle aucune réaction, hormis ce pâle sourire et ce roulement des yeux qu’elle savait si bien faire.

Si Estelle était pour la première fois, inquiète pour son avenir, tout en semblant relativement résigné et incapable de renoncer à celui qui se trouvait à ses côtés. Elle ne put que remarquer son absence à lui, sa nervosité, son jeu avec son épée qui faisait chanter la lame de cette manière un peu désagréable, attirant quelques regards qui semblaient également la mettre mal à l’aise. Accrochée au bras de son milicien, elle n’en restait pas moins souriante, heureuse de partager ce moment, heureuse d’avoir encore la possibilité de le voir un peu. Alors qu’il se lançait dans une taquinerie vis-à-vis de l’entretien de la chope sucrée, elle le poussa gentiment d’un mouvement d’épaule, cherchant à le déséquilibrer quelque peu, avant de réagir avec un amusement non feint dans le fond des yeux.

- « Dis donc toi, j’ai l’impression que tu me cherches un peu ce soir, fais attention, tu as eu l’occasion de voir que tu pouvais me trouver très facilement » dans la rue, elle retint son envie de lui tirer la langue, mais le mouvement fut néanmoins fait, sans la langue dehors. « Non ça va, j’ai pris conscience aujourd’hui, plus qu’hier que le temps pouvait passer vite. Je veux profiter du moment présent, je crois, j’ai les moyens de m’autoriser plus de repos… Alors. »

Alors, elle voulait être avec lui, incruster dans sa mémoire le moindre souvenir, le moindre moment volé, Estelle avait ce besoin viscéral de vivre en deux mois, ce qu’il aurait dû vivre toute une vie, puisque défaitiste, ou bien trop réaliste, elle ne parvenait pas à imaginer Merrick se présenter le jour de son mariage et être le fameux époux. Cette réalité était en train de la consommer petit à petit, alors qu’à chaque fois que ses yeux se fermaient pour battre des cils, elle imaginait un parfait inconnu à sa place, cherchant à la contraindre, à la soumettre, cherchant à prendre une place qu’elle réalisait finalement déjà prise. Ne pouvait-elle pas lui dire les 7 lettres si importantes, ne pouvait-elle pas lui dire que dans deux moisi tout serait terminé, ne pouvait-elle pas lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur par crainte de le voir disparaître encore plus vite que ces quelques jours qu’Adrien avait accordés au couple. Ce fut néanmoins la fin de la phrase de Merrick qui la fit se stopper, prenant une gifle grandissante, monumentale, pire que l’apparition de la fange, elle fut certaine que son audition venait de lui jouer un tour.

- « Hein ? Qu’est-ce que tu as dit ? » fit-elle brusquement en s’immobilisant, pâlissant.

Comme unique réponse, la main de son presque amant avait glissé dans la sienne, l’entraînant dans une autre ruelle, s’enfonçant dans une partie du quartier qu’elle ne connaissait pas forcement, jusqu’à se retrouvait libérer, observatrice d’un homme qui semblait soucieux et qui venait de s’installer contre un petit muret. Il fuyait son regard, semblait hésitant. La rouquine avait penché légèrement la tête sur le côté, aurait voulu lui dire que tout allait bien, mais rien ne sortit de ses lèvres, alors qu’elle s’attendait au pire, alors qu’elle était désormais convaincue du pire.

- « Mon frère ? » fit-elle en devenant davantage plus pâle.

L’ordure. C’est ce qu’elle avait pensé, elle avait fait une erreur, elle lui avait dit que Merrick ne resterait pas, qu’il partirait en apprenant la nouvelle, Adrien n’avait pas pu s’empêcher, non, il n’avait pas… Son cœur s’était serré dans sa poitrine, n’osant qu’à peine battre de peur de faire s’effondrer celle qui semblait soudainement gravement malade, dont le regard c’était floué alors qu’elle imaginait Merrick lui annoncer qu’il partait, qu’il ne restait pas, que cela ne l’intéressait pas. Sa respiration c’était faite immédiatement plus douloureuse, plus difficile, comme-ci deux mains gigantesques venaient appuyer autour de sa gorge, serrée toujours plus fort, toujours beaucoup plus fort. Ce fut comme-ci le royaume venait de s’effondrer une deuxième fois sous ses pieds, alors que ses lèvres s’entrouvraient pour laisse fuir un filet d’air chaud. Merrick s’était mis à faire les cent pas devant elle, à tourne en rond, trifouillant sa lèvre, expliquant qu’il n’avait plus que dans deux mois, qu’elle serait mariée avec lui ou avec un autre après ce délai, que pour lui cela ne changeait rien. HEIN ? Cela ne changeait rien ? Ce fut comme une bouffée d’air, comme une reprise de quelques couleurs, du moins un instant seulement, un très court instant alors qu’il l’acheva dans la parole suivante : Je crois que c'est injuste pour nous, mais surtout pour toi. Comment ça pour elle ?

S’appuyant contre le petit muret, craignant de voir arriver la suite, la dame se sentit soudainement mal, très mal, dos contre le mur, elle tentait de se maintenir droite, de respirer le plus normalement possible et le plus discrètement possible, elle était venue passer une main derrière sa nuque où perlait déjà des petites billes de sueurs froides. La suite ne lui donna guère envie d’aller mieux, si bien qu’elle se sentit obligée de masser davantage l’arrière de sa nuque : ‘si tu romps tout contact avec moi.’ Que c’était douloureux, comment pouvait-il formuler ça, comment osait-il alors que ? Que… Non, elle ne savait plus vraiment tout semblait flou, pourtant elle savait, elle avait eu conscience que Merrick fuirait oui et elle était au courant de tout, alors pourquoi venant de sa bouche à lui, les mots semblaient avoir beaucoup plus de valeur, de piquant, octroyant davantage de douleur ?

L’homme d’armes était venu attraper ses mains, le lui avait-elle laissé dans une espèce de soulagement inexplicable. Puis ce fut une phrase rassurante, celle qu’il ne voulait pas fuir, non il ne voulait pas, alors peut-être avait-elle encore une chance, aussi minime soit-elle ? Prenant une intense respiration, elle comprit que c’était à elle, à son tour d’être honnête et là aussi, cela lui sembla peut être aussi insurmontable que tout le reste, était-elle plus peureuse que lui finalement ?


- « Merrick… » débuta-t-elle dans un murmure presque douloureux, « Je sais. » là aussi c’était dur à formuler « Je suis au courant » histoire d’être certaine qu’il comprenne, elle avait relevé les yeux vers lui, abandonnant une de ses mains, pour laisser courir ses doigts sur sa joue « Deux mois, c’est déjà ça, non ? » tenta-t-elle fébrilement.

Difficile de savoir ce qu’il attendait de la discussion, ni même ce qu’elle espérait, craignait-elle douloureusement que le milicienne lui annonce qu’il allait fuir et finalement ce fut elle qui était sur le point de prendre la fuite, de flancher, d’abandonner tant les émotions qu’elle ressentait été violent.

- « Je t’ai menti. » C’était logique pour elle, illogique pour lui, elle se devait de compléter « Hier soir, hier soir je t’ai menti » par la trinité que c’était difficile de s’exprimer sur ce qu’elle ressentait « Quand je t’ai dis que nous n’étions rien l’un pour l’autre » un soupir, un regard plus fuyant « Je ne veux rien t’imposer, alors, je comprends. » un peu brouillon, hésitant « Je veux juste profiter de ce mois et demi, tu veux bien ? »

Un nouveau un regard qui croise le sien, alors que ses doigts passent dans sa chevelure avant de retrouver la proximité de sa hanche à lui. Estelle devait sembler perdue, peut-être plus qu’elle ne l’avait jamais été, mais la profondeur de son regard ne pouvait que souligner sa sincérité, elle lui devait des explications, mais ne voyait pas réellement comment formuler l’ensemble, comment lui faire comprendre que cette fois-ci, il n’y avait pas de solution miracle, pas de miracle. Qu’à la fin de ce mois et demi elle aurait un autre nom, devrait avoir un autre comportement et que si il n’était pas l’heureux époux, alors plus jamais elle ne pourrait s’autoriser à le revoir ? Fallait-il mieux taire certaine information, c’est ce qu’elle avait fini par conclure dans un soupir qui voulait tout et à la fois rien.

- « Adrien est venu ce matin, il m’a parlé, il m’a expliqué… je lui ai demandé de ne rien te dire, j’avais peur Merrick, terriblement peur que tu décides de partir et ne pas essayer au moins juste ce mois. » elle lui offrit un sourire un peu triste « Cela ne change rien qu’on abandonne ou non, cela fait longtemps qu’Adrien cherche à arriver à cette finalité, cette relation, notre relation pour lui c’est la dérive de trop et il estime être dans son rôle en faisant ce qu’il fait. Même si tu disparaissais, cela ne changerait rien Merrick. »

Non, rien du tout. Le comprenait-il, celle qui venait de poser des mots sur un lien que chacun d’eux tentait de fuir plus ou moins. C’était difficile, même pour elle, qui tentait de le protéger à sa manière, qui voulait juste l’apprivoiser, lui montrer que ce n’était pas si horrible d’être à deux, mais tout ça prenait du temps, beaucoup de temps et elle n’était pas certaine que ce mois et demi soit suffisant.

- « Je suis désolée Merrick » finit-elle par dire, comme si finalement elle prenait conscience que tout ceci n’avait aucun sens, que c’était fou, stupide de sa part de se lancer là-dedans encore, Adrien devait avoir raison, non ? « Est-ce que tu veux bien faire encore un petit bout du voyage avec moi ? Pour deux mois, sans penser à l’après ? Tu restes libre toi, cela ne t’engage à rien et je n’attends rien, je te le promets… »

Douloureux mensonge, évidemment, comment pouvait-elle lui promettre qu’elle n’attendait rien, elle qui avait d’une certaine manière officialisé la relation en mettant des mots sur le duo, elle qui lui avait dit qu’il n’était pas rien pour elle, elle qui n’avait de cesse de faire des efforts, des pas vers lui, elle qui était certainement beaucoup trop douce vis-à-vis de celui qui ne savait vraiment comment se positionner. Relâchant sa main, celle qu’elle avait toujours gardée jusque-là, fuyant finalement la proximité pour récupérer son panier –douloureuse excuse pour marcher un peu et respirer-, elle lui indiqua d’un petit signe de tête la ruelle, marcher, c’est ce dont elle avait besoin, urgemment.

- « Ce n’est pas toi que mon frère déteste, c’est moi » souffla-t-elle finalement « Tu ressembles trop à feu mon époux, tu es milicien, cela n’aide pas, tu as caractère ouvert aux autres, tu es un sacré séducteur et je ne doute pas une seconde et lui non plus de ton talent avec la gent féminine. » elle étira ses lèvres dans un sourire glissant sa main libre dans la sienne pour avancer « Je n’ai eu qu’un homme dans ma vie et il était loin d’être celui que ma famille avait espéré. Adrien m’a vu dans bien des états, je crois qu’il est même passé parfois à un cheveu de faire un meurtre »

Elle avait dessiné un sourire nostalgique sur ses lèvres, c’est depuis ce temps-là que son frère était surprotecteur.

- « J’ignore ton avis sur les femmes Merrick, mais je ne suis pas une milicienne, je n’ai pas le droit à une quelconque indépendance. Une femme doit satisfaire son mari, doit avoir un mari qui s’occupe d’elle et inversement. C’est quelque chose de normal, même si l’arrivée de femme dans la milice à quelque peu fait changer les choses. » elle lui lança un regard tendre, s’approcha pour venir un instant déposer sa tête sur son épaule, même si vu sa petite taille, il devait plus s’agir du haut du bras de Merrick « Vraiment, je pense que peu importe ce qui pourrait se passer, il ne changerait pas d’avis, je n’ai pas le choix que d’accepter cet état de fait et puis bon, d’ici là, tu m’enlèveras peut-être pour aller vivre ailleurs ? »

Elle l’avait dit sur le ton de l’humour, mais dans le fond, avait-elle ce petit soupçon d’espoir, ce minuscule, ridicule petit murmure qui lui disait « et si ? » oui et si, si Merrick finalement était sincère, s’il voulait bien autre chose que juste un passage entre ses cuisses et si ? Ce fut ce et si qui provoqua chez elle cette envie cette soudaine et sans même crier gare, elle pressa sa main dans celle de Merrick pour l’attirer jusqu’à elle, relâchant son panier qu’elle tenait dans son autre mot pour venir l’enlacer avec force, pour l’embrasser avec cette intensité si forte, si passionnelle, si pleine d’émotion. À dire vrai, elle aurait pu s’abandonner là, juste là dans cette ruelle, oublier ses angoisses, oublier la crainte de mal faire, oui elle aurait pu tout oublier sur l’instant. D’ailleurs osa-t-elle peut-être lui faire comprendre, osa-t-elle glisse une main se trouvant derrière sa nuque descendre petit à petit jusqu’à sa ceinture, faisant pression d’un ou deux doigts, oui aurait-elle pu poursuivre, avait-elle d’ailleurs commençait à le pousser sagement conte le mur, sagement, mais sûrement.

Ce fut plus ou moins brusquement que cet instant cessa, devant le bruit d’un raclement de gorge qui ne provenait ni de la rousse ni de Merrick visiblement, plus que les deux bouches semblaient particulièrement bien occupé. Elle s’arrêta, recula d’un pas pour détailler celui qui venait de ramasser la bouteille qui avait fui le panier. L’homme avait l’air d’avoir une bonne quarantaine d’années, simplement vêtue, pas d’armes visibles, des cheveux gris plutôt courts, une barbe qui n’était faite que de quelques poils se battant en duel.


- « Excusez-moi de vous déranger, mais je crois que c’est à vous » fit-elle dans un sourire malicieux s’approchant de quelque pas, il tendit simplement la bouteille à Merrick « Navré, j’ai entendu du bruit, j’habite juste là » il montra la masure imposante dont le couple avait utilisé le muret « Comme il y a souvent des p’tits idiots qui viennent s’amuser bêtement » il roula des épaules « Enfin, je vois bien que ce ne sont pas des petits idiots » fit-il en insistant volontiers sur la demoiselle, puis sur Merrick « Oh vous êtes milicien c’est ça ? Peut-être bien que vous pouvez m’aider, enfin, je ne voudrais pas abuser… »

Estelle abandonna prudemment Merrick pour venir récupérer le panier qui se trouvait au sol, ramassant l’ensemble des éléments et replaçant la bouteille à l’intérieur, elle aurait voulu que Merrick renonce à venir en aide à ce vieil homme, mais au vu de la situation, il semblait difficile de dire non, lui coulant un regard, elle roula simplement des épaules.

- « Oh, mais votre dame peut venir, enfin votre dame si elle est votre dame de nos jours les femmes de joies sont très bien aussi hein.. hurm.. Non, ce n’est pas ce que je voulais dire » il glissa une main derrière sa tête frottant doucement « Pardonnez ma maladresse madame, je ne sous-entendais pas que
- « Ce n’est rien, nous avons un peu de temps… Je ne doute pas une seconde que… » mon compagnon, mon amant, mon ami, mon mari ? Que c’était difficile « Merrick, puisses vous aider, la soirée ne fait que débuter après tout, non ? »
- « Oh fort bien, fort bien ! » fit-elle un large sourire « Suivez-moi, c’est par là, on va passer par la cave c’est plus rapide ! »

S’accrochant de sa main libre au bras de Merrick, coulant un regard vers celui-ci les joues à la fois rouge de gêne, mais pour une tout autre raison également. Elle attendait peut-être son avis avant de suivre celui qui venait d’indiquer la direction à l’aide de grand mouvement de bras.

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyMar 23 Avr 2019 - 18:16
Merrick Lorren était perdu, l'esprit abandonné et laissé à lui-même au milieu des tourments et des réflexions houleuses. Indécis et interdit, incapable de prendre une décision ou de suivre un plan d'action, l'homme d'armes se sentait aussi esseulé qu'isolé. Le marasme l'habitant aidant, ses confrères et compatriotes l'évitèrent comme la peste toute la journée durant. Ainsi, tout au long de la patrouille, l'ivrogne avait laissé cette apathie, aussi morose que moribonde, prendre de l'ampleur sans tenter de la réfréner ou de l'endiguer. De fait, Merrick avait conscience qu'il allait devoir parler de la tumultueuse situation qui le liait encore plus étroitement à Estelle de Chantauvent. Or, loin d'être un rapprochement salvateur, la nouvelle constante était une immondice exécrable, une date butoir qui risquait soit de liguer la tenancière à son milicien, ou d'emprisonner le jeune homme avec la jeune femme. Car en ce jour et en cette heure, Merrick Lorren n'était pas certain de pouvoir croire en une fin heureuse au conte qu'ils vivaient.

Le mariage était une trop grosse et importante étape pour le couard qu'il était, pour le beau salopard qu'il se plaisait à -ou croire- être. Lorren se savait, pour le moment, incapable de se voir comme un homme marié. Pour autant, la cause n'en était aucunement la dame de Chantauvent. De fait, celle-ci était sans l'ombre d'un doute celle qui avait le plus de chance de le capturer et de le retenir jusqu'à perpétuité. Ses charmes, sa façon d'agir, et d'être, avait déjà réussit à l'amadouer au point de le faire flancher et s'épancher dans une tentation qui n'avait plus rien à voir avec le simple ébat charnel. Merrick lui avait dit et il le croyait; il l'aimait. Or, ce n'était pas suffisant pour qu'il se borne aussi facilement à devenir un fiancé, puis un époux. Pourquoi ? C'était aussi simple que compliqué; Il avait peur.

Peur de ne pas être le bon, de fuir, d'être incapable de l'aimer comme il le devrait. Effrayé de perdre la flamme de l'instant qui les unissait, de se rendre compte que ce n'avait été qu'un amour fugace. Terrifié de l'abandonner, comme ceux qu'il avait aimés par le passé, et transis de peur de la faire souffrir de par la faiblesse inhérente qui l'habitait. En outre, le couard avait aussi le sentiment de n'être qu'un imposteur et de ne pas mériter sa présence et la promiscuité les unissant. Pour autant, véritable individu narcissique et centré sur lui-même, il ne pouvait accepter de la repousser pour la protéger elle. Ainsi, bien qu'ayant conscience qu'il risquait de la blesser plus âprement en laissant leur histoire perdurer, Lorren n'avait tout de même pas la force ni le courage de mettre un frein à leurs doux contacts et échanges de lui-même.

Dès lors, apprenant à accepter ce besoin de côtoyer Estelle, l'homme d'armes avait accepté de laisser la chance à leur histoire de se développer, de laisser le mois à venir décider de la finalité. Dans le pire des cas, Merrick pensait simplement repousser l'idée du mariage, sans pour autant créer un abysse de distance entre lui et sa tenancière. Or, tout changeait aujourd'hui, tandis qu'Adrien de Miratour venait de lui fournir l'information qu'au bout de deux moins de liberté, sa sœur serait mariée à lui ou à un autre, qu'elle le veuille ou non. Dès lors, il n'était plus seulement question de savoir si l'ivrogne était prêt à s'engager ou non, mais aussi de se demander et se questionner s'il était prêt à voir ''SA'' tenancière au bras d'un autre homme s'il rebroussait chemin. Incapable d'accepter ou de refuser, d'avancer ou de reculer, Merrick Lorren était complètement perdu, déchiré entre son indécision constante et la triste réalité.

De ce fait, c'est engoncé et enfermé dans cet état d'esprit que directement après la fin de sa prise de fonction, il était parti retrouver la jeune femme à la chevelure de feu. Aucunement convaincu de lui en parler sur l'heure, Merrick avait tout de même, inconsciemment, besoin de sa présence pour s'apaiser et retrouver sa façon d'être coutumière. De fait, Estelle faisait déjà office de support et de partenaire dans les bons comme les moins bons instants. Pouvait-il se targuer d'être autant à son écoute et à son aide ? Probablement pas. Cette triste réalité ne venait que renforcer l'idée que le milicien n'était pas assez bien pour elle...

-'' Et de quelle atrocité parles-tu ! La pauvre...'' Dit-il en secouant la tête négativement. ''Elle n'aura même pas la chance de goûter à la présence du plus charmant et plaisant milicien de Marbrume !'' Répondit-il dans un sourire.

Durant un bref instant, alors que leur réunion se concrétisait sous les auspices de l'attendrissement qui les liait l'un à l'autre, les lourds nuages du ressentiment avaient été oblitérés du décor. L'emprisonnant de ses bras, la faisant tourner sur elle-même dans son étreinte, offrant un sourire aussi attendrit, niais, que béat, Lorren avait oublié durant un infime instant les fracas et l'apprêté de la nouvelle réalité qui les liait, et qu'il était impossible de délier. Or, la résilience du méfait d'Adrien de Miratour se fit à nouveau sentir et ressentir. Impossible de simplement l'effacer, de l'oublier et de se laisser aller. Le duo devrait en parler. Et Merrick, se croyant garant de ce nouvel élément, devrait le mentionner le premier.

Pour autant, tout n'était pas sombre. L'ivrogne était véritablement heureux de retrouver sa tenancière et de pouvoir échanger sur un ton aussi amusé qu'espiègle. Oui, par moment le cœur n'y était pas et l'échange pouvait sonner creux et faux. Pour autant, cette discussion bénigne, loin de tout leur tracas, l'apaisait. '' Serais-tu en train de te plaindre de mon ardeur à vouloir te retrouver au plus vite, Estelle de Chantauvent ?'' Demanda-t-il d'un ton faussement outré. ''Devrais-je te faire attendre une heure ou deux de plus, sur le palier de ton établissement, avant d'apparaître la prochaine fois ? '' Dit-il en souriant malicieusement. Alors qu'elle mentionnait qu'il perdait la tête pour ''si peu''.

Continuant sur le registre de l'élucubration féroce et du babillage intempestif pour ne pas trop s'évertuer à réfléchir, Lorren ne se rendit pas réellement compte de l'absence de la rouquine. Apprenant de plus en plus à la connaître et reconnaître les aléas de ses émotions, Merrick n'avait pas manqué de voir sa mine quelque peu inquiète. Mais il mettait naïvement cela sur le compte de l'hésitation et du doute de laisser la Chope Sucrée aux mains d'autrui. De ce fait, il continuait à s'épancher dans la discussion, enchaînant humours, compliments et petites attaques joueuses. Se faisant repousser d'un petit coup d'épaule, Lorren se laissa aller à l'inertie du mouvement, revenant à sa position exacte, avec une moue amusée, grâce à son emprise sur le bras d'Estelle. '' Serait-ce des menaces ? Et puis, bien que j'ai eu l'occasion de voir que je pouvais te trouver très facilement, je ne peux pas dire que la finalité ne m'a pas fait plaisir...'' Mentionna-t-il d'un air ''rêveur'', relevant la tête vers la voûte céleste et se laissant aller à la remémoration du galbe d'une silhouette dénudé et aguicheuse à souhait.

Puis, retrouvant un peu plus de sérieux, et par le fait même un peu de sa morosité qui ne l'avait pas abandonné de la journée, le milicien questionna la propriétaire de la Chope Sucrée à propos du sentiment qui l'habitait de laisser son auberge aux mains d'une autre personne. L'écoutant attentivement, pas spécialement convaincu par ses mots, Lorren hocha tout de même la tête lentement sans rien dire. Il était heureux de savoir qu'elle aurait plus de temps. Lui ne s'en plaindrait guère. C'est autour de cette réflexion qu'il lui mentionna son contentement de la savoir plus disponible, tandis qu'ils pourraient se côtoyer plus longuement durant ces deux mois. En proférant la fin de sa phrase, il se rendit compte de son erreur. Erreur qui ne passa pas inaperçue auprès de la dame de Chantauvent, qui réagissait déjà à sa phrase.

Soupirant, Merrick Lorren lui avait pris la main en lui demandant de le suivre. Se faufilant vers une artère moins bondé, en quête d'un lieu plus calme et moins à la vue de tous, l'ivrogne marchait sans trop savoir où il allait. Son esprit tentait de préparer la façon dont il allait annoncer la nouvelle à Estelle. Or, rien ne lui semblait excessivement convaincant. Optant finalement pour un simple muret qui séparait une rue quasiment vide et le jardin d'une demeure, l'homme d'armes se livra sur ce qu'il pensait être le seul à savoir. Au départ, évitant les yeux de sa tenancière, Merrick n'avait tout de même pu manquer d'observer la réaction qui prenait le contrôle des traits de sa partenaire. Blêmissante, semblant abasourdie et quasiment maladive, l'ivrogne ne pouvait lui offrir un support adéquat, tandis que c'était ses mots qui faisaient naître les tourments chez Estelle. L'unique moyen de mettre un terme à cette blessure émotionnelle aurait été de se taire, d'arrêter d'en parler. Or, s'il se murait dans le mutisme, le couard n'aurait probablement plus la force et le courage de proférer se qu'il désirait dire.

Car oui, il en était venu à une décision. Difficile, ardue et âpre. Mais, à ses yeux, c'était la meilleure solution. Pas vraiment pour lui, mais plutôt pour la jeune femme. Il lui laisserait l'opportunité de couper les ponts pour pouvoir éviter le mariage avec un quelconque quidam choisi par son frère. Après tout, Merrick se savait honni par Adrien. Ne serait-il pas suffisant de repousser cet impératif de fiançailles, qui ne devait clairement pas plaire à la rousse, en promettant de ne plus voir son milicien ? À ses yeux, s'était une solution qui paraissait véritablement envisageable... Et puis, au bout d'un certain temps, Merrick pourrait réapparaître subtilement dans le décor. Peu à peu, mais sûrement, non ? Oui, cela permettrait peut-être de tout régler, pensa-t-il sur l'instant, sans savoir qu'il était dans l'erreur. Attrapant ses doigts de ses mains, laissant son pouce dessiner le contour de ses phalanges lentement, et laissant enfin ses yeux partir à la rencontre des iris de la dame de Chantauvent, l'ivrogne tenta de tout mettre en œuvre, de ne pas la laisser croire qu'il dressait des palabres pour avoir une excuse pour disparaître. Tout allait pouvoir s'arranger de cette manière, non ?

Or, ce fut au tour d'Estelle de répondre. Et ce fut le drame dans son esprit.

-''Tu savais ?'' Répondit-il lentement, goûtant au fiel qui s'échappait de ces deux mots. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit, pourquoi avait-elle joué le jeu du non-dit ? Attendait-elle un meilleur moment pour lui mentionner cette nouvelle réalité, ou préférait-elle simplement l'effacer de sa conscience et le laisser dans un flou nébuleux qui l'arrangerait ? Merrick le vécut comme un manque de confiance envers sa personne. C'était étrangement douloureux. N'était-il pas assez digne de confiance, n'était-il qu'un salopard qui ne méritait pas de savoir les tourments qui habitaient Estelle ? Que lui cachait-elle d'autre ? Son visage perdit toute expressivité, blêmissant même quelque peu.'' C'est déjà ça, en effet.'' Murmura-t-il, perdu dans ses pensées et laissant les doigts de la rouquine courir le long de son faciès, fermant tout de même les yeux un infime instant pour goûter leurs contacts.

Or, à la vitesse de l'éclair, il reprit contact avec la réalité, tandis que sa tenancière lui dit qu'elle lui avait menti. Le mal-être gagna sensiblement en ardeur. Son omission n'était pas tout ? Il y avait aussi un mensonge ?! Le regard craintif et effrayé, la bouche entrouverte, il attendit la suite en proie à une frayeur qui n'était guère actée. Les mensonges n'étaient habituellement pas de très bonne chose... non ? Se passant une langue sur les lèvres, puis une main dans la chevelure, Merrick hocha la tête à la fois pour lui-même et pour encourager Estelle à poursuivre. L'attente intraitable de la finalité des mots était intenable et douloureuse. Il voulait le dénouement de cette phrase qui le faisait craindre le pire, sans qu'il ne soit capable d'ouvrir la bouche et de parler. Le message apporté par les mots ne fut pas celui escompté, mais cela fut aussi bien. De fait, loin d'être quelque chose d'excessivement néfaste et douloureux, le mensonge révélé en cette heure semblait presque... positif ? Dur à dire, tandis que la prise de parole n'était pas excessivement claire. Mais, Estelle de Chantauvent semblait prétendre qu'ils n'étaient finalement pas rien l'un pour l'autre. Lorren avait déchanté assez rapidement hier au soir lorsqu'elle lui avait livré ces dires. Aujourd'hui, ceux-ci véhiculaient un apaisement salvateur. Quasiment suffisant pour racheter l'omission précédente. Presque.

Laissant sa tenancière mener l'échange, restant cloîtré dans le silence et l'analyse des phrases qui arrivaient l'une à la suite de l'autre, Lorren resta tout de même assez proche de la rouquine pour que celle-ci puisse déposer sa main sur sa hanche. Se noyant dans le regard gris-bleu tendre et sincère, le jeune homme sut qu'il était le temps pour lui de répondre. Hochant la tête suite au déversement de mot, il prit le temps de mûrir sa réflexion avant de dresser ses palabres. '' Je l'aime de moins en moins, ton frère.'' Oui, c'était un bon début. Du moins à ses yeux. Il trouvait important de mentionner ce fait avéré, avant de se pencher et parachever les réponses véritablement importantes. Soupirant, se passant une main dans la chevelure, il lui offrit un sourire vacillant. '' Par chance, j'apprécie particulièrement sa sœur. Si mon retrait de l'équation ne permet pas de te protéger, je ne vois pas pourquoi je disparaîtrais.'' Dit-il en haussant les épaules. Puis, un peu plus rapidement. ''Tu n'as pas à t'excuser, Estelle. Tu n'es coupable de rien ! Évidemment que je vais faire ce voyage avec toi. Comment ne pourrais-je pas le faire ?'' Poursuivit-il. '' Nous sommes dans le même bateau et ensemble là-dedans. Après tout c'est notre...relation à nous deux.'' Termina-t-il doucement. Laissant ses yeux vagabonder vers le sol sur les derniers mots de sa prise de parole, alors que son visage s'embrasait subitement. De ces mots, Merrick Lorren acceptait l'idée de former quelque chose avec Estelle de Chantauvent. Bien qu'il soit toujours difficile d'expliquer clairement ce que cela représentait, être perçu comme en adéquation avec sa tenancière ne le révulsait aucunement. C'était même plutôt le contraire...

Acceptant de marcher après que le contact de leurs mains se soit abandonné, l'homme d'armes cacha ses doigts à l'intérieur de sa cape, avançant en s'évertuant à frapper du bout du pied toutes les pierres qui croisaient sa route. ''Allons, il ne te déteste pas. Je crois qu'il t'aime simplement beaucoup trop. N'a-t-il jamais essayé de t'embrasser ou que sais-je ?'' Murmura-t-il tout bas, grommelant dans sa barbe pour que la fin de sa phrase ne soit pas entendue. '' Si on parle de mon talent avec la gent féminine, pouvons-nous parler de tes dons pour attirer les regards des hommes ? Lissandre, l'homme du jardin ducal, la moitié de la Chope Sucrée et probablement un ou deux inconnus de ma connaissance. En plus, il doit bien y avoir quelques gentilshommes dans le lot...'' Termina-t-il, à moitié amusé, mais fronçant tout de même les sourcils en prenant conscience que sa tenancière était à même de plaire à un large panel de quidam. Lui glissant un regard en coin, il fut tenté de la sonder sur le nombre exact de prétendants. Après tout, la question le tiraillait, lui l'infâme salopard à la jalousie aussi excessive que maladive.

Retrouvant son allant avec l'apparition des doigts de la rouquine dans sa main et le sourire qu'elle lui offrit, Lorren arrêta de frapper toute la caillasse qu'il rencontrait sur son passage. '' Je ne peux que comprendre la surprotection de ton frère et la mésestime qu'il a à mon égard avec ce qui s'est déroulé avec ton défunt époux. Je ne lui en voulais guère, mais pour ça...'' Dit-il en faisant référence à l'ultimatum et au mariage forcé qu'il tentait de dresser et liguer contre et entre eux. Secouant la tête avec une moue de dégoût, il préféra ne rien dire de plus pour ne pas choquer et brusquer Estelle. Pour autant, ses yeux laissaient des éclairs de haines aussi tenaces que voraces. Tout du moins, il réussit à mettre de côté sa franche haine viscérale pour écouter la suite des paroles de sa partenaire. Le tout et le ton étaient trop sérieux pour ne pas être concentré. '' Je n'avais pas pensé à ces stupidités... je croyais que ton frère pensait autrement en te voyant gérer la Chope d'une main aussi ferme.'' Dit-il en haussant les épaules, embarrassé de savoir qu'elle n'avait aucune indépendance vis-à-vis des choix de son aîné, mais aussi de ne pas l'avoir remarqué. ''Désolé.'' Puis un peu plus guilleret: '' Je ne suis pas très porté sur l'idée et le besoin impérieux d'attacher une femme à un mari de force...mais si les deux sont consentants, c'est différent.''

La laissant déposer sa tête sur le haut de son bras, Merrick alla déposer son menton sur le crâne de sa rouquine, se permettant de humer la fragrance de la chevelure qui l'appâtait tout aussi sûrement que le reste de son être. La suite fut dite sur le ton de la plaisanterie. Pour autant, en l'entendant mentionner qu'il pourrait potentiellement l'emmener vivre ailleurs, l'ivrogne sut. À cet instant et en cette heure, Merrick Lorren savait qu'il ne pourrait pas la laisser au bras d'autrui. Oui, il allait lui dire, lui révéler qu'il ne l'abandonnerait pas après ces deux mois. Se détachant de quelques centimètres, allant perdre ses pupilles bleues dans les iris d'Estelle de Chantauvent, l'ivrogne lui renvoya une mine résolue. La discussion et l'embrasement de l'instant lui faisaient quelque peu perdre la tête, et sur le coup, il pensait être capable d'accepter sans mal le mariage qui les lierait. Ouvrant la bouche, prêt à proférer ces mots qui l'attacheraient à jamais, il fut coupé dans sa tirade dithyrambique. De la plus belle des manières, qui plus est. Ainsi, il manqua le coche de faire le grand saut, repoussant cette prise de décision et ramenant son indécision au-devant de la scène...

Se laissant attirer sans réfréner ou ralentir le mouvement, le jeune homme sourit en reconnaissant l'éclat qui alimentait les yeux de sa tenancière. Le même avait pris racine aux tréfonds et au plus profond de sa rétine. Et le désir ne flambait non pas fugacement, mais plutôt ardemment. Dès lors, loin de se priver de cet élan et allant tendre, mais puissant, Merrick attrapant la jeune femme de ses bras, la capturant aussi fermement et solidement qu'il le pouvait sans lui faire mal. Leurs lèvres partirent à la rencontre et à la conquête de leur bouche respective, livrant rapidement le passage à leurs langues qui ne s'apprivoisait plus, mais plutôt se retrouvaient avec une dose d'habitude qui voulait tout dire, tout signifier. Loin d'être chaste et pur, l'échange était aussi rythmé, qu'effréné et passionné. Déjà, le souffle du milicien se faisait court, impacté par l'abrutissement de ses sens et la palpitation excessive et quasiment outrancière de son cœur. Sentant la main de la Chantauvent le long de sa ceinture, l'ensemble de son corps se crispa de délice au potentiel que véhiculait cet acte. Se laissant tout naturellement repousser le long du muret, reculant aussi lentement que le mouvement qui était imprimé par l'avancée d'Estelle, l'homme d'armes se laissait guider avec concupiscence et délice. Oui, Merrick Lorren était au comble de la joie, sur le bord de l'explosion ou de l'implosion, allez savoir...

Or, tout prit fin aussi rapidement que cela avait commencé. Par le bruit d'un raclement de gorge significatif. Laissant la rousse quitter son étreinte, l'ivrogne fusilla du regard le nouvel arrivant...C'était une blague ?! Le malotru venait les déranger pour leur rendre leur bouteille de vin ? Bon, d'accord. D'accord, ce n'était guère... bien vu de s'épancher de la sorte dans les bras d'autrui en plein milieu de la rue. Mais bordel, n'avait-il jamais été jeune ce foutu quadragénaire ? Récupérant la bouteille d'une main lourde comme le plomb, Lorren hocha très lentement la tête. ''Déranger c'est le mot, en effet.'' Murmura-t-il un brin boudeur. Puéril ? Excessivement. Laissant l'inconnu continuer à palabrer, le milicien hocha évasivement la tête à ses dires. Toutefois, il ne put rester silencieux à la question directe qui lui fut envoyée. ''Oui, je suis milicien. Enfin, de temps en temps si vous voulez tout savoir.'' Termina-t-il dans un haussement d'épaules évasif, sans répondre sur le coup à la demande d'aide. N'étant pas certain de comprendre la teneur des paroles de Merrick, l'inconnu tenta de dresser un petit sourire prudent. De toute façon, le lascar attendait la suite et de savoir si Lorren était prêt à l'aider. Ne voyant pas le bout d'une réponse poindre à l'horizon, il s'épancha un peu plus sur le sujet en redirigeant son questionnement vers Estelle.

L'homme d'armes avait déjà décidé de ne pas aider le quarantenaire. Ils avaient mieux à faire, après tout. Or, ''sa dame'' décida plutôt du contraire. Lui glissant un regard effaré, tandis qu'elle présentait le fait que la soirée était jeune, et que Merrick ne saurait refuser d'offrir un coup de main charitable, le milicien resta muet sous la surprise. La laissant s'accrocher à son bras, interdit devant pareille prise de décision, Lorren ne put que pousser un soupir, parfaitement audible par l'ensemble de l'auditoire, avec d'offrir un sourire teinté d'un froncement de sourcil à sa partenaire. ''Nous vous suivons. En espérant que ce ne soit rien de trop long ou ardu...''

-''Ne vous inquiétez pas, ce sera réglé très rapidement !''

Laissant l'inconnu prendre la direction de l'ouverture menant vers son jardin, Lorren en profita pour déposer ses lèvres sur le haut du crâne de la rouquine, lui montrant qu'il n'était pas réellement fâché de faire un effort, bien qu'il aurait préféré s'en passer.

-''J'ai emménagé ici il y a quelques jours. J'ai eu de la chance de l'avoir, cette demeure. Mais où sont mes manières ! Je me présente, je me nomme Martin A...'' Le prénommé Martin marchait dorénavant à reculons, faisant face au couple en déblatérant et en faisant de grands gestes des mains. Ayant failli tomber par deux fois dans la manœuvre, celui-ci se retourna enfin pour continuer à avancer de face. Le trio longeait dès lors la façade de la maison, en direction de l'arrière-cour et de l'entrée de la cave qui avait été mentionnée. L'habitation n'était pas de première jeunesse, c'était évident. Mais, cette dernière était impressionnante et splendide. Décrépi en plusieurs endroits, le jardin renvoyait lui aussi une triste image, alors que les mauvaises herbes étaient maîtres de la majorité des parterres. Sale et vétuste, la demeure semblait nécessiter une bonne dose d'amour pour retrouver sa gloire passée.

Immergé dans son analyse, Lorren n'avait pas écouté la fin du babillage intempestif de l'homme en quête d'aide. Réagissant au regard appuyé qui partait en sa direction, l'ivrogne fit un effort de civilité. ''Merrick Lorren. Enchanté, Martin.'' Si Estelle ne s'était pas présentée avant lui, c'était à son tour de le faire. D'ailleurs, le milicien lui laissa toute la largeur nécessaire à discourir avec le parfait inconnu. Lui se bornait à avancer tranquillement et sûrement, écoutant d'une oreille distante et guère attentive les propos de Martin, qu'il se livre à un monologue ou a la conversation avec la propriétaire de la Chope Sucrée.

-''Nous y voilà !''

Derrière, une ouverture semblait s'enfoncer vers les méandres de la demeure. S'arrêtant devant l'ouverture, Lorren laissa son regard vagabonder sur l'escalier en pierre qui s'enfonçait et tournait sur la gauche. Ce dernier était éclairé, mais le portrait n'en était pas très rassurant. En effet, le milicien trouvait tout de même cela incongru qu'on lui quémande de l'aide et qu'ils doivent passer par une cave. N'était-ce pas l'idée que toutes personnes se feraient d'un fou furieux cherchant à appâter de nouvelles victimes ? Oui, l'imagination du brun était débordante. Mais après tout, la couardise avait cet avantage-là; il se méfiait de tout, et ce, avec outrance.

-''J'espère qu'il y a du vin dans cette cave ?''
-''Pas encore, je viens d'arriver ! ''
Soupirant, Merrick croisa les bras. ''Si vous nous disiez ce que vous attendiez de nous avant qu'on se glisse chez vous, je vous pris ?''

-''Oh, pardon. Excusez-moi ! Que suis-je bête...'' Dit-il en se frappant le front du plat de sa main. '' L'ancien propriétaire des lieux est inopinément disparu. Vous savez, ce n'est rien de bien rare avec l'époque dans laquelle nous vivons. Et puis...'' Devant le soupir parfaitement audible de Merrick, Martin abrégea ses palabres. ''...Bref. Le mobilier est resté sur les lieux et j'aimerais simplement déplacer une lourde armoire qui obstrue un passage. Tout seul, j'en suis incapable. Alors voilà en quoi vous pouvez m'aider ! J'aurais bien demandé à un voisin, mais je suis tombé sur vous, alors...''

Cela ne semblait pas trop étrange. Et quand bien même. Difficile de se défiler tandis qu'il avait déjà proposé son aide. Enfin, qu'Estelle l'ait fait pour lui... Coulant un regard à la rouquine, il lui offrit un clin d'œil en déposant sa main sur celle qui trônait sur son bras. ''Et bien, après vous, Martin.'' Sans se faire prier, le susnommé s'engouffra vers sa cave en dévalant l'escalier. Se retrouvant seul durant quelques instants, Merrick attrapa sa tenancière dans le bas de son dos pour la retourner vers lui. '' Dans quoi nous avez-vous embarqués, madame de Chantauvent ? Il n'y a même pas de vin dans la cave de cet étrange personnage, et je dois même l'aider!'' Mentionna-t-il sur un ton éploré. Puis, l'embrassant sur la joue, il se recula, sans la lâcher, pour lui laisser le temps de répondre à ses plaintes et doléances.


Quelques instants plus tard, possiblement après une réponse d'Estelle, la tête de Martin apparut en bas. '' Par contre, j'ai du vin dans la cuisine !'' Devant la mine interloquée du milicien, l'énergumène sembla avoir le besoin de s'expliquer. '' Vous savez comment c'est, la cave réverbère et amplifie les sons, alors...'' alors il avait tout entendu. '' Ce n'est pas aussi bien que ce que l'on sert à la Chope Sucrée, mais il y a moyen d'en profiter après votre aide, monsieur Lorren ! ''

Soupirant, Merrick se passa une main sur la nuque. Par chance, il n'avait pas ''trop'' insulté Arthur. Le qualifier d'étrange n'était pas trop agressif et agressant, non ? ''Ce ne sera pas nécessaire, Martin.'' Attrapant la main d'Estelle de Chantauvent, Merrick Lorren commença à descendre en direction du lascar en quête d'aide...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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- « Tu as raison, je devrais plutôt voir un serveur et non une serveuse » fit-elle dans un sourire en coin « Comme ça il pourra savourer mon charme légendaire à défaut du tiens » souffle-t-elle dans un petit rire amusée « Tout le monde n’est pas aussi faible que moi en succombant à tes quelques charmes. »

Un instant oui, le temps d’une étreinte, d’une complicité et d’une panoplie de sentiments non feint le couple en construction s’oubliait, oui, il oubliait simplement que dans deux mois tout serait sans aucun doute terminé, que dans deux mois, ne pourrait-il plus se voir, plus jamais, à moins qu’un miracle auquel Estelle ne croyait plus depuis bien longtemps ne se mette en place. Large sourire sur les lèvres, regard pétillant et cette manière tendre de le regarder, la dame ne pouvait que savourer le battement de son cœur s’emportant dans cette danse qu’elle n’identifiait pas encore comme celle de l’amour, mais qui sait, qui sait, oui, peut-être finirait-elle pas comprendre que l’homme dont les doigts parcourraient sa taille était bien plus qu’un caprice, qu’une simple passade, qu’un simple besoin, le comprenait-elle déjà sans doute un peu.

Retombant sur ses pieds, lui offrant ce large sourire significatif, la dame n’avait pas dans l’idée d’évoquer la situation avec Merrick, pensait-elle naïvement être suffisamment forte pour soulever ce genre de montagne seule. Glissant sa main autour de son bras, la marche du duo avait fini par s’entamer de cette manière volontairement lente, l’une cherchant sans aucun à faire perdurer l’instant le plus longtemps possible, l’autre, cherchant un moyen de parler à celle qu’il pensait dans l’ignorance. Détaillant son environnement, les ruelles, la fraîcheur du moment et les quelques derniers passants qui se hâtaient à rentrer dans leur demeure sans attention restaient néanmoins plutôt concentrés sur son milicien. Elle s’était mise à rire, presque spontanément alors qu’il prenait cette mine faussement vexée, alors qu’il s’essayait à la menace et au chantage, attendri, sans aucun doute, peut-être un peu négligente vis-à-vis des capacités de Merrick à pouvoir l’impacter, elle répondit simplement :


- « Tu n’en serais pas capable Merrick pour deux raisons » fit-elle malicieusement « La première c’est que tu as promis de ne plus me faire de peine, serais-je attristée d’attendre sans savoir si va réellement venir ou non… » elle fit une petite pause, laissant ses lèvres s’étirer en coin « La seconde, c’est que tu serais encore plus impatient que moi de te retrouver, de ce fait, tu céderais à la tentation… »

Malgré des paroles douces, légères, la réalité n’avait de cesse de rattraper la rouquine, la réalité et la sensation que cette construction était inutile, qu’elle allait s’infliger seule bien des maux. Peut-être ne méritait-elle pas cet homme, peut-être que la trinité avait d’autres projets pour elle ? Comment pouvait-elle le deviner, on ne pouvait pas toujours fuir sa propre réalité et son passée. Se pinçant les lèvres, ses prunelles se perdirent sur le lointain, sur le bout de la rue passante qui n’était, à cette heure, pas si passante que ça. S’imaginait-elle dans cette même situation, avec un autre homme, quelqu’un qu’elle n’aimait pas et qui ne l’aimerait sans doute pas non plus. Son cœur se crispa, ralentissant frénétiquement, jusqu’à lui donner la sensation de s’émietter dans sa poitrine, c’était trop dur, beaucoup trop dur de porter seule ce secret, de réaliser que dans deux mois, quoi qu’il arrive, elle ne serait plus la dame de Chantauvent, elle n’aurait plus ce nom auquel elle tenait peut-être plus que de raison.

Revenant dans le moment présent, la tenancière n’avait pas pu s’empêcher de jouer la carte du masque, la carte de la facilité, faire ce qu’elle avait toujours fait ne pas trop dévoiler ses pensées. Mettant un petit coup à son amant, s’amusant à le bousculer un peu pour éviter de trop se bousculer elle-même dans le fruit de ses réflexions, elle n’avait pas pu s’empêcher de rouler des yeux à l’évocation d’un souvenir qu’elle aurait presque préféré oublier. Ses joues s’étaient mises à rosir, légèrement puis beaucoup plus intensément alors qu’elle revoyait le corps de Merrick dans son entièreté dans ses pensées.

- « J’espère que tu n’es pas encore en train de visualiser la scène Merrick Lorren, attention je peux encore te demander de fermer les yeux »

Cependant, pas grande chance que ça change quoi que ce soit cette fois, néanmoins le sourire en coin le pétillement au fond de ses yeux ne pouvait être que de très bon signe vis-à-vis de sa pensée véritable. La suite changea presque du tout au tout, adieu ambiance semi-insouciante, adieu besoin de préserver l’autre, adieu tout ce qu’il pouvait bien y avoir encore de positif. Un simple enchaînement de deux mots avait suffi à Estelle pour comprendre, comprendre que tout allait se terminer, que Merrick savait, qu’il allait partir et ce fut comme se poignarder soit même à plusieurs reprises. La dame c’était laissé emporter, sans rien dire, absolument pas le moindre mot, elle c’était appuyé contre le petit mur, avait laissé Merrick s’exprimer, conscience que c’était un point essentiel pour comprendre, pour essayer de contrer ce qui n’était pas contrable. La dame de Chantauvent écoutait attentivement l’homme d’armes, laissant son visage passer d’une couleur à l’autre, persuadée que la finalité n’allait être qu’autre que la fin de la relation.

Fut-elle surprise de ne pas le voir se dérober, de le voir rester, réellement et peut-être que dans le fond l’ensemble la toucha si profondément que son masque tomba entièrement, qu’elle n’avait plus envie de faire semblant, plus envie de lui cacher ses pensées, ses doutes, ses angoisses, peut-être que c’était ça le grand saut ? Peut-être oui, puisqu’après qu’il se soit exprimé, la rouquine avait fini par trouver le courage de mettre des mots sur ses maux, de parler, de manière un peu brouillonne, mais faisait-elle l’effort d’essayer. Les rôles furent alors échangés, alors qu’elle parlait, qu’elle osait se livrer, Merrick restait dans un silence qui l’angoissait autant que cela la rassurait. Si l’homme avait été en colère, il aurait explosé, si il avait été déçu, il le lui aurait dit aussi, alors, cette absence de parole était en quelque sorte plutôt agréable, pas si douloureuse que ça. Finalement, elle l’avait dit, oui elle l’avait dit qu’il n’était pas rien pour elle et si elle n’avait pas retenu les mots interdits dans le fond de sa gorge, aucun doute qu’elle lui aurait avoué qu’elle l’aimait, qu’elle voulait de lui comme époux, que c’était ça son plus grand souhait qu’elle était terrifiée à l’idée d’épouser un inconnu, de s’offrir à un inconnu, de porter l’enfant de quelqu’un qu’elle n’aimait pas. Mais non, elle n’y était pas parvenue, aucunement, par peur, par une plus grande peur encore, celle de le voir prendre la fuite, disparaître.

Droite devant lui, une main sur ses hanches, l’autre qui avait très envie de s’abandonner dans sa chevelure, sur son visage, sur ses lèvres, ce fut finalement regard dans regard que Merrick Lorren prenait doucement la parole. Il n'aimait pas Adrien, bon, c’était loin d’être une révélation pour la gérante de la chope sucrée, très loin même. Difficile de lui en vouloir vis-à-vis des circonstances. Il tenait à sa sœur, ça, c’était très plaisant à entendre et cela eut le mérite de lui tirer un large sourire. Il ne voyait pas pourquoi il disparaîtrait et là, ce fut une nouvelle fois toutes les barrières de la jeune femme qui cédèrent. Aucun doute que c’est à ce moment précis qu’une tout autre envie se glissa dans son esprit, aucun doute qu’elle sut que son unique regret au bout des deux mois allait être de ne pas avoir profité entièrement de son milicien, de ne pas avoir savouré la moindre parcelle de sa peau et de son être. Quand il reprit à son tour l’idée de relation, ce fut un nouveau sentiment doux amer, un début de quelque chose, une infime possibilité, un peut-être et un espoir durement acquis dans son esprit.

Main dans la main, le couple avait fini par reprendre la marche, généreuse, sagement, lentement, Estelle écoutait Merrick poursuivre, sans percevoir la fin de la phrase qu’il avait avalée entre ses dents. Fort heureusement pour lui d’ailleurs, parce qu’aucun doute que si avait imaginé sa famille aller à l’encontre de trois, lui aurait-elle passé un mini savon digne de ce nom. Haussant finalement les épaules, elle ne put retenir un petit pouffement, roulant une nouvelle fois des yeux –ce qui devait commencer à être une mauvaise habitude-

- « Tu oublie Bernard, Roger, le boulanger, Maurice, Gertrand et même Annette, oui, oui Annette, devrais-je débuter une liste, tu as raison » fit-elle amusée « Rassure toi, même en cumulant tous ceux qui ont eu la chance ou presque la chance de rencontrer Brigitte, je ne te dépasse toujours pas.. » détaillant le caillou qui avait roulé plus loin, elle ajouta «Il doit avoir mal à force.. Pense à ce pauvre petit caillou innocent, tu es devenu son tortionnaire, Merrick. »

Elle lui avait offert ce petit clin d’œil sincère, joueur, même si au fond d’elle, cette réalité avait le don de lui murmurer à quel point elle était inexpérimentée par rapport à lui. Son changement de sujet avec la pierre n’était pas anodin, avait-elle préféré bifurquer plutôt que de retourner dans un sujet de conversation qui ramènerait une certaine tension au sein du couple. Puis tout c’était bousculé, que ce soit dans son esprit, dans la conversation, Merrick avait parlé de sa compréhension de son frère, de sa non-acceptation du mariage, puis avait évoqué le fait que les deux futurs époux devaient être consentant et ce fut finalement cette simple phrase qui provoqua l’ultime déclic, si elle devait épouser un autre que lui, alors pouvait-elle au moins s’abandonner et tant pis si elle était mauvaise, tant pis si elle ne le satisfaisait pas la première fois, tant pis si elle se ridiculisait, si elle était maladroite, si elle ne parvenait pas à lui donner du plaisir. Si la première tentative était un échec, pourraient-ils recommencer, pourrait-il lui apprendre lui à bien faire, non ?

Ce fut d’abord des paroles, comme un espoir, comme rêve lointain, une idée de partir de s’installer au Labret, qu’il puisse l’enlever, avoir envie, juste en avoir envie et au même moment, alors que son menton à lui était venu se déposer sur le haut de son crâne, Estelle sut que cela ne lui importait pas. Que le futur était encore trop lointain, que le passé devait rester où il se trouvait et le présent bien trop important pour être oublié, laissant une main descendre au niveau de sa ceinture, s’attachant à une tâche qui semblait être toujours compliqué, ses lèvres étaient venues chercher les siennes, sa langue retrouver celle dont elle ne pouvait plus se passer et ce fut fiévreux, intense, presque immédiatement. Ce n’était pas dans un lit, ce n’était pas dans une demeure, c’était ici et maintenant, dans la rue, aux yeux des voisins, des passants qui oseraient s’aventurer jusqu’à eux et cela n’avait pas la moindre importance. Non, absolument aucun, elle voulait s’abandonner à lui, elle voulait sentir sa peau contre la sienne, elle voulait ne faire plus qu’un, soupirer d’aise sous ses coups de reins. Estelle de Chantauvent était faible, laissant rien qu’une fois ses idéaux de côtés, peut-être que dans le fond, elle ne le regretterait pas ?

Ce fut donc ce moment tendre, ces prémices des délices, cette porte ouverte vers l’interdit et cette main qui venait avouer à demi-mot, l’idée qui venait de naître dans le bas ventre de la tenancière. Le poussant délicatement jusqu’au muret, avec cette flamme nouvelle, ne pouvait-elle qu’être satisfaite de ne pas le voir résister, peut-être que finalement, le plaisir de moment serait supérieur à sa maladresse, à son inexpérience. Ce ne fut qu’une fois contre le mur, qu’une fois la ceinture défaite et sa main se glissant là où elle n’aurait jamais dû y aller, avant de s’arrêter dans sa progression alors qu’un raclement de gorge l’obligeait à se retirer, se reculer légèrement pour détailler le nouvel arrivant. Bouteille en main, visiblement chaleureux, l’homme ne semblait pas gêner le moins du monde de son irruption. C’était un peu différent pour Estelle, dont les joues s’empourpraient légèrement et qui ne pouvait s’empêcher de glisser une main dans celle de Merrick, cherchant à se rassurer, à être rassuré. Son désir était toujours présent, peut-être même plus maintenant qu’on l’avait empêché d’assouvir un besoin qui était devenu bien que réel.

Lorsque Merrick souligna qu’en effet l’homme venait de déranger le couple, Estelle ne put s’empêcher de venir doucement pincer l’intérieur de sa main. Inutile de rappeler qu’en dehors des liens du mariage, les deux jeunes gens allaient s’abandonner l’un à l’autre, en pleine rue, sans forcément faire attention à leur environnement. N’était-ce finalement pas sérieux, ne pouvait-elle qu’avoir légèrement honte de son agissement, ne comprenait elle-même pas forcement ce qui avait pu lui passer la tête. Regrettait-elle pour autant ? Là était la grande question, que les mouvements de son bas ventre ne pouvaient que contredire. Acceptant de venir en aide à l’inconnu, Estelle ne put répondre que d’un haussement d’épaules au regard de Merrick. Il était milicien après tout, c’était son rôle d’aider la population, non ?

- « C’est parfait en ce cas, je pourrais peut-être aider moi aussi ? »

Enroulant sa main autour du bras de Merrick, affichant un sourire qui se voulait rassurant la dame s’autorisa un brin de conversation, un peu maladroite avant de laisser le nommé Martin faire la conversation, expliquer qu’il venait d’obtenir la maison qu’il avait eu de la chance. Silencieuse, Estelle, parfaitement accrochée au bras de Merrick, n’écoutait plus vraiment tâchant de faire cesser ses envies que l’horrible et vil milicien avait provoquées chez elle –parce qu’il était coupable ET responsable, évidemment-. L’homme d’armes avait fini par se présenter et sentant certainement un regard, la rouquine ne put s’empêcher de faire de même.

- « Estelle, Estelle de Chantauvent, je suis la responsable de la chope sucrée, sur la place des pendus un peu plus haut. »

Peu de temps après l’homme évoquait l’arrivée à destination, ce qui fit quelque peu grincer des dents à la rousse. D’accord, une cave était forcément sous une maison, mais elle ne s’attendait pas à ça, enfin pas comme ça. Elle qui n’était pas peureuse pour un sou, s’imaginait néanmoins d’atroces choses, c’est qu’avec tout ce qu’on entendait de nos jours. Ce fut peut-être une pensée identique que Merrick dû obtenir, puisque naturellement, avant de se lancer dans la descente des marches le milicien questionnait l’interlocuteur devenu principal sur la source du problème.

- « Alors, vous avez eu de la chance, je ne connais pas d’homme plus fort que Merrick » souffla-t-elle en mettant un petit coup d’épaule discret, mais taquin à son milicien « Un meuble ne devrait pas l’effrayer et puis une fois ceci fait… »

Volontairement ou non, Merrick coupa Estelle dans sa lancée, en précisant que les deux jeunes gens allaient le suivre, descendant doucement les marches, toujours une main accrochée au bras de Merrick, Estelle ne put s’empêcher de lui murmurer :

- « Ça me fait penser aux histoires pour enfant tu sais, celle qu’on se raconte pour se faire peur juste avant de dormir… » elle lui avait offert un sourire, se retenant de venir l’embrasser de justesse. S’amusant de l’absence de vin, la dame osa une phrase qu’elle n’aurait jamais dit sans le trouble de ses émotions « Vous n’avez jamais eu envie de prendre des risques durant une première fois avec une dame, avouez que s’abandonner dans la cave d’un inconnu rapidement le temps qu’il monte récupérer une bouteille, c’est tentant, non-monsieur Lorren ? »

Son sourire amusé avait dû s’agrandir, oui, très fortement, sans aucun doute, jusqu’à ce qu’une fois en bas des marches, elle sentit le regard de Martin s’accentuer un peu sur sa silhouette et afficher ce petit regard qui voulait un peu trop en dire. Relâchant Merrick le temps de faire mine de refaire sa coiffure, signe un peu nerveux chez la dame, elle offrit un sourire parfaitement poli à l’interlocuteur du duo.

- « Par contre, j'ai du vin dans la cuisine ! » débuta-t-il dans un sourire en coin « Vous savez comment c'est, la cave réverbère et amplifie les sons, alors... Et puis, il faut bien avouer qu’il est fait beaucoup plus froid que dans une demeure, madame. » Alors elle comprit qu’il avait tout entendu « Ce n'est pas aussi bien que ce que l'on sert à la Chope Sucrée, mais il y a moyen d'en profiter après votre aide, monsieur Lorren ! Si madame veut encore bien patienter et me laisser avoir l’amabilité de votre présence »

Estelle dû lâcher un soupir en même temps que Merrick, avant de terminer de descendre les dernières marches, main dans la main, ce ne fut qu’un premier relent d’humidité qui vint déranger les narines, et si elle s’imaginait encore une minute en arrière, s’abandonner rapidement dans les bras de son milicien, l’idée venait de soudainement lui paraître bien éloignée. Retenant une grimace, elle dut plisser un peu les yeux, l’obscurité avait envahi le lieu et seules deux torches offraient un minimum de lumière, fallait-il même se courber un peu –Merrick beaucoup plus qu’Estelle qui le faisait plus par réflexe, mais qui dans le fond n’en avait pas beaucoup besoin-. Martin c’était arrêté en plein milieu du lieu, laissant le temps au jeune couple de détailler un peu le lieu et de trouver ses aises. Tout était fait de pierre, absolument tout, le sol, le plafond, tout était en rondeur, ce qui était plutôt rare, tout du moins dans l’esprit de la tenancière. Il n’y avait que très peu de meubles, hormis une table visiblement récemment poncée en plein milieu, et des meubles de rangement ? Difficile à dire et cette drôle d’odeur persistante qui ne semblait pas vouloir sans aller. La rousse n’avait pu retenir qu’une teinte de toux, signe que sa gorge s’était mise à la gratter un peu.

- « C’est fort charmant » tenta-t-elle néanmoins en manquant de cette étouffée
- « Vous ne mentez pas très bien, madame. Navrée pour l’odeur, je n’arrive pas à la faire partir, les caves vous savez ce que c’est, bon tenez, c’est ce meuble-là, et l’autre derrière et un à l’étage. »

D’un meuble on venait de passer à trois, ce qui ne manqua pas de faire tilter un peu la rousse qui avait dû effectuer une légère pression dans la main de Merrick, jetant un coup d’œil aux marches, elle ne parvenait pas à se positionner autrement que proche de l’ensemble, sans réellement savoir pourquoi, un long frisson était remonté le long de sa colonne vertébrale, ce qui la fit frissonner de manière bien visible cette fois.

- « Brbrbr, vous avez raison, il fait froid ici… Et puis, on y voit pas grand-chose, vous n’auriez pas des bougies ? »

L’homme roula des épaules ne semblant guère trouver un quelconque intérêt à cette question de bougie.

- « Bon vous m’aidez, plus vite c’est fait, plus vite vous pouvez repartir, non ? »

Martin, avait fini par faire signe à Merrick, l’invitant d’un signe de menton et de la main à prendre l’autre extrémité du meuble qu’il avait déjà commencé à soulever. Estelle ne son côté avait lâché sa main pour laisser l’homme réaliser la manœuvre, consciente de ne pas avoir suffisamment de force pour l’aider, ce fut un bruit étrange d’un liquide qui se renverse qui la fit sursauter et ramener son attention sur Merrick et Matin.

- « Rho merde » fit-il « C’est rien, c’est rien » s’empressa-t-il d’ajouter alors que le liquide du sceau se déversait au niveau des pieds du milicien qui ne devait pas voir grand-chose avec l’absence d’humidité « J’ai essayé de nettoyer pour enlever l’odeur, je l’avais oublié celui-là, bon on va poser un peu plus loin »

S’approchant d’un pas rapide Estelle récupéra l’objet qui s’était renversé, le déposant un peu plus loin avant de soulever ses jupons de sa main libre pour éviter de voir le tissu du bas de sa robe tremper.

- « Ne bougez pas, je vais récupérer de quoi éponger, je peux monter ? »
- « Oui, oui l’escalier là, premier porte, dans le meuble face à vous il devrait y avoir de quoi. »

Opinant, coulant un regard à Merrick, elle ne put que simplement lui offrir un sourire qui se voulait rassurant, de son côté, le pauvre milicien devait patauger dans un liquide un peu plus épais que la normale, devait-il y avait une sacré quantité de crasse pour ainsi troubler l’eau, qui sur le sol ne devait pas avoir une couleur particulière. Abandonnant les deux hommes, la dame ne put s’empêcher de se dépêcher, un peu nerveuse, frottant à plusieurs reprises la main qui lui avait permis de récupérer le sceau sur sa robe, visiblement gênée par la texture du liquide.

- « Bon, bon » fit-elle en poussant la porte qui la menait directement dans la pièce principale, son regard ne put qu’évidemment se porter sur l’énorme et imposante marmite qui reposait sur le feu, chauffant visiblement, se retenant de justesse d’assouvir sa curiosité vis-à-vis du contenant du repas.

Prenant une respiration, elle avait fini par se diriger directement vers le meuble en question, ouvrant certainement un peu trop brusquement l’ensemble, puisqu’à bocal en verre qui se trouvait tout en haut dégringola dans un fracas pas possible. Sursantant, elle ne put se retenir de faire porter sa voix, pour être certaine que les deux hommes l’entendent d’en bas :

- « Ce n’est rien, ce n’est rien tout va bien ! » hurla-t-elle « d’ailleurs, j’ai trouvé les chiffons, j’arrive ! »

-----
- « J’espère qu’elle n’est pas aussi maladroite dans tous les aspects de votre vie votre amie » tenta de plaisante l’homme en avisant Merrick tout en portant le meuble « Je suis navré, vraiment, d’avoir interrompu votre moment, mais c’est que trouver quelqu’un à cette heure-là ce n’est pas courant… » grommelant de douleur vis-à-vis du mouvement il poursuivit « Tenez, on va le poser là celui-là »

Le meuble fut déplacé, puis déposé proche des escaliers, soit à l’opposé de sa position initiale. Martin avait déjà le visage en sueur, dégoulinant, alors qu’il essuyait son front d’un revers de manche. Se grattant la gorge, cherchait-il à faire la conversation, puisqu’il avait la sensation que l’homme face à lui était méfiant, voir si la réserve.

- « Ma femme est morte y a de ça un an, foutue fange, j’vous le dis-moi. Ça me fait drôle d’voir une bonne femme s’inquiéter du ménage » rajouta-t-il en haussant les épaules « Enfin, elle doit avoir du goût, les femmes actives ça a toujours du goût, les miliciens aussi. Vous êtes ensemble depuis longtemps ? »

D’un signe de tête, il venait de lui montrer l’autre meuble, signe qu’il avait bien dans l’idée de terminer vite le déplacement et le rangement, il avait glissé sur un élément sur le sol, qui visiblement se trouvait dans le saut qui était tombé, mais se dépêcha vite d’ignorer l’instant, mettant un coup de pied dedans pour éloigner ce qui avait dû –si Merrick avait eu le temps de le voir- à un doigt, du moins en apparence.

- « Allez, on a presque fini, encore un et après je vous libère vous et votre charmante femme. M’enfin, vraiment j’insiste, vous ne voulez pas boire un coup, c’est la moindre des choses quand même ! »

-----

Attrapant l’ensemble des tissus qu’elle glissa sous un bras, elle ne put s’empêcher de se pencher pour récupérer les débris de verre ne manquant pas évidemment de se piquer le doigt qui se mit immédiatement à perler.

- « Aie.. mince.. »
- « Est-ce que ça va ? » sursautant immédiatement elle détailla l’individu qui se trouvait face à elle et qu’elle ne connaissait pas.
- « Oui, oui, je venais juste… Prendre des chiffons pour… »
- « Mon frère. »
- « Votre frère.. » répéta-t-elle en regardant le bas des marches menant à la cave.

L’homme resta immobile, la détaillant un long, si bien qu’elle se sentit d’ajouter :

- « Mon mari aide votre frère, je vais rapporter l’ensemble et comme vous êtes rentrés… Je suppose que votre frère n’aura plus besoin de nous.. »
- « Oh, mais vous ne dérangez pas, c’est un toujours un régal d’avoir des invités.»

Mh. Elle se pinça les lèvres, contourna soigneusement la table pour rapidement dévaler les escaliers et rejoindre le duo qui devait attaquer le deuxième meuble.

- « Merrick ! » fit-elle brusquement en arrivant en bas, avisant le regard certainement surpris du principal intéressé avant d’aviser Martin « Martin… j’ai, j’ai trouvé les chiffons » fit-elle en secouant l’ensemble.

Quelque chose la mettait profondément mal à l’aise, sans qu’elle n’identifie clairement quoi, il y avait dans cette maison une ambiance déplaisante, à moins que ce ne soit son esprit d’enfant qui se réveillait aux horreurs que pouvaient lui raconter son frère petite. Adrien, même ici, il venait chambouler son esprit.

- « Pendant que vous terminez, je vais éponger tout ça. »
- « Ne vous sentez pas obligé » rétorqua immédiatement l’homme en avisant le tissu blanc
- « Ça me fait plaisir, et puis je ne supporte pas de rien faire. »

L’homme n’avait pas semblé être ravi de l’ensemble, enfin, Estelle ne s’en offusqua pas, pensant naïvement qu’il devait être gêné qu’une autre femme intervienne ainsi dans l’entretien de sa maison. Lâchant l’ensemble des tissus sur le sol, elle releva les yeux vers Martin.

- « J’ai croisé votre frère et. »
- « Je n’ai pas de frère. »
- « Mais… » fit-elle en dévisageant l’homme un instant « A l’étage » rajouta-t-elle « Il vient de rentrer. »
- « Oooh ah oui, non, ce n’est pas mon frère, c’est un vieil ami, on a l’habitude de se présenter comme deux frères ! »
- « Je vois… Vous avez bientôt terminé, du coup, peut-être qu’on va pouvoir vous laisser terminer, pour le dernier meuble j’entends, je suis navrée, j’ai un mal de tête atroce… » tenta-t-elle subtilement

Avisant les différents tissus, les yeux de la rousse durent s’écarquiller une fraction de seconde, une seule, avant qu’elle ne retrouve un masque absolument parfait. Écartant les différents tissus blancs, qui n’était plus blanc, mais d’une teinte un peu rose, elle s’était mise à déglutir, détaillant soudainement Merrick, elle avait désormais la certitude que quelque chose n’allait pas, vraiment pas.

- « Ce n’est pas trop lourd, je peux aider ? » questionna-t-elle pour essayer d’attirer l’attention du milicien « Vous savez j’ai un frère moi aussi, nous sommes en très bonne entente, d’ailleurs Merrick l’apprécie beaucoup aussi, je ne pourrais pas me passer de lui, cela doit être la même chose pour le vôtre, non ? »

Cette fois-ci, si Merrick ne réagissait pas, elle ne savait pas ce qu’elle pouvait faire d’autre. Il fallait qu’il regarde le tissu, il le fallait, soit elle se faisait des idées, soit il fallait partir. Parce qu’entre le frère qui n’a pas de frère, l’étrange odeur, la texture étrange du liquide et ce même liquide qui prend une teinte rose/rouge en contact avec le tissu. Soit elle perdait définitivement la raison, soit le couple venait de rentrer dans la maison de l’horreur.



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 2 EmptyJeu 25 Avr 2019 - 22:35
Aussi étonnant que cela puisse être, aussi bien pour Merrick Lorren que pour Estelle de Chantauvent, la conversation qui s'articula autour de la date butoir ne fut pas vécut dans une profonde affliction, ou bien dans un accablement des plus globaux et totaux. Oui, le chamboulement qu'allait opérer cette finalité, et la connaissance dudit événement n'avaient rien pour les rassurer. De fait, l'un comme l'autre ne savait pas encore où ni comment tout cela allait se terminer. Or, bien que l'indécision règne en maître sur leur relation présente, à venir, et en devenir, le duo avait semblé accepter de vivre et de partager leur temps jusqu'aux termes de ces deux mois qui leur étaient offerts. Était-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Dur à dire. Potentiellement que la fin n'en serait que plus ardue et abrupte, que plus douloureuse et souffrante. Mais, en cette heure et en cet instant, l'homme d'armes était heureux de pouvoir continuer à partager, ne serait-ce qu'un instant avec la dame de Chantauvent. Et puis, durant cette période tout pouvait arriver. Était-il si incongru et inconvenant de présager que Merrick Lorren pourrait accepter l'idée du mariage ?

Leur marche avait enfin repris. L'unique différence qui régnait désormais entre eux, depuis la fin de la conversation houleuse, était que leur promiscuité n'en était que renforcée. Alors que précédemment ils s'en tenaient à une bienséance aussi guillerette qu'exemplaire, tandis qu'Estelle s'agrippait à son bras, le duo entrelaçait désormais leurs doigts. De retour dans un champ de discussion plus large et plus libre, éloigné des apprêtés et des affres des mots, le milicien et sa tenancière se laissèrent naturellement tomber dans les propos amusés et joueurs. Ainsi, la conversation s'articula autour des conquêtes et de l'attirance envers autrui. En proférant son plaidoyer, sa défense qu'il se devait d'avoir bien rodé et inexpugnable, devant la jeune femme, Lorren se rendit compte que sa partenaire attirait aussi les attentions d'une pléthore hommes. L'unique différence était qu'elle ne cherchait pas ce genre de plaisir hédonisme, tandis que lui, le coureur de jupons, l'avait pourchassé sans relâche avant de rencontrer sa tenancière. Aussi puérilement que cela pouvait l'être, une pointe de jalousie le vrilla devant pareil attrait de la gent masculine envers la dame de Chantauvent.

-'' C'est ça, c'est ça !'' Ne fit-il qu'offrir, tout d'abord, en guise de réponse à la liste dressée par la rouquine. ''Il faudrait que je me méfie aussi des femmes ?'' Demanda-t-il, un peu plus amusé par la finalité de la sentence, et par la présence d'une prétendue Annette. Lorsqu'Estelle mentionna qu'elle ne le dépassait toujours pas, Merrick resta silencieux, se contentant de hocher une fois de la tête, d'un geste excessivement lent, mais prononcé.

Elle avait raison. Comme souvent et généralement d'ailleurs, bien qu'il ne lui avouerait pas de si tôt. L'ivrogne n'avait que peu de raison d'être jaloux, en comparaison à la masse grandiloquente de conquêtes qu'il s'était évertué à conquérir avec plus ou moins de réussite. En outre, lui, le beau salopard, avait déployé des montagnes d'effort pour s'abrutir dans le réconfort et le délice du désir charnel. La dame de Chantauvent n'avait jamais poussé l'audace ou l'outrage à rechercher, ne serait-ce qu'un rapprochement avec l'un de ces quidams ou badauds. Dès lors, qui était-il pour être mordue amèrement par la jalousie de l'instant ? Personne. Pour autant, bien qu'il essaye de relativiser les choses, cela restait tout de même fâcheux dans son esprit.

Surpris par les mots de la rousse, qui lui firent sortir de la torpeur de sa réflexion, l'homme d'armes manqua le coup de pied suivant en direction de la roche qu'il s'évertuait à traîner depuis quelque temps. ''Ah, bravo !'' Tenta-t-il, en essayant de présenter une allure courroucée. Mais, ne restant guère engoncé dans son rôle d'irrité bien longtemps, incapable de jouer la carte du déplaisir alors que le moment s'articulait plutôt en direction du plaisir, Lorren dirigea ses paroles vers le sérieux du moment, vers le potentiel d'un avenir, d'un futur à deux. C'est à cet instant que les digues du désir furent rompues à nouveau. D'ailleurs, cette fois-ci, il n'en était pas l'instigateur. C'était de son propre fait, de son plein gré, et probablement de la faiblesse du moment, qu'Estelle de Chantauvent vint lui faire miroiter des promesses, de par ses gestes empreints de sous-entendus qui n'étaient guère chastes. Merrick était loin de s'en formaliser. De fait, le brasier de la tentation brûlait assez férocement pour le faire ressentir une bouffée de chaleur outrancière.

La fièvre du désir ne gagna aucunement en intensité. Elle était déjà à son point culminant, au comble de l'attraction et au paroxysme de l'attirance. Les vêtements étaient une barrière trop importante, qui ne résisterait guère bien longtemps aux déversements combinés des forces du duo. Car tous deux s'en allaient dans la même direction, appâter par les mêmes promesse et délice que livrait l'idéal de l'osmose qui pourrait les unir. Merrick Lorren avait dit qu'il attendrait son accord parfait et verbal ? En cet instant, il s'en passerait, n'y pensant plus, réalisant que les gestes de la Chantauvent étaient assez explicites pour ne pas avoir besoin de la questionner. Se laissant repousser jusqu'au muret, capturant sa tenancière de ses bras, ses mains partir se perdre sur le galbe prometteur de sa silhouette. L'une d'elles dans le creux des reins et l'autre dans le dos. Ses doigts s'agitaient sans pour autant se risquer en des zones moins chaste et plus érogène. Du moins, pour le moment... Les vêtements se froissaient, et lentement mais sûrement, de ses griffes, le milicien relevait la robe de sa proie.

Probablement qu'ils auraient dû réfléchir et réaliser que ce n'était pas le meilleur endroit pour s'adonner à ce genre de pratique. Or, Merrick se retenait et se réfrénait depuis trop longtemps. La moindre porte ouverte allant en direction de l'ébat charnel, le moindre interstice qu'elle lui offrait, était accaparée par Lorren sans retenue ni réflexion profonde. Ses sens le guidaient trop fortement pour qu'il laisse s'éclipser la fugacité de l'instant. Dès lors, même si elle lui avait proposé de rentrer à la Chope avant, il n'aurait probablement pas réussi à se contenir jusque là. C'était un besoin aussi impératif qu'impérieux, qui ne voulait plus souffrir d'aucune attente, qui ne pouvait plus être réfréné. Du moins, le croyait-il. Car d'un raclement de gorge, l'instant de béatitude s'éclipsa pour que la réalité revienne prendre le contrôle de l'échange au triple galop...

Accaparant de sa poigne les doigts d'Estelle qui était venu retrouver les siens, le milicien coula un regard désabusé, froid et distant envers le désagrément que représentait l'inopportun. De fait, emballé et enfiévré par leurs agissements respectifs, Merrick n'avait pas réellement conscience d'être le fautif. En effet, le quadragénaire était dans son bon droit d'interpeller des gens devant chez lui, encore plus alors que ceux-ci étaient sur le point de s'abandonner dans les bras de l'un et l'autre. Loin d'être frappé d'une quelconque gêne, trop loin dans le besoin de continuer et faire perdurer l'échange avec sa tenancière, l'ivrogne se contenta de faire remarquer le dérangement que suscitait le nouvel arrivant. Ce dernier ne s'en formalisa guère, continuant sur sa lancée et quémandant une quelconque aide. Lorren fut tenté de le lui refuser, en proie à une amertume puérile envers l'incongru personnage. Or, Estelle fit preuve d'une plus grande civilité, respectant en toute logique le devoir de milicien qui était imputé à Merrick. Dès lors, le duo suivit les mouvements du prénommé Martin, partant en direction de la cave et de l'aide promis par la rousse.

Une fois les présentations formellement commuées, le trio arriva sur les lieux. En l'occurrence, un escalier extérieur, à l'arrière d'une demeure vétuste, qui s'enfonçait dans les méandres de la terre. En clair, un décor charmant et idyllique pour une scène de meurtre... Ce fut ce genre de pensée qui traversa l'esprit du couard de milicien. De plus, il ne fut pas le seul à être mordu par une hésitation, à être en proie au doute. Même la dame de Chantauvent semblait tergiverser quant à la marche à suivre. En quête de réponse plus approfondie, Lorren ne put convenir qu'il leur était impossible de refuser désormais qu'ils étaient arrivés jusque là. Et puis, il n'allait pas s'enfuir pour si peu qu'une cave !... non ? Acceptant enfin de commencer la descente, Merrick roula des yeux avec un sourire espiègle lorsque la jeune femme mentionna son impressionnante force. Loin de se formaliser de cette petite boutade, l'homme d'armes préféra tout de même couper la suite de sa tirade. Après tout, l'ivrogne ne voulait aucunement s'attarder ici. Une fois ceci fait, il espérait pouvoir reprendre où il en avait terminé... '' Une fois ceci fait, nous repartirons. Nous avons un emploi du temps chargé.'' Termina-t-il en offrant un sourire ''carnassier'' et joueur à sa proie.

Cette élocution avait de quoi faire réagir Martin. Après tout, le duo ne devait pas être très occupé, tandis qu'il batifolait quasiment sur le pas de sa porte. Or, se dernier hocha la tête évasivement, comme si cela ne l'intéressait guère, avant de commencer et de parachever sa descente. Décidément, ce meuble devait véritablement être une épine dans son pied pour qu'il cherche à y circonvenir aussi rapidement ! Pensa l'idiot de Merrick Lorren... ''Tu...tu trouves ?'' Demanda-t-il un brin craintif lorsqu'elle lui mentionna que cela lui faisait penser aux histoires cauchemardesques de l'enfance. Puis, tentant de se reprendre en voyant le sourire attendri de sa partenaire, le jeune homme se racla la gorge et s'ébroua. '' Tout devrait bien aller.'' Dit-il, à la fois pour s'en assurer lui-même et meubler le silence. '' Après tout, je n'ai pas spécialement peur du noir, alors...'' Termina-t-il avec une pointe d'amusement devant ce fait avéré. Or, le couard de Lorren avait une pléthore d'autres craintes. Cette bravoure face aux ténèbres ne rachetait pas la faiblesse inhérente des autres peurs.

C'était approximativement la seconde fois qu'Estelle de Chantauvent joua cette carte. Celle de l'ébat dans un lieu incongru et guère imaginé pour ce genre d'activité. La première fois avait été surprenante et lui avait littéralement enlevé les mots de la bouche, incapable de trouver une répartie intelligente à ce cul-de-sac intellectuel dans lequel elle l'avait poussé. Cela avait été au retour de leur livraison de nourriture, lors de la première nuit de leur rencontre. Cette fois-ci, les choses avaient bien évolué. De fait, le sous-entendu ne pouvait en être que plus véridique et véritable, tandis que la tentation avait gagné en importance et en force depuis le temps. Or, l'homme d'armes n'était pas dupe. La prude Estelle ne se risquerait jamais à ce genre de manœuvre ici-bas. Elle se jouait de lui...non ? De plus, un détail avait évolué depuis la dernière fois qu'elle avait opéré ce genre d'attaque. Le fieffé ivrogne avait eu le temps de mûrir une savante répartie, pour ne plus être pris à contrepied dans ce genre de discussion...

-''Est-ce à nouveau une invitation en bonne et due forme, mademoiselle de Chantauvent ? Décidément, je vais commencer à croire que c'est l'un de vos fantasmes de vous abandonner dans des lieux insolites. La première fois, la proposition dans la ruelle à notre rencontre...'' Commença-t-il en levant un doigt à chaque énumération. '' La troisième fois, ici, maintenant, et la deuxième...'' Termina-t-il en se penchant pour murmurer dans un souffle de voix au creux de son oreille. '' Il y a de cela quelques instants devant la maison de Martin. Si j'ai bien compris ton nom verbal, c'était une invitation en bonne et due forme, non, Estelle ?...'' La lueur dans ses yeux ne mentait pas sur son propre désir, sur l'impact et les contrecoups que ce dernier lui véhiculait.

La réponse fusa en sa direction. Or, loin d'être instigué par la rouquine, ce fut plutôt le propriétaire des lieux qui creva le silence. Décidément, c'était la seconde fois que ce salopard les dérangeait au meilleur instant ! L'inimitié envers Martin n'en était que plus croissante pour Merrick... Le soupir qu'ils poussèrent tous deux, simultanément, démontrait bien leur manque de motivation à la tâche et l'effort que demandait cette main tendue. ''Ce ne sera pas nécessaire, Martin.'' Proféra un Lorren désillusionné et dérangé par le principal concerné. Il ne voulait pas de vin, mais seulement s'éclipser de cet endroit. Le plus rapidement possible.

Descendant et découvrant la salle chichement éclairée, Merrick ne laissa courir qu'un regard désintéressé sur l'ensemble. Baillant, attendant la suite qui ne s'aurait tarder, le flegmatique homme d'armes ne put empêcher un petit rire sarcastique de se faire entendre, lorsque la jeune femme présenta la cave comme ''charmante''. Martin ne fut pas plus leurré par le mensonge, excusant la tenancière sans plus s'épancher sur le sujet, si ce n'est pour souligner et se faire pardonner de la drôle d'odeur.

Cette tirade fit froncer les sourcils à Merrick. C'est vrai que l'endroit avait une senteur bien particulière... d'ailleurs, il la connaissait. Mais, quelle était-elle déjà ? Il n'arrivait pas à mettre un nom dessus, la définir et la retrouver. Qu'importe. Il n'escomptait pas, et ne comptait pas, rester assez longtemps pour réfléchir et découvrir celle-ci. Déplacer un meuble et s'en aller. C'était ça le plan. ''Vous plaisantez ? Nous passons d'un meuble à trois ?!'' Demanda-t-il grognon. De fait, Lorren n'était pas particulièrement nerveux de la hausse de travail. Simplement paresseux et désabusé de l'augmentation d'effort à faire. ''N'en demandez pas trop Martin...'' Termina-t-il, non pas comme une menace, mais plutôt enfermé et engoncé dans un ras-le-bol plus que conséquent. La légère pression dans sa main de la part de la jeune femme fut perçue comme l'accord de ses mots. Pas comme une mise en garde.

-''En effet. Faisons vite.'' Répondit le milicien, commençant réellement à honnir et calomnier intérieurement le quarantenaire. Celui-ci commençait à manquer de respect à Estelle, ne faisant même pas l'effort de lui répondre. Ce devait probablement être parce qu'il n'appréciait pas le manque d'effort et de zèle de Merrick à la tâche, pensa encore faussement l'homme d'armes un peu idiot en cette heure. Toujours est-il que ce non-dit véhiculé en plein visage de celle qui comptait à ses yeux ne fit que raffermir sa mauvaise humeur. S'il aurait eu un peu plus de courage, il lui aurait faire remarqué ses manières, partant sans offrir le support et l'appui promis. Toutefois, c'est sans plus un mot et sans rechigner plus que nécessaire, que Lorren s'évertua à soulever la table pour la déplacer là ou Martin le désirait. Or, la manœuvre fit chuter un sceau qui déversa son liquide au pied du jeune homme.

Grognant, écoutant les paroles de Martin Merrick prit la parole. ''J'espère que ça ne tâche pas !'' Dit-il sans lâcher la table, tentant d'esquiver la marée qui se dispersait et se déversait à ses pieds. ''Mes bottes...'' Murmura-t-il contrit, tandis qu'il venait de les cirer pas plus tard qu’hier pour le repas avec la dame de Chantauvent. ''Dite, ça ne tâche pas, hein ? Hein ?!''

-''Non,non. Ne vous inquiétez donc pas !'' Réajusta rapidement Martin.

Murmurant des insanités dans sa barbe, Lorren termina de déposer la table là où le propriétaire des lieux le lui demanda. À cet instant, Estelle proposa d'aller chercher quelque chose pour essuyer le dégât. Ouvrant la bouche pour la retenir, toujours indécis et en proie à une pointe de frayeur de la laisser aller seule, Merrick se retint. Il avait déjà assez l'air d'un couard... pas besoin d'en rajouter ! Il répondit à son sourire de la même manière, bien que le sien soit hésitant. Attendant sagement son retour, sortant de la marre d'eau croupie qui était ma foi assez épaisse, l'ivrogne alla se positionner prêt de l'escalier que venait de grimper sa tenancière. Croisant les bras et attendant la suite, il ne fit pas le moindre effort pour déployer un semblant de conversation entre lui et Martin. Il ne le regardait même pas. D'ailleurs, peut-être que Lorren aurait dû, prêter attention au curieux personnage. Car après tout, ce dernier semblait fermement concentré sur l'épée qui battait le flanc du milicien... Puis, un cri d'Estelle lui souffla un vent de panique sur le cœur. D'un bond, il gravissait la première marche, stoppé par la réponse de la jeune femme à la chevelure de feu qui assurait que tout allait bien.

Soupirant de soulagement, fermant les yeux durant quelques instants, le cœur encore en proie à un débattement loin d'être anodin, la manœuvre reprit en direction d'un second meuble quelconque. Soupirant, mais se dépêchant à s'activer, le jeune homme ignora, durant tout le long, la prise de parole de Martin. Or, il ne put rester cloîtré dans son mutisme plus longtemps, alors que les premiers mots de son vis-à-vis l'horripilaient '' Arrêtez de vous en prendre à elle.'' Dit-il excessivement rapidement, comme si la tirade du plus âgé avait été réellement nocive et vile à l'encontre de sa tenancière. ''Je ne l'accepterais pas.'' Puis enfin, sans le moindre sourire: ''Finissons-en''.

-''En effet, finissons-en...''

C'est sur ses mots que la propriétaire de la Chope Sucrée refit son apparition en descendant l'escalier et en énonçant son nom. ''...Estelle ?'' Demanda-t-il, quelque peu interloqué. ''Tout va bien ? Pourquoi as-tu crié ?'' Demanda-t-il en continuant à soulever le lourd coffre qu'était le second meuble. '' Il n'est pas léger, celui-là !'' Proféra-t-il en grimaçant. Puis, lorsqu'elle mentionna qu'elle allait éponger le déversement au sol, Martin lui mentionna qu'elle n'était pas obligée. D'une façon plutôt abrupte, pour Merrick Lorren...''En effet, tu ne devrais pas te sentir obligé.'' S'obstina un milicien en proie à un faible relent de rage à l'encontre du quidam de quarante ans. Encore une fois, à ses yeux, Martin manquait de respect à Estelle.

La suite de la conversation, se jouant entre les deux autres personnes en présence et sans son apport, s'articula autour de la présence d'un frère inexistant, puis d'un bon ami qui se présentait aux inconnus comme un membre de la même famille que Martin. Ricanant puérilement, Lorren ne souleva pas l'incongruité du plaidoyer, se gaussant simplement de la stupidité de ce genre d'explication et de cette façon d'agir. S'il avait été un peu plus empreint d'une quelconque sagacité, potentiellement et possiblement qu'il aurait été l'heure de sentir le trouble qui planait et régnait en ce lieu. Mais comme une fois n'est pas coutume, Merrick resta aussi aveugle que sourd aux différents signaux d'alarme que sa conscience lui envoyait.

-''Si vous n'êtes plus seul, vous pourrez très bien finir avec votre ami.'' Ponctua simplement Lorren, qui déployait toujours l'effort nécessaire au déplacement du lourd coffre. Sa tirade fut ponctuée d'un hochement de tête convaincu, qui ne souffrait d'aucune contestation. ''Tu vas bien ?'' Répéta Merrick en jetant un regard en coin à la dame de Chantauvent, incapable de réellement prendre le pouls de son malaise et de son mal-être, ne comprenant pas que c'était une tentative pour s'esquiver sans demander leur reste. ''Non ça va. Ne fais pas trop d'effort avec ton mal de tête.'' Continua naïvement Lorren en refusant l'aide de la rouquine. Puis enfin, le transport de la cargaison se termina sur des paroles ô combien incongrues de la part de sa partenaire. Fronçant les sourcils, grognant en s'étirant le dos, Merrick croisa son regard, interdit et indécis devant ce flot d'ineptie.

-''...Que.'' Était-ce à cause de l'instance de la jeune femme, ou bien tout simplement parce que son regard était allé se perdre sur les morceaux de tissu ? Qu'importe. Toujours est-il que Lorren remarqua la drôle de coloration qui imprégnait dorénavant les fibres des chiffons qui avaient été d'un blanc nacré précédemment. En outre, son regard retrouvait une certaine acuité, tandis que ses pupilles s'habituaient à la noirceur, digne d'un tombeau, qui régnait sur les lieux. De fait, la mare d'eau croupie dans laquelle il avait mis les pieds semblait être très sombre, trop pour n'être qu'une eau sale et usée. Et puis celle-ci semblait collante et gluante. Se pouvait-il que ce soit... du sang ? Cela expliquerait peut-être l'odeur, qui fleuretait avec les effluves d'un alcool fort, d'un tord-boyaux à même d'effacer toute trace d'une macabre forfanterie... Par la Trinité, où le duo avait-il mis les pieds ?! ''...Oui. Je, heu.. Adore Adrien de Miratour. D'ailleurs, c'est dernier nous à donné rendez-vous devant votre demeure. Il doit arriver d'un instant à l'autre...''

-''Ah bon ? Pourtant, vous ne sembliez pas être prêt à recevoir la visite d'une quelconque personne, au vu de vos...activités.'' Le ton de Martin était plus bas, plus affirmé et moins hésitant.

Se mouvant lentement en direction d'Estelle de Chantauvent, Merrick Lorren avait blêmit, gardant face à lui le possible et potentiel psychopathe. Ce faisant, il fit une drôle de manœuvre qui lui fit décrire un arc de cercle. La main sur la garde de sa lame, cherchant à laisser paraître qu'il ne faisait que s'appuyer sur celle-ci, l'homme d'armes se rangea au côté de sa tenancière. '' Elle venait d'accepter ma demande en mariage. Vous savez ce que c'est, vous qui avez déjà été marié. La profonde joie de l'instant, l'ardeur d'une promesse devant les trois...'' Poursuivit-il en haussant les épaules.

Martin hocha lentement la tête, avant de retrouver sa mine affable. Le croyait-il, ou se doutait-il que le duo avait perçu quelque chose ? Si tel était le cas, ils étaient dans de mauvais draps... Oui, Lorren avait l'avantage de l'acier, tandis que le possible opposant ne semblait pas équiper pour une quelconque rixe. Or, cette confiance outrancière chez le quadragénaire le faisait hésiter. Était-ce lui qui réfléchissait trop, porté par une frayeur qui n'était plus inventée, ou était-ce simplement parce que le lascar avait un atout caché dans sa manche ? '' Je comprends, je comprends. Et puis, c'est normal lorsque l'on n’est pas aussi âgé que moi. L'ardeur de la jeunesse, comme on dit ! D'ailleurs, quel âge avec vous ? Avec une peau aussi ferme et des chairs si peu flasques, vous ne devez pas avoir plus de la trentaine...'' C'était étrange. De plus en plus étrange... Merrick ne répondit pas le moins du monde, cherchant à comprendre et définir ce que signifiait cette prise de parole.

-''Nous y allons.''

-''Faites donc, faites donc...''

Sans plus attendre, le milicien attrapa de sa main droite les doigts de sa tenancière, conservant sa main gauche libre s'il avait besoin de tirer sa lame au clair. Restant face au mécréant, Se retournant qu'une fois le talon sur l'escalier leur permettant de regagner l'air libre et de sortir de la cave, Merrick Lorren gravit la première marche, avant de s'arrêter. De fait, un bruit sourd en provenance de l'ouverture vers laquelle ils gravissaient se fit entendre. La porte extérieure venait de se refermer lourdement, alors que les battants tombaient sur le cadre en pierre de l'entrée extérieur. Le choc ébranla durant quelques instants le petit caveau et l'appel d'air qui se produisit éteignit les deux torches qui offraient une chiche lumière diaphane et diffuse sur les lieux.

-''Mince... Le vent s'amuse souvent à fermer les battants, navré. En plus les gonds rouillés ne permettent pas de l'ouvrir à partir de l'intérieur. Il faudra donc que vous sortiez par en haut. Avancez prudemment, dans le noir. Je vous attendrais au rez-de-chaussée...'' le grincement familier d'un escalier ployant sous le poids d'une masse humaine se répercuta à leur oreille, jusqu'à ne plus se faire entendre. Pour le moment, le duo était seul, enfermé dans un sous-sol dont l'unique sortie était potentiellement gardée par deux tueurs, ou pire...

Serrant plus fermement qu'il n'aurait dû la main d'Estelle de Chantauvent, il tenta de croiser son regard. S'était bien la seule chose qu'il pouvait apercevoir dans cette noirceur d'outre-tombe; ses iris gris-bleu. Cette obscurité était un camouflage parfait à la frayeur qui accaparait ses traits. Était-ce réellement un guet-apens qui les attendait en haut ? Se passant une langue sur les lèvres, il formula ses sombres élucubrations, murmurant pour ne pas être entendues par un potentiel psychopathe. '' J'ai un très mauvais pressentiment, Estelle...'' Sa main libre alla se perdre dans sa chevelure par trois fois. '' En montant en haut, aurais-tu vu où se situait la sortie ? La maison me semble assez labyrinthique...''

Merrick Lorren ne voulait pas l'inquiéter, mais il fallait se faire à l'évidence. Le couple était probablement tombé dans un piège. Dès lors, devait-il prendre les mesures nécessaires pour assurer leurs survies. Après tout, c'était lui le milicien, le combattant et le guerrier des deux ! Or, arriverait-il, complètement seul, à leur frayer un chemin en passant sur le corps de deux hommes si nécessaire ? Il était en proie à la terreur, encore plus tandis qu'ils n'avaient aucune échappatoire. Lorren essayait pourtant de se contrôler au mieux, de ne pas laisser paraître ou transparaître son mauvais sentiment, son pressentiment sombre et chaotique.

-''Tiens, au cas où.''
Termina-t-il en dégainant sa dague et la tendant pommeau vers le haut. ''Le bout pointu en avant.'' Tenta-t-il maladroitement. ''Reste derrière moi. Ce n'est peut-être qu'un malentendu...'' Essaya-t-il de se forcer à croire.
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