Marbrume


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 [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyMer 15 Mai 2019 - 6:55
Est-ce que l’infamie d’un être peut avoir ses limites ? Est-il juste de penser qu’au moment ou un individu sombre dans les atrocités de ses actes, une déchéance s’enclenche sans qu’un retour en arrière ne soit possible ? Est-ce que les stigmates des monstruosités commises lui collent à la peau à tout jamais, le vouant indubitablement à rester la crapule qu’il est, le félon et le parjure qu’il est devenu ? Si tel est le cas, la rédemption ne serait qu’un mythe. L’absolution ne serait qu’un mirage, tandis que l’abject personnage vogue sur une mer de tourment, alors que son frêle esquif se trouve n’être qu’un masque de paraître et de faux-semblant. Car derrière cette façade d’honnête homme qu’il dresse, le démon est tapi, attendant son heure.

En ce jour, c’est ce que Merrick Lorren découvrit. Les monstres n’étaient pas simplement et seulement situés à l’extérieur des murs de la cité. Bon nombre avaient déjà franchi les fortifications de Marbrume, se cachant parmi eux, attendant leur heure pour frapper et condamner, pour assouvir l’ignominie de leur désir mortel et morbide. Loin de se cacher dans les recoins sombres du dernier bastion humain, et de s’isoler de toute présence humaine, ces êtres abjects se trouvaient sur la place publique, déambulant au grand jour et au grès de la truculence de leur malveillance. Martin et Adrien en étaient la preuve irréfutable. Ce pouvait-il, qu’à trop se concentrer et se consacrer à la lutte contre la fange, on oubliait les propres démons de son espèce, la lie de l’humanité qui formait une pléthore aussi malveillante que les créatures d’au dehors ?

Car le milicien n’était vrillé d’aucun doute ou d’aucune hésitation. Adrien de Miratour était aussi dangereux que Martin, aussi “meurtrier” que la fange. Peut-être était-ce une exagération et une aberration fomentée et mise en avant par la faiblesse de son esprit de couard. Toutefois, le doute n’était plus permis. De fait, il était possible qu’à trop tergiverser, l’homme d’armes puisse se retrouver damné et condamné, mourant et moribond. Son esprit lui avait insufflé le sentiment que l’aîné d’Estelle de Chantauvent était le coupable de la disparition de son époux. Il n’avait aucune preuve, si ce n’est les liens de Miratour avec la milice et la flamme de la malveillance qui avait baigné son regard durant un infime instant.

C’était une découverte difficile, méprisable et hautement inqualifiable. Or, Lorren avait besoin de comprendre, de savoir les tenants et aboutissant. Pour lui-même ? En partie, oui. Mais aussi pour connaître la position de sa tenancière par rapport à tout cela. Après tout, comment pouvait-il imaginer qu’elle ait occulté de son propre esprit la truculence des actes de son aîné ? Dès lors, l’ivrogne pensait qu’elle était au courant, qu’elle avait à l’esprit cette situation passée, sans pouvoir définir comment elle faisait pour continuer à lui parler, à le voir et à échanger à la fois sur un ton badin et empreint d’une tendresse toute familiale. C’était impossible. Il ne pouvait le concevoir, le croire ou y prétendre.

C’est ainsi, qu’alors que les sentiments prenaient le dessus, tandis que le désir venait éclipser pour un temps les affres retentissantes et le fracas des dernières mésaventures, que le jeune homme ne put se résoudre à laisser couler et à se laisser aller. Oui, il la désirait. Oui, il voulait plus, toujours et encore plus d’elle. Mais comme il fut dit, impossible d’effacer les nouvelles informations qui lui avait été fournis, les mots qui s’arrimaient ensemble et conjointement pour former les plus grands maux qu’il n’aurait pu imaginer pour Estelle de Chantauvent. C’était comme si à trop vouloir oublier, le tout ne frappait que plus fort sur le moment, sur l’instant. Incapable de retenir le flot de paroles, Merrick Lorren se fit prêt à s’épancher sur le sujet, ne réalisant pas qu’il allait créer un véritable séisme dans l’univers de la tenancière de la Chope Sucrée.

-” Tu es déjà plus qu’une amie. Par contre, il fau…” Si faible. Incapable de commencer à dialoguer sur le sujet qui le vrillait et le torturait, l’ivrogne sombrait et chavirait sous l’étreinte et l’insistance de sa partenaire. Comment ne pas frissonner sous le doux contact de ses mots et par la caresse de ses murmures ? Pour autant, même cela ne pouvait lui permettre d’occulter les prémices d’une situation empreinte et emplie de tumulte. “Il faut que…” Ce n'avait été, encore une fois, qu’un murmure. Luttant corps et âme contre ses sens, agissant à contre-courant de son désir, Merrick tentait de faire passer et de hisser en première place les priorités. Or, comment s’épancher dans le dialogue alors que sa tenancière venait officiellement de lui dire qu’elle l’aimait ? Suffocant sous la surprise, la bouche entrouverte alors qu’il n’attendait pas cette déclaration, le jeune homme la referma aussitôt, allant jusqu’à se mordre la lèvre inférieure. Pourquoi ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi devaient-ils vivre ça, cette conversation, et qui plus est, à cet instant ?

-”Je…” Trop difficile à dire, à répéter ces mots qui étaient si lourds et équivoques de l'attachement et de l’osmose qui les liaient et les unissaient. “Moi aussi, Estelle.” Plus simple à prononcer sans trop se fourvoyer. Plus facile à dire que ce “je t’aime” qui risquait de sonner creux et faux comparativement au reste des tourments et du sérieux du dialogue à venir et en devenir.

Mais, à cet instant, il fut sur le point d’abandonner ses idéaux de partir en quête de la vérité, aussi néfaste et négative qu’elle pût être. Était-ce Merrick Lorren qui était faible, ou Estelle de Chantauvent qui était trop entreprenante ? Toujours est-il que l’ivrogne venait de trouver un nectar plus délicieux que les boissons houblonnées, que les spiritueux et autres tord-boyaux. La rouquine devenait sa nouvelle planche de salut, la nouvelle donne à même d’à la fois calmer ses sens et d’enflammer son désir. À leur rencontre, Estelle avait présenté la bière comme “l’amour de sa vie”. C’était un fait qui n’avait plus lieu d’être alors que le milicien prenait conscience que la place était dès lors toute occupée par ladite jeune femme.

Se laissant aller, la laissant faire, mais actant aussi un rapprochement qui n’avait rien de chaste et rien de pur, Lorren du se faire violence pour réfréner ses propres ardeurs et retrouver l’ordre de ses priorités. “Oui, c’est le moment.” C’était maintenant ou jamais, pensait-il. Il avait besoin de sa confiance, toute entière pour se risquer sur le chemin jalonné et semé d’embûches. “Je...je préfèrerais aussi me taire, mais j’ai besoin de savoir. C’est important. Trop important.” Se rendait-elle compte que cette prise de parole était prémonitoire du fléau qui allait se déverser sur eux à cause de ses paroles ? Car après tout, qu’est-ce qui pouvait être plus important qu’un ébat charnel pour le coureur de jupons de Merrick Lorren ? Presque rien. Du moins, si ce n’est un drame… Lorsqu’elle lui avoua qu’elle lui faisait confiance, plus que jamais aujourd’hui, l’homme d’armes adressa un sourire aussi maigre que mince, une marque d'espièglerie qui tirait plus vers le rictus et la grimace que vers l’amusement. “N’oublie pas tes mots, Estelle de Chantauvent.” Qu’elle ne les oublie pas, non. Car lui n’oublierait et ne pardonnerait jamais aux maux la torturant.

Merrick croyait commencer en douceur en parlant de la malveillance d’Adrien par rapport à ses agissements avec Martin. Après tout, ce détail semblait bien bénin et superflu comparativement aux conséquences du désir du frère pour sa soeur. Or, la conversation butait déjà contre le refus de croire de la Chantauvent. Ne lui avait-elle pas dit qu’elle lui ferait confiance ? Futile parole envolée au gré de la réalité, assurance bien vite fracassée sous l’affection familiale qui l’unissait à de Miratour. L’aîné semblait occupé et conforté à une place inexpugnable dans le coeur d’Estelle. Se pouvait-il que la place forte dans laquelle il résidait soit imprenable pour le simple milicien ? En pensée elle s’éloignait déjà de lui, ne faisant aucun cas de sa confiance qu’elle lui avait pourtant offerte quelques secondes avant. Physiquement, elle prenait aussi la tangente, s’esquivant et se détachant de leur promiscuité. Pour autant, pour une fois, Merrick fit preuve de courage et continua. Tout valait mieux que s’aveugler conjointement sur les tenants et aboutissants de l’immonde histoire.

Soupirant, comprenant que s’il butait là, la suite allait être pire, il tenta de relativiser les choses. “ Justement, crois-tu qu’il était ivre à cause de l’inquiétude de te savoir au temple ? Réfléchis un peu s’il te plaît. C’est la culpabilité d’avoir failli te tuer dans son plan qui l’étreignait, rien d’autre. “ Puis, tentant un peu de dresser le terrain pour la suite de ses dires en devenir : “ Connais-tu beaucoup d’homme qui préférait s’isoler dans la demeure de sa soeur pour boire et l’attendre, alors qu’elle est en sécurité au temple, plutôt qu'aller retrouver sa femme et son enfant ? À notre rencontre, n’avais-tu pas spécifié qu’il venait d’avoir un enfant ? Comment peut-il se détacher aussi rapidement de son poupon ? C’est une preuve de sa culpabilité assez incriminante je trouve. C’est aussi une preuve de….de plus.”

-”Et merde.” Ces deux mots étaient pour lui. Pour ce qu’il allait entreprendre. Ptoutour ce qu’il allait dire et pour ce qu’il allait risquer de perdre. Deux simples mots qui devait lui donner le courage, ou peut-être, et plutôt, l’inconscience, de se jeter à corps perdu dans la bataille. Possiblement que c’est en ce jour et en cette heure que ceux qui prenaient Merrick Lorren pour un peureux et un fuyard auraient pu changer d’idée. Mais malheureusement, personne ne se trouvait là pour le voir. Si ce n’est Estelle de Chantauvent et cette ombre infâme au tableau de leur relation.

C’est ainsi que Lorren se ferma hermétiquement aux possibles et potentielles réponses de sa tenancière -devait-il dire la tenancière de son frère, désormais ?-. Concentré à son allocution qui était hésitante, il tenta de trouver les mots justes et les termes exacts. L’ignorant une première fois, s'enfonçant toujours plus loin dans l’horreur de ce qui ne pouvait être que réel, il fut toutefois coupé par un “la ferme” retentissant, guttural et puissant, par un hurlement qui résonna longuement à ses oreilles. C’en était trop. Aussi bien pour lui que pour elle.

C’était le prélude de la fin.

Se relevant, allant se positionner au milieu de la pièce, évitant de trop se rapprocher de celle qui semblait tenter de s’isoler le long du mur, Merrick la regarda avec un visage empreint de tristesse. Il avait mal, affreusement mal. Pourquoi le défendait-elle encore ? Qu’avait-elle à gagner ? L’aimait-elle ? Est-ce que lui n’était qu’une façade, qu’un homme de parade attrayant à présenter à tout le monde, alors qu’elle irait retrouver son frère pour batifoler ? Ça n’avait pas le moindre sens ! Par la Trinité, c’était incompréhensible, incomprenable. “Estelle, je t’en prie.” C’était une supplique, une imploration. Pas une tentative de la calmer, non. Plutôt un véritable appel à l’aide, murmuré avec déchirement et douleur. L’abandonnait-elle pour de bon ? Il commençait à croire que oui, au vu de sa réaction.

-”Je raconte ce qu’il m’a dit, ce qu’il est prêt à te faire, à refaire.” Il se répétait, mais elle semblait toujours ne pas le croire, le hisser lui dans le rôle du bourreau et du monstre et Adrien dans le rôle de la victime et du saint. Folie que tout cela ! “Pour t’aider, évidemment ! Je… je ne cherche rien ! Je…” Puis, un éclair de lucidité creva les méandres de son subconscient. ''...Tu ne me crois pas ?” Cela signifiait alors qu’elle n’avait pas conscience des actes qu’il parlait. S’était-il fourvoyé ? Impossible ! Non, ce n’était pas concevable. Le regard et la façon de parler du bourgeois avaient semblé s’adjoindre à la vérité et à rien d’autre… et pourtant, Estelle semblait ne pas le croire. Était-ce Merrick qui était dans l’erreur ou Estelle qui était une trop bonne menteuse ?

Perdant une main dans sa tignasse, non pas pour la replacer, mais pour attraper sa chevelure d’une main ferme et serré, Lorren chercha à démêler le vrai du faux. Tournant sur lui-même pour suivre les déambulations d’Estelle dans la pièce, pour toujours rester face à elle, Merrick ne fit aucun mouvement pour tenter de la rejoindre. À quoi bon ? L’observant au travers d’un voile de tristesse qui s'épaississait jusqu’à devenir le commencement de larmes, le jeune homme ne put manquer de percevoir le désir de fuite qui brillait dans les yeux de la rousse. Tentait-elle de s’échapper de lui, ou bien des mots qu’il dressait ? La réponse vint rapidement le trouver. Elle tentait de fuir les deux. Après l’avoir inondé d’une multitude d’objets différents, sans que l’homme d’armes ne cherche à en esquiver un seul, chancelant même sous le jet de la chope qui l’atteignit, aussi littéralement que métaphoriquement parlant, droit dans le coeur, Estelle tentât de prendre la fuite en direction de la porte. Devant ce mouvement, Merrick n’esquissa pas le moindre mouvement. Encore là, à quoi bon ?

Fataliste, se retournant de nouveau, Merrick se plia lui aussi au niveau du sol, alors que la Chantauvent ne semblait pas apte à ouvrir le battant qu’il avait verrouillé précédemment. Sur la pointe des pieds, les bras enserrant ses jambes, il la regarda se recroqueviller et vivre un calvaire émotionnel. “Je ne sais pas… je ne sais plus…” Il doutait toujours plus. La propriétaire de l’établissement ne pouvait être une aussi bonne menteuse. Ses réactions étaient trop vraies pour qu’elle ne soit pas honnête. Laissant tomber son front sur ses genoux, il tapa de son poing meurtri au sol. La douleur qui se réverba de sa main jusqu’à son épaule ne lui arracha pas l’ombre d’une grimace. Celle-ci était comme une compagne, comme une boue de sauvetage, tandis que les maux physiques qui traversaient son bras étaient quant à eux facilement identifiables et comprenables. “Des cauchemars ?” Relevant son faciès, en proie à l’étonnement et à l’incompréhension, il commença peut-être à voir et comprendre. Se pouvait-il qu’elle ne mente pas, mais qu’il ne soit pas dans l’erreur ? Se pouvait-il qu’ils aient tous deux raisons ? Se pouvait-il qu’elle ait tout oublié ? Mais comment ? “Attends une minute. ''...DES cauchemars ?” Cette fois-ci, il mit l’accent sur le pluriel de la prononciation de la jeune femme. Il aurait abusé d’elle plusieurs fois ? C’en était trop. Cette histoire le torturait plus sûrement que n’importe quelle arme.

Se relevant, jouant avec ses mains, il avança d’un pas. D’un seul et bien moindre pas. Les larmes s’écoulaient silencieusement de son visage, sans pour autant qu’elle n’impacte son timbre de voix. Ce dernier était déjà assez enroué depuis le début de l’échange. Et puis, l’émotion qui s’échappait de ses yeux n’était pas à proprement parler pour lui-même. Cette tristesse et cette détresse étaient plutôt pour et à cause ce qu’avait vécu et ce que vivait celle qu’il aimait. “ Je ne mens pas…” Lorsqu’elle lui mentionna qu’elle le détestait, il recula rapidement, comme si ces mots auraient pu le mordre. “Et moi je t’aime.” Était-il trop tard pour ce genre de parole ? Probablement. Mais ne parlaient-ils pas à coeur ouvert en cette heure ? Alors, pourquoi restreindre et cloîtrer la réalité autour de ses sentiments ?

Les sanglots d’Estelle le blessa tout aussi sûrement qu’ils épuisèrent la propriétaire des dites larmes. Lorsqu’elle lui dit qu’il aurait dû la laisser mourir las bas, Merrick Lorren fut échec et mat. Détruit et déstabilisé, assujettis à la force négative et néfaste de ces maux. “Jamais…” murmura-t-il tout faiblement. “Ne dis pas ça. Ne dis plus jamais ça.” Poursuivit-il un peu plus fort. “JAMAIS !” hurla-t-il à son tour. Croyait-elle avoir le monopole des hurlements ? Réalisait-elle qu’elle le renvoyait à l’abandon de sa famille, à la perte qu’il avait eue dans le passé ? Visualisait elle qu’elle venait de lui demander de récidiver sa couardise et son erreur qui le tourmentait ? “Comment peux tu dires ça, toi qui ne parles pas avec l’autorité de l’échec ?”

La colère envers ces paroles lui redonna un peu de force, alors que pour sublimer la détresse, il fallait une émotion tout aussi puissante et écrasante. La haine pure et simple en devenait dès lors le vecteur idéal. Les larmes se tarirent. Ses mains se resserrèrent pour ne plus former que des poings. L’aversion pour les pulsions suicidaires d’Estelle fut le moteur de son avancé vers SA tenancière. Merrick s’agenouilla devant elle, sans la toucher. “ Je te protégerais.” Il parlait à un mur qui ne lui faisait pas confiance. Le milicien n’avait pas besoin de sa confiance. En quelque sorte, il n’avait même pas besoin de son amour en retour. Lui savait où se situait son devoir, qu’elle était la nécessité impérieuse que ses sentiments lui instiguaient, “Je te protégerais, j’en fais la promesse.” Répéta-t-il. C’était autant pour lui-même que pour elle qu’il dressait ces mots. La regardant, torturé par la réalité, il s’abreuvait de cette vision d’horreur pour s’en convaincre. L’ivrogne était un salopard. Le salopard était un lâche. Le lâche était un faible. Pour autant, il se dresserait à sa manière contre Adrien de Miratour. Avec l’aval ou non de sa soeur. “J’ai confiance en toi Estelle. Je ne t’abandonnerais pas et je ne laisserais personne te faire du mal. Ni Martin ni Adrien. Tu peux me détester et me haïr. Tu peux préférer t’aveugler et ne pas croire la réalité. Tu peux même vouloir mettre un terme à notre histoire si tu le souhaites. Mais tu ne pourras m’empêcher de te surveiller, de te protéger et de t’aimer.”

Le poids des tourments fut trop lourd pour Estelle de Chantauvent. La flamme de la haine de Merrick Lorren fut trop faible pour résister au blizzard des tourments. Alors que sa prise de courage s'essoufflait, la jeune femme perdit quant à elle connaissance. “Estelle !” L’inquiétude primait dès lors et désormais sur tout le reste. Merrick venait-il de créer un tsunami qui allait meurtrir la jeune femme à tout jamais ? Car la perte de conscience n’était aucunement vécue dans le calme. C’était une véritable crise. De panique pour lui, d’asphyxie pour elle. Avançant à quatre pattes au sol, soulevant le corps de sa tenancière, il appuya la tête de sa partenaire contre son épaule. “Estelle !” Répéta-t-il en dégageant les cheveux de son visage et en tapotant sa joue, incapable de savoir que faire, quoi faire. “Et merde, et merde et merde…reste avec moi Estelle. Je t’en supplie, reste !” Pouvait-elle réellement se donner la mort par chagrin ? Le milicien en doutait, mais la crise semblait lourde et puissante. La soulevant dans ses bras, il la transporta jusqu’à son lit, la déposant dessus, l’allongeant le plus doucement possible. Il ne sentait même plus les douleurs de son corps, les stigmates physiques de la veille. “Respire. Je t’en prie, respire !” Devant cette crise d’angoisse et de panique, l’homme d’armes voulait qu’elle se calme, qu’elle retrouve une respiration régulière. Mais par la Trinité, est-ce qu’elle l’entendait au moins ?! À genoux à côté du lit, il se força au calme en soufflant par deux fois. Il ne l’aiderait pas en paniquant lui-même. “Calme-toi. Je suis là, ça va aller…” Était-ce réellement ça ? Est-ce que ça pouvait réellement bien aller ? Était-ce lui, au final, la cause de cet émoi ? “Je... je reviens. Rapidement !”

Se levant en vacillant, il débarra la porte, se retrouvant dans le corridor. Avisant le battant qui menait à la chambre d’Adrien. Il suspendit sa cavalcade. N’était-ce pas le moment parfait pour mettre fin à toutes chances de risque ? Merrick n’avait qu’à rentrer dans cette pièce, mettre un oreiller sur la tête du noble et appuyer assez fortement pour l’asphyxier. Oui. Ce serait si simple… Or, il manquait de courage pour ce genre d’action. Et une situation plus importante se jouait pour le moment dans la chambre. Descendant quatre à quatre l’escalier. L’homme d’armes se précipita en cuisine, récupérant un linge qu’il humidifia à même la décoction qu’avait préparée la Chantauvent pour son frère. Puis, se munissant d’une cruche d’eau et d’un long couteau pour découper la viande, l’ivrogne remonta ventre à terre vers le second palier. Il n’était pas rassuré de laisser sa tenancière seule dans l'inconscience et en proie à une crise ni de la laisser sur le même étage que son frère. Retournant dans la chambre, il verrouilla de nouveau la porte, laissa choir le couteau sur le sol près du lit et déposa la cruche d’eau sur le bureau. Le linge humide vint finir sa course sur le front de la jeune femme.

-“ Je suis là, de nouveau là.” Merrick aurait voulu la prendre dans ses bras. Mais, il ne savait plus où ils en étaient rendus tous deux. Lui ne reculerait devant rien pour la séparer définitivement de son frère. Elle semblait encore s’y accrocher. Dès lors, ils ne pouvaient plus jouer au parfait couple. Dorénavant, un mur infranchissable risquait de les séparer pour de bon. Toutefois, bien qu’il ne se permettait plus la même familiarité que précédemment, aussi douloureux que cela puisse être, il s’inquiétait véritablement pour elle et l’aimait, lui, toujours autant. Attrapant ses doigts de ses deux mains, tirant de son pied une chaise et s’asseyant sur celle-ci il resta près d’elle à veiller. Indécis et interdit quant à la suite. Devait-il parler pour l’apaiser, ou se taire pour lui permettre de se reposer ? Est-ce que l’entendre lui offrirait du dépit ou un répit à ses maux ? Le milicien était toujours sans chemise. Ses pansements à l’épaule et aux mains étaient tachés de son sang, de ses plaies qui suintaient d’hémoglobine à nouveau. Pour le moment, il s’en moquait, n’ayant d’yeux que pour la Chantauvent. Le couteau à ses côtés était là pour les protéger de la malveillance du monstre tapi non loin.

Peu à peu, il lui sembla que le calme reprenait le dessus sur le corps et l’esprit torturé d’Estelle. Les yeux fixé sur son visage, n’osant pas ciller un instant, de peur de manquer un affaissement ou un signe néfaste quelconque, Lorren ne respirait presque pas, figé et l’esprit complètement vide et anéantis. Est-ce que cela avait valu le coup de déterrer les secrets ? Dur à dire. Mais de toute façon, cet amour n’était-il pas un combat déjà perdu d’avance ? Peut-être. Alors, mieux ne valait-il pas souffrir des secrets, mais la préserver elle plutôt que sécuriser cette idylle impossible ? Il ne la méritait pas. Mais elle, elle méritait sécurité et protection.

Au bout d’un certain temps de silence, Merrick prit la parole. Peut-être qu’elle était encore inconsciente. Peut-être qu’elle ne comprendrait même pas ses mots et qu’elle ne pourrait même pas y répondre. Mais, il avait besoin de les dires, d’affirmer sa prise de position et de décision. “ Je ne voulais pas te faire souffrir et je ne cherchais pas à te mentir. Mais je crois toujours que je ne suis pas dans l’erreur. Si pour ça tout doit se terminer, je…” C’était dur. Très dur, trop dur. “Je suis prêt à l’accepter. Non. Enfaite, je ne le suis pas. Mais je ne l'empêcherais pas, c’est ton choix et à toi seul.” Déposant un baiser sur sa main qu’il tenait toujours, Merrick Lorren attendit. Un signe, un mot, une preuve d’une quelconque décision ou réaction d’Estelle. Elle voudrait le chasser ? Il partirait. Or, il s'assurerait qu’Adrien le suive et il surveillerait la chope depuis la place des pendus. Ni Martin ni de Miratour , et potentiellement ni Merrick Lorren, ne s’approcheraient plus de l’endroit. Fantaisiste, et surement impossible à mettre en oeuvre ? Peut-être. Mais sur le coup, c’était sa seule option viable. “J’aurais quand même voulu découvrir le Labret avec toi.” Sa dernière tirade lui tira un filet de rire nerveux, éploré et déchirant. Un amusement qui s’arrêta bien vite, sans pour autant que le soubresaut de ses épaules ne prennent fin. De fait, il était impossible de l’arrêter, alors que sa tête ployait et que ses cheveux masquaient son visage…

Qui, Estelle de Chantauvent, choisirait-elle ? Le frère, ou l’amant ?
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyLun 20 Mai 2019 - 3:00


La confiance n’est qu’un mot, un mot douloureux et engageant, mais si fragile et friable, balayé par le vent, dans un seul soupire, il ne reste déjà plus rien. De simples mots venaient de créer les plus douloureux des maux, de simples paroles prononcées sans le but de faire souffrir, mais qui venaient de provoquer la plus violente des tempêtes. Immobile, elle le regardait, immobile, elle ne pouvait croire, accepter, tolérer juste cette idée fantastique que son propre frère s’était glissée entre ses cuisses. Immobile, oui, Estelle dévisageait celui qui était coupable, coupable du propre poignard qu’il enfonçait dans son cœur. Meurtrier. C’est ce qu’elle aurait sans aucun doute voulu lui dire à cet instant, meurtrier ouais, cela lui convenait bien mieux que salopard, ne venait-il pas à ses yeux de passer un palier au-dessus ? Félicitations Merrick Lorrain, tu viens de progresser dans l’échelle des orduriers. Confiance, mot si simple, si douloureux, engagent, si fragile et friable, balayé par le vent, dans un seul soupir, il ne reste plus rien. Enterré les promesses, enterré l’avenir, enterré ce je t’aime, mort, condamné, agonissant. Il ne reste plus rien non.

Le regard est vide, sans vie, éteint, une âme qui se meurt. Il n’y a pas de pire trahison, il n’y a pas de pire possibilité que d’être poignardé par son propre allié, par sa propre famille, par celui avec qui il y avait cette relation de proximité, ce lien invisible qui semblait inévitablement attirer une personne à une autre, sans possibilité de lutter ou de renoncer. Avait-elle été naïve d’accepter de sombrer, avait-elle été naïve de vouloir y croire une seconde fois ? Oublier les mots doux, oublier la complicité, oublier les sourires et les baisers volés. Il ne reste plus rien non. Plus rien. Une nouvelle bataille se jouait désormais, une nouvelle guerre aux multiples fins, mais pas de belles fins, éloigné la belle finalité, oublié le ‘ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants’. Terminé les amours, terminés oui. Elle ne le croyait pas, le réalisait-il, s’étonnait-il, pourquoi ? Mensonge pour mensonge autant bien ficeler le truc, autant bien l’amener et pas comme cet ensemble, cet ensemble de… merde ?

Il restait face à elle, se déplaçait en fonction de ses déplacements renforçant cette idée d’étouffement, cette sensation de suffocation, cette mort imminente, ce roucoulement désagréablement à son oreille. Et si. Et si. Non. Ce n’était qu’un rêve, un simple rêve, un mauvais rêve, n’est-ce pas ? Elle s’éloigne recule, se retrouve emprisonné dans sa propre chambre. L’ennemi est différent, l’ennemi n’est plus le même, le bon c’est transformé en mauvais, le bon c’est dilapidé, juste là sous ses yeux. Pourquoi ? Simple mot là encore, simple pensée, simple question qui resterait sans réponse. La confiance n’est qu’un mot, un mot douloureux et engageant, mais si fragile et friable, balayé par le vent, dans un seul soupire, il ne reste déjà plus rien.

Elle avait sursauté. Une fois. Lorsque son poing était revenu rencontrer le sol et presque instinctivement elle avait eu ce pas vers lui, du moins ce geste léger en sa direction. Friable, oui, mais pas impossible, mais pas non surmontable, elle avait fait ce pas, ce geste, dévoilant cette inquiétude, démontrant cette sensation, cet attachement sincère malgré tout et le chamboulant que cela provoquait chez elle. Fuir. Fuir. Ne pas rester, ne pas succomber, éloigner les pensées, éloigner les souvenirs, les cauchemars, rêvait-elle ? Oui tout ça ne pouvait être qu’un mauvais rêve, elle s’éveillerait dans ses bras, lui sourirait et la journée reprendrait ? Mais non, non, elle avait beau se pincer, il n’y avait rien, plus rien d’irréel, était-elle en train de s’émietter, de succomber, de perdre définitivement cet espoir de reconstruction. Meurtrier. Elle le détestait avec autant que force que si elle s’était réfugiée dans ses bras, avait-elle cette envie, de le voir venir l’emprisonner, d’avoir la chance de se débattre, de lutter, puis de sombrer, avait-elle tellement besoin de lui tout en le détestant au plus haut point. Fuir. Voilà un point commun, un vrai, l’avait-il vu venir ? La rouquine c’était précipitée sur la porte, sombrant petit à petit en prononçant oralement les doutes qui commençaient à l’envahir.

Des cauchemars, oui, des cauchemars, juste ça, oui, que ça, uniquement ça. Pourquoi répétait-il ce ‘des’ pourquoi ? Non, ce n’était pas la réalité, vraiment pas, ça ne pouvait pas ? Enterré les promesses, enterré l’avenir, enterré ce je t’aime, mort, condamné, agonissant. Il ne reste plus rien non. Lentement, elle sombrait, lentement elle succombait, à son angoisse à cette réalité, à ses souvenirs qu’elle refusait de voir en face et cette évidence, cette trahison. Pourquoi ? Il prétendait ne pas mentir, pouvait-elle seulement l’entendre ainsi recroquevillé, ainsi dans cet écho qu’elle ne pouvait revenir, cette phrase mise bout à bout en boucle : menteur, menteur, menteur. Meurtrier. Il mentait oui, il mentait, cela ne pouvait être que ça, cela ne devait être que ça, cela en devenait vital. Jamais ne pourrait-elle se remettre, survivre à cette réalité, jamais, jamais, jamais. Plutôt mourir, mourir plutôt que d’aviser le regard des trois, mourir plutôt que de perdre le dernier membre de sa famille, mourir que plutôt que de sentir les doigts de Merrick sur sa silhouette avec cette crainte que les cauchemars redeviennent réalité. Elle l’avait dit d’ailleurs, Estelle avait osé, le formuler provoquant cette colère, cette rage, un regard vers lui, des larmes encore et cette envie de le sentir contre elle, cette obligation de le sentir contre elle, d’être protégé, avec la certitude de ne pas supporter la proximité qu’elle désirait tant. Il l’aimait impossible, jamais, jamais il n’aurait agi ainsi en l’aimant, n’est-ce pas ?

Il hurlait, elle tremblait, subissait encore et encore, s’enfonçait toujours davantage dans le plus sombre des sentiments, la plus cruelle des vérités, succombait à cette crise de panique, d’angoisse à ce refus de voir la vérité, repoussant encore et encore les vagues de souvenir. Des cauchemars, c’était tout. Comment elle pouvait dire ça et lui, comment pouvait-il lui obliger à subir ainsi ? Face à lui, si proche et si loin à la fois, son regard avait dû croiser le sien, avec cette certitude, cette réalité, impossible de lui pardonner, impossible de survivre à ça. Estelle le refusait, ne le voulait pas, ne le pouvait pas. C’était si douloureux de l’entendre lui parler ainsi, lui murmurer qu’il resterait, qu’elle ne l’empêcherait pas de l’aimer, non, elle ne l’empêcherait pas, il n’avait pas le droit, non, pas le droit. Puis ce fut cette absence, ce moment entre semi-présence et encore présence. Impossible de respirer –ou non-volonté ?- tremblement excessif, pâleur, succombait-elle sans lutter, sans essayer de se calmer, oui, Estelle avait choisi, mourir plutôt que d’affronter la réalité. Véritable possibilité ou simple crise d’angoisse, difficile à dire, elle avait fini par sombrer, complètement.

Inconsciente, les lèvres d’Estelle s’étaient mises à bleuir, ses ongles aussi, signe de l’absence d’oxygène convenable dans son corps. Pour autant la totalité de son être avait dû devenir moue, telle une poupée de chiffon, elle s’était laissée déplacer sans rien dire, sans lutter, incapable, n’avait pas perçu les doigts de son milicien passé dans sa chevelure, écarquiller ses mèches de cheveux. C’était simple, si simple de ne pas lutter, cela ne demandait ni courage, ni détermination, ni douleur, fallait-il simplement se laisser sombrer, toujours plus profondément. Enterré les promesses, enterré l’avenir, enterré ce je t’aime, mort, condamné, agonissant. Il ne reste plus rien lorsqu’on décide de cesser de lutter. Allongée sur le lit, la dame ne bougeait toujours pas, ne retenant pas celui qui parlait puis quittait la pièce. Percevait-elle son environnement ? Sans aucun doute, avait-elle envie de lutter, de se réveiller, de sortir de l’état second ? Certainement pas.

Son ventre se gonflait de manière irrégulièrement, faiblement, et rien ne semblait s’apaiser, absolument rien. Un cauchemar, c’était que ça, cela ne pouvait être que ça. Son front c’était retrouvé recouvert d’un linge, sa main c’était retrouvé dans celle de son presque plus milicienne, sans que ses doigts ne bougent, ans qu’elle cherche son contact, sans qu’elle n’entrelace ses doigts avec les siens. Son corps refroidissait, elle avait soudainement froid, terriblement froid alors que ses sourcils se fronçaient, alors que lentement, après un temps certainement infini elle semblait sur le point d’émerger, d’essayer. Était-ce la voix de Merrick, était-ce autre chose ? Difficile à dire, toujours était-il que la Chantauvent avait fini par ouvrir les yeux, tournant la tête lentement vers celui qui se trouvait à ses côtés, ne comprenait pas l’ensemble des événements.


- « J’ai fait un cauchemar» souffla-t-elle de cette voix brisée par les efforts

Ses lèvres s’étaient écarquillées, alors qu’il prenait la parole, alors qu’elle l’écoutait. Comprenant que l’ensemble n’était pas un cauchemar, mais sa désormais réalité. Sa main ne bougea pas, alors qu’elle essayait encore de fuir mentalement les paroles, les propos, les sous-entendus même plus sous-entendus. Pouvait-elle imaginer faire sa vie sans lui ? C’était cliché, mais tellement réaliste, la confiance n’était plus là, comment le pourrait-elle encore ? Était-ce lui où Adrien qui l’avait trahi ? Elle ne parvenait pas à le définir, certainement les deux. Voulait-elle le vouloir partir ? Autant qu’elle voulait le voir rester. Alors, quoi faire ?

- « Tu me demandes de choisir, Merrick ? » fit-elle simplement, toujours incapable d’accepter une réalité qui la dépassait « Il n’a pas pu Merrick… » sa voix était déchirée « Tu comprends il n’a pas pu… dis-moi qu’il n’a pas pu… »

Parce qu’elle devait l’entendre, il devait aller dans son sens, il irait dans son sens, une fois, le temps d’un repos, elle avait besoin, terriblement besoin, ne pourrait pas se remettre, ne voulait pas, ni arriverait pas. Le comprenait-il ? Estelle se retrouvait dans cette hésitation, dans ce mélange étrange, dans cette incertitude, dans cette envie de le voir fuir, de le voir partir et ne plus jamais revenir, dans ce besoin de sombrer, d’oublier et ce désir que tout ceci ne soit qu’une stupidité, qu’un mauvais rêve. Incertitude, hurlant dans son regard, alors que la Chantauvent le détaillait, sans pour autant retirer sa main, devait-elle savoir, devait-elle comprendre, lui aussi, non ? Son regard se déposa sur ses mains, sur ce sang et ce fut lentement qu’elle se redressa, son visage était pâle, terriblement pâle, horriblement, ses mouvements indiquaient qu’elle devait chanceler, ne pas être dans son meilleur état, pour autant elle venait s’installer face à lui, retirer sa main pour la tendre par la suite vers lui :

- « Donne » fit-elle en attrapant la première « Laisse-moi faire, s’il te plaît… » s’occuper, se fixer sur une tache, attraper un morceau de tissu traînant plus loin, le déchirant, retirer celui qui recouvre ses mains « Tu as forcé, c’était stupide, regarde ta main… » elle fit une pause, attaquant le nouveau bandage en serrant relativement fort « Quand j’étais plus jeune, je faisais des cauchemars, souvent, très souvent. » fit-elle lentement « Alors nos parents nous autorisaient à dormir ensemble, moi et Adrien » c’était abstrait, si flou pour autant cela ne signifiait pas qu’elle était apte à entendre la vérité « Ça s’est calmé un temps, puis les cauchemars ont empirés, alors Adrien me ramenait dans ma chambre pour pouvoir dormir. » c’était déjà énorme pour elle, certainement pas suffisant pour lui, mais pour elle, immense.

Elle déchira un nouveau morceau de tissu, abandonna la première main pour venir récupérer la seconde. Estelle s’appliqua à retirer le bandage, puis par le remplacer, en serrant de nouveau suffisamment fort.

- « Ce que tu me dis » fit elle en serrant un peu trop fort involontairement « Je ne peux pas Merrick, c’était juste des cauchemars tu comprends, comme n’importe quel gosse, un monstre sous le lit, un monstre qui l’étouffe qui se retrouve sur elle. Juste un monstre » elle soupira, retenant le flot d’émotion, où étant incapable de ressentir plus que ce qu’elle avait déjà éprouvé « Il a était là Merrick, toujours, pour tout, il a des défauts, mais sans lui, je ne serais plus là. Il m’a ramassé à la mort de mon mari, il m’a aidé pour la chope, il a accédé à mes caprices… C’est le dernier membre de ma famille, le dernier… Je ne peux pas… Il ne peut pas…»

Une nouvelle fois elle sera, elle sera aussi forte que possible, sans pour autant lui broyer la main, non, les mouvements d’Estelle étaient plus lents, plutôt doux, même si la pression devait être perceptible.

- « Tu veux rester ? Reste. Tu veux aller au Labret, emmène-moi. Tu veux m’aimer ? Aime-moi. Mais ne me détruis pas Merrick, je me suis remise de la mort de l’être le plus important à mes yeux, ne me demande pas de me séparer de toi, ne me demande pas d’abandonner Adrien pour des paroles d’ivresses.» Oui, elle n’était pas prête « Laisse-moi du temps… reste… » parce que plus elle réaliserait, plus elle risquait de se perdre et de sombrer, le savait-il « Si je te laisse une chance de raison, laisse-toi une chance d’avoir tord, s’il te plaît… Et si tu as raison et que tu choisis de rester… alors…. » alors ça serait fini ? Alors elle ne supporterait pas « ça sera compliqué et je ne sais pas si je veux t’infliger ça. »

Plus lucide que jamais, elle lui offrait une chance, une simple chance, à eux, à elle, à lui.

- « Pourquoi tu restes Merrick ? Je ne comprends pas… Pourquoi…. ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyMar 21 Mai 2019 - 7:42
Pour gagner, il faut accepter de perdre. Il faut être prêt à accepter les possibilités, les probabilités et les risques de la défaite pour avoir la chance de rafler la mise, d’empocher les gains et de faire table rase des profits. Au final, le jeu est facile à comprendre. Pour gagner beaucoup, il faut jouer gros. Pour jouer gros, il faut être prêt à prendre le risque de miser et de suivre, de laisser la voracité de l’instant prendre le dessus sur l’hésitation et l'indécision habituelle. Dès lors, oui. Pour triompher, il faut accepter les probabilités de perdre, les chances d’être défait, d’être perdant et perdu. Et cela, Merrick Lorren l’avait accepté de bonne grâce. Car c’est à cet instant exact que tout se jouait. Il n’était plus l’heure de mettre de l’avant une stratégie pour sortir vainqueur. Il était le temps des comptes et du décompte des points de savoir si Estelle de Chantauvent irait à l’encontre de ses choix et contre sa vision des choses.

Bien que Merrick en ait conscience, bien qu’il soit en mesure de concevoir que son obstination et sa prise de position inflexible puissent lui valoir une séparation aussi féroce que forcenée auprès d’Estelle, le milicien ne reculerait pas. Était-ce une forme de courage ? Sans doute. Au final, la jeune femme était trop importante pour qu’il ne se dresse pas contre cette ignominie que représentait la présence et la malveillante truculence d’Adrien de Miratour. Inapte à être certain de pouvoir s’engager, il était tout de même convaincu de ne pouvoir accepter la présence du frère dans la vie de sa soeur. Illogique, me direz-vous ? Peut-être. Mais reste-t-il qu’il est toujours plus simple de lutter contre les autres que de s’affronter soi-même. Car finalement, le plus grand ennemi de Merrick Lorren n’était nul autre que Merrick Lorren.

C’est ainsi que, buté et obstiné, l’ivrogne attendait la sentence. Les sourcils froncés, le corps penché vers l’avant et l’âme sur le bord du précipice, il patientait fébrilement, dans l'expectative d’un signe ou d’une prise de parole qui lui annoncerait sans sommation s’il était rejeté ou non. Car bien qu’il ait pris sa décision, de continuer à se liguer et se hisser comme le protecteur de la Chantauvent, l’ivrogne n’espérait qu’une chose; qu’elle ne l’abandonne pas au premier tournant et gros tourment qui se présentaient entre eux. Après tout, si tel était le cas, ne serait-ce pas un signe avant-coureur que le potentiel d’une relation était impossible ? Que leur amalgame, qui avait été perçu comme une osmose, était sujet à s’effriter et s’étioler beaucoup trop rapidement lorsque le duo et le possible couple rencontraient un écueil ? Après, le choix n’était guère évident, tandis que le jeune homme savait pertinemment qu’il demandait beaucoup. Un choix entre lui-même et le monstre qui lui servait de frère. Un choix entre un milicien volage et un aîné présent depuis sa naissance. Un choix entre l’amour et la famille…

Avait-il tort de demander cela, d’agir ainsi ? Était-il dans l’erreur de jouer aussi gros, d’être prêt à sacrifier aussi grand ? Peut-être, possiblement. Devant cet état des faits, le doute le vrillait et le torturait autant que la situation en elle-même. Or, comment ne pas se révulser et ne pas vouloir condamner et conjurer pour toujours la malveillance qu’il avait découverte exister dans l’esprit du bourgeois ? Devoir s’éloigner d’Estelle serait cher payé, mais sa sécurité primait et prévalait sur tout le reste. Alors, pourquoi était-ce la mort dans l’âme, et tel un condamné, qu’il attendait la répartie néfaste qu’il prévoyait poindre à l’horizon ?

Car sa tenancière, s’il pouvait encore l’appeler ainsi, ne voulait ou ne pouvait le croire. Pour une raison qu’il ignorait, la propriétaire de la Chope Sucrée était incapable de concevoir ses dires. Pourtant, elle était l’une des principales concernées -et pas des moindres- de cette histoire ! Comment cela se pouvait-il ? Qu’elle ne veuille considérer le fait qu’Adrien était de mèche avec Martin pouvait encore passer. Mais qu’elle oublie que son frère l’ait prise à de nombreuses reprises ? C’était une aberration qu’il n’arrivait pas à comprendre. Pour autant, comme il n’avait pas le moindre doute dans son esprit qu’Adrien avait véritablement fomenté ce genre d’acte abject à l’encontre de la rousse, le milicien ne doutait pas un instant que la propriétaire de la Chope Sucrée ne lui mentait pas. Ainsi, sans connaître les raisons ou les tenants et aboutissants expliquant cette omission, il la croyait véritablement inapte à se remémorer les événements. Impossible de jouer si bien la comédie. Et puis, ce flou nébuleux sur le sujet expliquerait pourquoi Estelle parlait de “cauchemars”...

Reprenant contenance, tandis qu’il n’avait pas vu le réveil de la Chantauvent, Lorren releva rapidement la tête pour croiser son regard. Effrayé quant à la suite des choses, il ouvrit la bouche avant de la refermer. Que dire, que lui dire, tandis que sa vis-à-vis pensait avoir vécu un cauchemar ? Ce n’en était pas un, ce n’était que la triste et abjecte réalité. Sombre, difficile à entendre et à vivre sur l’instant présent, celte, mais moins malveillant et immonde que les agissements de Miratour se forçait à croire l’homme d’armes. Après tout, l’objectif de Merrick n’était pas de la faire souffrir avec cela. Mais simplement l’émanciper d’un fardeau qui pouvait s'avérer excessivement dangereux -et potentiellement mortel- pour le duo. Ainsi, c’est ce qu’il tenta de lui dire. Que le but visé n’était pas la création de maux, mais plutôt une tentative de la garde de toutes nouvelles récidives de la part d’Adrien.

Prenant le courage où il pouvait le trouver, Lorren s’agrippa aux doigts d’Estelle, tel un naufragé se retenant à un morceau épars de son frêle esquif, broyé par les tumultes et les tourments d’une mer houleuse et agitée. Sans les enfermés de sa poigne, lui laissant toute la liberté de s’émanciper de sa main ensanglantée, la pression était plus forte que nécessaire. Comme si d’un simple coup de vent ou du destin, ceux-ci auraient pu s’envoler au loin, et ne jamais revenir se perdre dans sa paume.

“Je...je crois que….non” Il ne pouvait pas se montrer hésitant. Ce serait la preuve qu’il aurait potentiellement tort. À tout le moins, Merrick devait être ferme et confiant. “ Je ne doute pas qu’il ait la malveillance de le faire. Je pense qu’il l’a fait.” Peut-être que c’était dur et abrupt à dire et entendre. Or, il devait tout d’abord gagner la confiance de sa tenancière, avant de faire l’effort de l’épauler et de la réconforter. Pour ça, il ne fallait pas y aller frileusement, il ne fallait pas être sujet à l’hésitation et à l’envie d’éviter les sujets fâcheux et les mots difficiles. Pour autant, son ton se voulait doux et compatissant, et son regard loin d’être fuyant.

Se laissant faire, lorsqu’Estelle voulut lui refaire le bandage, Lorren se laissa aussi guider vers la bévue qu’il avait commise en forçant trop. Lui-même ne voulait pas trop enfoncer le clou de la félonie du frère trop rapidement et profondément. Et puis, cette gestuelle emplie et empreinte de tendresse lui donnait l’espoir d’avoir gain de cause et de ne pas la voir le rejeter. “ Il semblerait que je ne sois pas capable d’imaginer quelqu’un te faire du mal et que je ne le prends aucunement bien. Comme ce fut le cas avec le noble dans les jardins du Duc, comme ce fut le cas avec Martin et comme c’est le cas avec…” Adrien, pensa-t-il sans le nommer, bien qu’il sache très bien et pertinemment que la jeune femme comprendrait de qui il voulait parler.

Hochant la tête quant à la suite de l’histoire qu’elle lui adressait, Lorren n’en manquait pas une miette. Pour elle s’était abstrait, flou et indécis comme potentiel lien, entre dormir ensemble et les cauchemars, pour corroborer l’idée que son frère l’avait prise de force ? Pour lui, c’était une preuve supplémentaire, la mise sur pied de la cause expliquant la conséquence. “ Au moment où tu t’es retrouvé à la Chope Sucrée, avec ton époux, est-ce que les cauchemars avaient cessé ? Est-ce qu’ils ont repris entre-temps ? Pas ceux par rapport à la perte d’un être cher...mais plutôt ceux d’avant ?” Demanda-t-il doucement et presque tendrement, en proie à la peur d’entendre la réponse. À quand remontait le dernier passage de l’aîné entre les cuisses de la cadette ? Est-ce que la mort du mari équivalait au retour en force de salopard de Miratour ?

Lorsqu’elle abandonna sa première main pour prendre la seconde, Merrick grimaça un instant, avant de se recentrer et de se reconcentrer sur le flot de paroles de la jeune femme à la chevelure de feu. C’était au travers de ses mots qu’il trouverait une piste de réflexion sur ce qui était arrivé et comment cela était arrivé. Il en avait la conviction. À lui de se montrer attentif. La grimace se transforma en petit couinement de douleur, surpris par la pression trop forte instiguée par le bandage sur ses plaies. “Un monstre sous le lit, ou dans le lit ?” murmura-t-il en réponse. “Ne vois-tu aucune différence entre ces cauchemars et les mauvais rêves ayant pu t’étreindre suite à la mort de Eude ? N’y en a-t-il pas un de plus vivace, de plus tenace et presque plus réel ?” Comparer la réalité à la fiction néfaste de la nuit, ce n’était pas si bête, sur le coup, pensa l’ivrogne. “ Toujours là, ou plutôt trop souvent là, non ? Plus souvent à ton chevet, plus souvent présente pour sa soeur que pour son enfant et sa femme. Plus inquiet pour sa cadette, que pour tout le reste. Plus prompt à te séparer de tout individu s’approchant de toi qu’à s’occuper de l’affaire familiale. Plus, plus et toujours plus...” Au lieu d’y aller frontalement, il tentait de lui faire comprendre plus doucement, peu à peu. Est-ce que le changement de façon de procéder et d’agir apporterait gain de cause ?

“Comment agissait-il par rapport à ton mariage ? Que pensait-il de ton mari, comment était leur relation ? Trouves-tu réellement et vraiment qu’il agissait comme un frère, ou plutôt comme un être profondément jaloux ?” Peut-être que Lorren la noyait sous une mer de question. Mais, peut-être que le défunt époux allait pouvoir devenir un allier de taille. En poussant Estelle à la réflexion, par rapport aux agissements du frère avec l’homme qu’elle avait épousé, est-ce que cela apporterait un vent de clarté, ou au moins de doute, sur le potentiel de la chose ?

Lorsqu’Estelle eu finit de lui panser les mains, Merrick retint un instant ses doigts. Si elle voulait se dégager, il lui en laisserait par la suite la possibilité. Mais durant un infime instant, le jeune homme avait été faible, avait eu besoin que ce contact physique perdure encore un peu. Autant pour le rassénérer que pour le faire espérer, aussi bien pour le calmer que pour lui prouver à elle qu’il tenait à la conserver et la garder. Puis, à partir du moment où la rouquine prit la parole, il resta silencieux jusqu’à la fin, lui laissant la chance de terminer et de tarir pour de bon son allocution. C’était désormais elle qui le mettait dos et au pied du mur. Triste réalité, terrible constat, maintenant qu’il pouvait vivre et concevoir ce qu’il lui faisait endurer. Pour autant, l’ivrogne n’en démordait pas. C’était difficile à soutenir, certes, mais hautement moins âpre et douloureux que ce contre quoi il se dressait et voulait promettre de lutter.

-”Évidemment que je veux rester et que je t’aime. Oui, je veux aller au Labret avec toi, et profiter de tous nos instants à deux. “ Commença-t-il doucement, presque dans un murmure, déposant, pour parachever ces premiers mots, un baiser sur le dos de la main d’Estelle. “Mais je veux aussi te protéger.” Cette fois-ci, la prise de parole était plus affirmée. Loin d’éviter ses iris, Lorren tentait plutôt de s’y plonger, de voir et de percevoir les états d’âme et les émotions de sa tenancière. En outre, il désirait aussi lui montrer son sérieux et la rigueur qu’il était prêt à déployer à la tâche. “ Contre n’importe qui, contre...je… je ne veux pas avoir à m’en vouloir d’avoir abandonné à nouveau un être que j’aime. J’ai fait l’erreur une fois, je ne recommencerais plus.”

Se relevant, commençant à faire les cent pas, n’arrivant pas à s’arrêter et ayant besoin de bouger, comme pour extérioriser les maux et les hésitations qui l’étreignaient, Merrick alla perdre une main dans sa chevelure. Elle voulait du temps, qu’il lui laisse une chance de se faire à l’idée ? C’était peut-être lui qui avait voulu trop en faire, et surtout trop vite. Comment la forcer à prendre parti aussi rapidement que abruptement ? Mais, comment lui en vouloir ? Qui aurait pu réagir avec assez de contrôle et de détachement pour instiguer le doute peu à peu, jusqu’à faire entendre raison, à sa partenaire ? Face à ce que le milicien avait découvert, sur le coup, la meilleure solution restait de se dresser contre cette hérésie aussi fortement que férocement. Mais, maintenant ? Que faire ?

-’’Il ne fut jamais question que je disparaisse si tu ne veux pas que je parte !'' Cela fut dit avec conviction. “ Et pour ce qui est de… de laisser une chance au doute, c’est d’accord. Mais cela est aussi vrai pour toi que pour moi, Estelle. Je m’attends à ce que nous ne balayions pas “cette histoire” d’un revers de la main et surtout, qu’en attendant, tu te montres prudente. Je t’en prie. Seulement au “cas où”, d’accord ? ” Merrick Lorren ne doutait aucunement de ses convictions. Dès lors, il voulait s’assurer que la dame de Chantauvent prendrait les mesures nécessaires pour ne pas s’approcher de celui qui était coupable, et qu’elle n’arrivait pas à s’imaginer comme telle.

En proférant ces mots, cette prise de position qui étaient comme un interlude par rapport à l’idéal de régler la situation, l’ivrogne suspendit ses déambulations. Il avait aussi conscience qu’à accepter cette marche à suivre, lui-même risquait gros sur le plan individuel. Après tout, il ne lui avait pas encore dit, mais il croyait -sans en être certain- qu’Adrien pouvait avoir un lien dans la disparition et la mort de l’ancien époux d’Estelle. À jouer trop finement, à hésiter et tergiverser trop longtemps, est-ce que le duo ne mettait pas la vie de l’homme d’armes en danger ? Allez savoir…

-” M'infliger ça ?” Ne répéta-t-il aucunement certain d’avoir compris. “ Tu ne m’infliges rien, et si j’ai raison ce n’est pas de ta faute. Comment la victime pourrait être coupable de m’infliger quelque chose ? Et puis, cela ne changera pas ma vision de toi.” Il n’était pas certain d’avoir bien cerné cettedite prise de parole. Entre les émotions tourmentées qui les étreignaient tous deux, il était nettement possible qu’il n’ait pas bien compris le sous-entendu, inapte à se concentrer efficacement, ballotté trop pugnacement par les résidus de son semi-échec de lui faire voir la réalité en face. “Pourquoi partirais-je ? Pourquoi maintenant ?” Se rapprochant à nouveau, il s’assit sur le lit, à côté d’elle. “ Je ne sais pas ce que vous avez lancé sur moi comme maléfice, sorcière, mais je suis incapable de me détacher de vous.” Tenta-t-il maladroitement. N’ayant pas le coeur à la chose, bien qu’un mince sourire ait eu la chance d’apparaître sur ses traits, il reprit son sérieux. “Ai-je réellement besoin d’une raison ? Je ne sais pas où je serais dans ces deux mois, si je serais apte à m’engager pour l’éternité, mais qu’importe ce fait, il y a des choses que je ne peux pas accepter. L’idée de te voir souffrir ou de t’abandonner là, maintenant, par exemple. Et puis, qu’importe la finalité, tu restes quand même la femme la plus importante pour moi, Estelle de Chantauvent. Maintenant ou après, il n’y a aucune différence.”

C’était affreusement vrai. Peut-être qu’il ne pourrait s’attacher pour toujours, mais pour autant, personne ne pourrait supplanter la dame de Chantauvent. Car après tout, elle était celle qu’il aimait. Drôle de dualité ? Peut-être. Mais n’y a-t-il pas un monde entre s’engager et prendre le risque de voir le tout faner et vivre au travers des souvenirs d’une idylle parfaite? Se penchant vers l’avant pour l’embrasser, aussi bien pour sceller leur pacte, que pour renouer et se conforter dans l’affection qui les liaient, Merrick Lorren suspendit son geste. Déposant tendrement sa main sur sa joue, allant par la suite la perdre dans sa crinière et enfin sur sa nuque, l’ivrogne vint déposer son front contre celui d’Estelle de Chantauvent. Leur visage aussi proche que possible, mais leurs lèvres encore séparées de quelques centimètres, le milicien resta silencieux, détaillant sa tenancière et plongeant son regard dans le sien. Puis aussi tendrement que doucement, il lui demanda la permission : “Je peux ?”

Peut-être qu’il n’avait pas à demander. Dans les faits, il serait plus logique que non. Or, il voulait autant l’entendre que ne prendre aucun risque. Car il le savait pertinemment; un nouvel obstacle venait de se dresser contre et entre le couple. Après l’impératif d’un mariage, la présence meurtrière de Martin, il y avait désormais l’ajout d’Adrien de Miratour sur l'échiquier des maux. Et tout ce que voulait Merrick Lorren, c’était de le soustraire de cette équation, et peut-être, le liquider pour de bon. Mais ça, c’est une autre histoire…
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyDim 26 Mai 2019 - 16:07


Avoir la sensation qu’une multitude de cavaliers chevauchant leur monture venaient de vous piétiner n’était pas agréable, même plutôt rare à ressentir, sans aucun doute. Pour autant, la rouquine, dont l’esprit semblait particulièrement flou et complètement incohérent voir même irréaliste de la dame de Chantauvent avait cette certitude, cette impression. Incapables de s’en détacher, ses sourcils s’étaient froncés à de nombreuses reprises, alors que peu à peu les éléments lui revenaient en mémoire. Merrick, Adrien, le milicien accusant le noble d’atroce chose, dont sa tête était incapable même de visualiser le mot, l’instant, le moment, le crime. Détaillant celui qui se tenait à ses côtés, une main dans la sienne, ses doigts ensanglantés effleurant sa paume, laissant de ce fait une trace rougeâtre, couleur que la tenancière avait la sensation d’avoir adopté depuis un jour. L’avisant sans trop savoir comment, sans trop savoir pourquoi, Estelle ne parvenait pas à accepter que tout ceci était la réalité, que ce soit cette dispute, cette crise d’angoisse et même cette accusation, douloureuse accusation. Pour autant, peu à peu comprenait-elle que ce n’était guère un cauchemar, que son homme d’armes s’était bien aventuré dans un terrain plus que glissant, qu’elle s’était bien retrouvée face à lui dans une crise d’angoisse impressionnante, faible, fébrile, pitoyable.

Merrick n’en démordait pas, hésitant d’abord, puis réaffirmant ses paroles, ses accusations, cela avait enfoncé davantage cette douleur dans le cœur de la responsable, qui ne parvenait que très difficilement à pardonner, oublier, croire même, simplement. Pour autant, impossible de le repousser, de se détacher, impossible de hurler, de le supplier de partir, non, impossible. La jeune femme était comme sonné, encore dans cet état second, dans cette fatigue dévorant ses muscles, embrumant son esprit, avait-elle la sensation de prendre coup sur coup, d’être mise ko, sans avoir la possibilité de lutter, d’esquiver, de se protéger. Pour autant, Estelle ne parvenait pas à renoncer à Merrick Lorren. Tout son être lui hurlait de le faire partir, toutes ses pensées allaient dans le sens pour éviter la souffrance, l’éloigner, lui dire de s’en aller, de ne jamais revenir, voir même de le frapper jusqu’à ce qu’il promette d’arrêter, mais non, suffisait-il d’un simple murmure provenant de sa poitrine, d’un simple souffle d’incertitude, de besoin de cet être, pour que l’humaine faible qu’elle était soit incapable de le repousser.

Pour s’occuper, pour ne pas penser, pour ne pas permettre à son esprit de réfléchir, elle avait fini par se redresser et malgré la lenteur de ses mouvements avait subi de plein fouet un tournis important. Plus ou moins fasse à lui, elle était venue retirer le bandage usé, recouvert de la substance pourpre qu’elle ne voyait que trop depuis la veille. Avait-elle amorcé quelques paroles, alors que la totalité de son attention restait fixée sur ses mouvements, sur cette première main qu’elle emballé de nouveau en serrant suffisamment pour stopper toute forme de saignement. Néanmoins et inconsciemment –ou très consciemment au contraire-, avait-elle particulièrement forcé sur son geste lorsqu’il évoqua qu’il ne supportait pas que quiconque lui fasse du mal, comme l’homme dans les jardins du Duc, comme Martin et comme. Ce fut sur cette fin de phrase que ses doigts se firent plus sévères, plus durs, alors qu’elle tirait de chaque côté pour serrer le nouveau bandage. Estelle n’était définitivement pas prête.

Pour autant, acceptait-elle d’expliquer, d’évoquer brièvement des souvenirs, des mauvais rêves, des choses simples finalement, qui dans sa mémoire d’enfant n’avait jamais réellement existé, qui avait évolué dans sa mémoire de jeune femme comme une sombre idée irréaliste, des cauchemars, puis qui avait été complètement occulter par un cerveau dans une optique de survie. Comment aurait-elle pu de ce fait, entendre, percevoir ou arriver à cette conclusion que son propre frère avait réalisé ce qu’il y avait de plus abject à faire sur une femme, sur sa propre sœur, son propre sang. Ses mouvements s’arrêtèrent un instant alors qu’il évoquait les débuts à la chope sucrée, son mari, oui SON mari, c’était bien encore quelque chose qui parvenait à la faire sourire, rien que de repenser au début, à cette vie agréable, à des habitudes d’un couple et même si au départ son époux avait été plus d’une fois volage, lui avait-elle pardonné et n’avaient-ils été que plus solide et uni que jamais par la suite.


- « La chope était presque une ruine à l’achat » ce n’était pas ce qu’il voulait savoir, mais c’était plus simple de commencer par-là « On a passé des mois à la retaper et je crois que j’avais un don pour faire retarder les travaux en aggravant l’ensemble… » ses lèvres durent afficher un petit sourire « Je ne dormais pas beaucoup, alors non, il n’y avait pas de cauchemars et tout le temps où j’étais avec mon mari, il n’y avait plus de cauchemars. » comment aurait-elle pu avoir le temps, lancer un établissement s’était un travail lourd, le couple n’avait plus de vie à côté « Et puis, il est parti pour la milice, pour s’engager, sauver des vies » sacrées connerie « Adrien n’avait de cesse de me dire que je devais être fière de ce choix, c’était bien une des rares fois où ils étaient d’accord sur quelque chose »

Elle fit une pause, la suite, c’était complexe, se souvenir de ce moment, de l’annonce, se revoyait-elle s’effondrer au milieu de la chope sucrée, hurler, pleurer, puis de plus grand-chose, elle s’était laissé dépérir un moment, c’était Adrien qui venait la nourrir, qui lui ramenait de quoi boire, qui avait gérer l’établissement en attendant, oui en attendant.

- « Je ne me souviens plus trop de la suite, pour être honnête, je crois que je me suis laissée dépérir plus que de raison » murmura-t-elle de cette fois presque étouffée, honteuse sans doute d’admettre qu’elle s’était volontairement laissée mourir à petit feu « C’est mon frère qui s’est occupé de la chope, qui m’a ramené à manger, m’amener mes infusions avec les plantes que les membres du clergé avaient recommandés » la question des cauchemars lui semblait abstrait là aussi, comment aurait-il pu ne pas avoir dans un moment si compliqué « Les mauvais rêves étaient revenus, mais je crois que c’était la situation qui voulait ça. »

Ne répondait-elle pas entièrement, sous-entendait-elle simplement qu’en effet, il n’y avait pas eu que des nouveaux cauchemars, mais bien des anciens aussi, ou plutôt les mêmes anciens, mais tout restait si lointain, peut-être même qu’elle ne pouvait pas réellement sans souvenir, qu’elle n’était pas en état à ce moment-là ? Son regard avait dû s’assombrir un instant, alors même qu’inconsciemment, commençait-elle à s’interroger. Mais non, son frère avait été bon, présent, bien plus que présent, sans lui ne serait-elle-même plus là. Le réalisait-il, le réalisait-il seulement qu’elle ne devait sa survie qu’à son aîné ? Naturellement, elle était passée à la seconde main, se faisant moins douce dans ses mouvements, parce que l’évocation était un peu plus poussée, un peu plus désagréable. Approfondir des mauvais rêves, ce type de mauvais rêves n’était jamais une bonne chose, jamais, et Estelle aussi volontaire soit-elle n’en avait pas forcément envie non plus. Questions, questions, encore questions, sous-entendues, la dame ne pouvait s’empêcher de froncer les sourcils à plusieurs reprises, avec toujours plus de force, de détermination, d’hésitation. Un peu plus vivace, évidemment, mais ne pouvait-elle se résoudre à le formuler à l’énoncer alors qu’une fraction de seconde son visage avait grimacé, alors que son regard avait dû sembler s’humidifier. Il était son frère. Son frère et il lui avait sauvé la vie, il avait été présent, oui, plus, plus, plus, plus, plus et encore plus, mais elle n’était plus capable de rien, de rien du tout, alors n’avait-il pas agi normalement ?!

- « Merrick. » fit-elle finalement, brusquement comme un appel à l’aide, comme un signe qu’il allait la perdre.

Elle ferma les yeux quelques instants, le temps pour elle de réfléchir, de se recentrer, mais aussi d’éloigner les idées, les souvenirs trop désagréables. La fuite était toujours l’option la plus facile. Rouvrant l’ensemble, la dame le détailla longuement, silencieuse cette fois-ci, l’évocation de son époux avait semblé la calmer un peu, était-ce finalement toujours une valeur sûre pour elle, dénotant d’un attachement profond et sincère –encore actuel- à celui qui avait noué un ruban autour de son poignet.

- « Non, l’entente entre les deux n’était pas… Enfin, Adrien n’avait de cesse à rappeler à Eude qu’il était une ordure, malgré ses efforts, si Eude ne disait rien au début, cela virait rapidement au combat de coqs et Adrien prenait la porte, je ne le voyais plus trop après mon mariage. » elle roula légèrement une épaule « Adrien a toujours été plutôt protecteur avec moi, il m’imaginait épouser un homme bien et plein d’influence, c’est tout… » elle eut un semblant d’hésitation, qu’elle camoufla derrière un sourire un peu moins sincère « Ils étaient plus proches quand Eude s’est engagé, partir faire des missions communes semblait avoir rapproché les deux, du coup Adrien était de nouveau un peu plus présent »

Elle termina là, le bandage, sa prise de parole, on envie de s’épancher sur le sujet, non, elle n’en dirait pas plus ce soir, ni peut-être même les jours qui allaient suivre. Estelle avait ressenti ce besoin de conclure, d’annoncer les choses comme elle ressentait l’ensemble. Merrick lui demandait de choisir, pourquoi serait-ce à elle de choisir et non à lui ? Il voulait imposer ? Qu’il aille jusqu’au bout, qu’il aille jusqu’au bout et qu’il l’a regardé une nouvelle fois dans les yeux ? Adrien avait toujours été là pour elle, depuis sa naissance, qu’est-ce qu’il lui prouverait que Merrick Lorren en ferait de même ? Qu’est-ce qui lui prouvait qu’il n’allait pas juste écarter le frère pour mieux disparaître par la suite ? Estelle était lasse, lasse et retournée, chamboulée, malmenée, incapable d’avoir une pensée lucide, d’avoir une supposition autre qu’une angoisse ou une inquiétude.

Conservant sa main dans la sienne, savourant ce contact qui n’avait cependant pas la force de l’électriser, bien trop fatiguée et épuisée par tout ça, ne pu-t-elle que le détailler, attendre. Merrick avait débuté de la plus belle des façons, obligeant son cœur à battre plus fort alors qu’il réitérait un je t’aime, laissant un frisson remonter le long de son dos, ne pu-t-elle néanmoins pas profiter réellement de l’instant. Même cette satisfaction, ce plaisir de concevoir la réciprocité des sentiments était balayé par le reste, et quel reste. Ses lèvres sur le dos de sa main, il évoquait vouloir la protéger, mais pouvait-il la protéger de lui-même et du mal qui lui infligeait en remontant ainsi à la surface des souvenirs oubliés ? Puis là, là il l’avait abandonné physiquement, évoquant qu’il ne voulait pas encore abandonner un être qu’il aime. Était-ce une bonne chose de rompre un contact qui semblait canaliser l’ensemble ? Difficile à dire. L’avisant s’éloigner pour faire les cent pas, la rouquine se réinstalla dans son lit, s’enfonçant légèrement en détaillant la paume de sa main ayant conservé quelques traces de sang.

Elle ne l’écoutait plus réellement, comme prise dans ses pensées, dans ses tourments, tourbillonnant dans son for intérieur, les deux murmures qui s’affrontaient. Était-elle folle de garder Merrick si proche alors qu’il s’attaquait à la seul chose qui lui restait ? Était-elle folle de douter, d’avoir peur que tout ceci soit vrai ? Comment pouvait-elle le croire quand il évoquait ne jamais avoir eu dans l’idée de disparaître ? N’était-ce pas lui qui lui avait imposé un choix, CE choix ?


- « D’accord » répondit-elle simplement, même si elle dû paraître plus froidement, légèrement.

Il avait cessé de bouger, de se déplacer, réalisant sans aucun doute que cette histoire était en mesure de déchirer définitivement le couple en construction. Du moins, le réalisait-elle, alors qu’elle le condamnait de cette situation, autant qu’elle condamnait Adrien d’avoir évoqué des choses aussi stupides et impossibles, parce que c’était impossible n’est-ce pas ? Son regard s’était de nouveau assombri, se voilant de cette tristesse particulière alors qu’il l’évoquait en tant que victime, alors qu’il évoquait qu’il ne partirait pas, pas maintenant, pourquoi maintenant ? Avait-elle senti son cœur se serrer, avait-elle envie de le traiter de menteur, de lui balancer une nouvelle fois tout ce qui pouvait traîner autour d’elle. Il le lui avait dit, il le lui avait montré déjà qu’il était un fugitif de la vie, un fuyard, un vagabond, alors comment pourrait-elle espérer sincèrement qu’il ne décampe pas à la première difficulté, la deuxième ou la troisième ? Comment pouvait-elle le croire sur parole alors que lui-même ne devait avoir aucune certitude à ce sujet. Et puis, sans même s’en apercevoir, l’homme d’armes confirma ses doutes, usant d’abord de l’humour avant de venir s’installer à côté d’elle, puis affirmant qu’il ignorait où il allait bien pouvoir se trouver dans deux mois… Était-ce ça alors, réellement ça ? Elle resterait la femme la plus importante pour lui, même s’il partait… Au fond, peut-être que Merrick Lorren avait eu raison dès le départ, était-il réellement le plus beau des salopards. Ne pouvait-elle néanmoins s’empêcher de garde ce cruel espoir. Avait-il conscience du véritable choix qu’il lui proposait ? Écarter Adrien, perdre le dernier membre de sa famille, pour ne même pas avoir la certitude qu’il serait là, lui, Estelle se retrouverait donc définitivement seule, sans plus personne, hormis la chope sucrée.

Il c’était approché pour l’embrasser, elle était restée immobile, savourant le contact de sa main sur sa joue, puis dans sa crinière de feu, puis ce front contre le sien, cette proximité, ses lèvres si proche et pourtant si loin. Son regard devait hurler ce besoin, réellement, cette affection, cet amour et pour autant, pour la première fois, elle n’avait pas céder, elle n’était pas venue sceller ses lèvres contre les siennes, et n’avait pas répondu immédiatement à sa question. Oui, pour la première fois, Estelle semblait repousser Merrick, refuser de réellement céder, trop perdue, trop suffocante intérieurement, trop malheureuse de réaliser, d’entendre et d’accepter cette idée fixe –du moins de ce qu’elle avait compris-, qu’il partirait, sans regret, sans remord avec juste la promesse qu’elle aurait été la femme la plus importante pour lui. Penserait il a elle en se glissant dans d’autres cuisses, penserait-il a elle quand elle attendrait au temple, pour voir un mari qu’elle ne désirait nullement plutôt que lui ? Pensait-il sincèrement que cela la consolerait de savoir qu’elle aura été au moins cette femme importante dans sa vie.


- « Non » ce fut un souffle, un murmure, un mot à peine prononcé, mais bien réel

Dans le fond ne répondait-elle qu’à son flot de pensée, mais pour autant, c’était bien à lui qu’elle s’adressait, lui, sa proximité, ce doute qu’il avait fait naître, cette douleur, cette culpabilité. Devait-il pouvoir lire dans son regard tout le contraire de ce mot qu’elle venait de formuler, de cette interdiction, de ce refus de sentir une nouvelle fois son souffle contre sa peau, ses lèvres contre les siennes. Pouvait-il seulement entendre que la tenancière se sentait sale, trahie, presque humiliée par tout ce qui venait de se passer. Peut-être pas, pouvait-il supposer qu’elle n’était pas toujours forte, souriante, gérante et là, juste là contre son front, dans cette proximité si envoûtante, sa tenancière, sa rousse était en train de s’effriter, de sombrer petit à petit sans parvenir à se raccrocher à la moindre espérance.

- « Je suis fatiguée… » souffla-t-elle, encore cette excuse, qui cette fois n’en était pas vraiment une.

Ce fut elle cette fois qui s’éloigna, qui quitta la proximité, qui quitta son front en se défaisant de sa main sur sa peau, sa tête, ou sa joue. Chacun son tour aurait pu dire un observateur extérieur, chacun son tour à offrir à l’autre cette sensation d’être repoussé alors qu’on essaie juste de faire au mieux. Elle ne rechercha pas sa proximité ni le moindre contact, même si cela dû lui cesser le cœur si fortement, si cruellement. Elle s’installa au bord du lit, puis se releva lentement, n’était elle pas encore très stable, pas après tout ça, en se redressant constat-elle le couteau sans trop comprendre ce qu’il faisait là et pourquoi, lança-t-elle ce regard interrogatif au principal concerné, avant d’abandonner l’idée. Il y avait sans aucun doute des choses qu’il était plus prudent d’ignorer. Après quelques pas silencieux, elle était venue s’appuyer contre le bureau, pivotant légèrement pour faire face à Merrick, prenant une inspiration, avant de finalement poser sa question.

- « J’ai besoin que tu sois honnête » souffla-t-elle lentement « Est-ce que tu penses vraiment … » c’était difficile à dire, à prononcer, elle n’y arrivait pas « qu’Adrien aurait pu me faire du mal ? » c’était la première question, le faire du mal était moins douloureux que l’autre mot.

Elle l’avisa un instant, levant un doigt, comme pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas fini.

- « Est-ce que tu as conscience que si tu as raison, je perds le dernier membre de ma famille ? » elle l’avisa « Est-ce que tu as conscience que tu provoques tout ça » elle fit une pause déglutie « Sans pouvoir… que… tu… » ça devenait confus, tellement confus « Sans savoir où tu seras demain, ou dans deux mois ? »

Là était la réalité, frappante et douloureuse, presque mortelle. Merrick avait fait le choix de tout révéler, de tout engloutir, de tout chambouler, faire exploser et de finalement détruire l’équilibre de la Chantauvent, sans rien avoir à offrir. Sans même s’imaginer que si aujourd’hui il était là pour l’aider, qui serait là pour la ramasser après ? N’était-il pas en train de la condamner ? Estelle c’était vu sombrer après la mort de son mari, Adrien avait été là. Allait-elle sombrer si tout ceci était vrai le concernant et Merrick serait peut-être là un temps, mais après, après, qui la ramasserait lorsque Merrick prendrait la fuite ? Ce fut ce moment où elle plongea son regard dans le sien et où tout son être devait réclamer cette proximité, ce besoin de se retrouver dans ses bras, d’être juste là, protéger.

- « Et y a Martin au milieu de tout ça… » murmura-t-elle plus pour elle

Venait-elle d’énumérer des faits, sans pour autant poser la fameuse question qu’elle voulait poster, et pour ça, elle avait besoin de mettre quelque chose de visuelle en place. C’était stupide, mais elle faisait ça à l’époque avec son mari pour évaluer la distance et la difficulté qu’il pouvait avoir encore dans le couple, c’était sa manière à elle de prendre les décisions. Actuellement, il y avait une grande distance qui séparait le couple, du bout du lit ou Merrick était installé, au bureau, ou Estelle s’était rendue difficilement.

- « Lève-toi » fit-elle « Je vais te dire des phrases, si la réponse est oui, tu fais un pas vers moi, si c’est non, tu ne bouges pas. Il n’y a pas de juste milieu Merrick, c’est oui ou non

A la fin, elle devrait choisir certainement : prendre le risque de réduire la dernière distance et donc dans un sens le choisir, ou rester où elle se trouvait et très certainement s’éloigner petit à petit un temps.

- « Tu ne penses pas que Adrien soit une bonne chose pour moi. » elle l’avisa « Tu veux aller au Labret uniquement pour qu’on passe du temps à deux et qu’on se rapproche » là encore elle l’observa « Tu seras là durant les deux mois à venir peu importe les événements » elle arrivait à ce qui lui faisait le plus peur « Tu m’aimes sincèrement et réellement sans attendre quoique ce soit en échange » peut-être que ce n’était que passager finalement « Tu n’as eu aucune conquête comme tu me l’as dit depuis que tu me fréquentes » la question pouvait être vaste, mais c’était sa façon de vérifier son honnêteté aussi, là où tout son équilibre semblait remis en question « Tu seras là le jour du mariage et tu ne vas pas fuir »

La dernière phrase était sans aucun doute la plus douloureuse pour elle, comme pour lui, mais Estelle avait besoin de savoir, d’être sur une certitude, un fait concret, de savoir où était le réel et où était l’imaginaire, de se raccrocher réellement à ce qu’elle sait de véritable. Lui qui avait tout remis en doute, lui qui venait de briser une partie de son enfance en y instiguant un peut-être, craignait-elle désormais de ne plus être capable de dissocier les choses, comment le pourrait-elle si durant autant de temps elle s’était menti à elle-même ? Merrick avait eu cette volonté de communiquer, lui avait-il dit, qu’elle devait communiquer et non se refermer, alors finalement, c’est en le détaillant qu’elle prit la décision de rajouter :

- « J’ai peur de tout perdre, de m’être menti, que tu es raison, je ne sais pas si je vais le supporter » pour autant que tout restait abstrait elle pouvait encore le dire comme ça « J’ai peur que tu partes, de ne plus rien avoir rien du tout… Je n’ai pas envie de tout détruire, de voir tout être détruis… » la femme d’Adrien, son bébé, elle, même eux, qui sait comment elle pourrait réagir si elle réalisait réellement qu’elle avait été souillé, comment pourrait-il lui espérer la toucher, l’approcher « Je voudrais juste que tout redevienne comme hier… juste ça… Je voudrais juste ça Merrick… »

Finalement elle avait cédé, qu’il est avancé ou pas, qu’il est reculé ou pas, elle s’était précipitée dans ses bras, réellement, brusquement, elle en avait besoin, terriblement besoin et plus rien n’avait eu semblé d’importance sur l’instant. Elle était épuisée sans parvenir à se résoudre à s’allonger, terrifiée à l’idée de revivre ses mauvais rêves, elle était terrifiée à l’idée que ce soit vrai, apeuré qu’il l’abandonne lui, ce salopard qui avait capturé son cœur. Dans ses bras, elle était venu blottir sa tête dans le creux de son cou, venu l’enlacer avec force sans faire attention à rien d’autre que ce besoin de proximité, ses doigts s’étaient légèrement crispés dans le creux de son dos, alors que de nouvelles larmes dévalaient de ses joues. Estelle était incapable de prendre la moindre décision et aucun doute que si Merrick espérait qu’elle se repose, il allait devoir prendre les choses en main. Pour autant et malgré son refus précédemment, était-elle venue –si il ne la repoussait pas- l’embrasser avec une tendresse infinie.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyMer 29 Mai 2019 - 8:29
Un simple mot, aussi court soit-il, peut parfois être plus douloureux qu’une blessure, plus perfide qu’un coup de poignard, plus douloureux que la torture. En cette heure et à l’intérieur de cette chambre de la Chope Sucrée, c’est ce que découvrit Merrick Lorren. Mis et voué au supplice par ce simple “non” qui figea aussi bien son esprit que son corps, le milicien resta muet et interdit. Est-ce qu’Estelle de Chantauvent venait de décider, de faire un choix entre le salopard et le violeur ? Était-ce une façon de lui imputer la faute, et de lui faire comprendre que l’impensable était sur le point d’arriver ? En l'occurrence, que leur séparation allait s’acter maintenant, en bonne et due forme ?

Toute promiscuité fut abandonnée lâchement, alors que la fatigue revenait à titre d’explication pour définir cette négation de tout rapprochement. Le ressac des émotions commença à se faire sentir. Alors que Merrick avait été gelé par cette dure décision de la tenancière, tandis que la réalité l’avait rattrapé et frappé de plein fouet, le murant dans l’incompréhension et la stupeur la plus totale, l’ivrogne ressentait à nouveau et enfin les premiers stigmates des sentiments. Ceux-ci revenaient poindre à l’horizon de sa conscience, transperçant et traversant son esprit qui avait été mis à mal par cette rebuffade. Toutefois, il fallait reconnaître une chose; il était plus juste de parler de ressentiments que de sentiments. Car Merrick était plutôt noyé sous les contrecoups de la haine et de la colère. Et dans ce genre de situation, ces deux émotions étaient de bien mauvaises guides et conseillères…

Il en voulait tout d’abord à Adrien de Miratour. Nul besoin d’expliquer les raisons de cette haine viscérale qui le prenait aux tripes, qui le vrillait et le torturait avec violence. Ce n’était pas qu’un simple regard noir que Lorren voulait distillé à l’encontre du bourgeois. C’était véritablement une peine capitale, une corde autour de son cou ou un poignard dans son corps. Celui-ci méritait mille supplices. Et bien qu’il était un couard, un être profondément fâché avec les actes de bravoure, le jeune homme brûlait d’une aversion et d’une répulsion tellement sourde et forte, qu’en cette heure, il aurait peut-être eu le courage d’aller affronter ce démon pour le faire trépasser.

En outre, Merrick était aussi désappointé que déçu d’Estelle. Pourquoi ce “non” ? Ne venait-il pas de faire des concessions ? Ne venait-il pas d’accepter de ne pas trop l’impacter pour l’heure, tandis que cela les mettait potentiellement tous deux en danger, et lui le premier ? Alors pourquoi le repoussait-elle ? Et par la Trinité, pourquoi mettait-elle encore cela sur le dos de la fatigue ?! Bien évidemment, l’homme d’armes était beaucoup trop torturé par cette situation conflictuelle pour se pencher calmement et avec logique sur les sentiments qui pouvaient habiter la jeune femme. Aux prises avec les siens, avec ses sens et le tumulte dans lequel il se sentait engoncé, Merrick n’arrivait plus à concevoir et cerner ce qui pouvait aussi torturer la tenancière de la Chope Sucrée. À trop penser à ses propres tourments, il oblitérait ceux de la Chantauvent.

Pour continuer dans la liste des états d’âme et des tortures sentimentales qu’il vivait et le vrillait, Lorren était aussi frappé d’une jalousie féroce. Cette dernière émotion était puérile, lui-même en avait conscience, mais il était incapable de s’en détacher aussi facilement qu’Estelle semblait capable de se détacher de lui. Ainsi, alors qu’il était parti en direction et en quête d’éléments pour étayer la piste et l’idéal que de Miratour était un monstre aussi perfide que vénal, Merrick découvrit plutôt le profond attachement qui unissait, encore aujourd’hui, Estelle et son mari. De fait, toutes les énonciations de sa vie passée arrivaient à lui tirer un sourire et à la faire s’épancher plus que de coutume sur un sujet en particulier. Loin de s’arrêter, sa…, la tenancière allait même jusqu’à développer plus que nécessaire sur les aléas de sa vie passée.

Découvrant au travers de ces paroles bénignes la véritable force de cet élan sentimental, l’ivrogne ne fit presque pas attention aux mots qui lui auraient permis de mieux comprendre et réaliser les maux dans lesquelles Estelle baignait. Tout ce qu’il voyait c’était cet amour insubmersible qui continuait de voguer après la mort. “L’aurais-tu cru, ton mari, si c’était lui qui t’aurait dit ça ?” Les mots étaient partis comme un coup de fouet. C’était la première attaque, ou plutôt contre-attaque d’un milicien blessé et meurtri, déchiré, et le croyait-il abandonné.

Merrick Lorren avait toujours eu conscience qu’il n’était pas assez bien pour elle. Il avait été fermier et elle bourgeoise. Il était un milicien sans le sou, un ivrogne, un couard qui avait abandonné les siens, un coureur de jupons volage et un salopard qui ne pouvait que se targuer d’avoir une certaine beauté. Elle était une propriétaire en fond, un être bienveillant et surtout, une femme encore amoureuse d’un défunt. Ainsi, le jeune homme était-il bel et bien échec et mat ? “Évidemment, cette fatigue de tous les instants. Toujours plus simple de se cacher derrière ça que de dire la vérité, hein ? Qu’attends-tu pour le dire ? Qu’attends-tu donc ?” Proféra-t-il en restant assis sur le lit et en perdant son regard sur le plafond, les deux mains enserrant et serrant les draps. Quand allait-elle lui dire de partir et de la quitter ? Comme le défunt époux avait battu le milicien, le frère allait vaincre l’homme d’armes sous peu, non ? Dès lors, il serait juste de dire que cela allait être une défaite totale et sans appel.

-”Moi j’ai toujours été honnête.” Répéta-t-il rapidement et directement après la prononciation. Aucune chaleur dans sa voix, aucune violence. Qu’une froideur aussi mordante que la bise glaciale d’une quelconque contrée nordique. Pour ne plus souffrir, Merrick tentait de se couper de ses émotions et de ses états d’âme. Dès lors, impossible d’insuffler ne serait-ce qu’une étincelle de vie dans ses propos. Laissant la rouquine continuer à parler, sommé au silence par un doigt levé qui le condamnait à l'expectative de la suite, Lorren fut soulagé de n’être pas tout de suite rejetée en bonne et due forme comme il l’attendait. Toujours est-il qu’il se détesta pour ce soulagement, qui n’était au final, qu’un sursis avant sa condamnation à perpétuité, pensait-il. “ Je ne m’amuserais pas avec ce genre de sujet, Estelle. Évidemment que je le pense capable et coupable de ce genre d’acte.” Avant de proférer la suite, il secoua la tête lentement de droite à gauche. “ Parce qu’il serait mieux de ne rien faire si j’ai raison ? Il faudrait te laisser vivre en harmonie avec le dernier membre de ta famille qui est peut-être le pire monstre qui existe ?” La suite eut le mérite de le faire rire avec douleur. “ Ah oui, je provoque ça ? Et bien, j’imagine que la malveillance de mes mots est sans limites, que la torture que je distille et instigue est à seul but de blesser et non pas de te protéger, évidemment. Merrick Lorren le coupable, le monstre, le bourreau ! Au final, j’imagine que ce ne sera qu’un autre trait à ajouter au descriptif du salopard que je suis. Le “fautif” de l’histoire. Lui et non celui qui fit preuve d’une immoralité bestiale. ”

L’ivrogne ne se reconnaissait plus. Comment pouvait-il parler ainsi ? Toujours est-il qu’il n’arrivait pas à accepter l’idée de ramper piteusement et lâchement en cet instant. Il agissait enfin pour une cause qu’il pensait noble. Alors, pourquoi était-il à ce point perdant dans l’échange ?! Si seulement il avait fait preuve de plus de tact… “Parce que le choix de te protéger dépendrait de si je reste ou non ? Tu préfères potentiellement t’aveugler et rester auprès d’un monstre si je disparais ?” À ses yeux, il ne fallait pas mélanger l’impératif de sécurité, de protection, et la suite possible de leur relation. Était-il trop obtus d’esprit ? En proie et aux prises avec sa douleur, Lorren ne croisa pas le regard d’Estelle. Il ne voulait pas flancher ni chavirer, tandis qu’il pensait qu’elle était sur le point de mettre un frein à tout ce qu’ils avaient vécu à deux.

Lorsqu’elle mentionna Martin, Merrick soupira. Au moins, ce sujet était plus simple et facile à discuter. Tous deux arrivaient à se mettre d’accord sur qui était l’ennemi, lorsqu’il était question de ce psychopathe. “ Et il y a Martin…” Répéta-t-il en réfléchissant aux possibles conséquences de sa présence. “ Peu importe ce qui arrive, je refuse que quelqu’un te fasse du mal. Lui le premier. Je… enfin. La milice, va l’attraper. Il ne pourra fuir indéfiniment. En attendant, rien ne t’arrivera.” Tenta-t-il de la rassurer sans la regarder, tenta-t-il de se convaincre sans y arriver. Lui-même était en proie à une terreur sans nom lorsqu’il était question de l’individu qui l’avait malmené et presque tué par asphyxie.

Étonné par l’ordre de se lever, l’homme d’armes croisa par inadvertance le regard qu’il évitait jusqu’alors. Croyant voir et percevoir une lueur, une volonté de promiscuité et de proximité, Lorren en resta interdit, alors que les traits de son visage perdaient de leur inexpressivité pour se fendre d’un émoi fort et soudain. Non. Ce pouvait-il que… qu’elle n’ai finalement pas tiré un trait sur leur relation ? Que sa négation n’était pas synonyme de rupture ? Alors, pourquoi ? Que devait-il faire ? S’épancher en excuse et rétracter l’ensemble de ses paroles ? Impossible. Oui, celles-ci avaient peut-être été dures et difficiles à entendre. Mais elles étaient véridiques. Et puis, ne venait-il pas de lui dire qu’il avait été honnête jusqu’alors ? La vérité pouvait blesser, c’était une évidence. Dès lors prévalait telle sur le mensonge ? Serrant la mâchoire devant peut-être son erreur et l’hérésie de ces précédents actes, le jeune homme ne fit que hocher la tête et se lever. Pouvait-il encore sauver ce qu’il avait cru perdu, en l'occurrence leur relation ? Il voulait le croire. La lueur de son regard le démontrait.

L’écoutant définir les règles de ce “jeu”, Merrick Lorren garda son sérieux et hocha à nouveau de la tête. Au commencement, l’ensemble de leur relation avait été bâti sur l’amusement, sur l’idéal que le plaisir et la compétition prévalaient sur tout le reste. Cela avait été de savoir si il réussirait à la charmer, ou si elle réussirait à lui résister. Dès lors, si tout devait s’arrêter maintenant, tandis qu’il n’atteindrait peut-être pas sa tenancière, cela ne respecterait-il pas une certaine forme de logique ? Pour triompher, il fallait gagner, tout simplement. Or, est-ce que Merrick Lorren pouvait vaincre, en cette heure où tout semblait si sombre, si compliqué, si ardu, si douloureux et si difficile ?

Le commencement fut simple. Très simple. Alors que la propriétaire de l’établissement présentait le fait qu’il prenait son frère pour un danger, Merrick avança d’un premier pas convaincu. Le jeune homme était loin d’être satisfait de cette première avancée, se doutant pertinemment que la suite serait plus difficile. Déjà, sur la seconde question, il hésita. Il voulait aussi aller au Labret pour la mettre en sécurité, pour l’éloigner en premier lieu de Martin et en seconde place de son frère. Oscillant et tanguant de la pointe de ses pieds à ses talons, Lorren finit par rester sur place, le regard criant la peur qui le torturait d’être voué à l’échec par cette inertie statique qu’il n’arrivait pas à transformer en une avancée. “Oui, je le souhaite. Mais je veux aussi aller au Labret pour te protéger, pour nous éloigner tout deux de ceux qui pourraient être un danger. Alors, je ne peux pas dire que c’est uniquement pour qu’on puisse se rapprocher, bien que cela soit l’une des causes principales.”

La suite fut plus simple. Il avança rapidement. “ Aussi longtemps que tu voudras de moi.” Lorsqu’elle parla d’amour, Merrick ne put s’empêcher de sourire doucement et avec une tendresse qu’il ne se croyait plus capable d’avoir après le fracas qui l’avait habité précédemment. Il se fendit d’un autre pas, réduisant la distance qui les séparaient sans proférer le moindre son. Oui, il l’aimait sincèrement. Sinon, il ne serait plus là. Sinon, il ne tenterait pas de la protéger aussi férocement, alors qu’il était d’une couardise sans borne. Les efforts qu’il déployait prenaient racine dans cet attachement, dans cette relation où il n’attendait plus rien en échange. L’ivrogne avait voulu l’ébat charnel. Le milicien la désirait tout entière, sans limites, et ce, sans attendre quelque chose en retour. Au final, à la somme du tout, le salopard était tombé dans le piège, avait succombé à son propre jeu, se découvrant des sentiments qu’il ne pensait pas être capable d’avoir pour une seule et unique femme. “Je t’aime”. Dit-il dans un murmure. C’était plutôt clair, non ?

Encore une question assez facile, pensa-t-il en avançant d’un pas, se rapprochant toujours plus du corps -et possiblement du coeur- de la Chantauvent. Une autre conquête ? Aucunement. Il avait abandonné son attitude frivole et volage le jour de leur rencontre. Tout d’abord par attrait du jeu qui se jouait et les liaient, trouvant satisfaction dans ce badinage qui les unissaient et rêvant de plus, puis parce qu’il s’était réellement attaché et qu’il ne pensait plus qu’à elle, que pour elle.

Mais il aurait été trop simple. Trop facile de finir la partie sur cette interrogation. Alors qu’il n’était plus qu’à une moindre distance de son opposante, la dernière question eut le mérite de lui faire craindre la défaite, le pire et la perte. Interdit, incapable de savoir ce qu’il pensait réellement, de se convaincre d’une démarche à suivre, Lorrne ouvrit la bouche, la refermant aussitôt. Serait-il là lors de la date butoir qu’était le mariage ? Le pouvait-il ? Levant le pied droit, il le redéposa au sol, recommençant le geste par intermittence. Oui,non,oui,non. Son esprit luttait contre son désir, et lorsqu’il triomphait, c’était au tour du désir de poursuivre la lutte face à son esprit. Le visage crispé, serré dans une indécision des plus flagrante et totale, Estelle lui dévoila la suite, le fond de sa pensée.

L’écoutant parler, prenant -enfin- conscience des tenants et aboutissants des maux qui s'abattaient et minaient Estelle de Chantauvent, Merrick Lorren se mordit la lèvre inférieure avec force, alors qu’il réalisait l’étendue de son erreur, le manque de tact dont il avait fait preuve. Le jeune homme était toujours convaincu d’avoir raison, mais comprenait pourquoi tout cela était difficile à accepter pour la rouquine. Non pas à cause d’une préférence pour son frère par rapport à lui, mais plutôt pour la solitude que cela pourrait entraîner, alors que le tout pouvait être non fondé, tandis qu’il disparaîtrait peut-être par la suite. “J’ai été un gros con.” Dit-il d’une voix chevrotante. C’était clair, net et précis. “Estelle, je…” Je “quoi”, Merrick Lorren ? Que pouvait-il bien dire, ou faire ? Ah, la réponse à cette interrogation était si simple, si facile à trouver. Mais si ardu à faire…


Parfois, les pires situations peuvent permettre de développer et déployer une ramification positive. Non pas que lesdits moments de noirceur soient oblitérés rapidement par un amalgame bien heureux sorti de nulle part. Il est plutôt question de dire que dans les pires moments de souffrances ou de doute, les choses importantes semblent plus simples et faciles à comprendre. Lorsqu’une relation est au beau fixe, il est toujours difficile de se projeter. Lorsqu’elle semble se péricliter et non se pérenniser, la peur de sa ruine peut vous donner des ailes. Et de cela, Merrick Lorren en connaissait un rayon; la peur. Estelle de Chantauvent avait peur de tout perdre ? Lui avait peur de la perdre elle. Elle avait peur qu’il ait raison ? Lui craignait de ne pas avoir tort. Elle était effrayée à l’idée qu’il disparaisse ? Lui aussi. Aussi bien pour lui-même que vis-à-vis d’elle. Ainsi, devant l’ensemble de ces constats, ce fut la première fois que la peur fut son allié plutôt que son bourreau. Ce fut-elle, cette crainte face aux différents éléments susmentionnés, qui lui fit prendre une décision, un choix qui risquait d’impacter tout le reste.

Car c’est en cette heure que Merrick Lorren fit le dernier pas en avant qui le séparait d’Estelle de Chantauvent. “Je serais là.”

C’est directement après ces mots que les digues rompirent. Il n’aurait rien pu proférer d’autre. Sa gorge était nouée, sa mâchoire contractée à s’en faire mal. Pour autant, il ne doutait plus. Mais, avec l’ensemble de ces sentiments mélangés et chamboulés, Lorren était à fleur de peau. Ses yeux étaient imbibés de larme, et il n’arrivait pas à définir si c’était de soulagement, de bonheur, de colère ou de haine. Et puis, rien n’était joué. Que ferait Estelle ?

La réponse vint rapidement. Où plutôt fut acté avec vivacité. En l'occurrence, dans le tourbillon d’une crinière rousse, alors que la jeune femme supprimait la dernière distance, bien moindre que précédemment, qui les séparait en s'élançant et se jetant dans ses bras. L’attrapant rapidement, fermant les yeux et faisant fit de tout le reste, l’homme d’armes perdit ses mains dans son dos. Se laissant lentement plier jusqu’à choir au sol, alors que ses jambes semblaient n’être plus à même de le soutenir, entraînant dans sa chute la dame de Chantauvent, Lorren ne fit rien pour mettre un frein à leur proximité. “Oui”. Ce mot sortait de nulle part, il est vrai. Or, n’était-ce pas le seul à même d’effacer la négation précédemment entendue ? C’est sur cette entrefaite qu’il accepta le baiser, venant répondre à cet élan de tendresse par la même passion véhiculée.

Laissant ses doigts remonter jusqu’au visage d’Estelle, enserrant doucement son visage entre ses paumes, gommant les perles salines de ses doigts en continuant et ne rompant pas le contact qui s’était créé entre leurs lèvres, l’ivrogne s’abreuvait de cet apaisement que sa tenancière apportait à ses sens. Tout n’était pas réglé. Tout n’était pas revenu au beau fixe. Or, chaque chose en son temps. Pour le moment, là, n’était pas l’important. Les mots ne semblaient plus avoir leur place. Rompant finalement le contact sans brusquerie, attrapant Estelle et la soulevant dans ses bras, qu’importe son épaule ou ses mains meurtries, Merrick la porta jusqu’au lit qui n’était guère loin. La déposant sur ce dernier et sous les draps de celui-ci, il s’y glissa à son tour. Lui-même n’en menait toujours pas large. Dès lors, il ne savait que faire pour arrêter les larmes de la rousse -si elle pleurait encore-. La prenant dans ses bras, enserrant dans une étreinte qui se voulait réconfortante, Lorren prit la parole brièvement. “Je suis là. Je serais là.” L’une de ses mains alla se perdre dans la crinière de sa partenaire, laissant ses doigts s’enfoncer dans sa chevelure.

Au bout d’un certain moment, il rompit de nouveau le silence. “Je suis désolé. Je...j’ai… j’ai cru que tu voulais me quitter, lorsque tu m’as dit “non”.” Il était peut-être un peu tard pour s’expliquer maintenant, pour définir pourquoi il avait été aussi froid. Mais ne valait-il pas mieux tout de même le faire ? “ J’ai eu peur que...que ce soit la fin. C’est ainsi que j’ai réalisé que je ne le voulais pas, que je me refusais à l’accepter. Qu’importe la suite, les événements difficiles ou les différentes situations. Pour le meilleur ou pour le pire, j’ai avancé.” Termina-t-il en faisant référence au dernier pas qu’il avait fait. Celui qui définissait qu’il s’attachait à être présent lors de la date fatidique du mariage et qu’il ne fuirait pas. Ce n’était pas à proprement parler une demande en mariage. Après tout, Merrick Lorren n’avait jamais fomenté ce genre de demande. Il avait été imposé. Toutefois, c’était un très grand pas. L’acceptation de cette union forcée, sans en souffrir particulièrement.

Veillant Estelle jusqu’à son assoupissement, lui murmurant des mots qui se voulaient aussi doux que rassurants, qui se voulaient capables de la calmer, Merrick Lorren resta lui-même éveillé jusqu’à ce qu’elle s’endorme, que ce soit d’épuisement ou non. Lui aussi, en proie à une fatigue de tous les instants, aussi bien à cause des émotions qui s’étaient succédé excessivement rapidement et qui l’avait chamboulé, qu’à cause des événements de la veille, finit par s’endormir. Mais avant de sombrer pour de bon, il ne put s’empêcher de murmurer; “Mais toi, seras-tu présente le jour du mariage ?” Car rien n’était fait. Et bien que le milicien ne fut pas repoussé aujourd’hui, ce dernier savait pertinemment qu’il n’avait pas encore triomphé ni du frère ni du défunt époux.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptyVen 31 Mai 2019 - 19:16


- “L’aurais-tu cru, ton mari, si c’était lui qui t’aurait dit ça ?

Ce fut un silence, un étrange silence dans l’esprit de la rouquine. Son cœur avait dû soudainement ralentir, pour battre plus fort, plus violemment BOOM, BOUM. Ses sourcils s’étaient légèrement froncés alors qu’elle avisait celui qui venait d’une nouvelle fois de la poignarder. Pourquoi ? Silencieuse, ou plutôt condamnée à cette absence de mot qui pourtant était bien animé par bon nombre de maux. La Chantauvent l’avisa un instant, cherchant à comprendre, à réaliser, avait-elle mal compris, n’était-ce qu’une question, pas un pique, pas une mauvaise pensée, n’est-ce pas ? Oui, cela ne pouvait être que ça. La question formulée attendait-elle réellement une réponse ? La tenancière l’ignorait, comment pourrait-elle le savoir, l’imaginer, le percevoir ? Jamais son mari n’aurait affronté aussi directement sa femme, jamais non, l’homme aurait pu accuser son frère de ce type d’horreur. Mais s’il l’avait fait, Estelle aurait-elle eu cette même réaction ? Sans doute, certainement même. Ainsi ne comprenait-elle pas, où voulait-il en venir, que voulait-il sous-entendre ?

- « Il est mort… » souffla-t-elle douloureusement, comme pour lui rappeler qu’il semblait jaloux d’un être qui n’était plus.

Puis ce fut cet étrange sensation d’incompréhension, cet étrange besoin de fuir, de se protéger, alors que plus il dressait des mots, plus celle à la chevelure de feu se sentait attaquer. Merrick lui reprochait sa fatigue, prétextant qu’elle était une excuse, une excuse à quoi ? Sous le choc, déjà noyé sans même avoir eu l’occasion de lutter un peu à contre-courant. Estelle abandonna sa vision de Lorren pour observer les marques de son plancher. Alors c’était ça, c’était ça ce qu’il pensait d’elle ? C’était un peu comme-ci elle montait vers l’échafaud, comme si le bourreau était présent et qu’il allait lui passer la corde au cou. La tenancière venait de gravir les marches, de se positionner devant la corde, sans monter encore sur la trappe. Ah, elle n’était pas honnête elle, c’était ce qu’il sous-entendait ? Le pas sur la trappe venait d’être franchi, sans que la rousse ne lutte même pas une fraction de seconde. Ce fut ensuite la sentence, la condamnation à mort sans qu’une nouvelle fois Estelle ne puisse lutter. Perdue avant même d’avoir commencé le duel, Merrick attaqua avec une violence et une froideur qu’elle ne lui connaissait pas. Son cœur avait dû sembler s’effriter dans sa poitrine avant qu’elle ne décide de fuir, de se lever, de réfléchir, loin de lui, loin de cette douleur. Dans le même geste n’avait-elle que pu murmurer cette question, cette simple phrase, comme une bouteille à la mer.

- « Comment peux-tu dire ça… » articula-t-elle avec lenteur

Secoué, le mot était encore bien trop faible pour exprimer clairement ce qu’elle ressentait. Aurait-elle mille fois préféré être confronté à un fangeux, qu’à cette situation bien délicate, irréaliste. Monstre, bourreau, coupable, immoralité bestiole, les mots n’avaient de cesse de s’entrechoquer dans l’esprit d’Estelle qui ne pouvait que s’émietter davantage, sans ne plus même avoir le moindre espoir de reconstruction. N’était-ce pas elle le monstre ? L’immondice de l’histoire, comment avait-elle pu oublier les événements, comment avait-elle pu le laisser faire ? Comment ?! Comment pouvait-elle le regarder, le fréquenter, comment pouvait-il lui continuer à venir en ayant conscience qu’il s’était glissé entre ses cuisses contre sa volonté ? L’image sembla revenir avec une violence inouïe, violence qu’elle avait contenue en plaçant une main à ses lèvres, alors qu’une nausée importante semblait la submerger. Sa vision qui s’était troublée un instant, un instant si infime avait fini par revenir à la normale, alors qu’elle tentait de se convaincre que ce n’était que le fruit de son imagination.

- « Arrête » supplia-t-elle presque « Merrick, arrête… »

Il fallait que cela cesse, il le fallait, sans quoi jamais elle ne pourrait voir le soleil se lever. Convaincue de cet état de fait, presque autant que cette envie d’ouvrir la fenêtre pour s’y jeter, la dame de Chantauvent prenait une intense respiration. Il fallait remettre les choses dans l’ordre, réfléchir, prendre le temps de réfléchir oui, faire la part des choses. Ayant la désagréable sensation de n’avoir rien à quoi se raccrocher, aucune planche en bois flottant à la surface de l’eau, aucune divinité quelconque pour lui tendre la main… Même pas ce milicien, son milicien qui venait de la faire sombrer comme il y a bien longtemps dans le passé. Se maintenant à cette idée, à cette ancienne habitude, Estelle avait fini par décider que ce jeu était la bonne solution pour éliminer déjà une problématique : Merrick Lorren était-il encore d’actualité ou définitivement perdu ? Allait-il le lui définir lui-même en fonction de ses actes, de cet avancement, sans même le savoir très certainement. Premier bon point, il s’était levé, son regard avait dû croiser celui hurlant ce besoin de réconfort de la jeune femme. Aussi invraisemblable que celui puisse être, Estelle ne parvenait à faire ce choix de le mettre dehors. Malgré les paroles, la violence des propos, malgré ce désir de fuite si important. Pour autant, non, elle ne bougeait pas, ses prunelles hurlaient ce besoin d’être contre lui, de respirer son odeur, d’avoir un brin de réconfort, alors que son esprit murmurait tout le contraire dans une douloureuse sensation de confusion.

La première question fut simple, elle avait déjà la réponse et le pas en avant de Merrick n’eut pas le don de la surprendre. L’immobilisation du milicien à la deuxième question lui offrit un pincement au cœur… A trop se focaliser sur le danger, l’homme en oubliait le principal : Estelle n’était pas une chose qu’on pouvait déplacer dans le but de la ‘protéger’, oubliait-il les sentiments, l’envie d’être ensemble et tout le reste ?


- « Oui ou non, Merrick, pas de peut-être » rappela-t-elle comme unique règle

Les pas s’enchaînèrent néanmoins, ce qui peu à peu avait le don de la soulager, il serait là pour les deux mois à venir, il n’avait eu personne, il avait des sentiments sincères et puis il formula ce murmure, ce je t’aime si faible, mais qui rendit les yeux de la Chantauvent bien humides. Était-ce finalement autre chose qu’elle avait besoin d’entendre ? Peut-être pas. La dame avait relevé doucement son regard vers lui, offrant un sourire faiblard, mais particulièrement sincère. L’aimait-elle ? Atrocement. Lui aussi, alors pourquoi les choses ne pouvaient pas rester si simples ? Et puis ce fut cette dernière question, cette dernière phrase. La distance était si moindre et pourtant, pourtant elle semblait infranchissable pour le milicien qui reprenait ses hésitations, ses pas en avant puis en arrière ce piétinement.

Un soupir avait dû fuir les lèvres de la responsable de l’établissement, alors que comme pour conclure l’ensemble, sans imaginer même qu’il pourrait terminer de prendre sa décision par la suite. Estelle avait évoqué ses pensées, ses craintes, ses douleurs, elle s’était ouverte à lui pour sans aucun doute mieux se fermer par la suite. Sa gorge était nouée, crispée, la dame ne savait plus réellement quoi penser ou même réaliser. L’angoisse était si présente, si forte, si intense, comment pourrait-elle s’adapter à cette possible nouvelle réalité ? Comment pourrait-elle se regarder ? Comment oui… Comment pouvait-il, lui la regarder ? Devait-il ne voir qu’un monstre, qu’une souillure, un mouchoir juste bon à être utilisé puis jeté. Une catin. Une putain de catin, c’est ça qu’elle avait été sans le savoir ? C’est ça ?!


- « Ce n’est pas toi le gros con » souffla-t-elle en relevant doucement les yeux « Si c’est vrai… qu’est-ce que je suis… » murmura-t-elle le regard hurlant de désespoir « Comment la Trinité pourra me pardonner, comment tu pourras me regarder…. Si c’est faux…. Comment pourra-t-on se pardonner d’avoir pu croire à des horreurs aussi fortes ? »

Ce fut un silence, alors qu’elle était désormais loin du jeu, loin de sa réflexion, alors que les premières larmes dévalaient ses joues, que ses lèvres s’étaient mises à trembler et qu’elle avait juste cette sensation d’être horriblement désagréable, crade, souillée. Ce fut Merrick qui acheva cette vague d’émotion, lui qui l’a fit succomber définitivement, qui la ramassa sans aucun doute une première fois sans même le savoir. Il avait avancé, il lui avait dit qu’il serait là et soudainement, brutalement même elle s’était précipitée dans ses bras alors qu’elle explosait dans des sanglots impressionnants. L’homme pleurait, Estelle pleurait et rien ne semblait pouvoir stopper l’ensemble que ce soit chez l’un ou chez l’autre. La rousse restait dans des bras réconfortants qu’elle avait réclamés sans le savoir depuis le début, le serrant contre elle aussi fortement que possible, sans pouvoir stopper la cascade de perles salées qui continuaient à se déverser. L’homme s’était laissé glisser sur le sol, l’entraînant sans que la dame n’émette la moindre réflexion, contre lui, sans doute un peu sur lui. Estelle n’avait pas la moindre envie de s’éloigner d’un millimètre. Ce fut dans cette promiscuité que les lèvres se retrouvèrent pour un véritable premier baiser aussi tendre, qu’intense et plein de douceur. Sa bouche avait le goût salé de ses larmes, tout comme la sienne, ses doigts étaient venus sur son visage, tout comme les siens, avait-elle fini par s’abandonner réellement dans cet échange, ce partage, cette danse entre deux bouches qui n’ont de cesse de s’apprécier.

La dame de Chantauvent l’avait laissé la guider sans opposer la moindre résistance. Encore chamboulées par les événements, les larmes n’avaient pas semblé vouloir cesser de s’écouler. Ce ne fut que lorsqu’une fois sous les draps et Merrick contre elle, que la tenancière sembla s’apaiser un peu. Pour autant, Estelle était restée silencieuse, l’écoutant, tout en s’appliquant à être le plus proche et possible contre lui, partageait elle-même le drap sans trop d’hésitation. Rien ne comptait plus sur l’instant que de sentir Merrick Lorren contre elle, fermant les yeux par épuisement, par fatigue physique et psychique, elle avait fini par rapidement sombrer, luttant néanmoins pour écouter les paroles formulées. Entrouvrant les lèvres, elle avait fini par murmurer :


- « Jamais je ne te quitterai, tu es la dernière personne qu’il me reste » demi-aveu qu’elle le croyait, qu’elle envisageait qu’il puisse dire la vérité, sans doute ? « Merrick… » fit-elle « Tu peux vérifier qu’il n’y a rien sous le lit ou dans l’armoire ? »

Cela pouvait paraître irréaliste comme demande, pour autant, Estelle semblait sincère, en avoir besoin et même si elle se trouvait entre la juste distance entre le sommeil et l’éveil. Comment pouvait-elle espérer avoir un repos réparateur, alors qu’elle craignait que les cauchemars ne resurgissent, pourtant, avait-elle fini par sombrer sans même savoir si Merrick avait réalisé ce qui semblait sans aucun doute être un caprice, sans même percevoir la question qu’il avait formulée en revenant peut-être se coucher.

La nuit ne fut pas reposante, loin de là, l’inévitable avait fini par se produire et celle qui était incapable de lutter contre son subconscient, avait dû revivre les fameux cauchemars, par image, par instant, par moment. Incapable de faire la différence entre la réalité et les songes.


◈ ◈ ◈

La dame avait fini par se relever, en prenant soin de ne pas réveiller Merrick, lentement elle était venue déposer ses lèvres sur les siennes, avant de disparaître dans le couloir. La porte n’était pas verrouillée ce qui sembla l’étonner sur l’instant, avant que l’idée ne lui paraisse finalement plus si importante. Poussant la porte de la chambre où Adrien se trouvait, la dame avait besoin de réponses, de véritable réponse. Son frère était éveillé, la détaillait avec cette inquiétude au fond des yeux, sans formuler le moindre mot alors qu’il lui faisait signe de venir s’asseoir non loin de lui et que la cadette refusait, refermant la porte et s’appuyant contre le bois de celle-ci.

- « Est-ce que c’est vrai ? Tu n’as pas fait ça… Adrien ? Pourquoi ? »
- « De quoi est-ce que tu parles Estelle, viens là. Tu as mal dormi ? Je suis désolé pour hier soir, j’étais ivre, j’étais terriblement inquiet pour toi »

Ce fut un silence, celui dont la rouquine commençait à être habitué, à utiliser plus que de raison.

- « Adrien, est-ce que tu… » comment formuler ça « Est-ce que tu m’as » la gorge de la rousse se nouait avec tellement de force
- « Et les autres ? » questionna l’homme avec un demi-sourire « Allons Estelle, comment tu penses que je gagne aussi bien ma vie ? Ton Merrick tu crois qu’il a payé combien pour te prendre avec l’aide de quelques plantes…. Et les autres, combien Estelle, dis un chiffre, au hasard ? »

Le regard de la rousse s’était légèrement écarquillé, alors que le prédateur venait de se relever, s’approchant et qu’elle semblait incapable de réagir. Devant elle, il avait attrapé ses mains la retournant avec violence contre la porte sans que le moindre cri ne s’échappe de sa bouche. Terrifiée la dame aurait pourtant aimé appeler à l’aide, hurler, supplier Merrick de venir, mais elle était incapable, incapable oui.

- « Alors Estelle, combien ? » murmura-t-il à son oreille

Une main venait de glisser sous son vêtement, remontant lentement le tissu, s’aventurant dans bien des interdits et ce fut à cet instant que….

◈ ◈ ◈

Un hurlement. Redressée sur son lit, Estelle venait de plaquer ses mains sur sa bouche pour étouffer son cri, alors qu’elle réalisait qu’elle venait de faire un mauvais rêve, encore un. Ses joues étaient humides, entièrement complètement et devait être d’une rougeur extrême. Son cœur battait atrocement fort dans sa poitrine, alors que sa respiration semblait incertaine, irrégulièrement. Coulant un regard vers Merrick, elle secoua doucement la tête, signe qu’elle ne voulait pas en parler, que ça allait. Les quelques rayons de soleil traversant les volets indiquaient qu’il était l’heure de se lever de toute façon. Incertaine, incapable de différencier songe et vérité, elle avait fini par se relever, coulant un bref regard vers Merrick. Était-il capable de faire ça, lui ? Silencieuse, passant ses doigts sur ses joues pour retirer les dernières larmes, elle avisa un moment son milicien, avant de murmurer :

- « Tu peux lui demander de partir… s’il te plaît, si il est encore là… » souffla-t-elle

Lui en demandait-elle beaucoup ? Elle ne le savait pas, incapable de réfléchir dans le bon sens, la dame semblait complètement perdue. Merrick avait sans aucun doute raison : partir serait une bonne solution, s’éloigner. Pour la première fois, -véritable fois- Estelle ressentit le besoin de se cacher à son regard, se changeant en usant d’une protection d’une porte de son placard.

- « Je veux partir Merrick… » fit-elle finalement « Je veux aller au Labret avec toi, dès que tu pourras partir, je vais juste demander à Aurore de s’occuper de la chope… »

Le réveil devait être brutal, même surprenant pour celle qui avait jusque-là démontré une difficulté à émerger très impressionnante. Estelle devait paraître apeurée, terrifiée, peut-être même perdue, alors qu’elle continuait d’aviser son milicien avec cette incertitude au fond des yeux.

- « Est-ce que tu t’y connais en plante ? » fit-elle un peu brusquement avant de secouer la tête « Non, c’est stupide… Je enfin… » si elle évoquait son mauvais rêve, jamais Merrick ne lui pardonnerait, elle était simplement fatiguée « Je me disais qu’on pourrait en emporter avec nous pour le voyage, j’ai aucune idée de ce qu’il faut prendre, tu m’aideras, dis ? Je vais préparer mes affaires aujourd’hui, voir avec Aurore si ça te convient… »

L’établissement était silencieux, complètement, signe que personne d’autre que le couple devait être présent. La rousse venait de terminer de se préparer et semblait déjà déterminée à faire son sac pour le départ. Ne restait-il plus qu’à savoir si Merrick allait confirmer sa volonté ou non.

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Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick]   [Terminé] Donc laisse moi te chanter, d'aller te faire en...mhmhmhmh [Merrick] - Page 4 EmptySam 1 Juin 2019 - 0:27
Oui, les mots que proférait Merrick Lorren pouvaient être aussi durs que blessants, aussi froids que distants. Or, n’était-ce pas Estelle de Chantauvent qui voulait se débarrasser et voir déguerpir l’homme d’armes ? Sur l’instant, c’est ce qu’il croyait. Il pensait voir venir cette allocution qui allait le torturer, qui allait sonner le glas sur leur amour naissant. Car à ses yeux, le “non” que la tenancière avait proféré signifiait qu’il perdrait pour de bon la jeune femme, et ce, sans qu’il puisse rien n’y faire. Après tout, elle semblait avoir choisi la famille au détriment de l’amour, le frère au profit du milicien. Face à cette réalité et ce nouveau dilemme, l’ivrogne fit la seule chose qu’il pouvait faire pour se préserver; se distancer de ses émotions, dresser une barrière infranchissable et immuable entre lui-même et celle qui comptait plus que tout. Pour se faire, il se borna à des réponses, qui étaient de véritable contre-offensive, âpre et acariâtre. Pour ne pas chavirer et ne pas perdre cette froide et sourde muraille qui lui permettait de ne pas sombrer, il évitait de la regarder, aussi bien elle que son regard. Merrick savait pertinemment qu’en la contemplant, il perdrait sa conviction et qu’en croisant son regard, il flancherait.

Or bien qu’il ait voulu se barricader au plus loin des affres de son esprit et de la truculence des péripéties qui se jouaient, le milicien n’était pas de taille à résister. Une fissure ébrécha l’ensemble de son dispositif, tandis que la dame de Chantauvent lui demandait d’arrêter. Le ton, qui sonnait comme une supplication lui fit excessivement mal. Son regard, qui était allé se perdre sur un point fixe au plafond cilla. Ses mains resserrent de leur étreinte les draps et couvertures. Si ces derniers avaient été le coup de Martin ou Adrien, probablement que l’un et l’autre seraient morts asphyxiés. Serrant les dents, se forçant au silence, il ne put se résoudre à enfoncer toujours plus le clou. Oui, peut-être qu’Estelle désirait mettre un terme à leur relation. Toutefois, elle était trop importante pour lui, trop chère à ses yeux pour ne serait-ce que la blesser encore plus. C’est ainsi qu’Estelle de Chantauvent réussit à vaincre, encore une fois, Merrick Lorren, soit en le forçant au silence. Pour ce faire, elle n’eut qu’à le lui demander, tout simplement.

Et puis, ce fut le drame. Non pas celui que Merrick avait imaginé, en l'occurrence l’abandon pur et simple de sa tenancière. Mais plutôt, car il perçut l’étincelle d’une envie, d’un désir de rapprochement et de proximité dans les yeux de la rouquine. Par les Trois, se pouvait-il qu’il se soit fourvoyé tout ce temps durant ? Était-ce parce qu’il avait été obtus d’esprit face à ce “non”, qu’il s’était imaginé comme le signe avant-coureur d’une rupture aussi définitive que final ? L’espoir renaissait. Lorren voulait le croire, il voulait saisir cette chance. Qu’importe le coût, qu’importe les sacrifices. Ne proférant plus un son, respectant cette demande de silence qui lui avait été adressée, Merrick se souleva pour participer au “jeu” qu’Estelle lui présentait. L’unique différence avec un divertissement lambda et habituelle c’était ce qu’il jouait, ce qu’ils pouvaient tous deux gagner, mais surtout perdre. Car au final, rien n’était fait. Peut-être que cette nouvelle donne serait ce qui mettrait un frein à leur histoire, ou serait à même de relancer leur idylle, de leur permettre de renouer et se retrouver.

Mais pour ça, fallait-il encore “gagner”.

Le premier point fut simple et facile. Le second, beaucoup moins. Merrick tenta d’expliquer son hésitation et ses doutes. Toutefois, sa tenancière le coupa en lui rappelant la règle; que des oui ou des non, pas de peut-être. “Mais…!” Aussitôt que le mot était sorti de ses lèvres, aussitôt il s’était tu. Le milicien avait conscience qu’un quelconque plaidoyer n’aiderait quiconque. Autant faire face à la réalité et où il se positionnait. Resta-t-il dès lors en place, lorsqu’elle lui demanda s’il ne partait pour aucune autre raison que pour passer du temps avec elle. Sa position fut tenue fermement, alors qu’il avait balayé le doute et l’hésitation en prenant sa décision définitive.

Chaque pas le rapprochait de la Chantauvent. Pour autant, la distance restait encore grande et le milicien présentait et ressentait que les questions difficiles l’attendaient au détour des plus simple. À l’heure actuelle, il triomphait de l’ensemble des interrogations avec une facilité qui allait presque grandissant. Toujours est-il que cette traversé des questions lui permis de comprendre et de percevoir le profondément attachement qui le liait à Estelle. Il ne mentait pas. Oui, il l’aimait, oui il n’y avait jamais eu quelqu’un d’autre entre-temps. N’était-ce pas une preuve supplémentaire et puissante de l’importance qu’elle avait dans sa vie ? Assurément, pour l’ex-coureur de jupons qu’il était. Devant pareil constat, il ne put que lui souffler un je t’aime, aussi fugace que doux, aussi vrai que profond.

Mais comme pour lui donner raison, la dernière interrogation fut à même de souffler un vent de panique et d’incertitude sur celui qui pensait triompher. Serait-il du mariage au bout de ces deux mois ? Si difficile à savoir, à répondre. Hésitant et tergiversant quant à la marche à suivre, Merrick Lorren était inapte à prendre sa décision. C’est la rouquine elle-même qui lui apporta la réponse, en présentant ses peurs et ses craintes. Face à cela, l’homme d’armes ne put faire qu’une chose. S’invectiver lui-même, se définissant comme un “gros con”. “ Si c’est vrai ? Tu restes celle que tu es. Tu restes la femme que j’aime et ça ne change rien pour moi !” Comment pourrait-il se hérisser de dégoût, parjurer et condamner la jeune femme qui n’était, au final, que la victime de la malveillance d’Adrien ? “ La Trinité n’a rien à te pardonner, alors que tu n’es pas coupable de quoi que ce soit.” Peut-être ne le remarquait-elle pas, mais Lorren trichait. À chaque fois qu’il parlait, il glissait sur le sol, avançant infiniment peu, se rapprochant toujours plus de la rouquine. N’avait-il pas pensé qu’il gagnerait par tout les moyens possibles ?

-”Je te regarderais toujours de la même façon, Estelle de Chantauvent. Peu importe les événements.” Cela lui faisait prendre confiance qu’au final, rien ne changerait sa vision de sa tenancière. Alors, pourquoi hésitait-il à commettre “le grand saut” ? Dur à dire… “Si c’est faux ?” Il fut tenté de lui dire que ce ne l’était pas. Mais, Merrick avait aussi accepté laisser la chance au doute et à l’erreur. “Nous demanderons pardon auprès de ton frère, et si besoin, à la Trinité.” C’était une réponse bien générique, mais que pouvait-il lui offrir d’autre ?
Devant pareille spectacle, face au fracas et au tumulte qui déchirait Estelle et devant la souffrance que lui imputaient le doute et l’indécision des potentiels actes de l’aîné de Miratour, Merrick Lorren prit une décision. S’il voulait la protéger, il devrait être là. S’il tenait à elle, il devrait être là pour elle. S’il voulait ne pas le perdre, il devrait accepter de rester pour de bon. Ainsi, c’est ce qu’il fit. Il avança d’un pas. Ou plutôt, d’une grande et nette enjambée en proférant l’idée qu’il serait là au jour fatidique et nulle part ailleurs.

Les émotions continuèrent à être excessivement vivaces et tenaces. Pour autant, un vent de réconfort arrivait tout de même à se répandre sur les sens de l’homme d’armes. Oui, rien n’était encore réglé ou décidé. Mais au moins, cela serait fait -en temps et en heure- ensemble. Et pour le moment, c’était le plus important. Les larmes continuant à dévaler le long de leur visage, le duo parti respectivement en quête des lèvres de l’autre, goûtant la tendresse et la douceur du contact comme un véritable baume sur leur coeur, sur leur blessure et sur les maux instigués par les derniers événements. Incapable de rester debout, comme si ses forces l'abandonnent, Merrick se laissa tomber au sol, entraînant dans sa chute celle qu’il ne voulait et ne pouvait lâcher. Reprenant contenance tout de même plus rapidement qu’Estelle, Lorren se leva, entraînant à sa suite la jeune femme. Se glissant avec elle dans le lit, il prit sur lui-même de s’excuser et d’expliquer ses agissements qui avaient été teintés et ternis par la peur d’une finalité qu’il ne voulait entrevoir.

-” Tu es aussi la seule qui me reste, Estelle.” C’était vrai, affreusement vrai. Les mots de la Chantauvent l’avaient attendri, l’impactant fortement, bien que ce ne soit aucunement négativement. Laissant l’une de ses mains se perdre dans la crinière rousse, goûtant à l’extase d’avoir renouer le contact, autant sur le plan physique que psychologique, Merrick se laissa fermer les yeux, jusqu’à ce que la rousse lui face une drôle de demande d’une voix assoupie. Entre ouvrants un oeil, un maigre sourire sur les lèvres, le milicien se prêta à la demande, ne sachant pas réellement où était le réel besoin de ce genre de manoeuvre. “Tout pour vous satisfaire, princesse !” Dit-il en déposant ses lèvres sur son front avant de se lever. Jetant un coup d’oeil en dessous du lit, là où il n’y avait aucun monstre, démon ou bien salopard de frère, mais bien quelques morceaux de linges épars, Lorren se dirigea par la suite vers l’armoire. Passant devant la porte, s’assurant qu’elle était toujours bien bloquée et fermée, l’ivrogne ouvrit le battant du meuble, laissant son regard vagabonder sur tout et rien à la fois. Sa “mission” enfin accomplie, il retournant lentement s’installer. “Rien à signaler.” Dit-il à moitié sérieux et amusé.

Elle était sur le bord de l’assoupissement, du sommeil. Lui, encore bien réveiller à cause de ses dernières recherches ne put s’empêcher de la questionner, de s’interroger autant lui-même qu’elle; serait-elle là, lors de cette date fatidique qui les verrait s’unir ? Merrick Lorren n’en était pas si sûr. Car après tout, rien n’était joué et aussi bien le frère que le défunt époux pesaient lourdement dans la balance…

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Le sommeil le trouva vite, et pour une fois, sans qu’il ne soit terni par les stigmates des réminiscences de son passé ou bien par des cauchemars. Réveillé avec les premiers rayons de l’astre solaire, Lorren fit le moins de mouvement possible, tentant de ne pas sortir de sa torpeur celle qui dormait à côté de lui. Pour autant, le réveil du milicien n’était pas uniquement dû au soleil. De fait, c’était plutôt les gesticulations saccadées de celle qui faisait probablement un mauvais rêve qui l’avait sorti de sa torpeur. Hésitant quant à la marche à suivre, Merrick déposa une main sur l'épaule d’Estelle, se redressant sur un coude pour la contempler de haut. ''...Estelle.” Murmura-t-il tout bas, en la secouant excessivement modérément, encore hésitant s’il devait ou non la réveiller. “Par les Trois !” Sursauta-t-il sous le hurlement de sa tenancière. Le cri poussé par la jeune femme l’avait surpris et fait imprimer un mouvement de recul. Se reprenant bien vite, Lorren tenta de la rassénérer. “C’était un cauchemar ! un mauvais rêve ! Tout va bien !” Puis plus doucement, plus calmement : “Tout va bien…”

C’était si facile à dire, à essayer de faire comprendre. Mais était-ce réellement le cas ? Merrick en doutait. À voir la réaction de la dame de Chantauvent, à regarder les larmes qui inondaient à nouveau -et encore- le visage de sa tenancière, l’homme d’armes avait le coeur gros et ne savait que faire. Sa mine était inquiète, son regard attristé par pareil spectacle. Hochant la tête devant la négation de la sienne, signe qu’elle ne voulait pas en parler, il respecta son choix, attendant une demande ou bien un détail qui lui dirait ce qu’il devait ou devrait faire. “Je vais le faire. Ne bouge pas.” Se redressant, n’ayant pas remarqué qu’elle l’avait avisé d’une drôle de manière, avec le doute dans son esprit, Lorren déposa ses pieds au sol, suspendant sa démarche un infime instant à côté du couteau qu’il avait ramené de la cuisine hier. Laissant son regard glisser sur ce dernier, puis remontant ses yeux vers les iris de sa vis-à-vis, il continua sa route sans s’en munir. En quittant la chambre, Merrick se sentit bien mal équipé pour bouter le démon en dehors de l’enceinte de la Chope. Pour autant, probablement que de récupérer l’arme aurait été un mauvais signe, une image bien médiocre de lui-même, tandis qu’il avait promit de laisser une chance à de Miratour.

Comme il l’avait prévu, la chambre était vide de toute trace du scélérat. Le lit n’avait pas été refait, et les couvertures étaient emmêlées les unes aux autres. Signe distinctif que l’homme devait être parti avant que sa cuite soit finie d’être cuver. Se dirigeant vers la fenêtre, l’ouvrant en grand pour respirer l’air extérieur et pour aérer l’endroit, le milicien prit un infime instant pour s’appuyer au rebord de l’ouverture. C’était mieux ainsi. Il ne savait pas ce qu’il aurait fait si le monstre avait été présent. Laissant traîner ses doigts durant quelques instants sur le bois, Merrick s’apprêtait à s’en retourner, lorsqu’il crut discerner quelqu’un l’observant en contrebas, à l’abri de l’ombre d’une ruelle éloignée. N’ayant pas été certain d’avoir bien vu, le milicien se pencha de nouveau, et plissa des yeux. Finalement, il n’y avait rien… son esprit devait lui avoir joué des tours, tenta-t-il de se convaincre en se passant une main inquiète sur son cou. Pour autant, avant de repartir, Lorren préféra fermer de nouveau la fenêtre. Allez savoir pourquoi…

À son retour, il retrouva la dame de Chantauvent là où il l’avait laissé. “Il n’était plus là” dit-il en fermant la porte et s’appuyant sur cette dernière. L’avisant, la regardant au plus profond des yeux à la recherche d’un mieux-être qu’il n'apercevait et ne percevait pas, l’ivrogne attendit la suite. Celle-ci arriva et eut le mérite de l’étonner. Tout d’abord, la regardant se lever pour aller s’habiller, l’homme d’armes fut surpris de la voir se cacher de la porte de son armoire. Loin de passer un commentaire, n’étant pas certain de comprendre cette drôle de pudeur qui n’avait plus réellement lieu d’être, il décida de laisser couler. “ Dans les prochains jours ! C’est promis !” C’était lui aussi ce qu’il voulait. Aussi bien pour elle que pour lui, aussi bien à cause de Martin que d’Adrien. “Je suis certain qu’Aurore fera bien. Et puis, elle ne sera pas seule, puisque Brigitte sera là pour l’épauler, en cas de besoin.” Dit-il sur le ton de la confidence et en ajoutant un clin d’oeil au tout.

Merrick se doutait qu’Arthur lui donnerait son congé pour quelques jours. Ce n’était pas coutumier, mais entre ses blessures et la protection de la Chantauvent, un bref départ pourrait être l’idéal. Le coutilier pourrait se concentrer à l’arrestation du psychopathe, sans avoir besoin de s’assurer de la sécurité du duo. Une pierre, deux coups. Bien amené, le gradé flanchait et accepterait. Et puis, Merrick pourrait toujours accompagner un convois, si besoin était de se rendre utile.

Merrick avait conscience que peu importe ce qu’il disait, l'apeurement ne quittait pas les prunelles d’Estelle. De fait, il décida d’agir. S'avançant vers elle pour l'enlacer et la réconforter. Après tout, lui n’avait pas conscience d’encore pouvoir être une part du problème, tandis que la jeune femme se demandait s’il était coupable d’avoir profité d’elle. “ Si je connais… les herbes ?” Dit-il complètement prise au dépourvu et en arrêtant sa marche vers la jeune femme. Faisant les yeux ronds, ne comprenant pas trop quoi répondre à cette drôle de question, Lorren se passa une main sur la nuque et tenta d’y répondre avec le plus grand sérieux. ''...Heu. Non, pas vraiment. Enfin, les mauvaises herbes, oui. Tu sais, celle qui envahissent un jardin, quoi.” Avait-il rêvé où les yeux d’Estelle s’étaient écarquillé lorsqu’il avait parlé de “mauvaises” herbes ? En proie au doute, il avait préféré spécifié qu’il faisait mention des plantes à même de venir empiéter dans les jardins et les champs. “Et un peu le houblon...Enfin, ce n’est pas vraiment une plante, et je le connais plus en forme de boisson, mais bon...” Toujours à l’arrêt, hésitant, le milicien tenta d’une petite voix : “Est-ce que ça va ?” En guise de réponse, elle lui dit que c’était stupide et que cela était simplement pour le voyage. “ Il n’y a pas de problème.” Répondit-il en s'avançant et en haussant les épaules, pas certaines d’avoir réellement compris ce bref passage de la discussion.

S’appuyant sur la porte ouverte du meuble, se refusant d’empiéter et d’aller plus loin, Merrick croisa les bras et offrit un sourire à la dame de Chantauvent. “ Je t’aiderais sans le moindre problème. Je t’accompagnerais voir Aurore, et nous ferons un détour pour aller voir Arthur ? Histoire qu’il me donne son accord officiel.” Il ne voulait la laisser seule. Avec logique, sachant le tueur en cavale. “Plus vite nous serons prêts à partir, plus vite nous pourrons profiter du voyage !” Et s’éloigner du monstre Adrien. “On commence les préparations ?” Demanda-t-il un sourire en coin et en penchant la tête sur la gauche.

Les derniers jours avaient été durs, douloureux et difficiles. Or, pour Merrick Lorren, cette promesse d’ailleurs et d’éloignement de la cité était vécu comme un profond soulagement, un événement à même de souffler les nuages de malheur qui avaient tendance à s'amonceler au-dessus de sa tenancière et du milicien. En ces instants où il étouffait dans Marbrume, alors qu’un tueur leur courait après, tandis qu’un frère voulait sa soeur, le Labret brillait et semblait leur tendre les bras comme une contrée des plus alléchantes. Triste inconscience, alors que le duo risquait de troquer la perfidie des hommes au profit de la sauvagerie des monstres…

Mais ça, c’est une autre histoire.
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