A la bonne heure, Mady m’offrit enfin un spectacle des plus satisfaisant. Au moins, la milicienne apprenait vite, une bonne chose donc, puisqu’en réussissant à faire chuter un grand gaillard tel que mon frère, la demoiselle semblait avoir regagné un minimum d’estime pour elle-même. Avec un peu de chance, celle-ci arrêterait enfin de chouiner de cette manière que je trouvais si insupportable. Au moins, cette fois, la blondinette réussit à me faire rire, sans le vouloir. Difficile de résister en voyant la mine déconfite du pauvre Elwin qui ne s'était certainement attendu à la voir réussir du premier coup.
-Et bien, Madelyne, tu sembles t'en sortir pas trop mal, railla-t-il en se relevant. Et toi, là-bas, arrête de rire, tu veux.
-Non, désolée, c'est trop drôle, pouffais-je entre deux éclats de rire.
Elwin ne se vexerait pas pour cela, de tous les Monclar, c'est bien le seul à être doté d'un sens de l'humour. Je ne sais pas de qui il tient cela, mais cela le rend beaucoup plus agréable que nous autres. À présent libérer de la prise de la milicienne, mon mercenaire de frère pris soigneusement le temps d'ôter la poussière de ses vêtements… La poussière disparue rapidement, mais pas la boue dans son dos, chose que je me gardais bien de lui dire, juste histoire de pouvoir le taquiner un peu plus tard. Il franchit ensuite les quelques mètres qui nous séparaient pour venir m’affronter du regard, suffisamment longtemps pour me faire arrêter de rire.
-Ouais, c'est ça, garde ça pour toi… Sinon je dirai aux autres que tu t'adoucis, me nargua-t-il avant de m'ebouriffer les cheveux.Madelyne, ce fut un plaisir, je suppose.
Il la salua d'un geste de main avant de me faire signe de me dépêcher, nous étions attendus, après tout. Me m'adoucir, moi ? Il pouvait bien le beugler à qui veut l'entendre, personne ne le croirait. Je n'avais donc aucun soucis à me faire.
-Félicitations, tu pourras te vanter d'avoir réussi à mettre Elwin Monclar à terre… Bon d'accord, il s'est laissé faire, mais ça n'enlève rien au fait que tu apprends vite, c'est pas si courant… D’autant plus que je n’ai rien d'un instructeur. Comme quoi, rien n'est perdu, finalement.
Je la taquinais un peu, mais j'essayais surtout le lui faire comprendre qu'il ne fallait jamais baisser les bras. La vie est un combat perpétuel en particulier pour les femmes ayant choisi de porter les armes. Elle en baverait, longtemps, sans nul doute. Mais loin d'être une fatalité, ses expériences bonnes comme mauvaises serviront à lui forger un caractère plus combatif, à moins que cela ne la brise définitivement. Mon père disait que l'arme des guerriers n'étaient pas faites d’alliage d'acier, mais de volonté. Peut-être était-ce vrai.
-Je suppose que tu es toute aussi attendue que moi, donc inutile de perdre plus de temps. Prends soin de toi milicienne, parce que personne ne le fera à ta place. Adieu.
Je lui tendis la main, en signe de respect, avant de regagner l'auberge pour récupérer mes affaires avant de suivre mon frère jusqu'au quartier général.