Marbrume


Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez

 

 Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyDim 30 Juin 2019 - 22:50

Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  1561927062-sans-titre-2

Les ténèbres menaçaient de bientôt tomber sur le Royaume de Langres et, avec elles, ses abominations. Impuissants contre ces forces, les habitants rejoignaient divers abris à travers les contrées. Et si celui qu’on surnomme le Renard n’était pas bien différent, craignant tout autant la voracité de ces créatures, ce soir-là, ses intentions étaient tout autres. En effet, voilà bien des jours, des semaines et même des mois que le prédateur à la fourrure de feu traquait sa proie. Elle n’avait pas été facile à trouver, car très rare dans son terrain de chasse. Et encore, une fois qu’il avait su retrouver ses traces, fallait-il encore réussir à la débusquer. Heureusement, comme tout bon chasseur, la patience était l’une de ses meilleures vertus. Ainsi, plus le temps s’écoulait, plus son plan devenait méticuleux et lorsqu’enfin l’occasion se présenta à lui, il était fin prêt.

Ce soir-là, une brise glaciale et menaçante se soulevait à travers les feuillages des marais et les torches s’enflammaient au même rythme que les portes se verrouillaient. Peu à peu, les ruelles devenaient plus sombres, plus dangereuses, et cela malgré les rondes programmées de la milice externe. Arrivés quelques jours plus tôt sur le bourg de Sarrant, une étape obligatoire et primordiale pour se rendre sur les hauts plateaux du Labret, lui et sa meute avaient eu tout le temps de préparer le terrain. Le piège était en place, il ne restait plus qu’à attendre, encore, dans un silence des plus pesants.

Mais lorsque son regard se posa sur cette silhouette féminine et pourtant imposante, sur cette chevelure blonde et ce visage marqué, son cœur manqua un battement. Il fallut se faire violence, pour ne pas immédiatement bondir sur celle qui avait été sa principale préoccupation durant bien trop longtemps. Il rêvait de pouvoir simplement la voler à sa charmante compagnie armée, mais il n’en fit rien. Non, il devait attendre le bon moment, ne pas la faire fuir, ne pas la perdre, ne pas rater sa chance. Si proches du but, les minutes semblaient devenir des heures, si bien que lui-même commençait à remettre en question toute l’opération. Pourtant, tout était en place, tout… ou presque. Il ne manquait plus qu’à attendre que la femme s’isole d’elle-même, ne serait-ce qu’un instant. Malheureusement, elle n’avait visiblement pas fait le voyage toute seule. Non, une seconde femme était à ses côtés, plus fine, plus délicate, mais bien présente. Un obstacle, une complication, voilà ce que cette étrangère était devenue à ses yeux. Et forcé de constater qu’elle ne semblait pas prête à s’éloigner, le Renard dut improviser.

D’un signe, d’un seul, il ordonna finalement à ses quelques hommes de main à entrer en action. Tandis que deux surveillaient la zone et donc la localisation de leur ennemi multiple, deux s’approchèrent aussi discrètement que dangereusement du duo féminin. Ce fut lorsque les femmes se décidèrent à rejoindre leur charrette, tournant le dos à un ennemi invisible, que ses hommes les agrippèrent finalement en scellant habillement leur lèvre de leur main afin de les empêcher de crier. Un coup sec à la nuque les fit rapidement plonger dans l’inconscience. En réalité, tout s’était passé très vite. Après tout, l’hésitation n’avait pas sa place dans ce genre d’opération, pas si l’on souhaitait la réussir du moins. Sans attendre, le groupe de banni tirèrent, portèrent le corps des deux femmes jusqu’à une vieille grande un peu plus en retraite et préalablement sécurisée. Ici, oui, ici, allait enfin pouvoir se dérouler leur première rencontre.

Gentleman malgré tout, Rowan avait pris le soin d’interdire à ses hommes tout geste mal placé lorsque ceux-ci s’appliquèrent à les ligoter et bâillonner dans leur sommeil forcé. L’ambiance était également des plus romantiques, les flammes des deux torches allumées pour l’occasion amenant un peu de chaleur dans la bâtisse abandonnée. Aucun meuble, aucune décoration n’étaient visibles dans ce lieu. Seule une chaise de bois se retrouvait au milieu de la pièce. Vêtu d’une sombre cape qui enrobait sa tête d’un capuchon et d’un foulard qui lui garantissait l’anonymat, l’invisible rouquin s’avança, pas après pas, au centre de la bâtisse de bois. Il croisa alors d’abord le chemin de celle qui avait su attirer toute son attention malgré elle de par ses compétences. Oui, elle était là, enfin là, disposée négligemment sur un sol humide avec quelques restes de paille. La seconde quant à elle, était disposée assise et appuyée contre la chaise de bois, face à sa coéquipière. Finalement à sa hauteur, Rowan s’installa sur la chaise à sa disposition, à l’image d’un roi qui prenait place sur son trône radiant.

Les minutes s’écoulèrent à nouveau sans qu’aucune des deux femmes ne fasse mine de se réveiller. Retenant sa frustration autant que possible, l’homme s’était mis à tapoter du doigt le crâne de l’indésirable qui lui servait alors d’extension à son accoudoir. Peu importe si elle se réveillait ou non, celle qui devait encore s’entretenir avec lui était face à lui. Et il était grand temps qu’elle regagne conscience. D’un signe de tête, il ordonna à l’un de ses confrères de l’y aider en l’aspergeant d’eau et en venant claquer – délicatement- son visage tout en lui retirant le tissu entre ses lèvres.

Tout avait été mis en place pour la mettre dans une position délicate. Tout avait été mis en place pour l’intimider, la menacer et surtout la contraindre à coopérer. Mais il devait bien l’avouer, il était curieux de connaître sa réaction le moment venu. Quel visage allait-elle lui confier lorsqu’en enfin ses yeux allaient se rouvrir sur lui ? Il lui tardait à le découvrir. Et sous son foulard imposant, un sourie malicieux ne put être retenu, lorsqu’enfin son corps se remit à bouger.

« Eurybia Pyrit, quel honneur d’enfin pouvoir vous rencontrer. Vous excuserez mes manières, il était primordial pour moi et mes amis de vous rencontrer dans un lieu plus... intime. »

Son regard d’un bleu cristallin directement posé sur elle, Rowan préféra directement mettre les choses au clair et donc l’avertir d’un écart de conduite qui l’amènerait à sa perte.

« Si j’étais vous, j’éviterai de crier… Il serait fâcheux qu’un malheur arrive à votre belle amie. »

Sa main emballée dans un gant de cuir saisit alors sans douceur aucune la chevelure d’or de sa consœur, la forçant à relever la tête pour que celle-ci aperçoive au mieux son visage inconscient ou non. Et si les choses n’étaient pas assez claires, la lame aiguise dans sa seconde main qui ne faisait pour l’heure que jouer devait aisément faire passer un message inquiétant.

Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  1561927063-sans-titre-22
Revenir en haut Aller en bas
Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyJeu 11 Juil 2019 - 17:47




Un campement non loin de Conques était l’endroit idéal pour ses gars. Pas trop près des routes qu’empruntaient la milice. Pour quelques jours, ils resteraient ici, tandis que quelques autres s’étaient disséminés dans les alentours pour prendre des infos sur les convois intéressants, déterminer lesquels valent le coup d’être attaqué pour leur cargaison. Pour l’heure, le hors-la-loi comptait profiter d’un arrêt à la modeste auberge qui subsistait. Il profiterait des commodités de l’endroit, de l’eau chaude, de la paillasse fraîchement rembourrée et de la boisson avant de prendre des renseignements sur le ton de la conversation. La taverne était le meilleur endroit pour avoir des nouvelles et des rumeurs. Il ne le savait sans doute pas, mais l’ancien métallurgiste allait être ce soir-là une source intéressante pour quelqu’un d’autre... Pire encore, il ne se serait jamais douté que ce qu’il divulguerait mettrait en danger la personne qu’il aurait voulu protéger de tout malgré elle. Et malgré lui aussi.

Un garçon de chambre lui apporta une tenue propre en laine et emporta ses précieux cuirs pour les nettoyer. Une fois baigné, c’est donc dans une tenue modeste qu’il descendit se mêler aux habitués et aux clients de passage. Enfin il essaya. Sa carrure imposante et son corps tatoué l’affichait comme le paria des montagnes qu’il était, si ça ne suffisait pas, sa tresse guerrière achevait de dissuader les bavardages. Le meilleur moyen de délier les langues, c’était de participer aux jeux d’argent ou de boisson, ou de payer sa pinte à l’ivrogne qui semblait en savoir le plus sur les dernières nouvelles du duché. Il apprit bien des choses sur les mouvements des marchands récemment, les convois prévus. Puis, alors qu’il se lassait de poser des questions, il fut surpris d’être rejoint par un homme qui semblait d’apparence plus jeune que lui, d’apparence seulement. Il aurait pu être monsieur tout le monde s’il n’avait pas arboré une chevelure d’un roux flamboyant.

« Et bien toi mon gars, on peut pas te louper, hein.» lança le guerrier en levant son verre pour trinquer alors que l’autre prenait place. Quelle ironie pour lui de dire ça. A côté du roux, c’était encore lui la bête de foire.

« Etonnant qu’aucune Saintetés ne vous ai mis au bûcher. Jamais vu d’hérétique, ni de barbares, mais je suis prêt à parier qu’ils vous ressemblent. » fit l’homme avec un sourire nonchalant en lorgnant sur les inscriptions qui ornaient la peau de l’étranger. Il avait l’air à son aise ici, et habitué à ce qu’on le remarque pour la couleur de ses cheveux, ne semblait même pas en faire état. Etait-il un gars du coin ?

« Les Trois sont justes, et dans leurs bras je ne crains pas d’être jugé sur mon apparence. Peu de gens savent lire, mais presque tous ont des yeux. J’affiche mes compétences sur mes bras, comme mon Maître forgeron me l’a appris. » La nostalgie se fit entendre dans l’inflexion de sa voix. Geralt Pyrit lui avait appris quelques bases de l’art qu’était la forge, et c’est lui qui lui avait conseillé d’inscrire sur son corps son savoir-faire comme les Pyrit avaient l’habitude de le faire. Mais Aline, l’épouse de Geralt, avait fait de lui un métallurgiste. Il connaissait tout des métaux, leurs alliages, lequel arrivait à un état de fusion avant l’autre, leur densité. Cette époque où il avait à sa disposition une fonderie, une famille et une forgeronne qui aurait pu être sa femme lui manquait. Il fronça des sourcils pour dégager ces souvenirs d’un revers. Il n’était plus cet homme, s’il fondait encore, s’il forgeait parfois, c’était par nécessité et non plus par vocation. Il n’était plus qu’un voleur, un faiseur de fange, c’était comme ça qu’il avait survécu hors des murs, c’était comme ça qu’il survivait désormais.

« Et qu’est-ce qu’un forgeron fait loin de sa forge ?» le rouquin donnait l’impression de feindre de l’intérêt, probablement pour poursuivre la conversation.

« Pas forgeron, métallurgiste. Et bien, je ne sais pas si en plus d’être roux t’es ignorant, mais pas mal de cadavres marchent et bouffent des gens, du coup pas mal de gens ont perdu leur habitation. Pas de fonderie, pas de fondeur. Maintenant je loue mes haches et les bras qui les tiennent, beaucoup plus utiles par les temps qui courent. » mentit-il. Quoiqu’il aurait sans doute trouvé quelqu’un intéressé par ses services de mercenaires s’il en était un.

« Dommage, j’aurais bien eu besoin d’un forgeron. » lâcha l’autre dans un soupire.

Moi aussi, songea-t-il pour lui-même. Puis alors que des yeux dorés le fixait avec un sourire malicieux quelque part dans ses souvenirs, il finit par parler d’elle.

« Geralt Pyrit. A Najac. Il fournit presque toute la milice du plateau.» puis voyant l’air peu convaincu il réalisa que le plateau était plutôt loin d’ici finalement. « A Marbrume sinon, sa fille est devenue maître forgeron elle-aussi. J’ai entendu dire qu’elle assurerait des convois de fer entre Najac et Marbrume. Tu pourrais la croiser ici. Elle est blonde et tout aussi discrète que moi.» finit-il en ricanant le regard dans le vague, occupé à ses pensées. Il se revoyait en sa compagnie, alors qu’ils étaient encore apprentis, échapper à la vigilance de Makrian Tourbechai pour aller à la taverne. Ce soir-là il s’était rendu compte que la fille du forgeron n’était plus si petite. A côté des paysans d’Usson, vieux, tassés sous les années de travail, eux deux, bien nourris et en bonne santé comme ils étaient, faisaient tâche. Et les deux putains de campagnes qui auraient voulu se dandiner près de lui étaient finalement restées à l’écart, tenues à distance par la simple présence cette jeune femme qui l’accompagnait. La fille qui battait l’acier et dont la poigne était à redouter autant que son caractère. On les avait servi, une pinte avait suffit à Eurybia pour décider de grimper sur la Pierre-Qui-Danse, nommée ainsi par les nombreux ivrognes qui l’avaient vue vaciller en sortant de la taverne.
Ils s’assirent là-haut sous les étoiles, dans les ténèbres.




« I see you, here in the darkness
Blinding light right where your heart is
If you're ready, heart is open
I'll be waiting
Come find me »


Les ténèbres.
Douleur.
Rien.
Rien.
De longues secondes de rien. Semblaient devenir des minutes. Des heures. De rien, de néant. On ne disait rien, on n’avait rien à dire, rien à répondre. Un état de tétanie, de paralysie, où on se contente d’observer sa propre vie sans en avoir le contrôle. Un corps se déplaçait, en roue libre, mue par des automatismes ou des pensées qui disparaissaient aussi vite qu’elles étaient apparues et retournaient d’où elles venaient : de nulle part. On observait de l’extérieur, scrutant cette étrangère. On voyait son visage froid, détaché, ses traits tendus dans une expression qu’on n’avait jamais vu dans aucun reflet. Le corps ne répondait plus, on l’observa lâcher prise.

Il ne tenait plus que des mains inertes qui ne répondaient plus à son affection. Ses yeux d’un brun profond cherchaient désespérément le regard de la blonde qu’il avait toujours connu, qu’il avait toujours apprécié, qu’il s’était mis à aimer et qu’il venait de demander en mariage. Il connaissait son coeur et elle connaissait le sien, et tout ceci n’était qu’une formalité pour les libérer socialement et religieusement de ce qui les maintenait à distance l’un de l’autre. Spectateurs, on le regarde passer de la nervosité, à l’enthousiasme, puis au doute, enfin à l’incompréhension et à la douleur.

Quelque part sa douleur trouve un échos, là juste à côté dans le corps. Une douleur jamais connue, un arrachement. Qu’a-t-on fait ? Qu’a-t-on fait de ces coeurs si précieux ? Qu’a-t-on fait ? Les battements cardiaques du corps s’accélèrent en proie à la douleur indicible, à la panique, à une terreur plus enfouie encore. Quelque chose qui la changerait à jamais, la détournerait de son but ultime, de l’objectif de sa vie. Quelque chose de terrible la menaçait : le bonheur. La satisfaction de vivre et seulement ça, sans jamais rien exiger de plus de soi que cela. La stagnation. L’abandon. La fatalité.

On la voyait alors des années plus tard, exactement là où se trouvait son père. Dans une vie paisible, avec une jolie petite famille, un commerce satisfaisant et rien d’autre. Elle n’aurait besoin de rien d’autre pour être heureuse. Où seraient passé ses rêves de notoriété ? La perfection qu’elle exigeait d’elle-même pour donner un renom à son artisanat ? Tout cela aurait-il une quelconque importance ?

Non, bien sûr.
Non.
Comme son père avant elle, comme son grand-père avant lui, ce n’était que le nombre des générations qui les précédaient qui faisaient leur nom. Mais elle ? Que serait-elle une fois mariée ?
La femme de.
La mère de.
Le renom que ses aïeuls avaient mis des dizaines de générations à acquérir pour l’accoler au nom des Pyrit, même cela, elle ne l’aurait plus si elle se mariait. Rien, elle n’aurait plus rien. On connaissait le marteau de son père, pas le sien. Son manque d’expérience, son sexe. Rien ne l’épargnait. Combien coûte l’orgueil ? Elle garderait le visage de l’homme qu’elle aimerait toujours gravé dans sa tête avec l’expression de la pire douleur qu’on pouvait infliger à une personne que l’on aime en la trahissant et en l’abandonnant sans même le lui expliquer, l’abandonner là dans le silence. Disparaître pour toujours, dans un spectacle insoutenable pour ceux qui savent le déchirement qu’elle leur infligeaient à lui comme à elle-même.

Mais ce n’était pas la réalité. Ce n’était qu’un souvenir. Mais on le refuse et on s’accroche aux barreaux de la conscience. On regarde la jeune forgeronne s’éloigner d’un pas déterminé, on crie au-delà de toute conscience de faire demi-tour, idiote. De lui dire la vérité, abrutie. D’arrêter d’avoir peur, car demain n’arrivera jamais.

La Fange arrivera. Et l’emportera.
Tu ne verras même pas sa tombe.
Tu ne le reverras plus jamais.
Et jamais, c’est très long pour un coeur qui bat. Encore.

L’impuissance, l’incapacité d’agir, faisait naître une rage ardente qui frôlait la folie.

C’est dans cet état d’esprit qu’elle reprit conscience, la douleur immatérielle qu’éprouvait son coeur se délocalisa pour se loger à la base de son crâne et se faire lancinante. Un réflexe inée lui fit prendre une grande respiration lorsque l’eau glacée fouetta son visage, éclaboussant le reste de son corps. Mais alors qu’elle ouvrait la mâchoire sur une bandelette de tissus, on lui tapota la joue avant d’enlever son baillon. Ses mains entravées commençaient à s’engourdir tout comme ses jambes. Depuis combien de temps était-elle dans cette position ? La vague de panique fut balayer par une vague de lassitude. Oh, non, pas encore... Si, si, encore. Elle avait encore été visitée dans son sommeil, elle avait à nouveau été enlevée dans la nuit, entravée dans un espèce de grenier et maintenant elle allait sans doute devoir divertir l’auteur de cette mascarade. Deux fois en moins de six mois, c’était un peu exagéré non ? Les yeux d’Eurybia glissèrent droit devant tandis qu’elle essayait de faire la mise au point. Deux personnes se tenaient devant elle.

Ambre? Ambre ! La jolie blonde sortait de l'inconsciente, assise contre la chaise où trônait un individu mystérieux à l’allure royale. C’est d’ailleurs lui qui parla, et au plus grand étonnement de la forgeronne ce fut son nom complet qu’il prononça. Il savait parfaitement qui elle était. L’avait-elle déjà rencontré ? Où ? Et qu’est-ce qu’était cette mascarade ? S’était-elle mal comportée envers quelqu’un de très rancunier ou n’était-elle que la cible d’un autre taré ? L’antagoniste avait un regard bleu qui lui évoquait celui d'un charpentier qu'elle avait engagé le lendemain d'un incendie. Mais même assis, elle jugea qu’il était plus petit que tailleur de bois, puis de toute façon cette voix-là ne lui disait rien. Si seulement elle voyait son visage, elle aurait pu déterminé si elle l’avait déjà croisé. Malheureusement l’homme semblait avoir tout prévu et s'était couvert pour camoufler son identité. Elle qui ne sortait jamais de Marbrume, il avait su la dénicher au milieu d’un convoi, la suivre, attendre le moment opportun alors qu’elle était entourée de miliciens la plus part du temps. Quelque fut son identité, il était déjà clair que cet homme était d’une intelligence dangereuse, et qu’il était déterminé. Restait à savoir ce qu’il voulait. Lui faire peur ? Quelques mois plus tôt elle s’était réveillée au milieu d’étranger et à côté d’un cadavre de banni prêt à se transformer en fangeux. Pour le côté intimidant, il pouvait mieux faire. Ce qui la dérangeait, c’était plutôt d’avoir mis la petite tisserande dans ses ennuis. Le brigand semblait d’ailleurs tout au courant de son inquiétude et était déterminé à en jouer. Ainsi, la petite veuve était la victime toute désignée pour un chantage qu’Eurybia refusait d’imaginer. La tisserande avait pris conscience de la situation et la fixait avec des yeux exorbités de terreur ou d’incompréhension. Probablement les deux. Jusqu’à ce qu’il se saisisse d’Ambre par son épaisse chevelure pour la forcer à relever la tête. Un éclat familier dans son autre main établissait la menace réelle. C’était un jeu. C’était son jeu à lui. Il ne fallait pas y réagir, c’était lui donner de la substance, mais il ne fallait pas le contrarié non plus. Et ça, avec la rage qui bouillonnait déjà en elle, ça allait être un défi de taille.

« Je veux bien croire que j’en effraie certain... » Les mots sortaient difficilement, sa bouche était pâteuse. « Mais il n’est pas nécessaire de faire une telle comédie pour avoir une discussion... » Mais elle était si bien accueillie, toute cette scène valait bien de s'écorcher sa gorge pour y faire honneur de sa voix la plus sarcastique. « Essaie de m’inviter à boire un verre la prochaine fois... tu verras c’est beaucoup plus facile à organiser.» elle esquissa un sourire légèrement provocateur.

Son regard se posa à nouveau sur l'arme, le tranchant l'appelait. Pauvre de toi, et de ce que l'on fait de toi, quel sang innocent goûtes-tu jour après jour, quelle est la main qui corrompt ta noblesse ?

« Je n'attendais ta visite que la semaine prochaine...» fit-elle sur le ton du regret. « Au moins on aurait eu du fer à marchander contre notre liberté. »

Ah, si, on a des tissus. Plein de tissus. De quoi te faire de belles braies, que tu souilleras quand ton corps se balancera au bout d'une belle corde de velours. Non, ferme-la, ferme-la. Des provocations, elle en avait une quantité incalculable, mais dans la situation actuelle, mieux valait garder ces merveilles pour elle autant que possible, et la fermer. Surtout, la fermer.


Dernière édition par Eurybia Pyrit le Lun 29 Juil 2019 - 17:13, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyMer 17 Juil 2019 - 15:35
Le voyage avait été long. Eprouvant. Les deux femmes avaient marché. Fait connaissance. Un lien étrange c’était créé entre elles. Amitié presque fusionnelle. En seulement quelques jours, cela pouvait relever du miracle à une période aussi difficile que celle de la Fange. C’était donc naturellement qu’elles passaient du temps ensemble sur le chemin, apprenant à se découvrir petit à petit, devenant presque inséparables.
Le trajet approchait enfin de la fin pour Ambre, dans une des villes proches du Labret. Les deux femmes avaient donc enfin la possibilité et la joie de dormir dans un village, gardé par les miliciens. Une nuit le corps et l’esprit au calme. C’était un trajet éprouvant pour Ambre qui n’était pas sortie de Marbrume depuis la Fange. Physiquement déjà affaiblie par la famine et les conditions de vies devenues éprouvantes, ces longues journées de marches et ces nuits aux aguets l’avait épuisée. On pouvait lire sur son visage la fatigue comme sur la couverture d’un bouquin à travers ses cernes et son corps fragile.

La nuit tombait. Ambre et Eury discutait tranquillement, s’autorisant même à rire avec légèreté au cours de la conversation. Elles étaient détendues ensemble, cela se ressentait clairement. Cela leur faisait du bien. Les deux acolytes une fois arrivée à destination c’était rapidement écarté du convoi pour préparer la nuit au calme. Sans même se douter une seule seconde du danger qui les guettait.
Ambre caressa avec douceur le crâne de l’âne qui les accompagnait depuis le début, discutant avec allégresse de leur retour à Marbrume. Et soudain, une main ferme sur sa bouche. Envie de crier. Hurler. Impossible. Une douleur vive à la nuque. Le noir.

Un tapotement. Régulier. Comme des gouttes tombant sur son crâne.

Une douleur lancinante à l’arrière du crâne. Ambre gémit. Son esprit remontait peu à la surface. Tout son corps lui faisait mal, comme après une longue nuit sans bouger, ou vos articulations vous supplient de s’étendre avec douleur et bonheur. Mais ses membres refusèrent. Pas de lui obéir non, ils étaient comme entravés. Ambre gémit de nouveau.
Toujours ce tapotement irritant sur le crâne. Elle voulait bouger. N’y arrivait pas. Son esprit commença à reprendre une conscience à peu près normale. Conscience qui lui disait que ces deux faits n’étaient pas normaux. Conscience qui lui criait de se réveiller, de bouger, de courir.

Ses yeux étaient si lourds.

Difficilement, ses paupières réussirent à s’ouvrir. Sa tête blonde ballotta doucement. Sa vision, d’abord flou, mit quelques secondes à s’acclimater à l’atmosphère sombre. Elle sursauta, voulu crier. Elle ne pu crier. C’est à cet instant qu’elle remarqua qu’elle était bâillonnée. Que ses chevilles et ses bras étaient attachés, lui empêchant tout mouvement tel un saucisson.
Une vague de terreur l’envahit. Ce genre de vague qui vous prend au ventre, qui vous tétanise et vous donne les larmes aux yeux instantanément. Ses jolies prunelles vertes vinrent se planter dans le regard d’Eury, assise en face d’elle. Un regard terrifié, un regard plein d’interrogation, un regard qui demandait à comprendre ce qui se passait. La forgeronne elle, étrangement, ne semblait pas plus paniqué que ça et regardait quelques choses derrière elle.

C’est à ce moment qu’Ambre comprit dans quelle position elle était. C’est à ce moment qu’elle remarqua que le tapotement sur sa tête c’était arrêté. C’est pile à ce moment qu’une douleur vive au niveau du cuir chevelu lui fit lâcher un gémissement, à défaut de pouvoir crier. Sa tête fut violemment penchée en arrière et elle ressentit une sensation glacée sur son cou. Elle comprit tout de suite. Une lame. Une foutue lame était collée contre sa gorge. C’est dans ces moments-là qu’on désire faire des choses qui nous paraissent totalement normale et qui ne nécessite même pas de réfléchir. Et bien en cet instant, Ambre voulu déglutir. Mais la peur que ce simple petit spasme au niveau de la lame pouvait suffit à rentrer dans sa chair la fit réfléchir à deux fois. Déglutir, ce sera pour plus tard.
Ainsi positionné, ne pouvant quasiment pas bouger, la tête en arrière, elle pouvait apercevoir son agresseur. Ou du moins ce qu’il laissait voir. La première chose qu’elle vit fut un double menton. Et bien oui, la contre-plongée ainsi faite ne donnait pas vraiment un angle avantageux au malfaiteur. Vêtu d’une cape sombre et d’un foulard cachant le haut du visage, elle ne pouvait voir grand-chose. Seul deux très beaux yeux bleu limpides et quelques petites mèches orange visible de son angle de vision dépassèrent. Un roux aux yeux bleus. La tisserande se dit qu’au moins, si elle se faisait égorger aujourd’hui, cela serait surement des mains d’un joli damoiseau.

Ambre songea que l’homme était drôlement bien préparé, et que ce n’était pas un kidnapping dû au hasard. Elle n’avait pas entendu l’homme parler, mais Eury lui répondit directement, signe qu’il c’était adressé à elle avant son réveil. Mais la question que se posait maintenant était ; mais qu’est ce qu’elle fichait la, elle ? Car il était clair que la raison de se kidnapping était Eurybia, et non elle. Alors pourquoi l’avoir emmené ? Malheureusement, la lame froide contre son cou lui donna une indication tristement parlante. Oui, elle allait surement servir de moyen de pression contre la grande blonde. Encore la au mauvais endroit, au mauvais moment…
La ferronnière par contre, ne semblait pas du tout paniqué. Elle était calme, et parlait avec verve. Chose qui rassurait la tisserande tout en l’inquiétant un peu plus. Si sa compagne d’infortune décidait de faire sa tête de bouc, il y avait fort à parier que la pauvre victime qu’elle était, allait en payer le prix. Mais en même temps, notre héroïne ne voulait pas non plus qu’elle cède aux demandes du malfrats. Demandes qui devaient être tout à fait illégales vu le soin qu’il avait mis dans l’organisation et la mise en scène de cette soirée. Elles étaient piégées. Surement ce que le bandit souhaitait d’ailleurs.

Ambre avait chaud, ainsi collé à l’ignoble vermine menaçante. Une larme coula sur ses tempes, finissant sa course sur les gants de cuirs qui lui maintenaient la tête. Elle voulait crier, hurler, dire à son amie de ne pas accepter le marché, de lui tenir tête, qu’elle serait forte et acceptait de souffrir pour elles. Mais elle ne put sortir qu’un faible gémissement étouffé par le tissu. Ses deux grands yeux verts effrayés, obligés à fixer le double-menton d’un homme qui, elle en était sure, ne faisait que commencer et n’hésiterais pas à lui faire du mal. Elle était prête.

Revenir en haut Aller en bas
Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyMer 17 Juil 2019 - 17:10

Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  1561927062-sans-titre-2

Dans ce genre de situation, les réactions étaient aussi diverses que variées. Rowan le savait bien, non pour en avoir fait l’expérience, quoiqu’il en avait bien quelques-unes, mais surtout pour ne pas être à son premier coup d’essai. Pour autant, ce n’était pas nécessairement le genre de méthode qu’il privilégiait ou qu’il appréciait. Non, contrairement à ce que beaucoup pourrait penser, la violence ne l’intéressait pas plus que cela. Malheureusement, s’il souhaitait pouvoir obtenir ce genre de collaboration, il n’avait guère d’autre choix. C’était sans l’once d’un doute ou d’un regret que le rouquin observa calmement la première reprendre ses esprits.

Celle-ci n’avait alors rien d’une bête apeurée. Au contraire, elle avait la férocité d’un tigre qu’on venait de tirer de son sommeil. À ne pas douter, Rowan devait s’estimer heureux qu’elle soit ainsi entravée. Les flammes dans ses yeux étaient aussi vives que la braise pourrait bien faire tressaillir plus d’un homme. Voilà donc Eurybia Pyrit, se dit-il. Dangereuse et à ne surtout pas sous-estimer. Néanmoins, l’ancien mercenaire n’était pas un homme qu’on intimidait aussi facilement. Non, jamais son regard n’avait encore vacillé, ni ses mains tremblées. Du moins jusqu’à ce que son accoudoir de fortune ne se décide à bouger. Ses yeux posés sur elle, alors que celle-ci commençait à geindre douloureusement, sa main réaffirma sa prise sur son cuir chevelu.

Contrairement à la forgeronne, le banni ne savait strictement rien sur cette dernière. Il aurait même sans doute préféré ne jamais à avoir à la rencontrée, mais…. Malheureusement pour elle, sa présence l’avait contraint à improviser. Enfin, même si sa réaction, la frayeur dans ses yeux, était déjà moins préoccupante que celle de son amie, elle ne restait pas moins un facteur totalement inconnu pour le stratège de l’équipe et c’était en partie pour cela qu’il avait également préféré la garder proche de lui. Et il était loin de se douter que celle-ci contemplait aussi passionnément son supposé double menton.

Ce ne fut que lorsque la forgeronne prit enfin la parole que son attention se redirigea sur elle. À ces mots, les femmes purent aisément deviner un sourire se former sous les plis de son foulard. Le sarcasme était joliment bien placé et la tension relativement palpable. De quoi accentuer l’effervescence qu’il pouvait alors sentir en lui.

« Coyez-moi quand je vous dis que je l’aurai bien voulu. Malheureusement… » Délicatement, la lame se délogea de la gorge de sa victime, afin de permettre à son propriétaire de tirer lentement la manche de son bras, révélant ainsi la marque des bannis. « Nous ne sommes pas les bienvenus au sein des villages, je le crains. » Révélé ainsi son appartenance était un choix tout à fait stratégique. Premièrement, pour beaucoup, seuls de grands criminels sanguinaires devaient porter le poids de cette gravure au fer rouge. Deuxièmement, cela signifiait aussi qu’ils n’avaient pas grand-chose à perdre. De quoi faire comprendre à ces deux dames, qu’ils étaient loin de jouer la comédie.

« Le fer ne m’intéresse pas. »

Rétorqua-t-il sur un ton aussi calme que glaçant. Son intérêt pour elle ne se plaçait pas sur ce qu’elle possédait physiquement, mais sur son savoir-faire. Un savoir dont on lui avait fait longuement éloge une soirée durant. Un confrère de ce qu’il avait plus ou moins compris. Ce dernier aurait tout aussi bien pu faire l’affaire, mais… non… Son réseau portait bien trop de problèmes et c’était ainsi qu’il avait recherché à contacter une personne loin de tout soupçon.

« Vos compétences, en revanche… »

Un profond soupir s’échappa de ses lèvres lorsque finalement, il se pencha à nouveau sur la blonde effrayée. Cette fois-ci, ce n’était pas sa lame qui était venue frôler sa peau, mais ses doigts qui après avoir séchée l’une de ses lames, longé sa joue jusqu’à finalement lui retirer le tissu à ses lèvres.

« Si vous vous tenez tranquilles et coopérez, alors vous ne partirez qu’avec un mal de crâne de fin de soirée. »

Sinon ? Il décida de laisser l’imagination des deux demoiselles répondre à cette question. En tout cas, pour l’heure, sa main s’était retirée de la tête de son otage principal, comme une sorte de gage de bonne foi après lui avoir rendu l’usage de la parole.

« Il vous suffira de forger quelque chose pour moi et me le transmettre à votre retour de Najac. Soyez assurée, vous possédez toutes les compétences nécessaires pour effectuer cet ouvrage, j’en suis certain. » Son visage se tourna alors en direction de l’étrangère malchanceuse avant qu’il ne glisse à nouveau sa lame en sa direction, sans avoir de geste réellement menaçant pour autant. « Et je suis sûr que votre amie vous en sera grandement reconnaissante. »


Revenir en haut Aller en bas
Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyLun 29 Juil 2019 - 20:09


Eurybia ne lâchait pas son interlocuteur des yeux, guettant ses mouvements comme un prédateur à l’affût. D’aucun aurait douté de sa position de victime. Pourtant ligotée comme elle l’était, elle ne pouvait guère qu’hérisser le poil et rugir des menaces. A ce stade, quiconque en ayant conscience aurait renoncé au paraître, mais l’égo de la forgeronne était bien plus gros que marteau qu'elle possédait. Le truand avait une idée bien précise en tête, sinon pourquoi les laisser en vie ? Tout se jouerait sur sa capacité à négocier. Ah mais n’allait pas vous réjouir trop vite, les négociations, ça serait pour plus tard ! Ambre n’était pas au bout de ses peines, elle allait sans doute la haïr après ça. Elle aurait tout le loisir de s’excuser, si elles en sortaient vivantes…

Elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas penser à ce petit corps fin et à cette peau lisse, à ce visage délicat et fragile, tordu par la douleur. L’impuissance frôle la peur, la change en rage. Les sentiments prennent un visage qu’il faut effacer. On envie ces comédiens qui revêtent des masques, et se détachent d’eux-même pour conter la fatalité. Quelque part, on leur vole leur visage figé pour le plaquer contre le sien. Elle aurait voulu qu’Ambre n’existe pas, disparaisse tout à coup, s’évanouisse comme le vol d’un papillon éphémère au creux d’une brise. Cette volonté prenait la consistance d’un alliage immuable.

Rien. Personne. Rien qu’une tisserande, personne. Au coin de sa vision périphérique, toute son énergie était concentrée à descendre une herse impénétrable. Une barrière où elle ne ressentirait rien. Les traits de la petite tisserande l’irritaient, témoignaient de son caractère craintif, ses larmes ne parvenaient pas à l’apitoyer, sa faiblesse la répugnait, son agitation malgré la lame menaçante évoquait la confusion d’un gibier acculé. Elle ne la regarderait pas.


Eurybia eut du mal à ne pas regarder la lame lorsqu’elle s’écarta de la gorge de sa victime un instant. L’homme retroussa sa manche, et qu’avait-il de si intéressant à montrer là-dessous ? Elle fut bien forcée de regarder ce qu’il exhibait. La najacienne se raidit soudain. Là, gravé dans sa chair, la marque brûlée du crime. Il n’était pas un simple bandit, il faisait parti de ceux qui avaient été condamnés à pire que la mort, à l’errance éternelle dans les marais sans jamais trouver le reos auprès des Trois. Par la Fange, comment n’était-il pas encore mort ? Elle n’avait vu cette marque que sur un cadavre, et il ne restait plus grand-chose de lui. Un corps inanimé n’inspirait qu’un dégoût surmontable, mais un criminel marqué, rejeté de la société des survivants, lui, était la personnification du pire sort qui soit. Il n’avait pas grand-chose à perdre ici-bas contrairement aux deux blondes. La mort elle-même serait un sort plus clément qu’une vie de marqué sans doute. C’était l’avis de la forgeronne lorsqu’il approcha sa main près du doux visage d’Ambre. Ce n’était pas de la crainte, c’était de l’innocence. Ce n’était pas de la faiblesse, c’était de la pureté. Ce n’était pas de la confusion mais une tentative de communication malgré la menace.

Ambre.

Merde. Merde. Elle était toujours-là. Fait chier. Eurybia serrait les dents alors que le banni posait ses sales pattes sur la peau d’ange. La rage sous-jacente portaient ses joues en ébullition. Ce qu’il se permettait de toucher tant qu’elle était immobilisé, il le paierait plus tard. Pour l’heure il venait de dévoiler la raison de leur enlèvement. Ses mains d’or, évidemment. La tatouée fronça des sourcils. Quelque part au fond d’elle, elle bénissait les Trois de ne pas avoir mis son vieux père à sa place. Ils l’avaient placer là car elle y survivrait sans doute. Ou parce que son sacrifice servirait mieux la Trinité que sa vie ne l’aurait fait. Et ça, son orgueil en doutait. Elle éclata d’un rire sans joie. Ca y est, elle était folle.

« Je ne salirai ni mon âme, ni celle de cette dame en forgeant pour ceux que même la Trinité refuse d’aider. Les Trois nous bercerons, et toi, tu marcheras parmi la Fange. » gronda-t-elle ponctuant sa phrase avec un crachat qui atterrit près des pieds de l’homme, à son plus grand désarroi. Elle se mit à tirer sur ses liens avec une force qui entamait sa peau, cherchant à tordre ses articulations pour y trouver du jeu. Qu’elle se détache, et il allait voir ce qu’elle lui forgerait. Elle forgerait son crâne, elle le ferait aussi plat qu’une vulgaire pièce de taule !


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyLun 19 Aoû 2019 - 18:18

Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  1561927062-sans-titre-2

Si la réaction de l’une le satisfaisait, l’autre en revanche… La bête, les flammes de la révolte brillaient, scintillaient ses yeux. Très loin de se soumettre et céder aux menaces, la forgeronne se montrait de plus en plus menaçante et de moins en moins coopérative. Ses yeux allèrent donc se poser un instant sur celle qu’il tenait encore entre ses mains. Il détailla ses traits, sa peur, son mépris dans un silence inquiétant.

« Je vois. »

Essayait-elle de lui faire croire qu’elle n’était rien pour elle ? Qu’il s’agissait d’une dame, d’une inconnue sans importance ? Ou essayait-elle inconsciemment de se dissocier de la situation ? En plaçant une distance entre elles ? Tout était possible, mais elle ne lui fera jamais croire que sa perte la laisserait de marbre. Elle ne faisait pas partie de ces gens-là, pas de ce qu’il avait pu observer jusqu’à maintenant. Et puis, leur rapprochement était tel qu’ils s’étaient vu obliger de l’embarquer alors… Il reposa son regard sur la forgeronne, la détaillant un instant avant de reprendre.

« Et comment penses-tu qu’un homme tel que moi puisse survivre là dehors ? »

La chance ? Évidemment, mais qui l’avait donc béni ainsi ? N’était-ce pas la volonté des Trois qu’il soit encore en vie malgré leur châtiment ? Lui en était convaincu. Il avait une mission à accomplir et c’était exactement pour cela qu’il était ici, face à elles, malgré elles.

Un sourire léger se dessina derrière son masque avant qu’il ne se lève soudainement. Sa main encore agrippée à la longue chevelure de la seconde, Rowan échangea un bref regard avec ses complices. Visiblement, il allait devoir se montrer un peu plus convaincant. Il fut un temps où jamais il n’aurait pu lever la main sur une femme, quelle qu’elle soit. Malheureusement pour elle, ce n’était plus le cas. Au contraire, son regard s’était noirci perdant un peu plus le reste d’empathie et de sentiments qu’il possédait. Dangereux, silencieux et menaçant, le banni contempla encore un peu ses prisonnières avant de donner l’ordre à l’un de ses hommes de balancer une corde.

Dès lors, alors que lui restait droit face à la forgeronne qui venait de le défier avec grande imprudence, l’un de ses complices lança la corde à l’une des portes porteuses de la grange. Ce simple geste devait faire craindre le pire, il en était certain. Et ce fut sans hésitation, sans pitié, que son bras força la pauvre artisane à se relever en la tirant par sa chevelure. Finalement debout, il tourna enfin la tête en sa direction.

« Et ironiquement, je doute que les Trois viennent vous sauver, ici et maintenant.. »

Lentement, mais avec fermeté, le rouquin déplaça sa victime jusqu’à la corde en question. Le nœud déjà soigneusement effectué par son complice, il plaça sans mal sa tête à travers. Chose faîtes, il lança un long regard sur elle avant d’ajouter.

« Il n’y a que deux façons de sortir d’ici. » Il marqua une pause. « L’une d’elles consiste à servir d’appât. » Ses yeux toujours fixés sur ceux de la bâillonnée. « Se faire dévorer vivant est un sort que je ne souhaite à personne. » Il glisse son regard sur son corps. « Morceau, par morceau, chair après chair… avec un peu de chance, la douleur est telle qu’on finit par perdre connaissance. Jusqu’à ce qu’on se réveille dans la fange et ne vienne menacer nos plus proches amis, dévorant à notre tour femme et enfant. »

Terriblement froid et calme, sa main vint lentement tirer le tissu qui jusqu’alors avait permis de contenir la voix de celle-ci. Mais avant qu’elle ne puisse prononcer la moindre parole, la corde à son cou la souleva soudainement du sol.

« Chose que je n’hésiterai néanmoins pas à faire si on me force la main. »

L’homme pivote alors doucement, pour faire face à la forgeronne qui devait avoir le regard fixé sur son amie en plein étranglement. Ignorant les sons atroces que cette dernière était en train de produire alors que son corps luttait vainement contre la mort, ses pas l’amenèrent à nouveau à sa place. Un signe de main suffit pour que le bourreau relâche lentement la corde et permette à la pauvre blondine de respirer.

« Je n’ai pas le temps de jouer, Eurybia. Ton amie, non plus. »

En effet, lentement la corde se releva à nouveau, mais cette fois, elle se stoppa de façon à ce que celle-ci puisse encore respirer en se tenant sur la pointe des pieds. Une position fatigante qu’elle ne pourrait très certainement pas tenir éternellement alors que l’autre bout était désormais fermement accrochée à une autre poutre. Maintenant que les choses semblaient de plus en plus claires, Rowan vint déposer un parchemin face à sa cible principale.

« J’en veux trois exemplaires. »

Sur le parchemin se dessinait la représentation du sceau maudit. Celui-là même qui se retrouvait à son bras. Non, la forgeronne ne rêvait pas. Ce que voulait Rowan, n’était pas une lame, ni une flèche ou un bouclier, mais une arme bien plus dangereuse : la marque.


Revenir en haut Aller en bas
Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyDim 25 Aoû 2019 - 21:04


Comment vivent les abandonnés des dieux ? Aux dépends des pauvres gens sans doute, des parasites toxiques, pillant les fruits du labeur des autres, semant la mort aussi facilement qu’on arrache une mauvaise herbe. Aucun respect pour les dieux, aucun respect pour la vie. D’un signe simple, banal, les conséquences de ses provocations tombaient. Un autre, – et d’où sortait-il ? Combien étaient-ils dans l’ombre de la grange ? – passe la corde autour de la petite tisserande, et Eurybia se sentait déjà spectatrice impuissante. La rage en ébullition dans ses veine venait d’être sublimée par une peur glaciale et inévitable au premier regard. Elles allaient mourir. Et il parlait, elle n’entendait que des mots clés. Se faire dévorer vivant, elle le lui souhaitait, peut-être qu’une telle souffrance l’expierait de tous ses crimes, et encore, ça ne suffirait probablement pas. Il baladait ses yeux sur sa victime. Morceaux par morceaux. La petite silhouette s’éleva du sol et Eurybia détourna les yeux. Morceaux par morceaux. Même sous ses paupières, elle revoyait les dépeceurs des faubourg, la machette tâché de sang humain, les corps égorgés des enfants entassés comme des bêtes à débiter. La grande planche où l’on avait séparé les membres. Morceaux par morceaux. Elle redécouvrait la pièce avec les crochait où l’on pendait les corps pour les vider de leur sang, et son estomac se serra à lui faire remonter la bile. Regarde le sol, regarde le sol.

« Regarde ce que tu as fais !» s’écria Aline. Le moulage qu’elles avaient mis près d’une heure à faire venait de s’écraser au sol. La jeune fille s’était précipitée pour ramasser les morceaux d’argile et s’y était coupée. Morceaux par morceaux.

« Tu casses toujours tout ce que tu touches ! »

C’était vrai, en un sens. Dès qu’elle s’accrochait à quelqu’un, elle le brisait ou le laissait tomber. Sommes-nous voué à reproduire nos erreurs, où avons-nous une chance de trouver une échappatoire ? Elle hoquetait, là-bas seule. Eurybia aussi était en apnée mais pour d’autres raison. Elle avait eu beau tirer sur ses liens, l’homme semblait habitué à faire ça bien. Ni le nœud ni la corde ne cédaient. C’était perdu, elle venait de comprendre maintenant. Ambre retomba, et le regard de la forgeronne se déplaça sur parchemin qu’on étalait devant elle.

La marque. Il voulait la marque. Elle hocha la tête, comme si elle acquiesçait. Bien sûr qu’il voulait la marque. Si elle acceptait de forger pour un banni, peu importerait le nombre de prières aux Trois, rien ne la repentirait. Si elle forgeait, il pourrait brûler n’importe quel noble, n’importe quel commerçant ou milicien, et alors comment distinguerait-on les criminels des victimes ? C’était brillant, tout simplement, elle ne pouvait que l’admettre. Elle se releva difficilement, car garder l’équilibre pour se relever les poings liés demandait une agilité que son corps engourdit lui refusé. C’était perdu. Elle planta ses yeux dans ceux de leur agresseur ignorant tout ce qui se passait autour d’elle, car c’était perdu. Seul tiendrait son orgueil. Et son sourire inquiétant, était-ce de la démence ?

« La marque... Brillant, vraiment, j’admets. » elle hochait la tête comprenant tout ce que ça impliquait, s’approchant doucement. « Tu enquêtes sur moi. Tu te caches dans l’ombre. Tu guettes le moment opportun. Tu orchestres toute cette mascarade. Et toi, tu n'as pas le temps de jouer ? Je t'croyais pl ...»

Là, au milieu de sa phrase, elle avait chargé sur Rowan, comblant l’espace qui les séparé d’une enjambée, propulsée tête en avant, décidée à éclater son arcade contre l’arrête du nez de leur bourreau. Peut-être que l’agitation allait changer la donne ? Est-ce que l’autre qui tenait la corde allait la lâcher pour se ruer vers elle ? Est-ce que Ambre pourrait glisser ses poignets fins entre les liens qui la tenaient ? Dans son élan elle avait omis un détail : ses chevilles étaient attachée, et si l'enjambée fit céder le noeud, il coupa son avancée, et plutôt que d'écraser son crâne dans le visage du banni, elle lui asséna un violent coup dans le ventre. Elle eut tout juste le temps de remonter le genou pour ne pas l'accompagner dans sa chute. Un éclair sillonna sa tempe en même temps que la douleur. On dit que lorsque l'éclaire et le son ne font qu'un c'est que l'orage n'était pas loin. Mais non, elle n'avait pas pris la foudre. Elle ne savait pas contre quoi elle se l’était éclatée, mais l’arcade s’était belle et bien ouverte contre quelque chose semblait-il. En tout cas, du sang coulait sur son visage, alors qu'elle essayait de crier à Ambre de courir. Avait-elle crié seulement ? Le bourdonnement dans sa tête et la douleur qui se propageait le long de sa mâchoire étaient trop intense pour qu'elle en ait la certitude.
Revenir en haut Aller en bas
Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptySam 31 Aoû 2019 - 2:17
Une accalmie. Un court répit, qu’Ambre savait de courte durée. L’homme, avec une infinie et étonnante douceur, lui avait retiré la dague de sa gorge. La petite blonde avait pu déglutir en toute sérénité. Doux plaisir. Avec cette flatterie malaisante, il se pencha vers elle et effleura sa joue pour attraper dans ses doigts une des larmes qui coulait sur la joue pâle de la pauvre femme. Une caresse morbide, qui lui donna un frisson atroce le long du corps. Il lui libéra même de son bâillon de tissus, lui permettant de parler. Mais à vrai dire, elle n’avait rien à dire. Aucun son n’arriverait à sortir de ses lèvres tremblantes pour le moment. Elle savait très bien que cette sympathie passagère ne présageait rien de bon. Qu’au moindre faux pas d’Eurybia dans son plan, la descente serait bien plus forte pour sa propre personne. Elle n’était pas folle. Et elle savait que la forgeronne ne céderait pas. Elle l’espérait. Jamais une femme forte comme elle ne devrait céder à un banni. Cette marque, elle ne l’avait jamais vu en vrai, mais elle en connaissait bien évidemment les causes. Les pires criminels de Marbrume l’obtenaient. Meurtre, viol, torture ou bien pire encore. Surement des choses auquel l’esprit sain de la petite blonde était incapable de penser.

Ambre s’en fichait de souffrir, de mourir. Elle savait que l’épreuve serait dure, mais c’était quelques choses qu’elle avait désiré de nombreuses fois ces deux dernières années. Alors même si elle avait peur, que ce n’était pas comme ça qu’elle avait prévue de partir, elle l’accepterait. Mais Eurybia devait tenir bon. Et survivre. La ferronnière fit honneur à son image. Telle une lionne féroce, elle envoya les espoirs du kidnappeur voler en éclats. Elle ne démordrait pas, et la petite blonde en était heureuse. Malgré tout ça, malgré le fait qu’elle voyait la mort s’approcher à petit pas discret, une chose chagrinait la marchande. Une chose si insignifiante par rapport à ce qu’elle vivait actuellement que ça pouvait paraitre ridicule. Qu’est-ce que c’était ? Peut-être ce sentiment d’avoir l’impression de ne pas compter pour la forgeronne. Ne comptait-elle pas ? Ou l’impressionnante femme faisait abstraction de sa personne pour réussir à ne pas craquer ? Au fond d’elle, notre héroïne espérait compter pour son amie. Au moins autant qu’elle…
Perdue dans ses pensées, elle avait réussi à s’échapper quelques secondes hors de cette sombre maison. Mais leur ravisseur se leva brusquement, faisant sursauter Ambre nerveusement. Elle sentait toujours la poigne de fer de l’homme dans ses cheveux, lui faisant comprendre que son rôle était bien loin d’être terminé. Un silence pesant s’installa. Les deux otages avaient bien compris qu’il se tramait quelques choses entre les deux complices dans la pièce. Une corde. Elle vit l’un deux ramener une corde. L’accrocher à une poutre de la maison. L’horrible réalité commençait à s’infiltrer dans l’esprit de la tisserande. Une angoisse commença à monter du fond de son ventre. Se tête se mit à faire des mouvements négatifs de manière frénétiques. C’était trop horrible. Même en sachant depuis le début qu’elle allait souffrir, mourir pendue était une option affreuse. La panique l’envahissait. Le pillard, exempt de toute douceur maintenant souleva violemment Ambre par les cheveux. Un cri de douleur et de terreur lui échappa, en même temps qu’une énième larme glissa le long de sa petite joue, devenue livide.

« Pitié, je vous en supplie, pas ça… »

C’était un appel de détresse. Une petite voix larmoyante à peine audible. Un appel à l’aide désespérée. Elle savait qu’elle n’avait aucune chance, elle avait vu le regard glacé que l’homme avait posé sur elle. Pas un sentiment, rien. C’est avec une infinie lenteur qu’il la traina jusqu’à la potence et lui enfila le nœud autours du coup. Tétanisé, la marchande de tissus sanglotait sur place, regardant l’homme malsain en face d’elle. Elle le vit regarder son corps tout en débitant des affreusetés sans noms. Son corps tremblait de plus en plus. Elle ne pouvait rien faire. Elle ne devait rien faire. Elle devait se montrer forte. Prenant son courage à deux mains, Ambre inspira une grande bouffée d’air, calmant légèrement ses tremblements. Elle leva un regard froid, empli d’une colère immense envers le banni.

« Qu’importe si je meurs, qu’importe les souffrances. Vous ne valez pas mieux qu’un fangeux, si ce n’est pire ! Au moins les âmes des pauvres personnes qu’elles étaient avant peuvent encore êtres sauvés. La vôtre est pourries jusqu’à la moelle »

La tisserande avait eu le caractère, elle lui aurait craché au visage. Hélas, son tempérament n’était pas celui de la forgeronne. Elle se contenta donc de le regarder, tremblante comme une feuille en attendant son sort. Celui-ci ne tarda malheureusement pas. Elle sentit la corde rugueuse se coller à son cou si fragile. Ses pieds quittèrent le sol au moment ou l’air n’arrivait plus à arriver jusqu’à ses poumons. Quelle douleur horrible ! Bien que ses mains soient attachées entres elles, la jeune femme luttait pour sa vie, essayant de tenir la corde qui la pendait, comme pour limiter l’étranglement. Effort vain, bien évidemment. C’était une sensation indescriptible. Un sentiment affreux. Vouloir respirer. Ne rien pouvoir faire à part ouvrir la bouche dans l’espoir d’y avoir une infime once d’air. Une brûlure au col qui lui tirait encore quelques larmes. Ses jambes luttant dans le vide, désespérément. Et sentir ses forces partir. Sa vue se brouiller. Ses pensées s’enfoncer dans la noirceur. Ses bras qui tombent le long de son cœur. Une dernière pensée pour ses enfants. Le noir.

Elle reprit conscience au moment ou son corps retomba au sol. Lourdement. Sous le choc, elle se laissa tomber sur elle-même, à genoux. Ambre toussa violemment, tenant de ses deux mains son petit coup, dans l’espoir d’apaiser cette blessure invisible. L’air était du feu. Sa respiration reprenait en hoquetant. Malheureusement, son esprit eu à peine le temps d’émerger que la corde reprit son jeu macabre, la forçant à se relever. A bout de force, la torture continuait. La pauvre petite blonde devait maintenant se tenir sur la pointe de ses pieds pour respirer. Douce souffrance après s’être fait pendre au bout de cette même corde quelques secondes avant. Ses larmes ne pouvaient s’arrêter. La mort était trop proche pour y faire abstraction.
Mais quand l’espoir n’est plus là, les Trois ne sont pas loin. Ce qu’il se passa alors pouvait relever du miracle. La forgeronne, montrant une fois de plus sa force et sa détermination, n’hésita pas à se jeter sur le banni. Ambre ne pouvait que regarder, mais la surprise et l’espoir étincelèrent dans ses yeux verts. La ferronnière réussi son coup de maitre et toucha de toute ses forces l’estomac du malfaiteur de sa tête. Violemment, celui-ci tomba en arrière, projeté par la force brute d’Eury. La chute fut si brusque que la capuche qui dissimulait son visage tomba elle aussi, dévoilant une crinière couleur de feu et des traits fins.
Le complice qui tenait la corde d’Ambre voulant aider son chef en panique, la lâcha subitement et se précipita vers lui. Dans la précipitation, le bougre réussit à s’emmêler les pieds dans les bouts de cordelettes au sol et s’éclata lui aussi au sol dans un bruit sourd. Assommé. La marchande se retrouva d’un coup les deux pieds au sol, les pieds détachés, les mains lâchement attachés, avec seulement un complice encore en état de nuire. Les deux se regardèrent dans une tension palpable. Ils regardèrent Eurybia, à moitié abruti par le choc et Rowan en mauvais état, incapable de réagir pour encore quelques secondes.

Il est un temps ou n’importe qui se serait enfui. Ambre hésita quelques courtes secondes. Laisser son amie la, dans cette maison, seule avec ce fou lui brisait le cœur. Qui sait si elle la reverrait vivante. Le cœur brisé, elle s’élança vers la porte de sortie. Le dernier des criminels se jeta sur Eurybia. Après tout, elle ne comptait pas vraiment. Ce qu’ils voulaient, ils l’avaient. Quant à elle allait devoir trouver de l’aide. Vite. Très vite.

Elle se retrouva dans l’entrée de la maison. Le malfrat, trop occupé à s’occuper de ses acolytes assommés, ne semblait même pas avoir prit la peine d’alerter d’autre personnes. Elle n’était pas folle, elle se doutait bien que dehors, d’autres méchants l’attendaient. Sur la pointe des pieds, tout en douceur, elle ouvrit une vieille porte grinçante et y passa sa petite tête.

Encore un miracle. Deux gros patapoufs c’étaient endormis devant l’entrée, laissant leurs rondes de côté. Il fallait se calmer. Tant bien que mal, elle expira tout l’air de son corps, lui brûlant sa gorge au passage, et décida de sortir. Ils ne se réveillèrent pas, ou alors elle était déjà partie, loin.

Dans le noir, en pleine nature, le moindre bruit la faisait sursauter. Elle devait trouver de l’aide. Vite

Lancer de dès:

Revenir en haut Aller en bas
Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyMar 17 Sep 2019 - 14:10

Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  1561927062-sans-titre-2

Les supplices, les tremblements, les larmes, toutes ces choses qui autrefois l’auraient touché en plein cœur ne semblaient plus parvenir à son esprit. Pour autant, la torture ne lui prodiguait nul plaisir. Non, Rowan ne faisait que ce qu’il pensait nécessaire à sa survie et à celle des siens. Qu’importe qu’il porte le masque du démon pour se faire, tant que son objectif est atteint. Naïf, était celui qui pensait pouvoir sauver la veuve et l’orphelin sans aucun sacrifice. Il l’avait que trop bien compris sur le champ de bataille, bien avant l’arrivée de la Fange. Tout comme il avait compris n’être qu’un pion insignifiant dans le cœur de ses dirigeants.

Dos à la tisserande qui étouffait alors sous le poids de son corps, le regard du rouquin s’assombrit plus encore. Si seulement, elle s’était montrée plus coopérative, si seulement la milice ne les traquait tel du gibier, si seulement il n’avait pas été banni, si seulement la fange n’était jamais arrivée, si seulement elle…

« Ro… !! »

A terre avant même qu’il ne s’en rende compte, une vive douleur au ventre qui lui avait coupé toute respiration, le banni releva rapidement sa main pour signifier à ses frères d’armes de s’arrêter. Que s’était-il passé, comment ? Clairement, le chef de la bande s’était laissé surprendre par l’audace de la forgeronne. Encore à terre et recroquevillé sur lui-même, Rowan releva douloureusement sa tête afin d’analyser la situation. L’une n’était plus… Son bourreau à terre sans qu’on ne puisse réellement comprendre comment.

« … »

Quelle bande de…. Un gros et long soupir se fit entendre alors qu’il se redressa non sans difficulté, une main encore apposée à son abdomen. Désastre. La situation leur avait échappé et ils étaient temps d’en finir rapidement. Désormais à découvert, il dévia ses yeux de glace sur la terrible prisonnière ne sachant encore s’il devait la condamner ou non.

« Bien joué… »

La colère était évidemment présente dans son regard et sa voix. Pour autant, le renard restait étrangement calme. Las, il ne put s’empêcher de soupirer à nouveau alors que ses hommes reprenaient le contrôle sur la forgeronne.

« Mais dis-moi… Pendant combien de temps penses-tu pouvoir la protéger ? Elle et les autres. Penses-tu vraiment qu’elle soit en sécurité quelque part ? Une flèche, une seule, suffirait à lui ôter la vie. Qu’un milicien me tue aujourd’hui ou demain n’y changerait rien. Le duc s’est fait plus d’un ennemi, même au sein des remparts… »

Le silence reprit place un instant, le temps que la blonde guerrière prenne pleinement conscience de la situation. Jamais, ils ne la laisseront en paix tant qu’elle n’aurait pas accepté sa requête. C’était aussi simple que cela. Aujourd’hui, elle avait gagné une bataille, mais certainement pas la guerre. Était-elle prête à mettre en péril la vie de ses proches par simple fierté ?

Le cisaillement de la larme sortant de son fourreau trancha soudainement le silence avant que sa pointe ne vienne transpercer le parchemin tendu.

« Elle n’est pas l’œuvre des Dieux. Un seul est responsable de notre châtiment et il n’a rien de divin. Combien de femmes, d’enfants portent cette marque ? Combien d’assassins ne la portent et ne la porteront jamais ? »



Revenir en haut Aller en bas
Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  EmptyJeu 3 Oct 2019 - 16:28


Elle vit la scène sous un angle étrange, alors qu'on la maîtrisait. C'était trop tard, elle ne pouvait plus être sauvée, elle espérait seulement que la tisserande saisisse l'opportunité qu'elle avait créé dans un élan furieux de rage et de désespoir. Elle vit sa jolie forme debout sur le mur – enfin ce devait être le sol – elle vit son bourreau perdre contenance, elle la vit hésiter en lui jetant un regard désemparée. Les émotions négatives passaient sur son visage sans lui enlever son charme. C'était un petit papillon, surpris par la pluie. Une jolie créature sortie de l'irréel, voletant au gré de la brise, malmenée par les tempêtes, égarée dans les ombrages de la mauvaise fortune. Les secondes durant lesquelles Ambre hésita semblèrent s'étirer dans l'infinité du néant, et enfin, elle s'enfuit.

Eurybia lâcha un soupire en fermant les yeux. Pourvu qu'elle trouve de l'aide, pourvu qu'on la mette à l'abri. Son corps n'offrait plus de résistance, elle avait donné son énergie pour une seule cause, elle espérait l'avoir menée à bien. La petite tisserande ne serait ni victime de son orgueil, ni témoin de sa trahison. Car quel choix avait-elle vraiment ? Il avait su la trouver, l'enlever, tout cela si facilement. Il y avait fort à parier qu'il lui serait facile de retrouver sa famille à Najac. Le plateau était certes sous surveillance, mais on s'occupait davantage de garder les fangeux à l'écart. Son bourreau lui avait des hommes, sans doute n'étaient-ils pas tous marqués comme lui.

Il n'avait rien à perdre.

Elle, si. Dans le ton-même de sa voix, on pouvait sentir une colère profonde. Il lui exposait une évidence qu'elle ne pouvait plus nier. Personne n'était à l'abri de la mort. Elle rôdait partout, qu'elle vienne des morts ou des vivants, qu'importe, elle venait.

« Sa mort ne vous fera que perdre du temps. Vous ne lui ferez rien... » murmura-t-elle plus pour essayer de se convaincre qu'elle ne venait pas de tuer son amie. Le chant métallique, celui qu'elle reconnaîtrait d'entre mille, celui d'une lame qui fend l'air. Ca serait rapide, mais pas nécessairement indolore. Il la planta dans le parchemin et enfin elle releva les yeux vers lui, muette. Le teint de sa chevelure reflétait sans doute le feu de colère qui brûlait en son fort intérieur et contrastait étonnamment avec ses iris aux éclats glacials. Comment devient-on un criminel ? Est-ce un destin avec lequel on nait, ou était-ce nos choix ? Etait-ce donc la nature de l'homme que d'utiliser son potentiel pour répandre le mal? C'était un visage humain, pas celui d'un monstre d'horreur, l'eut-elle croisée en d'autres circonstances, elle ne se serait pas doutée qu'il portait la brûlure du crime. Et là devant elle, il remettait en cause la justice qui l'abattait sur certains bras plutôt que d'autres. Le sang coulait le long de son visage et elle peinait à écouter le discours du rouquin.

« … et combien d'autres innocents porteront la marque de ta propre 'justice' … qu'est-ce qui me dit que tu m'tueras pas après la transaction ?  »

Les yeux dorés de la najacienne s'écarquillèrent devant cette révélation. Voilà pourquoi il allait tuer Ambre, voilà pourquoi elles allaient mourir. Elles avaient vu son visage, la tisserande s'était enfuie, il n'avait aucune certitude qu'elle tiendrait sa langue, bien au contraire, elle avait tout intérêt à donner un maximum de détails aux gardes. Le seul espoir semblait qu'Ambre dirige des miliciens vers eux. Mais quel genre d'escouade serait assez stupide pour affronter la nuit ? Et au petit matin, seraient-ils encore ici ? Ce qu'elle pouvait faire, c'était leur faire perdre du temps. Elle essaya de se redresser, mais les gros bras la tenait fermement, la bloquant à genou, penchée vers le schéma dans une position plutôt inconfortable. En analysant les tracés, les chiffres, elle ne put que répéter les dimensions, comme pour s'assurer auprès de son interlocuteur qu'elles étaient correct. Les chiffres lui étaient familiers, mais elle était tout bonnement incapable de lire des inscriptions qui allaient au delà, comme presque tous les petites gens qui n'en avaient pas l'utilité dans leur métier.

« … Je vais avoir besoin de temps... »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
MessageSujet: Re: Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre    Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre  Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Rien n'oblige à un cauchemar | Eury & Ambre
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Les Faubourgs-
Sauter vers: