Marbrume


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 Tout est songe et mensonge. [Flore]

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MessageSujet: Tout est songe et mensonge. [Flore]   Tout est songe et mensonge. [Flore] EmptyMer 13 Nov 2019 - 14:42
Cid ne revenait que très rarement aux alentours de Marbrume. Il préférait se tenir éloigné de la cité. Au sein du petit groupe de bandits, dont il faisait partie, deux d’entre eux étaient désignés justement pour les affaires liées derrière les remparts de la ville, ils avaient une solide couverture et n’étaient pas surveillés par la milice. Cid, ayant déjà eu quelques problèmes, il avait tout de même fait passer l’arme à gauche à un marin bien connu du port, avec son allure de bandit des routes, sa carrure imposante et recouverte de tatouages, combinés à sa coupe de cheveux, non, il ne passait pas vraiment inaperçu pour le coup. Il vivait, de plus, depuis plus d’un an à l’extérieur, ses manières étaient devenus très rustres. Il ne se mêlait pas beaucoup au reste de la population. Il avait son petit trafic avec les quelques personnes qu’il côtoyait et ça lui allait parfaitement comme ça.
Pourtant, ce jour, le voilà rendu dans les faubourgs. Les deux autres étaient occupés, il avait également besoin de s’extirper un peu du trio formé par Pat, Pleurard et Lydia, le reste de la petite troupe. Vivre pendant un an avec les mêmes personnes, pour un gars comme le métallurgiste, ça devient pesant à la longue. Mais, l’homme n’étant pas fait pour vivre continuellement seul, il a besoin de se raccrocher à un groupe, à des individus. Tant qu’il pouvait garder sa liberté, ça lui allait. C’était tout ce qu’il demandait à présent.

En ce jour, il devait faire affaire avec des porchers, leur livrer des armes qu’il avait forgé, en échange de viande, évidemment. La chasse s’avérait parfois difficile, les porcs élevés ici restaient un bon échange. Seulement, il fallait la jouer fine. Il ne connaissait pas ses hommes et savait que les porcs étaient réservés aux gens encore aisés de la cité, ce n’était pas tout le monde qui avait encore le privilège de se repaître de viande fraîche. Le rendez-vous avait été fixé dans une taverne des faubourgs, il la connaissait bien, pour y louer une chambre de temps à autres, lorsque ses voyages ne lui permettent pas de rentrer rapidement vers Monpazier. Il demanda discrètement à l’aubergiste qui étaient les porchers, afin de pouvoir les observer de prime abord, sans qu’ils ne le sachent. Il montra alors au grand brun une petite table à l’écart, où deux hommes étaient installés, occupés à boire de l’alcool et rire grassement. Difficile de leur donner un âge, ils semblaient tous deux usés par la forte consommation d’alcool, leur nez et pommettes étaient fort rouges, leur regard plutôt vitreux. Qu’à cela ne tienne, il se rapprocha alors d’eux, s’asseyant à leur table sans demander l’autorisation au préalable, non accompagné d’une choppe pour sa part, n’ayant pas les moyens de la payer. Les deux hommes le scrutèrent.

« Et bien, en voilà un drôle d’oiseau ! Ça se voit que t’es pas du coin mon gars ! » S’exclama le plus gras des deux, en pouffant de rire. Son comparse en fit de même et les deux se mirent à rire à l’unisson.
Le bandit se contenta de les observer, tous deux, restant fixe et immobile, jetant son regard sombre dans celui qui avait pris la parole. Après un petit temps, il sortit une des lames et la posa sur la table, calmement. Il n’avait pas besoin de répliquer, pas besoin de les faire taire avec des paroles acerbes. Il était venu pour une chose et ce qu’il avait bien en horreur était qu’on lui fasse perdre son temps. Ces deux ivrognes éleveurs de porcs avaient plutôt intérêt à se montrer coopératif.
« Oh ça va ! Si on peut plus plaisanter… Fais donc voir la lame. » Cid la fit glisser sur la table, l’homme la contempla sous toutes ses coutures. « C’est toi qui l’a forgée ? » Le métallurgiste hocha la tête. « ça va, c’est du beau boulot. Ces lames nous seront bien utiles pour faire la peau de la putain des faubourgs ! » Le brun arqua un sourcil, ils avaient besoin de telles lames pour faire la peau… à une femme ? Bien téméraires les deux nigauds… Mais soit, ce n’était pas ses affaires. Pourtant, l’homme semblait avoir envie d’en parler davantage… « Mon soucis mon gars, c’est qu’un espèce de chevalier de pacotille garde la demoiselle bien en sûreté, on l’a surveillé, on ne le voit plus tellement dans le coin. Il faudrait nous assurer qu’elle est bien seule. Si tu t’en charges pour nous, tu auras un peu plus de barbaque à amener dans ta charrette ! Alors ? »
- « J’ai pas spécialement envie de me faire remarquer dans le coin. J’accepte le marché, si en plus l’un de vous me cède sa couche pour la nuit, l’auberge est pleine. Je me doute que vous créchez là. »
Cid espérait que les deux n’aient pas à chicaner là dessus, par chance, ils semblaient plus lâches que causants.
« Vendu. »
Ils étaient déterminés dans leur histoire.

Il laissa le soin aux porchers de lui expliquer où était censé vivre la donzelle, puis il se mit alors en chemin, reprenant sa lame. Il n’était pas dupe, s’il ne revenait pas, s’il tombait par mégarde dans un piège, valait mieux être prudent. Il traiterait avec eux le lendemain matin.
Ainsi, en fin de journée, celui qui s’appelait autrefois Alcide, vint frapper à la porte de la dénommée Flore, herboriste de son état. Il attendit qu’elle vienne ouvrir.

- « Bonsoir, je suis guérisseur. Je viens vous acheter quelques plantes, on m’a conseillé et vanté vos talents d’herboriste. Je peux entrer ? »

Un petit mensonge ne faisait pas de mal, c’était sans doute plus facile de lui raconter ça pour qu’elle le laisse entrer, plutôt que de lui parler de porchers aux envies sanguinaires d’emblée.
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Tout est songe et mensonge. [Flore]   Tout est songe et mensonge. [Flore] EmptyMer 13 Nov 2019 - 23:16
Ma petite maison a presque disparu sous l’épais feuillage qui la camoufle aux yeux du reste du monde. En cette belle journée ensoleillée, j’avais pris le temps de la regarder comme on regarde un paysage pour la dernière fois, avec un peu de regrets et beaucoup de nostalgie. Il ne me reste plus beaucoup à faire avant mon départ. Mettre de l’ordre dans mes pots et mes flacons. Ficeler les quelques vêtements que je possède. Emmener mes petits outils et quelques souvenirs importants. En quelques mot, empaqueter ma petite vie pour espérer en trouver une meilleure là-bas, au Labret, en compagnie de la noble dame qui a bien voulu me prendre à son service. Les mains fourrées dans les poches de mon vieux tablier, je rentre alors, la tête un peu basse, honteuse de devoir quitter cet endroit que j’aime à cause de tout ce qui s’est passé ces derniers mois. Appuyée sur la porte d’entrée, je regarde mon petit intérieur presque vide avant de soupirer. Même les petites flammes de mon feu ne parviennent pas à égayer la pièce. Plus rien n’arrive à l’égayer. Plus rien ni personne. Pas même mes souvenirs. Et quels souvenirs…Ha non ! Je m’étais promis de ne plus y penser, de ne plus songer à rien de ce qui pourrait me rappeler Jehan. Il a disparu depuis des mois maintenant et s’il était vivant, je crois que je le saurais. Non. Il est mort. Tout comme Irène. Il n’y a pas d’autres explications.

Un bruit fort peu gracieux m’extirpa heureusement des pensées fort sombres qui menaçaient à nouveau de surgir en mon esprit tourmenté de jour comme de nuit. Il faut que je mange, ne serait-ce qu’un peu, afin de pouvoir tenir debout et tenir le coup jusqu’au Labret afin d’éviter d’arriver là bas comme une miséreuse prête à n’importe quoi pour un morceau de pain. Je me retrouve, à nouveau, dans cette même situation dans laquelle m’a trouvée Ulysse en plein hiver dernier. Avec à peine de quoi manger, amaigrie et sans force. Je me contente de ce que je trouve, par les jours de grand soleil, là où il y a du passage. J’ai trop peur de m’aventurer seule par les chemins, désormais. Malheureusement, je ne suis pas la seule à procéder de la sorte. Nous sommes nombreux à avoir faim et rares sont ceux qui consentent à partager un buisson de mûres ou quelques fruits sauvages avec moi. Je dois donc me contenter de ce qu’il reste et il ne reste pas grand-chose bien entendu. Plus personne n’est venu frapper à ma porte en quête de soins, je suis réduite à devoir demander ma pitance un jour sur trois au Temple, où on me donne ce qu’il y a. Je suis reconnaissante de cela, évidemment. Cela étant les jours de grande faim…comme aujourd’hui…Je regardais les échoppes avec de singulières envies et de bien curieux remords. L’idée même de voler m’est venue, alors que l’odeur du pain cuit venait chatouiller mes narines. Je dus fuir pour ne pas perdre la raison. Un autre jour, j’eus tout le loisir d’observer le manège d’une femme qui vendait ses charmes au plus offrant, à l’ombre d’une ruelle. Cette idée là m’est venue aussi avant que la honte ne m’envahisse à nouveau. Je ne pourrai jamais. L’idée même de recevoir de l’argent ou à manger en échange de…de ça…

Je me dirige vers mon petit feu pour en extirper ma petite marmite présentement remplie d’eau fumante avant d’en renverser un peu dans un petit récipient de métal cabossé duquel s’exhale un fumet peu ragoutant. Point de bruit en provenance de l’arrière de ma petite maison. Mes poules…Ce qui ressemblaient le plus à des amies…ont succombé à une peur excessive un soir où des cris atroces avaient retenti dans tout le voisinage. C’était comme si les Trois eux-mêmes voulaient me punir de quelque chose mais de quoi ? D’avoir cédé à Jehan ? D’avoir été, je le crois, une bonne personne ? Assise à même le sol de terre crue, je ne prenais plus la peine de sortir mes tabourets de bois et je sirotais avec parcimonie le breuvage malodorant qui compose mon repas. Quelques plantes séchées, rien de plus, infusée dans de l’eau chaude. Cela a au moins le mérite de calmer mes douleurs d’estomac.

Je ne pus m’empêcher de penser à ceux qui étaient en partie responsables de ma misère, ces abominables porchers sans cœur qui se gaussaient désormais de ma situation précaire. L’un d’entre eux est revenu à la charge, il y a quelques temps, en me demandant où se trouve désormais mon chevalier servant tout en me montrant les doigts que Jehan lui avait brisé. Mélangeant l’agressivité à une horrible condescendance qui me hérissa, il ne trouva rien de mieux que de me proposer quelques instants privilégiés en échange d’une tranche de lard « puisque t’as si faim ». Je lui ai balancé des cailloux avant de m’enfuir. Je revois encore sa face réjouie d’animal dégoutant, j’entends encore son rire odieux. Ils savent que je suis seule désormais. Ils le savent et j’appréhende chaque jour qui passe tout en me réjouissant de savoir que ma vie ici va bientôt prendre fin. Loin d’eux, je ne serai plus en danger. En tout cas, je le serai moins…

C’est plongée dans ces réflexions peu réjouissantes et au milieu d’un silence pesant que quelqu’un frappe à ma porte. J’en ai un sursaut tel que je renverse une partie de mon breuvage sur mon tablier. Mince. La personne là dehors doit forcément être une personne que je connais et qui connait ma maison pour avoir évité les pièges. Ou alors c’est une personne qui a beaucoup de chance. Quoiqu’il en soit, j’ouvre un peu la porte, juste assez pour voir qui se tient sur mon seuil.

- Oui ?

Pour être honnête, je ne sais pas trop ce que je pense là de suite. Un homme. Il se présente comme guérisseur en quête de plantes. Je ne peux m’empêcher de le détailler en silence et avec une certaine crainte. Il est grand. Il est très grand même. Un solide homme plus taillé pour les combats que pour l’art délicat de la guérison et des soins. Il pourra sans difficulté ressentir toute mon hésitation. Je vérifie que ma petite lame soit bien accrochée à ma ceinture avant de répondre, intimidée :

- Cela dépend de ce quil vous faut, Monsieur. Je…Je n’ai presque plus rien. Je ne sais pas qui vous a renseigné ma maison mais…enfin…Je doute de vous être utile. Peut-être…Peut-être devriez-vous vous rendre au Temple ? Il y a peut-être là bas ce que vous cherchez.

Je suis si petite face à lui, par les Trois. Il est terriblement impressionnant et il se dégage de lui une sorte d’aura brutale qui achève de me mettre mal à l’aise.

- Puis-je vous renseigner un herboriste de la ville ? Il sera sûrement plus à même de vous aider.
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