Marbrume


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 [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]

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AlcideMilicien
Alcide



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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyMer 3 Juil 2019 - 14:29
Atroces, ces quelques secondes de long silence après qu'il se soit livré. Le regard d'Alcide se souleva, le palpitant battant puissamment dans sa poitrine, détaillant au hasard les éléments du décors. Il en avait trop dit, s'estimant beaucoup trop exposé, comme perdu au beau milieu d'une clairière, en terrain hostile et désarmé...

- N'espérez qu'un bon repas.

Il eut un souffle léger, soulagé d'avoir une réponse, dodelinant un peu de la tête, l'air de se dire qu'il lui semblait bien ; qu'il se disait aussi ; là où d'autres rougissaient. A présent, non vraiment par raisonnement, ou par choix, comme tout homme normalement constitué le savait, vint le temps où cet instinct de préservation lui hurlait, hurlait comme un dément, qu'il était grand temps pour lui de se replier. Maintenant qu'elle avait été clair, son front se plissa légèrement, mirant l'issue qu'il lui permettrait de se sortir de ce mauvais pas. Surtout maintenant, lui qui disait justement qu'il ne saurait dire ce qu'il y avait de trop calculé chez les gens, constatait que ses confidences n'eurent aucun échos. Elle garda tout pour elle, ne manquait plus que la fermière lui tapote le sommet du crâne pour le récompenser d'être un si brave garçon... La distance était de mise pour éviter qu'il ne s'enlise d'avantage, et tandis qu'elle parlait, il soupesait un bref instant le timbre de ses paroles, qu'il confronta avec ce qu'elle avait montré d'elle auparavant. Un contraste, le faisant plisser des paupières quand il vit son sourire. Comme si de rien n'était ; comme si elle ne lui avait jamais rien confié et que tout, soudain, deviendrait tiède. Ne présumant de rien, il reporta ses yeux dans les siens, ne sachant dire s'il s'agissait d'une carapace, ou d'un second visage, ou si elle jouait avec le sentiment des hommes qu'elle parvenait à ouvrir en deux. Ni chaud, ni froid ; elle était indéchiffrable.

Mathilde ôta ensuite son épingle à cheveux, libérant sa chevelure. Vite, se replier, le milicien en profitant pour s'en détourner, roulant un regard furtif vers cette porte d'entrée qui lui criait de sortir. Il n'avait qu'à se lever, puis partir comme il projetait de le faire il y a quelques instants, mais il reporta son attention sur elle quand elle ajouta qu'elle espérait cette même honnêteté de sa part. Pas de triche. Pas de mensonges. Pas de secrets. Pas de masque. Ce à quoi il acquiesça naturellement, plissant le front, un peu déstabilisé par sa phrase qui tenait en équilibre entre la menace et le ton taquin. Il s'agissait de sa propre requête, après tout, pourquoi se contredirait-il tout à coup ?

La fermière quitta alors la table pour se fixer tout naturellement debout devant lui, les mains sur les hanches, elle le regardait comme l'aurait si bien fait le plus fin des limiers. Alcide levant légèrement les sourcils, une pointe d'amusement s'animait sur ses traits, mais... pas longtemps quand elle quémanda son histoire. Lupin, c'est pas un nom d'ici. Perdant peu à peu son sourire, la méfiance le gagnait à présent. Une méfiance qu'il éprouva pour le sujet qu'elle abordait. Son passé... S'il lui répondait qu'il venait des bas-fonds du Goulot, cela appuierait encore et d'avantage sur la distance. Qui sait. Si c'était pour risquer de la voir dévier en le soumettant à l'interrogation froide et insipide de la même façon que le vieux Mornever : merci, mais non merci, il préférait encore laisser la question en suspens, comme s'il pouvait figer le temps. Ensuite, la laissant pétrifiée sur place, il supposait retourner à Usson. Et c'est ce qu'il ferait, Alcide fit alors mine de quitter le rebord de la table, prêt à lui répondre qu'ils en rediscuteraient une prochaine fois lors d'une promenade ou d'un repas, mais... là encore...

... !?

Son intention fut interrompue, voyant la jeune femme s'approcher, le surprenant quand elle se courba lentement dans sa direction. Le milicien accompagna la langueur du geste en se penchant peu à peu en arrière, sans geste brusque, la douce chevelure de la jeune femme se déroulant sur lui... C'est l’incompréhension qui le gagna, les yeux qui la détaillaient et qui s'agitaient sur son visage ; n'avait-elle pas été claire, pourtant ? Il jeta un regard vers son bras pour s’apercevoir qu'elle tendait une main vers l'anse du seau, son museau se faufilant accidentellement parmi les mèches coulant en cascade sur son épaule ; elle le tourmentait quand l'arête de son nez noyé sous la caresse de ses cheveux lui confirma qu'il demeurait encore puceau de la volupté...

Puis elle s'écarta, ramenant alors le seau auprès d'elle. Après tout ce qu'il lui avait dit et ce qu'elle lui avait répondu, Alcide lui lança le trait d'un regard chargé de reproche, insistant, jusqu'à ce que ses yeux se heurtent à l'évidence : Mathilde soulevait un sourcil...
Maintenant, je vois. Il avait comprit qu'il ne devait espérer qu'un repas, et il s'y tenait. Il comprenait aussi qu'elle cherchait à se préserver, qu'elle vivait dans la crainte de perdre à nouveau un être cher, mais ce sourcil qu'elle levait là, vraiment, était un augure très bavard. Le détail était furtif, éphémère et anodin, mais il avait son importance, car il l'avait vu rougir en prenant soin de lui, tout à l'heure. A cet instant elle semblait complètement indifférente, comme si elle venait de muer pour revêtir la peau d'un animal à sang froid. Cela ne voulait pas dire que Rikni l'avait changée en reptile pour le punir ; il se disait seulement que la jeune femme avait peut-être changé d'état d'esprit, ou qu'elle avait recouvré le sien.

- Une petite omelette et un morceau de pain?

L'air circonspect, pendant une poignée de secondes ses pensées lui trituraient les songes, plus variées les unes que les autres, mais parmi elles, deux choix : une bonne omelette ou l'escampette.

- Mh... Maintenant que je me nourris d'un peu d'espoir en attendant de pouvoir partager votre table, je ne sais pas si j'ai envie de le consommer déjà, là maintenant, tout de suite. Vous ne pensez pas que nous nous y prenons un peu trop vite ? - A ses mots il sourit puis, se reprenant, il la remercia d'une inclinaison de la tête : - Entendu, Mathilde. C'est dit, dorénavant je me vanterai fièrement d'être arrivé pile à l'heure pour notre premier repas.

Il se souleva enfin de la table où il s'était appuyé pour se diriger vers l'âtre de la chaumière, une pointe d'amusement s'étant emparé de ses traits, toisant de sa hauteur les bûches crépitantes, pour alors s'y accroupir un instant. La chaleur des braises avait pour lui quelque chose de consolant, un peu plus éloigné de cette idée de fuite qui lui avait traversé l'esprit, laissant derrière lui la fermière qui s'affairait à réunir ses ingrédients.

- Vous ne trouverez qu'un seul Lupin dans le Labret, au fait. Si ce nom ne vous dit rien, c'est parce que nous sommes tous des fils du Goulot.

Alcide attrapa le tisonnier posé à ses côtés pour le tremper dans le feu ; le reflet orangé de ses flammèches miroitant à la surface de ses iris. Nourries et plus véhémentes encore, elles lui arrachèrent un air de satisfaction avant de peu à peu reprendre sa place dans l'impassible quand il fini, au bout de quelques instants, par se perdre dans le rougeoiement du bois brûlant.

- Je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui m'amène dans ce lac turbide que vous décriviez... Je ne saurai dire par où ça à commencé. Par le concours des circonstances, j’imagine... Ou peut-être qu'il faudrait que je remonte aux origines... Là-bas, dans les bas-quartiers, c'est comme de regarder pendant des siècles des animaux naître, brouter, ruminer, puis mourir devant vous. Sans qu'il ne leur soit jamais arrivé quelque chose d'extraordinaire, autre que de reprendre sans cesse la même vie où tant d'autres animaux l'ont laissée... Ici, les bêtes ont l'air heureuses, mais pas dans le Goulot. On m'y a gardé, mes pieds à la merci des flots remplis d'hommes qui viennent s'échouer devant moi. C'est là ; nous sommes au bord du lac. Vous comprenez ?

Il jeta le coin d'un regard à demi-embrasé sur la fermière, le coquard enténébré et le nez dans l'épaule, avant de reporter ses yeux sur l'ondulation des flammes.

- C'est l'échec. Il est partout. Et moi, j'y suis resté dans ces quartiers, en espérant quelque chose de différent. Quelque chose qui m'élève, qui me tire par le haut. Je ne voulais pas être un ruminant, alors j'ai tout fait comme mon père le désirait. Je lui obéissais. Au doigt et à l’œil... C'est une époque où toutes les malices étaient bonnes pour mettre la main sur le buffet, en se demandant ce que le lendemain on allait bien pouvoir manger. J'ai tout fait, mais je n'ai jamais tué personne... Il a fallu que j'intègre les rangs de la Milice pour être amené à me salir les mains. C'est étrange non ?

Il marqua une pause, repoussant quelques bûches pour ventiler le feu à l'aide du tison. Un temps suffisant pour méditer quelques secondes encore sur la question. Pas de triche. Pas de mensonges. Pas de secrets. Pas de masque.

- D'aussi loin que je me souvienne, Rikni a toujours accompagné mes pas. Je ne suis pas seul. Quant à la sensation de marcher dans ces tréfonds... ça m'est peut-être venu il y a deux ans. Quand les morts sont sortis de la fange... Je n'étais déjà plus très sûr de mon aventure quand j'ai vu le monstre, mais j'ai continué d'avancer avec ce que j'avais de courage. Ma compagne y était pour beaucoup de choses ; elle m'inspirait, et nous n'avons jamais désespérés... On s'était fait beaucoup de promesses. On les a tenues, et on s'est marié, comme si on voulait faire un pieds-de-nez au ravage qui nous entourait. On flamboyait... Elle était tout ce que je cherchais à travers la vie, rien que cela, et puis son... son trépas... son trépas devint le plus grand chagrin possible pour que je devienne ce que je suis, là, en cet instant où nous parlons. Cet instant-ci ; celui juste avant de mourir. Je pense que si demain la Mort venait à me prendre, je ne serais jamais tout à fait aussi froid que maintenant. Elle ne me fait pas peur ; elle me sourit. Et moi, je lui souris en retour.

Quelques plissement de fronts ou le froncement de ses sourcils venaient ponctuer des mots remuant en lui de tristes souvenirs, mais il ne semblaient pas se lamenter. La voix grave rompait le silence de la pièce, comme celle d'un conteur qui avait tout juste le sens de la retenue et du partage pour exprimer et contenir ses émotions. Peut-être bien que si une autre personne lui avait demandé des détails, Alcide l'aurait balancé dans un buisson fait de ronces pour l'y déchiqueter, mais cette fois, le ton avait été humble et posé. Sûr que l'idée de se prendre de plein fouet le mépris de classe quasi-rituel lui avait traversé l'esprit, mais jusqu'ici Mathilde n'avait jamais eut de remarques désobligeantes à son égard ; elle s'était toujours adressé à lui avec respect.

Quand il fini de parler, Alcide replaça le tison à sa place. Le Lupin se redressa lentement, débouclant le fourreau de son épée pour le détacher de sa ceinture, reposant enfin l'arme tout contre la chaise à berçant qui se tenait à proximité. Maintenant que ses sens olfactifs s'alertaient par l'odeur des œufs qui fulminaient dans leur poêle, l'homme se tint debout face à l'âtre, les bras croisés sous le poitrail, le regard toisant les flammes.

- Et Bla. bla. bla. Tout cela me tourne un peu trop prêt du nombril, si vous voulez mon avis. - Il jeta à nouveau un regard en coin en direction de la fermière. - Vous, Mathilde, vous avez surement des choses plus intéressantes à raconter. Allez-y, parlez-moi de ce que vous voudrez. Quel sont les sujets qui vous préoccupent en ce moment ?

La voyant s'affairer, elle qui n'était pas encore parvenue à reposer son dos, Alcide quitta le feu pour se baisser et emporter avec lui les deux gobelets qu'ils avaient délaissés prêt des chaises. C'était déjà une chose de moins qu'elle n'aurait plus à faire, le milicien se dirigeant à nouveau vers la table pour les y déposer. Jetant alors un regard vers la porte qui avait cessé de crier, il plissa des paupières, comme s'il mettait tout juste le doigt sur quelque chose qui lui avait échappé. Direction la dite porte, suivie de la fenêtre dont le battant baillait encore, Alcide s'assurant que chacun de leurs loquets soient verrouillés convenablement puis, retournant auprès de la table : - On ignore tout du tas d'ennuis que peut nous attirer la simple odeur d'un bon repas ; c'est l'expérience qui parlait.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyJeu 4 Juil 2019 - 4:33
Vous ne pensez pas que nous nous y prenons un peu trop vite ? Elle s'était immobilisée un instant, dos à lui, la main plongée dans le panier d'oeufs, parfaitement figée dans son geste. Même sa respiration s'était arrêtée, suspendue qu'elle était aux lèvres du milicien, attendant le verdict, la décision. Prolonger cette drôle de rencontre, ou remettre à plus tard, si un plus tard existait, pour lui comme pour elle. Au contraire, Alcide, je m'efforce de ralentir. La voix grave sembla répondre à sa pensée. Elle souffla. Il restait. Combien de temps? Pas trop, la nuit finirait bien par arriver, après tout, et avec elle, le nécessaire couvre-feu avant lequel il devrait regagner Usson et sa caserne, pour éviter les ennuis.

Elle cassa les oeufs dans un bol, un à un, gardant les coquilles pour ses poules. Elle utilisa une fourchette pour les battre, pensive. Le Goulot, un endroit bien éloigné du Labret et peu propice aux enfances heureuses. Putains, ivrognes, voleurs, assassins, brutes épaisses, cul-de-jattes, et autres rebuts de la société rassemblés dans un même endroit, qu'elle avait toujours évité les rares fois où elle s'était rendue en ville. Son père l'avait mise en garde : y aller, c'était signer son arrêt de mort. Elle jeta un oeil par dessus son épaule. Il remuait les bûches dans le feu, bien. Sans doute réfléchissait-il à son récit. Le Goulot à lui seul évoquait des difficultés majeures. C'était un miracle qu'il soit encore en vie, et qu'il ait pu s'en sortir. Elle saisit un navet et entreprit de l'éplucher avant de le hacher de son couteau, visiblement fraîchement affûté. Le bruit régulier de la lame tranchant le légume avant de cogner contre la planche de bois martela le silence. Elle attendait qu'il parle, ce qu'il finit par faire.

Vous comprenez ? Elle murmura, sur un ton qui était plus grave que prévu. Diamétralement à l'opposé de mon enchanteur Labret. Je crois que je saisis l'image sans pour autant comprendre tout ce que ça implique, pour un enfant qui grandit là. Une rude épreuve dès la naissance. Les Trois avaient parfois de drôles de plans pour leurs créations, qu'ils mettaient à l'épreuve dès la naissance. Eux seuls savaient pourquoi. Elle ne lui offrit aucun sourire de pitié, juste le coup d'oeil de la femme intéressée par l'histoire qu'elle écoutait, histoire qui résumait, en quelques mots, les aventures d'un petit voleur qui se débattait dans la vie pour survivre au beau milieu de la cour des miracles. Elle, elle n'avait eu qu'à travailler honnêtement et à bien gérer les stocks de nourriture pour arriver là, vivante, dans un environnement qui avait presque toujours été calme et serein. Elle connaissait sa chance.

- Un joli paradoxe. Un métier qui autorise à faire couler le sang au nom du bien commun... ou pour sauver la vie d'une fermière! glissa-t-elle en souriant, tandis qu'elle attrapait un oignon qu'elle débarrassa de sa pelure. Alcide parla enfin de sa compagne, qu'il semblait avoir profondément aimée. Un amour partagé, une lueur d'espoir au milieu d'une vie difficile, et puis la mort, implacable, qui mettait fin aux instants de bonheur. La lame trancha le légume avec la même régularité, semblant rythmer le récit du milicien. Elle ne voyait pas son visage, mais imaginait son regard assombri plongé dans les flammes, lesquelles semblaient lui inspirer les mots qu'il prononçait d'une voix presque monocorde qui l'émut. Lui avait-elle infligé une épreuve en lui demandant de lui narrer sa vie? Elle s'en voulut un peu. Tu aurais dû parler du beau temps, entretenir une conversation légère et... Elle se fichait du beau temps, elle se fichait de la légèreté, elle voulait savoir qui était cet homme, et quelle avait été sa vie, jusqu'à ce début d'après-midi où il avait croisé son chemin. Tisser un lien.

Elle se retourna vers lui, le visage baigné de larmes. Vous devriez peut-être lui tirer la langue, à la mort. Et sourire à la vie. Une remarque naïve, mais ô combien sérieuse pour celle qui cultivait la vie. Elle essuya ses joues du revers de la main et lui sourit. Les oignons. Je ne supporte pas. Elle le regarda déposer ses armes, bien décidé à rester qu'il était. Le sourire de Mathilde s'étira, en dépit des dernières larmes qui perlaient au coin des yeux. Il reste.

- Vous avez donc réussi. Vous avez rêvé d'autre chose, et vous y êtes arrivé, malgré les épreuves. Vous êtes le premier des Lupin du Labret et, si les Trois le veulent, vous serez un jour le fier patriarche d'une petite famille à laquelle vous conterez qu'avec de la persévérance, on parvient à réaliser ses aspirations. Avec un peu de retard, soyez le bienvenu au Labret, Alcide. Elle hocha de la tête pour saluer la prouesse, et laissa tomber les légumes découpés dans les oeufs battus pour mélanger le tout. Ce nombril est tout à fait intéressant. décréta-t-elle, avant de réaliser ce qu'elle venait de dire et d'éclater de rire. Pardon... C'est un peu déplacé! Elle ajouta une touche de lait, de la viande séchée émiettée, quelques herbes aromatiques cueillies dans des bouquets suspendus au plafond, et contempla son oeuvre, satisfaite. Il ne restait qu'à cuir.

- Ce qui me préoccupe? En dehors de la fange, des bandits de grand chemin et du risque de grêle qui pourrait survenir juste avant la récolte? dit-elle d'un ton détaché. Elle haussa les épaules, bol en main. Ce qui me préoccupe en ce moment, c'est... elle fronça les sourcils. Il ne voulait pas entendre parler de la pluie et du beau temps, il voulait savoir si ce qu'il avait imaginé d'elle correspondait à la réalité. Elle le regarda s'activer pour régler ce volet mal accroché qui claquait encore, puis revenir une fois ce petit détail réglé. Elle le gratifia d'un sourire reconnaissant.
- Ce qui me préoccupe, au-delà des petits tracas du quotidien, c'est d'aimer. Aimer comme vous semblez avoir aimé votre épouse. Mon mariage était un mariage de complaisance, pour faire plaisir à mon père, pour le tranquilliser quant à l'avenir de la ferme. J'ai accepté parce que c'était mon devoir que d'assurer une descendance, et de faire en sorte que celle-ci veille à la transmission, d'homme en homme, de cette terre que la famille cultive depuis cinq générations. J'ai eu l'impression que tous mes ancêtres me demandaient d'accepter ce mariage. Et puis la Fange est arrivée, et a emporté Philibert. Philibert qui savait que Mathilde n'était pas amoureuse de lui. Philibert qui s'était montré d'une patience folle, et qui avait tout fait pour qu'elle le voit autrement que comme un ami. En vain. D'une certaine façon, la Fange m'a libérée de cet engagement que j'avais pris à contre-coeur. Oh j'ai eu de la peine pour mon mari, mais... enfin c'était un ami. J'aimerais avoir le temps, cette fois, de choisir l'homme que j'aime. D'être aimée pour ce que je suis, et non pour ce que je possède. Je sais que plus le temps va passer, plus ça va être compliqué, parce que cette ferme va grossir grâce au travail des ouvriers. Elle va générer plus de légumes, plus de revenus, et j'ai peur de disparaître, moi, la petite Mathilde, derrière cette propriété qui attise déjà les convoitises. Le paradoxe de la fermière qui voue sa vie à sa terre, mais qui espère être autre chose qu'une fermière, aux yeux de quelqu'un. Le pire, sans doute, c'est qu'à la fin de l'été, les prêtres vont commencer à me dire qu'il est temps d'y songer, afin de donner la vie à une ribambelle de petits combattants. Elle leva les yeux au ciel. Tout le monde ici sait que ma première union n'a pas été bénie par Serus. Pourquoi en serait-il autrement cette fois? Parfois... parfois je me demande si le plus sage ne serait pas de simplement continuer à travailler, sans épouser qui que ce soit, pour laisser les hommes vaillants aux femmes qui pourront leur donner une descendance. Mais si je dis ça à un prêtre... Elle ne termina pas sa phrase. Cette situation, ce veuvage dont elle voyait déjà la fin imminente, était sans doute sa plus grande préoccupation, parce qu'elle déterminerait son avenir. Elle essayait de fuir cette réalité qui la tourmentait, mais elle savait qu'elle serait bientôt rattrapée.

Elle se pencha vers la poêle pour y laisser tomber un morceau de beurre, qui y fondit en grésillant. Elle ferma les yeux, le temps d'apprivoiser cette nouvelle position pour son dos qui tiraillait à chaque nouveau mouvement. Les prochains jours vont être une partie de plaisir... Elle vida le contenu du bol dans la poêle avant de se redresser en soupirant et de couler un regard interrogateur vers Alcide.

- Tantôt vous avez évoqué des ennuis? Quels ennuis le petit Alcide a-t-il connu pour un repas volé? Elle le regarda un instant et fronça les sourcils. Elle venait de penser à quelque chose, quelque chose d'important. Bien des voleurs ont été marqués. Comment êtes-vous passé à travers les mailles du filets? Comment êtes-vous devenu milicien?

Elle se dirigea vers la table pour empoigner le pain, qu'elle trouva à tâtons, son regard ne quittant désormais plus le visage d'Alcide. Un banni ne pouvait pas devenir milicien, elle le savait. Les Trois avaient-ils eu la grâce de lui épargner la prison? Décidément, il était sans doute l'homme le plus intrigant qu'il lui avait été donné de rencontrer.
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AlcideMilicien
Alcide



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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptySam 6 Juil 2019 - 15:17
Traversé par la nébuleuse de ses pensées, son visage lui renvoya quelques sourires, l'air tout aussi badin quand il se mit à rire avec elle. C'était un moment agréable, ne regrettant pas d'être resté. Les yeux curieux rivés sur ce qu'elle leur préparait à manger, humant d'ici l'odeur des herbes aromatiques et de la viande sèche, il se disait qu'il aurait déjà à demi-brûlé l'omelette dans le fond de sa poêle, quant à lui. Peut-être qu'il n'aurait utilisé que du lait et des œufs... et que le repas n'aurait pas été aussi bon, effleurant une réflexion sur ce don qu'avaient les femmes pour embellir tout ce qui pouvait être coutumier, en y apportant ce soupçon d'allégresse qui leur était propre à chacune, comme pour mieux casser la routine. C'était comme ce bouquet de thym qui se tenait dans la pièce ; un détail anodin qui édulcorait le quotidien. Et dire qu'à la tombée du soir il devait être rentré... Il se sentait bien ici ; il voulait rester encore un peu. Mais pas trop.

Parce que... Elle ne lui donnait pas le goût de mentir, il n'avait plus le temps pour ça, appréciant l'entendre comme si demain il mourrait. Il s'attarda sur son visage un instant, attentif autant à ses paroles, à ses gestes, qu'à toutes ces variations que formulaient ses traits. Parce que plus il s'attardait sur les détails, et plus il se disait que cette idée indistincte qu'il imaginait d'elle hier, avait des teintes encore trop mornes et manquait de relief par rapport aux nuances qu'elle lui renvoyait aujourd'hui.

Vous avez donc réussi, avait-elle dit ? Il serait tombé par terre, renversante, le laissant pensif et troublé, son regard détaillant ce nouvel angle qu'il percevait dans l'ailleurs. Il découvrait un point de vue... Parce que Mathilde avait raison. C'était historiquement le premier Lupin qui déambulait dans le Labret. S'il jouait de son affectation à Usson, il pouvait tout recommencer dès aujourd'hui en épurant son nom du vice. Une lignée saine, loin de Ruggieri. L'esprit plongé en quête d'un sens, il la jetait, cette toile, cette idée, et les pigments et toutes les huiles qui allaient avec. Il n'y avait pas de comparaison à faire ; pas devant ce visage aux joues luisantes de larmes qui tout à l'heure lui étirait un sourire bienveillant, juste parce qu'il restait. C'était les oignons... Elle détestait les oignons, un détail qui le fit fondre sur place. Il craquait. L'impassible se fissurant comme la coquille des œufs pour lui rendre chaque sourire par un autre. Il voulait rester encore un peu. Oui. Mais pas trop. Parce que celle qui s'animait devant ses yeux avaient mille fois plus de choses à lui dire que n'importe quelles chimères. Il lui suffisait d'écouter ses réactions, ou ses questions. Elle était pertinente ; le milicien mirant son regard, il en appréciait ces yeux vifs propre aux être conscients.

Être honnêtes était convenu, mais en soi, il ne s'attendait plus à ce qu'elle aborde un sujet aussi déterminant pour elle, et qu'elle développa sur un ton semblable au sien tant il était naturel. Une surprise, une bonne surprise, qui lui arracha un regard reconnaissant et bienveillant, quand il l'écouta, comprenant le fardeau que lui imposait la société civile, ou de ce que pouvait être d'épouser un partenaire qui lui était imposé, ou indésirable, ou non-désiré. Il la suivi alors du regard, plissant encore du front quand il la vit prendre un moment pour apaiser sa colonne vertébrale, avant qu'elle fasse rouler sur lui un regard interrogatif, la bouche pleine de nouvelles questions. Il lui sourit, simplement.

- Tiens... Vous voudriez apprendre les ficelles ? Dit-il avant de reprendre plus sérieusement ; - En étant fort avec les faibles, et faible avec les forts. On n'attire pas l'attention de ceux qui ont le pouvoir de vous marquer, tout en accablant ceux qui n'ont aucun moyen de vous arrêter. C'est une règle de survie dans le milieu. Au mieux, les règlements de compte se faisaient au détour d'une rue, en général à coups de surin. Au pire, on prenait le risque de finir ses jours aux fonds des Oubliettes. A moins qu'on ne vous laisse la vie sauve, mais en écourtant votre bras d'une main. C'est qu'à Marbrume, à peu prêt tous les désirs du pauvre sont punis de prison, alors on gardait ça à l'esprit pour éviter d'avoir les yeux plus gros que le ventre. Jamais de précipitation, avoir un second plan, en se disant qu'il y a toujours un autre moyen de faire les choses. Il n'y a qu'en restant vif et rusé qu'on passe entre les mailles du filet, comme un furet. Comme partout, j'imagine ; ces hommes qui convoitent votre ferme, paysans, nobles, bourgeois, ne jouent peut-être pas avec des règles si différentes...

Tandis qu'il parlait, Alcide posa ses poings sur sa taille, ses yeux parcourant la pièce, comme s'il s'était mit à la recherche de quelque chose. Cette idée d'étirement qui accablait le dos de la fermière lui triturant l'esprit, se sentant complètement inutile. L'idée même d'avoir à se tourner les pouces le répugnait, à dire vrai, et même s'il aimait beaucoup ce bouquet de thym qui décorait la pièce, il ne souhaitait pas pour lui-même une utilité similaire et purement cosmétique... Jetant par moment un regard pour Mathilde au fil de la conversation, il se mit à conquérir l'espace consacré à la cuisine, tâchant de repérer où se trouvait la vaisselle... Ah! Trouvé. Il prit deux assiettes et quelques couverts dans ses mains, retournant en direction de la table pour les y disposer méthodiquement les uns après les autres.

- Ça n'a jamais été mon destin ; c'est d'autre chose dont j'ai envie. Quant à la Milice... Hm... Vous vous souvenez du décret autorisant les femmes à porter l'épée si elles entraient dans les rangs ? C'est ça... Quand j'ai perdu mon épouse, c'est ça qui m'a réveillé. Parce que j'étais contre... Je vous comprends quand vous dites désirer d'un homme qu'il sache vous aimer pour ce que vous êtes et non pour ce que vous posséder. Là, je suis votre allié. Seulement, je ne comprends pas ceux qui acquiescent docilement quand on leur annonce qu'on vous sacrifiera à la Fange... Je salue le courage de ces femmes volontaires, mais au moment de l'hécatombe, c'est comme si la Cité considérait la femme comme une pièce de viande qu'on jette ensuite en offrande à la gueule des monstres... C'est comme si tout à coup l'homme venait de renoncer à son devoir, vous comprenez ? Vous êtes la vie, vous et toutes les femmes ; vous êtes précieuses. Alors, je suis entré dans la Milice... croyez-le ou non, en me disant que si je pouvais tomber à la place d'une dame, c'est que je n'aurai pas complètement gâché ma vie.

Les plats vides étant soigneusement posés, la tâche qu'il s'était fixé d'accomplir était maintenant terminée, quand il s'approcha d'elle. Puis s'accouda ensuite juste à ses côtés pour lui faire face, l'invitant à son tour à s'en rapprocher d'un petit signe du menton. Alors prêt à la confidence, il parla à voix plus basse comme s'il s'attendait à être épiés par les regards inquisiteurs du Temple de la Trinité.

- Nous étions complices tout à l'heure pour nous débarrasser des problèmes sur la route... Et si on remettait ça, mh ? ... Si les prêtres se montrent trop insistants, vous pourriez faire comme-ci ; en prétextant qu'un soupirant vous courtise. Un furet d'Lupin, par exemple ; lui aussi peut vouloir des enfants, non ? Jouons-le jeu, sans que ça n'implique rien d'autre que l'on nous voit bras-dessus bras dessous lors d'une promenade. Qu'est-ce que vous risquez ? J'ai bonne réputation par-ci, par là, puisque j'ai autre chose à faire que de courir les jupons. Vous verrez qu'ils vous laisseront en paix quelques temps, d'ici à ce que vous trouviez l'élu... C'est quelque chose qui ne se commande pas ; ça vous tombera dessus sans crier gare. Ça peut prendre du temps, mais quand il viendra... vous le sentirez. Ne perdez pas espoir, le jour venu vous le reconnaîtrez, quand la voix dans votre tête vous criera que c'est lui que vous voulez.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyDim 7 Juil 2019 - 3:53
Mathilde regarda le milicien mettre la table, et sourit, heureuse de voir qu'il prenait ses aises. En temps normal, elle aurait certainement arraché la vaisselle de ses mains pour l'obliger à s'asseoir, le cantonnant à son rôle d'invité alors qu'elle prenait celui de la femme du foyer, mais quelque chose l'en empêcha : il semblait serein. Cela voulait dire que la magie de la chaumière opérait et qu'il se sentait bien dans cet endroit qu'elle aimait tant. Un feu crépitant, un moment de sécurité, un instant où la vie suit son cours, dans toute la simplicité qu'elle peut adopter. Un homme et une femme sous un même toit, posant les gestes naturels du quotidien, oubliant les épreuves qui les attendent, dehors.

Elle observait le changement d'attitude de cet homme qu'elle avait rencontré quelques heures plus tôt, l'âme tourmentée par des idées noires, avec un désir profond de défier la mort en attendant qu'elle l'emporte. Tandis qu'il déposait les assiettes en parlant, un sourire était venu traverser le visage tuméfié du milicien, à plusieurs reprises. Ses épaules s'étaient légèrement redressées, son menton était maintenant plus haut, ses cheveux ne cachaient plus son visage. Petit à petit, à mesure que la conversation s'étirait, Mathilde voyait naître un autre homme, alors qu'elle, d'abord sur ses gardes, se détendait tranquillement.

Elle comprit qu'il n'avait peut-être jamais réellement coulé au fond de son lac. Il avait nagé entre deux eaux. Son sens de l'honneur avait été défié lorsqu'il avait vu des femmes s'enrôler dans la milice. Plongé dans le brouillard du deuil, le mâle avait été interpellé dans ses valeurs les plus profondes, celles qui exigeaient qu'il protège le sexe dit faible.

- Certaines s'enrôlent parce qu'elles ont tout perdu, d'autres le font par convictions. J'en ai rencontré une, et elle en imposait. Elle était à sa place, à accompagner un éleveur de chiens. J'espère un jour la recroiser, et qu'elle me dise qu'elle a gagné en grade. Elle sourit. Serena de Rivefière avait fait une forte impression sur elle, lors d'un éphémère passage, le temps d'une nuit, sous son toit. Tellement que la fermière avait enchaîné les bourdes, pour finalement se confondre en excuses au petit matin. Et puis honnêtement, entre un mariage forcé et une bataille contre un fangeux, plusieurs ne voient pas la différence. Certaines comme moi demandent à être protéger, d'autres préfèrent endosser le rôle du protecteur, comme cette milicienne que j'ai rencontrée. Je sais que ce n'est pas dans l'ordre des choses, que les Trois nous préfèrent au foyer à élever des enfants, mais je me dis que si elles ont la chance de pouvoir choisir leur destin, c'est une bonne chose. Tout comme j'ai la chance de pouvoir choisir le mien, celui d'être fermière, ici, dans cette ferme qui est la mienne.

Il s'accouda près d'elle et, d'un geste que seuls les gens confiants peuvent faire, l'invita à approcher. Elle le regarda, intriguée. Sans doute haussa-t-elle un sourcil, parce qu'il lui fit un signe du menton qui ne prêtait pas à confusion. Elle déposa son couteau sur la table et s'approcha de lui, sans doute un peu plus qu'elle ne l'aurait voulu. Le souffle du milicien caressa son visage tandis qu'il lui proposait un étrange arrangement, celui d'endosser le rôle du soupirant lorsque le sujet du mariage viendrait à elle. Elle le regarda un instant, interloquée, sondant la prunelle de ses yeux à la recherche de réponses aux questions qu'elle se posait silencieusement. Était-il sérieux? Pourquoi ferait-il ça?

- Alcide... murmura-t-elle ... j'ai déjà pensé à cette solution bien commode. Son sourire s'étira. Elle se redressa pour se diriger vers l'âtre et saisit un linge qu'elle replia, avant de le poser sur la poignée de la poêle qu'elle ôta du feu. J'ai même songé à épouser un ami qui ne me demanderait jamais ni de partager son lit, ni de partager ma ferme. Elle déposa la poêle sur la table. Lance aimait les hommes, avec lui pour époux, elle s'assurait de ne pas avoir à remplir un devoir conjugal indésiré, et il gagnait un alibi le laissant libre de ses amours. Ils en avaient déjà parlé, et avaient convenu d'attendre que la pression soit trop grande, sur l'un des deux, pour s'avancer dans cette drôle d'entente. Et j'en suis arrivée à la conclusion que ce n'était pas bien. Elle saisit une cuillère pour faire le service. Ce n'est pas bien parce que ce n'est pas honnête, surtout quand l'un des deux porte un fort intérêt à l'autre, mais que l'autre n'en est qu'au stade de l'apprivoisement. Son regard noisette se posa sur le milicien. Certains mots, certains gestes l'avaient conduite à croire qu'il aimait beaucoup l'inconnue qu'elle était pour lui. Elle déposa une assiette généreusement remplie devant lui. Je ne voudrais pas que l'un de nous se prenne au jeu, tombe réellement amoureux et souffre de cette situation si celle-ci devait rester à sens unique. Pourquoi prendriez-vous ce risque pour moi? Elle servit une seconde assiette, en silence, pour lui laisser le temps de digérer sa réflexion, puis elle s'assit à côté de lui. Je ne me risquerai pas à jouer avec les sentiments. Nous sortons chacun de notre lac, je ne voudrais pas que l'un d'entre nous y replonge par désespoir.

Elle entama sa part d'omelette en silence. L'avait-elle éconduit? Pas vraiment, après tout ce n'était pas une déclaration. Il ne la demandait pas en fiançailles, il lui proposait juste de se servir de lui comme d'un alibi, un fiancé qui disparaîtrait si un véritable époux faisait son apparition dans sa vie. Elle hocha la tête, pour se confirmer dans sa décision que ce n'était pas bien. Mentir aux gens, mentir aux voisins, mentir aux prêtres... les Trois ne le permettraient pas. De toute façon, elle ne savait pas mentir, elle ne voulait pas mentir. L'honnêteté était l'une de ses valeurs les plus fondamentales. Contrairement à Alcide, qui avait grandi dans un contexte où l'honnêteté pouvait coûter la vie, elle avait été élevée dans la croyance que l'honnêteté était le gage de la fiabilité de son travail. Dans le cas d'un accord commercial, sa parole valait de l'or. Si elle commençait à mentir sur un sujet aussi important, que penserait-on d'elle, par la suite, si ça se savait?

Elle soupira et regarda Alcide en coin. C'était réellement un homme étrange, imprévisible, un peu perdu. Un coeur brisé, au centre duquel brillait une étincelle d'espoir. Et un ventre affamé. C'est excellent, vu l'entrain qu'il avait à manger. Elle plissa légèrement les yeux, étudiant le personnage qui se tenait à côté d'elle et qui, maintenant, avait arrêté de manger et la regardait. Elle déposa sa cuillère et pivota pour lui faire face, à nouveau. Elle s'accouda, le plus sérieusement du monde à la table et le regarda gravement. Elle se pencha légèrement vers lui et lui fit un mouvement de menton, pour l'inciter à faire de même. Lorsqu'il fut près, elle ne put empêcher un sourire malicieux de s'étirer sur ses lèvres, tandis qu'elle murmurait Un furet d'Lupin serait-il vraiment capable de ne pas se faire prendre à son propre jeu ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyDim 7 Juil 2019 - 19:55
Il y a quelques mois à peine, Alcide avait vu des hommes dans la Caserne qui s’empiffraient tant et irréductiblement de la bouillie issue de la Hanse, si bourrative, qu'ils conservaient des bras si mous qu'on aurait dit de gros vers tout prêts à servir d'appât à fangeux. Ça lui faisait de la peine à voir. La compagnie interne rencontrait parfois ses travers que l'externe ignorait...
Alors sûr qu'il acquiesça aux dires de Mathilde qui relatait de la milicienne qu'elle avait pu croiser sur son chemin. Lui-même pu constater que certaines d'entre elles en imposaient à côté des plus peureux et chétifs des miliciens. Mais qu'importait, il ne pouvait s'empêcher de se souvenir d’un coup d’œil rapide sur une réalité qui ne pouvait tromper, comme les assauts conjoints du combat, des épreuves et des afflictions avaient pu marquer leur visage même en leur temps juvéniles. Choix ou pas, c'était son instinct qui lui parlait, actant que dans les rangs il demeurerait leur bouclier.

Mathilde lui répondit qu'elle avait déjà songé à cette solution qu'il lui proposait. Il tira alors une chaise pour elle, suivi d'une autre pour lui-même. Septique, quant au sujet des intentions de cet homme dont elle parla pour s'expliquer. L'amitié entre les deux sexes n'étant pas si évidente, si ce bougre dont elle parlait était vraiment sans aucune arrière pensée, alors c'est qu'il devait être impuissant, ou eunuque, ou que savait-il quoi d'autre encore. Ne présumant de rien, préférant l'écouter attentivement, c'était toutefois difficile pour lui de l'imaginer ; Mathilde ne pouvait laisser qui que se soit indifférent.

Enfin, là n'était pas la question. Il la remercia d'un signe respectueux du menton quand elle glissa une assiette pleine devant ses yeux, sans l'interrompre. Elle parla de ce qui était bien, ou plutôt de ce qui ne l'était pas, ainsi que du mensonge - du mensonge ? - surtout lorsque l'un d'eux portait de l'intérêt pour l'autre. Plus attentif encore, c'est sûr qu'il avait prit beaucoup d'avance, sûr également que cela pouvait se voir, il en avait déjà tant dit, détaillant avec attention la réaction de la fermière. Le visage lissé par l'apaisement du milicien laissa transparaître, pourtant, l'éclat d'une lueur malicieuse. Elle scintillait, éphémère, dans l'abysse d'un œil enténébré par le coquard, lorsqu'il prit enfin place sur sa chaise, sa silhouette s’entre-découpant dans le trait solaire qui parvenait encore à fendre la pièce. Leur mentir, mh ?

Ses paroles lui laissa d'abord l'impression d'une mise en garde. S'il allait plus avant sur ce terrain, elle pensait finir par décevoir ces attentes qu'elle lui prêtait ? Même si l'attrait qu'il éprouvait pour elle et qu'il ne parvint pas à lui cacher ne pouvait être étouffé si facilement, il n'espérait pourtant qu'un repas. - Pourquoi prendre tant de précaution pour ce que je ressens ? La question vint naturellement. Une joue gonflée par la première bouchée qu'il venait tout juste de prendre, maintenant qu'elle s'était servie et installée à ses côtés. Il ne pouvait résister au plat savoureux, ni même à lui répondre, avant de déglutir proprement pour reprendre aussitôt ; - Là où vous me feriez mal, c'est en me prenant pour un enfant dépassé par tout ce qu'il vous aurait dit. Confirma-t-il en hochant doucement de la tête.

Il se régalait, innocemment, l'omelette était si délicieuse, agrémentant ses bouchées par quelques mies de pain. S'apprêtant alors à la complimenter, son regard se heurta soudain au sien... Ironiquement, il plissa des paupières en même temps qu'elle, d'une façon homologue comme s'il feintait l'étudier d'une même manière. Il la mira pivoter sur sa chaise, interceptant l'air grave qu'elle pointa dans sa direction lorsqu'elle s'accouda au rebord de la table. Alcide était fidèle à lui-même, peut-être même qu'en cet instant se retrouvait-il comme on mettrait la main sur un objet perdu ? Elle l'invita à s'approcher d'un signe du menton ; acceptant, il se pencha lentement vers elle, l'éclat dans son œil répondant à ce sourire malicieux qu'elle étirait sur ses lèvres.

- Un furet d'Lupin serait-il vraiment capable de ne pas se faire prendre à son propre jeu ?

Il eut un demi-sourire, la ridule espiègle sur la joue, pour lui répondre sur un ton tout aussi bas que fut le sien.

- Pensez-vous qu'un furet d'Lupin s'exposerait comme il le fait, s'il avait peur d'être blessé ? ... S'il le fait, et si par mégarde il lui venait à se faire prendre, m'est avis qu'il l'assumera.

La chaleur de son museau s'approcha dangereusement de celui de la jeune femme. Le bout de son nez glissant d'une si faible et si fine caresse sur la pommette de sa joue, avant que les lippes entrouvertes de sa bouche ne viennent effleurer doucement la pulpe de ses lèvres. Il murmura enfin, le timbre plus bas encore ; - Repousse-moi, gifle-moi ; pour t'en convaincre. Ou ose ; pour ne pas avoir à leur mentir.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyLun 8 Juil 2019 - 16:59
Frissonnante, elle embrassait cet étranger à la gueule cassée, dont la douceur ici, dans cette chaumière, contrastait cruellement avec la violence de leur rencontre plus tôt, sur la route. Les lèvres se happaient pour s'apprivoiser dans de douces caresses avant de laisser la place au ballet des langues, gourmandes, désireuses de découvrir la tendresse de l'autre dans un silence qui avait enfin fini par tomber. Il l'attirait contre lui, désireux qu'il était de la sentir tout contre lui pour l'étreindre dans ses bras protecteurs.

Elle entrouvrit les yeux. Le souffle chaud du Lupin enveloppait son visage. Son nez continuait de caresser le sien, tandis que ses lèvres ne faisaient que l'effleurer. Elle avait rêvé... Son esprit avait imaginé ce baiser, qu'ils n'avaient en fait jamais échangé. Pas encore. Il aurait été si simple de céder à la tentation de la tendresse, de laisser approcher cet étranger et d'oublier, une nuit seulement, le quotidien et tous ses dangers. Mais au lever du soleil, la vie reprendrait son cours, avec tous les caprices qu'elle lui connaissait. Alcide partirait de son côté et la distance ainsi créée ferait en sorte qu'ils ne se reverraient peut-être plus. Ce n'est pas ce qu'elle voulait.

- Tu as esquivé la question. Pourquoi ferais-tu ça pour moi? murmura-t-elle, en appuyant son front contre celui d'Alcide. Elle avait chaud. Le feu, sans doute. Ses joues devaient avoir pris une teinte cramoisie dont elle ne pourrait pas se débarrasser aisément. A regrets, elle rompit sagement le contact, reculant légèrement pour mieux voir le regard du milicien, dont la clarté contrastait avec l'hématome qui noircissait une partie de son visage. Elle l'étudiait, encore. Si les Trois lui envoyaient une épreuve, c'était sans doute celle de savoir résister à la tentation. À moins qu'ils aient eu la bonté de provoquer le début d'une belle histoire, une braise d'espoir sur laquelle il faudrait souffler à deux.

Mathilde avait l'impression qu'il l'avait percée à jour. Qu'en dépit de cette attitude distante qu'elle adoptait généralement, il avait décelé ses doutes quant à la déception qu'il vivrait en découvrant qu'elle ne correspondait pas vraiment à l'idée qu'il s'était faite d'elle. Il avait une longueur d'avance, il l'avait longuement observée et, s'il était aussi doué qu'elle à ce jeu, il était évident qu'il en savait déjà long à son sujet. Voilà pourquoi il lui était si simple d'aller au-delà des apparences. Il avait été franc dès le départ, et lui avait demandé cette même franchise. Il se fichait des faux-semblants, il creusait par-delà cette carapace qu'elle s'était constituée pour aller au coeur des choses.

- Tantôt tu as demandé si nous n'allions pas un peu trop vite. Je te retourne la question. Tu n'as pas peur d'être blessé, Alcide, mais moi bien. J'ai peur de me tromper, encore, j'ai peur que tu te détournes. J'ai peur de la fange qui rend les lendemains incertains et qui nous pousse à aller trop vite, de peur de regretter un acte manqué si la mort survient demain. Elle soupira. Merde. D'habitude elle conservait ses réflexions pour elle. Elle s'était promis, en hiver, de vivre chaque journée dans toute son intensité, ce qu'elle avait fait, avec une maladresse folle lorsque quelqu'un s'approchait d'elle plus que de raison. Elle avait blessé, elle avait déçu, et elle était à nouveau seule. Je n'ai pas envie de te repousser, mais je n'oserai pas aujourd'hui. J'ai juste besoin d'un peu de temps. Tu comprends?

Il fallait qu'il comprenne. Elle lui avait dit qu'elle devait être apprivoisée, et, si ce qu'il lui avait montré jusqu'ici était vrai, Mathilde pensait qu'il en serait capable, avec le temps. Il s'était montré aussi bienveillant que protecteur à son égard, et ne cessait d'avoir des petits gestes trahissant une serviabilité folle. Avec un peu de chance, une fois lavé et guéri de ses hématomes, il serait même plaisant à regarder.

- Je ne veux pas que tu sois le complice d'un mensonge qui n'a d'autre but que de détourner les bien-pensants de leur idée de marier la veuve Dumas. Si tu entres dans ma vie, Alcide, ce n'est pas pour faire plaisir aux autres. Ce n'est pas pour défier l'ordre des choses qui veut que je trouve un fiancé une fois mon année de veuvage écoulée. Si tu entres dans ma vie, c'est parce que tu me veux dans la tienne. Et pas comme une amie. On ne regarde pas ses amis comme tu me regardes.

Et on ne cherche pas à les embrasser non plus... Elle se redressa légèrement. Elle ne pouvait pas être plus exposée que cela. Un éclair d'angoisse traversa son regard. Il se lève et s'enfuit en hurlant de rire dans trois... deux... un...
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MessageSujet: Re: [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide]   [Terminé] Juste un peu d'aide [PV Alcide] - Page 2 EmptyMar 9 Juil 2019 - 19:49
- Tu as esquivé la question. Pourquoi ferais-tu ça pour moi ?

Il eut une petite inspiration, mais aucune parole ne sortit. Captant plutôt sa chaleur mêlée de camomille et d’arnica, il voulait lui répondre, exploser d'amour, mais... Alcide leva la tête pour détailler son regard, le front de Mathilde se séparant lentement du sien. Au timbre qu'avait prit sa voix, il prenait conscience qu'il la bousculait plus qu'il ne l'aurait voulu. Au nom de quoi faisait-il ça au juste ? Parce que l'amour ? Lui avouer qu'il l'aimait, avec certitude, c'était comme laisser entendre qu'il demandait plus qu'elle ne pouvait donner. Prudente, elle tenait à ses principes ; elle lui avait tant dit. Des principes que lui-même partageait. Des principes se bousculant en son esprit ; de tous ces gestes qu'il eut, qui à son sens avaient tout de maladresses, couplées de vérités qui se mêlaient aux intentions malhabiles, ou à l'extrême franchise, formant un nœud solide, indémêlable, tant elles s'enlaçaient fermement les unes aux autres... Trouve les mots justes.

- Tu comprends ?

Ses paroles le lui confirmait et trouvèrent échos en lui. S'il devait conter ses songes au coin du feu, il s'agirait probablement de l'histoire d'un homme armé jusqu'aux dents qui pensait mourir demain. Quand celui-ci vit la fille du Labret, celle qu'il voulait, il s'était mit à marcher d'un pas inexorable dans sa direction, couvrant de nouvelles ombres son sentier. Agir par amour - celui qui donne,- tout en heurtant la femme qu'il désirait était pour lui, encore, un étrange paradoxe. L'homme qui mourrait demain ne connaissait pas d'entrave, mais il devait désormais s'apaiser, pour qu'enfin il puisse faire montre de sa délicatesse. Il refusait de lui mentir, mais ne pouvait pas la brusquer d'avantage, alors sûr qu'il la comprenait, Alcide acquiesçant doucement, ses yeux vert-mousse ne cessant d'en détailler les traits, comme pour imprimer l'instant, sachant le temps venu de la laisser en paix.

Même si elle pouvait trouver un ami en lui, c'est vrai qu'il ne la regardait pas comme tel. N'espérer qu'un repas devenait de plus en plus difficile à mesure que Mathilde se livrait, alors autant ne pas se mentir et faire preuve d'introspection, forcé qu'il fut de constater qu'il espérait bien plus. Fout lui la paix.
La porte de la chaumière avait cessé de crier depuis longtemps maintenant, mais il s'imaginait entendre d'ici le son que fait la corne de rappel. Bientôt, il devra formuler son report à Usson. Là-bas, au village, il voyait parfois passer quelques officiers venant visiter le Sergent Langlois, paradant avec leur famille, attentive aux saluts des habitants ; à leur côté l'épouse boudinée dans ses dentelles raffinées, et leurs enfants qui suivaient, sorte de pénibles marbrumiens se dissolvant par la chaleur en diarrhée permanente... D'accord, l'image était peu ragoutante. Seulement, il désirait quelque chose de plus beau, en vérité, de plus grand. Quelque chose qui ait un autre sens que celui de s'afficher publiquement ; tout comme le lui décrivait Mathilde.
Son regard intercepta soudain l'éclair d'angoisse qui fila dans l'éclat noisette de ses iris. T'as trois secondes pour la rassurer. Trois... deux... un...

- Je vais revenir... Je vais revenir ; lavé, et avec des fleurs.

Crétin. Un phrasé qui voulait tout dire et qui répondait à tout à la fois, mais qui lui sembla insuffisant. Tellement insuffisant... Si seulement il pouvait mettre la main sur un domaine pour le lui offrir. Quoique bien inutile, sachant que la ferme était le brasier qui lui permettait de traverser la vie. Et s'il retroussait ses manches comme de coutume, montant dans les grades tout comme la milicienne dont elle parlait, patiemment, pour lui faire pousser des murs à cette chaumière, lui proposant plus tard d'en faire une ferme-château ? Son pavillon futur, personnel et propre à Mathilde, avec une cour de plusieurs mètres de terrain, clos soigneusement sur trois ou quatre façades, canalisé si possible, tout cela enregistré devant notaire. La protéger sur tous les plans ; il délirait peut-être, mais elle méritait mieux qu'un non-vivant qui souriait à la mort. Une chose à la fois ; un pieds devant l'autre.

- Le mariage est comme un Temple. Si ses fondations sont trop friables, si tout n'est que mensonges et faux-semblants, alors il s'écroulera. Si j'entrais dans ta vie, et toi dans la mienne... le jour où tu oseras, nous ne nous rendrions complices d'aucun mensonge ; ce jour là, soit sûre que nous dépayserons les prêtres en célébrant le Temple le plus solide du Morguestanc... Quant à te dire pourquoi je suis à ce point serviable, en te prêtant mon bras, ou en t'offrant jusqu'à mes mains ; c'est comme... te faire une déclaration avant l'heure. Alors tu ne le sauras... que lorsque tu te sentiras prête. Et si tu n'es plus belle d'ici à ce que tu prennes une décision, et bien... - Il lui sourit tendrement - Et bien, ça n'a aucune importance. Je garde tant d'attrait pour toi en moi que j'en aurai bien pour tous les deux, pour vingt, quarante, ou soixante ans encore...

Mathilde avait déjà pu lui démontrer qu'elle avait l'esprit fin, mais il pria les dieux, en lui-même et pour lui-même, espérant avoir trouvé les mots justes pour qu'elle puisse comprendre qu'il ne s'agissait pas d'entretenir le mystère, ou d'éluder une question, mais bel et bien de respecter son choix.

- Je suis resté trop longtemps sous ton toit, Mathilde. Le retard pour le couvre-feu me guette, et il me faut encore reporter ce qu'il s'est passé sur la route au Sergent Langlois.

Se laisser sur ces mots lui semblait être le plus sage, la laissant au silence et à l'intimité pouvait être propice à la méditation. Alcide se leva donc doucement de sa chaise, la mirant pour s'assurer qu'elle allait bien. Pour s'en convaincre, ses doigts effleurèrent une dernière fois la houppe de sa chevelure, soulevant ses mèches brunes pour toiser l'hématome qui marquait encore sa tempe. Ça devrait aller. Mais il ne lui imposa plus l'empreinte de son toucher, qu'il parte maintenant sans plus s'éterniser lui assurait qu'elle puisse se relaxer enfin.

- Repose-toi, maintenant. Il est temps.

Un peu dans la lune, il s'en sépara, se dirigeant vers le matériel qu'il avait délaissé dans le recoin de la porte. Il reprenait possession de ses affaires, enroulant mollement le bandage manquant à son autre avant-bras, déposant cape et jambières sur une épaule, sa paire de bottes tenue fermement dans une main. Un dernier regard pour elle depuis sa gueule fracturée, la main libre de l'ex-truandaille déverrouilla agilement la tringle de chaque verrou dans une dextérité certaine. - Ce n'est pas comme une amie que je te regarde, tu as raison. Jusqu'ici, tu as toujours eu raison... Au revoir, Mathilde. Nous nous reverrons bientôt.

Puis lui sourit avant de la saluer d'une inclinaison du menton, pour alors et enfin disparaître dans l'allée où le gloussement des poules qui cocaillent saluèrent son passage. Si elle ne l'interceptait plus, la porte se refermerait en point de conclusion, et... certes... il en oubliait son épée posée tout contre la chaise à berçant. Pour lui, les péripéties de la journée ne s'arrêteraient peut-être pas là.
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