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 Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMar 10 Mar 2020 - 2:41
1er octobre 1166
Plateau du Labret, environs d'Usson, Ferme Dumas

Le matin est frais, sur les terres labourées du Labret. Une petite gelée s'est déposée sur le plateau fertile, durant la nuit, et s'évapore dès que le moindre rayon de soleil tend à l'effleurer. Légère, elle s'évapore dans l'air en décrivant des volutes, fumée d'eau bercée par le petit vent léger qui lèche les champs. Appuyée contre le cadre de la porte de sa chaumière, la fermière s'offre un instant de contemplation, une tasse de lait chaud agrémenté d'un soupçon de miel entre les mains. C'est le premier matin calme, depuis la tempête, et elle le savoure à sa juste valeur.

La tempête. Trois jours enfermée, avec les gars, pour ensuite découvrir l'étendue des dégâts. Peu nombreux, chez elle, par la grâce des Trois et celle du travail de charpenterie de Philippe. Ramassage de fruits tombés, coupe de bois et redressement de barrière avaient été rapidement fait, ce qui avait permis à la petite équipe de creuser des sillons dans les champs pour évacuer les surplus d'eau avant de s'en aller, les jours suivants, dans les fermes avoisinantes pour aider à la récolte des épis couchés par l'eau et le vent, sans pitié. On avait sauvé le maximum, qui séchait maintenant dans les greniers des granges plutôt que comme à l'accoutumée, en jolis tas réguliers disposés un peu partout dans les champs. Puis, dès que la terre l'avait permis, on avait labouré, en espérant pouvoir semer des pois et du fourrage avant l'hiver. De longues et éreintantes journées de travail, des corvées organisées seulement par solidarité, sans même envisager de négocier un gain quelconque. Nourrir l'humanité suffisait à mobiliser les forces, même celles qui pleuraient les morts, écrasés par une chaumière trop brassée par le vent ou emportés par les fangeux, qui étaient sortis de leur cachette pour cueillir les vies jusque dans leurs maisons. Le travail avait le don de faire oublier les peines les plus intenses, pour un moment.

C'est à peine si elle remue les doigts. Plongée dans ses pensées, c'est à peine si elle remarque la silhouette qui se dessine, solitaire, sur l'horizon. Le jour est levé depuis une heure. Elle a eu le temps de dire au revoir aux gars, qui prennent deux journées de repos bien méritées pour aller retrouver leurs femmes, toutes en vie, par chance ou par miracle. Même la mère d'Arthur, cloîtrée à Usson, a fini par sortir de son isolement pour prêter main forte au Temple, où l'on soigne encore des blessés. La tournée matinale de la ferme est faite. Marguerite broute comme si de rien n'était, relevant la tête de temps en temps pour guetter une menace quelconque. A moins qu'elle n'espère une arrivée inespérée d'une immense gerbe d'avoine dans laquelle elle enfouirait son museau gourmand. La chèvre trottine autour de la jument, bêlant de temps à autre, lorsqu'une poule s'approche trop près, à la recherche d'un ver à se mettre sous le bec. Après les jours de terreur, les petits choses anodines du quotidien sont un véritable baume pour le coeur.

La silhouette grandit. Mathilde la voit enfin et fronce les sourcils. Emmitouflée dans sa couverture, elle se demande qui peut bien être assez téméraire que pour se promener tout seul de si bon matin. Un voyageur en route vers Najac? Un banni peu prudent? Mathilde ne bronche pas. Elle ne regarde que cette silhouette, qui se précise à mesure que les secondes s'écoulent. Un homme, qui n'a pas l'attirail d'un milicien et qui marche d'un bon pas. Grand. Une foulée rapide, décidée. Il sait où il s'en va. Il n'a pas de bagage, du moins rien qui n'indique qu'il s'éloigne de chez lui pour plusieurs jours. Le soleil dans son dos crée un contre-jour qui empêche Mathilde de bien cerner les détails, jusqu'à ce que la démarche change et qu'un bras se lève dans le ciel. Le voyageur la salue, c'est elle qu'il vient voir. D'ailleurs il vient de quitter la route pour descendre le chemin menant à la barrière.

Le sourire de la fermière s'étire. Maintenant qu'il vient vers elle et que le soleil n'est plus un obstacle, elle regarde le grand brun à la démarche nonchalante parcourir le petit sentier de terre battue. Elle lui rend son salut d'une main... qui agrippe aussitôt la couverture pour la maintenir sur ses épaules. De l'autre, elle dépose la tasse de lait sur le petit coffre à côté de la porte, celui sur lequel attend sagement sa dague, qu'elle ne saisira pas. Elle ne quitte pas le regard clair qui se pose sur elle depuis déjà un moment. L'homme ouvre la barrière, prend le temps de la refermer derrière lui, et reprend sa marche pour traverser la cour au milieu des caquetages des poules, que ni lui ni elle n'entendent. Mathilde le regarde, ce grand gaillard dont le front est barré d'une cicatrice qui ne lui fait pas peur. Elle le regarde et lui sourit. C'est la première fois qu'il revient au refuge, et elle en apprécie l'instant comme un spectateur apprécierait une pièce de théâtre. Dans la magie du petit matin frais, il ne manquait que lui, et il s'amène, comme une fleur, sans prévenir. Le coeur de Mathilde bat plus fort au creux de sa poitrine. C'est donc ça, être une femme de marin. Attendre le retour, sans trop l'espérer, et puis lorsque le moment arrive, perdre ses moyens et envoyer un T'es panais-rveux de te promener comme ça, tout seul, dans un milieu hostile!

Mathilde rit. Elle rit de sa mauvaise blague, mais son rire trahit surtout le bonheur de voir son pirate franchir la barrière pour revenir bâtir le refuge qu'ils ont créé à deux. Inconsciemment, elle réajuste une mèche rebelle qui s'échappe de sa tresse, réalisée à la hâte au réveil. Elle rougit légèrement, pas par gêne, simplement parce que son homme est de retour, qu'il la prend au dépourvue, que la maison n'est pas prête et qu'elle s'en fiche royalement. Parce que tout ce qui la préoccupe là, en ce moment, c'est de s'assurer qu'il va bien, et qu'il reste au moins pour la journée. Mathilde a des plans, et si Darius l'accompagne, ils n'en seront que meilleurs.


Dernière édition par Mathilde le Jeu 12 Mar 2020 - 14:48, édité 1 fois
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMer 11 Mar 2020 - 3:02
Depuis la veille, tout semble infini pour Darius. La nuit qui s'écoule avec une lenteur désespérante. Les premiers rayons du soleil qui sortent trop timidement, trop tranquillement de leur cachette. Le chemin entre le navire et la ferme, qui n'en finit plus de serpenter et de s'allonger. Tout n'en finit plus de finir... ou peut-être le pirate est-il simplement impatient.

Pas de convoi avant deux ou trois jours encore. La violente tempête qui s'est abattue sur le royaume a tout balayé sur son passage, causant bien des maux de tête à de nombreux habitants, mais en particulier aux agriculteurs et aux marins. Les premiers ont dû se retrousser les manches pour tenter de sauver les récoltes, qui ont évidemment pâti du mauvais temps. Les seconds, de leur côté, ont pu reprendre rapidement la mer pour la plupart, mais certains ont dû prendre quelques jours pour réparer leur navire. En voyant le brouillard s'épaissir, les vents se lever, Darius et Isak ont eu le bon sens de rester à Marbrume. Contrairement à d'autres, ils n'ont pas pris le risque de croire que ce n'était rien, qu'il n'y avait aucun danger. Aujourd'hui, après avoir vu Dame Nature se déchaîner, ils se remercient d'avoir été aussi avisés et de ne pas avoir été téméraires – car les téméraires sont probablement en train de ratisser le fond de la mer à l'heure actuelle.

Pour beaucoup, l'heure est donc au redressement et à la réparation. L'horaire des convois est chamboulé et, si ce n'est pas très lucratif pour Darius, qui doit tuer le temps près d'Usson plutôt que de rentrer à Marbrume pour ne pas risquer de manquer le prochain départ, il ne s'en plaint cette fois pas trop. Maintenant qu'il a la certitude qu'il ne ratera rien en s'éloignant du navire, il peut se permettre d'emprunter le chemin qui le nargue chaque fois qu'il s'arrête dans sa crique secret : le chemin qui lui permet de rejoindre le port, qui lui s'ouvre sur une route qui traverse la campagne et borde les terres d'une belle fermière.

Darius avance à bon pas. Il est parti dès que la lumière lui a semblé suffisante pour ne pas courir un trop gros risque avec les Fangeux, mais sans doute s'est-il montré un peu empressé, sans doute aurait-il été plus prudent d'attendre encore. Avant de quitter, il a donné une excuse banale, celle de vouloir profiter des prochaines journées pour régler quelques affaires et tenter de voir si son informatrice privilégiée a quelque chose d'intéressant à lui dire au sujet de l'état des récoltes des fermes voisines. Ses gars n'ont pas réellement posé de questions, même si certains ont lancé à la blague qu'il se tapait la fermière. Ils s'en fichent, au fond. Que le capitaine aime les femmes n'est un secret pour personne. Tout ce qu'ils veulent, eux, c'est avoir des convois à piller et des richesses en retour. Et quelques-uns comptent profiter de l'accalmie pour aller faire un tour à l'auberge du port, voire à Usson.

Après un moment de marche qui lui semble interminable, Darius aperçoit la ferme. Sans même avoir à y réfléchir, il accélère légèrement. Il a hâte. Hâte de rentrer au refuge, hâte de la voir, elle. Leur brève et inattendue rencontre à Marbrume a été beaucoup trop courte. Il n'a pas pu lui parler, l'embrasser, la toucher comme il l'aurait voulu. Il a l'impression de ne pas l'avoir vue depuis des semaines. Et c'est presque le cas.
Il la distingue au loin, dans l'embrasure de la porte de la chaumière. Il envoie vaguement la main pour lui signaler qu'il arrive. Enfin, que quelqu'un arrive, car il se doute qu'elle ne parvient probablement pas à le reconnaître à cette distance. Il descend le chemin menant à la barrière, puis ouvre celle-ci et la referme derrière lui. Tandis qu'il avance, il ne quitte pas des yeux sa belle fermière. Il est un peu surpris de ne pas voir les gars à l'œuvre, mais il ne s'attarde pas réellement à leur absence. Son attention est entièrement rivée vers Mathide tandis que, sourire en coin charmant aux lèvres, il réduit la distance entre eux de ses enjambées nonchalantes.

T'es panais-rveux de te promener comme ça, tout seul, dans un milieu hostile! Darius s'arrête subitement, arque un sourcil, puis fait mine de rebrousser chemin en raison de cette blague terrible. Évidemment, il n'a pas fait un pas dans la direction inverse qu'il part dans un grand rire qui trouve écho dans la ferme entière et qu'il reprend sa progression exactement là où il l'a laissée un dixième de seconde auparavant.

« Je suis pas-nais de la dernière pluie, je sais exactement quand partir pour éviter de me faire amoureusement croquer les fesses par un Fangeux! réplique-t-il. De toute façon, ils oseraient pas, ils ont entendu dire que la belle fermière était territoriale avec mes fesses et ils ont peur depuis. »

Darius rit à son tour de sa mauvaise blague en regardant Mathilde. Est-ce lui, ou est-elle encore plus jolie que lorsqu'ils se sont séparés? Peut-être est-ce le rouge qui colore doucement ses joues ou les petites mèches rebelles qui sortent de sa tresse et viennent encadrer son visage. Peu importe. Elle est belle. Tout le temps. Et pendant un instant, tandis qu'il la regarde enfin dans les yeux de près, Darius sent son cœur battre de façon désordonnée contre son torse.

Darius avance, forçant doucement Mathilde à reculer dans la chaumière. Philippe, Gauthier et Marcus ne semblent pas là, mais un minimum de prudence est requis, et c'est pourquoi il referme la porte d'un coup de pied à l'aveugle avant de se saisir de Mathilde par la taille et de la ramener contre lui pour l'embrasser. C'est un baiser passionné, plein de tendresse et d'envie, de Tu m'as manqué, de Je rêve de pouvoir t'embrasser comme ça depuis des jours et de Je t'aime. Doucement, naturellement, alors que les langues se redécouvrent et que les mains cherchent à retrouver la chaleur de l'autre, le refuge reprend forme, intact, comme s'ils l'avaient toujours occupé sans jamais le quitter.

« Pas de convoi avant au moins deux jours encore, annonce-t-il finalement dans un murmure, sans vraiment détacher ses lèvres de celles de Mathilde. Tu as du temps et de la place pour un marin qui cherche un refuge unique? »

Darius ricane tout bas et dépose quelques baisers légers sur les lèvres de Mathilde en la fixant longuement dans les yeux.

« Tu m'as manqué, belle fermière », chuchote-t-il.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyJeu 12 Mar 2020 - 2:31
Mathilde rit. Lui non plus n'est pas à court de jeux de mots, ou d'histoires drôles, comme celle de la fermière dont les ambitions sur le postérieur du pirate éloignent les Fangeux. Seul un haussement d'épaules répond à la thèse de Darius, qui continue d'approcher au point de repousser doucement Mathilde à l'intérieur de la chaumière. Il n'y a personne. Elle lui dira plus tard, toute incapable de parler qu'elle à cet instant précis, trop occupée à se perdre dans ses yeux clairs et à s'imprégner de tout ce qui fait que ce premier retour à la ferme soit aussi agréable à vivre. Elle le regarde refermer la porte d'un pied bien placé et se laisse attraper par la taille, mouvement qui lui fournit l'excuse parfaite pour écarter les pans de sa couverture, sauter à son cou et l'embrasser. Un baiser enflammé, qui efface les contrariétés vécues quelques jours plus tôt et annonce des retrouvailles heureuses et sans contraintes. Les flammes du désir cèdent le pas à la tendresse, alors que les pans de la couverture se referment sur lui pour l'enfermer dans leur chaleur. Lui, qui arrive du dehors, est aussi frais que l'air du matin.

Lorsque leurs lèvres se quittent enfin, sans trop s'éloigner, Darius murmure des nouvelles qui ont le don de faire battre son coeur un peu plus vite. Au moins deux jours, elle n'en attendait pas tant. C'est un luxe dont elle est consciente et dont elle saura profiter, elle s'en fait la promesse. Du temps et de la place, elle en a, pour lui elle en aura toujours, et il comprendra bien vite qu'il n'a pas besoin de poser la question. Il la bécote entre deux ricanements. Il connait la réponse, mais elle la lui donnera tout de même. Tu m'as manquée, belle fermière. Elle en frémit. Ce moment, ce geste tout simple de pouvoir le serrer dans ses bras lui a manqué. Sa présence, son odeur et son sourire mi-taquin mi-charmeur aussi. Bienvenue à la maison se contente-t-elle de murmurer. La maison... leur maison? Mathilde plisse légèrement le nez. Elle recommence à mettre la charrue avant les boeufs. Darius et ses beaux yeux ont le don de lui faire perdre tout bon sens. Une chose à la fois, Mathilde.

- Ta cuirasse est froide, pirate. Pas que ça soit désagréable, mais je préfère me blottir contre ta chaleur. Elle sourit. Deux jours, alors? Ça veut dire que la veuve Dumas a un cavalier pour cet après-midi? Ouuuuh ça va jaser dans les chaumières! lance-t-elle sur un air faussement catastrophé. Elle l'embrasse du bout des lèvres. Un baiser, un simple petit baiser, ça aussi on en prend rapidement l'habitude. Les lèvres se frôlent, se retrouvent une fois encore, se perdent dans un long baiser. Ses mains laissent tomber la couverture, plus encombrante que réellement utile, qui finit sur le sol dans un bruit mat tandis que ses longs doigts partent à la conquête de la nuque de Darius, jusqu'à la naissance de ses cheveux. Son baiser a la tendresse d'une femme qui retrouve son aimé après une longue absence. Il n'a plus le même empressement que lorsque la porte s'est refermée. Il est plus serein, parce qu'à cet instant précis, dans les bras de Darius, Mathilde réalise qu'elle se sent complète. Elle sourit. Voilà, c'est simplement de ça dont elle avait envie lorsqu'il avait franchi la porte de la planque miteuse de Marbrume. Le retrouver, rebâtir en un instant le refuge, en exclure le rouquin et tout ce qui aurait pu leur nuire à eux deux. Mathilde s'écarte doucement. Tu as faim? Soif? Tu veux t'asseoir?

Elle recule d'un pas et l'inspecte du regard. Pas de blessure ni de nouvelle cicatrice apparente. Il a été prudent, plus ou moins. Elle ramasse la couverture et la dépose sur une chaise, non sans afficher un air satisfait. A priori, aucun bobo à recoudre et ça l'arrange. Si elle est bonne couturière quand il est question de vêtements, ses points ont tendance à laisser de fâcheuses marques lorsqu'ils sont faits dans la peau. Laisse-moi t'aider murmure-t-elle en s'approchant à nouveau de lui pour trouver les sangles de son armure et entreprendre de les défaire.

- Je n'ai pas beaucoup de place pour un marin mais on se serra, d'accord? murmure-t-elle avant de lui lancer un regard angélique à souhait. Elle pouffe de rire. Contrairement à Darius, elle a beaucoup de difficulté à garder son sérieux plus d'une demi seconde lorsqu'elle le taquine. Une sangle cède à ses manipulations. Les gars sont partis vers Najac et Usson, retrouver leurs femmes et probablement réparer quelques petites choses sur leurs maisons. La tempête a laissé du travail, plus qu'il n'en faut. Deuxième sangle. On a travaillé comme des forcenés pour limiter les dégâts aux champs. Mes granges ont servi d'entrepôt et de séchoir à grains à deux autres fermiers. Les fils Dufour devraient passer dans la matinée pour mettre en botte et emporter le tout pour battre le grain dans l'après-midi. Et de trois. Un jour, elle les défera en un clin d'oeil, elle en est convaincue. La dernière ne tarde pas à céder et elle laisse Darius ôter son armure pour la déposer sur la chaise. Mathilde regarde le cuir abîmé par le sel et l'eau et se dit qu'il mériterait bien un bon nettoyage suivi d'un graissage bien nourrissant. Elle tâchera de le faire s'il lui en laisse l'occasion... et si elle accepte de s'extirper de ses bras. Son attention se reporte sur la chemise, dénuée de tache de sang qui aurait pu l'inquiéter. Il a bel et bien été prudent. Ou a bien été soigné. J'imagine que le manque de convois commence à faire grincer des dents de ton côté. Ça devrait pas trop tarder tu sais. Les grains vont être prêts à partir et puis les mineurs ont repris le travail dès que les champs n'ont plus été la priorité. Alors attends-toi à travailler dans pas bien longtemps.

Elle l'enlace à nouveau, pour se presser contre la chaleur de son corps. Elle ne peut résister. Si elle a le malheur de s'écarter un peu trop, ses pieds la ramènent nécessairement à lui, comme si sa chair, privée de son contact pendant une trop longue période, ne tolérait pas d'être tenue à plus d'une certaine distance de Darius. Tu m'as manqué, Vortigern. Est-ce que tu sais que pour me faire oublier cette longue séparation, tu m'emmènes à un magnifique événement masqué pas loin d'ici? Elle le regarde, malicieuse. Au fait, t'as trouvé mon coquillage?

S'il lui a demandé à boire ou à manger, elle a complètement oublié de le servir, trop occupée à vérifier qu'il était en un seul morceau. Mais il saura certainement repérer la petite casserole de lait maintenue au chaud, sur le rebord de l'âtre, et le pain laissé sur la table au milieu de ses miettes, juste à côté d'un pot de confiture qui n'a même pas été refermé. La fermière a à peine terminé de grignoter, on dirait.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyVen 13 Mar 2020 - 3:17
Bienvenue à la maison. Darius sourit à ces mots, qui peuvent pourtant paraître intimidants. Chez Mathilde, il se sent chez lui. S'il se sent généralement à l'aise à peu près partout, il a, lorsqu'il met les pieds dans la chaumière, la douce impression d'y avoir toujours vécu. Elle fait partie intégrante du refuge, et elle est déjà imprégnée de souvenirs auxquels il pense dès qu'il la quitte. Les mots de Mathilde ne lui font pas peur. Ils sonnent juste.

Le pirate arque un sourcil en écoutant sa belle fermière. Un cavalier pour l'après-midi? Un cavalier... pour quoi exactement? Il est sur le point de poser la question, mais celle-ci ne franchit pas ses lèvres, car Mathilde les frôles avant de les capturer dans un nouveau baiser. Darius se perd volontiers dans l'étreinte, laissant ses mains longer le corps de son amante, redécouvrir sa nuque, son dos, ses reins, ses hanches, ses fesses... Voilà comment ils auraient dû se retrouver, la dernière fois. Voilà comment il voulait la retrouver chaque fois.

Mathilde s'écarte, Darius la retient vaguement pour un nouveau baiser. Il sourit en coin, amusé par les questions de son amante, mais surtout par ce regard scrutateur et protecteur qu'elle glisse contre lui.

« J'ai toujours faim, tu l'as dit toi-même », dit-il, même s'il ne compte certainement pas se mettre à table dans les secondes qui vont suivre.

En cet instant, Darius n'a qu'une seule envie : regarder Mathilde, toucher Mathilde, embrasser Mathilde, faire l'amour à Mathilde. Il a à peine remarqué le lait chaud, le pain, et même cette confiture dont il raffole pourtant. Il y reviendra plus tard, quand son amante ne sera pas en train de l'aider à se débarrasser de sa cuirasse en lui murmurant une blague qui lui tire un rire ou en lui faisant la splendide annonce que les gars sont partis retrouver leurs femmes. Ils ont donc devant eux un vrai moment de tranquillité, à moins que l'arrivée des frères Dufour ne soit prématurée. Il espère qu'ils auront la bonne idée de ne pas débarquer trop tôt.

Les sangles de son armure détachée, Darius retire sa cuirasse pour la déposer contre une chaise. Il fait pareil avec son épée, puis revient vers Mathilde pour l'enlacer de nouveau. Il plisse légèrement le nez quand elle évoque les convois qui te partent pas.

« C'est l'attente qui est chiante, répond-il. On savait pas trop à quoi s'en tenir avant hier, si on avait le temps de retourner à Marbrume ou pas. Là, si deux ou trois jours, c'est la bonne information, ça vaut pas la peine de reprendre la mer tout de suite. Les gars vont aller se dégourdir un peu les jambes. Ça leur fera des vacances... Des vacances pas très lucratives, mais bon. »

Darius hausse les épaules. Ils ne sont assurément pas les seuls pirates à devoir prendre un congé forcé.
Mathilde revient sur son événement – un événement masqué, qui plus est. Son sourcil se hausse de nouveau. Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? Elle semble y tenir, en tout cas, car elle a abordé le sujet deux fois en moins de cinq minutes. Elle mentionne aussi le coquillage, ce qui ne manque pas de le faire sourire, car lui non plus n'a pas oublié.

« Pour qui tu me prends? s'offusque-t-il faussement. Bien sûr que j'ai trouvé ton coquillage. »

Darius s'étire et fouille dans une pochette de cuir accrochée à la ceinture retenant son épée. Il en sort un coquillage de la taille de sa paume. Sa forme insolite, un peu chaotique, d'un noir brillant qui prend des reflets multicolores sous la lumière. L'intérieur, blanc et poli, ajoute un contraste particulier au coquillage. Il est beau et, surtout, unique.

« J'ai cherché un coquillage en forme de panais, mais en vain, déclare Darius moqueusement en tendant sa trouvaille à Mathilde. J'ai fini par essayer de trouver un coquillage qui me faisait penser à nous deux, et je sais pas, c'est celui-là qui a fini par attirer mon œil. »

Darius a fini par prendre la demande au sérieux et a en réalité passé de longs moments à arpenter les différentes plages où il a accosté pour repérer le coquillage idéal pour Mathilde. Il en a observé des tonnes, en a jeté tout autant à la mer, puis est finalement tombé sur celui-là peu après la tempête. Il a immédiatement su que c'était le bon.

« Il te plaît? », demande-t-il.

Il ne sait pas exactement pourquoi il lui a posé la question, car il ne lui laisse pas le temps de répondre et vient simplement arracher un nouveau baiser à ces lèvres qui le narguent continuellement. Il pose l'une de ses mains dans le creux du dos de Mathilde pour la ramener et la presser contre lui.

« C'est quoi, cette histoire d'événement masqué? finit-il par souffler alors qu'il quitte les lèvres de Mathilde pour semer des baisers dans le haut de son cou et près de son oreille. Ton air malicieux me disait rien qui vaille, je sens que tu me tends un piège bien spécial, belle fermière... »

Darius pouffe. Ils savent tous deux qu'il va tomber absolument volontairement dans le piège, comme il a sauté à pieds joints dans tous ceux qu'elle lui a tendus jusque-là.

Darius laisse ses mains glisser contre le corps de Mathilde, remonter légèrement la robe avec envie, tirer sur un lacet avec désir. Elle est proche, très proche, mais pas assez encore, et il sent leurs corps s'attirer mutuellement de façon irrépressible. Entre eux, la flamme brûle toujours et le moindre gestes est susceptible de la transformer en véritable brasier.

Tu veux monter? demande Darius d'un bref regard après avoir effleuré ses lèvres de nouveaux baisers tentateurs. J'ai envie de toi, belle fermière... Maintenant.


Dernière édition par Darius Vortigern le Dim 15 Mar 2020 - 21:14, édité 1 fois
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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptySam 14 Mar 2020 - 4:08
C'est l'attente qui est chiante. Mathilde fait une petite moue. Il faudra qu'elle s'applique à mieux renseigner les périodes entre deux convois, pour permettre à Darius de prendre des décisions qui calmeront l'équipage. Elle ne le comprend que maintenant et s'en veut un peu de ne pas avoir saisi plus tôt l'enjeu d'un bateau amarré indéfiniment non loin d'un port d'où rien ne sort. Les marins vont aller se dégourdir les jambes quelque part à Usson ou à Najac... qu'est-ce que ça fait, un pirate, quand il est loin des siens et qu'il n'a pas une catin dont partager la couche? La fermière réalise qu'elle ne sait même pas s'il y a des catins au Labret. Elle s'en fiche. La conversation se poursuit, jusqu'à ce que Darius sorte un coquillage d'une pochette suspendue à sa ceinture. Mathilde le regarde faire avec l'excitation d'une gamine qui reçoit son premier cadeau.

- Il est énorme! constate-t-elle en le découvrant. Elle le prend doucement, en caresse les surfaces irrégulières et polies par les marées, joue avec les reflets irisés qui se mêlent à la noirceur de la face externe, le retourne pour découvrir son coeur, blanc comme la neige. Darius explique qu'il a cherché quelque chose qui leur ressemble. Un côté noir, un côté blanc, irrémédiablement collés l'un à l'autre, aux contours peu communs et à l'allure fascinante. Il a bien trouvé. Elle murmure Je n'en ai jamais vu de pareil. Il est magnifique!

Darius l'embrasse avec qu'elle ne puisse lui répondre que oui, ce coquillage lui plait beaucoup, la pressant contre lui d'une main presque autoritaire. Elle l'enlace, serrant la main sur le coquillage pour ne pas le laisser tomber, et produit un effort quasi surhumain pour ne pas inviter Darius à monter. Elle rit doucement, heureuse de constater que la flamme ne s'est pas éteinte malgré la distance et la rapidité de leur dernière rencontre. Les yeux fermés, elle bascule doucement la tête en arrière sous l'effet des baisers soufflés dans son cou, parcouru d'un léger frisson qui s'intensifie à chaque fois que les lèvres de son amant s'y déposent. Je sens que tu me tends un piège bien spécial. Elle glousse de rire. Ce n'est pas un piège, juste une petite fête pour remercier Serus de ses bienfaits, dans un domaine tout proche. Elle se mordille la lèvre inférieur. Si le plan de Darius est d'enflammer ses sens, il a réussi. Elle tend le bras pour déposer le coquillage avec précaution sur la table et ouvre les yeux pour le gratifier d'un autre regard malicieux. Je me suis dit que je pourrais te faire un masque, au cas où tu viendrais... J'ai été bien inspirée, je crois. Elle sourit, alors que ses mains glissent dans le dos de Darius pour tirer sur les pans de la chemise et se glisser en dessous, jusqu'à trouver sa peau incroyablement chaude.

Leurs lèvres s'effleurent encore, les souffles se mêlent. Les gestes de Darius parlent au moins autant que son regard, dans lequel brille un éclat qu'elle ne connait que trop bien. Tu devrais te délester de tes bottes murmure-t-elle. Elle embrasse ses lèvres, s'attarde sur la ligne de sa mâchoire sans lui donner le moindre espace pour ôter ses bottes, s'attarde dans son cou, non sans écarter un peu le col de sa chemise pour s'y faire un peu de place et déguster, du bout des lèvres et parfois d'un petit mordillement, le moindre morceau de chair qui s'offre à elle. Elle étire enfin son menton pour souffler à son oreille De tes vêtements aussi et se recule pour le regarder un instant en souriant, rougissant un peu de sa propre audace.

- Je crois que tu as perdu la main. Moi qui te croyais familier des cordages… C'est comme ça qu'on fait, regarde ajoute-t-elle avec le ton d’un tuteur enseignant quelque chose à son élève. Elle tire doucement mais fermement sur le lacet qui ferme sa robe, à hauteur de son épaule. Le lacet se dénoue aisément, mais reste serré. Mathilde sourit. Tu crois que tu pourras t’en souvenir? Son sourire s’étire un peu plus, elle glousse de rire, s’approche pour lui voler un baiser fugace et recule aussi vite pour se placer hors de portée de Darius. Elle lui lance, sur un ton taquin La mode vestimentaire n’est donc pas la même, à Marbrume? Elle bat des cils. Évidemment, les robes des paysannes n’ont rien à voir avec celles des femmes de la ville. Avec l’automne, le lin léger a fait place au drap de laine, plus épais, plus lourd et surtout plus chaud, avec les mêmes couleurs ternes qui rappellent les nuances de la terre, bien loin des draperies plus délicates et colorées des citadines. Pas de corset pour souligner une taille qui serait bien trop serrée pour les travaux des champs, ni de petites broderies ou de motifs fantaisistes autres que les taches de terre, sur la jupe, lors des journées plus salissantes. Ce matin, Mathilde porte une robe de mi-saison, semblable à celle de bien des paysannes, avec pour seule fantaisie une ceinture de cuir tressé. Une robe maintenue sur les épaules par des lacets, dont l’un, maintenant, est dénoué. Mathilde contourne son amant, effleure son torse de la main et, une fois derrière lui, se contente de ferme le verrou. Elle continue son chemin et longe la table pour s’éloigner de Darius qui ne pourra pas éveiller la moindre jalousie en elle s’il décide d’évoquer l’une de ses maîtresses. Elle joue, et ce qu’il peut dire au sujet des corsages de Marbrume ne l’intéressera même pas.

- Dis-moi, beau pirate, tu pensais vraiment entrer, m’embrasser et m’emmener à l’étage sans faire le moindre effort? Tu crois pas que c’est un peu trop facile? Mathilde s’arrête, à l’autre bout de la table. Elle ne quitte pas Darius des yeux, même pas lorsqu’elle lève les mains pour les porter à ses cheveux, qu’elle défait dans un geste de pure provocation. Si elle se distancie, par les mots, ses gestes eux indiquent tout l’inverse : elle se consume de désir pour l’homme qu’elle aime. Je croyais que les pirates chassaient les trésors. Penses-tu pouvoir m’attraper? Elle éclate de rire et, rejetant ses cheveux dans son dos, s’apprête à prendre la direction opposée à celle que Darius choisira. S’il passe d’un côté de la table qui les sépare pour la rejoindre, elle courra en riant de l’autre. Jusqu’à ce qu’il l’attrape… ou qu’elle se laisse attraper. Mathilde est la souris, Darius est le chat qu'elle attendait pour être croquée.
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptySam 14 Mar 2020 - 17:05
La réaction de Mathilde ne se fait pas attendre, et Darius est attendri et plutôt fier de son coup en voyant qu'elle semble réellement contente du présent. C'est un cadeau simple, celui qu'elle voulait, mais il y a tout de même mis de l'attention, et il espère faire aussi bien la prochaine fois. Il compte bien lui rapporter d'autres petits trucs quand il revient à la ferme, mais il ne le fera pas par principe, juste pour dire qu'il ne revient pas les mains vides. Il ne trimbalera que ce qui, selon lui, plaira à sa belle fermière.

Satisfait d'avoir misé juste, Darius capture les lèvres de Mathilde avant de déposer quelques baisers dans son cou et de murmurer à son oreille. Elle rit à ses paroles, et ce simple rire lui tire un léger frisson tant il lui a manqué. En l'entendant lui annoncer la teneur de la fête qui se tiendra plus tard, il pouffe moqueusement. Remercier Serus de ses bienfaits... N'honorent-ils pas Serus chaque fois qu'ils un moment, tous les deux? N'est-ce pas ce qu'ils s'apprêtent à faire dans une fête très privée de deux invités seulement? Bon, apparemment, Mathilde veut quand même se rendre à cet événement; elle lui a même fabriqué un masque au cas où il débarquerait à la ferme à temps pour y participer.

« Je suis pas certain de faire confiance à ton inspiration quand tu me regardes comme ça », dit-il en riant un peu avant de laisser ses lèvres effleurer celle de Mathilde.

Les mains de Mathilde se sont glissées sous sa chemise et ce simple contact attise davantage son désir. Tu devrais te délester de tes bottes. Il en a bien l'intention, tout comme il compte bien se débarrasser de ses vêtements... mais pas tout de suite, car elle ne lui laisse pas la marge de manœuvre pour le faire et les baisers qu'elle sème contre sa mâchoire et son cou sont bien trop agréables pour qu'il essaie de s'en soustraire prématurément. Il profite donc de chacun d'eux en attrapant ses lèvres au passage de temps en temps et en laissant ses doigts vagabonder contre elle.

Lorsque Mathilde se recule pour lui montrer comment défaire sa robe, Darius sourit avec amusement. Sans la quitter une seule seconde du regard, il se débarrasse de ses bottes et les abandonne négligemment à côté de lui. Elle est joueuse et séductrice, et il mentirait s'il disait que son petit numéro ne lui fait pas d'effet, que le baiser fugace qu'elle lui dérobe au passage ne lui donne pas envie de l'attraper et de la retenir pour la déshabiller là, maintenant. C'est d'ailleurs ce qu'il compte faire, mais elle lui échappe de justesse pour aller fermer le verrou.

« Mh, comment je pourrais savoir si les robes des citadines se détachent différemment de celles des jolies paysannes de la campagne? répond-il d'un air taquin. Tu sais bien que je suis un marin pur et innocent, et que je connais que les robes de belles fermières. J'ai même besoin qu'on me montre comment retirer les robes automnales, apparemment.. »

Darius retient un petit ricanement. Il n'évoquera pas les aventures qu'il a pu avoir avec des femmes de la ville, pas maintenant... Pas maintenant ou à aucun autre moment, en fait, car il sait parfaitement que Mathilde ne veut pas savoir ce qu'il fait lorsqu'il est à Marbrume. Il préfère aussi ignorer les potentielles rencontres que son amante a pu faire pendant son absence, car juste l'idée qu'un autre homme que lui ait pu poser son regard sur elle suffit à faire naître chez lui un sentiment de jalousie absolument déraisonnable. Le sujet est à éviter des deux côtés.

Dis-moi, beau pirate, tu pensais vraiment entrer, m’embrasser et m’emmener à l’étage sans faire le moindre effort? Tu crois pas que c’est un peu trop facile? Le réplique tire un rire à Darius, qui ne quitte pas non plus Mathilde des yeux alors qu'elle défait ses cheveux dans un geste provocant. Bordel qu'elle est belle. Et bordel qu'elle est trop loin. Elle veut jouer à la chasse au trésor en plus...

« T'en fais pas, je vais t'attraper, belle fermière, la met-il en garde en faisant mine d'aller d'un côté, mais retenant son geste. Et quand je vais t'attraper, tu vas voir comment je prends soin de mes trésors. »

Darius ricane et s'élance dans une direction pour capturer Mathilde, qui lui échappe avec célérité. Il se lance dans un jeu de poursuite autour de la table, qui est bien nuisible en cet instant, mais, après quelques secondes, son amante est toujours hors de portée. Il se décide alors à changer de stratégie et s'arrête pour observer longuement Mathilde avec un air de défi. Il repart ensuite à la course d'un côté, puis de l'autre. Sans prévenir, il saute et roule sur la table dans une habile pirouette, bousculant le pain qui est repoussé plus loin sur la surface et renversant une chaise qui tombe contre le sol dans un petit fracas auquel il ne fait pas attention. Son attaque est un succès, car il parvient à attraper Mathilde dans ses bras et déboule avec elle dans la cuisine dans un chaos total rythmé par ses éclats de rire. Ensemble, ils heurtent le comptoir – surtout lui, en fait – et Darius en profite pour la maintenir au piège là, non sans lui offrir son sourire le plus prédateur.

« Tiens, tiens, un petit coffre au trésor, dit-il moqueusement en s'étirant juste assez pour fermer le volet et éviter les mauvaises surprises. Après avoir mis tant d'efforts pour l'attraper, je vais certainement pas me priver pour voir ce qu'il cache... »


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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyDim 15 Mar 2020 - 2:40
Mathilde sourit lorsque Darius plaide l'innocence au sujet des robes des citadines. Elle nourrit une douce jalousie à l'égard de ces femmes sans visage qu'elle imagine, parfois, pendues au cou de son amant, désespérées d'en obtenir le coeur puis vexées d'être délaissées au profit d'autres, qui n'obtiendront pas plus que ses faveurs. Douce, parce qu'elle ne lui en veut pas, même si au fond, elle est certaine que si elle tombe sur Darius avec une fille sur les genoux, elle lui arrachera les yeux. A la fille, pas à Darius. Ses yeux à lui sont trop précieux tant ils lui parlent. Elle aime croire que son coeur est ici, avec elle, du moins l'espère-t-elle même si quelque part subsiste toujours un doute. Ce qu'il peut faire, lorsqu'il n'est pas avec elle, n'a pas vraiment d'importance. Pirate, coureur de jupons, homme sans scrupules, le masque tombe lorsqu'il la regarde, et ce qu'elle voit derrière, rares sont ceux qui peuvent y avoir accès.

Elle ne peut s'empêcher de ricaner lorsqu'il se qualifie de pur et innocent marin. Elle ne voudrait pas qu'il le soit. Ils ne se seraient jamais rencontrés, sinon, et si ça avait été le cas, elle en aurait sans doute fait une simple connaissance, un ami, rien de plus. Mathilde sait qu'elle s'ennuie avec les gentils. Elle commence à le comprendre.

T'en fais pas, je vais t'attraper, belle fermière. Le corps de Mathilde se tend, prêt à fuir, d'un côté ou de l'autre. Lorsque Darius s'élance, elle fait pareil, en poussant des petits cris qui finissent pas un éclat de rire. Elle évite de justesse une main qui frôle presque son dos, et se réfugie de l'autre côté de la table, hilare. Le chasseur s'est arrêté et la regarde. Il cherche à deviner son prochain mouvement, et la provoque d'un regard. Lorsque la chasse reprend, Mathilde s'élance d'un bord puis de l'autre, comme une biche apeurée, souple et légère. Le pirate finit par feinter et roule sur la table pour la capturer par la taille et la soulever de terre alors qu'elle pousse un petit cri. Instinctivement elle s'accroche à son cou. Emporté par l'élan, il fait quelques pas pour tenter de retrouver un équilibre qui menaçait de les faire tomber tous les deux et se retrouvent contre le comptoir, lui face à elle, l'emprisonnant dans ses bras dont elle ne cherche pas à se défaire. Elle ricane devant le sourire prédateur qu'il affiche et tend le cou pour mordiller le lobe de l'oreille de Darius lorsque celui-ci s'étire pour fermer le volet, histoire de défier son petit air triomphal. Même pas peur. Mathilde attend que le volet soit fermé pour s'écrier, mais pas trop fort, sur un ton faussement apeuré et beaucoup trop théâtral Oh par les Trois, le prince des pirates est sur le point de dérober mon trésor, au secours! Mathilde rit, mais voici que Darius s'empare de ses lèvres.

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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyDim 15 Mar 2020 - 16:31


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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyLun 16 Mar 2020 - 18:27


Quelques minutes plus tard, Mathilde verse du lait chaud dans deux tasses. Les cheveux défaits, le teint encore rosé, un sourire léger sur les lèvres, son appétit de lui est apaisé. Pour le moment. Je suis bonne couturière, pour ton information. Mais sur la peau, je laisse des traces. Elle rit doucement, et dépose la tasse et une planche avec un solide déjeuner sur la table pour Darius, de quoi tenir jusqu'à la fin de la journée. Tu m'as manqué ajoute-t-elle en lui volant un baiser léger avant de s'asseoir à côté de lui.

Elle a remis sa robe, dont les lacets sont volontairement lâches, des fois qu'un baiser en entraîne un autre, puis un troisième, et que le brasier ne les emporte une fois encore. Le volet a été rouvert, offrant une vue sur le chemin qui descend à la ferme, ce qui permet d'anticiper les visites attendues ou imprévues. Une journée de relâche avec Darius, après un mois éreintant, l'idée la ravit au moins autant que le petit vent frais qui s'infiltre dans la maison.

- J'ai prévu d'aller à l'une des très rares fêtes organisées au Labret. On va célébrer la reprise et remercier Serus pour la belle saison qui nous permet de moins craindre l'hiver à venir... en dépit des brigands qui détournent des convois, évidemment. Elle lui lance un sourire moqueur. Elle n'oublie pas ce qu'il est, même si, à ses yeux, cela est très accessoire dans leur relation.La tradition veut que l'on se masque, ce qui tombe plutôt à pic pour un homme qui fait toujours attention à qui il croise, quand il n'est pas sur l'eau. Elle désigne une planche d'étagère sur laquelle trône un masque plutôt réussi composé de feuilles d'arbres cousues sur un tissu et dont la forme rappelle une tête de renard. Ça c'est le mien. Et je me suis dit qu'avec un peu de chance, tu serais là toi aussi, alors je t'en ai préparé un, au cas où... Elle désigne le masque d'à côté qui rappelle un poisson. Les écailles argentées sont beaucoup trop réalistes que pour avoir été improvisées. C'est réellement de la peau de poisson, lavée, séchée et cousue, qui compose ce qu'elle considère comme un vrai petit chef d'oeuvre, agrémenté, au niveau des tempes, de nageoires ayant reçu le même traitement que la peau. Alors, tu m'accompagnes? A son regard, il est évident qu'elle espère qu'il lui plaise. Nulle malice ni moquerie.
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyLun 16 Mar 2020 - 23:15



Une fois détaché de Mathilde, Darius renfile ses vêtements, laissant uniquement de côté ses bottes. Obéissant aux instructions de Mathilde, il prend ensuite place à table – elle semble vouloir qu'il mange et il ne compte pas protester, au contraire. Il l'observe donc préparer le déjeuner, servir des tasses de lait chaud. Il l'admire tandis qu'elle se déplace tranquillement dans la cuisine, les cheveux relâchés, la robe encore à moitié détachée. Elle semble heureuse et le bonheur lui va bien. Il aime l'idée que sa présence soit l'une des raisons qui la rendent aussi radieuse.

« Je pense avoir assez de traces comme ça », réplique-t-il moqueusement en répondant au baiser qu'elle lui offre avant de s'asseoir auprès de lui.

Tu m'as manqué. Darius sourit en coin et pose une main contre la cuisse de Mathilde pour la caresser brièvement avant d'attraper un morceau de pain et de le tartiner de fromage. Maintenant qu'il est rassasié de Mathilde – pour un bon cinq minutes -, sa véritable faim prend le dessus et il savoure chaque bouchée avec un visible contentement. Les repas qu'il prend au refuge sont assurément les meilleurs auxquels il a droit. Les produits sont frais et, surtout, Mathilde est une cuisinière de talent. Elle est, selon lui, nettement plus douée que les femmes de ses hommes, mais c'est une information qu'il va garder farouchement pour lui, d'une part parce que son équipage ignore l'étendue de son lien avec elle, d'autre part parce qu'il n'aime pas partager ce qui vient d'elle. Isak fait figure d'exception, tout simplement parce que Mathilde ne lui a pas donné le choix et qu'il peut bien faire un effort pour son cousin.

Darius mange tranquillement et silencieusement en observant la ferme par le volet ouvert. D'ici, le chemin est bien visible, et ils verront quiconque s'aventure sur les terres de Mathilde. Il espère que les frères Dufour n'arriveront pas tout de suite. Il est bien, là, à profiter d'un moment de domesticité banal comme il n'en vit plus depuis longtemps. Enfin, ce n'est plus aussi vrai maintenant.

Darius repose son regard clair sur Mathilde lorsqu'elle commence à lui expliquer la teneur de cet événement auquel elle souhaite se rendre plus tard en journée. Il croque dans un morceau de pain en acquiesçant, non sans lui offrir un sourire en coin garnement quand elle mentionne les brigands. Il trouve toujours amusant de voir l'honnête fermière évoquer ses activités de pirate sans sourciller. Elle accueille dans sa chaumière un criminel. Elle se donne à lui cœur, corps et âme et l'idée de pouvoir finir à l'échafaud pour cette raison ne paraît pas l'émouvoir une seule seconde. Darius se dit que sa belle fermière a un brin de folie à se reprocher, et que c'est tant mieux pour lui.

Darius suit le doigt de Mathilde, qui pointe une étagère sur laquelle trône un masque de renard et un masque de... poisson. Il arque un sourcil surpris. Un poisson?... Mais pourquoi un poisson? Certes, il est marin, mais quand même, n'aurait-elle pas pu choisir quelque chose de plus... de moins... Elle est un renard, bordel. Elle aurait pu confectionner un masque d'ours, de loup, de cerf, de n'importe quoi d'autre qu'un poisson. Parce qu'un poisson, c'est laid.

Darius étudie le masque. Elle a dû travailler plutôt dur pour le faire, car elle semble avoir cousu de véritables écailles de poisson séché pour le fabriquer, le tout sans même savoir s'il allait arriver à temps. A-t-elle voulu lui faire plaisir ou simplement se donner à fond pour faire une blague élaborée? Il n'est pas certain. Il va falloir faire preuve d'un minimum de diplomatie.

« Bien sûr que je vais t'accompagner, répond-il en reposant son attention sur Mathilde. Ce serait con que je sois ici et qu'on soit séparés. Ton masque est réussi... Par contre, j'aurais pas cru que tu aurais voulu avoir à tes côtés un type avec une tête de poisson alors que, de ton côté, tu vas être un joli renard rusé. J'ai beau être un marin, ton choix me rend perplexe, belle fermière. Imagine que je sois pris de passion pour toi et que je décide de te faire l'amour avec mon masque. Tu aurais une aventure avec l'homme-poisson... »

Darius arque un peu le sourcil. Il le hausse de plus en plus avec une lenteur exagérée, l'air de dire Tu avais pas pensé à ça, hein?. Lorsqu'il atteint l'air sceptique le plus ridicule dont il est capable, il éclate d'un grand rire qui remplit toute la chaumière. Une fois calmé, il enfourne dans sa bouche un petit morceau de pain, non sans servir un regard amusé à Mathilde.

« T'as pas peur que les gens se mettent à jaser si la Mathilde Dumas, la fermière la plus séduisante et la plus extraordinaire du Labret, se présente à une fête avec un cavalier masqué? »

Il lui jette un petit regard charmeur. C'est plus fort que lui : il essaie de la séduire. Tout le temps.

« T'as une robe spéciale pour aller avec ce masque, au fait? », ajoute-t-il en s'étirant un peu pour appuyer un bras contre le dossier de la chaise de Mathilde et caresser tranquillement la nuque et l'épaule de son amante.
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMar 17 Mar 2020 - 21:08
Si la qualité d'un homme se mesure à sa capacité à faire honneur à une table, si humble soit-elle, alors Darius Vortigern fait partie des grands hommes de ce monde. Tandis qu'elle sirote sa tasse de lait, Mathilde regarde le pirate déguster le pain et le fromage comme s'ils étaient aussi savoureux que les grands banquets des nobles d'autrefois. Elle trouve cela charmant. Le nez dans sa tasse, la fermière sourit devant l'image de cet homme d'ordinaire tempétueux et sur le qui-vive. A sa table, dans le silence du quotidien qui doit lui paraître peu ordinaire, Darius-le-sanguinaire semble serein.

Bien sûr que je vais t'accompagner lui répond-t-il lorsque le sujet des masques et de l’événement est abordé. Elle sourit, heureuse de constater qu'il ne se laissera pas ralentir par la possibilité d'être reconnu par une ancienne victime. Ton choix me rend perplexe, belle fermière. Mathilde fronce légèrement les sourcils. Elle aurait cru pourtant que c'était le meilleur des choix pour un marin, un homme de la mer, que d'arborer le masque d'un animal de l'eau. Aurait-il préféré qu'elle tente de coudre un poulpe? Darius poursuit. Il semble marcher sur des oeufs... il la ménage, Mathilde le sent. Tu aurais une aventure avec l'homme-poisson... La fermière dépose sa tasse sur la table.

Mathilde garde le silence un instant, alors que le sourcil s'arque de plus en plus au-dessus du regard clair. Darius finit par éclater de rire, un rire qui se heurte aux parois des murs de la chaumière, ce qui l'amplifie aux oreilles de la fermière. Est-ce qu'il se moque de son travail? A-t-il conscience du temps qu'elle a pris pour le lui fabriquer, sans même savoir s'il serait là? Sait-il que le temps est la chose la plus précieuse qu'elle ait eu dans le dernier mois, alors qu'elle se démenait pour trouver de la main d'oeuvre et atténuer les conséquences de la tempête sur ses récoltes et sur celles du voisinage? Le regard sombre de Mathilde est on ne peut plus grave, alors qu'elle murmure Si les femmes-poissons sont assez charmantes que pour te séduire, leurs hommes-poissons doivent l'être tout autant. Peut-être que faire l'amour avec un marin masqué peut me rapprocher de ce grand fantasme de pirates. Ce n'est qu'alors que son sourire s'étire sur ses lèvres, non sans une pointe de malice. Mais je peux être la sirène, et toi le rusé renard, si tu préfères. Mathilde bat des cils et glousse de rire. J'ai choisi un animal marin pour toi. Si tu ne l'aimes pas, ce n'est pas grave, j'ai le temps de te bricoler quelque chose rapidement. Elle étire le menton pour l'embrasser dans le cou. As-tu un animal préféré, Vortigern? Un poulpe peut-être? Elle rit, attrape son bras et le passe autour de sa taille à elle pour se coller à lui, quitte à le gêner dans ses mouvements. Plus proches, toujours plus proches.

- Les gens parlent dès qu’un homme franchit cette barrière, Dar. Ça parle un peu moins depuis que j’ai d’honnêtes travailleurs mariés ou fiancés qui veillent sur moi, mais ça parle quand même. Je suis veuve, mon fiancé est porté disparu et probablement mort, j’accueille des mordus sur ma ferme et je survis à des aventures dignes des chansons de gestes. Je suis un personnage idéal au sujet duquel parler. Que tu m’accompagnes ou non ne changera rien à ça. Tu l’as dit, je suis la plus extraordinaire du Labret. Elle lui sert un sourire tout aussi charmeur avant d’ajouter Et puis regarde-toi, Capitaine. Ce n’est pas le fait qu’on soit ensemble qui va faire parler… c’est la présence d’un mystérieux marin, grand et séduisant, aux épaules larges, au torse puissant et au sourire enjôleur qui va attiser la curiosité de ces dames. Et oui, j’ai une robe. Toute neuve. Pour te plaire. Tu ne devrais pas me faire ces yeux-là ajoute-t-elle en souriant. Je ne peux pas y résister.

Mathilde saisit doucement son menton pour attirer son visage à elle, et l’embrasse tendrement. Bien sûr que ça va parler, la veuve Dumas avec un bel homme, ça fait parler. Encore faut-il qu’on la reconnaisse derrière son masque et dans sa robe neuve ramenée quelques jours plus tôt de Marbrume, choisie pour séduire son amant. Une dépense bien futile, pour elle qui veille scrupuleusement à se contenter de l’essentiel. Mais l’essentiel inclut désormais Darius, Darius qui l’enlace et dont la main caresse sa nuque alors que leurs lèvres se séparent.

Le regard de la fermière est attiré par un mouvement sur le chemin. Elle fait une petite moue. De la visite. Elle les attendait, mais les Dufour auraient pu prendre un peu plus leur temps avant de venir rompre la douceur d’un matin paisible. La mine boudeuse, elle murmure Mmh… les voilà. Mathilde rassemble ses cheveux en une tresse relativement ordonnée et nette, qu’elle enroule sur elle-même pour la remonter en un chignon. Elle étire la main vers le comptoir, derrière eux, et grogne sur l’épingle à cheveux, trop loin pour l’atteindre. Légèrement contrariée par les Dufour, elle se lève pour saisir l’épingle et s’en servir pour fixer son chignon. Son regard se pose sur Darius, son visage retrouve instantanément sa bonne humeur. Je ne sais pas s’ils s’attendent à ce que je les aide ou pas, alors… fais comme chez toi?

A-t-elle réellement besoin de le lui dire? Pas vraiment, elle considère qu’il est un peu chez lui, et elle sait qu’il ne se gêne pas vraiment pour ouvrir les armoires ou retrousser ses manches et travailler… mais le préciser reste une façon d’éviter de se faire dire qu’elle le délaisse, même si ce n’est qu’une petite boutade qu’il ne pense pas vraiment. Mathilde réajuste les lacets, sur ses épaules, avant d’attraper un tablier qu’elle noue autour de la taille afin de compléter sa tenue de travail. Elle embrasse Darius sur la joue et murmure Je reviens.

Quelques instants plus tard, Mathilde est sur le pas de la porte et envoie son traditionnel salut aux deux frères qui avancent à grandes enjambées vers la barrière. Son arc au dos, carquois sur la hanche, elle s’écrie Belle journée pour battre le grain!. L’aîné, un grand blond au visage émacié se contente d’un petit salut totalement dénué d’entrain, alors que le plus jeune, qui doit avoir quatorze ans tout au plus, est visiblement de mauvaise humeur. Mathilde n’en fait pas de cas, bien qu’elle est du genre de ceux qui préfèrent ne pas subir les contrariétés des autres. Suivez-moi, c’est par ici dit-elle en invitant les garçons à la suivre.

- J’suis pas sur que c’est une bonne idée, m’dame. On a vu du monde sur la route, ça s’peut qu’ils nous attendent au r’tour. Simon, le grand blond, a daigné desserrer les dents. Voilà la raison de la contrariété.
- Du monde? Mathilde fronce les sourcils.
- Ouais. Armé.
- On l’est tous, Simon répond-t-elle en indiquant du pouce son arc, dans son dos.
- Ouais. Mais y nous ont d’mandé si on avait oublié nos provisions. C'est Bruno, le jeune, qui traîne les pieds sur le sol.
- C’est une drôle de question. Vous pensez vraiment qu’ils comptent attendre votre retour pour vous prendre des grains encore sur leurs épis?
- C’est pas exclu m’dame.
- Écoutez… emballez le grain, et attendez que la milice passe pour qu’elle vous accompagne chez vous. Elle passe tous les matins, ça devrait pas trop traîner. Si ça se trouve, ils ont déjà réglé le problème.
- Mouais… On verra.

Mathilde hausse les épaules. Au milieu de la cour, elle regarde les deux frères s’éloigner vers la grange et jette un œil vers la route, déserte. Bon… ils ont de quoi se sentir mal à l’aise, même si le danger fait partie du quotidien au Labret. Et partout ailleurs. Sa grange à elle n’a provisoirement plus de provisions, jusqu’à la prochaine récolte. Elle fait une petite moue. Partir et laisser la ferme sans surveillance, est-ce réellement une bonne idée?
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMer 18 Mar 2020 - 0:13
Oups. Lorsque le rire de Mathilde n'accompagne pas le sien, Darius se dit qu'il l'a peut-être vexée. La franchise n'est pas toujours une bonne chose, même lorsqu'on fait au mieux pour être diplomate. Il devrait le savoir – il a déjà été marié et son honnêteté lui a parfois coûté cher. Mais il est ainsi... Tant pis. Il saura bien rattraper le coup, d'une manière ou d'une autre. Et puis, en réalité, elle aurait pu lui fabriquer un maque à partir de bouse de vache qu'il l'aurait quand même porté pour lui faire plaisir.

Un sourire malicieux étire finalement les lèvres de la fermière tandis qu'elle poursuit dans cette idée de jeu de rôle loufoque et propose même d'être la sirène et lui le renard. Darius arque un sourcil, amusé, puis secoue la tête quand elle propose de lui bricoler un nouveau masque s'il ne l'aime pas.

« Pas besoin, j'oserais pas te priver de la possibilité de te rapprocher de ton grand fantasme de pirates, dit-il alors qu'elle lui tire un petit frisson en l'embrassant dans le cou. Ton masque va être parfait. C'est toi qui l'as fait, alors je l'aime. »
Voilà, si elle est un peu triste ou déçue, ça devrait le faire, ça. Et c'est la vérité. Il aime moyennement l'idée d'être laid comme un poisson, mais celle d'avoir un objet fait des mains de Mathilde lui plaît.

« Je sais que ça va avoir l'air bizarre pour un marin, mais j'aime les oiseaux, en fait, offre-t-il guise de réponse à la question de Mathilde. Les aigles, les faucons. C'est peut-être à force de les regarder survoler la mer. C'est toujours impressionnant. Mais je t'assure que le poulpe est pas loin dans la liste. »

Darius ricane et, d'un mouvement, approche sa chaise de celle de Mathilde pour pouvoir l'enlacer plus aisément. Elle se colle à lui et, même si manger devient désormais plus compliqué, il s'en fiche. Il va profiter de chaque seconde de proximité qu'il a avec elle.

Mathilde explique que, peu importe comment elle se présentera à la fête, les gens vont jaser. Darius lui sourit. Ce n'est pas faux. Elle a beau être une « simple » fermière, elle a probablement vécu à elle seule plus d'aventures que tous les habitants d'Usson réunis. Elle attire l'attention non seulement parce qu'elle mène une vie hors du commun, mais aussi parce qu'elle est appréciée de tous. On les remarquerait.
Sourire charmeur aux lèvres, Mathilde précise que c'est lui, le marin mystérieux, qui va attiser la curiosité des dames. Il pourrait dire qu'avec un masque de poisson, il n'est pas certain, mais il ne va pas pousser sa chance jusque-là. Au bout du compte, ils seront remarqués, mais pas reconnus. Enfin, pas lui, sauf peut-être qu'ils croisent Philippe et les autres. Il restera une énigme. Le mystérieux homme-poisson du Labret.

Et oui, j’ai une robe. Toute neuve. Pour te plaire. La déclaration surprend Darius, qui a plutôt l'impression que Mathilde n'est pas le genre à se procurer de nouvelles tenues tous les jours, même pour des événements particuliers. Elle souhaite qu'il la trouve belle, comme s'il ne lui avait pas montré au moins mille fois déjà qu'elle est capable de lui faire perdre la tête d'un regard. Cette petite coquetterie n'est pas pour lui déplaire. Il se sent important. Désiré. Aimé.

« Alors je prends note de continuer à te faire ces yeux-là, dit-il en se penchant aussi vers elle pour l'embrasser en lui caressant la nuque d'une main. Et j'ai hâte de te voir dans ta robe. Très hâte. »

Ce sera un première pour lui. Il n'a jamais vu Mathilde porter autre chose que ses vêtements habituels – ou rien... – et il est curieux de la voir dans une tenue plus travaillée. Une tenue qu'elle a achetée pour le séduire. Plus il se répète cela, plus cette idée lui plaît.

Lorsque leurs lèvres se quittent, la mauvaise nouvelle qu'ils attendaient tombe finalement : le frères Dufour débarquent. Darius jette un coup d'œil par le volet et plisse le nez. N'auraient-ils pas pu attendre une petite heure encore? Le pirate acquiesce aux paroles de Mathilde tout en mâchant un nouveau morceau de pain et en la regardant reprendre son poste de fermière-innocente-qui-ne-vient-surtout-pas-de-faire-l'amour-au-milieu-de-sa-cuisine-avec-un-pirate. Il accueille le baiser contre sa joue et répond d'une brève caresse contre la taille et les hanches de sa belle fermière.

Après avoir tartiné un ultime morceau de pain, Darius se lève pour jeter un regard à l'extérieur. Il voit Mathilde en train de parler avec deux jeunes qui ne semblent pas particulièrement heureux d'être là. La fin de son déjeuner englouti, il prend la tasse de lait chaud et en boit quelques gorgées alors que Mathilde entraîne les garçons vers la grange. Il la voit pointer son arque et se demande de quoi ils parlent, d'autant plus que les frères Dufour ont une mine assez sérieuse. Peut-être ont-ils des problèmes sur leur ferme, des voleurs qui bravent les Fangeux et viennent leur dérober leurs récoltes une fois la nuit tombée. Ou quelque chose du genre.

Darius finit par sortir – il a évidemment tout laissé traîner sur la table – pour rejoindre Mathilde à l'extérieur une fois les deux garçons hors de vue. Il s'approche, le pas tranquille et nonchalant, jusqu'à ce qu'il fasse un drôle de mouvement pour éviter un splendide tas d'excréments, gracieuseté de Marguerite. Son esquive réussie, il vient se poster près de la fermière.

« Si tu as des trucs à faire avant qu'on parte pour la fête, je peux réparer le sommier et arranger l'armoire comme je t'avais proposé de le faire la dernière fois, suggère-t-il. Il va juste falloir que j'emprunte les outils des gars. Ça devrait pas trop me prendre de temps, sauf si tu as d'autres trucs que tu voudrais que... »

Darius remarque alors que Mathilde observe la route. Par réflexe, son regard se porte également dans la même direction avant de se poser sur Mathilde.

« Qu'est-ce qu'il y a? demande-t-il. Tu as vu un truc? »
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Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMer 18 Mar 2020 - 3:19
Mathilde admire, du coin de l'oeil, l'esquive de Darius qui lui rappelle un pas de danse. Bon, Marguerite s'est laissée traîner... il va falloir qu'elle ramasse quelques-uns de ses cadeaux laissés dans la cour ce matin pour éviter d'être submergée. Réparer le sommier, voilà une bonne idée. Elle n'accueille personne dans sa chaumière pour le moment, mais sait-on jamais.

- Viens se contente-t-elle de dire, les yeux rivés sur l'horizon. Tu as vu un truc? Mathilde hausse les épaules. Non, pas vraiment. Les garçons ont parlé d'une drôle de rencontre sur le chemin, ils ont peur que des hommes armés les attendent sur leur retour pour leur prendre les poches de céréales. Je leur ai dit d'attendre la milice pour être escortés mais... disons que j'espère qu'il n'y aura pas de visite en notre absence.

Mathilde fait une petite moue alors qu'ils se dirigent vers la vieille grange. Elle n'aime pas laisser sa chaumière sans protection. Sa réserve est enterrée dans une cave dont l'accès est caché par un coffre, mais la trouver n'est pas difficile pour quelqu'un qui a le temps de chercher... et si la réserve est vidée, elle ne passe pas l'hiver. Une réalité avec laquelle elle est obligée de composer depuis la reprise du Labret. Elle en vient presque à regretter que les gars soient partis.

Mathilde ouvre la porte de la vieille grange, et trouve assez rapidement le petit coffre à outils. Tout est ici. On a eu plusieurs visites, dans les dernières semaines. Des gens affamés, des gens mal intentionnés aussi. On a dû en dissuader plusieurs, j’ai juste… peur qu’ils attendent le bon moment pour revenir. Quand je ne suis pas là, par exemple. La fermière laisse son amant farfouiller dans les outils, dont certains, les plus encombrant, sont suspendus au mur. Elle le regarde, encore, et s’imprègne de cette image totalement anodine d’un homme farfouillant une pile d’outils avant de se lancer dans une petite réparation pour la maison. Un quotidien qui ne le sera jamais réellement, tant et aussi longtemps qu’il sera un pirate. Or, pirate, il le sera toute sa vie.

Mathilde s’appuie contre le mur. Tu sais ce que je trouve un peu triste? C'est que je n’aurai probablement plus jamais la chance de voir ton quotidien, à bord de ton bateau. J’ai l’impression de ne pas t’avoir assez regardé vivre dans ton élément. Ça fait partie de toi, c’est ce que tu es, et ça reste si lointain… Elle sourit. Darius partage son quotidien, pour la deuxième fois, et il reviendra certainement tant et aussi longtemps qu’il se sentira bien à la ferme, avec elle. Il bricolera, il brossera Marguerite, il ira ramasser les œufs et il tiendra en respect tout homme qui manque de respect à sa belle fermière. Mais elle… elle n’ira pas le guetter au port, elle en ignore l’emplacement. Volontairement. Elle pourrait fouiller les environs mais elle ne le fera pas. Elle ne hissera pas une voile avec l’équipage, ne tiendra pas la barre sous les étoiles et ne le verra pas grimper tout en haut du mât, simplement pour le plaisir de prendre le vent. Elle ne passera pas de longues minutes à le regarder contempler l’océan, lui dont les yeux se sont imprégnés de la couleur des flots, et ne pourra pas voir l’inquiétude s’installer alors que les vagues grossissent. Enfin si, ça elle l’a vu, juste avant qu’il ne l’envoie dans la cale pour se mettre à l’abri. C’est pas grave, c’est juste dommage. On dirait que j’aimerais m’asseoir dans un petit coin du bateau pour regarder le capitaine que tu es mener ton équipage vers de nouveaux horizons. J’étais trop préoccupée par ma survie, lors de mes traversées. Elle rit. Lutter pour ne pas vider son estomac du peu qu’il contenait, lutter pour ne pas être violée ni fondre en larmes, lutter pour ne pas s’endormir –et échouer lamentablement-, lutter pour survivre à la pluie, aux vagues gigantesques –pas tant que ça, mais gigantesques aux yeux de la terrienne- et aux monstres marins qui devaient suivre le bateau… ça laisse peu de temps pour simplement observer un marin dans son élément.

Lorsque Darius a enfin l’ensemble de l’attirail nécessaire au parfait réparateur de sommier et d’armoire, ils quittent la grange pour se diriger vers la chaumière. Marguerite se laisse aller. Je vais m’occuper de ça pendant que tu travailles à l’intérieur? Elle s’approche pour l’embrasser, dans un geste totalement naturel, mais se retient, in extermis. Elle le regarde et rougit un peu. Non mais regarde-toi, c’est évident qu’on va se faire prendre. Tu agis comme un maître de maison, tu te promènes parfaitement à l’aise ici et tout ce que j’ai envie de faire c’est de t’embrasser entre deux tâches quotidienne. Ça va jaser avant la fin de l’hiver et j’en serai la seule responsable. Elle rit de sa propre imprudence. Faut-il réellement parler de prudence, quand on ne fait qu’aimer un marin? Un pirate, Mathilde, un pirate que tu aides dans ses activités illégales. Mathilde ne s’en fiche pas vraiment, parce qu’elle n’a pas l’intention de finir pendue, mais l’idée de mourir heureuse a quelque chose de plaisant. Actuellement, être heureuse se résume, pour elle, à cultiver sa terre au point d’user son dos et ses mains, penchée sur ses légumes, et à aimer un homme qui est son parfait contraire mais avec lequel elle a pourtant bien plus de points communs qu’il n’y parait.

Mathilde s’écarte pour saisir une pelle et se dirige vers un crottin avant de se figer sur place. Elle se retourne, le visage radieux. Oh j’ai oublié de t’annoncer quelque chose de formidable! Dar, on attend un petit! A cette annonce, les yeux de Mathilde se mettent à pétiller d’excitation. La nouvelle lui a été confirmée par un spécialiste en la matière. C’est pour l’été prochain! Un rapide calcul permettra à Darius de comprendre qu’elle ne parle pas d’elle mais bien de Marguerite. Néanmoins, Mathilde se sent tout à coup obligée de le préciser, pour éviter toute méprise. Un petit poulain pour l’été, c’est merveilleux non? Et soudain, alors qu’elle regarde Darius, Mathilde se demande ce qu’il adviendrait d’eux si Serus décidait de leur jouer un drôle de tour en laissant croître un petit dans le ventre de la fermière.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyMer 18 Mar 2020 - 23:52

Darius répond à Mathilde d'un vague « Mh », puis la suit en jetant un autre coup d'œil en direction du chemin. Peut-être les frères Dufour se sont-ils inventé une histoire, peut-être ont-ils raison d'avoir peur. C'est la période des récoltes et les bandits – comme lui - sont de plus en plus nombreux à guetter les convois, qu'ils soient terrestres ou marins. S'il ne faut pas non plus céder à la paranoïa, il n'est pas mauvais de faire preuve d'une prudence accrue.

Darius passe la porte de la vieille grange en compagnie de Mathilde. Celle-ci lui désigne un petit coffre, qu'il ouvre pour en étudier les outils. En écoutant son amante, il regarde outils accrochés au mur, mais renonce à les apporter pour l'instant, car il ne croit pas en avoir besoin. La réparation de l'armoire devrait être simple – il pense que les gonds sont mal fixés – et celle du sommier ne devrait pas être bien plus compliquée. Il est possible qu'il doive remplacer une planche, mais il n'en est pas encore certain. Au cas où, il attrape une planche à peu près de la bonne grandeur adossée contre le mur. Les gars semblent en avoir récupéré quelques-unes pour les réparations mineures. Probablement pour la barrière – et maintenant pour un sommier.

Darius relève la tête vers Mathilde et la regarde un instant.

« Si ça t'inquiète trop, je peux aller voir qui sont ces types quand les frères vont repartir, propose-t-il. On peut aussi abandonner l'idée d'aller à la fête, mais ça serait dommage vu tous les préparatifs que t'as faits. Attendons de voir, ils vont peut-être passer près d'ici bientôt, ou les miliciens les auront peut-être déjà remarqués. Tu vas pouvoir leur demander quand ils vont faire leur tournée. Sinon, on trouvera une solution. On appâtera Isak avec un gâteau aux pommes pour qu'il accepte de venir surveiller tes terres pendant qu'on s'amuse. »

Darius sourit un brin moqueusement à Mathilde, puis reporte son attention sur les outils. Il ne s'inquiète pas outre-mesure. S'il y a un problème, il y a une solution.

Se disant qu'il semble avoir tout ce qu'on il aura besoin dans le petit coffre, Darius le referme et s'en saisit pour l'apporter avec lui. Il remarque alors que Mathilde l'observe avec attention et il la questionne du regard. Ses paroles lui tirent un sourire en coin. Elle a raison : elle n'aura sans doute plus l'occasion de monter à bord du bateau et de vivre ce quotidien avec lui. Et elle regrette de ne pas avoir assez eu accès à cet aspect de sa vie qui ne définit plus que n'importe quel autre. Lui a la chance de pouvoir la voir dans son élément dès qu'il met les pieds à la ferme. C'est injuste, mais c'est, selon lui, mieux ainsi. Sa vie de capitaine, de pirate peut être dure, violente, cruelle. Et dur, violent, cruel, il peut l'être aussi. Si elle passait trop de temps à bord avec lui, Darius sait qu'elle ne le regarderait plus de la même manière. À force, elle finirait peut-être pas ne plus l'aimer de la même manière non plus. Il vaut mieux que les deux mondes restent séparés.

« Et tu le serais sûrement lors d'autres traversées, belle fermière, dit-il en faisant quelques pas pour la rejoindre. T'as pas trop le pied marin, même si t'as un certain talent pour tirer les cordages. »

Darius sourit avec amusement, une pointe d'affection dans le regard. Il regrette un peu de ne pas avoir l'occasion de la voir s'activer de nouveau parmi ses hommes. Si la place d'une femme n'est pas sur un navire, il considère que Mathilde Dumas a sa place partout.

« On retournera sur les flots, toi et moi, annonce-t-il. Ma nature de marin reprend le dessus dès que les possibilités de la mer s'ouvrent à moi, peu importe la façon. Tu verras. »

Sur ces paroles, Darius quitte la grange en compagnie de Mathilde pour se diriger de nouveau vers la chaumière. Il acquiesce quand elle indique vouloir nettoyer les bêtises de Marguerite et esquisse le mouvement de répondre à son baiser... avant de plisser le nez. Bon sang. Les frères Dufour hors de vue, la ferme paraît tellement vide qu'il n'a pas fait attention non plus. Tout vient si naturellement avec Mathilde. Un jour, ils vont se donner un baiser rapide devant des gens sans même le réaliser. Ils vont se faire prendre. Ce n'est qu'une question de temps. Et c'est là que les problèmes risquent de véritablement commencer. Enfin, si on découvre qu'il n'est pas réellement Dartagnan, marin presque honnête qui profite de la Fange pour rouler tranquillement sa bosse à prix fort. Il espère que ça, ce n'est pas qu'une question de temps, que le moment où il ne pourra plus mettre le pieds à la ferme sans causer du tort à Mathilde ne viendra jamais.

« J'aurai sûrement ma part des responsabilité là-dedans, mais c'est vrai qu'on a déjà
établi que tu es un sujet de conversation aussi inépuisable que passionnant ici »
, ricane-t-il.

Puisque les Dufour ne sont pas là et qu'ils n'ont pas de témoins, Darius vole un baiser à Mathilde avant de faire quelques pas direction de la chaumière. Lorsqu'elle l'interpelle, il se retourne lentement, l'air interrogateur. Dar, on attend un petit! Le pirate se fige, interloqué, mais étrangement calme. A-t-il... bien entendu? Ce doit être une blague, elle ne lui dirait pas ça comme ça et elle est infertile. Supposément. À moins que... C'est pour l'été prochain! Il fait un rapide calcul mental. Début de l'été? Plutôt fin du printemps... Elle semble étonnamment ravie, insouciante des difficultés qui se dressent devant elle et... Un petit poulain pour l'été, c'est merveilleux, non? Il recommence à respirer. Marguerite. C'est Marguerite qui attend un petit. Le monde se remet à tourner à peu près normalement.

« Un poulain, répète-t-il en souriant finalement en coin. Je vais m'assurer de transmettre mes félicitations à la future mère, histoire qu'elle me fasse pas la gueule. J'ai hâte de voir ça. »

L'été prochain, c'est encore loin, mais il a visiblement toutes les intentions du monde d'être là. Son coffre à outils à la main, il disparaît dans la chaumière, prêt à s'attaquer à cette porte d'armoire bien trop difficile à ouvrir pour sa belle fermière, qui risque de se blesser un jour en se battant avec elle.

Plusieurs minutes plus tard, alors que le pirate joue à l'homme à tout faire, les miliciens apparaissent au bout du chemin. S'ils envoient la main à Mathilde en l'apercevant, ils descendent tout de même pour se rendre près de la barrière. Émilien, l'un des miliciens qui était de passage lors de la dernière visite de Darius, est accompagné d'un autre guerrier d'expérience.

« Bonjour, Madame Dumas, salue-t-il en balayant les alentours des yeux. Tout va bien ici? Un fermier du coin nous a dit qu'il a vu un groupe d'individus louches sur la route. On les cherche pour voir de quoi il en retourne. Vous les avez vus? »

À l'intérieur, Darius redescend l'échelle. Tout comme l'armoire, le sommier a été assez rapide à réparer – il s'est contenté de remplacer la planche et de solidifier les autres. Les draps, qui ont un peu souffert de son intervention, sont désormais poussiéreux et doivent être changés. Après avoir franchi le dernier barreau de l'échelle, Darius regarde la pièce. Mathilde doit assurément ranger les draps quelque part ici. Il pourrait au moins les monter. Il ouvre un coffre, le fouille, puis passe à l'autre et fait pareil. Des vêtements de femme, mais aussi des vêtements d'homme. Pas de draps, à moins qu'ils soient au fond. Il plonge de nouveau. Sa main tombe sur un objet inusité, une petite poupée de chiffon. Sans s'expliquer pourquoi, Darius se redresse et la sort. Elle doit être à Mathilde... Peut-être l'a-t-elle gardée par nostalgie. Peut-être l'a-t-elle conservée pour la donner à la fille qu'elle pensait un jour avoir. Une image fugace traverse l'esprit de Darius : une petite fille qui traîne sa poupée de chiffon partout, au point où sa mère doit la nettoyer pratiquement tous les jours. Sa petite fille. Annelise.

Un bruit derrière lui. La poupée à la main, Darius sursaute légèrement avant de se retourner vers Mathilde.

« Je cherchais des draps, explique-t-il après un instant de battement étrange. J'ai sali ceux en haut. Enfin, c'est juste de la poussière, mais quand même. »

Lentement, il redépose la poupée dans le coffre avant de le refermer.

« T'en as ici? », demande-t-il.
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MessageSujet: Re: Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius]   Heureux ceux qui ont un refuge [pv Darius] EmptyJeu 19 Mar 2020 - 4:03
Lorsque Darius propose d'aller voir par lui-même si des brigands attendent sagement que la voie soit libre, Mathilde refuse d'un geste de la tête. Elle aimerait, pour une fois, qu'il n'ait pas d'emmerdes lorsqu'ils se voient. Il faut dire qu'ils partagent cette facilité à les attirer, les emmerdes. C'est l'un de leurs rares points communs, en fait. Attendons de voir... Oui, c'est ce qu'il y a de plus sage. La fête n'est pas pour tout de suite, ils ont le temps de voir arriver la milice et d'aviser selon leurs informations. Mathilde rit à l'idée d'appâter Isak avec un gâteau aux pommes. Cette proposition saugrenue a le mérite de lui indiquer que le cousin de Darius a apprécié son gâteau, suffisamment que pour qu'il en devienne un appât. Dans la liste des choses à faire, acheter la sympathie du cousin par l'estomac, c'est fait. Et vive l'esprit de famille!

Lorsqu'elle aborde le sujet de la mer, Mathilde ne songe pas à la violence qui peut surgir dans le quotidien des pirates. Elle sait qu'il la tient loin de ses activités pour ne pas la mêler à des histoires illégales, même si le simple fait de l'accueillir -et pire, de l'aimer-, pourrait la conduire à l'échafaud, mais elle songe plutôt à sa vie de marin écumant la mer entre deux escales sur des îles paisibles. Ce matin, Mathilde n'est pas tout à fait pragmatique... elle idéalise un peu la vie de Darius, même si elle n'a pas oublié sa façon de rosser ceux qui s'en prennent à elle. T'as un certain talent pour tirer les cordages. La fermière sourit. C'est un doux compliment de la part d'un homme qui a fait ça toute sa vie. On retournera sur les flots, toi et moi. Elle en prend bonne note. Elle sait qu'il ne le dit pas en l'air et que c'est un engagement qu'il prend.

Mathilde laisse Darius s'occuper des petites missions qu'il s'est données dans la maison et ramasse le crottin de la fougueuse Marguerite, bien plus tranquille depuis quelques semaines. Le sait-elle? Sans doute. La fermière regarde le tas qui s'accumule dans un coin de la cour. Au printemps, il sera répandu dans le nouveau champ pour engraisser un peu plus la terre. Un nouveau champs. Ça aussi, c'est une grande nouvelle pour la ferme. C'est un sacré défi, mais elle et les gars le relèveront haut la main, elle en est convaincue.

Mathilde se débarbouille au puits lorsque les miliciens approchent de la ferme. Elle leur envoie la main et part à leur rencontre pour les retrouver à la barrière.

- Le bonjour!
- Bonjour, Madame Dumas. Tout va bien ici? Un fermier du coin nous a dit qu'il a vu un groupe d'individus louches sur la route. On les cherche pour voir de quoi il en retourne. Vous les avez vus?
Mathilde secoue la tête. Non mais les frères Dufour ont croisé des hommes sur le chemin, des hommes qui leur ont demandé s'ils avaient oublié leurs provisions. Ils pensent qu'ils vont les attendre pour récupérer les sacs de grains qu'ils sont en train de remplir dans la grange. A moins qu'ils n'attendent leur départ pour m'attaquer moi.
- On peut leur parler, aux deux frères? Ils auront sans doute des informations qui vont nous aider à tranquilliser la zone.
- Bien sûr, répond-t-elle en désignant la grange. Ils sont dans le grenier, ils ont laissé sécher leur grain, bien au sec. Je vous avoue que je serais vraiment rassurée de pouvoir m'absenter sans craindre de retrouver ma chaumière à sac.
- Ça fait partie des risques, m'dame. Faut pas partir, si vous voulez pas vous faire voler. D'ailleurs même si vous êtes là, ça s'peut que ça arrive.

Mathilde songe qu'Émilien manque cruellement de délicatesse, d'empathie et de bon sens. Elle le regarde sans doute un peu froidement, parce que son collègue intervient.

- Ce qu'il veut dire, c'est qu'on peut pas être partout, mais qu'on va faire notre possible pour sécuriser le coin avant midi. Hein Émilien? L'homme donne un coup de coude à son collègue et lui fait signe de le suivre. Tous deux prennent la direction de la grange où se trouvent les Dufour.

Mathilde lève les yeux au ciel et tourne les talons. Elle songe qu'en dissimulant la trappe correctement, il ne devrait pas y avoir de drame. De toute façon, personne ne cherche une trappe dans sa chaumière, parce qu'il est totalement improbable que la modeste demeure soit dotée d'une cave, pourtant creusée par le grand-père de Mathilde, dont la seule préoccupation était de permettre à ses trois enfants restant de survivre aux hivers rigoureux. L'histoire de cette drôle d'idée ne s'était pas ébruitée, mais Nicomède avait mené à bien son projet et avait stocké assez de vivres, chaque automne, pour permettre à sa famille de ne plus souffrir de la faim.

Mathilde entre dans la chaumière, dépose arc et carquois sans trop chercher la discrétion, et cherche Darius du regard. Elle se laisse guider par les bruits de son amant qu'elle trouve, dans la pièce voisine, en train de fouiller les coffres. Il en sort un objet... elle sourit. Eugénie, la poupée de sa mère. Autre tradition familiale, celle de passer, de mère en fille, un objet de l'enfance, pour que les femmes du passé veillent sur la petite qui grandit en câlinant ce tas de chiffons. Un fantôme du passé... murmure-t-elle. Darius sursaute, il paraît troublé. Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. Et si cette phrase, en temps normal, aurait pu déclencher une avalanche de moqueries au sujet de la terrible fermière qui effraye le doux pirate, rien ne se passe. Darius s'explique, il cherche des draps pour le lit, les autres ont pris la poussière à cause de son travail. C'est pas grave, je les range dans le coffre d'à côté. Je m'en occuperai, c'est pas à toi de faire ça. Elle s'abstient de jouer à le gronder. Il flotte tout à coup une drôle d'atmosphère qu'elle aimerait chasser d'une boutade, mais quelque chose la retient. Darius a rangé la poupée.

- C'est Eugénie dit-elle en désignant le coffre maintenant fermé d'un mouvement de menton. Mon arrière-grand-mère l'a fabriquée alors qu'elle attendait sa première fille. Il parait qu'elle était convaincue que ça serait une fille, et que ça lui a valu des disputes avec son mari qui disait qu'une fille sur une ferme c'était bon à rien. Serus lui en a donné sept. Et un seul garçon. Mathilde rit. Il ne faut pas contrarier les dieux en méprisant leurs créatures. Mon arrière-grand-mère l'a donc offerte à sa fille, qui l'a offerte à sa première fille, qui l'a offerte à Marianne, l'aînée de mes soeurs. Elle est morte avant d'avoir l'âge d'être mère. Elle me l'a donnée en me disant qu'elle veillerait sur moi, tant et aussi longtemps que je garderais Eugénie. J'ai traîné ce tas de tissus jusqu'à Usson, quand la Fange a envahi le Labret. J'ai tout laissé ici sauf Eugénie. Je l'ai rangée quand j'ai compris que je ne pourrais pas la transmettre à une petite fille aux cheveux fous, aux joues rosées et au sourire édenté.

Elle hausse les épaules. Les dieux semblent en avoir décidé ainsi, même si elle espère qu'ils changent d'avis un jour. Elle prie en ce sens. Mathilde regarde Darius et lui sourit. Je crois que je t'ai assez observé que pour pouvoir te dire que tu fais toujours cette tête quand un souvenir se présente à toi. Tu me le partages, cette fois, ou tu le laisses dans le coffre avec cette brave Eugénie? Elle mériterait vraiment que je lui trouve une place de choix, si ça se trouve c'est grâce à elle et aux femmes qui l'ont aimée que je suis une célébrité.

La dernière phrase est prononcée sur un ton plus léger, comme si elle laissait la possibilité à Darius de ne pas aborder ce qui le trouble. Mathilde le regarde, un sourire tendre aux lèvres. La ferme grouille d'étrangers et peut-être que l'enfer s'abat sur la grange, mais elle n'y songe pas. Dans la pièce mal éclairée, où les coffres renferment les secrets du passé, tout ce qui est extérieur au lien a disparu.
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