Bonjour messire Esméra ![PV Esméra]

La jolie baronne ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel, tout en esquissant un sourire moqueur.

- Alexandre, vous serez assez aimable, j’espère, de ne pas songer un instant à aérer votre matériel en ma présence. Par pitié, ne bougez plus. J’entends d’ici les coutures céder.

Elle le regarde enfin, laisse passer une longue seconde puis se laisse aller contre le dossier de sa chaise avant de partir dans un fou rire inextinguible. La porte dans le fond de la pièce vient de s’ouvrir en toute discrétion mais Esméra fait un signe de la main. Sophie approche et évite de croiser le regard du Vicomte, gardant une retenue bien différente de sa maîtresse qui hoquète littéralement de rire, essuyant ses yeux avec le coin d’un petit mouchoir blanc d’une délicatesse exquise.

- Sophie, ma chère, pouvez-vous demander à Etienne de préparer le nécessaire afin que notre invité puisse revêtir des habits plus dignes de lui, s’il vous plaît ?

La suivante de la baronne se redresse et regarde le vicomte d’un air tout à fait sérieux, avant d’objecter :

- Monseigneur est plus grand que votre garde. Êtes-vous sûre que…
- Allez-y Sophie. Alexandre ne résistera pas longtemps à l’appel d’une chemise d’homme et d’un pantalon.

Sophie esquisse à son tour un sourire avant de saluer et de sortir, rapidement. Esméra, elle, dépose son verre sur la petite table, avant de croiser ses mains sur ses genoux, les yeux brillant de joie. On peut dire que le Vicomte a au moins fait rire la baronne, ce qui n’est pas chose aisée. Avec son goût pour l’irrévérence et l‘attitude pompeuse de ses voisins, elle a parfois l’impression d’être une créature venue d’un autre monde, avec des principes et une façon de penser qui n’appartiennent qu’à elle.

- Il y a parfois des batailles qu’on ne peut gagner Alexandre. Et croyez-moi quand je vous dis que vous serez terrassé et vaincu par un morceau de velours noir. Que se passera-t-il quand le dernier ourlet rendra l’âme ? Vous tenez donc vraiment à ne laisser aucune place à mon imagination, Monseigneur ?

Elle a repris un peu de cette attitude douce et gentille qui la caractérise quand elle se trouve parmi ses pairs. Elle entend du bruit à l’étage, signe qu’Etienne est en train de fouiller dans son coffre à la recherche de quelque chose qui pourra convenir au Vicomte. En attendant, Esméra, elle, darde un regard ardent sur son étrange invité, avant de dire :

- Quel curieux homme vous faites, Alexandre. N’importe quel autre de vos pairs m’aurait publiquement blâmée pour mon geste, pour mon comportement et mon excentricité. Et vous…Vous y répondez. Pire, vous surenchérissez en vous promenant publiquement travesti et pas de la plus élégante des manières qui plus est.

Esméra hoche un instant la tête et l’observe, un doux sourire aux lèvres, intriguée par cet homme étrange qu’elle a rencontré au Temple, lors d’un échange houleux. Il ne fait aucun doute que désormais cet échange a signé le début d’autre chose, une espèce de relation basée sur un respect diffus, mais tangible. Quelque chose d’inhabituel pour elle, en fait.

- Pourquoi êtes-vous venu ici, vêtu de cette façon ? Que cherchez-vous à me montrer ?