Marbrume


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 La Dame et le Pèlerin

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Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



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MessageSujet: La Dame et le Pèlerin   La Dame et le Pèlerin EmptyMer 4 Mar 2020 - 1:30
Un jour de l'automne 1166.

La bise d'automne caressa mon visage, j'ouvris les yeux et contemplai un plafond blanc décoré de gravure simple mais distinguée. Je me redressais de la banquette sur laquelle je m'étais assoupi.
Une bonne moitié de l'après-midi a dû être passée mais qu'importe. Je n'ai plus ardemment pensé à la fange depuis que je suis arrivé ici, cette quiétude est si doucereuse.

Ulys était niché sur le rebord de la fenêtre. Il m'observait attendant patiemment que je lui envoie sa carne favorite. Son regard m'appelait. Je me levai pour me regarder dans le miroir de la salle. J'avais le visage marqué par la trace de mon bras, ce qui explique pourquoi celui-ci était engourdi.
Isabelle entra dans la salle visiblement surprise de me voir debout :
« La paresse aurait elle réussi à se débarrasser de toi ? »
Je souris, cette remarque si froide était chaleureuse venant de sa part.
« Il faut bien que quelqu'un le nourrisse »
Je sifflai alors que j'arrivai à la fenêtre Ulys prit son envole et attendit son repas. Je sortis un morceau de venaison de ma besace posée sur l'appui d'un fauteuil. J'entrepris d'en lancer un bout puis un autre, Isabelle me demanda comment s'était passé la tentative d’apprivoisement du faucon que j'avais croisé pour la première fois dans les jardins de l'esplanade.

---
Hier – après-midi

Mon long gant enfilé je me rendis dans les jardins de l'esplanade, le soleil commençait à disparaître à l'horizon. Je croisai encore quelques mondains surpris de me voir avec un tel accessoire. Je m’entêtais à vouloir attraper ce rapace : Mais que faisait-il ici ? Point de fauconnerie n'officie à Marbrume que je sache ! Et pourtant il y a plus d'un mois j'ai remarqué la présence d'un beau Pèlerin qui rôdait vers les jardins, il avait quelque chose d'enroulé autour d'une patte. Personne n'y prêtait attention, les nobles d'ici son trop fière pour lever la tête. Ils préfèrent regarder en bas et se pavaner à l'égard des petites gens.

J'émis un sifflement identique à celui que je fais quand j'appelle Ulys pour l'amadouer avec des abats. Au début il n'en avait cure mais au fil des semaines il s’intéressa à ce bruit aigu à la suite duquel de la nourriture jaillie en hauteur.

Comme la dernière fois, il se montra distant mais attentif à mes gestes et intercepta un bout de viande en plein vol. C'est un bon début. Vint ensuite un deuxième puis un troisième morceau. Le quatrième je le tenais fermement en main et l'agitais pour le faire venir. Une dizaine de minute plus tard le faucon descendit sans prévenir. À ma grande surprise il se posa et m'arracha le morceau des doigts. À peine ai je eu le temps de tendre le bras qu'il s'envola. Une fois encore je ne réussi pas à l'attraper.
---

« Il s'est posé sur ma main et est reparti aussitôt. Mais j'ai peut être quelque chose qui pourra nous en apprendre plus sur lui » Je fis signe de la main à Isabelle en direction de la table basse sur laquelle était posé un petit linge avec un symbole dessus.
« Il avait ceci enroulé autour des serres. »
Isabelle prit le tissu et le regarda perplexe :
«  À qui appartient cet écu ? »
« Je n'en suis pas certaine » Finissais je en reposant mon carnier.
« Te souviens tu de cette famille qui avait fait l'objet d'une arrestation sommaire non loin d'ici ? »
« Celle là même dont la condamnation avait fait rugir de rage Balian tant cette dernière était jouée ? »
« Celle là même. »
« Oui, mais cela fait maintenant plus d'un an. Je n'y est pas assisté longtemps, j'ai préféré raccompagner Balian pour éventuellement éviter un homicide ou deux. Il à beau être sanguin, ce jour là l'acrimonie était son credo. »
"Par ordre de Son Excellence le Duc Sigfroi de Sylvrur, Seigneur béni de Morgestanc, Renaud de Sombrelune, ex-baron de Sombrelune, est reconnu hérétique, et condamné à être brûlé sur le bûcher jusqu'à ce que mort s'ensuive, ainsi que son fils Alaric de Sombrelune."
« Il y avait de quoi s'indigner. Comment une telle sentence a pu être prononcé aussi rapidement ? Mais passons, là n'est pas la question. »

Les souvenirs me reviennent au fur et à mesure que la discussion persiste.
J'eus à peine le temps de remarqué les armes sur leur vêtements que les flammes montèrent les privant à jamais de leur existence. je sens encore la chaleur infernale de cette funeste scène sur mon visage et les cris... J'en frissonne encore, c'était à en perdre la raison. Les gens n'avaient qu'un mot à la bouche : hérétique. Ils s'en donnaient à cœur joie et le scandait avec ardeur.
Quand les dernières flammes étouffèrent, une odeur de bois mêlée aux restes rôtis des deux malheureux émanait des cendres. J'aurai presque pu trouver cela appétissant si je ne savais pas que de la chaire humaine me titillait les narines, et lorsque j'eus cette pensé un haut-le-cœur faillit m'emporter. Un silence lourd venait de s'abattre soudainement, puis j'entendis comme un caillou tomber par terre suivi de cris houleux.
''Sale chienne d'hérétique !''
''Ils auraient dû te faire brûler aussi !''

Je vis une grande jeune fille au visage fendu par le chagrin, le regard hagard. Elle s'enfuit lorsque les jets de pierres se furent de plus en plus nombreux.
« Je pense que c'est l'armoirie de la même maison noble. Savais tu qu'une jeune femme avait été lapidé après l'exécution ? Avec un peu de chance c'était plus qu'une simple fille de maison... Même si la chance n'a rien à voir ici. »
« Crois tu qu'il s'agisse d'une Sombrelune ? »
« Et si tel était le cas, la retrouvé serait moins probable que de débusquer un fangieu dans les bas-quartiers... Nous ignorons jusqu'à sa survie. »

Une année, si ce n'est davantage, s'était écoulée depuis cette triste histoire, était elle seulement vivante ? Réside t elle toujours à Marbrume ? Mordienne de fange ! Il n'y a pas trente-six solution pour le savoir :
« Nous allons afficher des lettres dans la ville. »
Isabelle fut aussi surprise que moi lorsque je m'entendis prononcer ces mots.
« Ne me regarde pas comme une poule ! J'ai bien conscience que nous ne disposons pas d'une armée de copistes. Quelques affiches suffiront, le blason simplifié des Sombrelune sur les trois quarts de la page et en bas une invitation à se présenter ici pour récupérer le faucon. Les lettres seront disposées aux points de passage clés de la ville : La porte de l'Esplanade, la place des pendus, l'entrée de la caserne et aux deux croisements entre le Bourg-Levant/le Quartier de la milice/le Goulot. »
« Cinq pauvres lettres, autant les envoyer par la fenêtre le résultat sera égal. »
« As tu une autre solution Isabelle ? Je sais pertinemment qu'il s'agira probablement d'un coup d'épée dans l'eau. » Je m'empressais de prendre cinq feuilles de lettre et commençais la copie du symbole marqué sur le linge sur une bonne partie de la page. En dessous y figure les mots suivants :

Un Faucon mendia du couchant à l'aurore,
Dans les beaux jardins des grandes gens d'alors,
Si par bonheur il vous appartient ce Faucon,
Venez donc prier au refuge d'Ascalon.


« J'ignore le temps que cela prendra, mais un jour nous saurons... Ou pas. »
« Tu oublis que le peuple ne sait pas lire, personne n'y prêtera la moindre attention. »
« Ces messages ne sont pas destinés au peuple,si elle est vraiment noble elle aura apprit à lire. Si nous faisons circuler cette annonce par les crieurs ou les rumeurs, nous risquerions de faire face également à des accusations d'hérésie. La maison des Sombrelune a été déchue et est considérée comme hérétique dans la pensé collective et cela même un an plus tard. Je ne prendrais pas un tel risque. »
« Et que fais tu des nobles ? Ceux qui auraient, si tel est le cas, conspiré contre eux pourraient le lire. Eux pourront nous nuire davantage qu'une foule de paysan. »
Prise dans mon élan, j'ai omis de compter ce risque. Pour l'heure, je n'ai pas d'autres solutions. J'étais résiliée à la retrouver même si cette méthode n'était que trop hasardeuse. Nous pourrions en profiter pour lui proposer notre aide pour découvrir qui se cache derrière cette machination, car cela en est une j'en suis persuadée.
« Qu'il en soit ainsi. »
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: La Dame et le Pèlerin   La Dame et le Pèlerin EmptyVen 6 Mar 2020 - 15:26
Note : cet rp est rédigé du point de vue de Gwendal.

Cette journée était une mauvaise journée.
Déjà, il avait plu mille cordes toute la matinée alors que Gwendal se devait d'accompagner les chevaliers à divers tâches au sein de la cité. Ce qui l'avait mis de très mauvaise humeur.
Ensuite, sa toute jeune épouse, Alyse, se plaignait régulièrement de la froideur de son mari, tentant l'impossible pour le séduire. Plaisir de la conversation, promenades dans les jardins de l'esplanade, dîners en tête à tête... Sans comprendre pourquoi le coeur du jeune homme restait obstinément fermé à ses charmes.
Une année ne s'était pas écoulée avant qu'il ne doive fermer ses blessures avec le tison des obligations. Mais cela ne les empêchait guère de se rouvrir.
Clervie...
Il revoyait encore son visage hagard, perdu, alors que son vieux frère d'armes Alaric brûlait comme une torche vivante sur son bois. La pire journée de sa vie. Il avait voulu se jeter à son secours, mais son père l'en avait empêché de toute ses forces, et il avait vu Clervie emportée, écharpée par la foule... Sa Clervie ! Etait-il seulement digne d'être chevalier après avoir échoué à protéger celle à qui il avait juré foi et amour ? Clervie avait dû être violée, battue, lapidée ! Il ne voulait même pas imaginé quelle fin avait dû l'attendre.
Ces pensées avaient hanté son esprit durant des mois. Des mois. Des mois pendant lesquels il avait essayé d'en savoir plus sur les accusations portées sur Renaud et Alaric, que Balian d'Ascalon, le Comte de la Vire, avait qualifié de "fallacieuses" et d' "absolument scandaleuses". Il avait failli presque tiré son épée le jour de l'exécution, mais sa soeur, la sage Dame Isabelle, l'en avait dissuadé. En bons étrangers qu'ils étaient, les Ascalon avaient mis du temps à comprendre la haine de la population de Marbrume pour les hérétiques. Ce qui ne les avait pas empêché de trouver le procès beaucoup trop expéditif. Ce qui était également l'avis de Gwendal et de certains autres nobles de l'esplanade, bien qu'évidemment, on évitât de prononcer publiquement le nom de la maison désormais honnie.
Et soudain, dans cette journée maussade, le coeur de Gwendal avait fait un bon, car un espoir avait brutalement rejailli. La Dame Morrigane avait en effet fait placarder en ville une affiche pour annoncer avoir retrouvé un faucon perdu avec l'écu des Sombrelune. Onyx ! Le faucon d'Alaric et de Clervie ! Si l'animal était resté aussi près de l'esplanade et cherchait encore Clervie, se pouvait-il qu'elle fût vivante ?
Se pouvait-il...?
Par la Sainte Trinité ! Ma Clervie...

Ce fut pour cela qu'il se hâta le soir-même de gravir les hauteurs de l'esplanade en direction de la demeure du Comte de la Vire. Certes, il aurait dû se faire annoncer, mais il n'en pouvait plus d'impatience. L'affiche remontait déjà à quelques semaines. Si Clervie était vivante, elle s'était sûrement manifestée. Elle tenait à Onyx comme à la prunelle de ses yeux. Gwendal avait toujours trouvé Alaric et Clervie un peu... excentriques à ce niveau. Prêter à des animaux les mêmes émotions que les humains ? Quelle foutaise. Ce n'était pas parce qu'un chien ou un chat se montrait câlin qu'il fallait le traiter comme s'il était un membre de la famille.

Le domestique qui lui ouvrit lui expliqua que Dame Morrigane était occupée. Gwendal sentit la fureur bouillir en lui.

- Peu importe ! Dîtes-lui qu'il s'agit d'une affaire de la plus haute importance !
- Peu importe, Messire. L'affaire que traite Dame Morrigane est également de la plus haute importance, croyez-vous donc qu'elle s'abaisse à s'occuper de fadaises comme la plupart de vos femmes ? Elle a demandé à n'être dérangée sous aucun prétexte.
- Peu m'importe ! s'écria Gwendal d'une voix forte. Je ferai le pied de grue s'il le faut, mais je lui parlerai et dès ce soir ! Après ce qu'elle vient de faire, elle ne peut point s'attendre à ce que...

A ce moment là, on entendit le pas de Morrigane dans le couloir. Et une voix forte s'exclamer :

"Le diable en personne ne s'autoriserait un tel raffut à une heure pareil, damné soit l'âme de ce misérable !"
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Morrigane d'AscalonComtesse
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MessageSujet: Re: La Dame et le Pèlerin   La Dame et le Pèlerin EmptyLun 9 Mar 2020 - 1:39
Nous nous remémorâmes avec mon frère les années belles que nous passâmes dans ce que j'aimais appeler "le Comté des vertes vallées". Ses souvenirs m'attendrirent l'espace d'un instant profitant d'un temps de quiétude avec Balian au coin du feu. Dans la salle étaient installé à la table Ser Gregor et trois autres nobles de la Vire qui jouaient aux cartes. Bérénice, Isaure et Éliane étaient déjà dans leur chambres probablement en train de jouer à un jeu de dé. Nous nous levâmes tout les deux pour aller leur souhaiter une agréable nuitée. À peine nous fûmes à l'entrée des escaliers de l'étage qu'un vacarme abasourdissant se fit subitement entendre comme si il était là depuis toujours et que nous venions de nous en rendre compte. Je regardais Balian qui de son regard m'interrogeait aussi. Je lui fis un signe de tête l'assurant que je m'en occupais et il s'empressa d'aller à l'étage rejoindre nos jeunes sœurs, immanquablement apeurées par cet idiot qui braillait à réveiller les morts. J'arrivais à la porte de la salle et vis les quatre joueurs inertes, personne ne savait ce qu'il se passait. Quelques secondes de stupéfaction plus tard ils réagirent d'un seul trait envoyant les assises valdinguer à terre, me voyant les immoler du regard. Les champions tirèrent leur épées et me suivirent sans dire de verbe. Peu importe la raison de ce barouf, si il voulait une entrevue il allait être exaucé :
« Le diable en personne ne s'autoriserait un tel raffut à une heure pareille, damnée soit l'âme de ce misérable ! »

Arrivant aux portes du manoir le domestique s'écarta du passage soulagé de nous voir.
« Noble Dame ce gentilhomme ne veut pas entendre raison. »
Ser Gregor passa devant et fit reculer l'importun de plusieurs pas par un geste d'estoc, dehors les trois autres preux encerclèrent l'inconnu vêtu semble t il à la mode mondaine :
« C'est ainsi que se porte l'éducation de la noblesse dans cette cité ? Ah vous êtes fier de parader à la cour ! Mais ici vous n'y êtes point. Où est donc votre éther dominant ? » À ces mots un des chevaliers, par le plat de sa lame, lui assena un coup dans le creux de la jambe qui le fit se prosterner les deux genoux au sol.
« Vous vouliez me rencontrer ? Et bien me voici, j'espère que ce dont vous avez à m'entretenir est à la hauteur de votre acharnement, faute de quoi votre arrogance vous coûtera cher. »
Ses yeux étaient perdus, son assurance s'était vaporiser et son entêtement avait laissé sa place à une docilité navrante. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'un sac en tissu foncé et épais lui couvrit le visage étouffant un sursaut. Je remerciais le domestique et lui fit signe qu'il pouvait retourner à ses occupations.

Je me doutais qu'il venait pour les affiches posées il y a des semaines de cela dans la ville, je me devais cependant de savoir qui réellement souhaitait me voir et si il s'agissait bien de cette affaire. Pour cette raison il me fallait prendre toute les précautions nécessaires. Il était inconcevable de mettre la vie des miens en péril hasardeusement. Je descendais au sous-sol, les talons de mes bottes claquants sur les marches de pierre, les quelques torches allumés suffisaient amplement d'autant plus que mon invité n'avait pas besoin de lumière. Il était assis au milieu de la pièce solidement cordé à une chaise en bois massif. Il tremblait probablement de froid, l'attente dans l'humidité de la cave ne devait pas être très plaisante je lui concède, à peine quelques minutes seulement s'étaient écoulées depuis son arrivée houleuse devant la résidence. Sa tête toujours couverte, il était facile de deviner qu'il la tournait en suivant mes bruits de pas. Je me déplaçais lentement autour de lui et pris une voix gracieuse :
« Et bien, votre frénésie se serait elle dérobée ? Ou est le fougueux bourgeois qui s'enhardissait jusqu'à me rencontrer ? »

J'arrivais derrière lui, je pris un clou de menuiserie se trouvant sur un établi à portée de bras et le fit clinquer sur divers outils posés ici et là. Il réagit aux tintements mais n'osait guère articuler.
« Je n'ai pas de temps à perdre, vos paroles vont devoir être courtes et pertinentes au risque d'avoir à vous... » je rapprochais ma bouche de son oreille et passais la pointe du clou le long de sa tempe « ...trancher la langue. » Je repris ma démarche lente et ma voix courante. « C'est la moindre des choses non, tout gentilhomme se doit de savoir que déranger une Dame à une heure aussi tardive à un prix. » je l'observais silencieusement, pensant à ce rendez-vous sur le chemin de ronde.

Après lui avoir laissé un court instant de réflexion, je lançais le clou sur l'établi derrière lui et repris ma démarche pour un nouveau tour :
« Cependant une question me taraude, il existe des multiples moyens de demander audience sur-le-champs. Pourquoi en faire fi ? Cette négligence vous cause bien des efforts. »
Je me plaçais à nouveau derrière lui, empoignant brusquement ses épaules :
« Vous avez suffisamment eu le temps de philosopher, l’instant est au verbe sans vergogne. Ou à la mutilation de votre goût. »
Je retirais mes mains de ses épaules et revins devant lui prestement, j'enlevais le sac épais qui lui enrobait la tête sans prévenir. Je cherchais son regard penchant mon visage au niveau du sien presque nez à nez, d'un coup d'index sous son menton je lui redressais la tête ses yeux dans les miens. :
« Qui êtes vous et que me voulez vous ? »
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MessageSujet: Re: La Dame et le Pèlerin   La Dame et le Pèlerin EmptyMar 10 Mar 2020 - 13:25
Quiconque connaissait les Ascalon aurait pu avertir Gwendal qu'en plus de leur mépris des conventions, il fallait prendre garde à autre chose. En effet, aussi chaleureux et bienveillants qu'ils l'étaient avec leurs amis, ils étaient d'une férocité sans borne contre qui avait le malheur de s'attirer leur courroux. En l'occurence, il avait réussi à froisser la Dame d'Ascalon au point où il ne lui suffirait que d'un petit mot de travers pour que l'on lui tranche un petit quelque chose. Ni une ni deux, le pauvre damoiseau venait en effet de se retrouver encordé comme un banni, un sac de lin sur la tête et traîné dans un lieu particulièrement glacial, alors qu'il s'attendait à être reçu dans un salon privé avec collation et sourire. C'est ce qu'auraient fait la plupart des nobles de l'esplanade en ces circonstances, malgré l'entrée vexatoire de l'impromptu. On ne répliquait pas à l'impolitesse par l'impolitesse, lorsque cela était possible.
Mais la Dame d'Ascalon n'avait guère grandi à l'esplanade, et dans les hautes montagnes d'où elle était originaire, ce genre de petit visiteur nocturne se voyait rappeler une leçon de savoir-vivre adéquate à l'injure. Gwendal avait perturbé la quiétude de sa demeure, et, ce qu'il ignorait, la détente des jeunes soeurs Isaure, Eliane et Bérénice, la prunelle des yeux de Dame Morrigane. Et encore, il avait beaucoup de chance que ce fût elle qui fût descendue et non son volcanique frère, qui aurait bien pu avoir dans l'idée de passer sa rapière dans le corps du comte de Beaumont.

Il était maintenant attaché à une chaise en bois, incapable du moindre mouvement, et un certain effroi l'avait envahi, en même temps qu'une grande colère. La pointe d'un clou courut sur sa tempe tandis qu'elle menaçait de lui trancher la langue et il tressaillit de peur, en même temps que de fureur.

Mais pour qui se prenait cette drôlesse ! Par Anür, ce n'était point une femme, avec un tel caractère ! Pas étonnant qu'elle ne fût guère mariée, qui eût été assez fou pour accepter une telle mégère dans son ménage ?
Et il ne se priva pas d'une remarque sur le sujet, alors qu'elle venait de lui retirer le sac de lin et de lui attraper le menton pour la forcer à le regarder. Les yeux noirs de la jeune femme flambaient de fureur, mais étonnament, elle gardait une certaine allure dans sa colère. Autant de feu dans un aussi petit corps, il y avait de quoi être impressionné, malgré tout. Mais Gwendal était déterminé à ne pas perdre la face.

Et bien, Dame Morrigane, drôle de façon de recevoir les invités, même impromptus. Je suis le comte Gwendal de Beaumont, et si je suis ici, c'est au sujet du faucon que vous avez recueilli. Souhaitez-vous toujours me... trancher la langue ? Ma foi, je vous prierais de n'en rien faire. Voyez-vous, mon épouse lui trouve bon usage, même si celui-ci doit être... complètement inconnu de vous !

Avant que cette remarque grivoise d'une extrême violence ne pousse définitivement son hôtesse à lui faire subir un sort très peu enviable, le jeune homme poursuivit :

Ce faucon se nomme Onyx, et il appartenait à Alaric et Clervie de Sombrelune, les deux enfants du malheureux Baron de Sombrelune, condamné au bûcher pour hérésie avec son fils. Alaric était mon frère d'armes, Clervie ma fiancée avant que je ne me trouve contraint d'épouser Mademoiselle Duchemin. Si Alaric est mort brûlé sous mes yeux, nous n'avons jamais su ce qu'il était advenu de Clervie, en dépit de tous mes efforts pour la trouver. Malgré ce mariage que j'ai contracté, je l'aime toujours, et s'il est une chance qu'elle appartienne toujours à ce monde, je suis décidé à le découvrir... Tout comme vous, semble-t-il, n'est-ce pas ?

Il marqua une pause :

Clervie de Sombrelune fut mon unique amour et même si cela fait presque un an depuis notre brusque séparation, jamais mes sentiments n'ont changé. J'ai porté mon deuil dans le secret, dans l'affliction, alors que mon défunt père m'ordonnait de l'oublier, de ne jamais plus prononcer le nom de cette proscrite. Mais ordonnez au coeur de se taire, il ne vous écoutera pas. J'ai fait tout ce que l'on m'a dit de faire, j'ai pris la suite de mon père lorsqu'il est mort voilà deux mois... Et soudain, je vois ceci ! J'apprends que vous avez retrouvé le faucon et que vous recherchez sa propriétaire ! L'avez-vous donc trouvé, Dame Morrigane ? Est-elle vivante ? En bonne santé ? A-t-elle pensé à moi durant son errance ? Pourquoi ne m'a-t-elle point contacté, si elle vit toujours ? Ne sait-elle pas que je ne songerais jamais à l'abandonner ?

Alors qu'il prononçait ces dernières paroles, ses yeux s'assombrirent soudain. Le chagrin refoulé, le deuil reprenait le dessus. Sa gorge se serra. Quelque soit le sort que lui ferait subir la Dame d'Ascalon, elle ne pourrait point douter de la sincérité de ses paroles. Même s'il était marié, et que partant de là... il n'était même pas en droit de s'enquérir du sort de la Damoiselle de Sombrelune.
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Morrigane d'AscalonComtesse
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MessageSujet: Re: La Dame et le Pèlerin   La Dame et le Pèlerin EmptySam 14 Mar 2020 - 23:04
Il me fallait au moins admettre une chose, il avait de la verve. Pour un noble fraîchement ficeler il ne se décourageait pas, voilà qui faisait plaisir à voir. Son audace laissait transparaître de la sincérité mais également du remord. Et voilà que je me fais faire catherinette ! La pucelle des montagnes hivernelles, j'aurais tout entendu. Ceci dit je ne peux lui en vouloir, bien sotte est celle qui s'attendrait à des galanteries après pareil mise en bouche.
Je replaçais correctement ma pèlerine et esquissais un sourire :
«  Ces paroles viennent du cœur à n'en point douter. Je suis attristée de faire votre connaissance en pareil circonstance, vous auriez du présager que la bienvenue ne vous aurait été accordé après de telles manières. Au cas où vous ne le soupçonneriez point nous ne sommes pas de Marbrumes, et je vous rappel que la maison des Sombrelunes est officiellement déclarée hérétique. Vous comprendrez donc que je veuille resté discrète si ce n'est oubliable, même si visiblement ce concept vous est absent. Cela étant dit, je vous pardonne cette discourtoisie.»

Était il sérieux en affirmant que la Clervie que je suis sur le point de découvrir incarnait son premier amour ? En fin de compte il est peut être lâche malgré ce que j'imaginais ?
« Votre unique amour. Vraiment ? Vous décrier ma défiance, mon honneur et ma vertu, cependant vous voici épousé alors que point le paladin ne vint soulager sa bien-aimée de la foule exaltée. »

J'attendais un instant qu'il réalise bien sa couardise, peut être même comprendra t il que je fus présente. Je sentis ma gorge se serrer par une émotion que je n'ai de cesse de refouler depuis si longtemps :
« Si seulement vous réalisiez l'aisance qui est vôtre, protégé du jugement dernier par de si hautes murailles. Nombreux étaient mes courtisans tous aussi méritants, rares furent ceux qui ravirent mon aphrodite. Mais la fange en décida autrement. Vous avez raison, je ne jouis guère de cette complaisance... Contrairement à votre frousse. »

Un soupir long échappant à mon souffle me rappelait mes obligations. Je devais m'habiller autrement plus discrète pour une ballade sur les remparts.
Je pris une étoffe de fourrure posé juste à coté de l’escalier et m'en alla l'installer sur les épaules comtales. Il était temps de prendre congé.
« Onyx est un bien joli nom, cela en dit long sur l'aplomb de ses maîtres. Il se pourrait que la fortune vous sourit à point Comte de Beaumont. Pour l'heure veuillez m'excuser, il me faut vous quitter le temps d'une promenade. »

Je partais vers la sortie et alors que je posais un pied sur la première marche de l'escalier je m'arrêtais subitement :
« Dites moi ? »
Je tournais l'ensemble tête-épaules vers le noble. Mes yeux devaient briller de désobligeance :
« Si vous teniez si ardemment à cette rosière, le temps vous aurait il encombré de cette ignorance ? »

C'est ainsi que je m'en allais retrouver l'éclat d'un astre trop souvent maudit.
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