Marbrume


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 Échange de « bons » procédés [PV Esméra]

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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyJeu 2 Avr 2020 - 20:44
10 septembre 1166

Malgré le volet laissé entrouvert, le rez-de-chaussée de l'ancien commerce est sombre. Tandis qu'il patiente, Darius jette un œil à l'extérieur. La ruelle sur laquelle donne l'ouverture ne l'intéresse pas, c'est plutôt le ciel et la vitesse à laquelle il semble s'assombrir qui captent une nouvelle fois son attention. Une tempête approche, il le sent. Une tempête importante. Il soupire, agacé. Il lui semble que les journées de mauvais temps se sont multipliées dernièrement. Et plus tôt, au port, il a senti que l'air était lourd, chargé, assez pour qu'il sache qu'il allait devoir renoncer à prendre la mer pendant au moins un jour ou deux. Son cousin a eu la même réflexion. Une intuition de marins.

Au moins, il a quelques petites choses à régler à Marbrume. En fait, il a toujours à faire lors de ses passages en ville. Cette fois, il a cependant besoin d'un petit coup de main et, pour l'affaire qui l'intéresse, il a trouvé la personne idéale : une belle baronne du nom d'Esméra de Sibran, à qui il a fait parvenir la veille une « invitation » lui demandant de le rejoindre à leur lieu de rencontre après le repas du midi.

Leur dernier entretien remonte à une quinzaine de jours. Elle lui a fourni d'autres informations utiles, il en a profité pour lui faire découvrir leur nouveau terrain de jeu. Trouver un endroit n'a pas été simple. Les bas-quartiers ne sont pas particulièrement sûrs pour une demoiselle de la noblesse, alors il a préféré tenter de trouver ailleurs et garder ses planques là-bas en tant que dernier recours. Il a dû rayer de la liste l'entrepôt, sous prétexte que ses murs ne sont pas assez étanches pour étouffer le bruit des diverses... activités qui s'y déroulent. Après quelques recherches, il s'est finalement rabattu sur l'ancien commerce d'un homme de sa connaissance qui, ayant perdu sa femme, s'est reconverti en marin particulièrement porté sur la bouteille et le jeu, mais pas particulièrement honnête. Un atelier d'il-ne-sait-plus-trop-quoi où tout a été vidé, avec un étage qui fait a priori office de lieu de vie pour le veuf. A priori. Quand, après avoir conclu la transaction lui assurant la possibilité d'utiliser l'endroit de temps en temps s'il est libre, Darius est entré, il n'a pu que se demander combien de temps il s'était écoulé depuis la dernière véritable visite de l'homme. Il a noté la poussière, les toiles d'araignée, même un reste de pain tellement vieux qu'il a cru à une pierre décorative douteuse. Le lieu, probablement trop rempli de souvenirs, a été laissé presque à l'abandon par son propriétaire. Il devrait le vendre s'il passe ses journées en mer et la nuit à picoler dans les auberges. Darius s'est bien gardé de lui soumettre sa proposition – le deuil de cet homme sans doute incapable de se débarrasser de cet endroit par nostalgie l'arrange.

Dépourvu de meubles, le rez-de-chaussée est relativement vaste, assez pour les leçons de combat promises à la baronne. Ils ne peuvent certes pas courir partout, mais ce n'est pas nécessaire. Elle a principalement besoin d'apprendre des techniques combat rapprochées et d'assimiler des mouvements précis. Le lieu convient parfaitement. Et les murs sont solides et épais, comme l'a demandé Esméra. Elle s'est d'ailleurs réjouie de tester leur endurance la dernière fois...

Quelques coups à la porte sortent Darius de ses réflexions. S'éloignant du volet, il va ouvrir avec son habituelle prudence. En découvrant le visage de la baronne, il affiche évidemment un sourire des plus charmeurs – on ne se refait pas.

« Salut, Esméra », dit-il en s'écartant pour la laisser entrer, puis en refermant et en verrouillant derrière elle.

Il pivote ensuite vers la jeune femme et la détaille de haut en bas sans gêne. Toujours aussi diablement attirante. Son regard bifurque vers un sac de toile qui, normalement, devrait contenir une robe de rechange, plus belle que la tenue de paysanne qu'elle porte pour venir à sa rencontre. Il lui a fait transmettre le message à l'auberge qui leur sert d'intermédiaire.

« Je vois que t'as apporté ce que je t'ai demandé, indique-t-il en s'adossant nonchalamment contre un mur de pierre. Et non, avant que tu demandes, c'est pas pour un jeu coquin, même si ça peut s'arranger. »

Darius ricane, une lueur moqueuse dans le regard. La remarque est indécente, mais ils n'en sont plus à une indécence près.

« J'aurais une petite mission à te confier contre ta leçon de combat, cette fois, explique-t-il. C'est rien de dangereux ou de compliqué, aucun risque que tu te fasses prendre, et si ça marche pas, c'est pas dramatique. J'essaie d'avoir des informations et j'ai cru comprendre qu'il y aurait un échange sur le sujet à un endroit où je serais aussi subtil qu'un fangeux parmi des vivants, mais où tu te ferais pas remarquer. Ça te dit ou tu préfères rentrer chez toi t'ennuyer en regardant le ciel gris? »
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyJeu 2 Avr 2020 - 23:15
Elle a reçu « l’invitation » la veille. Il lui a fallu quelques secondes avant de se lever et d’aller préparer ce dont elle avait besoin pour le lendemain. Envoyer Etienne sur une mission quelconque. Faire de même pour Sophie. Préparer un baluchon avec ce qu’il a demandé d’emporter. La perspective d’un nouveau combat l’enchante, évidemment. Ils se sont revus il y a une quinzaine de jours et cette nouvelle rencontre avait tenu toutes ses promesses. A tous les niveaux. Elle a pu perfectionner les mouvements appris lors de leur première rencontre et en apprendre d’autres, il lui semblait, enfin, devenir moins gauche, plus leste, moins hésitante. Elle sait où elle doit frapper pour faire mal, maintenant, et ne s’en prive pas. Quoiqu’il en soit, elle a encore des tas de choses à apprendre et elle le sait. Elle ne bénéficie pas d’un entraînement classique, elle apprend avec une immense crapule des techniques de combat que le code de chevalerie réprouverait certainement. Sans parler de la morale. Or, la morale, ça fait quelques semaines qu’elle la range dans sa poche, à chaque fois qu’elle reçoit une « invitation » en fait. Ceci est la troisième qu’elle reçoit. Et elle a bien hâte d’être au lendemain pour apprendre encore de quoi fiche une raclée à son garde. Ou à tout autre messire trop empressé.

Le lendemain, à l’heure dite, elle frappe donc à la porte, vêtue d’une simple robe de paysanne, tenant à la main un baluchon. Dissimulée sous une longue cape grise tombant jusqu’à ses pieds, le visage caché par une grande capuche, elle attend qu’il ouvre, ce qu’il fait après quelques petits instants. Elle entre, sans dire un seul mot et attend qu’il ait verrouillé la porte pour enfin ôter cette capuche sous laquelle elle se sent oppressée. Cette fois, sa chevelure n’est pas libérée, non. Elle est retenue par ce très élégant filet de perles d’acier qu’elle arbore toujours lorsqu’elle reprend son masque de baronne au-dessus de tous soupçons. Et de fait, elle est d’une dignité à toute épreuve, ainsi. Elle le sait. Elle dépose le sac dans un coin et ôte sa cape, amusée par les paroles du pirate :

- Je ne viens pas pour ça, je te rappelle. Même si tu ne te défends pas trop mal, je l’avoue. Enfin, j’imagine que selon tes critères, tu ne te défends pas trop mal.

Elle dissimule un sourire parfaitement narquois et moqueur tout en repliant sa cape, dévoilant une tenue simple et neutre, quelque peu abîmée dans le bas à cause de la boue des chemins. Quoiqu’il en soit, elle se retourne vers lui et reste là, les mains sagement nouées sur le devant, masquant quelque peu sa ceinture de cuir accrochée à sa taille et à laquelle pend son arme.

- Une mission, voyez-vous cela ?

Elle décroise les mains et observe les lieux en marchant, pensive. Quelque chose de neuf se profile. Et pour une fois les rôles sont inversés. Il a besoin d’elle pour quelque chose de simple mais qui semble tout de même important. Elle esquisse un sourire.

- Si je te suis bien, tu me demandes d’espionner pour ton compte dans un endroit où je me fonderais dans la masse en portant…ce que j’ai amené ?

Elle s’arrête, le regarde, puis se dirige vers le sac pour en sortir la somptueuse robe de velours pourpre, une merveille qu’il lui avait fait parvenir quelques semaines auparavant. Elle n’avait jamais eu l’occasion de la porter en public, ce serait donc une aubaine d’autant qu’elle sait qu’elle est tout simplement divine dans cette tenue. Cela étant, elle ne peut s’empêcher de poser la question :

- Quel est cet endroit qui fait qu’une dame bien habillée passe inaperçue alors qu’elle espionne l’air de rien une conversation ?

La baronne approche du pirate, la robe à la main.

- De quoi s’agit-il au juste, mh ?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyVen 3 Avr 2020 - 3:05
Même si tu ne te défends pas trop mal, je l'avoue. Un sourire amusé étire les lèvres du pirate, qui arque un sourcil incrédule. Ah oui, pas trop mal? Il affiche un air provocateur, un air aussi confiant qu'insupportable. Les paroles moqueuses de la baronne ne parviennent même pas à semer une once de doute dans son esprit. Parce qu'il ne doute pas de lui-même, tout simplement. Pas pour ça.

Esméra retire sa cape. Comme la dernière fois, elle porte une tenue simple qui la ferait passer aisément passer pour une paysanne ou, au moins, une domestique. Beaucoup mieux que la première robe qu'elle portait lorsqu'ils se sont revus il y a environ un mois, une tenue d'un tissu qui était encore trop de qualité pour assurer une véritable discrétion. Là, sa robe donne réellement le change. La boue qui la macule dans le bas est une petite touche appréciable.

La baronne semble agréablement surprise par la requête. Elle est intriguée. Darius sent qu'il a piqué son intérêt. Il n'a jamais remis en question le fait qu'elle serait, au moins, curieuse par sa proposition. Il commence à savoir qu'Esméra a le sens de l'aventure et que toute occasion de tuer l'ennui est bonne à prendre, quitte à se risquer à côtoyer un homme comme lui. Lui ne s'en plaint pas. Cela lui sert bien, après tout...

Darius suit la jeune femme des yeux sans se défaire de son appui contre le mur. Une jambe relevée, le pied appuyé contre la surface, et les bras croisés avec désinvolture, il regarde la baronne tandis qu'elle sort la robe pourpre qu'il lui a dégotée pour l'aider à jouer de ses charmes auprès des nobles représentant un potentiel intérêt pour lui et ses affaires. Elle a sélectionné une tenue plus habillée qu'il avait imaginé, mais elle fera l'affaire. Certaines demoiselles de la haute société sont plus coquettes que d'autres, après tout.

« Je sais pas si tu vas réellement passer inaperçue dans cette robe, Esméra, ou si ça t'arrive vraiment de passer inaperçue quand tu mets tes jolis jupons de noble, mais ça devrait aller, dit-il en la fixant alors qu'elle s'approche, robe en main. Et oui, c'est exactement ce que je te demande : te fondre dans la masse, faire mine de rien, et essayer de récolter des renseignements utiles. »

Darius finit par se redresse et fait quelques pas pour rejoindre Esméra. Il tend la main et effleure vaguement le tissu de la robe, non sans se rappeler à quel point l'obtenir a été compliqué. Il repose ensuite son attention sur le visage de la baronne.

« J'ai su d'une source qu'une personne de ma connaissance doit rencontrer un contact pour établir les grandes lignes d'une affaire, explique-t-il. Si ma source dit vrai, l'échange doit avoir lieu dans une auberge assez luxueuse. »

Darius se désigne, puis fait pareil avec elle.

« Tu cadres beaucoup plus dans le décor que moi, disons, continue-t-il en souriant en coin. D'après moi, s'ils se rencontrent là-bas, c'est que la discussion va avoir l'air d'un entretien d'affaires anodin. J'aimerais obtenir le plus de détails possible sur ce qu'ils se disent, mais ce que je veux surtout savoir, c'est le lieu d'échange de ce... commerce. J'ai des affaires à régler. »

À ces derniers mots, son regard a pris une teinte plus sombre, son ton s'est fait momentanément plus dur. Esméra peut sans doute comprendre qu'il en a après quelqu'un et qu'il a bien l'intention de lui régler son compte.

« T'as rien à faire sauf être à proximité et écouter subtilement. J'ai pas des masses de pièces, mais je vais te donner assez pour que tu puisses acheter de quoi boire ou manger, histoire que t'aies une excuse pour être là. En aucun cas t'essaies de te mêler à la conversation pour essayer de soutirer des informations. C'est trop risqué. »

Darius marque une pause alors qu'il fixe Esméra dans les yeux.

« Ce serait le prix pour ta leçon d'aujourd'hui. C'est dans tes cordes? »
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyVen 3 Avr 2020 - 22:34
- Je passe inaperçue si j’en ai décidé ainsi, Dorian. De manière générale, personne ne peut vraiment savoir qui il a en face de lui, si je le décide.

Une manière comme une autre de lui rappeler qu’elle peut se fondre dans la masse de manière assez convaincante. Après tout, elle change de rôle souvent. Homme, paysanne, servante, baronne…Il faudrait être pratiquement devin ou sorcier pour connaître sa véritable identité. D’autant plus que la baronne a très très peu de relations et le peu qu’elle possède est triée sur le volet. Un volet sélectif en fonction de ce que chacun peut lui apporter. Et présentement, ce contrebandier est sa meilleure carte afin d’apprendre des choses dont tous les hommes – ou presque – ont ri. Alexandre n’a pas ri, lui. Elle regarda ailleurs, en songeant au Vicomte, puis reporta son attention sur le pirate.

Après, le voilà qui se désigne, en prétextant qu’il serait sans doute du chiendent au milieu des belles gens, qu’on le remarquerait tout de suite. Elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel.

- Dorian, cesse donc de dire n’importe quoi. J’ai presqu’envie de te faire confectionner une tenue de gentilhomme. Tu remarquerais alors à quel point tu n’as absolument rien à leur envier. Si ce n’est évidemment quelques leçons de savoir-vivre…Mais soit. Je peux écouter sans souci, c’est pratiquement ce que je fais de mieux. Puisque je n’ai que ça à faire quand je reçois ou quand je vais au Temple.

Elle haussa les épaules et s’éloigne de lui de manière à pouvoir ôter sa robe et enfiler la nouvelle.

- M’asseoir, boire quelque chose, écouter. Cela ne devrait pas demander des aptitudes particulières.

Elle lui tourne le dos et délace sa robe, le plus tranquillement du monde, laissant sans pudeur tomber le tissu rude et sale sur le sol qui n’est guère en meilleur état, pour ensuite enfiler la robe pourpre qu’il lui a fait parvenir. La baronne a faire reprendre le vêtement pour qu’il s’ajuste parfaitement à sa taille et le résultat est évidemment à la hauteur de ses espérances. Les manches longues collent à sa peau, de manière à en souligner la finesse et la grâce, tandis que le corsage, savamment brodé de fleurs, sublime son buste. La jupe s’évase à partir de la taille, une taille ornée d’une ceinture à galons doré qu’elle a ajouté de sa propre initiative. Elle parvient, par un ingénieux système de laçage, à parfaitement serrer le vêtement de manière digne et convenable et c’est en réajustant une mèche de cheveux dans le petit filet de perles d’acier, qu’elle se retourne pour lui répondre.

- C’est d’accord, je ferai ça en échange de notre leçon du jour. Et qu’est-ce que tu m’apprendras aujourd’hui ?

Elle ne doute pas de revenir avec les bonnes informations, du moins celles dont le contrebandier a besoin. La baronne attend, face à lui, les mains sagement croisées sur le devant dans une attitude modeste parfaitement jouée. Un fin sourire moqueur apparaît sur son visage.

- Je passe pour une bourgeoise. Pas pour une noble dame. Les nobles dames ne vont pas s’acoquiner dans les tavernes, même si elles sont luxueuses. Voilà pourquoi j’ai délibérément choisi ce filet de perles d’acier passe-partout. Et je ne porte pas de bijou. Qu’est-ce que tu en penses ? Avec la cape grise, cela devrait aller, non ?

Elle évolue avec grâce dans la petite pièce. Elle ne peut pas vraiment s’empêcher d’être elle-même. Elle possède une aura conférée par toute son éducation soignée, par des années de pratique à la cour de Sibran et elle a du mal à s’en défaire. La baronne évite de s’approcher des fenêtres, avec le plus grand soin, et reporte son attention sur son partenaire :

- Alors ? Dis m’en plus. De qui s’agit-il et que dois-je te rapporter comme information exactement ? Comment vais-je reconnaître les personnes que je dois écouter ?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptySam 4 Avr 2020 - 16:50
Je peux passer inaperçue si je le décide. Darius s'amuse. Elle a pris sa remarque au sens littéral, il voulait plutôt dire qu'une jolie femme dans une jolie tenue attire toujours l'œil. Peu importe. Elle n'a pas besoin de jouer le rôle d'une autre pour cette « mission ». Enfin, façon de parler. Disons qu'elle doit simplement jouer le rôle qui est le sien au quotidien, ce qui devrait être facile parce qu'elle le connaît par cœur.

Esméra lève les yeux au ciel quand il se désigne et il ricane en l'écoutant. Une tenue de gentilhomme... La bonne blague! Non, même les plus beaux vêtements ne réussiraient pas à le faire passer pour un noble. Sa peau tannée de façon inégale par le soleil marin, son odeur de sel, son imposante balafre, sa manière de bouger, de parler, même de se battre... Il serait repéré en trois secondes, il en est convaincu. Un bourgeois qui a eu une vie un peu tumultueuse avant d'avoir du succès en affaires, peut-être. Un noble? Jamais.

« Je sais que j'ai rien à leur envier, répond-il, nonchalant. Et j'ai du savoir-vivre. En tout cas, je sais vivre. À ma manière. »

Il sourit moqueusement, puis ajoute :

« Mais je sais que je passerais pas inaperçu en tant que noble. Je pense pas qu'une tenue de gentilhomme puisse y changer quoi que ce soit. »

Darius suit des yeux Esméra, qui s'éloigne. Il répond d'un vague « Mh » à ses paroles et l'observe tandis qu'elle commence à délacer sa robe. Il jette un coup d'œil aux volets, entrouverts juste assez pour laisser passer la lumière, et constate qu'elle a pris soin de se placer dans un angle mort. Il repose son attention sur elle et laisse son regard glisser contre son corps désormais nu. Elle enfile ensuite la robe, offrant une autre vision plutôt agréable. A-t-elle modifié un peu la tenue? Peut-être. Elle semble légèrement différente, mais il était plutôt occupé à choisir trouver la bonne couleur et la bonne taille quand il se l'est procurée. Les détails lui ont échappé.

« On va reprendre les deux premières leçons dans l'ensemble, répond-il à la question d'Esméra. C'est en répétant encore et encore les mouvements qu'ils vont devenir naturels pour ton corps. J'ai aucun doute que tu les pratiques chez toi, à l'abri des regards, mais il faut aussi que tu aies un opposant. J'ajouterai peut-être une technique d'attaque, mais je verrai selon tes progrès. Ça sert à rien d'aller trop vite. »

Darius regarde Esméra de haut en bas, admirant la vue. Elle est noble, mais c'est la première fois qu'il la voit dans une robe digne de ce nom. C'est même étrange pour lui. Tout cela lui va comme un véritable gant, mais il a tout de même l'impression persistante que ce n'est pas elle – pas tout à fait. Dans tous les cas, il comprend sans peine pourquoi les prétendants se laissent ensorceler et pourquoi le reste de la noblesse se laisse berner. Esméra de Sibran a présentement tout de la jeune femme de bonne famille. Et c'est excellent.

« Des nobles fréquentent cet endroit, c'est une auberge huppée, pas une taverne, la corrige-t-il. Mais tu vas être parfaite comme ça. De toute façon, le but, c'est pas que tu mentes à qui que ce soit sur qui tu es, Esméra. Au contraire. Je veux pas que tu mentes – c'est ultimement ce qui pourrait t'apporter des problèmes. Tu t'inventeras une petite histoire pour expliquer ton arrêt à cet endroit si quelqu'un te parle, mais tu restes Esméra de Sibran, la baronne. »

Darius fait quelques pas dans la pièce aussi. Même dans ces mouvements anodins, ils se tournent étrangement autour, comme deux prédateurs prêts à fondre sur leur proie.

« Tu vas pouvoir les reconnaître assez facilement. Deux hommes qui vont être assis ensemble : un bourgeois assez élancé, blond, les yeux verts, la trentaine environ et un autre plus grassouillet, brun, au nez particulièrement exceptionnel. Je sais pas s'ils vont utiliser un code, mais ça m'étonnerait, ils risquent de se sentir assez à l'abri des oreilles comme les miennes dans un lieu comme celui-là. Comme je t'ai dit, ce qui m'intéresse, c'est surtout la mention d'un lieu d'échange de marchandises. Le lieu, le jour, l'heure, bref, tout ce que tu peux entendre à ce sujet. Si t'entends des noms, des surnoms, je prends aussi. »

Darius détaille un instant Esméra, puis s'arrête devant elle et sourit en coin :

« Je peux pas anticiper la conversation qu'ils vont avoir, mais je pense que t'es assez futée pour savoir ce qui est d'intérêt ou non d'un point de vue de contrebande. Je vais pas non plus te donner trop de détails dont t'as pas besoin. »

Le pirate offre un sourire entendu à Esméra. Il ne lui en révélera pas plus que ce qu'elle doit savoir. Ce sont ses affaires et, malgré leur partenariat particulier, il reste ancré dans un certain secret.

« Tu vas sortir d'ici la et suivre les indications que je vais te donner, entrer, t'attabler. Ils devraient pas être arrivés encore, alors prends ton temps, échange quelques banalités avec l'aubergiste, etc. Quand ils partent, tu reviens. Je pense pas qu'ils vont s'éterniser. On fera la leçon à ton retour... T'as su te libérer assez de temps aujourd'hui? T'as fait quoi avec ton garde et ta domestique? »
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptySam 4 Avr 2020 - 23:23
La baronne esquisse un sourire. Il a raison. Elle pratique en effet chez elle, sans personne pour l’observer et en l’absence d’Etienne. Cela lui a permis d’affiner la gestuelle en toute sérénité. Darius a plutôt tendance à la déconcentrer et elle le sait. Rester calme, garder toute son attention sur le même objectif pendant plus de quelques minutes relève de l’exploit quand il est là. Et il en joue.

- Je me suis entraînée en effet. Bon, sans Etienne, cela va de soi mais…il me semble que cela vient plus facilement. Nous verrons cela tout à l’heure.

Elle le regarde, vaguement amusée par son inspection. C’est vrai que c’est la première fois qu’il la voit sous son vrai jour, du moins celui sous lequel elle évolue sur l’Esplanade. En vrai, elle préférait cent fois plus ses pantalons et chemises que cette robe pourtant magnifique. Cette robe, c’est le symbole de son nom et de son titre, pas de ce qu’elle est. Elle a un regard pour la ceinture et le stylet, qu’elle ne peut décemment porter sur une pareille tenue. Elle a une petite moue contrite.

- Impossible de sortir et de l’emmener à moins de la cacher sous ma cape. Or, si je ne veux pas attirer l’attention, je suppose que manger ou boire quelque chose sans ma cape sera plus judicieux.

Elle a un soupire et ramasse la ceinture avant d’en ceindre sa taille :

- Quoique…les temps sont difficiles pour tout le monde. Je suppose qu’ils comprendront qu’une dame seule ait besoin de quelque minimale protection…Il suffira qu’ils pensent que je ne sais pas m’en servir.

La baronne lui fait un clin d’œil avant de l’écouter décrire les deux hommes qu’elle allait espionner. Elle opina de la tête d’un air entendu. Elle a parfaitement tout retenu et compris, tout ceci lui semble d’ailleurs assez simple. Il a besoin d’elle pour récupérer des informations essentielles dont le but ne la concerne pas. Il suffira de les lui communiquer, en échange d’une nouvelle leçon de combat. Il n’y a en somme rien qui ne lui paraisse insurmontable.

- C’est loin d’ici ?

A priori, tout ceci devrait se passer sans accroc. Sortir de cette maison, le corps dissimulé par une cape passe partout, entrer dans l’auberge, choisir la place la plus adaptée pour ce qu’elle a à faire, écouter tout en buvant un verre de vin et en jouant le rôle de sa vie, cela n’a rien de bien difficile. Par contre…

- Et si quelqu’un que je connais se trouve dans cette taverne, qu’il me reconnait et qu’il me rejoint pour une discussion qui m’empêchera de faire ce que je dois faire ?

La perspective n’est pas drôle mais elle est parfaitement envisageable, surtout si cette auberge est fréquentée par des nobles. C’est un tout petit monde, l’Esplanade, après tout. Tout le monde se connait ou presque.

- Quant à Sophie, elle est au Temple en train de dispenser des soins. Etienne, lui, est en mission pour compte. Il ne sera de retour que dans deux jours. J’ai donc absolument tout le temps qu’il faut. Ils ont l’habitude de mes pitreries et de mon besoin d’air.

Les pauvres, c’est le moins que l’on puisse dire. Le nombre de fois où Sophie a passé des heures à se ronger les ongles alors que la baronne ne revenait pas à l’heure dite, tandis qu’Etienne tournait comme un lion en cage dans le salon, à marcher tête baissée les mains dans le dos, tout en se maudissant de ne pas l’avoir suivie. Et à chaque fois c’est la même chanson. Elle doit pratiquement se justifier pour tout. Evidemment, le contexte est différent de celui d’un époux omnipotent. Il ne s’agit, en ce qui concerne Sophie et Etienne, que d’une attitude sincère résultant d’une réelle inquiétude.

- Quand dois-je m’y rendre ? Tout de suite ?


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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyDim 5 Avr 2020 - 2:12
Darius plisse le nez quand Esméra passe la ceinture. Je suppose qu’ils comprendront qu’une dame seule ait besoin de quelque minimale protection. Ils ne comprendront sûrement pas, non, en particulier les nobles, qui sont les spécialistes pour mettre leurs femmes en cage. Elle n'a cependant pas tort : ils risquent de penser qu'elle ne sait s'en servir... et potentiellement de se moquer d'elle. Ils se demanderont quel genre de mari laisse son épouse faire preuve d'une telle excentricité. Ou quelque chose du genre. Darius n'en sait pas tant sur les règles qui régissent la noblesse.

« Tu pourrais surtout prétendre que ton garde est à l'extérieur pour éviter d'attirer l'attention en conservant ta cape ou en portant son arme, suggère-t-il. Je pense aussi que l'endroit est surveillé. Si ça t'inquiète de marcher dans les rues, je peux te suivre à distance. C'est pas loin d'ici, tu continues sur cette rue, tu tournes à droite au premier tournant, puis encore à droite. Tu vas tout droit, tu prends la gauche au deuxième tournant et t'y est. L'établissement a une porte et des volets bleus. »

Esméra demande ce qu'il adviendra si elle croise quelqu'un qu'elle connaît et qui décide de la rejoindre. Darius hausse les épaules, la laissant lui expliquer où se trouvent Étienne et Sophie avant de répondre. Ils sont occupés, assez pour qu'ils aient le champ libre pour le reste de la journée. Tant mieux.

« Si quelqu'un te rejoint, j'imagine que ta mission va être difficile, voire impossible à accomplir, dit-il finalement. Il va falloir que tu joues le jeu jusqu'à la fin, que t'essaies d'attraper quelques bribes, que t'espères que la personne sera juste de passage. Dans tous les cas, pars pas tant qu'ils ont encore là. Tu peux toujours prétendre attendre quelqu'un si on t'invite quelque part. »

Darius hausse les épaules. Il espère qu'on la laissera en paix, mais personne n'est à l'abri d'un dérangement.

« Si t'as aucune information, t'auras quand même une leçon pour le travail que t'as fait. Je sais que tu peux pas tout contrôler non plus et que t'es limitée dans ton champ d'action, alors je vais pas t'en tenir rigueur si t'apprends rien. Ça va me faire chier, mais ça sera pas de ta faute. »

Inutile de se venger sur Esméra s'il n'a pas ce qu'il veut. Il a pris la voie de la facilité avec elle, mais il sait que passer son agacement sur elle n'aurait aucun effet positif sur leur collaboration, qu'il souhaite maintenir.

« Je pense qu'ils vont pas tarder, alors oui : maintenant serait un bon moment pour partir », termine-t-il en lui souriant en coin.

***

Darius n'a pas menti : l'auberge dans laquelle entre est très jolie. Elle est plutôt petite, mais sophistiquée, et semble effectivement attirer une clientèle d'une certaine classe. Ici, le petit peuple n'est pas le bienvenu et un garde à l'entrée s'assure de ne laisser passer que les bonnes gens. La baronne, dans sa belle tenue, fait évidemment partie du club sélect des gens admis et entre donc sans aucune difficulté.
Un coup d'œil aux alentours permettra à Esméra de constater que ses victimes ne sont pas encore arrivées. La noble vient à peine d'entrer que la serveuse, une femme rousse dans la vingtaine plutôt quelconque, mais bien vêtue, vient l'accueillir et incline poliment la tête devant elle.

« Bienvenue, Dame, dit chaleureusement la serveuse. Comment puis-je vous aider? »

La serveuse attend la réponse d'Esméra, puis, constatant qu'elle ne souhaite pas de chambre, mais plutôt une table, la guide dans la salle commune, qui fait également office de salle à manger. L'endroit est relativement tranquille : quelques personnes sont dispersées çà et là, certaines seules, d'autres en petits groupes. Il semblerait que l'auberge soit un lieu de détente idéal pour les bourgeois et les nobles qui décident de s'accorder une pause pendant la journée ou qui, venant de l'extérieur, font étape à Marbrume.

La serveuse énumère à Esméra les spécialités du jour en recommandant chaudement le potage aux champignons sauvages, puis demande poliment :

« Que puis-je donc vous servir, Dame? »

Pendant que la serveuse s'occupe de la baronne, une autre employée accueille cette fois un homme blond qui correspond à la description donnée par Darius. Celui-ci est mené à une table presque totalement à l'opposé de celle de la baronne... ce qui pourrait être fort problématique pour entendre quoi que ce soit.

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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyLun 6 Avr 2020 - 14:58
« Tu continues sur cette rue, tu tournes à droite au premier tournant, puis encore à droite. Tu vas tout droit, tu prends la gauche au deuxième tournant et t'y est. L'établissement a une porte et des volets bleus. »

Elle a suivi ses indications et avait parcouru sans encombre le chemin, parvenant devant un petit établissement cossu, qu’elle ne connait pas. A dire vrai, la baronne n’avait pas traîné en chemin. Drapée dans sa cape, munie de toutes les informations données par le contrebandier, elle avait préféré longer les murs plutôt que de prendre le temps d’observer son environnement, comme elle aime le faire d’ordinaire. La jolie baronne n’a pas souvent l’occasion de se promener seule et pourtant, elle n’a pas envie de s’éterniser dans cet endroit. La dernière fois qu’elle s’est rendue dans une taverne, elle était déguisée en homme et partageait l’agréable compagnie de la seule amie qu’elle ait jamais eue sur l’Esplanade, la douce Isabelle de Pessan. Il y avait aussi ce forgeron, Erwan. Quelle journée…C’était un superbe souvenir pour elle, même si la journée s’est achevée dans un bordel, à la merci de celui qui est présentement en train de l’envoyer espionner deux hommes pour son compte.

Cela aussi, ça la fait sourire. Un accord plutôt particulier avait scellé cette journée et l’un comme l’autre a tenu ses promesses. Une relation unique et mutuellement profitable…Le respect de la parole donnée est importante pour la Baronne, cela fait partie de son code de conduite depuis son enfance, quelque chose que son père lui a appris. Revenir sur sa parole, la trahir, est indigne de son sang. Après…Il n’a jamais vraiment précisé jusqu’où cette parole doit être tenue. Il avait juste dit « Peu importe à qui tu donnes ta parole, tu te dois de la respecter ». Donc, on peut dire qu’elle suit à la lettre les nobles sentiments et recommandations de son père en respectant son marché avec le pirate.

Quoiqu’il en soit, elle entre dans la taverne après avoir reçu l’approbation silencieuse du garde qui se trouve à l’entrée. Voilà qui est plutôt rassurant. En cas de grabuge, il y a au moins un homme en arme tout près. Elle avance, jette un coup d’œil rapide à l’assemblée et constate que les hommes qu’elle cherche ne sont pas là. Cela étant, elle n’a pas vraiment le temps de pousser son inspection plus loin. Une jeune femme rousse s’empresse de venir près d’elle et s’incline, en demandant ce qu’elle désire. Aimablement, de sa voix douce et polie, elle répond :

- Je désire une table afin de me restaurer quelque peu.

La serveuse la conduit alors dans la salle commune, dans laquelle il n’y a que peu de clients. Nouveau coup d’œil. Non, décidément, les hommes qu’elle cherche ne sont pas encore arrivés. Ce n’est pas bien grave. Elle prend place à une table loin des fenêtres, toujours drapée dans sa cape, écoutant patiemment le petit discours de la serveuse. Dorian ne lui a pas donné de quoi faire bombance et de toute façon elle n’a pas spécialement faim. En ces temps de disette, il semble assez malvenu, même pour un membre de la noblesse, de dépenser inconsidérément des pièces dans des repas outranciers. Non, une soupe sera amplement suffisante.

- Je vais tenter votre soupe aux champignons. Pourriez-vous compléter cela avec un morceau de pain et un verre de vin rouge, s’il vous plaît ?

Esméra est toujours d’une politesse exquise avec tout le monde, du plus humble au plus riche. La servante ne fait pas exception à la règle, elle la gratifie même d’un sourire aimable. C’est alors qu’elle remarque l’entrée de ce qui lui semble être un des hommes dépeints par Dorian. Un homme qui est conduit à l’exact opposé de sa table, ce qu’elle ne manque pas de souligner avec un soupçon d’agacement qu’elle ne trahit pourtant pas. Elle retient la serveuse qui allait partir et demande, toujours poliment :

- Mademoiselle, serait-il possible de m’installer à cette table là-bas ? Je pense que je m’y sentirais un peu plus à l’aise qu’à celle-ci. Est-ce dérangeant pour vous ?

Un beau sourire gentil, de grands yeux sympathiques, une attitude digne. Il n’y a absolument aucune raison de ne pas accéder à sa requête, surtout si elle évoque un quelconque malaise à sa place actuelle.
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyMar 7 Avr 2020 - 2:15
« Une soupe aux champignons, un morceau de pain et un verre de vin, répète la rouquine. C'est noté, je vous apporte le tout dans quelques instants, Dame. »

La serveuse, Agathe, offre un sourire chaleureux à sa cliente. Elle tente de ne pas trop la regarder, mais elle a rarement vu une femme d'une telle beauté, et elle ne peut s'empêcher d'être fascinée malgré elle. Cette dame doit avoir tout pour elle! Elle doit avoir mille et un prétendants et être riche. Agathe se demande ce qui peut bien l'amener à manger seule cet après-midi-là, mais elle n'ose évidemment pas lui poser la question. Au fond, il n'est pas si rare que des dames viennent se restaurer pendant que leur domestique ou leur garde attend dehors. Peut-être attend-elle quelqu'un, aussi. Une amie? Un galant? Non, elle doit être seule, elle n'aurait sans doute pas passé sa commande autrement et...
Agathe se ressaisit – elle aime bien s'imaginer la vie des autres, parfois! – et s'apprête à partir lorsque la jolie dame la retient. La table ne convient pas... Merde, quelque chose ne va pas avec cette table? La serveuse l'inspecte subtilement et ne voit rien de particulier. Il faudra faire une étude approfondie, mais plus tard : la cliente attend, poliment et patiemment, une réponse.

« Non, non, pas du tout, dit Agathe. Je vous en prie, suivez-moi et n'hésitez pas s'il y a quoi que ce soit d'autre que je puisse faire pour vous et votre confort. »

Agathe aide la noble à s'installer, puis lui indique une nouvelle fois qu'elle revient avec sa commande avant de s'éclipser.

Non loin, le blond chasse momentanément sa propre serveuse, puis balaie la pièce des yeux. Lorsque son regard croise celui d'une demoiselle, il s'assure de lui offrir un sourire poli de parfait gentilhomme, sourire qu'il sert évidemment à la baronne. Deux ou trois minutes plus tard, la porte s'ouvre sur un homme brun ayant un début d'embonpoint et un nez impressionnant. Lorsqu'Agathe l'accueille, il lui fait un vague signe de la main pour qu'elle fasse du vent et se dirige vers l'homme blond pour prendre place devant lui. Si Agathe est visiblement surprise par le geste, elle ne dit rien. Le client a toujours raison...

« Monsieur Desrives, vous êtes pile à l'heure,
l'accueille le blond.

- Et vous, fidèle à vos habitudes, vous êtes toujours à l'avance, Monsieur Beauregard »
, répond le brun en s'assoyant.

Les deux bourgeois échangent quelques banalités. Pendant ce temps, Agathe revient avec le verre de vin, le bol de soupe et le morceau de pain, qu'elle dépose devant Esméra en lui souriant aimablement, même si le bourgeois grassouillet lui fait des signes impatients pour qu'elle se dépêche et vienne à sa table.

« Bon appétit
, dit-elle doucement avant de se diriger vers l'autre gus qui a commencé à claquer des doigts pour attirer son attention.

- C'est pas trop tôt! s'exclame-t-il. Je meurs de faim. Apportez-moi votre plat du jour et votre meilleur crû, et faites attention à ce que ce soit pas froid comme la dernière fois.

- Oui, bien sûr... Je suis navrée que le repas n'ait pas été à votre satisfaction... »

Agathe continue de s'excuser, puis, après avoir pris la commande de Monsieur Beauregard, qui est nettement plus poli, s'éloigne une nouvelle fois, le pas un peu nerveux. Les hommes reprennent leur discussion : il est, cette fois, question d'affaires. Ils parlent plus bas, de marchandises encore innommées lorsque...

« Madame la baronne! s'exclame une femme qui s'arrête juste devant la table d'Esméra et fait écran entre elle et les deux hommes. Quelle surprise de vous voir ici! J'ignorais que vous fréquentiez cette auberge... C'est donc ici que vous vous cachez? J'ai été fort déçue de ne guère vous voir lors de ma dernière soirée... J'espère que l'invitation a été acheminée correctement? Ou que vous n'étiez guère malade? »

La vicomtesse Anne de Fichelle regarde Esméra avec une fausse inquiétude à peine masquée. Toutes les soirées où la baronne se rend, la vicomtesse y est et tâche de parler à tout le monde. Tout le monde. Et la pauvre Esméra ne s'en sort pas...

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Dernière édition par Darius Vortigern le Mer 8 Avr 2020 - 4:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyMar 7 Avr 2020 - 23:17
Esméra a parfaitement noté le regard admiratif d’Agathe et ne s’en formalise pas vraiment. Elle sait qu’elle produit ce genre d’effet sur quiconque la rencontre et en ce qui concerne la serveuse, elle trouve cela plutôt attendrissant. Une attitude pareille est touchante, bien loin des sourires pervers et des gestes déplacés que se permettent parfois certains messieurs, sans son consentement. Quoiqu’il en soit, la gentille serveuse consent à la mener à la table voulue, sans chercher à savoir ce qui dérangeait sa cliente. Tant mieux. Elle n’avait pas spécialement envie d’expliquer et le principal était d’obtenir des informations. Elle reste donc totalement concentrée sur ses objectifs, en l’occurrence, l’homme situé juste à la table à côté et son prochain invité.

Agathe disparue, la baronne a tout le temps d’observer les lieux en toute décontraction. Une décontraction de fausset, évidemment. Il est important de garder l’oreille attentivement tournée vers cet homme là, juste à côté, un homme qui vient de croiser son regard, la saluant d’un sourire, qu’elle lui rend, avec un modeste mouvement de la tête. Elle a largement eu le temps de détailler son visage, pendant ce temps. Un fort joli et élégant sourire étire sa bouche avant de détourner son attention de lui. Il ne s’agit pas d’attirer les regards vers elle. Même si cela ne se voit pas, habituée qu’elle est à toujours travestir ses sentiments et à fabriquer une image parfaite en toutes circonstances, surtout quand elle se frotte à ses pairs de la noblesse, Esméra s’amuse. Follement. Intensément. Jamais de sa vie, elle n’a pris part à quelque chose de semblable et par les Trois, c’est tout simplement grisant. Quelle vie il mène, ce Dorian…Au moins, il est à l’abri de l’ennui.

Cela étant, elle n’a pas le temps de songer plus avant à ce gentilhomme contrebandier au regard hypnotique. Non. Un homme correspondant à la description donnée par son maître d’armes vient de faire son entrée et elle esquisse un sourire en se souvenant de la description donnée par Dorian. « Un nez particulièrement exceptionnel ». Ce n’est rien de le dire, en effet. On ne voit que cela, un nez si énorme qu’il lui mange presque toute la figure, comme un gros tubercule plein de trous et de bosses. Elle le suit brièvement du regard, comme le ferait n’importe quel client de taverne, observant nonchalamment les personnes qui entrent et qui sortent. Elle note également que cet homme, en plus d’être vilain comme la mort, est en plus accablé d’un caractère détestable. La pauvre Agathe vient d’en faire les frais.

- Allons donc, encore un gentilhomme comme je les aime…, pensa-t-elle.

Monsieur Desrives. Monsieur Beauregard. Elle a retenu les noms et ne les lâchera pas d’une oreille. Agathe revient déposant sur la table tout ce qu’elle avait demandé et la baronne la remercie d’un élégant sourire avant que la serveuse ne soit rappelée d’un geste absolument ignoble, comme si elle était un chien. Prenant une profonde inspiration pour ne pas trop afficher son indignation, elle prit le pain entre ses doigts et entreprit d’en manger un petit morceau, d’un air concentré, écoutant toujours ce qu’il se passe à coté. Les choses semblent enfin devenir intéressantes quand soudain une voix la sort de son écoute. Une voix qu’elle connait bien et qu’elle aurait préféré ne pas entendre ici et maintenant.

- La peste soit de cette femme..., pensa-t-elle encore avant de se redresser et saluer, tout sourire, la personne qui vient de l’apostropher de manière si peu discrète. Madame la Vicomtesse…C’est un plaisir.

Une fois encore, la comédie est parfaitement jouée. Du moins semble-t-il. Parce que pendant tout le temps que parle la Vicomtesse, les deux hommes à côté, eux, continuent de parler à voix basse, ce qui rend l’écoute absolument impossible étant donné le piaillement intempestif de cette connaissance qui n’e ne se tait pas. Anne de Fichelle sait très bien que la baronne ne fréquente que peu les soirées mondaines et pour cause, elle n’est tout simplement jamais invitée nulle part.

- Votre invitation a du se perdre, Madame la Vicomtesse. On ne peut plus se fier à personne de nos jours, même pour un service aussi simple que déposer un courrier à la bonne adresse.

La Vicomtesse prit le sous-entendu pour ce qu’il était et esquissa un sourire plein d’ironie avant de tirer la chaise et prendre place :

- Il est rare de vous pouvoir profiter de votre compagnie, baronne, vous permettez que je me joigne à vous, le temps d’un repas ?

Esméra eut une hésitation, une seconde, mais tendit la main vers la chaise déjà occupée par la dame de Fichelle. Il est vrai que les choses se compliquent mais…deux personnes à une table attireront moins l’attention qu’une seule ou, en tout cas, cela paraîtra moins louche. Quoiqu’il en soit, elle reprend on morceau de pain et en mange un petit morceau avant de plonger sa cuillère dans la soupe, en s’excusant :

- Je vous en prie, Vicomtesse. Permettez-moi de terminer cette soupe, j’aime manger chaud.

Elle lui a dit qu’elle pouvait s’asseoir, pas qu’elle comptait souffrir sa conversation vaine et stérile. Les potins et les ragots mondains sont en ce moment moins importants que les informations qu’elle peut potentiellement percevoir entre deux jacassements de la Vicomtesse. Si cette dernière sent toute la réserve de la baronne, peut-être s’en ira-t-elle d’elle-même. Quoiqu’il en soit, elle ne répondra que brièvement à toutes les questions posées, essuyant de temps en temps ses lèvres dans une serviette déposée là, toute concentrée sur ce qu’il se passe à côté.

- Et dire que c’est à cause de ce genre de femmes que nous sommes toutes logées à la même enseigne…Quelle bécasse. Si seulement elle pouvait s’étouffer avec son morceau de pain…, pensa la baronne entre deux sourires silencieux.

Les deux hommes à côté d’elles ne prêtent pas attention à leur table. Et Esméra se désespère de faire partir la Vicomtesse par sa réserve et son mutisme. Esméra est une femme polie. Elle ne dira jamais à la Vicomtesse qu’elle l’importune. Elle compte beaucoup sur les codes qui régissent la bonne société pour qu’elle comprenne qu’elle n’est pas la bienvenue ou que, à tout le moins, la baronne désire être seule.
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyMer 8 Avr 2020 - 4:51
Pour qui petite baronne se prend-elle? Se pense-t-elle supérieure aux autres pour refuser ainsi les invitations, pour manifester si peu d'intérêt pour sa conversation? Pourquoi s'isole-t-elle des autres de cette manière? L'Esplanade et ses habitants ne sont-ils pas assez bien pour sa noble personne?

Intérieurement, Anne de Fichelle fulmine. Normalement, elle est capable de capter l'intérêt de ses interlocuteurs et de tirer quelque chose d'eux. Elle a évidemment un goût prononcé pour les secrets honteux, mais elle se contente en général d'éléments çà et là, de pistes qui lui permettent de remonter jusqu'à ce qui pourra être un potentiel avantage un jour. Cette Esméra de Sibran, pourtant, ne lui a rien donné. Rien de rien. Elle est insupportablement polie chaque fois qu'elle l'aborde, mais ne cherche jamais à s'intégrer. Elle attire les regards tout en étant d'une extrême discrétion. C'est agaçant. Anne ne sait rien d'elle, hormis qu'elle vit sans mari aux crochets du roi. Terriblement agaçant.

La vicomtesse pose quelques questions. Les réponses offertes par Esméra sont brèves, voire inintéressantes, même lorsqu'elle tente de parler de connaissances communes, de la naissance de l'enfant de la baronne de Méden, de bonnes œuvres au temple, des prochaines soirées qui auront lieu. Elle songe à prendre congé pour aller vaquer à d'autres occupations moins creuses, mais décide de s'attarder encore un peu.

« Dites-moi, baronne, amène-t-elle en détournant habilement une remarque au sujet d'un mariage entre deux nobles. Nul galant n'a encore su trouver grâce à vos yeux? Vous êtes une femme fort jolie et aimable, et j'ai bien vu quelques prétendants de qualité vous lancer de doux regards... Qu'en est-il? Oh, cela me fait penser... J'ai un ami qui vous plairait assurément. Peut-être pourrais-je arranger une rencontre? Il serait ravi! »

Anne de Fichelle offre son sourire le plus mielleux à la baronne, espérant lui tirer quelques vers du nez. La noble ne pourra décemment pas lui servir une réponse monosyllabique...

Tout juste à côté des deux femmes, les bourgeois discutent à voix basse. Leur conversation est pratiquement inaudible, mais semble sérieuse, le blond acquiesçant plusieurs fois, les sourcils froncés. Lorsque la serveuse passe, les deux se taisent progressivement, subtilement. Monsieur Desrives est toujours aussi désagréable envers la pauvre Agathe, dont la nervosité reste perceptible malgré son professionnalisme. Lorsque la rouquine s'éloigne, les bourgeois reprennent.

« Où en étions-nous? reprend Monsieur Desrives. Comme je vous le disais, il vous assure une fiabilité à toute épreuve.

- À toute épreuve? Cela me semble difficile à une époque comme la nôtre, mais bon, puisque vous me dites n'avoir jamais été déçu, je suis prêt à le mettre à l'essai. J'ai eu quelques problèmes avec ma dernière livraison et... »

Agathe revient avec des plats, les hommes attendent de nouveau avant de continuer. Anne de Fichelle, elle, semble sur le point d'ajouter quelque chose... sans doute une description élogieuse de son ami qui noiera toute autre discussion se tenant à proximité.
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyMer 8 Avr 2020 - 22:45
La conversation s’étire durant de longues, très longues minutes pendant lesquelles la jolie baronne ne se départ pas de son meilleur masque et de son plus sympathique sourire. Elle mange la soupe avec grâce, se contentant de répondre à la vicomtesse de manière polie mais brève, de façon à pouvoir tenter de capter quelques informations utiles en provenance de la table à côté. Cela n’est bien entendu guère concluant. Jouer plusieurs rôles en même temps est extrêmement difficile et ce n’est pas un exercice dans lequel elle se sent à l’aise. Elle sent que la situation est en train de lui échapper et elle sait maintenant qu’elle n’aura rien de bien probant à rapporter à Dorian.

Esméra pensait avoir réussi à faire en sorte que la Vicomtesse s’en aille mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de la dame. Alors que la baronne prenait son verre de vin en main, elle arrêta son geste à l’énoncé de cette question. Cette question est très précisément ce qu’elle redoute le plus dans toutes les soirées mondaines et c’est une des raisons qui fait qu’elle ne se rend pratiquement jamais chez qui que ce soit. Esméra ne peut dissimuler un début d’agacement à cette question qui risque de lui porter préjudice sur plein de points.

Oui, elle vit sans mari aux crochets du roi pour ce qui concerne sa résidence. Pour le reste par contre, elle estime apporter sa contribution à la communauté par ses aides au Temple et les leçons qu’elle donne aux enfants de riches bourgeois. Ses serviteurs ne sont pas en reste et sont mis, eux aussi, à contribution. Elle ne reste pas devant sa cheminée à se tourner les pouces en attendant que les pièces tombent dans son escarcelle par une intervention divine. Cela étant, elle sait qu’à plus ou moins court terme, elle devra trouver un époux. Et bien entendu elle fait tout pour ne pas y être confrontée. Sa discrétion est une conséquence de ce refus de se marier inconsidérément. Et pour éviter d’être confrontée à un choix difficile, elle refuse de fréquenter les soirées mondaines à moins d’y être obligée, comme le dernier bal royal – où elle n’a même pas dansé, d’ailleurs. Les messieurs dont elle fait référence ne sont que du menu fretin, des cibles faciles prêtes à monnayer une main abandonnée, prête à recevoir un baiser, ou une promenade tête à tête.

Le verre à la main, Esméra eut donc un soupir avant de prendre une gorgée. Chose rare, elle ne dit rien pendant quelques secondes puis dépose son verre en disant, enfin :

- Je vous remercie pour votre aimable sollicitude, Vicomtesse. Il se trouve, en effet, qu’un noble seigneur est parvenu à attirer assez mon attention pour que je consente à lui consacrer quelques pensées…

Un fin sourire s’afficha sur les lèvres de la baronne. Ce n’est rien de le dire. Qu’un membre de la noblesse agisse de cette manière si prévenante et si peu orthodoxe avec elle lui a fait reconsidérer la question du mariage sous un jour nouveau. Peut-être un peu moins déplaisant. Surtout quand le dit noble seigneur se présente chez elle vêtu d’une robe qui n’est pas du tout ajustée et qui lui donne l’apparence de ce genre de femme qu’elle fréquente parfois dans les quartiers où rôdent les gens comme Dorian. Oui. D’une certaine manière, totalement à contre-courant des autres seigneurs de son rang, Alexandre de Terresang est parvenu à la faire sourire et à la faire rire. Elle sera d’ailleurs bien heureuse de le revoir, rien que pour voir ce qu’il va encore trouver pour la faire rire.

- Vous me permettrez de garder son nom pour moi, je ne voudrais pas m’avancer sur un terrain où, si ça se trouve, je m’avancerai seule. Il est donc inutile de me présenter votre ami. Comme d’évoquer à nouveau ce sujet, Vicomtesse. Tout ceci relève du privé, j’espère que vous me comprenez.

La réponse n’est pas certes pas monosyllabique mais elle a le mérite d’être claire. La baronne sourit en coin avant de prendre une gorgée de son verre de vin et ajoute, très amusée :

- Vous me permettrez de prendre quelques nouvelles de l’état de santé de votre époux ? Le bruit court sur l’Esplanade que le Vicomte souffrirait d’une fistule à un endroit que la bienséance ne permet pas de nommer.

La baronne fait tourner le liquide rouge dans son verre, d’un air faussement inquiet. La rumeur prétend surtout que le Vicomte préfère perdre sa dignité dans les bras de dames légères et qu’il en a attrapé une maladie honteuse. Buvant une gorgée de vin tout en regardant la Vicomtesse dans les yeux, elle sourit un peu.

- Ça doit être douloureux.

A qui adresse-t-elle ces paroles ? Au mari malade ? A la femme bafouée ? Quoiqu’il en soit, elle espère avoir fait passer le message de manière plus claire cette fois : occupe toi de tes affaires et laisse moi m’occuper des miennes. Elle parvient à entendre les quelques rares paroles audibles après que la vicomtesse ne se taise et pâlisse un peu sous le coup de la surprise. Des paroles qui ne signifient rien sans le contexte qui a précédé et dont elle ignore tout, évidemment, à cause de cette sotte femme qui semble décidée à prendre racine sur sa chaise.

Non, Dorian ne va pas être content du tout. Tous ces risques pour pas grand-chose…pour rien même. Elle dépose son verre sur la table et sourit toujours aussi poliment à la Vicomtesse qui semble avoir viré au gris :

- Vicomtesse ? Est-ce que tout va bien ?

Visiblement, la noble dame semble très mal digérer ce que vient de lui dire Esméra. Et la baronne s’en fiche totalement. Au moins elle se tait, ce qui lui permet de mieux se concentrer sur ce qu’il se passe à côté…
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyJeu 9 Avr 2020 - 2:20
La réponse de la baronne surprend la vicomtesse. La jeune femme aurait donc potentiellement trouvé chaussure à son pied. Voilà qui est intéressant, voilà qui pique sa curiosité. Anne de Fichelle passe aussitôt en revue tous ceux avec qui elle a pu voir, par le plus pur des hasards, Esméra de Sibran discuter. Aucun des hommes figurant dans les souvenirs qui s'imposent à son esprit ne lui semblent être des choix qu'aurait pu faire son interlocutrice. Et bien entendu, celle-ci souhaite taire le nom de son galant. Qu'elle est agaçante! La vicomtesse ne l'entend toutefois pas de cette oreille. Si la politesse l'empêche d'insister, elle trouvera bien de qui parle la baronne, d'une façon ou d'une autre.

« Oh oui, bien sûr, je comprends », répond Anne avec son plus beau sourire, non sans avoir immédiatement l'intention de consulter son cercle d'amies pour émettre mille et une hypothèses jusqu'à atteindre la bonne.

Le sourire de la vicomtesse se crispe pour finalement se figer à l'évocation du petit malaise de son époux. Comment cette baronne qui doit passer ses journées à contempler les murs de son manoir ou à lécher les bottes des représentants des Trois peut-elle avoir entendu cette rumeur qui, en plus d'être vraie, lui fait terriblement honte? Elle sait parfaitement que le bruit qui court n'est pas simplement celui d'une « fistule », mais bien d'une maladie répugnante qui s'est attaquée à l'attribut que son idiot de mari est sûrement allé tremper dans toutes les catins de Marbrume. Et cette hypocrite ose lui remettre le tout sous le nez! Elle lui paiera.

Vicomtessse? Est-ce que tout va bien? Anne reprend sur elle-même, réalisant subitement qu'elle n'a pas répondu, trop occupée à maudire intérieurement cette petite noble de rien du tout qui, en plus, n'est même pas aussi jolie que tout le monde le prétend. (C'est un mensonge. Elle est terriblement belle, mais il faut vivre dans ses illusions, parfois.)

« Pardonnez-moi, je songeais au ridicule de cette rumeur, dit la vicomtesse en riant et en balayant l'air d'un geste de la main. Mon mari se porte parfaitement bien, je vous remercie de votre sollicitude. J'ignore encore d'où provient cette rumeur, mais mon époux et moi en avons été fort amusés lorsque nous l'avons entendue pour la première fois. Il s'agit là d'une preuve que l'on ne peut assurément pas croire tout ce qui se dit sur l'Esplanade! »

La vicomtesse rit, puis jette un œil vers l'extérieur et fait mine d'être surprise par le temps qui semble avoir passé.

« Ma foi, le soleil est déjà bien haut, déclare-t-il. J'ai encore énormément à faire, vous me pardonnerez de vous abandonner maintenant. J'ai été ravie de discuter avec vous. Je vous souhaite la meilleure chance avec votre galant, qui qu'il soit, et j'espère vous voir à son bras bientôt. Sinon, parole d'Anne de Fichelle, je mentionnerai votre nom à tous les gentilshommes de mon réseau pour vous trouver un prétendant digne de ce nom! Vous voir ainsi laissée à vous-même me brise trop le cœur. »

La vicomtesse secoue la tête avec une fausse expression de tristesse, puis met une main sur son cœur avant de se lever et d'exécuter une révérence fort distinguée.

« Un excellent après-midi à votre, Madame la baronne. »

Un dernier sourire d'une politesse hypocrite, puis la vicomtesse n'est plus qu'un mauvais souvenir pour Esméra.

À la table d'à côté, les discussions vont bon train et, pendant la réponse et les salutations de la vicomtesse, ont bien avancé.

« ...à l'arrière-boutique, vers sept heures. Le quartier n'est pas encore trop passant à cette heure, ce sera assez discret. Je préfère tout de même prendre quelques précautions.

- Je transmettrai l'information. Cela ne devrait pas être un problème, ils livrent également le matin de mon côté. Nul doute qu'ils sont actifs dès les premières lueurs de l'aube pour des questions de... sécurité.

- Je peux le concevoir. Être commerçant est un métier dangereux, de nos jours. »

Les deux hommes échangent un sourire qui trahit leur amusement. Certains types de commerces sont plus dangereux que d'autres...
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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyJeu 9 Avr 2020 - 17:02
La pathétique tentative d’explication de la Vicomtesse ne manque pas d’amuser Esméra qui regarde l’importune Anne de Fichelle se perdre dans des éclaircissements qui ne convainquent personne sinon elle-même. Le verre de vin à la main, bien droite dans sa robe somptueuse, un fin sourire aux lèvres, la petite baronne non native se délecte de l’embarras de son interlocutrice. Rien que pour avoir vu cela, le déplacement en valait la peine. Elle se rappelait avoir surpris une conversation, un jour, entre deux membres de la noblesse, lors d’une promenade, une conversation qui reste gravée au fer rouge dans son esprit.

Elle était assise sur un banc, peu après son arrivée dans la cité. Fraîchement débarquée, elle avait voulu prendre la mesure de son nouveau lieu de vie après quelques jours de repos dans sa nouvelle demeure. La petite baronne ne connaissait alors absolument personne et l’inverse était tout aussi vrai. Elle portait, ce jour-là, une modeste robe prêtée par une dame qui avait perçu son quasi dénuement. Elle n’avait en effet pas eu le temps de choisir des robes et de les ranger dans des coffres avant de fuir. La baronne a fui son domaine à cheval et a gardé les mêmes vêtements pendant des jours, ce qui lui donnait une allure de vagabonde. Bien mignonne dans une robe modeste, assise sur un banc toute seule et en face des jolies demeures de l’Esplanade, les deux dames n’avaient alors aucune raison de soupçonner que celle devant qui elles parlaient était du même rang qu’elles. Et ce qu’elle entendit lui broya le cœur même si elle n’en a jamais parlé à personne.

« De toute façon, ces nobles non natifs du Duché ne sont que des parias. Des sans le sou. Des moins que rien qui vivent aux crochets du Duc. Ce ne sont même pas de bons partis. Vous rappelez-vous, ma chère amie, de ce que… » Il ne lui en fallait pas plus. Les deux dames sont passées devant elle, sans la saluer, et ont disparu. Ce ne dura que deux secondes…mais ce sont des secondes indélébiles pour la baronne. Ce soir-là, en réintégrant sa demeure, elle réfléchit longtemps, très longtemps à sa situation avant de se regarder et de regarder sa tenue. Elle admit que ces deux dames avaient raison sur un point : elle n’est pas du tout un bon parti. Maîtresse d’un territoire aux mains des Fangeux, sans fortune à part celle qu’elle a embarqué en vitesse avant de fuir, elle pourrait tout aussi bien être une domestique, une tenancière de taverne, voire même une catin. Rien ne la distinguait à ce moment-là de ce peuple auquel elle ne se mélangeait jamais. Cela devrait changer. Et cela a changé. A force de travail, de jeu et de sourires, la petite baronne non native a su apprendre à peu près tout ce qu’elle veut et tout le monde n’y a vu que du feu. Elle a réussi à se constituer un petit bas de laine, grâce à sa gestion intelligente de toutes les dépenses. Les apparences sont essentielles, sur l’Esplanade, et s’il y a bien une dame qui l’a compris, c’est elle.

Quel plaisir c’est, pour elle, de se trouver face à une de ces pestes mondaines qu’elle abhorre, en tenue magnifique, resplendissante de beauté, au courant de choses honteuses avec lesquelles elle joue avec brio. Rabattre le caquet de ce genre de femme, c’est un peu une revanche sur le destin. Sans compter qu’elle sait très bien de quoi est capable son époux, il l’a approchée plus d’une fois sans jamais rien obtenir, ce vieux dégoûtant.

- J’allais le souligner, ma chère amie. Il est impossible de faire confiance à qui que ce soit sur l’Esplanade. Je suis heureuse de voir que vous partagez mon opinion à ce sujet.

Et hop, une nouvelle gorgée de vin, teintée d’un sourire en coin. Non, décidément, Dorian peut bouder, pester ou couper court à la leçon, elle n’aura de toute façon pas perdu sa journée. Le vin en a une saveur bien meilleure. Reposant son verre sur la table avec grâce, elle observe alors la Vicomtesse jouer la montre et s’étonner de l’heure avancée. Esméra la salua d’un gracieux mouvement de tête :

- Au plaisir de vous revoir bientôt, Vicomtesse.

Anne de Fichelle disparue, le champ est tout à fait libre. La jolie baronne repousse son bol vide, termine de grignoter son morceau de pain et écoute, tout en buvant son vin, d’un air tranquille. Elle assimile parfaitement ce qui pourrait être une vraie information importante. Grâce aux Trois, elle a au moins entendu ceci et ne doute pas que Dorian saura en tirer les conclusions qui s’imposent. Elle ignore combien de temps encore durera l’entretien, aussi interpelle-t-elle Agathe, d’un élégant geste de la main afin de demander un autre verre de vin.

Dorian…Que fait-il en cet instant, lui, d’ailleurs ? Une étrange lueur anime son regard à l’évocation secrète de cet homme si particulier. Elle ne sait presque rien de lui, elle ne sait même pas où il habite, son âge, rien du tout. Juste son prénom. Et encore, elle doute qu’il s’agisse de son véritable prénom, d’ailleurs…Mais…Il transpire le danger et l’aventure et encore le danger par tous les pores. Et s’il y a ben quelque chose qui attirera toujours la baronne, c’est précisément cela. Leur collaboration s'annonce donc on ne peut plus prometteuse.

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Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Échange de « bons » procédés [PV Esméra]   Échange de « bons » procédés [PV Esméra] EmptyVen 10 Avr 2020 - 4:04
Au geste de la noble, Agathe approche calmement pour écouter sa demande. En plus d'être élégante, elle est polie, contrairement à d'autres, comme le vilain assis juste à côté d'elle. Les nantis comme le brun au gros nez lui font détester son travail, parfois, alors que les dames comme celle qui se trouve devant elle lui rappellent pourquoi elle aime bien travailler à cette auberge. Il faut dire qu'Agathe est un peu rêveuse... Elle sait très bien qu'elle n'aura jamais l'occasion d'évoluer dans le monde des nobles et des bourgeois, mais elle aime bien observer les gens de ces castes et s'imaginer bien parler comme eux, se rendre à des soirées chics comme eux, se draper de beaux vêtements comme eux... D'ailleurs, elle est incapable de détacher son regard de la sublime robe que porte la noble. Ses joues s'empourprent légèrement lorsqu'elle réalise qu'elle la détaille avec une insistance qui pourrait être jugée malvenue.

« Pardon, j'admets honteusement m'être perdue dans la contemplation de votre robe, s'excusa Agathe, l'air gênée. Elle est superbe et vous va comme un véritable gant. Je vous apporte votre commande tout de suite. »

Agathe incline poliment la tête avant de disparaître. À côté, les deux hommes terminent tranquillement, mais sûrement leur repas en poursuivant leur conversation. Malheureusement, Anne de Fichelle semble avoir ruiné pour Esméra l'occasion de tirer des bourgeois quelques renseignements croustillants de plus sur l'affaire, car ceux-ci, plutôt que d'aborder quelque spécificité supplémentaire, se lancent plutôt dans une discussion générale sur la situation précaire du commerce à Marbrume. Rien de très pertinent pour la noble devenue espionne d'un jour par un étrange concours de circonstances. Les assiettes vides, le bourgeois au nez proéminent se lève et, avant de prendre congé de son homologue, répète, à voix basse :

« Vers sept heures, donc?

- Vers sept heures. Si le quinze ne fonctionne pas, nous conviendrons d'une autre date. Ils n'ont qu'à envoyer un homme pour prévenir.

- Très bien. Je vous arrange cela, mon cher. »

Les deux hommes se saluent. Après avoir payé avec cette impatience qui lui semble être naturelle, Monsieur Desrives quitte l'auberge. L'autre bourgeois, nettement plus poli, prend le temps de remercier Agathe de son service avant de se lever à son tour. Il jette un regard à Esméra et lui offre un sourire courtois avant de s'éloigner. La rencontre est officiellement terminée.

***

Pour la deuxième fois ce jour-là, Darius ouvre la porte de sa planque temporaire à Esméra. Il est presque étonné en la voyant – il n'a réellement pas l'habitude de la rencontrer alors qu'elle est vêtue dans une tenue véritablement digne de son rang. S'il lui sert son éternel sourire en coin charmeur, il ne dit rien avant que la porte soit refermée et verrouillée derrière eux. Par jeu, il ne lui laisse toutefois pas l'espace nécessaire pour passer et la force à s'adosser contre la porte avec fluidité tandis qu'il la « tient au piège » avec son propre corps, une main et un avant-bras nonchalamment appuyés contre la porte. Il lui jette un regard amusé, moqueur. Prédateur. L'attente ne le rend visiblement pas sage.

« Alors? demande-t-il en arquant un sourcil. T'as entendu des choses intéressantes? »

S'il joue, la question est néanmoins sérieuse et il espère que la réponse sera satisfaisante.
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